you can't fool me
@Mabel Griffiths ☆ crédit/lunapacks

"Nan, genre en tachant d’utiliser ton influence et ta notoriété pour faire entendre au public que c’est dégueulasse de poser une date limite sur le physique des femmes célèbres." Des femmes en général. Premier point qu’elle intercala d’une gorgée d’eau gazeuse, continuant sur sa lancée après l’avoir rapidement avalée pour pouvoir dérouler son second, et dernier, point "Et pousser ceux qui contrôlent l’industrie du divertissement à enfin arrêter d’être des gros connards misogynes." A l’école, Jo n’était pas brillante, mais elle avait le mérite d’avoir l’éloquence. Elle l’avait gardée, ne l’utilisant pas toujours à bon escient, mais on lui pardonnait généralement, ses longs cils fendant l’air et sa fossette l’aidant plus ou moins à se sortir des mauvaises passes qu’elle provoquait elle-même, trop tête brûlée pour craindre le feu, se jetant dedans bien plus souvent qu’à son tour. Ainsi, elle déclama sa tirade le menton rentré, regardant Mabel avec l’impression d’avoir à faire à quelqu’un qui se laissait beaucoup trop porter ; ou était-ce elle qui était beaucoup trop revendicatrice ? Difficile à dire sur l’instant, mais elle était déçue par l’indifférence relative de la jeune femme dont elle avait entendu dire qu’elle avait été plus rebelle que ça à une époque de sa vie.

Visiblement, cette époque était révolue. Elle haussa les épaules, obligée de faire avec "Si ça te convient comme c’est, tant mieux pour toi." Elle ne la poussait à rien en vérité, elle était juste surprise par la manière dont elle semblait s’accommoder de tout ça. Jo n’était pas du genre à défendre les grandes causes, pas aussi féministe qu’on aurait voulu qu’elle le soit en ces temps où le woke était une technique pour rameuter des followers, mais elle s’étonnait qu’aujourd’hui, une femme avec la réputation de Mabel accepte de jouer le jeu de l’industrie sans s’indigner ; elle pensait à sa propre mère qui, prenant de l’âge pourtant, restait d’une beauté à couper le souffle, se dit qu’elle n’aurait pas supporté un seul instant qu’on lui dise qu’elle était trop vieille pour revendiquer son droit de faire ce qu’elle avait envie de faire. Décidément, elle la laissait perplexe sur l’instant, mais encore une fois, elle agissait en son âme et conscience, aussi à part lui dire "Je suis curieuse de voir comment tu comptes — comment t’as dit déjà ? — terminer les choses d’une façon qui t’ira.", elle ne pouvait pas faire grand-chose de plus.

"Je m’en doute." intervint-elle quand fut venu le temps pour elle de partager avec Mabel sa vision de sa propre image qu’elle utilisait comme un outil marketing sans juger ça nécessaire d’en avoir honte. Mabel était mannequin en plus du reste, bien sûr qu’elle savait ce que ça faisait d’être jugée sur son physique — étonnant donc qu’elle se laisse dicter la manière de finir sa carrière, mais elle ne reviendrait pas là-dessus "Y a pas de hasard, et je sais ce que je veux." fit-elle, recevant le compliment de Mabel comme tel, et levant son verre à la manière dont elle termina sa phrase et qui lui semblait opportun pour mettre un terme à leur conversation. Il n’y avait plus grand-chose dans son verre, elle le reposa sur le bar, puis juste après, replaça le tombé soyeux de sa robe lilas le long de sa cuisse, avant de dire à la jeune femme "Je vais te laisser profiter de ta soirée. Reste sage, hm ?" Elle ne lui demanderait pas de lui jurer, et après leur conversation, Jo ne craignait pas que la blonde sorte des sentiers battus de toute façon.