Je me souciais de chose de mon âge à l'époque, je ne savais pas encore quelle claque j'allais prendre en pleine figure, ce terrible événement qui a bouleversé ma vie d'enfant, fait s'envoler une partie de mon insouciance et de ma joie de vivre. Je suis là sur mon tabouret préféré au coin du plan de travail et je regarde avec de grands yeux intéressés ma maman préparer des gâteaux, c'était en prévision d'une de ses soirées où tous les proches du club viennent manger à la maison ! Le genre de moment convivial qui s'apparente à un repas de famille pour nous, tous les membres de ce gang c'est comme une grande fratrie, ma famille à moi. Je m'occupais avec précaution de la décoration d'un cupcake, j'en avais encore une dizaine à faire mais je prenais mon temps, elle m'avait confié ce travail, de mon point de vue d'enfant je voyais ça comme une vraie réussite alors qu'en réalité c'était un vrai désastre... Mais elle me regardait presque admiration et avait toujours se sourire angélique sur les lèvres, ma mère c'était la douceur et la gentillesse incarnée, du moins c'est le souvenir que j'ai d'elle, avec ses longs cheveux bruns et sa peau matte, elle n'avait rien de similaire avec les gens du coin, elle était originaire de Sicile, je suppose que c'est aussi ça qui a dû charmer mon père.
Le téléphone sonna alors qu'on était en pleine préparation que le téléphone sonna, en un bond j'étais au sol et je m'empressais de courir vers le téléphone dans le salon, en ce moment c'était mon petit passé temps, j'adorais jouer les secrétaires en herbe ! Quand je décrochais j'entendis une voix roque me dire "Kate c'est toi ?" alors tout naturellement je lui disais mon prénom, il a baragouiné un truc ensuite que je n'ai pas compris et j'ai raccroché. De retour dans la cuisine je répondais à ma mère que c'était la petite sourit... Elle se mit à rire sans trop chercher à comprendre qui se devait être. Il était seize heures, elle venait de me servir un grand verre de lait quand deux motos bruyantes se garaient devant la maison, je la voyais froncer les sourcils au début, puis refermer rapidement les volets avec une peur effrayante sur le visage, je comprenais tout de suite que quelque chose n'allait pas et c'est à cet instant que tout est allé très vite.
Elle m'a fait courir dans l'entrée et j'ai juste eu le temps d'attraper ma peluche préférée, elle s'est mis à ma hauteur, à cet instant des coups on retentit sur la porte, elle avait soudainement les larmes aux yeux, m'a serré dans ses bras comme jamais me répétant qu'elle m'aime plus que tout, que je serais toujours sa fille et que je ne devais pas l'oublier, sa voix était tremblante et incertaine, pour la première fois je voyais ma mère ainsi, comme abattue. Elle attrapait mes mains par la suite et m'a supplié de rester cacher dans le placard de ma chambre jusqu’à ce qu'à me père revienne, j'entendis alors derrière des hommes crier « Kate on sait que tues là ! » puis elle m'a serré dans ses bras plus fortement que jamais, comme si c'était la dernière fois... Alors j'ai couru sur ses ordres, à l'époque j'étais du genre obéissant et bien élevé ! Je me suis enfermé dans mon placard à vêtement. En bas il y avait du grabuge, j'ai entendu un fracas et je commençais à paniquer, faire une de ces crises d'angoisse dont j'avais l'habitude alors j'ai mis mes mains sur mes oreilles et je me suis forcé à chanter une berceuse que ma mère me chantait souvent, j'étais comme enfermé dans mon monde pour mieux me protéger de ce qu'il y avait en bas. J'ai sursauté, un coup de feu, puis deux et j'ai arrêté de chanter, je ne respirais presque plus et soudainement le calme revenait dans la maison, plus aucun bruit. Je suis resté prostré dans mon placard, durant des minutes et même des heures, je peux juste vous dire que j'ai vu les rayons du soleil laisser place à la nuit. Puis soudainement un claquement de porte, je serrais Bouftou contre moi de toutes mes forces, j'avais peur et un cri à résonner dans la maison, probablement dans toute la rue et j'ai reconnu mon père. Je suis sortis de ma cachette avec inquiétude « Papa ? », sans même attendre une réponse je me suis dirigé dans le couloir et j'ai commencé à descendre les marches tout doucement.
Ça devait être une bonne soirée. Kyte est de passage en ville et les membres du club lui ont ouvert leurs bras et leur local pareil. L’après-midi touche à sa fin mais ils ont déjà commencé à tiser depuis quelques heures. Une petite mise en bouche avant de se rendre chez Kate Walsh, qu’a promis de leur en mettre plein les yeux et le bide avec une de ses réceptions dont elle a le secret. Alors pendant qu’elle est aux fourneaux pour tout préparer, les gars se racontent les dernières à coup de grandes tapes dans le dos en s’arrosant de binouse. Un truc qui serait pas passé en Norvège, le premier club de Kyte. Faut dire que là-bas, « le » prez, c’est une gonzesse. Et elle botte les culs mieux que personne. Alors pour les dîners, chacun met la main à la patte. Et le premier rigolo qui essaie de se défiler, il peut dire adieu à son patch. C’était sympa, la Norvège. Ici aussi, d’ailleurs. Différent, mais sympa. Tous les clubs de motards ont leurs propres traditions. Ce petit truc qui en fait une famille à part au sein d’une famille plus grande. Mais y’a des trucs immuables, que tu retrouves partout. La fraternité. La loyauté. L’honneur. Le respect. Et un goût de la liberté tellement fort qu’il vous pousse un peu en marge de la société. Comme si cette vieille salope recrache tous ceux qui menacent son organisation bien bancale. Kyte, ça fait longtemps que le système l’a gerbé sur le bord de la route. Et c’est un peu à ce moment-là que sa vie a commencé. Pour de vrai. Et il se sent bien, là, entouré de cette joyeuse bande de détraqués. Même s’il est le seul gus à se trimbaler avec un blouson en kevlar au lieu du traditionnel cuir. Le seul à pas porter les couleurs du club, aussi.
Kyte sait qu’il aurait qu’à demander s’il lui prend l’envie de prospecter. Que le club l’accueillerait à bras ouverts. Seulement il refuse à chaque fois. Et les mecs comprennent, quelque part. La vie les a tous cabossés d’une manière ou d’une autre. Il savent qu’elle a été particulièrement garce avec Kyte. Et ils savent, que quand t’as connu un club, des frères et sœurs, et que t’as partagé la sueur, les larmes et le sang à leurs côtés ; tu peux pas si facilement les oublier ou les remplacer par d’autres. Pour Kyte, ce serait une sorte de trahison. Ou l’aveu terrible qu’il refoutrait plus jamais les pieds en Norvège. Où il a laissé son cœur, sa fierté, sa loyauté. Sa fille. Et le cadavre moisi de son ex-femme, aussi. La seule qu’il ait jamais vraiment aimée. Merde. Il sent le coup de buis arriver alors il s’enfile le fond de sa bouteille, essaie de se raccrocher à une conversation. Ça fait deux ans, mais il s’en rappelle comme hier. Parfois, il se laisse ressentir tout ça. Crier sa rage, sa douleur. Mais ça, c’est quand il est seul. Ou avec Jaimie. Parce que cette gosse, putain, elle lui rappelle sa môme. Telle qu’elle pourrait être. Ou comme il voudrait qu’elle soit. Un vieux pote raconte une blague, et lui glisse une bouteille, alors ça le tire de son nuage noir. Il la lève et fait glisser la gnôle entre ses lèvres. Ouai. Ça va être une bonne soirée.
Jusqu’à ce coup de fils. Ce vent de panique. Jusqu’à ce que les frères se lèvent tous d’un seul homme pour enfourcher leurs meules, prenant à peine le temps d’attacher leurs casques. Ils fendent la nuit en cortège, couchés sur leurs réservoirs pour aller plus vite. Mais le cœur y est pas cette fois-ci. La bécane n’est qu’un moyen de transport. Pas le vent de liberté qui les rapproche tous en les arrachant à la réalité. Ils roulent sans joie. La peur au ventre. La haine, aussi. Parce qu’un prospect qui passait apporter des provisions a Kate a surpris des mecs louches qui s’y rendaient aussi. Et quand il a appelé, y’avait de l’angoisse dans sa voix tellement qu’il bégayait, le pauvre bougre. Et c’est jamais bon. Tabernak c’est même carrément mauvais. Quand ils arrivent, y’a plus personne. Juste la bécane du prospect à terre. Et Kyte sait pas très bien si c’est un bon signe ou plutôt annonciateur de malheur. Il sait juste qu’il a les tripes toutes retournées quand il gare sa meule aux côtés de celle de ses frères. Il balance le casque sur le guidon sans vérifier qu’il tombe pas à terre. Il s’en branle. L’odeur de la nuit arrive même pas à calmer ses nerfs. Parce qu’une autre s’y mêle et la brouille. La rend dégueulasse : l’odeur de la mort. Kyte la sent avant même de mettre les pieds dans la baraque, et l’odeur des pâtisseries que Kate cuisinait arrive pas à la cacher. Appelez-ça un sixième sens ou tout ce que vous voulez. Quand vous côtoyez la mort de près, vous la reconnaissez avant même qu’elle pointe son nez. Les gars du club s’enfoncent dans la baraque. Flingue à la main, cœur au bord des lèvres. Kyte les suit pareil, mais il sait que ça sert à rien. Il entend le cri avant de voir les corps. Celui du prospect, balancé comme un vieux tee-shirt à côté des escaliers. Et celui de Kate. Beau et tragique, dans son immobilité. Le hurlement, s’est son mari qui l’a lâché. Et y’a tellement de peine, de haine et de désespoir dans cette plainte que Kyte sent quelque chose de déchirer au plus profond de lui. Il serre les poings, et les dents, aussi. Mais il peut pas lutter contre les larmes qui embuent son regard. Ni chasser l’image de Lenore. Aussi douce qu’elle était enragée. Il fait un pas en arrière, recule dans le couloir. Il a qu’une envie : mettre les voiles. Enfourcher sa bécane et arracher le bitume. Rouler jusqu’à ce qu’il oublie jusqu’à son nom. Encore une fois. Mais on abandonne pas un frère dans un moment pareil. Alors il reste planté comme un con, indécis. C’est à ce moment-là qu’il entend les petits pas feutrés dans les escaliers. Crisse, Maddox ! Il lève les yeux et aperçoit la gamine, la mine incertaine. Son doudou contre son cœur. Et il pense qu’à un truc : la protéger de toute cette horreur. La protéger comme il aurait voulu le faire avec sa môme à lui. Alors il l’attrape au vol, la soulève presque pour lui faire descendre les dernières marches.
- Hey, hey, hey, hey, qu’il dit de sa voix morne et lente. Une voix qui se veut apaisante (seulement il est pas sûr que ça ait l’effet escompté). Viens là. Relève pas la tête.
Il la dorlote. Calle bien son front contre son torse pour pas qu’elle voit les corps. Pour pas qu’elle voit l’horreur. Seulement, elle aussi elle a bien senti la mort. Les gosses sentent ces trucs que les adultes ont oublié. Elle ouvre sa petite main et la peluche va s’écraser sur le sol. Et Kyte, il trouve ça vachement triste. Plus encore quand il sent le petit corps agité de sanglots.
- Ça va aller Maddy. T’es en sécurité. Ça va aller.
C'est tout ce qu'il peut lui promettre. La sécurité et un avenir moins merdique. Parce que le présent, il craint sévère. Et Kyte, il sait pas mentir. Surtout pas à une gosse.
Si seulement j'avais su j'aurais profité de cet instant plus qu'aucun autre dans ma vie, oui je n'aurais peut-être même pu changer le cours des choses, malheureusement tout ça c'est impossible et c'est le genre de regret qui vous hante toute une vie, même lorsqu'on est qu'un enfant comme moi à cette époque, qu'est-ce se monde ignoble qui nous arrache sans la moindre hésitation ou culpabilité les êtres qui nous sont chers, ceux pour qui nous vivons chaque jour et qui nous donne cette force d'avancer et de battre les caprices du destin, pourquoi le diable c'est-il penché sur ma famille à cet instant, j'aurais plus tard troqué tout l'or du monde pour pouvoir la faire revenir, mais à six ans je ne suis pas en position de négocier et encore moins d'accepter ce qui va m’apparaître comme la plus grosse douleur que j'ai dû surmonter. Alors c'est sans imaginer le moins du monde la suite des événements que je me détache de son étreinte débordante d'amour, je gravis les marches incertaines, mais je serais incapable de lui désobéir, je sais, je sens que quelque chose de grave se prépare. J'ai parfois vu d'autres choses étranges au club, oui je comprenais que tout ce qu'ils faisaient n'était pas forcément bien, qu'il y avait une part sombre et malsaine dans leur train de vie, bien sûr j'arrivais à comprendre grâce à quelques regards entre mes parents, des mensonges mal dissimulés ou des disputent que même les murs de la maison ne pouvaient éteindre, pourtant ils s’aimaient oui et ils prenaient soin de moi, comment expliquer qu'ils voulaient le meilleur pour mon avenir, alors que je grandissais dans un mode vit bien plus brutal que sentimental, il aurait fallu se douter du malheur flottant au dessus de nos têtes insouciantes.
Je faisais du mieux que je pouvais une fois dans ce placard pour essayer de penser à autre chose, de ne pas accorder trop d'attentions à tout ce qui se tramait en bas, bien sûr j'aurais pu tout de suite comprendre que ses hommes étaient venus pour faire du mal à ma mère, mais je ne voulais pas, je ne pouvais pas ! Il ne fallait pas que la panique prenne possession de mon corps, j'avais bien compris que c'était dangereux pour moi, j'avais déjà fini à l’hôpital une fois pour ça et hors de question d'y retourner, c'est le genre d'endroit qui pouvait bien me faire faire des cauchemars à cet âge, allez savoir pourquoi... Il faut croire que je ne chantais pas assez fort pour éteindre le bruit des coups de feu, je savais très bien que c'était mauvais signe et c'est pour ça que par la suite je suis resté comme figée, oui maman m'avait déjà expliqué que les armes c'était dangereux, que si j'en voyais une traîner au club ou que se soit je ne devais pas y toucher, car sinon on se retrouve au ciel, est-ce une explication digne de ce nom ? Pour mes six ans je trouve que oui, mais à vrai dire je suis sure que les autres petites filles de mon âge n'avaient jamais eu ce genre de discours, ça ne devrait même pas avoir lieu et pourtant... J'allais bien vite réaliser dans le futur que mon enfance, n'était pas digne de ce nom et que ceci ferait de moi une personne différente. Je portais mon regard entre les lames de bois de mon dressing, j'avais une légère vue sur ma fenêtre de chambre, ce qui me permettait de voir la nuit apparaître, ce que j'avais fait durant tout ce temps ? C'était un peu comme un trou noir, moi-même je ne saurais vous dire autre chose que le souvenir de cette angoisse atroce que j'ai pu ressentir. Un cri me tirait subitement de cet état second, je crus reconnaître mon père alors je ne put attendre un instant de plus.
Une fois engagé dans l'escalier je tournais instinctivement la tête dans l'espoir de voir le visage de mon père apparaître, voir un sourire, un signe de tête, la moindre chose qui pourrait faire disparaître tous ses mauvais pressentiments qui me bouffent de l'intérieur depuis que j'ai monté ses marches tout à l'heure, seulement tout ce que j'aperçois c'est mon père agenouillé, je sers un peu plus ma peluche comme si elle pouvait me protéger de ce destin merdique, je ne prends même pas garde au pas que je fais et soudainement on m’attrape, trop frustré pour réagir vraiment je me laisse porter et en quelques secondes je me retrouve dans les bras d'un homme que je reconnais bien trop vite grâce à sa voix, il s'agit de Kyte, je ne saurais dire s'il est de la famille ou pas, il ne fait pas partie du club et pourtant mes parents l'aiment et le respectent autant qu'un frère, c'est un peu bizarre, mais moi je m'en fiche de tous ses codes, tout ce que je sais c'est qu'à cet instant j'ai compris qu'il était là pour moi, pour me protéger. Il me dit de ne pas regarder et j'entends derrière les sanglots de mon père, je ne pourrais pas vous dire que tout est devenus clair, mais j'ai compris qu'il était réellement arrivé quelque chose à ma mère et je me suis mise à pleurer en lâchant ma peluche, comme si d'un coup j'abandonnais mon insouciance. J'ai passé mes petits bras autant que je pouvais autour de mon protecteur et j'ai agrippé son blouson avec mes doigts comme si je ne voulais plus me détacher de lui sur l'instant. Il essayait de me rassurer en disant que j'étais en sécurité, seulement dans ma tête sa voulait simplement dire que le danger était encore là, autour de nous et pour toujours.
- J'veux ma maman !
Au fond de moi je savais très bien qu'il n'allait pas pouvoir réaliser mon souhait, non mais je hurlais ça comme un cri de désespoir ne voulant pas le moins du monde avoir la réalité en face des yeux, merde je suis bien trop jeune pour affronter la mort. Je relevais la tête me détachant de son emprise contre son torse, le regardent de mes petits yeux larmoyants, je lisais dans son regard que rien n'allait bien, non rien. J'osais quand même pas tourner la tête j'avais bien compris que ce n'était pas une bonne idée, que je devais pas le quitter du regard pour l'instant, seulement moi tout ce que je voulais c'est m'échapper de cet endroit et ne pas affronter plus longtemps la dure réalité. J'entendais alors des hommes parler derrière moi, impossible de vous dire qui mais tout ce qui me résonnait dans les oreilles c'est bien « On va retrouver ses fils de putes et les butter » Je comprenais pas tout ce que ça voulait dire, mais je sentais la haine et la colère dans les voix. Et toute cette agitation, ça me rendait nerveuse, je commençais à agiter mon petit corps en remuant les jambes et en secouant mes bras, toujours accrochée à Kyte en réclament encore et encore ma mère. Je m'arrêtais subitement en entendant enfin la voix de mon père derrière moi, « J'vais appeler les flics, tu peux t'occuper de Maddy et la mettre en sécurité ? » Il parlait difficilement, je pouvais ressentir la tristesse dans sa voix tout ce que je voulais alors c'était me retrouver dans ses bras, je tournais finalement la tête découvrant son visage effondré, les yeux rouges et les cheveux en bataille. J'ai soudainement lâché le blouson de Kyte pour tendre mes bras vers mon père, mais il s'est simplement rapproché de moi en mettant ses mains de chaque côté de ma tête afin de déposer un baiser sur mon front en fermant les yeux.
Kyte aime pas ça. Dans ses bras, la gosse braille qu’elle veut sa mère. Dans son dos, Peter beugle pareil. Il dit pas exactement qu’il veut qu’on lui ramène Kate. C’est plus dans les lignes de faire découvrir le goût des racines de pissenlits à tous les connards responsable de ce carnage. Mais dans le fond, Kyte sait que c’est pareil. Parce qu’il y a deux ans, c’était lui ce mec-là. La même plainte pour le père et la fille. Sauf que les hommes, ils cachent leur peine dernière la soif de vengeance et leur égo. Les enfants, ils crient comme ils ressentent. Et Kyte, il aimerait bien la leur rendre à tous les deux, mais il sait que ça va juste pas être possible.
- Je sais Maddox. Qu’il dit de sa voix basse en la berçant doucement. Je sais.
Ça a l’air de la ramener un peu à la réalité, et Kyte s’en veut, pour le coup. Parce que la réalité, elle est merdique. C’est toujours comme ça. La gamine écarte sa tête de son torse et elle le fixe de ses yeux bruns. Des yeux où la douleur est tellement palpable que ça lui retourne encore un peu plus les tripes. Mais il se force à soutenir son regard quand bien même les siens menacent aussi de s’emplir de flotte. Parce qu’il lui doit bien ça. Il mérite de sentir toute cette peine. Pour pas avoir été là pour sa môme et sa femme. Et là encore, pour pas avoir roulé assez vite. Pas avoir empêché les futurs cadavres de buter Kate. Et aussi pour pas que Maddox aille poser ses yeux ailleurs. Sur la poupée de chiffon qu’à un trou entre les deux yeux. Sur son père effondré, les fringues couvertes de sang. Sur les mecs qui s’excitent, cognent dans les murs. Arment leurs calibres en s’échauffant à coup de paroles vengeresses.
- Je peux pas te la ramener, ta maman. J’voudrais bien ma p’tite. Mais j’peux pas. Alors va falloir que tu sois forte, ok ?
C’est pas un lieu pour une gosse. Tabernak, c’est pas une vie pour une gosse. Kyte, il l’a compris trop tard. Et maintenant la sienne elle a plus ni mère, ni père, mais au moins elle est loin de toute cette merde. Quelque part, en Australie. Dans une petite famille bien comme il faut. Du moins il croit. Il espère. Parce que sinon il pourrait pas supporter d’être là, sans elle. Peter, il a l’air de penser la même chose, brusquement. Il s’approche d’un pas lourd. Les yeux tellement rouges de plein d’émotions qu’on dirait qu’il les a baignés dans de l’acide. « J'vais appeler les flics. » Qu’il finit par sortir d’une voix rauque, éteinte. « Tu peux t'occuper de Maddy et la mettre en sécurité ? ». Kyte hoche la tête, ferme légèrement les paupières.
- Avec ma vie, frère.
Un bref soulagement détend les traits de Peter. Comme si on lui hôte un peu de la charge qu’il peine à porter. La gosse s’agite. Elle sent qu’on va l’arracher au seul parent qu’il lui reste. Elle tend les bras vers lui, mais Kyte voit bien qu’il peut pas la prendre. Comme lui avant, Peter sait pas que le seul truc qui l’aidera à aller mieux, c’est serrer sa môme dans ses bras et de lui chialer dans les cheveux jusqu'à ce qu'il en ai plus la force. Mais il pense qu’il faut laisser ses potes faire leurs propres erreurs, alors il ferme sa gueule et il regarde le père coller un baiser poignant sur le front de sa fille. Après, leurs regards s’accrochent. Ils hochent tous les deux la tête, et Kyte embarque Maddox avec lui. Il réalise pas qu’elle a pas de chaussures. Tout ce qu’il pense, c’est à attraper son petit casque qu’il lui enfile sur sa tête, puis il l’installe à l’arrière de sa bécane.
- On va faire un p’tit tour, d’accord ? Accroches toi bien.
Il enjambe sa meule à son tour et arrache le bitume dans un grondement sourd. En chemin, il croise deux bagnoles de flic qui débarquent à fond la caisse. Comme s’ils pouvaient avoir moindre utilité maintenant. Il a une pensée pour Peter qui va devoir supporter leurs sales gueules et répondre à leurs questions de merde. Il espère que ça ira mieux pour son pote que ça l’avait été pour lui en Norvège, parce qu’il a fini comme un con derrière les barreaux. Il secoue la tête, lutte encore contre les images qui forcent son esprit. La route lui fait du bien. L’aide presque à reprendre le contrôle. A se reprendre tout court. Alors il roule encore un peu plus que nécessaire. Hors de la ville. Dans les champs. Il devrait pas, parce que c’est dangereux par les temps qui courent, de rouler seul. Quand deux clubs d’une région de lancent dans une guerre aussi sanglante. Mais il se dit que l’air frais ça doit faire du bien à Maddox aussi. C’est une gosse de biker, et ces mômes-là, ils aiment bien les ballades en général. Sauf que quand il arrive au club, et qu’il voit toutes les mines déglinguées des proches, il sait que ça ne va pas s’arranger. « Oh dieu merci. Maddox ! » S’écrie Sofia, la doyenne. Puis elle darde un regard sévère sur Kyte. « Qu’est-ce que tu foutais putain ! On se faisait un sang d’encre. La moitié du club est sur les traces de ces bâtards et on est en lockdown. Allez, rentrez. Vite. ». Kyte répond pas. Il descend de sa bécane et retire son casque, puis il attrape Maddox d’un bras et rentre dans le bar sans un mot. Il l’entend grogner encore un truc dans son dos, puis elle s’en va gérer d’autres affaires. Elle est toujours partout à la fois, Sofia. Et il se doute bien que ce soir elle a du pain sur la planche, parce qu’il entend dire qu’après que la police ait emmerdé Peter bien comme il faut, ils vont tous se ramener ici pour honorer Kate. Comme quoi y’aura bien une fête au final. Juste une fête dégueulasse et triste au lieu de la p’tite réunion de famille qu’était prévue à la base. Et Kyte, ça lui rappelle tout un tas de souvenirs vraiment merdiques et ça fou un bordel monstre dans sa tête. Il se passe une main tremblante sur le visage et sort son téléphone pour envoyer un court message pas hyper clair et probablement pathétique. Mais sur le moment il en a rien à foutre. Il choppe une bouteille de whisky sur le bar, va s’assoir dans un canapé un peu plus loin, Maddox toujours dans ses bras. Il boit une longue gorgée, la serre contre lui. Caresse son dos de sa grande main.
- Et peut-être une larme, à votre âme échappée, sur leur cendre, de pluie et de neige trempée, filtre insensiblement, qui les va réjouir dans leur triste demeure. Et leur cœur desséché, comprenant qu'on les pleure, retrouve un battement.
Il ne sait pas quoi dire, ni quoi faire. Alors il récite un vers. D’un vieux poème, en français, qui l’a jadis touché. Kyte, il est pas très cultivé. Mais la poésie, il s’en souvient dès qu’il la lit. Il sait pas pourquoi. C’est comme ça. Peut-être parce que lui, il a jamais les mots, mais les émotions elles sont là quand même. Et qu’il y en a d’autres, des biens éduqués, qui ont la plume pour les faire sortir joliment. Il sait pas si elle comprend le français, la gosse. Mais il se dit que peut-être le son de sa voix basse l’apaise.
- Mais personne ne dit, voyant un mort de l'âme : paix et repos sur toi ! L'on refuse à la lame ce qu'on donne au fourreau ; L'on pleure le cadavre et l'on panse la plaie, l'âme se brise et meurt sans que nul s'en effraie, et lui dresse un tombeau.
Au final, il espère qu'elle comprend pas. Parce que les poètes, ils sont quand même vachement moroses. Et s'ils aident à sortir la douleur, ils sont pas franchement doués pour la soigner.
Je crois que toute cette colère, cette incompréhension et la tristesse régnant dans la pièce où même dans toute la maison ne faisait que faire battre un peu plus fort mon petit cœur et me glaçait en même temps le sang, est-ce un cauchemar ? Une mascarade ? Je crois pourtant que les cris de ses hommes qui sont ma famille et les pleurent de mon père sont bien réels, pourquoi tant de peine s'abat sur nous en ce jour qui devait être si festif, à croire que la mort choisit avec sadisme l'heure où elle vous frappe. J'avais beau comprendre que tout espoir était vain pour revoir ma mère je ne comptais pas me l'avouer, je ne devrais pas avoir à subir cette épreuve si jeune, pourquoi me l'avoir arraché si tôt, tout ce que souhaite c'est garder en tête son visage angélique, son odeur rassurante et les délicats gestes de tendresse qu'elle avait toujours à mon égard, les bons souvenirs d'une maman en somme, tant que je n'oublie pas qui elle était vraiment, je garderais toujours un petit bout d'elle en moi et ce pour le reste de ma vie, je me le promets. Seulement pour l'instant je dois juste réussir à combattre cet affreux coup dû sors et j'ai l'impression de ne pas en être capable, après m'être laissé aller dans les bras rassurants de Kyte je réclame subitement ma mère alors que cela est juste impossible désormais, comme si dans l'espoir insouciant je pensais que crier le fait de vouloir sa présence pourrait me la ramener, mais tout ce à quoi j'avais droit c'était au regard bien trop inquiet de Kyte qui se faisait autant touchant que rassurant, mais ceci ne suffisait pas à éteindre ma peine et je replonge dans mon état de choc en voyant mon père arriver, son regard c'était comme un coup de poignard supplémentaire et ça m'afflige un peu plus, je n'ai jamais éprouvé autant d'émotions, ça part dans tous les sens dans mon cerveau et j'aimerais bien trouver le bouton off. Je voulais juste être dans les bras de mon père, qu'il me serre contre lui et qu'il me dise ses mots rassurants que Kyte essayait de me faire comprendre, mais il n'avait pas l'air d'être d'accord avec ça, quand il s'approchait de moi pour ce seul et unique geste de réconfort je posais mes petites mains sur les siennes dans l'espoir de le retenir, de ne pas le voir s'éloigner au risque de le perdre lui aussi... Mais j'avais bien compris que ce qu'il voulait pour moi, c'est que je parte loin de cette atrocité avec Kyte, alors tous mes rêves se brisent un peu plus, qu'est-ce que je peux bien y faire après tout ? J'ai à peine le temps de réaliser la suite des choses que je finis dehors, je peux pas empêcher ses larmes qui coulent incessamment le long de mes joues et je me demande bien quand ça prendra fin, car la douleur restera éternelle... En quelques secondes je suis sur cette bécane, rien de bien étonnant pour moi, j'adore déjà quand mon père m'emmène en petite viré le week-end, mais ça ne m'était jamais arrivé ainsi le soleil couché. J'ai peur que les monstres de la nuit m'agrippent de leurs griffes acérées pour me traîner à mon tour vers les abysses... Alors je me colle à mon sauveur de toutes mes forces, je sers aussi fort que je peux mes bras autour de lui et quand il s'élance sur la route j'ai soudainement l'impression que mes angoisses prennent le large, je rois que je suis trop absorbé par ce qui défile sous mes yeux, quand on sort de la ville mon imagination me fait entrevoir des silhouettes dans la pénombre de la nuit, je crois même y voir ma maman qui me tend la main mais tout va si vite que ça se dissipe aussitôt et je ne saurais vous dire combien de temps on a roulé, mais c'était pour sûr le plus oxygénant tour en moto que j'ai pu faire.
Quand on pénètre dans l'enceinte du club Kyte a à peine le temps de se garer que Sofia vient l'accueillir peu chaleureusement, je me demande pourquoi sur le moment, car j'écoute pas vraiment ce qu'elle dit, j'entends simplement sa voix qui me fait crisser les oreilles, j'ai l'impression d'être étouffé par cette atmosphère d'angoisse et ce n'est pas beaucoup mieux quand on passe les portes du clubhouse, tout le monde me regarde je comprends bien la compassion dans leurs yeux, leurs peines mais j'en veux pas de tout ça, je veux juste me sentir protéger, en sécurité ! Je lâche pas Kyte une seule seconde comme s'il était désormais mon seul piliers dans cette triste vie, pourtant je connais presque tout le monde ici, mais c'est bien lui qui m'a tendu ses bras tout à l'heure dans ce moment terrible et tant que mon père n'est pas ici je ne veux voir personne d'autre. J'ai beau être complètement terrifié par tout ce qui vient d'arriver je réalise bien de mes yeux de gamine que Kyte n'est pas bien, oui je suppose de la pitié, mais je crois que c'est plus que ça seulement je ne comprends tout, oui les grands sont compliqués ils planquent leurs émotions derrière d'autres alors que leurs regards crient le contraire, faut croire qu'avec le temps ça devient trop compliqué de dire la vérité. Derrière, devant partout autour de nous ça parle, je n'ai pas besoin d'écouter pour savoir qu'il parle de la situation, de ma tragique situation ! Et comme depuis tout à l'heure je me concentre purement sur le ténébreux qui me tient dans ses bras comme si j'étais aussi précieuse que sa propre vie, oui c'est comme ça que je le ressentais. Je me sens soulagé quand il prend ses distances avec le reste des membres, on se retrouve sur un vieux canapé en cuir façonner ou plutôt devrai-je dire déformé par le temps et les nombreux coups qu'il a dû supporter, mais je l'adore je crois bien qu'il est encore plus confortable que mon lit ! Je fais pas attention à la bouteille qu'il a dans la main ni même à l'odeur peu agréable qui s'en dégage, non je connais bien, sa sort du bar, le genre de boissons pour les adultes qu'ils disent et ça me donne pas envie de goûter. Quand il me serre contre lui je pose ma tête sur son torse et j'expire longuement, comme si ça pourrait faire sortir toute cette peine en moi, mais Kyte se met alors à parler, je comprends pas ce qu'il dit, par tout du moins car je reconnais le français, oui c'est le genre de langue qu'on croise dans le pays mais moi à l'école j'apprends pas ça et dans le coin il n'y a qu'un seul qui parle français et je me suis jamais penché sur le sujet, en grandissant peut-être. Je me concentre sur sa voix, j'ai le sentiment qu'il essaye de me calmer à travers ce vocabulaire inconnu et contre toute attente je me laisse porter par l'émotion de la chose, je ferme les yeux et pour la première fois depuis ce désastre je me sens légère, si légère que je finis même par m'échapper dans les bras de Morphée au final, sans pour autant me décrocher de Kyte.
Des bruits, des grognements ? J'ouvre difficilement mes paupières enflées par la tristesse, il me faut quelques secondes avant de voir clairement ce qui se présente devant moi, je reconnais les hommes qui étaient dans ma maison tout à l'heure, les esprits semblent toujours autant échauffés, rageurs et vengeurs. J'essaye de prendre conscience des visages qui m'entoure, mais j'y vois pas mon père et Kyte non plus, car oui je me rends finalement compte que je suis seule blottie dans un coin de ce canapé que dans lequel j'aime tellement m'affaler en général, dans un fond de la salle un des mecs lance une injure, puis fait part de sa déception cinglante « Putain on n'a pas trouvé de piste pour ce soir les mecs, ce n'est pas possible faut retrouver ses enflures et leur faire payer la mort de Kate, Peter va .... » je crois qu'il a dû voir mon regard perçant l'observer et moi j'entendais pour la première fois l'évidence des choses, mon visage se crispe brusquement, je me redresse et je colle mes genoux contre moi, comme pour me protéger, les larmes aux yeux je balaye la pièce du regard, je sais que mon père n'est pas encore là sinon il serait déjà près de moi, alors je veux Kyte mais je le vois pas non plus, je commence à paniquer et d'une voix faible j'appelle au secours.
- T'es ou, Kyte ...
J'ai l'impression que la réalité va me happer sans plus attendre, mon cœur s'accélère et je respire difficilement, je pense même pas à me calmer pour éteindre une de ces crises d'angoisse naissante, je veux juste me retrouver dans les bras rassurants de mon protecteur, la fameuse Sofia s'approche de moi et pose sa main sur moi en me disant de me calmer, d'un geste brusque j'essaye de la repousser et j'enfouis ma tête dans mes genoux en commençant à pleurer.
Kyte essuie une larme sur la joue rebondie de Maddox. Elle ferme les yeux et se blottie davantage contre lui. Alors il continue de réciter ces quelques vers. Jusqu’à ce que les larmes cessent de couler. Que les petits poings se desserrent. Bientôt, la respiration de la gosse est à nouveau régulière. Sereine. Et Kyte la regarde, avec un sourire triste et les yeux un peu trop brillants. Il ose à peine bouger, à peine respirer. Elle a l’air si calme qu’il n’a pas envie de la réveiller. De la propulser de nouveau dans cette réalité merdique. Sauf qu’il a l’impression d’étouffer, ici. Tenir Maddox contre lui est libérateur d’autant de tendresse que d’angoisses trop profondes pour être exprimées. Ses pensées vont bien au-delà de la pièce, de cette tragédie. Elles filent en Australie, où se trouve sa fille à lui. Sa petite brune aux yeux de glace. Pas tellement plus âgée que la gamine qu’il berce doucement. Arrachée à sa mère, puis à son père. Dans un pays inconnu, avec une famille qu’elle n’a jamais rencontrée avant d’y être accueillie. Et ça lui fait mal du côté du cœur. La culpabilité le frappe avec tant de force qu’il est pas loin de capituler. Le manque, pareil. Il étouffe un sanglot qui secoue sa poitrine et la gosse avec. S’il reste là, il va la réveiller. Troubler ce repos qu’elle mérite tant. Alors avec la plus grande discrétion, il se relève. La cale contre le canapé et remonte une petite couverture sur les épaules. Après, il attrape la bouteille et sort sur le parking, s’affale contre le mur sec et frais. Au loin, il peut voir Sofia courir partout et des mecs armés protéger l’entrée. Sauf que le mal est déjà là et les ronge tous de l’intérieur. Il porte le goulot à ses lèvres et s’enfile une longue rasade. Pas assez pour oublier. Alors il recommence, encore et encore.
Jusqu’à ce petit coup de pied dans ses cuisses, la main contre son épaule. La voix douce, qu’il reconnait aussitôt et qui lui demande comment il va. Lui dit qu’elle est venue aussi vite qu’elle a pu. Il ouvre les yeux et croise les yeux verts de Jaimie. Sauf que ses sourcils sont tellement froncés que ses iris ont l’air presque noir. L’inquiétude se lit sur ses traits, alors il se force à se redresser. Un sourire sans joie étire ses lèvres. C’est plus une grimace en fait. Un rictus amer.
- Kate. Il dit simplement. Kate Walsh. Assassinée dans sa cuisine. Sale histoire.
Sa voix est rude, abrupte. Comme si ça lui faisait rien ressentir. Il détourne le regard, pour pas avoir à affronter celui de Jaimie. Il veut pas y lire le choc, la peine. Ou encore la déception de le voir réagir en s’enfilant une bouteille d’alcool au lieu d’affronter ses démons. Il veut pas voir tout ça, parce que sinon il arrivera pas à garder le mur en place. Et qu’il peut pas se laisser aller ici. Ses cicatrices sont profondes, mais elles sont vieilles. Celles de ses frères et sœurs ici, de la petite et de son père, elles sont fraiches. Et c’est leur sang et leurs larmes qui doit couler. Kyte s’essuie le visage d’un revers de manche. Un mélange de d’eau salée, de morve et d’alcool. Il entend vaguement Jaimie lui parler à côté mais n’y prête pas vraiment attention. C’est seulement lorsqu’elle prononce le nom de Maddox qu’il sort de ses pensées. Tabernak, Maddox !
- Elle est ici. Peter m’a dit de veiller sur elle. Elle dors sur le canapé à l’intérieur.
Il regarde toujours l’asphalte, ses doigts jouent avec ses petits gravillons. Il sait qu’il devrait être à l’intérieur, avec la môme. Alors il est pas surpris quand la main de Jaimie claque sur sa joue avec force. Pas non plus quand elle lui crache qu’il doit se reprendre et fissa. Il pousse un long soupir et la regarde se précipiter dans la clubhouse.
- Je sais gamine, qu’il dit, trop bas pour qu’elle puisse l'entendre. Je sais, mais je peux pas. Pourquoi tu crois que je t’ai appelée, toi ?
Tout est encore trop frais dans sa tête à lui. Les anciennes blessures trop à vif. Les gosses, c’est comme les chiens, ils sentent ces choses-là. Alors il a peur que sa présence soit plus néfaste à Maddox que son absence. Il sait pas trop si c’est une excuse aussi. Il préfère ne pas y penser. Il prend une nouvelle gorgée d’alcool. Il sait que bientôt il va falloir qu’il se relève et qu’il se remette les idées en place. Seulement pas maintenant. Pas tout de suite. Encore quelques secondes de lâcheté et il pourra y aller.
Codage par Emi Burton
Dernière édition par Kyte Savard le Lun 1 Aoû 2016 - 18:31, édité 1 fois
Jameson Winters
la louve raffinée
ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
La bille de mon stylo caressait le papier, noircissant des pages de correspondance. Ma tête commençait à se faire lourde, avec la serviette enroulée autour de mes cheveux. Ça faisait une heure que j’étais là, à partager mes victoires et mes doutes avec Amy Mannings. Une activiste comme moi, qui sévissait en Australie. Enfin « comme moi ». Disons que nous avions les mêmes convictions, et une méthode différente. Là où j’étais sur le terrain, elle se tournait vers la politique. « C’est plus efficace et moins dangereux », m’avait-elle toujours dit. « Peut-être, mais tu dépends quand même de la réaction des autres. Alors que moi, quand je vois un problème, je le règle directement avec mes poings. » Je n’avais pas toujours été aussi agressive. Ce trait était né d’un profond sentiment d’injustice et de révolte cultivé depuis longtemps au plus profond de moi-même. Un sentiment que ma rencontre avec Kyte avait permis de libérer et d’extérioriser à travers les actions militantes sur lesquelles il me traînait. Je ne comptais plus le nombre de personnes qui remettaient en cause ses méthodes. Amy comprise. J’en avais rien à foutre. A mes yeux, c’était un héros. Un héros brisé mais un héros quand même. L’affection que j’éprouvais pour lui me rendait totalement aveugle, inapte à entrevoir les failles dans le mode de vie qu’il nous imposait à tous les deux. Du moins c’était le cas il y a quelques mois, avant que je ne sois condamnée à trois mois dans un centre de détention juvénile pour avoir mis le feu à un champ de maïs OGM après avoir passé à tabac son cultivateur féroce. Je ne regrettai pas tant mon geste mais la punition qui en avait suivi. Les mois que j’avais loupé. Mon nom qui avait été terni. Et la raclée que ma mère m’avait réservée, aussi. Alors je commençais à comprendre le raisonnement d’Amy, sans vraiment y adhérer tout à fait. Parce que ça ne changeait rien au fait que Kyte, je l’aurais suivi jusque dans les entrailles en l’enfer, sans broncher. Alors quand j’ai reçu son sms, j’ai pas hésité.
J’ai plié la lettre pour la glisser dans une enveloppe que j’ai planquée dans le tiroir de mon bureau. Puis je me suis débarrassée du tee-shirt loup dix fois trop grand qui me servait de chemise de nuit pour sauter dans un jean et un débardeur Dropkick Murphys. J’ai enfilé mes chaussures de randonnée et une veste en faux cuir, puis j’ai escaladé le mur de la maison sous ma fenêtre avant de courir vers celui qui bordait le jardin de mes parents. Cette fois, j’ai fait attention à ne pas grimper au niveau de la caméra de surveillance, je n’avais ni envie de les provoquer, ni qu’ils viennent me chercher. Dans les rues, j’ai couru jusqu’à l’arrêt de bus situé à quelques minutes. Ce n’est qu’une fois dedans, la tête appuyée sur la vitre, que j’ai relu le texto de mon mentor. « Besoin de toi. Situation au club. Fais attention en route. KS x » Je n’avais aucune idée de ce qu’il voulait dire, juste que ça n’avait pas de rapport avec notre militantisme. Il n’y avait eu aucune action cette semaine. Aucune à préparer non plus. Mon pied tapotait nerveusement contre le sol durant le trajet qui me semblait interminable. Enfin, le bus m’a déposée à la sortie de la ville, et j’ai couru jusqu’à la clubhouse.
Le premier truc qui m’a choqué, c’est que tout était fermé. J’ai froncé les sourcils, et en m’approchant, j’ai réalisé que deux types armés gardaient le grand portail qui menait au parking. Quand je suis arrivée, ils ont braqué leurs AK47 sur moi en me gueulant de déguerpir alors j’ai levé les mains en l’air, passablement irritée. « C’est Jaimie » je leur ai lancé. J’avais reconnu la voix d’un de leurs prospects dont je ne me souvenais plus le nom et je savais que je n’étais pas en danger. Ils se sont regardés, puis ils m’ont ouvert, et j’ai foncé à l’intérieur. Et ça là que j’ai découvert Kyte, une bouteille à la main, l’autre qui masquait ses yeux, avachis contre le mur. Mon cœur se serra et je me précipitai à ses côtés. D’abord, je lui ai donné un petit coup de pied dans la cuisse pour lui signaler ma présence, puis je me suis agenouillée à ses côtés, une main sur son genoux et l’autre sur son épaule.
- Kyte, ça va ? Je suis désolée de n’arriver que maintenant… j’ai fait aussi vite que j’ai pu. Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
Ses lèvres ont tenté de sourire, mais tout ce qu’elles ont exprimé était un rictus qui ne laissait rien présager de bon. J’ai froncé les sourcils et pincé les lèvres alors que sa voix atone et sèche m’apprenait la mort de Kate Walsh, la femme d’un membre du club. Je la connaissais assez peu, ne l’ayant croisée que quelques fois, mais il n’empêche que la nouvelle me fit un sacré coup.
- Oh, merde… j’ai bredouillé d’une voix blanche.
J’avais envie de lui demander comment, de lui dire que j’étais désolée. Mais les mots se bousculaient dans ma gorge. Et je voyais qu’il n’était de toutes les façons pas en mesure de m’apporter les réponses. Alors je l’ai pris dans mes bras et j’ai caressé ses cheveux frisés. Ignorant les fragments de mon cœur qui se brisaient alors qu’il sanglotait contre mon épaule. Ce n’était pas la première fois que je le voyais dans cet état. Mais c’était la première fois depuis trois ans. Et je savais à quoi il pensait. La Norvège. Sa femme. Sa fille. Parlant de fille… J’ai froncé les sourcils et je me suis légèrement écartée.
- Et Maddox ? Elle était avec elle cet après-midi, non ?
La gamine, je la connaissais un peu plus. Elle était toujours fourrée au club, et les membres s’en occupaient comme d’une fille. Moi, j’y étais pas forcément souvent, mais Kyte m’y amenait à chaque fois après les manifestations un peu violentes. On se terrait là parce que les chasseurs et autres enfoirés spécistes n’osaient pas venir nous y démonter la face. Mon mentor a relevé la tête pour essuyer ses larmes tandis que j’attendais, presque sans respirer, qu’il m’annonce la deuxième terrible nouvelle. Du moins c’était la seule explication qui me paraissait crédible, vu son silence. Alors quand il m’a annoncé qu’elle était à l’intérieur alors qu’il avait promis à son père de veiller sur elle, j’ai pas pu me retenir : j’ai explosé sa joue d’une gifle.
- T’es vraiment pas croyable ! Recomposes toi, bordel de merde. Le passé est dans le passé. Tu pourras rien y changer. Mais ici et aujourd’hui, y’a une môme que t’as promis de protéger qui est toute seule à l’intérieur et elle a besoin de toi. Alors lâche cette putain de bouteille, vas te passer la tête sous l’eau et reviens en étant le mec qu’ils ont besoin que tu sois.
J’étais dure, mais c’était comme ça entre Kyte et moi. Pas besoin d’enrober nos messages, notre colère. (Et peut-être aussi que je lui en voulais un peu pour ces joyeuses semaines passées derrière les barreaux). Mais je savais que ces mots allaient l’atteindre, et qu’il allait se bouger. Alors j’ai pas attendu sa réponse et j’ai foncé à l’intérieur. La petite était bien là, blottie dans un canapé. Elle avait l’air plutôt calme, jusqu’à ce que des membres du club ne commencent à parler de la mort de Kate et de la vengeance qu’ils comptaient mettre en œuvre, la rage au ventre. J’ai froncé les sourcils.
- Très fin, en présence de la petite ! J’ai tonné une fois à leur niveau. Si vous voulez parler de vengeance, faites-le dans la church ou dégagez sur le parking. Ici y’a des gens qui essaient de se recueillir.
J’ai vu dans le regard de quelques mecs qu’ils étaient prêts à me brûler vive pour oser leur parler sur ce ton, mais ça ne m’inquiétait pas plus que ça. Je ne tolérais que très moyennement le sexisme dont ils faisaient preuve. Et j’étais de mauvais poil, alors mesurer les conséquences de mes paroles et actions ne m’effleuraient pas l’esprit. J’ai continué mon chemin jusqu’au Canapé ou Sofia essayait tant bien que mal de consoler Maddox. Plutôt mal, d’ailleurs.
- Je prends le relai. J’ai prévenu d’une voix à peine polie alors que je m’accroupissais devant la petite fille. Hey… j’ai dit d’une voix beaucoup plus douce et compréhensive. Kyte est dehors ma puce. Il avait besoin de prendre l’air. Il m’a tout raconté. Je suis désolée Maddy. Tellement désolée.
J’ai pris sa petite main dans la mienne, caressant sa peau tout en la laissant ouverte pour qu’elle puisse se dégager, si elle le souhaitait. Sa douleur était poignante, et je devais faire un effort sur moi-même pour lutter contre l’émotion qui serrait ma gorge. J’étais pas super douée avec les enfants, mais je me suis souvenue que quand j’avais huit ans et qu’on m’avait arrachée à l’Irlande, les seuls moments où mon chagrin me paraissait supportable, c’était quand je me forçais à faire quelque chose. Alors je me suis rapprochée de Maddox, et j’ai délicatement dégagé une mèche de ses cheveux.
- Ce soir, tout le monde va venir ici pour penser très fort à ta maman. Lui faire honneur. Beaucoup vont venir avec des cadeaux qu’elle pourra emporter avec elle, là où elle va. (Pour moi, c’était six pieds sous terre, mais j’allais pas vraiment lui sortir ça). Est-ce que tu voudrais que je t’aide à préparer quelque chose pour elle ? Lui faire un gâteau, ou un dessin ?
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
Je regrettais déjà de m'être endormis, oui je n'aurais même pas dû fermer mes yeux pour m'évanouir au pays des licornes, si j'avais rêvé ? Pas le moins du monde je me souviens d'un ciel rouge, une ville déserte ou je marche en entendant une voix familière qui me guide, oui celle de ma mère... Je crois que ce n'est que le début d'une longue liste de rêves en sa présence, ou plutôt devrai-je dire de cauchemars ! Est-ce qu'avec le temps j'allais avoir peur de fermer les yeux, de croiser son regard triste qu'elle m'a jeté une dernière fois avant que je ne monte les marches des escaliers et me rejouer sans cesse cette fichue scène ? J'ai bien peur que oui et comment voulez-vous que je fasse autrement, même tous les cadeaux du monde ne pourraient pas me faire retrouver le sourire à l'heure actuelle, j'ai l'impression que mon cœur est brisé, en miettes et percé d'un trou béant qui ne se refermera probablement jamais, le genre de douleur qu'on enferme au fond d'un trou derrière des barreaux d'acier pour que ça ne vous bouffe pas trop avec le temps, le genre de blessure qu'on ne peut que camoufler et qui refait surface dans les moments les plus sombres ou même les plus joyeux, oui je ne m'en doute pas vraiment encore, mais je comprendrais en grandissant, tout autant que je perdrai un peu plus de mon insouciance, pourvus que je ne perde jamais ma joie de vivre, mais faudrait il encore le destin m’épargne d'embûches trop accablantes. Est-ce que c'était ça aussi la vie, apprendre à perdre les êtres que l'on aime ? Je préférais encore finir en enfer alors... C'est un peu perdue, égaré que je reprenais doucement conscience et que je portais mon attention sur les frères de mon père, oui c'est ainsi qu'ils les appelaient tous, ou presque ! Au début je faisais juste attention à leurs intonations brusque et agressive, avant d'entendre clairement ce qu'il disait tant dis que je réalisais ma solitude sur ce canapé, ou étais Kyte ? Il ne pouvait pas m'avoir abandonné, non il avait promis à mon père de veiller sur moi et ça c'est bien l'une des seules choses que j'ai retenues dans cette affreuse soirée.
Alors que j'avais les mots de cet homme qui résonnaient dans ma tête comme une affreuse bande-son, j'essayais de me protéger du mieux que je pouvais en me recroquevillant sur moi-même, j'avais peur qu'il m'arrive quelque chose, après tout pourquoi ma mère et pas moi ? Ce n'est pas à six ans qu'on comprend les raisons de cet affreux règlement de comptes ! Je me suis mise en tête qu'à part mon père et Kyte personne ne pourraient protéger vraiment. Mon regard oppressé cherche une figure familière, oui j'espère voir ce grand brun aux yeux azur sortir d'un coin de la pièce ou encore d'une porte seulement il n'an est rien ! Dans un moment de désespoir je l''appelle, mais s'il n'est pas là, je vais devoir rester seule face à mes démons. C'est Sofia qui remarque en premier ma détresse, je ne saurais dire si je l'aime ou pas, mais pour moi elle ne représente qu'une femme à la grande gueule qui s'improvise chef de temps à autre, oui c'est mon point de vue de gosse. Quand elle s'approche de moi, je n'attends pas la moindre seconde afin d'essayer de la repousser, elle ne pourra en rien m'aider, c'est à cet instant que j'ai le sentiment d'être abandonné, ma tête entre mes genoux et je commence à pleurer, me demandant combien de temps se calvaire va durer et je sens mon angoisse monter. Soudainement une voix douce, réconfortante se pose près de moi, j'écoute attentivement et reconnais Jaimie, oui cette fille elle ne fait pas partie du club, mais c'est comme la fille de Kyte qui est lui-même comme un frère pour nous, alors.... Elle est de la famille non . En tout cas pour moi c'est ainsi et je dois surtout dire qu'elle me fascine avec son caractère bien trempé, je ne l'ai pas encore vu souvent, mais je me dis que plus tard j'aimerais être comme elle, surtout voyant les événements ! Et puis qu'est-ce qu'elle est belle. Je la laisse tout naturellement attraper ma main, sans la moindre réaction et je lève mes yeux brillants vers elle, qu'est-ce que je pouvais bien répondre à ses condoléances ? Ce n'est pas de mon âge ça, alors je hochais simplement la tête, ça me faisait presque oublier cette angoisse qui me noue le cou et me fait peu à peu perdre ma respiration en temps général. Je serrais de mes petits doigts à main à mon tour, comme pour approuver sa présence autour de moi, elle m'expliquait après s'être rapproché un peu plus ce qui allait se dérouler ensuite, je fronçais un peu les sourcils, emporter des cadeaux là où elle va ? Mais pour moi elle était déjà partis, j'avais mal compris ? C'était un peu flou dans ma tête, mais après tout je n'allais pas refuser de faire une dernière chose pour ma maman.
- D'accord, je veux faire un dessin, oui pleins de dessins avec toute la famille dessus !
Oui je n'aurais peut-être pas le temps ni de quoi dessiner tout le monde, mais je me disais que là où elle allait, elle voudrait certainement tous nous avoir avec elle. J'en oubliais presque l'absence de Kyte durant quelques secondes, l'avantage de l’insouciance je suppose ! C'est alors que je voyais Sofia du coin de l’œil regarder Jameson méchamment, je ne pouvais m'empêcher de lui tirer subitement la langue, comme pour lui faire comprendre que je ne voulais pas d'elle. Sans plus attendre je me suis redressé, j'ai tendu mes bras et je me suis agrippé à Jaimie qui m'a délicatement soulevé dans ses bras, elle avait les cheveux aussi noirs que ma maman et sentait tout aussi bon et j'avais l'impression d'être à nouveau en sécurité. Je montrais du doigt une pièce dans le fond du couloir à gauche, c'est une petite pièce où j'ai l'habitude d'aller quand je dois attendre des après-midi au club, enfin c'est plus une chambre réaménagée en salle de jeux, mais ça me conviens parfaitement, c'est mon petit coin à moi.
- On va là-bas, j'ai des crayons et des feuilles ! J'ai même des paillettes, maman adore quand je fais un dessin et que je colle plein d'étoiles dans le ciel !
Un bref sourire, très léger au coin de mes lèvres en me rappelant se souvenir, elle me disait souvent que j'étais son étoile à elle. Jameson se mit alors en marche tant dis que j'étais toujours dans ses bras, j'ai alors senti la jeune femme être stoppé net, si bien que je faillis me cogner la tête contre elle, instinctivement on tournait en même temps le visage, je découvrais Hunt' qui la saisissait par le bras, en lui jetant un regard des plus méprisants, ce mec il m'a toujours fait peur, il avait une grande cicatrice sur le visage est l'air toujours contrarié, défiant. « Walsh t'a pas confié sa gamine à ce je sache, alors tu me la donne ! » Il lâchait finalement le bras de Jaimie pour poser ses mains sur moi dans le but de me prendre avec lui, j'ai secoué la tête fortement.
- Laisse-moi !
Et je me suis agrippé de toutes mes forces au cou de Jameson, pour sûr elle n'allait pas rester sans réagir, ce n'est pas le genre à se laisser démonter par un biker de cinquante piges, même si au fond il y a de quoi se méfier de lui.
ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
Un sourire triste pris place sur mes lèvres quand je sentis la petite main de Maddox resserrer la mienne. J’étais soulagée qu’elle accepte mon aide, car savoir cette enfant livrée à elle-même un tel soir me fendait le cœur. Évidemment, j’aurais préféré qu’elle soit dans les bras de son père. Mais comme ce dernier était introuvable, je préférais encore qu’elle reste avec moi plutôt qu’avec une des régulières qui s’entamaient déjà à la bouteille depuis qu’elles avaient appris pour Kate Walsh. Je ne leur en voulais pas. On traversait tous ce genre d’épreuves comme on le pouvait. Mais garder une enfant traumatisée tout en descendant des litres de bières, ça me paraissait totalement irresponsable. J’ai resserré mon étreinte autour de la petite paume de Maddox, la caressant délicatement de mon pouce tandis que mon autre main lissait tendrement sa chevelure. Elle releva ses grands yeux vers moi, comble de l’innocence et de l’incompréhension, pour me dire qu’elle voulait faire un dessin pour sa maman, avec toute sa famille dessus. J’ai dû pincer mes lèvres pour retenir le sanglot qui menaçait de remonter dans ma gorge et les empêcher de trembler. J’ai pris une inspiration et parvint à lui faire un sourire en hochant la tête.
- C’est une super idée Maddy. Je suis sûre qu’elle adorerait avoir ces dessins avec elle.
Je connaissais peu Kate, mais je savais que l’amour qu’elle portait à sa fille était inconditionnel. Chaque fois que je les avais vues ensemble, elle se comportait avec une douceur et une patience infinie. Et moi, en la regardant, je me disais que si un jour j’étais mère, je voudrais être comme ça. J’enviais un peu Maddox aussi, parce que ma propre génitrice n’était pas vraiment un modèle de tendresse. Ça rendait une telle séparation d’autant plus amère. Et je savais que ces petits dessins ne parviendraient pas à l’adoucir. Mais j’espérais qu’ils occupent la petite jusqu’à l’arrivée de son père. Et que, plus tard, elle pourrait se remémorer cette veillée sans culpabilité, en se disant qu’elle avait pu dire au revoir à sa maman avec les moyens du bord, et avec son cœur. Ça me semblait important. J’ai tendu les bras pour attraper Maddox qui se relevait déjà, non sans avoir tiré la langue à une personne derrière moi – Sofia, je supposais. Je ne pus empêcher un sourire amusé d’étirer brièvement mes lèvres. Les gosses de biker et leur franchise… Moi qui avait été élevée à la baguette, je trouvais ça plutôt cool. Ça me rappelait Kylian, mon meilleur ami d’enfance, à l’époque où ma famille luttait pour survivre avec nos maigres revenus, à Dublin. J’ai serré Maddox contre moi et pris la direction qu’elle m’indiquait en caressant doucement son dos de ma main. Je n’étais pas surprise que le club ait prévu une pièce rien que pour elle. Les bikers aimaient se la jouer durs à cuire, mais ils avaient un grand cœur, surtout pour leurs rejetons.
- Alors il faudra mettre plein de paillettes sur ton dessin. Comme ça si ta maman est perdue, elle n’aura qu’à regarder les étoiles derrière sa famille et elle retrouvera le chemin jusqu’à ton cœur.
J’allais pas lui sortir qu’elle trouverait le chemin jusqu’au ciel, parce que mon esprit pragmatique m’empêchait de croire à l’au-delà. En revanche, je savais que les gens qu’on aime ne nous quittent jamais vraiment, tant que nous chérissons leur souvenir. Ça, c’était ma grand-mère amérindienne qui me l’avait appris. Et il ne se passait pas un jour sans que je pense à elle. Je me réjouissais donc d’aider Maddox à consteller ses dessins d’étoiles (d’autant que la perspective l’avait faite sourire), lorsque je sentis qu’on m’agrippait le bras pour me stopper brutalement. Qui osait ? Sourcils froncés, j’ai tourné la tête pour découvrir l’un des motards à qui j’avais remonté les bretelles quelques minutes plus tôt. Vu son expression méprisante, il n’avait clairement pas apprécié, ce que ses paroles ne tardèrent pas à confirmer. « Walsh t'a pas confié sa gamine à ce je sache, alors tu me la donne ! », grogna-t-il tout en tendant les mains vers Maddox. Cette dernière protesta clairement et resserra son étreinte autour de moi, alors j’ai fait un pas en arrière pour la mettre hors d’atteinte.
- Va te faire foutre, Hunt. J’ai répondu d’un ton ferme. Aux dernières nouvelles, Walsh t’a pas non plus demandé de jouer les baby-sitters et pourtant t’étais là-bas avec lui.
J’avais fait exprès d’utiliser ce terme : baby-sitter. Je me doutais bien que ce gros macho apprécierait pas vraiment qu’on le rabaisse à ce rôle de « minette » et j’espérais ainsi qu’il lâche l’affaire. Seulement le motard avait décidé de m’emmerder – surement sa façon à lui de gérer sa rage – parce qu’il fit à nouveau mine de me prendre Maddy. « Tu vas pas m’faire chier longtemps, la pisseuse. T’as rien à faire ici ni avec elle alors tu me la donnes ! ».
- NON !
J’ai tonné en lui collant une baigne, aussi fort que je le pouvais. Si j’avais pris le temps de réfléchir, j’aurais peut-être décidé que frapper un motard hors la loi d’une quarantaine d’années n’était pas forcément une excellente idée, mais c’était trop tard. Alors au lieu de reculer, j’ai fait un pas vers lui, me redressant pour avoir l’air plus grande, plus sûre de moi. Sa main sur sa joue, il me fit lentement face, et la haine que je lu dans son regard manqua de m'ébranler un instant. Mais il était hors de question que je perde la face. Loyauté, honneur et respect, merde ! Une devise de biker que Kyte m'avait apprise, mais que Hunt semblait avoir oubliée. Qu'importait, j'allais me charger de son éducation.
- Peter a confié sa fille à Kyte, et lui à moi. Alors tant qu’aucun des deux ne se pointe, elle est sous ma responsabilité. Alors si ça te pose un problème, t’ira régler ça directement avec Walsh quand il reviendra. Mais si tu veux mon avis il aura autre chose à foutre que de gérer tes caprices. La veillée de sa femme, par exemple. Maintenant tu nous excuseras.
J’ai presque craché ces derniers mots. Puis, après un dernier regard emplit d’arrogance et de défi, j’ai tourné les talons. Hunt ne m’inquiétait pas vraiment. J’avais parlé assez fort pour que les autres nous entendent et je savais que s’il tentait à nouveau quelque chose après ça, un de ses frères aurait la présence d’esprit de l’arrêter. Alors je suis allée dans la chambre que Maddox m’indiquait et je l’ai installée sur un petit bureau.
- Désolée pour ça, Maddy. J’ai dit en installant ses feuilles de papiers, crayons et paillettes devant elle. Je n’aurais pas dû m’emporter comme ça. (Je n’avais pas envie qu’elle s’imagine que tous les problèmes devaient se régler avec un coup de poing.) Tiens, j’ai dit en lui tendant un crayon. Faisons ce joli portrait de famille !
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
Il fallait bien que je me fasse une raison Kyte n'est plus là, mon père il est comme porté disparu et moi au final je me retrouve seule face à mes angoisses de gamine et la peur au ventre dans ce canapé, tout juste sorti de mon sommeil, j'aurais peut-être mieux fait de rester endormis quelques minutes, ou même plusieurs heures... Je ne peux alors pas repousser la bienveillance de Jameson, je pourrais presque dire qu'elle m’apparaît comme un petit ange, qui vient me sauver de tout ce bordel dans cette salle, tous ses types n’étaient-ils pas capables de retenir toute leur rage en ma présence ? Est-ce que c’était à moi, six ans de devoir fermer mes oreilles et eut-été bien mes yeux par la même occasion ! Je sentais qu'elle était là pour moi et je me disais qu'avec elle j'étais clairement en sécurité, pas comme avec Sofia, pourtant je la connais bien mieux, mais Jameson c'est le genre de fille qui me fait dire que je veux vite devenir une grande et ainsi lui ressemblait traits pour traits. Elle me proposait alors de faire un dessin pour ma maman, pour son "voyage" du moins c'est ce que j'en avais compris alors je ne pouvais rien lui répondre d'autre que tous nous dessiner serait parfait, c'est ça quel aimait ma maman, avoir sa famille au complet malgré certaines tensions que j'avais déjà ressenties. Je ne perdais pas trop de temps avant m'agripper autour du cou de Jameson, au moins une fois dans ses bras j'étais certaine que personne ne viendrait plus me déranger et pas non plus Sofia à qui je venais de tirer la langue sans aucune hésitation, elle le mérite peut-être pas mais je m'en fiche. Je lui montrais de mon petit bras la direction de la pièce où je vais habituellement pour m'occuper, oui c'est un peu comme un deuxième chez moi ici, c'est pour tous les gosses qui viennent au club, seulement il n'y a quasiment que moi, je ne sais pas si c'est qu'ils sont tous trop vieux et aigris pour avoir des enfants, ou alors qu’ils sont déjà bien plus vieux que moi, mais j'ai investi les lieux comme une seconde chambre. Je sentais sa main se poser dans mon dos, elle était si délicate et attentionnée qu'en fermant les yeux j'aurais presque pu me croire dans les bras de ma maman, seulement c'est bien une sensation que je ne connaîtrais plus jamais. Je lui confiais que ma maman adorait mes dessins pleins de paillettes et les paroles de Jameson suivantes me faisaient chaud au cœur, oui c'était simple, je pouvais comprendre à mon âge et je l'imaginais suivant les étoiles, pour me retrouver . Je savais bien qu'elle ne reviendrait pas au fond de moi, mais vous ne trouvez pas que c'est un peu trop triste à avouer à mon âge . Je posais ma petite tête sur l'épaule de ma sauveuse alors que nous étions en direction de la petite pièce.
- Elle se perdra par ma maman, elle m'aime trop pour ça !
Vous pensez que j'aurais pu avoir quelques secondes de répit . Non un de nos frères vient soudainement se frotter à Jameson, enfin plutôt l’agripper fermement ce qui nous surprend toutes les deux ! Je reconnais immédiatement Hunt, qui n'hésite pas une seule seconde avant de balancer à Jaimie qu’elle n'a pas à s'occuper de moi, pour qui il se prend ? Je le regarde avec de grands yeux et je ne tarde pas à me dire que la grande brune ne va pas se laisser faire si facilement, il croyait avoir affaire à une simple gamine on dirait, mais il se trompe. Je le voyais alors tendre les bras pour m’emmener avec lui seulement c'est hors de question, il me fait bien trop peur, alors je m'accroche du mieux que je peux à Jameson, qui ne perd pas de temps pour se reculer. Elle répondait sèchement, de quoi foutre le motard en rogne, qui des deux sont le plus à craindre en fait ? Elle n'avait pas froid aux yeux à lui répondre ainsi et moi ça me fait presque sourire. J'avais soudainement l'impression d'être un bout de tissu qu'on se chamaille pendant les soldes, je n'ai pas relevé tout ce qu'ils ont dit, mais je voyais Hunt en rage et Jameson prête à lui bondir dessus quand il a voulu se saisir de moi une seconde fois et là... La claque ! Malgré moi j'ai cru avoir mal pour lui, elle n'y était pas allé de mainmorte et c'était brusquement le silence autour de nous, je crois bien que tout le monde venait d'entendre le bruit cinglant de sa main sur la joue d'Hunt ! Et elle ne s'arrêtait pas là en lui disant qu'il réglerait son plus tard avec mon père, j'aurais pris sans hésitation la défense de Jameson en tout cas. On finit enfin par s'éloigner de tout ce chahut après avoir cloué le bec du vieux Hunt et fait comprendre à tout le monde qu'il ne fallait pas la faire chier. Quand elle tournait le dos aux autres je ne pouvais pas m'empêcher de sourire en voyant toutes les têtes étonnées de l'assemblée. Quand on arrive dans ma petite pièce elle s'excuse alors, mais pourquoi ? Ce n'est pas comme si je n'avais pas l'habitude de ce genre de comportement.
- T'a eu trop de courage, tu es trop forte ! En plus Hunt il me fait peur... Je dirais à papa qu'il a était méchant avec toi et moi.
Au risque qu'ils se foutent sur la gueule ? Peut-être pas aujourd’hui, mais un autre jour pourquoi pas, il ne faut pas croire que du haut de mes six ans je ne suis pas maligne, bien au contraire. J'étais enfin bien installé à mon petit bureau attendant sagement que Jameson me donne mes affaires, puis je commençais tout de suite à dessiner quand elle me donnait les crayons. Je comptais bien m’appliquer comme un chef, enfin comme le fait une gamine de six ans quoi... Mes petits bonhommes en général ressemblent à des allumettes difformes et tout le reste c'est un peu de l'abstrait, l'imagination est la clef ! Je ne prends même pas la peine de répondre à Jaimie, un peu trop absorbé par mon "devoir" j'essaye de reproduire notre jolie petite maison, un joli ciel bleu avec un grand soleil et je mets en quête de dessiner out le monde, du coup une armée d'allumettes en blouson, j'essaye de compter tout le monde dans ma tête enfin tout est relatif... Durant plusieurs minutes je suis calme, tel un petit ange ! Je relève alors mon nez vers Jameson.
- Je vous mets dans un coin avec Kyte en haut, parce que pour moi vous êtes de la famille.
Un léger sourire innocent et je repique à mon dessin, après quelques couleurs je m'attaque aux fameuses paillettes, j'en mets partout, oui même sur les motards, bah quoi ça donne un petit côté plus sympathique, enfin il faudrait déjà y reconnaître les motards pour que ce soit amusant... La seule où je me suis un peu plus appliqué c'est ma maman, un joli sourire, de beaux cheveux et du rouge à lèvres ! Mon petit dessin commence à prendre fin, je m'écarte pour le regarder d'un œil critique, oui je vous assure c'est très important pour moi ! Enfin je ne suis peut-être pas capable d'avoir un jugement très réaliste, mais c'est plutôt beau toute cette innocence dans ses lignes, non . J’entends soudainement les bikers s'esclaffer un peu plus fort que d'habitude, je relève la tête et je me dis immédiatement que ça doit être mon père. Je lâche mes crayons, il y en a même un qui tombe sur le sol, je saute de ma petite chaise et je fonce vers la porte sans attendre la moindre autorisation de Jameson, j'appuie fortement sur la poignée et pousse ensuite le porte pour sortir, je mets à courir dans le petit couloir.
- Papa ?!
Je n'ai pas entendu sa voix, mais j'espère que c'est lui quand même...
ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
J’ai posé les crayons et les feuilles devant Maddox, en espérant que cette activité lui change les idées et l’aide à dire au revoir à sa mère d’une façon saine. Enfin. Plus saine qu’à pleurer dans les bras d’un biker alcoolique qui marmonne des paroles sans queue ni tête. J’ai incliné la tête avec un petit sourire gêné quand elle s’est mise à complimenter mon soit disant courage. Ce que la gamine ignorait, c’est que j’étais pas vraiment courageuse. Juste impulsive. Je sautais dans le tas et je commençais à paniquer une fois que je ne pouvais plus reculer. Ça m’avait déjà valu de nombreuses raclées. Mais une fois qu’on s’est pris quelques coups, on réalise qu’on n’est pas en sucre. Ensuite, elle m’a confié qu’Hunt lui faisait peur et j’imaginais bien pourquoi. Ce mec souriait jamais, comme si ça lui arracherait la gueule. Et il avait un problème avec les femmes, je croyais. Quand Maddox a enchaîné en me disant qu’elle en parlerait à son père, j’ai légèrement froncé les sourcils.
- C’est inutile ma puce. Le problème est réglé, il viendra plus nous emmerder maintenant. J’ai marqué une petite pause, débattant intérieurement alors que je me demandais si le moment était bien choisi pour lui faire une micro leçon sur l'honneur. Si jamais t’es en danger, que quelqu’un veut te forcer à faire des choses que tu n’as pas envie, n’hésite pas à aller voir ton père, ou n’importe quelle personne en qui tu as confiance. Mais dans un cas comme celui-là, ça ferait un peu mouchard, tu vois ? Ça ne fera que créer des tensions et ton père a déjà beaucoup de choses à affronter. Puis j’ai senti un sourire étirer mes lèvres et j’ai légèrement incliné la tête. D’autant que tu n’auras rien à dire, je pense que la petite anecdote trouvera toute seule son chemin jusqu’à ses oreilles.
Vu le coup de poing que je lui avais collé, ça ne manquerait pas de faire jaser. Les femmes qui traînaient au club avaient souvent tendance à s’écraser un peu en face des bikers – en dehors de Sofia, qui paradait en reine mère. Mais moi, j’en avais un peu rien à foutre. J’avais pas pour ambition de devenir une de leur old ladies. Et j’attendais qu’on me témoigne le même respect qu’aux hommes. J’espérais que Maddox trouve sa place dans cet environnement, même si dans le fond, ça m’inquiétait un peu. Comme c’était la gosse de Walsh, je savais que les autres lui foutraient la paix et la traiteraient toujours avec respect. Mais cet environnement était quand même à des siècles de la société « classique », et leur vie était bien plus dangereuse. J’avais peur qu’en grandissant parmi ces hors la loi, Maddox se retire la possibilité d’avoir une vie paisible. « Normale ». Je me demandais ce que sa mère en avait pensé, et si elle s’était posé ce genre de questions. Elle avait tant d’amour pour Maddy, je ne pouvais pas imaginer que l’éventualité de l’éloigner de cet environnement ne lui avait jamais traversé l’esprit. Tant qu’elle était là pour contrer la balance, la gosse avait une chance d’avoir une vie équilibrée. Mais maintenant, il n’y aurait plus que son père. Et même s’il l’aimait plus que tout, je ne savais pas si ça serait assez pour lui éviter les emmerdes. Ça me serra un peu le cœur, d’imaginer son futur sans sa maman. Surtout alors que je la voyais, si calme, si appliquée à dessiner toutes ces petites… allumettes ? Vêtues de Kuttes de motard bien entendu (enfin, je supposais). Un sourire ému étira mes lèvres alors qu’elle désigna un petit coin de la feuille avec deux allumettes supplémentaire (dont une très chevelue) et me précisa qu’il s’agissait de Kyte et moi, parce qu’on faisait partie de la famille. Alors moi, qui n’en avais jamais vraiment eue, ça m’a vraiment fait quelque chose, sur le coup. Comme j’avais la gorge un peu nouée, j’ai caressé son dos et posé un baiser sur son crâne.
- C’est superbe Maddy. Ta maman va adorer.
A mes côtés, elle était justement en train de s’appliquer à dessiner Kate Walsh. Et on pouvait voir qu’elle y mettait tout son cœur. Je me suis dit qu’avant qu’on mette le dessin dans le cercueil, j’en ferai une copie que je donnerai à Peter. Parce que quelque part, je me disais que lui aussi aurait besoin d’un petit quelque chose à quoi se raccrocher. Et qu’y avait-il de plus beau qu’un dessin de sa fille, lui rappelant que toute son immense famille était encore à ses côtés ? Je me disais aussi qu’une fois ado, ça ferait peut-être plaisir à Maddox de le revoir. Des éclats de voix me tirèrent une fois de plus de mes pensées et j’ai froncé les sourcils. Maddy les entendit elle aussi et se redressa d’un bond. La pauvre pensait probablement qu’il s’agissait de son père. Sauf que moi, j’avais plutôt l’impression que c’était… le mien. A savoir Kyte, qui venait de faire une entrée plutôt fracassante. Quand j’entendis un truc qui ressemblait vaguement à des chaises qui valsaient, je me suis précipitée à la suite de Maddox qui courait déjà dans le couloir en appelant son père.
- Maddy ! Attends !
J’ai crié à sa suite. Sauf qu’évidemment, dans son excitation, elle n’était pas du tout en mesure de m’écouter. Je me suis élancée derrière, elle, la rattrapant au moment où elle s’apprêtait à sortir du couloir pour rejoindre la salle principale de la club house. Je l’ai chopée sous les bras pour l’arracher au sol et la stopper dans sa course, juste à temps pour lui éviter de se prendre Hunt en pleine gueule, qui ricocha sur une table et vint rencontrer le sol juste devant nos pieds. Subjuguée, j’ai écarquillé les yeux en voyant Kyte se ruer sur lui et exploser son front contre le pif du motard. Putain de bordel de merde. J’ai reposé Maddox sur le sol, prenant garde à la placer dos à la salle pour lui éviter une énième vision de violence ce soir-là.
- Maddy, ton papa est pas encore rentré, en revanche le mien vient de péter une durite… alors garde tes yeux fixés sur la Harley là-bas pendant que je lui remets les idées en place, d’accord ?
Le temps que je me redresse, Kyte en était venu aux mains qu’il appuyait contre la trachée de Hunt sur le sol. Le visage de ce dernier avait une teinte rouge vif et ses pieds s’agitaient.
- Kyte ! J’ai gueulé en me précipitant vers lui. Arrête tes conneries bordel, y’a eu assez de violence ce soir !
Apparemment, pas pour lui, parce qu’il me répliqua une excuse vaseuse en rapport avec mon honneur et la façon dont Hunt m’avait traitée. Comme si j’étais pas capable de me défendre toute seule et de régler mes problèmes, comme je l’avais toujours fait. Ça me donna envie de le frapper. Alors c’est ce que j’ai fait.
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
Kyte reste un moment sur le sol, après le départ de Jaimie. Il a sa joue qui brûle et ses yeux pareil. La bouteille gît dans sa main mais il ose plus la porter à ses lèvres. Les remords s’ajoutent à sa peine. La gamine a raison. Il devrait être à l’intérieur à rassurer Maddox. Pas sur le parking à s’assommer à la gnôle. Il secoue la tête, se passe une main sur le front et s’essuie les yeux de ses doigts robustes recouverts d’épaisses chevalières qui tintent les unes contre les autres. Puis il prend une dernière gorgée du whisky et balance la bouteille à moitié pleine contre un poteau juste en face. Regarde le liquide ambré gicler sur le sol et couler jusqu’à ses pieds. Et il pousse un soupir de soulagement. C’est déjà ça qui finira pas dans son ventre. Qu’il gerbera pas plus tard dans la soirée. Ça lui donne une certaine force, à Kyte. Assez pour se relever et faire un tour du côté des toilettes.
Il fait comme Jaimie a dit. Parce qu’elle le connait bien, et qu’elle a souvent raison. L’eau fraîche sur son visage lui remet un peu les idées en place. Même si ça coule dans sa barbe jusque dans son cou, et qu’il déteste ça. Quand il ressort, il croise un de ses frères et lui file une accolade. Ils échangent quelques mots, se lamentent de la triste situation à coup de tapes dans le dos. Puis son pote lui dit que ce drame, ça rend les gars un peu nerveux. Que y’a pas un quart d’heure, Hunt a voulu chercher des noises à Jaimie, rapport à Maddox. Que c’était un moment mythique parce qu’elle la remit à sa place avec une bonne droite. Et qu'il peut être fier : elle frappe bien, la gamine. Il dit ça en rigolant, sauf que Kyte, ça l’amuse pas du tout. Il sait que sa brune est pas trop du genre à chercher l'embrouille, alors il se dit que c’est l’autre plouc qui a dû lui manquer de respect. Et ça l’énerve sévère, parce que y’a quelques mecs ici qui la prennent pour une groupie de biker alors qu’ils devraient la considérer comme sa môme à lui et donc vénérer le sol sur lequel elle marche. Et il se dit qu’il est peut-être temps de remettre les pendules à l’heure.
Il écarte le motard de son chemin et avance droit vers Hunt. Sans réfléchir. Sans écouter son pote qui essaie de lui faire entendre raison, derrière. Un sourire sans joie étire un coin de ses lèvres. Un rictus, plutôt. Il tapote sur l’épaule de Hunt pour attirer son attention, puis frappe sans prévenir. Un bon bourre pif en pleine poire. Le sang gicle. La rage, aussi. En moins d’une seconde, Hunt est sur lui, et la table derrière se met à voler. « C’est quoi ton problème, bordel ? »
- Tu veux m’redire ce que t’as dit à Jaimie-hum ? Tu veux m’le redire ?
Quand Hunt comprend ce qui est à l’origine de cette raclée, ça l’énerve encore plus. « Sérieux mec ? Tu viens m’chercher des noises pour cette minette ? » Il explose en postillonnant de rage. « J’vais te dire c’que j’lui ai dit, ouai. Que c’est qu’une pisseuse qu’a pas sa place ici. Content ? » Le sourire de Kyte s’élargit et ses yeux se plissent.
- Ouai. Très content, ouai.
Kyte répond calmement. Il mordille sa lèvre inférieure, poings sur les hanches alors qu’il étudie l’autre motard. Puis, sans prévenir, il l’attrape par les revers de sa Kutte et l’envoie voler dans le décor. Il est pas particulièrement costaud, mais comme l’autre ne s’y attendait pas, il s’étale sur le sol, juste aux pieds de Jaimie et Maddox. Mais Kyte est trop aveuglé par la rage pour les remarquer. Sans attendre, il se jette sur Hunt et envoie son front se reproduire avec ce qu’il reste de son nez. Le sang s’étale sur leurs deux visages, et Kyte décide de faire usage de ses mains. Sans réfléchir, il attrape le cou de Hunt. Il sait pas trop s’il a vraiment l’intention de le buter. Probablement pas. Juste de lui faire assez peur pour qu’il se pisse un peu dessus. Qu'on voit qui est le pisseur. Mais ça plait pas à Jaimie. Et il l’entend maintenant, lui gueuler d’arrêter ou un truc comme ça.
- Il l’a cherché gamine. J’peux pas laisser c’t enfoiré te manquer de respect comme ça.
C’était pas honorable, pas correct. Elle était comme une gosse de biker, merde, et Hunt lui devait autant de respect qu’à sa propre gamine, old lady ou mère. Sauf que Jaimie l’entend pas de cette oreille, puisque sa main claque bien à plat sur la joue de Kyte pour la deuxième fois ce soir. Pour le coup, ça le ramène un peu à la réalité. Il relâche la pression sur le cou du motard et quelques types profitent de cette intervention pour s’agglutiner autour d’eux. Il sent qu’on l’agrippe par les épaules pour le forcer à se relever, tandis que d’autres redressent Hunt, qui crache et tousse, les yeux injectés de sang. Dès qu’il en a la force, il jette un regard noir à Kyte. Puis, avec un peu d’encouragement de la part de leurs proches, les deux motards se relèvent et se serrent dans les bras l’un de l’autre en se tapant dans le dos à coup de « désolé mec » et d'« allez va, que j’t’y reprenne plus » . Jaimie lève les yeux au ciel et colle une serviette mouillée sur la gueule de Kyte pour en essuyer le sang. Il aime pas trop ce contact, alors il bouge la tête jusqu’à ce qu’elle se décourage, abattue, en décrétant que c’est bon, il est plus si dégueulasse que ça. Alors elle fait un signe de tête derrière elle et il remarque Maddox qui attend un peu en retrait. Il fait quelques pas vers elle, s’accroupi pour être à sa hauteur.
- Ah, t’es réveillée… qu’il lui dit. Puis comme il sait pas trop comment l’occuper jusqu’à l’arrivée de ses parents, il demande : tu veux commander une pizza ?
Les gosses, ça aime toujours la pizza, même quand ils ont pas faim, non ?
Codage par Emi Burton
Jameson Winters
la louve raffinée
ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
Ma gifle eut le mérite de remettre les idées de Kyte en place. Poings sur les hanches, je l’ai observé alors qu’il relevait les yeux vers moi, un peu béat, comme s’il ne comprenait pas trop ce qui venait de lui arriver. Enfin, les autres motards sont sortis de leur transe et ont pris le parti de libérer leur pote en écartant Kyte. S’en suivit alors une scène totalement loufoque et pourtant si prévisible, puisque j’en avais déjà vu différentes variantes dans cette même club house : les deux combattants se sont toisés comme des chiens enragés avant de se jeter l’un dans les bras de l’autre. Comme de bons vieux potes, à coup d’accolades viriles et d’excuses aussi sincères que passionnées. Un sourcil redressé, je les ai observés avec une moue septique avant de lever les yeux au ciel. Ils étaient pas croyables. Des fois je me demandais s’ils ne faisaient pas exprès de trouver des excuses pour se foutre sur la gueule dans le seul espoir de se dérouiller un peu. Je les ai laissés s’adonner à ces retrouvailles mythiques pour me diriger vers le bar, où j’ai attrapé un torchon propre que j’ai passé sous l’eau. Puis je suis revenue vers les deux motards qui discutaient maintenant l’un à côté de l’autre, et j’ai entreprit de nettoyer le sang qui commençait déjà à sécher sur le visage et la barbe de Kyte. Évidemment, il fit tout pour me compliquer la tâche, ce qui était aussi à prévoir.
- Vraiment Kyte, vraiment ? Tu peux pas rester sans bouger une seconde ?
Apparemment non. Si bien que j’ai dû lui attraper le menton puis la nuque pour essayer de venir à bout de mon entreprise. Au bout d’un moment, j’ai fini par abandonner.
- C’est bon. T’es plus si dégueulasse que ça, et de toutes les façons il me faudrait du savon pour faire partir le reste.
J’ai soupiré en le relâchant. En fait, je voulais surtout qu’il ait plus l’air d’un zombie sociopathe, histoire de ne pas effrayer Maddox qui, rappelons-le, était supposée être sous sa responsabilité. Sauf que ça, Kyte semblait l’avoir un peu oublié, ce qui ne manqua pas de m’énerver. Alors je lui ai donné un petit coup sur l’épaule, avec ma serviette humide et imbibée du sang des deux motards, pour attirer son attention. Il a relevé ses grands yeux de glace vers moi et j’ai écarquillé les miens en faisant un signe de tête dans la direction de Maddox, qui commençait clairement à s’impatienter un peu plus loin. Un éclair de compréhension est passé dans son regard – enfin – et il m’a remerciée d’un hochement de tête avant de s’approcher de la gamine. Je l’ai regardé s’accroupir à ses côtés, en lui parlant tranquillement, comme s’il ne venait pas de détruire un mec juste dans son dos, et lui demander si elle voulait une pizza. Moi, je m’étais discrètement approchée d’eux et je les observais, bras croisés et un sourire attendri sur les lèvres. J’avais jamais connu Kyte avec sa gamine, celle qu’il avait eue en Norvège et qu’il avait plus le droit de voir. Je savais juste qu’il l’aimait plus que tout au monde. A le voir, si appliqué envers Maddox, je me suis dit que ça avait dû être un bon père, pendant les courtes années où il avait eu l’occasion de remplir ce rôle. Et que sa fille avait de la chance, quelque part. Je comprenais soudainement pourquoi Peter avait confié Maddy à mon mentor. De tous les motards du coin, il était probablement le seul à pouvoir remplir les deux rôles fondamentaux que Walsh souhaitait pour sa fille ce soir là : le garde du corps qui n’hésiterait pas à tuer pour la protéger, et le mec tendre qui ne souhaitait que son bonheur. Parce que même s’il était maladroit, il était sincère. Et moi, ça me faisait quelque chose, de les voir comme ça. Je me suis approchée d'eux et j'ai posé une main sur le dos de Kyte, et l'autre sur l'épaule de Maddy.
- Je peux passer commande si vous voulez. Puis, m'adressant uniquement à Maddox : Pendant ce temps, peut être que tu pourrais montrer ton dessin à Kyte ?
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
À peine arrivé dans ma petite pièce Jaimie m'installais sur le bureau en s’excusant pour ce qui venait d'arriver, mais moi je trouvais ça plutôt justifié et je n'hésitais même pas à dire que je raconterais tout ça a mon papa, à mon âge je trouve ça normal de me raccrocher à lui dès que j'ai un problème, ou même mes "amis", seulement contre toute attente Jaimie ne semble pas d'accord, elle m'explique que ça fera mouchard, je ne sais pas trop ce que ça veut dire, je suppose que c'est mal alors je hausse les épaules en guise de réponse, elle doit sûrement avoir raison ! Je prenais ensuite mes crayons en mains, si je m'appliquais pour ce dessin . Bien sûr que oui, j'y mettais tout mon petit cœur en me rappelant que tout ça c'était pour ma maman, pour qu'elle puisse partir et voyager tranquillement... Pour sûr qu'elle aurait besoin de nous tous pour la soutenir, oui pour vous adulte ayant perdu toute innocence ce n'est qu'un gribouillage, mais pour moi c'est un peu le porte-bonheur qui saura lui offrir une vie meilleure peu importe ou qu'elle aille ! Et ainsi elle ne pourra jamais nous oublier, non aucun d'entre nous, à part peut-être Hunt qui ne mériterait pas sa place tiens, mais je vais être indulgente. Est-ce qu'elle va aller dans un autre monde ? Un autre pays ? Au ciel ? Oui je me pose un peu toutes ses questions, car pour moi c'est assez difficile à comprendre, je sais très bien que je ne la reverrais pas, non que la seule chose à laquelle j'aurais droit désormais c'est de bons souvenirs et quelques photos qui me feront certainement plus de mal au début, oui le temps que ce triste bouleversement me paraisse moins affreux et que j’apprenne à vivre avec, même si la blessure restera toujours là, gravée dans mon âme. C'est tout naturellement que j'ajoutais Kyte et Jameson à mon oeuvre d'art, à en croire son regard elle semblait contente, heureuse de faire partie de ma famille, qu'elle le soit ou non ce n'est qu'un détail pour moi, les liens du cœur sont parfois aussi importants que ceux du sang. Un baiser, réconfortant et doux sur mon petit front et je m sentais d'autant plus en sécurité, j'étais comme dans ma bulle ici c'est mon petit coin et j'aimerais que rien de pire ne puisse m'arriver dans cet endroit, je me disais que j'étais protégé, nous les gosses ils nous en faut parfois si peu.
J'étais concentré oui, je faisais des petits détails insignifiants sur mon dessin, mais ça ne m’empêchait tout de même pas d'être un minimum attentive à ce qui se passe autour de moi, malgré la présence de Jameson tout ce que je voulais c'était voir mon père, qu'il me serre fort de ses grands bras et qu'il me dise que tout va bien se passer, même si mon papa ce n'est pas vraiment un grand démonstratif de l'amour, enfin je m'y suis habitué et certainement encore plus avec le temps... Il me suffit de quelques bruits, des éclats de rire et je m'imagine soudainement qu'il est là, tel un éclair je saute de ma petite chaise et fonce sur la porte, en un rien de temps je me retrouve vite à galoper dans le couloir, j'ai rarement dû être aussi rapide dans ma vie de gosse ! J'ai entendu comme un écho, ou une petite voix qui m'appelait dans le fond de ma tête, enfin se devait être Jameson simplement qui essayait de stopper ma course, si bien qu'elle m’attrapa soudainement, j'eus le réflexe de gigoter brusquement, pourquoi elle voulait m'empêcher de voir mon papa ? J'ai froncé les sourcils, prête à me débattre, mais j'ai étais déconcentré par le vol d'Hunt qui finit telle une épave sur les lames du plancher, qu'est-ce qui se passait ? J'ai tourné le regard un peu plus loin assez rapidement, balayant la salle du regard, je n'y voyais pas mon père mais bien Kyte qui s'élançait sur ce pauvre mec au sol et .... Je me suis soudainement retrouvé dans l'autre direction du couloir, Jameson avait pris soin de ne pas me faire assister à ce spectacle, bien que malheureusement j'ai déjà eu à contempler ce genre d’événements, encore loin d'imaginer que plus tard je saurais aussi impulsive et du genre à reproduire les mêmes conneries... Je voyais bien que Jameson voulait encore me protéger, alors quand elle m'a dit de fixer la Harley, c'est ce que j'ai faits comme une gamine bien disciplinée, ou presque ! J'ai hoché de la tête pour dire oui, encore un peu choquée par ce qui se trame derrière moi et ce n'est pas finis, j'ai entendu gueuler dans les deux sens, un coup qui ressemblait bien à celui qu'a reçu Hunt tout à l'heure, au bout de quelques secondes je tourne discrètement la tête et je les vois finalement s'enlacer, ah les hommes...
Je remuais mon petit pied, elle était bien belle la moto, mais j'en avais marre d'attendre toute seule dans mon coin, soudainement j'ai vu deux grands pieds se rapprocher et j'ai levé le regard vers Kyte qui s'accroupissait près de moi, je me suis misse à sourire, enfin il venait s'occuper de moi à nouveau, me disant que j'étais réveillé, depuis pas mal de temps à vrai dire, mais il avait forcément tout loupé depuis son départ mystère.
- Bah oui depuis longtemps tête de pioche !
Oui je suis un savant mélange entre la politesse et la franchise, venant de moi c'était bien sûr mignon et pas méchant pour un sou. C'était juste ma façon à moi de lui faire comprendre que je n'étais pas très contente qu'il me soit "abandonné" tout à l'heure. Mais quand il me demandait pour la pizza mon visage s'illuminait automatiquement, oui quand certains soirs je me retrouve qu'avec papa on commande souvent des pizzas il dit que c'est le meilleur repas du monde ! Alors moi je le crois et puis c'est quand même trop bon, je m'apprêtais alors à lui répondre quand Jameson pointa à son tour le bout de son nez, j'avais de la chance ils étaient maintenant tous les deux là pour moi ! Alors je souriais davantage, d'ailleurs sa proposition était juste parfaite, il fallait bien que je montre à Kyte que lui aussi je l'avais compté dans la famille, je tournais ensuite ma tête vers Jaimie.
- D’accord mais moi je veux plein de fromages sur ma pizza hein !
J’attrapais ensuite Kyte par la main et le tirais rapidement jusqu’à la porte de ma petite pièce, je poussais ensuite la poignée toujours d'un élan empressé et je courais ensuite vers mon petit bureau, lâchant auparavant mon emprise sur Kyte, j’attrapais le dessin et le tendais dans la direction du grand brun en souriant à pleines dents, j'espère qu'il allait le trouver beau mon dessin ! Sinon je serais vraiment vexé. Je ne savais pas s'il allait vraiment tout comprendre à cette ébauche, il faut une bonne dose d'imagination tout de même.
- J'ai dessiné toute la famille tu vois et puis je t'ai même mis avec Jameson dans le coin là ! Elle m'a dit que ça ferait plaisir à ma maman de faire un dessin pour l'emmener là où elle va... Tu le sais toi ? Je crois qu'elle est déjà partis moi...
Oui après peut-être qu'il savait Kyte où est-ce qu'elle se retrouverait ma maman maintenant qu'elle n'est plus des nôtres, c'était drôlement compliqué à comprendre pour moi tout ça, je suppose que quand on est grand c'est plus simple.
Ça fait marrer Kyte, de voir Maddox toute boudeuse, qui tape du pied et qui l’appelle tête de pioche. Bout d’calvaire, cette môme a un fichu caractère. Pas étonnant en même temps. Gosse de biker oblige. Et il aime bien ça, Kyte. Alors il passe une main sur la petite tête de Maddy pour lui ébouriffer un peu sa jolie tignasse. Il voit bien qu’elle fait quand même encore un peu la gueule, et d’un autre côté il peut pas trop la blâmer : il l’a abandonné comme un lâche. Il s’en foutrait bien des baffes, mais Jaimie s’en sort assez bien toute seule pour qu’il ait envie de l’aider dans cette tâche. Alors il propose à la môme une pizza, histoire de se rattraper un coup. Mission accomplie, sa bouille s’illumine tellement qu’on dirait qu’elle a des paillettes sur les joues. D’ailleurs, en y regardant de plus près, c’est peut-être bien le cas. Kyte sent la main de Jaimie se poser sur son dos. Chaleureuse et rassurante, cette fois. Et ça le soulage un peu, parce qu’elle est plus forte que lui à l’intérieur. Et que dans ces moments-là, il compte sur elle pour l’empêcher de merder – et de sombrer. Elle se propose de commander la pizza et il hoche la tête, sauf que Maddox décide de demander plein de fromage sur la sienne. Kyte plisse le nez et relève discrètement les yeux vers Jaimie. Cette dernière croise les bras et ils échangent un regard. Discret, mais ça lui suffit pour savoir qu’ils pensent la même chose. Alors quand l’adolescente hoche la tête et s’éloigne, il reporte son attention sur la fillette, le cœur plus léger.
- Allez Maddy, fais voir ton art.
Qu’il l’encourage en se relevant. Sans hésiter, elle lui attrape la main et l’entraîne vers l’ancienne chambre qui sert maintenant de salle de jeu pour la princesse du club. Kyte rentre dans la pièce, laisse ton regard traîner sur les murs recouverts de posters et de photos des bikers et de leurs meules. Des murs de bois vieillis qui sentent les âges et la fraternité. Des murs qui lui plaisent, en somme, et entre lesquels il se sent à la maison, loin de sa maison. Il expire profondément et se laisse tomber en arrière sur le canapé-lit. Se passe une main sur le visage. Puis s’assoit, quand Maddy tend une feuille de papier vers lui. Le premier truc qui lui saute à la gueule, ce sont les paillettes. Ceci explique cela… Après il voit toutes les petites baguettes, et le Jack Daniels aidant un peu, il se sent en pleine nature. Il voit bien qu’il y a un truc qui ressemble à une femme au milieu des troncs d’arbre, mais sur le moment la lumière se fait pas dans son esprit. Alors il est bien content quand elle lui explique qu’elle a dessiné toute sa famille, parce qu’il était à deux doigts de s’esclaffer un truc dans les lignes de « Oh, quelle belle forêt ma fille ! » Alors il hausse les sourcils, pinçant les lèvres en écarquillant un peu les yeux. Hoche la tête avec intérêt.
- Ouai ça ressemble bien à Jaimie, il plaisante, d’humeur taquine. Mais t’aurais dû lui mettre des sourcils froncés parce qu’elle fait toujours la gueule.
Ça le fait marrer une seconde. Un rire qui s’étrangle un peu dans sa gorge, parce que Maddox, elle continue en lui disant que le dessin, c’est pour sa mère. Pour qu’elle l’emporte avec elle là où elle va, même si elle sait pas où sait. Et évidemment, Kyte le sait bien, lui. Et il aime pas trop qu’elle lui demande parce qu’il ment pas aux gens qu’il estime. Il tapote ses genoux pour que Maddox y revienne et il la porte pour l’aider un peu. Là, le dessin dans une main, il attire la gamine contre lui de l’autre. Pour que sa petite tête repose bien contre son torse.
- Ouai Maddy. Elle est déjà partie. Mais ça veut pas dire qu’elle peut pas amener ton dessin avec elle. Tu comprendras ce soir.
Il soupire, cligne des yeux, et une larme coule le long de sa joue. Il prend pas la peine de l’essuyer, mais il serre Maddox un peu plus fort.
- Moi, j’vais lui donner un bouquin qu’on aimait bien tous les deux. Pour pas qu’elle s’ennuie. 'sait jamais.