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 La rage au ventre | Bryan

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Message(#)La rage au ventre | Bryan EmptyLun 18 Juil 2016 - 23:16

La rage au ventre
sometimes, rage is the only feeling that makes sense
Bryan & Phoenix
Un vrai paumé. Je captais plus rien. La rage au ventre. C’était la seule chose qui avait encore un sens, la rage. Tout le reste… ma culpabilité assassine, mes remords, la douleur et ce vide… putain, ce vide… je pouvais pas les calculer. C’était trop. A côté de ça la mort ressemblait méchamment à une douce délivrance. Mais même ça je le méritais pas. Non, je devais vivre. Je devais vivre en sachant que le sang de la seule femme que j'avais jamais vraiment aimé était sur mes mains. Et puis j’avais Leila. Ma Leila. J’avais déjà tué sa mère, quelques semaines plus tôt, je pouvais pas l’abandonner, seule dans ce monde de merde. Du moins c’est ce que je me disais. Parce que la vérité c’était que pour moi, je méritais toutes les merdes qui m’arrivaient. Je méritais de souffrir. Si je les laissais, mes émotions me déglinguaient salement la gueule. Mais j’étais trop lâche et trop faible pour les ressentir sans me foutre en l’air. Alors pour les bloquer, je picolais. Comme une fiotte. Du matin au soir. Dans l’espoir de pouvoir entrer dans un état second et déconnecter au point de ne plus rien ressentir. J’étais persuadé que la tise était la seule chose qui me permettait de continuer à fonctionner comme un semblant d'être humain. Et quelque part, c’était le cas. Même si je me considérais pas vraiment comme tel non plus. En fait, je ressemblais d’avantage à une loque mécanique qu’à un homme. Mais l’alcool, ça me donnait la possibilité d’enfouir toute ma culpabilité dans un compartiment sauvage bien enseveli, dont n’en ressortait que ma rage et, de temps à autre, la mélancolie. J’étais devenu cette chose. Celui que je détestais. Toute ma haine était entièrement dirigée sur moi et elle était si profonde et palpable que j’osais à peine me regarder dans le miroir, de peur de croiser le visage de mon géniteur dans le reflet. Quant à ma rage, elle aboyait si fort dans ma tête que la plupart du temps je pouvais entendre rien d'autre. L'amour, la camaraderie, la liberté. Toutes ces choses qui me tenaient à cœur, qui me tenaient en vie… perdues dans le vacarme.

Robin avait plus ou moins déménagé chez nous après l'accident. Elle disait que c’était pour m’aider à m’occuper de Leila, l’emmener et la ramener de l’école quand j’étais trop déchiré pour pouvoir le faire (c’est-à-dire tout le temps), mais je savais pertinemment qu’elle voulait surtout garder un œil sur moi. Vérifier que je déconne pas trop, que je me foute pas en l’air. Elle essayait d’être compréhensive, mais je voyais de jour en jour la déception se lire un peu plus sur son visage, chaque fois qu’elle me voyait dans un état lamentable. Chaque fois qu’elle me voyait, donc. Cette déception, elle me retournait les tripes. Mais je pouvais rien y faire.  

- 42$, m’a sorti le caissier de sa voix monotone, me tirant de mes pensées.

- 42$ vous vous foutez de ma gueule ? il est fait avec du mais en or massif cultivées sur mars votre putain de whiskey ou ça se passe comment ?

Il a pas répondu et moi j’ai sorti ma carte bleu parce que de toute manière il y avait que ça à picoler dans son épicerie de merde, et puis j’étais pas vraiment en position de négocier. Je m’étais réveillé à 13h ce jour-là et j’avais plus rien à boire, alors j'avais filé en ville et ça, c’était en quelque sorte mon dernier espoir. Ça m’empêchait pas de culpabiliser cela dit parce qu’on roulait pas sur l’or en ce moment et que j’avais refusé une poupée moitié moins chère à Leila l’autre jour. J’étais, pour ainsi dire, une sous merde. Le caissier m’a rendu ma carte et je la lui ai plus ou moins arraché des mains avant de récupérer ma précieuse bouteille et de partir hargneusement. J’avais pas mis un pied dehors que le goulot avait déjà trouvé son chemin jusqu’à mes lèvres.

C’est là que je l’ai vu pour la première fois. Ce grand type d’une trentaine d’années, avec ses cheveux blonds et sa grosse barbe qui lui donnait un peu une allure de viking. Mais c’est pas ce qui m’a le plus marqué chez lui. Non, ce qui m’a marqué, c’était ses yeux. Des yeux d’un bleu glacial, perçants. Des yeux qui étaient fixés sur moi. J’ai pas vraiment compris pourquoi, mais ça m’a drôlement troublé, sur le coup. Alors comme avec tout le reste à cette période-là, j’ai décidé de ne pas y prêter attention. Fervent partisan du « j’ignore le problème jusqu’à ce qu’éventuellement il s’en aille de lui-même », j’ai secoué la tête et j’ai continué mon chemin. Je savais pas trop où j’allais parce que j’avais plus de taffe et qu’il était hors de question que je retourne au foutu taudis dans lequel on avait dû déménager après que j’ai foutu ma carrière de boxeur en l’air. Soit il serait vide, soit Robin y tenterait de ranger mon bordel et je devrais subir ses encouragements et paroles de motivations. Comme les deux options me donnaient juste envie de me foutre en l’air j’ai décidé que la meilleure chose à faire serait d’errer, là, tout seul, comme un con.

Je sais pas trop combien de temps je suis resté comme ça, à picoler en avançant au hasard. Un tiers de bouteille, je dirais. Et puis tout à coup, je l’ai revu. Ce mec un peu louche qui me fixait toujours avec ses yeux encore plus louches. J’ai fait un signe de tête vaguement agressif dans sa direction et le con a pas baissé les yeux. C’était clairement de la provocation. Mon sang a commencé à bouillir.

- The fuck is your problem, mate ?

J’ai lancé en avançant vers lui d’une démarche qui se voulait menaçante. Il a pas répondu et j’ai vu un espèce de sourire horripilant étirer ses lèvres. Comme si je l’impressionnais pas du tout. Et ça, ça m’était pas arrivé depuis des décennies.

Ça m’a donné envie de le frapper.

Alors c’est exactement ce que j’ai fait.

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Message(#)La rage au ventre | Bryan EmptyMer 27 Juil 2016 - 0:36


Broenix

La rage au ventre

« Bryan, pour une fois, écoute-moi ! » Bryan s’arrêta en plein mouvement et posa ses yeux sur son père allongé. Celui-ci était tombé malade il y a peu, une sorte de virus à ce qu’on lui avait dit. Il n’avait pas trop compris mais ça avait été assez grave pour le clouer à l’hôpital plusieurs jours, et pour qu’il reste au repos une fois rentré. Assez grave aussi pour que Bryan fasse le déplacement à Sydney pour aller le voir – ce qu’il détestait faire. Bien qu’il n’en montrait rien, le voir aussi faible le touchait. Il resta immobile plusieurs secondes, soupira puis se rassit sur le fauteuil installé en face du lit de son paternel. « Merci, fils. » Le ton larmoyant du vieil homme avait le don d’agacer Bryan au plus au point. Il roula des yeux et lui fit signe de lui dire ce qu’il avait à lui dire, il n’allait pas rester planté là pendant des heures. « Il y a quelque chose que je dois te dire, que j’aurais dû te dire il y a longtemps… Mais je n’ai jamais eu le courage. Maintenant que je sais que je peux partir à tout moment, tu dois le savoir pendant qu’il en est encore temps. Et tu devras le dire à ta sœur. » Le mécanicien soupira une nouvelle fois, de plus en plus impatient. C’était quoi ces conneries ? Il allait lui annoncer qu’il était adopté ou quoi ? « Peu après ta naissance, ta mère et moi avons traversé une période disons… difficile. Et pendant ce temps, j’ai rencontré une autre femme… qui est tombé enceinte. Tu as un frère, Bryan. » « Quoi ? Qu’est-c’que tu racontes putain ?! » répliqua Bryan en se redressant. Son père lui expliqua brièvement que cette aventure n’avait duré que quelques semaines, mais assez pour qu’elle tombe enceinte. Elle ne lui avait jamais demandé de s’occuper de son enfant et il ne l’avait jamais fait, il ne l’avait même pas reconnu. Il savait que c’était un garçon mais c’était tout, il ne connaissait même pas son prénom et ne se rappelait plus du nom de sa mère. Le blond resta silencieux plusieurs minutes, perdu dans ses pensées. « T’es vraiment qu’un enfoiré. » finit-il par dire avant de quitter la pièce sans répondre aux suppliques de son géniteur. Bryan n’était lui-même pas un model de vertu ni de moralité, mais il pensait réellement ce qu’il venait de dire. Ce n’était pas vraiment le fait que son père ait trompé sa mère qui le fasse réagir ainsi, non, c’était que son père avait un autre gosse dont il n’en avait rien à foutre. Ne même pas savoir son prénom, c’était dingue quand même. Peut-être qu’il avait grandi dans la misère, qu’il avait vécu un calvaire. Un tas de questions se posèrent pour Bryan, beaucoup trop même. Et il devait trouver des réponses, il devait savoir qui était son demi-frère. Alors il commença à faire des recherches, et pour ça il dut poser des questions à son père. Au final il réussit à sortir un nom : Phoenix Ellsworth. Ancien boxeur professionnel, il avait perdu sa licence après avoir frappé l’arbitre durant un combat. Depuis il enchaînait les galères après le décès de sa femme. Et il se trouvait ici-même, à Brisbane. Bryan avait hésité quelques jours avant d’aller à sa rencontre, il ne savait pas trop quoi faire. Voulait-il le rencontrer ? Et lui, voudrait-il découvrir que son père biologique l’avait abandonné ? D’un côté, il ne voulait pas que ce Phoenix – qui avait tant perdu – soit son frère. Il aurait aimé que son frère ait la belle vie et qu’il soit heureux, contrairement à lui. Mais finalement, sa curiosité l’avait emporté et Bryan était parti le chercher. La première fois qu’il l’avait vu, c’était dans la rue. Ils s’étaient littéralement croisés, passant à quelques centimètres l’un de l’autre. Le regard vitreux, Phoenix ne lui avait même pas jeté un œil. Mais Bryan, lui, avait bien pris le temps de détailler l’homme qu’il avait croisé. Et il avait tout de suite compris que ce Phoenix était bel et bien son demi-frère. La ressemblance était beaucoup trop frappante pour que ce ne soit qu’une coïncidence. Les mêmes yeux, le même regard, les mêmes cheveux, la même carrure, les mêmes traits du visage. Bordel il aurait pu être son jumeau que ça ne l’aurait pas surpris. Mais plus qu’une ressemblance physique, ils semblaient tous deux être aussi torturés l’un que l’autre. Sur le visage de Phoenix, Bryan pouvait lire les événements qu’il avait endurés, il pouvait voir à quel point la vie ne l’avait pas épargné. Le garagiste continua ce manège durant plusieurs jours, se mettant à suivre Phoenix dans la rue comme un fou furieux. Mais c’était plus fort que lui, il voulait le connaître mais il voulait d’abord l’observer. C’est pour ça qu’il ne venait pas franchement se présenter, il voulait d’abord se faire un avis de l’homme qui partageait le même sang. Mais ce jour-là, perdu dans ses pensées, il manqua de vigilance. Il sentit alors le regard du blond sur lui. A la fois glacial et confus. Leurs regards se croisèrent. Cela ne dura que quelques secondes mais ce fut suffisant. Phoenix tenait une bouteille de whisky dans la main, ses yeux étaient en détresse. La phase d’observation était terminée, il était temps d’agir. Mais un peu plus tard. Bryan continua de l’observer, déambulant au hasard dans les rues de Brisbane, buvant son whisky au goulot. Il faisait peine à voir mais Bryan n’avait pas pitié, non au contraire. Il avait l’impression de voir son reflet quand il regardait Phoenix, ils étaient tellement semblables. Et c’est là que Phoenix le regarda une nouvelle fois. Sauf que cette fois, il ne détourna pas les yeux. Non, il l’affronta bien du regard et lui intima de baisser les yeux. Bryan ne broncha pas d’un cil, bien au contraire. Il arqua un sourcil, le fixant avec curiosité. Cela ne lui avait pas plu, oh non. « The fuck is your problem, mate? » lança-t-il en se dirigeant vers Bryan. Celui-ci était assez impressionné par le caractère de l’ancien boxeur, il fallait être couillu pour venir lui chercher des noises face à face. Et quand il se dit que c’était son frère, il se mit à sourire d’amusement. Jamais il n’aurait pensé vivre un tel moment, et pourtant il était excité comme il ne l’avait plus été depuis longtemps. Apparemment son sourire ne plut pas à Phoenix qui bouillonna sur place avant de lui décrocher une patate en pleine poire. Bryan recula sous la force du coup. Il posa sa main sur sa joue et se mit à la masser pour faire passer la douleur, tout en reposant son regard sur le blond face à lui. Bordel, ça faisait des années qu’il n’avait pas pris un tel coup. « Pas mal. » Il pouvait bien lui accorder ça après tout. « A mon tour ! » prévint-il, le sourire aux lèvres. Et il se jeta sur Phoenix. Il enroula ses bras autour de sa taille et le souleva pour ensuite le jeter au sol. Ce n’était pas comme ça qu’il avait imaginé se présenter à son frère mais après tout, pourquoi pas. Bryan essaya de se mettre sur lui mais Phoenix ne se laissa pas faire et le repoussa avec un coup de pied dans le ventre qui plia Bryan en deux. Son frère en profita pour se relever et s’approcher de lui, mais Bryan se redressa rapidement et lui mit un uppercut du droit qu’il ne put éviter. Mais bien qu’alcoolisé, Phoenix encaissait bien et resta sur ses deux jambes. Face à lui, le mécano en profita pour faire craquer ses doigts. « Me dis pas que t’es déjà fatigué ? » le nargua-t-il, son sourire ne quittant pas son visage. Il lui dirait qu’ils étaient frère, après. Pour l’instant, il voulait encore s’amuser quelques minutes. Et puis, quel meilleur moyen qu’une petite baston pour faire connaissance et jauger un homme ? Et ce n’était pas n’importe quel homme, mais son p’tit frère.

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Message(#)La rage au ventre | Bryan EmptyMar 9 Aoû 2016 - 0:17

La rage au ventre
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Fallait l’admettre, j’étais surpris quand le type est pas tombé raide mort après la beigne que je lui avais flanqué. A part moi, j’avais pas vu grand monde se remettre aussi vite d’un crochet pareil. Il avait la mâchoire bien accrochée, l'enfoiré. Et même temps, si ça avait pas été le cas, merde alors, j’aurais été foutument déçu. Je pouvais essayer de me baratiner, me raconter que tout ce que je voulais c’était qu’il me foute la paix, mais la vérité c’est que ça me manquait, toute cette merde, toute cette violence. J’en avais besoin, c’était dans mon sang. Et quelque part, j’avais probablement pas choisi mon adversaire par hasard…

« Pas mal » qu’il m’a sorti. « Pas mal ». Putain j’en revenais pas. J’allais lui botter son cul de Viking arrogant. Du moins, c’est ce que je croyais. Parce qu’à peine cette pensée achevée j’ai senti le fou furieux me foncer dessus pour me soulever de terre et me jeter sur le sol. J’étais sur le cul. Littéralement. Et putain, cette enflure avait renversé ma bouteille à mille boules au passage. J'ai vu rouge. Il a essayé de m’agripper et je l’ai dégagé d’un coup de pied dans le bide. J’étais enragé, et lui il avait l’air de trouver ça super marrant, comme s'il avait déjà tout prévu de toute manière, et incontestablement ça me rendait plus fou de rage encore. Ensuite il m’a flanqué à uppercut avant de me lancer, la désinvolture incarné : « Me dis pas que t’es déjà fatigué ? ». Foutre Dieu, d’où sortait ce mec ? Fallait être sacrément couillu (et taré) pour venir me chercher la merde. Quelque part ça imposait le respect, et j'ai même senti un espèce de sourire déconnecté étirer mes propres lèvres. Mais je pouvais pas laisser ce merdeux s’en tirer comme ça sans lui foutre une bonne raclée, il en allait de mon honneur.

- Pourquoi baltringue t’en veux encore ?

Ni une ni deux, je me suis empressé d’exaucer son vœux et je l’ai enchainé avec un bon vieux jab-jab-croisé en pleine poire, suivi d’un direct du droit claquant. J'allais le finir avec un crochet du gauche sur la tempe mais il l’a esquivé et a feinté de m’en coller une avant de me la flanquer pour de vrai. Merde alors, non seulement le type était un putain de boxeur mais c’était aussi un putain de fourbe en prime. J’étais hors de moi. Alors je lui ai foutu un nouvel enchaînement dans la gueule en terminant avec un sacré uppercut et ma parole quand j’ai eu finis j’aurais juré qu’il souriait toujours. Sûr il a craché du sang mais putain il souriait le fumier ! Je sentais qu’il allait me ressortir une satanée réflexion horripilante dont il semblait avoir le secret alors je lui ai pas laissé l‘occasion de le faire et je l’ai chargé comme un sanglier. On s’est retrouvé par terre, sauf qu’une putain de colline était apparue de nulle part derrière nous et on s’est mis à rouler. Manque de pot, quand on s’est arrêté il était au-dessus. Il a attrapé mon t-shirt et là foutre Dieu il m’a collé un de ces coups de boule dans le genre expert et j’ai bien cru qu’il m’avait pété le nez. J’ai poussé un râle de rage et je l’ai jeté sur le côté pour me mettre sur lui et alors je me suis mis à marteler sa face de mon poing. Autour de nous, les gens s’étaient courageusement écartés. Mais je les remarquais à peine. Tout ce que je voyais c’était mon poing qui s’éclater encore et encore contre sa mâchoire. Ça pissait le sang de partout, et je savais plus si c’était le mien ou le sien. J’avais envie de le tuer. Et lui, j’avais l’impression que ça l’amusait plus qu’autre chose, tout ça. On a continué à se foutre sur la gueule comme ça, comme deux vrais clébards, des buffles sauvages. Et merde alors, ça faisait du bien. Et puis brusquement, au milieu de tout ça, j’ai croisé son regard, et putain, là, je saurais pas l’expliquer mais ça m’a flanqué un sacré coup, dedans. Et alors je pouvais penser qu’à une chose : mais bordel, c’est qui ce mec ?

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Dernière édition par Phoenix Ellsworth le Jeu 17 Nov 2016 - 15:26, édité 1 fois
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Message(#)La rage au ventre | Bryan EmptyJeu 6 Oct 2016 - 12:48


Broenix

La rage au ventre

C’était sûrement la rencontre la plus étrange au monde, et les présentations les plus originales que Bryan avait vécues. Mais cela lui allait parfaitement, car ça lui ressemblait. Dans le fond, il était heureux de découvrir que son frère et lui se ressemblaient autant. Le même attrait pour la violence, le même goût pour la baston, la même faculté à encaisser, les mêmes regards arrogants, les paroles insolentes. Ouais, pas de toute ils étaient frangins. Et Bryan prenait son pied comme pas possible, cela faisait des années qu’il n’avait pas ressenti ça – depuis son arrivée à Brisbane pour dire vrai, arrivée qui avait mis fin à ses années de débauche pour une vie plus paisible et tranquille. Il sentait l’adrénaline monter en lui, exploser et lui faire ressentir du bien-être. Il voulait donner des coups mais aussi encaisser. Il se sentait lui-même, il se sentait en vie. La lueur dans les yeux de Phoenix lui indiquait que c’était la même chose pour lui, c’était certain. Même si, étant alcoolisé et n’ayant pas toutes les informations que Bryan avait, il était surtout en colère face au comportement du mécano. Comment aurait-il pu en être autrement ? De son point de vue, Bryan n’était qu’un inconnu qui lui cherchait des noises et qui le mettait à mal alors qu’il voulait se bourrer la gueule tranquille, rien de plus agaçant. Toutefois, la dernière provocation du blond arracha un sourire à son adversaire, qui semblait de plus en plus dans son élément. « Pourquoi baltringue t’en veux encore ? » Cette manière de ne pas se laisser désarçonner, d’en redemander… Cette fois, ce fut Bryan qui sourit en coin. Bordel, il était fier que le même sang coule dans leurs veines. « J’ai tout mon temps. » répondit-il en lui faisant signe de s’approcher. Phoenix ne se fit pas prier et s’élança sur lui comme un taureau enragé. Le jab-jab-croisé du blond, s’il n’en restait pas moins classique, était parfaitement exécuté et surtout très rapide. Bryan reconnaissait bien là les mouvements d’un ancien pro. Puisqu’il comprit qu’il ne pouvait pas l’esquiver, il décida de l’encaisser du mieux possible mais surtout de prévoir ses prochaines attaques. C’est comme ça qu’il réussit à esquiver le direct de son frangin, avant de le feinter d’un crochet du gauche pour l’avoir avec un direct qui eut le mérite de surprendre Phoenix. Il ne pensait sûrement pas que Bryan se débrouillerait aussi bien, mais il avait appris à boxer durant ses années passées en Irlande, avant de continuer à pratique ici à Brisbane. Néanmoins, Phoenix ne doutait pas de lui et était animé par la rage. Ce qui lui permit de sortir un nouvel enchaînement bien trop rapidement exécuté pour que Bryan ne bronche, y compris l’uppercut qu’il prit en pleine poire. Et à la fin, il souriait toujours. Il était vachement impressionné par son frère, qui alcoolisé comme il l’était, restait un féroce combattant lucide et technique.  Mais apparemment, il gérait mal la provocation puisque ce sourire suffit à le faire charger comme un animal assoiffé de sang. Bryan l’attrapa en plein vol par la taille pour le freiner, mais ils se retrouvèrent tous deux au sol à dégringoler le long d’une colline qu’aucun d’eux n’avait remarqué. Le hasard faisait bien les choses, il s’était retrouvé au dessus du boxer une fois leur chute terminée. Ne voulant plus faire dans la demi-mesure, Bryan agrippa le t-shirt de son vis-à-vis et lui colla un coup de boule dont il avait le secret, en plein nez. La violence de coup donna la force à Phoenix de se dégager de là pour se mettre en position de force au dessus de là. C’est qu’il était coriace le petit ! Les coups affluèrent et Bryan les encaissait tant bien que mal. Il pouvait sentir le sang coulait le long de sa gorge et le long de ses lèvres aussi. Il resta immobile durant quelques instants avant de remonter les bras pour se protéger le visage comme il pouvait. Au milieu de ça, leurs regards se croisèrent et son sourire – qui ne le quittait pas – troubla une nouvelle fois Phoenix qui ralentit ses coups. Il n’en fallait pas plus pour que Bryan lui envoie un coup de coude dans la mâchoire qui déséquilibra Phoenix. Celui-ci tomba à côté de lui mais Bryan décida de ne rien faire, préférant se rallonger dans l’herbe tout en respirant bruyamment. « C’est bon, c’est bon ! J’ai eu c’que j’voulais. » déclara-t-il pour mettre fin à tout ça, tout en essayant de reprenant difficilement son souffle. Il resta allongé un moment dans l’herbe alors que Phoenix faisait de même. « On peut dire que t’es un dur à cuire… frangin. » Voilà, la bombe était amorcée. Comment allait-il le prendre ? Allait-il le croire ? Le traiter de fou ? Se jeter une nouvelle fois sur lui ? Bryan n’en avait aucune idée. Il se redressa pour s’assoir et regarder les gens qui les regardaient comme des bêtes. « Le spectacle est terminé ! Cassez-vous. » Le regard qu’il leur lança suffit à les convaincre de partir sans demander leurs restes. Puis il se redressa tout en tapant sur ses fringues pour enlever l’herbe qu’il avait sur lui. « Tu frappes fort pour une nana. » dit-il narquoisement en essuyant le sang qui coulait de sa bouche d’un revers de la main. Main qu’il tendit ensuite en direction de Phoenix, pour l’aider à se relever. « J'te paie un verre ? » Après tout, il avait renversé sa bouteille il lui devait bien ça. « Avant que les flics ne débarquent. » Ils pourraient discuter en cellule ce n’était pas un problème, mais c’était quand même plus sympa autour d’un verre.

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Message(#)La rage au ventre | Bryan EmptyJeu 17 Nov 2016 - 19:10

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Bryan & Phoenix
Sur le ring comme dans la vie, j’ai jamais été très doué pour prévoir et parer les coups. Non, mon truc à moi c’est d’encaisser jusqu’à ce que la rage explose et irrévocablement prenne le contrôle. Je me défends pas, j’attaque. Sur le ring, c’est comme ça que je gagnais, et je gagnais toujours. Dans la vie, c’est une autre paire de manches. Mais merde alors, toute fiotte de l’esquive que je suis, j’aurais dû voir ce coup arriver. Et dans le fond, je l’ai peut-être vu, mais j’étais trop occupé à fixer l’énergumène aux yeux translucides qui pissait le sang entre mes doigts pour empêcher son coude de me percuter en pleine gueule. Et Foutre Dieu il cognait fort, l’enfoiré. J’ai perdu l’équilibre et je sais pas comment mais je me suis retrouvé par terre. On va pas se mentir, à ce stade ma vision était plus tellement nette. Mais je pouvais pas m’arrêter là, question d’honneur. Un truc de mâle dominant (ou de gamin qui veut pas baisser les yeux le premier, une connerie du genre). Je me suis aussitôt redressé sur l’avant-bras, le poing serré, prêt à lui flanquer une sacré une rouste et à en bouffer pour mon grade pareil. J’étais un peu surpris quand j’ai vu qu’il me chargeait pas. « C’est bon, c’est bon ! qu’il a dit, j’ai eu c’que j’voulais. » Allongé dans l’herbe, il reprenait son souffle. Et il semblait pas s’inquiéter le moins du monde que je revienne à la charge. Je comprenais rien. Dire que ce type me déroutait serait un putain d’euphémisme. J’ai craché par terre et il y avait pas mal de sang là-dedans aussi. Ensuite il a tourné sa tête vermillon vers moi et je vous promets que son putain de sourire il le portait toujours. Quand il a repris la parole avec son air railleur, j’ai secoué la tête en serrant la mâchoire. J’en revenais pas, j’avais à faire à un casse couille de première. Mais ensuite il dit quelque chose auquel je m’attendais pas et alors j’ai aussitôt tourné la tête vers lui, sourcils froncés, interloqué. « Frangin » ? Pourquoi ce type se permettait ce genre de familiarité avec moi ? Je l’avais jamais vu de ma vie avant qu’il se mette à me suivre dans la rue comme un vicieux et qu’on se foute sur la gueule comme deux chiens enragés, et maintenant le con m’appelait frangin ? J’étais sidéré. J’ai continué à le dévisager comme ça pendant un moment, mon cerveau engourdi trimant pour essayer de comprendre à quoi rimait toute cette mascarade. Un canular ? Un ancien rival ressorti des abysses de mon passé ? Un fan suicidaire ? Un échappé d’asile ? J’arrivais pas à comprendre et rien n’avait de sens. Et ce sentiment qui me prenait aux tripes quand nos regards se croisaient et que j’arrivais pas à expliquer... « J’te paie un verre ? Avant que les flics débarquent… » Sauf que les flics, pour le coup, j’en avais rien à foutre. Tout comme les gens autour qui avaient repris leur route et nous espionnaient en faisant mine que non. J’avais les yeux tellement écarquillés qu’ils auraient aussi bien pu sortir de leur orbites j’aurais même pas été étonné. Je comprenais rien et son attitude désinvolte et assurée me perturbait plus encore. D’où sortait ce type ? Je me suis redressé en le fixant pendant un moment, et puis alors c'est sorti tout seul, il fallait que je sache :

- T’es qui, bordel ?

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Dernière édition par Phoenix Ellsworth le Sam 18 Fév 2017 - 17:18, édité 2 fois
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Message(#)La rage au ventre | Bryan EmptySam 21 Jan 2017 - 21:30



"La rage au ventre"

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Bien que Bryan ait appris à boxer dans sa jeunesse, on ne pouvait pas dire qu’il était très regardant sur la technique. En fait, il avait appris ça parce qu’il en avait eu l’occasion mais pas par envie spécialement. Et avant d’apprendre à boxer dans les règles de l’art, il avait appris à se battre tout seul dans la rue Que ce soit durant son adolescence à Sydney, ou en Russie premier pays qu’il a visité après être parti à 18 ans. Quand il se battait, c’était avec ses tripes et l’adrénaline. Il fonçait dans le tas, encaissait et essayait de frapper toujours plus fort que son adversaire. Car au final, c’est toujours celui qui frappe le plus fort qui gagne, non ? Et bordel, ça lui faisait bizarre de se rendre compte que son p’tit frère faisait exactement la même chose. En un peu mieux il fallait l’avouer, cela se sentait que Phoenix avait été pro et qu’il avait participé à plus de combats que lui. Mais dans les grandes lignes ils faisaient la même chose, ils se laissaient porter par leur tempérament de feu et essayaient de faire plier l’adversaire en revenant toujours à la charge. D’ailleurs c’est ce que le gamin allait faire alors que le mécanicien venait de lui coller un magnifique coup de coude en pleine tronche pour se dégager de lui. Putain mais ça lui arrivait de s’arrêter ? Il semblerait que non, alors Bryan fut le premier à rendre les armes. Ils n’allaient pas non plus s’entretuer ce serait trop con, le but c’était seulement de se jauger et se présenter comme il se doit. Rien de plus. D’ailleurs, un rictus amusé s’installa sur son visage. Bryan pouvait voir à quel point son frère était paumé et c’était plutôt drôle à regarder. Il ne comprenait absolument rien au comportement de Bryan, et c’était tout à fait normal. Après tout, Bryan l’avait suivi, avant de chercher les embrouilles pour au final faire comme si de rien n’était et se rendre comme s’ils étaient deux gosses qui se chamaillaient avant de faire la paix. C’est vrai que c’était plutôt déroutant, mais c’était marrant. Et plus Phoenix fronçait des sourcils, plus le sourire de Bryan s’élargissait. C’était à mourir de rire, vraiment. Le coup de grâce arriva quand il lui avoua qu’ils étaient frères, avant de lui proposer de boire un verre pour échapper aux flics. Putain, encore un peu et ses yeux tombaient au sol. « Fais pas cette tête. » s’amusa-t-il en continuant de lui tendre la main pour l’aider à le relever. Mais Phoenix ne bougeait pas, il ne faisait rien à part le fixer d’ailleurs. « Ça te fait pas mal d’ouvrir les yeux aussi grands ? » Il se foutait de sa gueule mais c’était vraiment trop tentant à cet instant. « T’es qui, bordel ? » Faut croire que ça le tracassait vraiment cette histoire. D’un côté, Bryan aurait du s’en douter. Est-ce qu’il croirait du premier coup un gars qui lui disait ça ? Non, sûrement que non. Sûrement pas après une petite baston en plus. Le blond retira sa main et se la passa dans les cheveux. « Après tout on peut rester, on sera bien pour discuter derrière les barreaux aussi. On aura du temps pour faire connaissance. » Il haussa des épaules, ce n’était pas comme s’ils risquaient d’aller en prison pour si peu. Juste en cellule de dégrisement tout au plus. « J’suis ton frère. Grand frère pour être précis. » Ce détail avait toute son importance dans l’esprit de Bryan. « En gros, mon vieux a trompé ma mère avec la tienne et voilà… j’pense que tu sais comment on fait des gamins. » Le blond ne savait pas s’il pardonnerait à son père d’avoir fait ce qu’il avait fait, mais le passé ne pouvait pas être réécrit alors bon. Il devait faire avec, et il n’était pas totalement malheureux d’avoir un frangin maintenant. « J’ai appris ça y’a pas longtemps, je t’ai retrouvé assez facilement. Et vu que t’as l’air aussi commode que moi… je pensais qu’une p’tite baston c’était pas mal pour faire les présentations. » Il haussa des épaules, c’était une façon comme une autre de se présenter après tout. « J’m’appelle Bryan. Et toi c'est Phoenix, je sais. » Il roula des yeux. Voilà, comme ça les présentations étaient terminées. « Bon, on bouge ou c’est confortable de garder ton cul par terre ? » Les sirènes de police se faisaient entendre, c’était le moment de prendre une décision.

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Message(#)La rage au ventre | Bryan EmptyMar 28 Fév 2017 - 20:15

La rage au ventre
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Bryan & Phoenix
En face, il a haussé les épaules à la désinvolture et il a repris son discours, comme si rien ne pouvait le perturber de toute manière. Et j’en revenais tellement pas de tout cet aplomb que j’arrivais à peine à entendre ce qu’il racontait et je le dévisageais toujours avec ma tête de con belliqueux. Pourquoi il était calme putain ? Moi je sentais mon sang bouillir dans mes veines, la rage brouiller ma vision et ma mâchoire se crisper au point que j’entendais presque mes dents se péter les unes que les autres… et lui il était calme. Et alors là il m’a cloué sur place, ce fondu de Viking. Il m’a sorti qu’il était mon frère, que son père avait trompé sa mère avec la mienne et qu’une petite baston c’était pas mal, comme présentation. Et moi j’en croyais tellement pas mes oreilles que je suis resté comme ça, comme un con plein de silence, à regarder ce type qui me fixait toujours avec ses yeux flippants et son expression indéchiffrable.

- C’est quoi ces conneries ?

Instinctivement j’ai regardé autour de moi. Je m’attendais presque à voir des enfoirés de cameramans bondir de derrière des buissons en hurlant que tout ça était un putain de gag. Mais il y avait que nous. Et alors quand j’ai reposé mes yeux sur ledit Bryan, ma parole il était en train de rouler des yeux ! Comme si j’étais vraiment long à la détente et que ça l’exaspérait, tout ça. Comme si la situation n’était pas absolument aberrante et que c’était moi qui avait juste du mal à percuter. J’étais sur le cul. « Bon, on bouge ou c’est confortable de garder ton cul par terre ? » Foutre dieu il se foutait impunément de ma gueule le cul-terreux ! N’importe qui connaissant un tant soit peu ma réputation de clebs enragé savait que me provoquer c’était signer son arrêt de mort. Et en temps normal je lui aurais bien cassé les dents pour moins que ça. Alors je comprenais pas pourquoi je restais là, à le regarder comme un con. Pourquoi pour la première fois de ma vie, je répondais pas aux provocations.

- C’est ça…

J’ai fait avec la mâchoire vachement crispé du type qui fait mine d’être calme quand en fait il ronge méchamment son frein. Je me suis redressé en secouant la tête, j’ai tourné les talons et sans demander mon reste, je me suis barré. Et je me disais que c’était du bon sens et je comprenais pas pourquoi mes tripes me disaient que c’était de la lâcheté. Je savais pas quoi faire de son histoire. Et surtout je savais pas pourquoi ça me perturbait autant. Indéniablement c'était des conneries, tout ça ! Le type était clairement un casse-couille qui me faisait marcher pour voir ou bien un allumé qui croyait réellement à son histoire, mais ça pouvait pas être réellement mon frère… pas vrai ? C’est ce que je me répétais, en tout cas. N’empêche, ça m’avait fait un drôle de choc par où ça passe. Comme si la terre s’était retournée d’un coup. J’arrivais pas à me défaire de toutes ces questions qui me bombardaient la gueule, du doute, de cette foutue sensation dans mes renégates de tripes. Et en dessous de tout ça, de l’espoir. Ouai, une saloperie d’espoir. Et j’ai pas du tout aimé ressentir ça. Alors j’ai fait la seule chose que je savais faire à cette période : je me suis voilé la face.

J’ai enfoncé les mains dans les poches de mon futal en fixant le sol. Je voulais donner l’air d’en avoir rien à faire. Je voulais me le faire croire à moi-même, par-dessus tout. Mais en vérité, j’en menais pas large. Et je voulais pas mais j’arrêtais pas de penser à l’autre. Et comme je pouvais pas penser aux vraies questions qu’il avait déclenché comme une bombe à retardement dans ma tête parce que j’avais peur qu’elle explose, je me suis focalisé sur des détails sans importance ; je me suis demandé comment il avait prévu que me regarder aller me faire sortir de mes gonds et que je lui enfoncerais mon poing dans la gueule. Merde alors j’étais si prévisible que ça? Mais même ça je voulais plus y penser. J’y pensais tellement pas que je pensais qu’à ça. Et je pensais tellement qu’à ça que j’ai même pas entendu les putains de sirènes des lardus jusqu’à ce que leur caisse freine brutalement juste en face de moi et manque de m’écraser au passage.  Ma parole ils se prenaient pour des vrais cowboys ces fondus. Réflexe à la con, j’ai donné un coup de latte sur leur parechoc de merde.

- Regarde où tu vas ducon !

J’allais reprendre mon chemin comme si de rien n’était quand j’ai vu les deux gaillards sortir en trombe de leur caisse pourrie et me marcher droit dessus. Et alors mon cerveau a reconnecté et j’ai compris que c’était pas simplement qu’ils savaient pas conduire : ils voulaient vraiment me serrer. Pour une putain de baston de rue. J’étais atterré. Encore une fois il semblerait que l’autre fêlé avait tout prévu… Ensuite je me suis rappelé qu'étant donné mes déboires actuels avec la justice j’étais sensé avoir une conduite exemplaire si je voulais garder ma fille et qu’assurément un séjour en cellule de dégrisement ça allait pas arranger mes relations avec les services sociaux. Je me suis pincé les lèvres, j’ai essayé de réfléchir le plus vite possible et ça trimait dans mon cerveau bituré. Me la donner ? J’aurais pu essayer, mais si je me faisais serrer malgré tout, c’était la taule assurée et Leila se retrouverait à l’orphelinat et ça c’était hors de question. Merde alors comment les gens réglaient leurs différents autrement qu’avec les poings ? J’avais plus tellement de choix, alors j’ai essayé de les calmer un peu :

- Allons les gars on va pas s’énerver pour si peu… elle était déjà déglinguée votre caisse de toute manière…

Ça a pas eu l’air de trop les calmer. J’aurais bien joué la carte du « vous avez le mauvais gars » mais ma gueule laminée trompait personne. Plus je reculais et plus ils avançaient. J’avais l’impression d’être un putain d’animal sauvage traqué par des braconniers, et ça sentait pas bon pour ma pomme.

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Message(#)La rage au ventre | Bryan EmptyLun 13 Mar 2017 - 11:32



"La rage au ventre"

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« C’est quoi ces conneries ? » Bryan pose son regard électrique sur le blond, toujours aussi au sol. Il n’en mène pas large, c’est peu de le dire. Il fait les gros yeux, regarde autour de lui comme s’il s’attend à ce que quelque chose débarque de nulle part. En face, le mécanicien ne peut pas s’empêcher de garder un sourire au coin. La situation l’amuse énormément, et la réaction de son frère encore plus. Encore un peu et il se mettrait des gifles pour vérifier que ce n’est pas un rêve. Son sourire s’accentue alors qu’il imagine son frangin se mettre des torgnoles. Non, il ne rêve pas. C’est vrai que ça pourrait être un rêve – ou un cauchemar vu son comportement – ou même une blague, mais c’est la pure vérité. Le mécanicien roule des yeux, c’est qu’il n’avait pas pensé que Phoenix mettrait autant de temps à le croire. D’un au côté, à quoi pouvait-il bien s’attendre ? A ce qu’il explose de joie et qu’ils se prennent dans les bras ? N’importe quoi. Plus il y pense et plus il se dit qu’il aurait peut-être du l’aborder différemment… ou pas d’ailleurs. Quelque soit l’approche, le boxeur ne l’aurait certainement pas cru. Et au fond, ça le fait marrer d’être pris pour un psychopathe. Car oui, il doit vraiment le prendre pour un putain de timbré à l’avoir suivi comme ça, avant de se battre contre lui pour finalement déclarer qu’ils sont frères. Peut-être qu’à la place de son frangin il serait complètement paumé aussi, il y a de quoi l’être en tout cas. « C’est ça… » La voix de Phoenix le sort de ses rêveries. Le mec est tellement sur le cul – c’est le cas de le dire – qu’il ne sait plus comment réagir. Il voit bien qu’il boue de l’intérieur, qu’il est à deux doigts de faire sortir de la fumée par les oreilles tellement il se contient. Mais il voit aussi que la nouvelle est tellement énorme qu’il ne sait pas comment réagir, qu’il préfère rester le cul vissé au sol plutôt que de faire quoi que ce soit. « Tu crois vraiment que j’ai que ça à foutre de m’inventer une vie et me faire passer pour ton frère ? » Il essaye de le faire réagir, de lui faire comprendre qu’il n’a aucun intérêt  à faire ça. La gloire de combattant professionnel de Phoenix n’existe plus, et ses gains probablement non plus. Il n’a rien à y gagner, si ce n’est révéler la vérité. « Arrête de faire le gosse, reviens parler ! » crie-t-il pour le stopper alors que Phoenix vient de se relever d’un coup et de tourner les talons pour prendre la poudre d’escampettes. Putain, il l’avait pas v’nu venir ça. « Quel merdier. » Il se plaint en voyant le dos de son frère s’éloigner de plus en plus. La tâcha va être plus compliqué que prévu, quelle plaie. Il soupire, shoote dans le premier caillou qu’il trouve avant de suivre les traces du motard. Il ne va pas abandonner si facilement, pas après avoir fait tout ça. Il va le rattraper et lui faire entendre raison à ce merdeux, même s’il doit encore lui coller un pain dans la tronche – et un autre pour le forcer à lui courir après. Quand Bryan arrive assez proche pour que Phoenix soit à nouveau dans son champ de vision, il voit une voiture de police manquer de le renverser mais freiner juste avant. Sûrement les flics qui ont été appelés par les passants. qu’il se dit en s’arrêtant pour observer la scène. Il sait pas pourquoi mais il a un mauvais feeling. La tronche de son frère est bien trop amoché pour qu’ils n’essayent rien… surtout après qu’il ait donné un coup de pompe sur leur pare-choc. « Putain le con… » dit-il faussement ennuyé, alors que son sourire trahit le fond de ses pensées. C’est bien son frère, aucun doute là-dessus. Tout aussi impulsif et poissard, ils ont ça dans le sang les Foster. Le blond continue d’observer la scène, il voit les flics sortir de leur bagnole et se diriger vers Phoenix. Il n’entend pas ce qu’ils disent mais ça doit sentir mauvais, que le balafré tente de parlementer tout en reculant. Il croit vraiment qu’il va s’en sortir avec du blabla alors qu’il a la gueule en sang et qu’il vient de cogner leur caisse ? La boxe ça abîme vraiment le cerveau, c’est pas une légende. Mais il peut pas le laisser se faire serrer – il pourrait mais il ne veut pas. Son cerveau réfléchit à toute vitesse et il s’approche discrètement tout en regardant autour de lui. Ses yeux repèrent une caillasse qui traîne trop loin, il la ramasse en se disant que ça va vraiment mal se terminer. Il se retourne et sans même y réfléchir à deux fois il balance la pierre sur le pare-brise des officiers. Le bruit les fait se retourner presqu'en sursautant. Même si l’impact est minime, le but était juste de détourner leur attention. Mais Phoenix ne bouge pas, sans doute qu’il est surpris lui aussi cet attardé. « COURS DUCON ! » Bryan hurle en passant à côté de lui à pleine vitesse. Le temps n’est plus à la réflexion ni aux hésitations, il faut se bouger et vite. Cela semble suffire à Phoenix qui se met à détaler dans la direction de Bryan, ne tardant pas à revenir à sa hauteur. « Je t’ai manqué ? » Son ton amusé dénote avec la gravité de la situation, alors qu’ils tournent dans la première ruelle qu’ils trouvent. Au moindre faux pas ils se feraient serrer, et ce serait pour quelque chose de plus grave qu’une simple bagarre de rue maintenant qu’ils s’en étaient pris à la bagnole avant de prendre la fuite. Mais il lui suffit d’échanger un regard avec son frangin pour se mettre à éclater de rire, alors que ça pourrait les ralentir. Il a l’impression d’avoir vingt piges de moins à cet instant, il aurait adoré vivre ça quand il était encore adolescent. Mieux vaut tard que jamais non ?

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Message(#)La rage au ventre | Bryan EmptyDim 9 Avr 2017 - 20:04

La rage au ventre
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Bryan & Phoenix
Un des lardus m’a chopé par le bras et moi j’ai hésité à me la jouer pacifiste jusqu'au bout ou bien à lui flanquer un bon coup de plafond dans le blaire pour lui apprendre à pas poser ses mains sur moi. Les yeux rouges et la mâchoire bien serrée, je me sentais pencher de plus en plus en faveur de cette deuxième option quand brusquement j'ai vu un projectile s’exploser sur le parechoc des képis. J’ai tourné la tête plein de confusion et alors là j’en ai pas cru mes yeux parce que figurez-vous que le projectile, c’est l’autre fondu de Bryan qui venait de le balancer. Et nous on était tous tellement cloués sur place qu’on l’a juste regardé comme trois cons ébahis. Je comprenais pas ce qu’il venait de se passer mais dans ces moment-là on réfléchit pas, réfléchir, c’est mourir (ou finir en taule avec ma fille dans le système, ce qui en revenait plus ou moins au même). « COURS DU CON ! » Il a hurlé en passant à toute vitesse à côté de moi et alors j’ai pas réfléchis, j’ai décampé dare-dare et on a détalé comme des dératés. Derrière les sirènes ont repris de plus belles, ce qui signifiait que les guignols avaient décidé de remonter dans leur voiture ridicule et de se lancer à notre poursuite. Nous on s’arrêtait pas, on traçait la route. « Je t’ai manqué ? » qu’il a sorti quand je suis arrivé à sa hauteur et il avait un sourire aux lèvres qui signifiait qu’il s’éclatait un peu trop. Mon cerveau avait foutu le camp et c’était pas plus mal sinon je me ferais surement demandé ce que j’étais en train de foutre là, à courir aux côtés du type avec qui je venais de me mettre sur la gueule, qui prétendait être mon frère et qui avait éclaté la caisse de condés pour me sortir d’affaire comme un foutu héro. Les points se reconnectaient pas dans ma tête. Et j’étais plus certain d’en avoir quelque chose à faire.

On a continué de courir comme ça, en slalomant dans toutes directions pour essayer de brouiller les pistes, comme des foutus sprinteurs, comme des foutus vilains gosses, aussi. L'adrénaline me pulsait dans les veines. Putain c'était bon ! On a échangé un regard, avec Bryan, et alors je sais pas ce qui nous a pris mais on a éclaté de rire tous les deux, comme des gamins fiers de leur coup qui se carapatent après avoir volé des bonbons dans un magasin. Merde cette scène était étrangement familière ! On a bifurqué dans une ruelle, puis dans une autre, et au bout d’un moment les sirènes se sont éloignés. On est resté silencieux l’espace d’un moment, par prudence ou pour reprendre notre souffle, je sais pas, et puis on a échangé un nouveau regard et alors c’était reparti. Je sais pas si c’était les nerfs, l’absurdité de la situation, la tise dans mon sang, l’adrénaline de la course ou l’expression satisfaite de l’énergumène en face de moi mais j’ai rigolé à m’en faire mal au bide et putain ça faisait une éternité que j’avais pas ri comme ça. Ma parole la vie c’est quand même une foutue blague : ma trogne se souvenait encore précisément de la forme de ses osselets, à ce taré de Viking, et maintenant voilà que je me fendais la gueule avec lui...

- Putain, j’ai fait une fois que j’avais un peu repris mon souffle, t’es un vrai malade toi hein ?

Il souriait. Il me regardait et il souriait. Et moi j’avais toutes sortes de sensations dans tous les sens à l’intérieur, un mélange de reconnaissance, de peur, d'excitation, d’incrédibilité et de curiosité, et je savais pas trop quoi faire de tout ça. Mais une chose était sûre : il savait faire son entrée, le con. Et il avait pas froid aux yeux, non plus, ça imposait le respect. J’ai secoué la tête mais j’arrivais pas vraiment à garder mon sérieux.

- Bon ramène toi baltringue, tu me dois une bouteille de whiskey.

Et alors on est rentré dans un bar et on s’est payé une sacrée cuite bien méritée. Je savais pas si ce type était bel et bien mon frère à ce stade et je savais pas non plus ce qu'on avait a célébrer, mais on a trinqué à la fraternité et à notre liberté et c'était une sacrée belle célébration, ça c'est sûr.


The End


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