ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
Hit me and tell me I'm alive. Tell me who I am and how to survive.
Jaimie & Kyte - Parc Naturel de Banff, Alberta, CA - 1996
Au final, j’étais arrivée à l’arrêt de bus avec quelques minutes d’avance. J’ai posé mon sac sur le sol pour reprendre ma respiration. Puis j’ai pris une profonde inspiration, emplissant mes poumons de l’air du soir. Me délectant de son odeur de bois brûlé mêlé de la fraicheur de la montagne et des forêts. C’était agréable, et j’avais envie d’en profiter avant d’être enfermée dans le bus, puis dans la ville. Je me voyais déjà remonter à pas lent les rues qui menaient de la gare routière jusqu’à la maison de mes parents. Escalader le mur et monter dans ma chambre. Si j’avais de la chance, ils n’auraient même pas remarqué mon départ et je me retrouverai alors seule avec mes pensées, coincée entre quatre murs. Le scénario le plus probable restait de les retrouver dans un état de panique feint qui leur permettrait de déverser leur rage, leurs frustrations et leur déception sur moi. Les phares du bus m’aveuglèrent et mon cœur se serra. Je n’avais aucune envie de rentrer. Pendant deux longues minutes, je suis restée plantée là, avec les yeux fixés sur le panneau lumineux qui indiquait « Terminal : Vancouver » à l’avant de l’autocar grisâtre. Autour de moi, les gens s’activaient pour présenter leurs billets et mettre leurs affaires dans la soute. Au bout d’un moment, un homme à la grosse moustache et aux cheveux grisonnants en est descendu, l’air impatient. « Hey, gamine ! Tu montes ou pas ? ». J’ai sursauté et relevé les yeux vers lui, et j’ai remarqué qu’il fixait le billet que je tenais entre mes mains. Je ne sais pas si je serais montée, au final. Tout ce que je sais c’est qu’il venait de m’appeler comme le militant frisé, et que ça m’a flanqué une sorte de gifle.
- Euh… non.
J’ai répondu, incertaine. Mais qu’est-ce que tu es en train de foutre, bordel ?! S’énerva mon cerveau. Sauf que là, j’avais pas trop envie de l’écouter. Parce que mon cœur me gueulait qu’il devait rester. Je savais pas pourquoi. Je savais juste que les deux dernières fois où il s’était excité comme ça et que je l’avais pas écouté, je l’avais toujours regretté. Le chauffeur a haussé les épaules, et il est remonté dans le bus. La gorge serrée, je l’ai regardé reculer et s’éloigner. Le silence est retombé autour de moi. Le crépuscule, aussi. Et maintenant ? J’avais pas de plan, et ça commençait à me stresser sérieusement. Mais à côté de ça, le poids sur ma poitrine s’était fait plus léger. C’était pas ce soir que je retrouverai ma cage dorée. J’allais m’en réjouir quand je senti quelqu’un m’attraper par le bras. J’ai sursauté pour la deuxième fois et me suis vivement retournée, prête à envoyer se faire foutre la personne qui avait osé m’approcher de la sorte. Quelle ne fut ma surprise lorsque je reconnus Kyte. Un faible sourire étira mes lèvres quand il me demanda ce que je foutais là avant de me préciser que nous avions une action à fêter. Je n’étais pas sûre de comprendre ce qu’il me voulait, et je me demandais un peu s’il venait de me tomber dessus par hasard ou s’il m’avait suivie. Je ne savais pas non plus si je trouvais ça flippant ou si ça m’apportait un soulagement. Je ne savais pas, alors j’ai haussé un sourcil et croisé les bras, sans lui répondre. Pour lui faire comprendre qu’il me fallait un peu plus d’explications, probablement. Pour ne pas perdre la face, surtout. Mais Kyte, il avait pas des problèmes d’égo comme moi. Pour lui, c’était comme si on s’était jamais disputés, je croyais, parce qu’il m’a attirée contre lui en passant un bras autour de mes épaules. Alors j’ai laissé échapper un soupir, essayant d’ignorer mon cœur qui tambourinait contre ma poitrine. Parce que quand il parlait, c’était comme si j’écoutais une voix qui venait de l’intérieur de moi. Celle qui m’avait empêchée de remonter dans le bus, vers la grande ville et mes parents qui n’en avaient rien à foutre de ma gueue. Alors j’ai haussé les épaules.
- Ouai, c’est ce que je me suis dit.
J’ai avoué, toujours en bougonnant un peu. Parce que j’avais beau jouer les fières qui s’en fichaient pas mal, dans le fond, j’aurais tout donné pour avoir un peu d’affection de la part de mes géniteurs. Et pour autant, je voyais pas où Kyte voulait en venir. A part si son but était de retourner le couteau dans ma plaie, évidemment. Ce n’est que quand il m’a proposé de l’accompagner faire quelques provisions puis aller camper dans le parc que j’ai capté. Une petite voix à l’intérieur de moi a hurlé de joie, tandis qu’une autre a eu la même réaction mais version terreur. J’ai relevé les yeux vers lui, étudiant ses traits avec attention. C’était vraiment un grand type louche. Que j’avais vu bouffer l’oreille d’un chasseur, de surcroit. Mais à côté de ça, je ne m’étais jamais sentie autant en sécurité que lorsqu’il m’avait serrée dans ses bras alors que je chialais toutes les larmes de mon corps sur son tee-shirt. Et puis, s’il avait voulu me blesser (ou me violer, ou m’assassiner), il l’aurait fait plus tôt… non ? J’espérais avoir raison. Parce que j’étais moyennement rassurée quand j’ai hoché la tête.
- D’accord. J’ai répondu, déterminée. Mais je te préviens, je suis végane. Et j’ai pas amené mon matériel de camping.
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
Les poings sur les hanches, le sourire aux lèvres, Kyte étudie la gamine. Il comprend pas trop pourquoi elle hésite. Clairement, elle a rien d’autre de prévu. Au bout d’un moment, il voit un truc qui change dans son regard. Elle hoche la tête et il sait que sa décision est prise. Alors son sourire s’agrandit. Elle a pas besoin de parler, qu’il sait déjà qu’elle va accepter. Et ça le réjouit, de se dire qu’il aura de la compagnie pour tiser ce soir-là. Et la compagnie d’une môme végane, de surcroit. Quand elle le prévient, il peut pas s’empêcher d’éclater de rire. Parce que cette ado, il la trouve pleine de ressources, et de culot, aussi. Alors il passe un bras autour de ses épaules et l’entraîne hors de la station routière.
- J’espère bien que t’es végane, gamine. Parce que sinon ce s’rait un pu hypocrite de lutter contre la chasse. Tu crois pas ?
Il hausse les sourcils et baisse les yeux vers elle, moqueur et amusé. Et comme cette remarque a l’air de vachement la surprendre, il lui flanque une tape sur l’épaule. Comme il ferait avec une de ses frangines, au club. Il remarque pas que ça la fait un peu tanguer. Ses yeux sont déjà rivés sur la main street de Banff qui s’étale devant eux jusqu’au pic montagnard. Les mains dans les poches, il inspire l’air frais du soir. Les boutiques colorées. Les passants et les lumières de la ville. Il aime bien, Banff. C’est pas la première fois qu’il vient ici pour une action, et y’a franchement plus dégueulasse, comme bled de montagne. Mais son préféré, c’est Jacksonville, à Grand Teton. Et il vous jure que c’est pas pour le nom !
- Tu m’diras, tu s’rais pas la première. Qu’il ajoute avec un petit rire, après un moment. Allez, viens. On va s’acheter de quoi becter.
D’un signe de tête, Kyte désigne une épicerie bio. Quand il peut acheter là-bas, il le fait. Parce qu’il préfère toujours donner sa tune à ceux qui font le moins de connerie avec l’environnement. Il prend un panier et y fourre quelques essentiels de camping. Du pain à sandwich, du beurre de cacahuète, des Veganeggs, quelques fruits secs, céréales et fruits à coque. Sans oublier l’inévitable pack de bière, une bouteille de whisky et quelques friandises au chocolat. Parce qu’il croit se souvenir que les adolescentes aiment bien le sucré. Du moins sa petite copine, au lycée, c’était le cas. La môme, elle le suit dans les rayons et elle prend quelques provisions, elle aussi. Au final, elle le surprend carrément en sortant sa carte et en payant pour tous les deux. Et Kyte, il se sent un peu con et ne sait pas comment la remercier. Mais il proteste pas non plus, parce qu’il a à peine de quoi se payer un billet de retour et son loyer. Il trouve ça réglo de sa part, et ça le conforte dans l’idée qu’il a bien fait d’aller la récupérer. Ensuite, il l’embarque à nouveau hors de la ville, sur les sentiers de randonnée. Ils marchent pendant bien deux heures, leurs affaires sur le dos et les sacs de course à la main. Ils marchent vite, et ne parlent pas trop pour garder leur souffle. Et Kyte se dit que c’est pas plus mal, ce rythme, parce que ça les réchauffe un peu. Il a quand même hâte d’arriver, de se poser, et de commencer à tiser. Enfin, il le repère, le campement qu’il a installé le matin. C’est tellement hors des sentiers qu’il craignait pas de laisser sa tente et ses affaires. Y’avait pas de bouffe non plus, alors il sait que les ours n’en auraient rien à faire.
- Bienvenue à la maison, gamine.
Il dit avec un sourire chaleureux. Il voit bien qu’elle est un peu surprise, et ça l’amuse pas mal. Alors il franchit les derniers mètres qui les séparent de son petit camp et se laisse tomber sur le sol avec un soupir bruyant. Puis il sort un briquet de survie de son sac à dos et s’approche du tas de brindilles et de pierres qu’il avait fait plus tôt dans la journée. Vérifie l’humidité et les empile de façon à pouvoir faire un feu.
- Installe-toi. Qu’il dit en créant des étincelles avec le briquer en acier. Fais comme chez toi !
Codage par Emi Burton
Jameson Winters
la louve raffinée
ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
Hit me and tell me I'm alive. Tell me who I am and how to survive.
Jaimie & Kyte - Parc Naturel de Banff, Alberta, CA - 1996
J’étais contente que Kyte m’ait couru après. Contente qu’il m’ait proposé de passer la soirée avec lui. Mais plus encore qu’il soit végan, lui aussi. Parce que c’était le premier que je rencontrais, à part moi. Et j’avais plein de questions à lui poser. Genre, sur ses plats préférés. S’il prenait de la B12. Comment il avait décidé de ne plus blesser les animaux par son alimentation et son style de vie. Et depuis combien de temps, aussi. Je voulais lui parler carences et énergie. Recettes et goûts. Carnistes et connerie. Mais je crois que j’ai réalisé que nous aurions la nuit pour ça. Des années, même. Parce que j’ai fermé la gueule et je me suis contentée de le suivre quand il m’a prise par les épaules. Je sais pas pourquoi, mais ça le faisait marrer, que je sois comme lui. Et comme il était communicatif, son rire de taré, je me suis fendue la pomme aussi. Il m’a proposé d’acheter à manger et j’ai hoché la tête. On a remonté la rue principale de Banff, et j’ai laissé mon regard caresser ce village de montagne que j’aurais aimé mieux connaître car il me fascinait. Mais nous avions d’autres plans. Alors je l’ai suivi dans une épicerie bio et j’ai rempli mon panier de bananes et d’avocats. C’était un peu aliments de base, j’adorais ça. J’ai pris de l’eau de coco, aussi, parce que c’était toujours agréable à boire, et qu’il fallait bien que j’ai un truc à siroter quand Kyte se descendrait sa bière. Enfin, j’ai pris un paquet de chips, et j’ai payé pour nos deux provisions. Parce que mes vieux me filaient tellement d’argent de poche que je savais pas quoi en faire. Et que je savais qu’ils détesteraient Kyte. Donc que ça les emmerderait que je dépense mes économies pour lui. Mais aussi parce que je trouvais ça super cool qu’il m’ait épaulée toute la journée, et qu’il me propose de passer la soirée avec lui.
Ensuite, on a pris le chemin de son campement. Et je dois dire que quand on a commencé à monter la montagne, et que les lumières de la ville ont disparu derrière nous, j’ai un peu flippé. Le chemin était long, et il faisait froid. Ma lampe torche éclairait à peine, et Kyte ne parlait plus beaucoup, tout d’un coup. Il avait plutôt l’air perdu dans ses pensées. Et l’idée qu’il soit un tueur en série me traversa vaguement l’esprit. A un moment, j’ai même hésité à me barrer. Je venais d’entendre un coyote hurler au loin, et ça m’a fait prendre conscience que nous étions vraiment au milieu de nulle part. Et qu’en dehors de ce bruit, on entendait rien. Que s’il lui prenait l’envie de me saigner, mes hurlements n'atteindraient personne. Le cœur battant dans ma poitrine, j’évaluais déjà mes chances de fuite. Je pensais pouvoir le semer. J’avais le pied plus sûr, et l’avantage de la surprise. Mais si je me plantais, j’étais morte. J’étais à deux doigts de mettre mon plan à exécution quand il s’est tourné vers moi avec un sourire et il a doucement cligné des yeux. Comme un chat qui souhaite vous faire un baiser. Je ne saurais pas expliquer pourquoi, mais ça m’a instantanément rassurée. Alors je ne l’ai pas quitté.
Deux heures plus tard, nous avons enfin atteint son campement. Et pour le coup, j’étais carrément impressionnée. Parce que Kyte avait déjà installé une tente plutôt grande et que des pierres en cercles contenaient les cendres d’un feu passé. C’était cozy. C’était génial. Un grand sourire aux lèvres, j’ai fait comme il m’a dit : je me suis installée comme chez moi. J’ai étalé nos provisions devant le feu qu’il se chargeait d’allumer, et j’ai commencé à nous faire des tartines, parce que je crevais la faim.
- Beurre de cacahuète et banane, j’ai dit en lui tendant le sandwich que je venais de lui préparer. Un de mes préférés. Puis j’ai regardé l’horizon et j’ai soupiré. C’est vraiment cool, d’être ici. On entend vachement mieux la nature, la nuit.
Il a grommelé son accord et j’ai tourné les yeux vers le militant pour le voir s’ouvrir une bouteille de bière. Un instant, j’ai cru qu’il allait dire autre chose, mais il n’en a rien fait. Au lieu de ça il m’a tendu une bouteille et il a trinqué. Je lui ai bien dit que j'avais que quinze ans mais il a haussé les épaules, l'air de dire qu'il n'en avait rien à cirer. Son regard s’est perdu à l’horizon. Et à la lueur des flammes, un instant, j’ai cru qu’il brillait. Comme si des larmes s’y cachaient. Ça m’a un peu fait mal au cœur, pour le coup. Et moi, j’étais pas trop douée pour réconforter, comme lui. Le seul truc que je pouvais faire, c’était de lui changer les idées. J’ai regardé la bouteille pleine que j’avais entre les mains et j’ai hésité un moment avant d’y tremper mes lèvres. C’était dégueulasse, j’ai trouvé. Mais d’un autre côté, c’était la première fois que j’étais autorisée à boire de l’alcool, alors je n’allais pas faire la fine bouche. J’ai donc pris une goulée plus franche, puis je me suis à nouveau tournée vers Kyte.
- Hey, tu connais le jeu d’action ou vérité ? J’ai demandé, en pensant au premier jeu lycéen qui me passait par la tête. Tu choisis l’un des deux, et moi je te donne un défi à relever, ou bien tu dois répondre sincèrement à une question que je te pose. D'accord ? Alors c'est partit : action ou vérité ?
Je trouvais que c’était un bon jeu de camping. Que ce serait aussi une manière de rétablir le dialogue (parce que j’étais pas naturellement douée pour faire la discussion). Et ça me donnerait aussi l’occasion d’en apprendre plus sur ce type qui me fascinait sérieusement. Et comme il avait l'air de plutôt pencher pour action, j'ai enchaîné :
- D'accord, alors... hurle comme un loup !
Je savais que c'était un peu dangereux et plutôt réprouvé, d'imiter le cri des animaux. Mais Kyte et moi n'étions pas de simples touristes. Nous appartenions à la nature. Comme la rivière, les arbres ou le chevreuil.
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
Le feu allumé, Kyte s’installe à même le sol et attrape le sandwich que la gamine lui tend. Banane et beurre de cacahuète. Il avait jamais essayé avant, mais après avoir croqué dedans, il se dit que c’est pas mauvais. Que Blythe adorerait. Puis il se rappelle que ça sert à rien d’y penser, parce qu’il pourra jamais lui faire goûter. Et là, de nulle part, ça lui fait vachement mal dedans. Il s’ouvre une bouteille de bière et en passe une à la gamine, pour se changer les idées. Là, Jaimie hésite, lui dit qu’elle a quinze ans. Il sait pas trop ce qu’il est censé faire de cette information, alors il hausse les épaules et porte le goulot à ses lèvres. Mais la binouze fraîche fait pas partir la grisaille. Il serre la mâchoire et fixe un point à l’horizon. Il sent le gouffre pas loin et il essaie de pas trébucher dedans. Alors il entend pas la gamine quand elle lui dit qu’elle est heureuse d’être là, avec lui. En cet instant, il s’en branle pas mal. Parce que Kyte, il voudrait juste être dans son patelin paumé en Norvège. Dans l’ombre de la chambre de sa gosse qui dors tranquillement. Une main sur son ventre alors qu’il se gonfle et se vide d’air. Il veut rien d’autre dans le fond. Enfin, à part sa femme, peut-être. Mais même Lenore, elle passe en second plan. Il sent les yeux qui lui piquent et ça l’emmerde drôlement, parce qu’il avait bien réussi à maintenir la tête hors de l’eau jusqu’à maintenant. Au final, c’est la môme qui le sort de ses pensées. Elle parle d’une voix assurée, d’un jeu à la con que font les jeunes dès qu’ils ont un gramme de tise dans les veines. Il se souvient que les prospects au club, ils jouaient parfois à un truc comme ça. Il a toujours dit qu’il trouvait ça un peu con. Mais quelque part il trouvait qu’ils avaient l’air de bien se marrer alors peut-être qu'il les enviait un peu. Il secoue la tête et baisse les yeux vers la gamine. Il sait pas trop s’il a envie de la rabrouer. Mais quand il la voit, avec ses sourcils naturellement froncés et sa détermination, elle lui fait encore penser à Blythe plus tard. Alors il peut pas empêcher un sourire carnassier d’étirer un côté de ses lèvres et il hoche la tête.
- Ok gamine, mais moi, j’suis plutôt un homme d’action.
C’est bonne guerre, il trouve. Il sait pas trop ce qu’elle lui posera comme question, et il est pas certain d’avoir envie d’y répondre. Alors que faire le con, c’est une seconde nature, chez lui. Il prend une nouvelle gorgée de la bière et éclate de rire quand elle lui demande de faire le loup. Il trouve ça marrant, qu’elle soit si innocente. Plutôt adorable, aussi. Il la considère pas trop comme une adulte, mais pas comme une enfant non plus.
- Facile.
Qu’il dit avant de terminer sa bière d’une traite. Puis il se relève, et marche une dizaine de mètres, jusqu’au rebord de la falaise qui tombe à pic dans la forêt et la rivière. Là, il gonfle ses poumons, mets ses mains en porte-voix et lâche un long hurlement de loup. Derrière, il entend la gamine rire à son tour. Il sait pas trop si c’est la situation qui l’amuse ou si elle trouve son cri merdique, et il s’en fou. L’entendre rire lui fait du bien alors il gueule plus encore. Après un moment, une autre voix lui répond. Lointaine. Alors il entend Jaimie sauter sur ses pieds et elle vient près de lui, à deux pas du bord. Elle a les yeux qui brillent d’excitation et la lune fait des reflets bleutés sur sa peau pâle. C’est joli, il trouve. A son tour, elle pousse un cri du loup. Et il sent qu’elle aime bien l’animal, parce qu’elle est plutôt douée à ce jeu-là. Quand l’autre loup lui répond à son tour, elle reste un peu plantée là, rêveuse. Et Kyte, il l’observe avec les yeux mi-clos. Il se dit que c’est un sacré petit bout de femme et qu’elle ferait une bonne nana de biker. Et après il se rappelle qu’Emelie l’aurait cogné pour une telle réflexion. Alors il se corrige et se dit qu’elle ferait une bonne activiste. Parce qu’elle a la passion dans le cœur et la détermination dans la tête. Et pas froid aux yeux, surtout. D’ailleurs, ça l’intrigue un peu.
- A mon tour. Il dit subitement, sans la lâcher des yeux. Vérité. Est-ce qu’il y a un truc qui t’effraie, gamine ? Une phobie, une peur profonde.
Il réalise même pas qu’il a oublié de lui laisser la possibilité de faire une action. Dans le fond, il s’en fou. C’est qu’un jeu, et il a jamais été doué pour suivre les règles, de toutes les façons.
Codage par Emi Burton
Jameson Winters
la louve raffinée
ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
Hit me and tell me I'm alive. Tell me who I am and how to survive.
Jaimie & Kyte - Parc Naturel de Banff, Alberta, CA - 1996
J’ai regardé Kyte se descendre méchamment la bière et se relever pour aller jusqu’à la falaise. J’ai porté le goulot à mes lèvres et j’ai essayé de faire pareil, seulement je trouvais ça vraiment dégueulasse alors j’ai plissé le nez et j’ai vite mordu dans mon sandwich pour effacer le goût amer et l’odeur de pisse. J'ai décidé que je n’aimais pas la bière. Quelques mètres plus loin, Kyte s’est installé au bord de la falaise et il a porté ses mains à son visage pour faire le cri du loup. De là où j’étais, on aurait plutôt dit un coyote déréglé alors ça m’a fait marrer. Et à côté de ça, je trouvais ça classe, qu’un adulte se prête carrément à mon jeu, sans se poser de questions. J’avais jamais rencontré de mecs comme lui, avant. Et je me demandais bien d’où il sortait, avec ses chaînes accrochées à son pantalon, les grosses bagues à ses doigts et ses bouclettes folles. Je trouvais qu’il avait une allure de cowboy version moderne, et c’était plutôt cool.
Un cri m’arracha à mes pensées. Un vrai cri de loup, cette fois. J’ai écarquillé les yeux et me suis relevée d’un bond. Mon cœur battait dans ma poitrine comme s’il cherchait à s’en échapper, et toutes les cellules de mon corps étaient brutalement très conscientes de leur environnement. Les yeux fixés sur la nature sauvage qui s’étalait devant nous, je me suis approchée de Kyte, pour tenter de repérer d’où provenait ce son. Le loup, ça avait toujours été mon animal préféré. Ma grand-mère amérindienne m’avait souvent dit que c’était mon totem, et qu’il n’y avait aucun doute à ça. Elle disait aussi que j’avais une louve sauvage en moi. Et que quand elle se réveillerait, je n’aurais pas d’autre choix que de la suivre. Et pour être honnête, je la ressentais de plus en plus. Grondant dans mes entrailles. Et moi, j’avais bien envie de la laisser. Parce que j’aimais pas l’idée d’être domptée. Un sourire aux lèvres, j’ai pris une profonde inspiration et j’ai rejeté ma tête en arrière, libérant un cri bestial du plus profond de mon être. Un vrai cri de loup, pour ma part. Pas celui d’un coyote. Je l’ai tenu longtemps, et ça faisait du bien. De laisser sortir tout ça à la lumière de la pleine lune. Quelques secondes après à peine, les autres cris ont repris de plus belle. Et j’avais presque envie de courir vers eux. De rejoindre la meute de loups et de vivre à leurs côtés dans la nature. Y’avait pas mal de légendes amérindiennes qui racontaient des histoires comme ça. Mais j’avais encore assez les pieds sur terre pour savoir qu’en vrai, les loups se tireraient probablement bien avant que je puisse les approcher. Mais ça faisait quand même du bien d’y rêver. J’ai expiré paisiblement, les yeux fixés sur l’immensité qui s’étendait devant moi, et dans laquelle chaque parcelle de mon corps avait envie de se fondre. C’est Kyte qui m’a ramenée sur terre, au final, quand il m’a demandé quelle était ma plus grande peur. J’ai froncé les sourcils, relevant la tête vers lui.
- T’as oublié de me demander si je voulais une action ou une vérité.
Puis, voyant qu’il n’en avait strictement rien à foutre de mes règles, j’ai croisé les bras et détourné les yeux vers l’horizon. Là où la lumière de la lune se reflétait sur la crête aiguisée des montagnes, coupant le ciel sombre. Pour moi, les règles, c’était un peu important, quand même. Et pourtant, je décidai de répondre à sa question.
- Une cage. J’ai dit d’une voix éteinte et songeuse à la fois. Rester enchaînée, derrière des barreaux, jusqu’à ce que l’usure et l’âge les accepte. Jusqu’à ce que toute passion, courage et espoir de liberté ait disparu, irrévocablement.
J’ai senti un frisson parcourir ma colonne vertébrale et mon cœur qui cognait toujours contre ma poitrine. J’aspirais à la liberté. Au lien avec la nature. Au chant du vent qui fouettait mon visage et ébouriffait mes cheveux. Mes parents avaient tentés de m’enfermer dans une cage dorée, et je m’en échappais dès que j’en avais l’occasion. Leurs chaînes étaient psychologiques, mais je les ressentais pareilles. Et j’avais plus envie qu'elles entravent le moindre de mes mouvements. Je voulais libérer mon esprit, mon corps, ma vie. Et étrangement, pour la première fois depuis que j’en avais pris conscience, je réalisai que j’étais prête à le faire.
- Le militantisme pour les animaux, j’ai demandé subitement. T’as commencé comment ?
J’ai relevé la tête vers Kyte, cherchant son regard. Je sentais que j’avais plus trop besoin du jeu, au final. Et ça me faisait bizarre. Parce que je me demandais pas ce que j’étais censée dire ou faire, en sa présence, et ça me débloquait vachement.
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
Elle a pas trop l’air d’accord pour qu’on change les règles, la gamine. Et ça fait marrer Kyte, parce qu’il a pas vraiment l’habitude de côtoyer ce genre de personnes. Ceux qui réfléchissent la vie avant de se lancer. Mais lui, c’est pas son truc, faire ce qu’on lui dit. Alors quand elle proteste, il se contente de hausser les épaules avec une petite moue. L’air de dire « qu’est-ce que tu veux qu’ça m’fasse ? ». Au final, elle a pas l’air de s’en formaliser outre mesure, parce qu’elle se met à regarder au loin comme pour puiser l’inspiration dans la nature. Du moins, c’est l’impression que ça lui donne, à Kyte. Il attend patiemment, l’observe sans chercher à s’en cacher, jusqu’à ce que sa voix brise le silence. Elle est basse, dans la nuit. Douce mais pleine de passion. Et de colère. Il s’était un peu attendu à ce qu’elle lui parle d’une peur des araignées ou une merde du genre. Alors ça l’étonne, d’entendre une môme aussi jeune parler avec un ton aussi grave. Il l’écoute sans l’interrompre. Et quand elle a fini, il se contente de secouer la tête, une moue appréciatrice sur les lèvres.
- Amen, gamine.
Qu’il dit simplement. Parce qu’il la comprend bien, dans le fond. Les cages, il aime pas trop non plus. Et contrairement à elle (il croit), il en a visité quelques-unes. L’immobilité, ça le rend fou. Et plus agressif encore. Il est comme un chien enragé à la SPA. Il bouffe la main qui le nourri et les ennemis pareil. Kyte, c’est un être qui a besoin d’action. De danger et de sensations fortes. De divertissement et de renouveau. Et ces trucs-là, tu les trouves pas en prison. Mais il comprend que ce que raconte la môme se limite pas à ça. Qu’elle parle d’un trucs plus grands encore. La liberté de l’esprit, ou un truc du genre. Et il aime comme elle parle de courage et de passion. Il a envie de lui dire qu’elle a pas à s’inquiéter. Que ces trucs-là, ils sont en elle et qu’elle les perdra jamais vraiment. Mais il a pas les mots sur ses émotions alors il se contente de lui mettre la main sur l’épaule et de hocher la tête. Et puis de toutes les façons, elle reprend la parole. C’est à son tour de le questionner, et elle lui laisse pas le choix d’une action non plus. Finalement, il commence à regretter de pas avoir suivi la règle. Il tenterait bien de la lui rappeler, mais dans le fond, ça le dérange pas de répondre. Ça l’amuse, presque. Parce que c’est des bons souvenirs, en fin de compte.
- Quand j’avais huit ans. Mon vieux était éleveur laitier. J’aimais bien ça, l’aider avec les vaches. Y’en avait une que j’adorais. Myrtille, qu’elle s’appelait. Un jour, elle a eu un p’tit. Quand j’ai compris que le paternel allait le buter pour voler le lait de sa maman, j’me suis dit que c’était putain de tordu. J’ai arrêté de bouffer du lait et du veau. Direct. Je m’en suis pris, des raclées. Mais y’avait rien à faire.
Il dit avec un sourire sec et un rire amer. Puis il fait un signe de la main, pour inciter la gamine à le suivre, et il retourne s’installer autour du feu. Là, il ouvre la bouteille de whisky et fait glisser quelques goulées entre ses lèvres. Puis il la passe à Jaimie.
- Mais la vraie révélation, elle est venue bien plus tard. Il reprend songeusement. Quand j’étais à l’armée. J’ai fait la guerre et ma parole, c’était une vraie boucherie. Quand j’suis revenu, j’étais plus capable de voir la chaire pareil. Je suis devenu végétarien. J’crois que je bouffais encore des œufs. J’étais déphasé, alors j’ai fait le tour du monde. Je savais pas trop ce que je cherchais, ni si j’allais le trouver. Au final, ça m’est tombé dessus dans un bar, en Norvège. Un club de motards végans qui se battent pour les animaux. J’suis restés près de dix ans avec eux. J’ai appris plein de trucs. On en a défendues, des peluches, ça tu peux m’croire !
Il explique. Avec passion et nostalgie. Les yeux qui brillent dans la nuit. Vers la fin, sa voix tremble un peu, et il sent même une larme qui coule lentement le long de sa joue mal rasée. Il l’essuie d’un revers de la main, étonné.
- Merde, il grogne machinalement. Puis il lève le menton en direction de la môme. D’où tu sors gamine ? Tu causes comme une bourgeoise mais tu te comportes comme une marginale. Et t’as un accent bizarre, genre pas d’ici.
Codage par Emi Burton
Jameson Winters
la louve raffinée
ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
Hit me and tell me I'm alive. Tell me who I am and how to survive.
Jaimie & Kyte - Parc Naturel de Banff, Alberta, CA - 1996
Kyte a repris la parole, et sa voix profonde vibra en moi alors qu’il me contait un épisode de son enfance comme fils d’éleveur laitier. Je trouvais cette anecdote à la fois géniale et incroyablement triste. J’avais envie de lui demander ce qu’il était advenu de Myrtille et de son veau, mais j’avais peur de connaître la réponse. Alors j’ai décidé de retenir le plus important : à l’âge de huit ans, un gamin belliqueux a décidé de supprimer les produits laitiers de son alimentation. Je trouvais ça fort, pour un fils de fermier. Ça en disait pas mal sur son caractère bien trempé, je trouvais. Quand il m’a fait signe de le rejoindre au coin du feu, je l’ai suivi, et je m’y suis assise. Mais je n’ai rien dit. Parce que quelque part, j’avais l’impression qu’il n’avait pas totalement terminé son histoire. Alors je l’ai laissé s’ouvrir la bouteille de whisky et en prendre une gorgée. Puis, quand il me l’a tendue, je l’ai portée à mon nez. L’odeur était pas dégueulasse, alors j’y ai trempé mes lèvres, manquant de m’étouffer quand le liquide cramait toutes mes muqueuses jusqu’à l’estomac. C’était immonde. Mais je me retint de faire la moindre remarque. Déjà, j’avais pas envie de lui donner l’impression que j’étais une mauviette. Et puis j’étais trop fascinée par son récit pour oser l’interrompre. Le grand brun m’appris qu’il avait fait l’armée, et que la vision des corps déchiquetés lui avaient ôté toute envie de consommer de la viande. Mon estomac se retourna un peu. Je voulais bien le croire sur parole, et j’avais presque l’impression de ressentir son horreur. Alors j’étais plutôt soulagée – et franchement intéressée – quand il me parla de son club de motards végans qui se battaient pour les animaux. J’avais envie de lui poser plein de questions là-dessus, parce que j’aurais jamais imaginé que les bikers puissent avoir un cœur pour ces « peluches », comme il disait. Je les voyais plutôt comme des loubards à éviter. Comme mes parents me les décrivaient. Mais en regardant Kyte, je me demandais s’ils ne s’étaient pas plantés sur toute la ligne. J’avais plein de questions, mais j’en ai posé aucune. Parce que les yeux de Kyte se sont mis à briller, et sa voix à trembler. Et je comprenais pas trop pourquoi ça lui faisait tant d’émotion, de parler de cette période de sa vie. Je savais pas s’il avait envie de s'épancher davantage non plus. Ni comment réagir. Alors je lui ai adressé un sourire compatissant et j'ai posé une main sur sa cuisse. Comme ça, pour lui signifier que j'étais là. Se montrer vulnérable, ça avait pas l’air de le déranger, étrangement. Mais quand il m’a posé une question à son tour, j’ai pas insisté. Je me suis contentée de laisser échapper un petit rire amusé et j’ai donné une nouvelle chance au whisky (grosse erreur).
- C’est parce que je viens pas d’ici. J’ai dit, en laissant mon accent Irlandais ricocher joyeusement sur chacun de mes mots. Je suis née à Greystones, dans la banlieue sud de Dublin. On a jamais été marginaux, mais mes parents étaient des commerçants sans le sou, à l’époque. J’étais plus souvent dans la rue qu’à la maison. A la mort de mon oncle, mon père a hérité de sa fortune et de son entreprise au Canada. On a déménagé ici et ma vie en a été bouleversée. De gamine galeuse, j’étais censée devenir une lady. J'ai laissé échapper un reniflement ironique et amer à la fois. J’ai eu des éducateurs, une école privée, et tout le tralala. Mais j’ai jamais oublié d’où je venais. Je crache pas sur tout ce que j’ai non plus. Tu vois ?
J’ai expliqué, sans trop savoir si j’en disais trop ou pas assez. C’était difficile à évaluer, parce qu’il y avait pas beaucoup de personnes avec qui je pouvais aborder ce genre de sujets. Les ado de mon lycée m’emmerdaient sévère, alors je limitais le nombre d’interactions sociales avec eux au maximum. Quand à mes amis d’enfance, je n’avais plus aucun contact avec eux. Mes parents étaient aussi bavards que des pierres froides, et mes éducateurs étaient presque pires. Kyte, c’était la seule personne depuis longtemps qui me posait une question, et qui semblait avoir réellement envie de connaître la réponse. Et je savais pas trop si ça me soulageait ou si ça m’effrayait. Je savais pas, alors j’ai décidé de reporter la conversation sur lui. Après tout, j’avais répondu, et maintenant c’était son tour.
- Comme tu m’en parles, t’avais l’air heureux, avec tes motards, en Norvège. Alors pourquoi t’es pas resté ?
J’ai demandé avec une voix douce. J’avais un peu l’impression que ce serait pas facile, pour lui, de me parler de cette décision. Alors je voulais pas le brusquer. Et pour lui donner du courage, je lui ai à nouveau tendu la bouteille de whisky.
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
Ainsi donc, la gamine est Irlandaise. Kyte se frotte un sourcil de son pouce et secoue la tête avec un petit rire.
- Ça explique le caractère…
Il trouve. Plus encore quand elle partage son histoire. D’abord une môme des banlieues avec des vieux qu’ont du mal à joindre les deux bouts. Puis des revenus à profusion, et avec eux de nouvelles règles et une vie bien rangée. Ça explique pas mal de ses contrastes. Sa dureté froide mais son parlé soigné. Cette attitude confiante, comme si tout lui est dû, mais une envie de se battre pour les autres quand même. Les plus démunis. Les animaux et la nature. Elle embrasse ces deux extrêmes qui ont forgé sa personne. Et ça donne mélange intéressant, comme il avait jamais vu avant.
- Ouai, je vois très bien.
Il répond en hochant la tête, un sourire songeur sur les lèvres. Il sait pas trop ce que ça fait, que d’être elle. Mais abandonner une ancienne vie sans la renier pour autant, il en sait quelque chose. Il l’a déjà fait plusieurs fois, Kyte. A un moment, il aurait voulu tout effacer. Recommencer à zéro. Les coups de ceinture, la détention juvénile (puis la prison), l’armée. Tous ces trucs qu’il aurait bien jeté aux oubliettes. Mais maintenant, il comprend que c’est un peu toutes ces merdes qui ont forgé l’homme qu’il est aujourd’hui. Il y retournerait pas, pour sûr, mais il accepte ce passé. Parce que ça lui a fait la peau dure et des réflexes pareils. Il s’en sert pas mal, même, dans le militantisme.
Kyte se mue dans un silence, et la gamine fait pareil. Au bout d’un moment, c’est quand même Jaimie qui le brise. Elle lui parle de la Norvège, lui demande pourquoi il y est pas resté vu qu’il avait l’air si heureux. Et ça lui fait un coup, à Kyte, parce qu’il s’attendait pas à ce qu’elle ait remarqué sa nostalgie. Encore moins qu’elle ose le questionner. Il a bien envie de l’envoyer se faire foutre, et pendant une seconde, il hésite sérieusement. Sauf qu’il lit une lueur vachement rassurante dans son regard, quand elle lui tend la bouteille. Un truc qu’il a pas vu dans les yeux de quelqu’un depuis trop longtemps : l’impression qu’elle en a réellement quelque chose à cirer. De ce qu’il pense et de ce qu’il fait. Alors, il prend la bouteille et s’enfile une longue goulée, pour dénouer sa gorge un peu trop serrée.
- Ça, tu peux l’dire gamine. Pour être heureux, j’l’étais vraiment. Il dit d’une voix rendue un peu rauque par l’émotion. A travers le club, j’ai trouvé une famille. Des frères et des sœurs qui s’battent pour faire un monde meilleur, et ta vie pareille. J’y ai rencontré ma femme, aussi. Lenore. Une sacré tigresse ! Il dit avec un petit rire triste. Ouai, j’l’aimais vraiment, celle-là.
Il ajoute dans un soupir. Puis il prend une nouvelle gorgée de whisky, pour essayer de calmer les tremblements menacent d’agiter ses mots.
- Elle avait un putain de caractère et des problèmes plein la tête. Mais on s’en foutait. On a fait une môme ensemble et p’être bien qu’c’était la pire idée de notre vie – à moins qu’ce soit la meilleure. Il secoue la tête avec un grand sourire triste et hausse les épaules. J’te jure, quand j’ai vu sa petite tête d’alien et ses yeux énormes, j’ai pas compris c’qui m’arrivait.
Il accroche le regard de Jaimie, et une larme tremble dans ses yeux clairs. Il cherche ses mots, puis secoue encore la tête avec un sourire dégoulinant de fierté et d’affection.
- Ma parole, j’pensais pas que c’était possible d’aimer quelqu’un autant.
Il lâche presque brutalement. Puis, comme s’il supporte soudainement plus de croiser le regard de l’adolescente, il se détourne. Ses yeux se perdent à l’horizon. Sur la pleine lune qui éclaire la nature endormie. Et il se dit que quelque part, peut-être bien que Blythe la voit aussi.
- J’ai vécu mes plus belles années, avec elles et mon club. Si j’pouvais, j’y retournerais. Mais c’est pas possible. Parce que quand y’a trop de bonheur, la merde, elle finit toujours par te rattraper. Et avec moi, elle a pas fait semblant. Il marque une pause, la mine sombre, et fait à nouveau couler le whisky dans sa gorge. Quand il reprend, c'est d'un ton morne. Détaché. Factuel. Ma Lenore, elle est plus de ce monde. Et j’sais pas trop pourquoi, mais les képis, ils pensent que c’est d’ma faute si elle bouffe les pissenlits par la racine. Alors ma gosse, j’ai pas l’droit de l’approcher. Elle vit en Australie, chez une tante. Et pour pas que j’finisse en taule, mon club m’a foutu dans la calle d’un bateau pour le Canada. C’était y’a quelques semaines. Et aujourd’hui… me voilà.
Il a bien essayé de dire ça sur le ton de la plaisanterie, mais ça prend pas. Et ça le surprend un peu. Alors il fronce les sourcils et écrase sa main contre ses lèvres. Comme pour étouffer les sanglots qui menacent de sortir. Il le réalise pas trop, sur le moment, mais c’est la première fois qu’il raconte son histoire comme ça, du début à la fin. Et la première fois que quelqu’un l’écoute avec une telle attention bienveillante, aussi. C’est libérateur, mais en même temps ça le crame de l’intérieur. Et Kyte, il sait pas trop comment lutter contre la vague de désespoir qui lui ronge les tripes. Il essaie de se reprendre, hausse les sourcils et secoue négativement la tête. Mais ses yeux brillent dans la nuit et ses lèvres pâles tremblent sous sa main.
Codage par Emi Burton
Jameson Winters
la louve raffinée
ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
Hit me and tell me I'm alive. Tell me who I am and how to survive.
Jaimie & Kyte - Parc Naturel de Banff, Alberta, CA - 1996
J’ai resserré mes jambes contre ma poitrine et posé ma joue sur mes genoux de façon à écouter Kyte. La nuit était tombée depuis longtemps, et seules les flammes éclairaient nos visages d’étranges lueurs qui se mêlaient à celle, plus froide, de la pleine lune. J’aimais bien ces contrastes, et les braises qui crépitaient doucement, conférant une atmosphère particulière à notre campement. J’ai regardé Kyte s’enfiler une gorgée de whisky et laissé sa voix me bercer alors qu’il me contait son histoire. C’était marrant, parce qu’il avait une façon de parler très rustre, mais en même temps pas mal poétique. Et j’arrivais carrément à visualiser les scènes qu’il évoquait. Les motards qu’il appelait ses frères et sœurs, la femme au caractère de feu de qui il s’était épris. Il parlait sans retenue, et je trouvais ça touchant, la sincérité de ses paroles. Alors je me suis prise à avoir un sourire triste, moi aussi, quand il me parla de Lenore et de la fille qu’ils avaient eue ensemble. J’ai laissé un petit rire échapper quand il l’a décrite comme un alien avec des yeux énormes. Et j’ai senti mon cœur se serrer vachement, aussi. Parce que c’était évident qu’il l’aimait comme personne d’autre sur terre, cette enfant. Et je me suis dit qu’elle avait vachement de chance, d’avoir un père comme lui. Que j’aurais tout donné pour qu’on m’aime comme ça, depuis la naissance. Sauf que moi, j’avais été une déception dès mes premières secondes de vie : une fille alors que j’étais censée être un garçon. Et ça avait été de mal en pis. J’ai pincé mes lèvres pour les empêcher de trembler, et je me suis concentrée sur l’histoire de Kyte. Parce que je ne comprenais toujours pas ce qu’il foutait, là, au Canada. Alors que sa famille était clairement en Norvège.
Seulement, il a détourné les yeux, et un silence est tombé sur notre camp, seulement brisé par le vent qui agitait les feuilles autour de nous et le hululement d’une chouette un peu plus loin. Quand sa voix s’éleva à nouveau, elle était étrangement grave, et sans vie. Et j’avais comme un pressentiment bien dégueulasse qui me froissait les tripes, quand il m’avoua que la malchance l’avait rattrapé dans son bonheur. Je l’ai regardé descendre la bouteille. Un instant, j’ai cru qu’il allait s’en arrêter là. C’était probablement ce que j’aurais fait, moi. Mais Kyte, il avait pas autant de mal à s’ouvrir, il fallait croire. Parce qu’il a continué, et j’ai trouvé ça plutôt courageux. Il m’a appris que sa Lenore n’était plus de ce monde. J’ai froncé les sourcils et je me suis redressée, me demandant s’il voulait bien dire ce que je pensais. Mais comme sa voix n’avait plus aucune intonation, c’était difficile à savoir. Au final, il a poursuivi, et ses mots ne laissaient plus le moindre doute à l’interprétation. J’ai senti mon cœur cogner contre ma poitrine et ma main a recouvert mes lèvres. Ça m’inquiétait même pas, que les flics aient pu faire de Kyte un suspect. Je sentais juste mon cœur se briser avec le sien et je me noyais dans sa peine. Je comprenais même pas pourquoi je ressentais sa douleur à ce point. Peut-être parce que j’avais jamais vu un homme s’effondrer comme ça devant moi. Ou entendu une histoire aussi tragique. Et pourtant, je voyais bien qu’il essayait de prendre la chose à la légère. De rester fort en apparence. Mais son regard humide le trahissait. Ses lèvres pâles, qui tremblaient derrière ses doigts noueux, aussi.
Comme je savais pas quoi dire, je me suis levée, et je suis allée m’assoir sur la terre meuble à ses côtés. Maladroitement, j’ai essuyé la larme sur sa joue, et puis j’ai pris sa main dans la mienne, cherchant son regard. Il m’a regardée un instant, comme s’il cherchait à comprendre ce que je faisais. Il a hoché la tête, et puis l’espace d’un instant, j’ai cru qu’il allait se reprendre et aller mieux. Sauf qu’en fait, c’est tout l’inverse qu’il s’est passé. Et ça m’a carrément fait flipper. Parce qu’il s’est brusquement accroché à mes avants bras comme à une bouée de sauvetage, et son corps s’est écrasé contre le mien tandis que des sanglots le secouaient tout entier. J’ai écarquillé les yeux, légèrement paniquée. Puis j’ai fait le seul truc qui me paraissait censé. J’ai resserrée mon étreinte autour de lui, et j’ai collé ma joue contre son crâne. Ses cheveux frisés chatouillaient mon nez et ses larmes trempaient mon cou. Il me serrait tellement fort que j’étais persuadée que j’allais avoir des bleus le lendemain. Mais au lieu de le repousser, je l’ai attiré plus près encore. Et je lui ai dit que c’était terrible, qu’une injustice pareille, que ça devrait pas exister. Mais que sa fille, même si elle pouvait pas le voir, elle devait bien le savoir, qu’il l’aimait autant. Et qu’elle avait de la chance d’avoir un père pareil. Que des tas de gosses tueraient pour ça. Je crois que ça l’a un peu calmé que je lui dise tout ça. Peut-être que quelque part, il savait que je parlais un peu de moi. Au final, je sais pas trop combien de temps on est restés comme ça. Je sais juste qu’après un moment, il a arrêté de pleurer, et qu’on a un peu échangé de place. C’est moi qui suis venue me nicher dans le creux de son épaule. C’était plus logique, parce qu’il était plus grand, et que comme ça, il avait pas à se plier en quatre. On a regardé le ciel et les étoiles. On a parlé de trucs débiles ou profonds. On a chanté des chansons de vieux rock qu’on aimait tous les deux. On s’est marrés parce que c'était faux et qu'on connaissait pas vraiment les paroles. On a chialé, aussi parce qu'on était des écorchés vifs chacun dans notre genre. Et puis au final, on s’est couchés dans son sac de couchage et on s’en endormi, l'un contre l'autre.
C’était une sacré claque dans la gueule, au final, cette rencontre. Mais je crois que j’en avais besoin. Parce qu’au moment où j’ai fermé les yeux pour sombrer dans le sommeil, j’ai réalisé un truc : pour la première fois depuis une éternité, je me sentais vivante.
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.