Le vol m'avait paru interminable. Le voyage avait duré près de vingt heures. C'était le temps qu'il fallait pour se rendre de Chicago à Brisbane. J'avais tout de même réussi à dormir un peu dans l'avion. J'étais bien contente d'être arrivée. Dehors, la nuit était déjà tombée et il faisait bon. Je portais un jean et un débardeur. J'avais mis ma veste sur mes épaules. Je récupérais mon sac de voyage. Je ne savais pas combien de temps j'allais rester. Je n'avais pris qu'un aller simple. Je sortais mon téléphone portable de ma poche. Je tapais le code de déverrouillage. Puis, cherchais mon historique de conversation avec Kael. Il m'avait laissé plusieurs textos auxquels je n'avais pas répondu. Je lui en avait voulu d'être parti. Il avait tenu a venir ici, découvrir l'autre famille, comprendre tout ça. Je n'approuvais pas. D'après moi, il n'y avait rien a comprendre. Notre père était un menteur. Il avait construit son existence entière sur le mensonge. Je pensais que c'était le genre d'histoires qu'on ne voyait que dans les films. Pourtant, c'était bel et bien une réalité pour nous. Mes doigts se promenaient sur l'écran tactile du téléphones tandis-ce que je composais mon message :
Hey, Je suis a l’aéroport de Brisbane. Tu peux venir me chercher ?
Kael ne savait pas que j'allais venir. J'avais voulu lui faire la surprise en le prévenant au dernier moment. J'avais beau faire la « tronche » parce qu'il était parti, je supportais très mal son absence. On ne s'était pas vus depuis quatre mois. Autrement dit, une éternité à mes yeux.
Dernière édition par Kara Harrington le Mer 27 Juil 2016 - 8:07, édité 2 fois
Il reposa son verre sur le comptoir en bois. Il ne savait pas depuis combien de temps il était là. Il avait l'impression d'avoir perdu la notion du temps. Une heure, deux heures, trois heures ? Peut-être même quatre. Il repensait sans cesse à cette soirée. A ce fiasco. A ce début de fin. Il ne savait toujours pas s'il avait pris la bonne décision. Il venait de détruire la vie de sa mère et il n'en ressentait aucun soulagement. Même si tout cela n'était pas directement de sa faute. Il portait une fois encore la responsabilité de ce qui venait de se passer. Peut-être qu'il aurait du écouter sa sœur... Mais il n'aurait pas pu regarder sa mère en face en sachant qu'il lui cachait sciemment la vérité sur l'homme qu'elle aimait et dont elle « partageait » la vie depuis près de trente ans... On ne se remettait jamais de ce genre de trahison. Mais sa mère avait le droit de savoir. Elle gâchait sa vie avec un homme qui ne la méritait pas. Qui ne méritait pas l'amour de ses sœurs. Il ne méritait rien du tout, juste du mépris. Alors il se disait que oui, il avait fait le bon choix. Sauf que ce n'était pas facile de représentait la balance et le glaive. Son père aurait du avoir les couilles de l'avouer bien avant... au lieu de ça, il avait un peu plus foutu le bordel... Et maintenant, des morceaux allaient être éparpillés ici et là. Et il craignait déjà la réaction de sa mère. IL lui avait dit qu'il allait lui parler, mais quand. En tout cas, Kael l'avait averti. Si d'ici une semaine, il n'avait rien fait, il allait parler à la « vraie » madame Harrington. Jusque là, le cadreur n'avait abordé que son géniteur mais il n'allait pas hésiter à révéler tout ça, si ce dernier ne faisait rien pour mettre un terme à cette mascarade qui durait depuis bien trop longtemps. Et Kael ne savait pas quoi faire... s'il devait rester ici ou repartir aux États-Unis... peut-être qu'il devrait être là pour sa mère. Il n'en savait rien. Et c'était bien à cause de toutes ces questions qu'il se trouvait dans ce bar au beau milieu de la nuit. Il avait posé sa veste de costume sur le comptoir à côté de lui. Il ne s'était pas attardé à la soirée. Il n'en avait clairement pas envie. Surtout pas après ce qu'Elio avait pu lui dire. Le cadreur serra à nouveau les dents avant de reprendre un autre verre et de l'avaler cul-sec. Connard.
Il venait d'avaler son shooter quand son téléphone qui était posé sur le bois se mit à vibrer. Il reposa son verre et soupira. Il n'avait envie de parler à personne. Puis il eu comme une intuition. Intuition qui lui disait de prendre son téléphone. Ce qu'il fit, finalement. Il glissa son doigt sur l'écran et découvrit le message de sa jumelle. Il mit quelques secondes à comprendre qu'elle était là, à Brisbane. Kael passa une main sur son visage. C'était le jour parfois pour arriver songea-t-il amèrement. Il jeta un œil à sa montre. Il était près de trois heures du matin. Il tapota quelques lettres pour lui dire qu'il venait puis il se leva de son siège. Il n'était pas en état de conduire. Et de toute façon, il n'avait pas encore de voiture... Alors il demanda au barman d'appeler un taxi alors qu'il réglait ses consommations. Vingts minutes plus tard, le taxi arrivait devant l'aéroport. Kael remarquait rapidement Kara qui attendait devant l'entrée de l'aéroport. Quand le véhicule s'arrêta, Kael quitta l'habitacle. Il fit le tour de la voiture pour retrouver sa jumelle. Il la prenait dans ses bras. Ce qu'elle lui avait manqué. Il avait besoin d'elle à ses côtés.
J'attendais depuis vingt minutes lorsqu'un taxi s'arrêtait devant l’aéroport. Kael sortait du véhicule et se dirigeait vers moi. Si je ressentais encore une certaine rancœur dans l'avion, maintenant qu'il était face à moi, j'avais juste envie de le serrer dans mes bras. Je restais un moment dans ses bras, avant de me décoller de lui. Je posais mes prunelles bleues sur lui. Je remarquais rapidement que quelque chose n'allait pas. Personne ne connaissait mieux Kael que moi. Je savais décoder les expressions de son visage. On ne pouvait pas se cacher des choses, mais si on le voulait. C'était impossible. On se connaissait par cœur. Même notre mère ne nous connaissait pas aussi bien. Il y avait des choses qui pouvaient lui échapper. Elle avait toujours dit que notre relation était particulière. Mais j'imagine que c'est le cas pour la plupart des jumeaux, n'est-ce pas ?
« Qu'est-ce qu'il se passe ? »
Demandais-je. Parce qu'il se passait forcément quelque chose. Kael avait l'air d'avoir bu. Il buvait pourtant très peu. Enfin, un verre de temps en temps, comme tout le monde. J'avais tendance à boire plus que lui en soirée. Je n'avais jamais bu au point de ne plus tenir debout ou de vomir mes tripes. Je ne voyais pas l’intérêt. Je ne le quittais pas des yeux, convaincue qu'il s'était passé quelque chose de grave. Et puisque Kael était là a cause de notre père et de sa foutue autre famille, j'étais prête à parier qu'il s'agissait de ça. Notre père était la pire des pourritures. Il ne s'était pas occupé de nous correctement. Mais je crois que j'avais encore plus de peine pour notre mère. Elle qui lui avait consacré sa vie, elle qui passait son temps à l’attendre. Elle ne l'avouerait jamais, mais elle n'était pas heureuse. Comment l'être alors que la personne aimée passe toujours son temps ailleurs. J'avais gardé le silence. Kael et moi étions les seuls à savoir pour notre père... enfin notre géniteur, car il n'avait rien d'un père. Comment allions nous dire ça à notre mère ? Cette histoire allait la foutre en l'air.
Sentir sa sœur contre lui, c'était tout ce dont il avait envie. La tenir quelques minutes contre lui, sans parler, juste savourer le fait qu'ils étaient à nouveau ensemble. Il avait longtemps pensé à elle ces derniers temps. Même quand il avait été à l'hôpital... Il avait hésité à lui laisser un message. Mais elle ne répondait à aucun de ses textos. Alors il n'avait rien fait. Il savait que sa jumelle lui en voulait d'être parti. Mais il le fallait. Depuis qu'il avait tout découvert, savoir la vérité sur tout ça, avait été un besoin viscéral. Si bien qu'il avait eu de gros problèmes pour dormir. Et puis quand on lui avait proposé un post à Brisbane, il avait finalement accepté. C'était une chance pour lui, professionnellement parlant. Mais aussi parce qu'il serait dans le pays de son géniteur. Peut-être qu'il allait comprendre tout ça. En fait, quand il était arrivé à Brisbane, il espérait encore que tout ceci avait une explication logique. Et que rien ne pouvait être aussi terrible que ce qu'il avait envisagé. Il l'espérait encore. Jusqu'à ce qu'il rencontre Elio dans ce bar, par pur hasard. Oh, il s'était bien sûr renseigné sur le lieu où il habitait. Mais il ne savait pas quels endroits il fréquentait, jusqu'à ce qu'il le trouve derrière un bar, un soir. Et là il avait compris tout de suite en le voyant. En se rendait compte qu'ils se ressemblaient physiquement, que toute cette histoire était vraie. Bien sûr comme il s'y attendait, Kara remarqua qu'il avait un peu abusé de la bouteille. Ce qui n'était bien sûr pas dans ses habitudes. Il reposa ses yeux sur elle après s'être séparé d'elle. « Je l'ai mis devant ses responsabilités... » Inutile de préciser qui était ce « il ». Kael était venu pour ça... Puis le chauffeur de taxi klaxonna. Le cadreur lui fit un signe de la main avant d'ajouter : « Viens. » Il prit le sac de sa sœur et le mit dans le coffre avant de s'engouffrer avec elle, dans le véhicule. Kael était silencieux pendant le trajet. Il n'était pas habitué à parler de sa vie privée, encore moins devant un étranger. Alors il préférait être chez lui pour le faire. Le taxi ne mettait pas longtemps à revenir dans Fortitude Valley. Kael y louait maintenant un appartement, assez grand pour le prix. Enfin, il manquait encore pas mal de meuble mais il avait quand même le principal. Le parquet était en bois ancien et les murs en briques rouges. Ce qu'il appréciait. Il s'y sentait bien. Et c'était beaucoup mieux que l'hôtel où il avait séjourné ces derniers mois. Il posa le sac de Kara près de l'entrée puis il la laissa pénétrer dans l'appartement avant de refermer derrière elle. Il alluma les lumières puis il reprit la parole. « C'est pas le grand luxe mais j'ai une chambre d'amis alors tu peux rester ici si tu as encore la force de me supporter. » Lâcha-t-il un peu désabusé. Aux dernières nouvelles, elle lui en voulait encore. Et il ne comprenait même pas pourquoi elle se trouvait là. Même si cela lui faisait plaisir. Le cadreur ne savait pas du tout si c'était temporaire ou si elle repartait dans la semaine...
Je gardais mon regard sur Kael. Je comprenais mieux pourquoi il avait abusé de la bouteille. Il avait eu une confrontation avec notre père. J'allais ouvrir la bouche afin d'en savoir plus, mais le chauffeur du taxi klaxonnait. Je suivais mon jumeau dans le véhicule. Nous étions silencieux durant le trajet. Ni lui, ni moi, n'avions envie de déballer nos histoires devant le conducteur. J'imaginais que les chauffeurs de taxi devaient en apprendre beaucoup sur les gens qu'ils transportaient. Je jetais un nouveau coup d’œil à Kael. Beaucoup de choses me traversaient l'esprit. Je me demandais comment notre père avait réagit lorsqu'il avait compris que Kael savait tout. Encore une fois, je me demandais comment il avait pu vivre entre deux familles pendant près de trente ans. Et comment il avait pu croire qu'il ne se ferait jamais prendre ? Je crois que je l'aurais giflé si je l'avais eu face à moi. Je me rappelais mon enfance et ses absences. J'avais souffert de ça. J'avais manqué de la présence d'un père. Nous avions tous manqué de sa présence. Dire que pendant tout ce temps, il était avec son autre famille, avec la femme qu'il avait épousé. Je ne m'expliquais toujours pas pourquoi il avait agit ainsi.
Le taxi s'arrêtait. Je descendais du véhicule, suivi de Kael. On rejoignait son appartement. Je n'arrivais pas à croire qu'il louait un logement ici. Cela voulait dire qu'il s'était bien installé en ville. Je regardais autour de moi. Il n'y avait pas beaucoup de meubles, mais il y avait l'essentiel. C'était suffisant. Nous n'avions jamais été habitués au « grand luxe » et je n'en étais pas une adepte. Je me contentais de peu de choses.
« Sympa l'appart'. Je vois que tu es déjà bien installé. »
Lâchais-je, un peu amère. Il savait que je lui en voulait. J'avais très mal vécut son départ et les mois d'absence. Notre père nous avait déjà abandonné. Je m'étais sentie abandonnée une deuxième fois. Puis, j'avais du mal a comprendre son besoin de venir jusque ici.
« Qu'est-ce qu'il a dit ? »
La question me brûlait les lèvres, depuis qu'il m'avait dit avoir confronté notre père à la réalité. Je voulais savoir quelle excuse il avait trouvé.
Il savait bien qu'à peine la porte fermée, Kara allait l'assaillir de question et lui jeter à la visage sa décision à sens unique. Oui, c'était lui qui avait décidé de partir. Oui, il l'assumait. Mais il avait besoin de savoir. Il ne pouvait pas rester aux États-Unis après avoir appris tout ça. Il se disait que si c'était vrai, c'était à lui encore une fois de protéger sa famille. Il avait pris la bonne décision. Ou en tout cas, il était de s'en persuader depuis quatre mois. Depuis son arrivée. Il était là pour mettre un terme à une mascarade qui avait trop duré. Sa mère avait le droit de savoir. Elle avait le droit de refaire sa vie avec quelqu'un qui l'aimait vraiment, qui la respectait et qui la traitait convenablement. Ce que son géniteur n'avait jamais fait. Il n'avait pas envie de lui causer de la peine. Mais il savait qu'il n'aurait pas pu se regarder dans un miroir s'il ne lui avait rien dit. Kael aurait été aussi fautif que lui, à couvrir ce mensonge, à fermer les yeux. Et il ne voulait pas. Il n'était pas un lâche. Il s'avança jusque dans la cuisine ouverte sur le salon. Il prit un verre d'eau et avala une grosse gorgée avant de mettre la cafetière en marche. Il se doutait que sa jumelle n'allait pas aller se coucher avant qu'il ne lui ai pas raconté ce qui se passait. Ce qui s'était passé exactement. A la question de Kara, il soupira légèrement tout en retirant la veste qu'il avait sur les épaules. Veste de costume qu'il avait mis pour cette foutue soirée. « Pourquoi veux-tu savoir ? Je croyais que tout ça, ne t'intéressait pas. » Oui, les jumeaux avaient le même caractère. Kael donna une tasse de thé à sa sœur avant de s'asseoir dans un fauteuil du salon. Il lui raconta ses recherches sur Elio, sur le fait qu'il avait découvert dans quel quartier il bossait. « Je suis tombé par hasard sur lui, dans un pub. » Ironie du sort. Il avait voulu prendre son temps pour le contacter et finalement, ils s'étaient croisés par hasard. Puis le cadreur expliqua la soirée qui venait d'avoir lieu. Comment il avait essayé d'écarter Elio de tout ça. La réaction de ce dernier. Puis l'arrivée de leur père et l'ultimatum qui lui avait lancé avant que ce soit son poing qui s'écrase sur sa mâchoire. D'ailleurs, il jeta un œil à sa main. Il ne sentait plus la douleur. Une autre la masquait. « Qu'aurais-je du faire d'autre ? » Maintenant, il se demandait comment leur mère allait réagir. « Elle a le droit de savoir Kara... Tu crois pas ? » En fait, il ne savait plus. Peut-être qu'il avait fait une grosse connerie et que leur mère n'allait jamais s'en remettre.
Ce n’était pas que « tout ça » ne m’intéressait pas. J’étais simplement encore trop bouleversée et trop énervée. J’avais toujours reproché à notre père ces absences. C’était presque comme si j’avais grandi sans père. Il ne faisait qu’aller et venir. Je n’avais jamais eu l’impression qu’il se soit intéressé à moi, ni a mon frère et mes sœurs. J’aurais aimé avoir un père qui se préoccupe de mon avenir, qui me rassure quand j’étais effrayée. Un père qui me réconforte lorsque j’étais triste. Il n’avait jamais rien fait de tout ça. Il était trop absent pour qu’on soit proche. Je savais désormais que si il ne s’était pas investi, c’est parce qu’il avait une autre famille, des autres enfants. Je me demandais si il avait été un vrai père pour eux. Je devais admettre que ça me rendait folle de rage qu’il est pu mieux s’occuper de lui que de nous. Et puis il y avait maman. Elle avait mit sa vie et ses passions de côté pour s’occuper de nous tous. Elle avait élevé six enfants, seule. Bien qu’en tant qu’aînés, Kael et moi l’avions beaucoup aidée. Comment avait t-il pu lui faire ça à elle ? Pourquoi lui avaient fait six enfants alors qu’il avait déjà une autre femme et d’autres gosses ? Je savais bien que certains hommes étaient incapables d’être fidèles à une seule femme, mais tout de même ! Six enfants. Ce n’était pas un accident. Notre père avait voulu cette vie là et franchement, je ne savais pas pourquoi. Il n’y avait pas assez de mots pour décrire le dégoût que j’avais à l’égard de cet homme. Je ne voulais même plus le désigner comme étant notre père. C’était juste notre géniteur. Rien d’autre.
Je retirais ma veste et la déposais sur le dossier du fauteuil. Puis, je venais m’asseoir. Je remerciais Kael pour le thé et j’attendis qu’il me parle. A présent, je voulais qu’il me raconte. Je l’écoutais me raconter sa rencontre avec notre « demi-frère » Elio. Puis la soirée qui venait de se terminer, la confrontation avec notre géniteur. Kael lui avait posé un ultimatum. Il avait une semaine pour tout avouer à notre mère, sinon il irait tout raconter à celle qu’il avait épousé. Je restais silencieuse un instant, essayant de rassembler mes pensées. Ça faisait beaucoup d’informations.
« Oui. Elle a le droit de savoir, mais ça va la briser… et on n’est pas à ses côtés. »
Je marquais une courte pause. Je n’osais même pas imaginer ce qu’elle allait ressentir. Elle aimait éperdument notre père. J’en étais certaine. Elle ne l’aurait pas attendu tout ce temps si elle n’en était pas vraiment amoureuse.
« Comment est-ce qu’il a pu lui faire ça ? »
C’était la question qui revenait sans cesse dans mon esprit et je la posais, cette fois-ci, à voix haute.
Parfois, il se disait que cela aurait été mieux que sa mère ne tombe pas amoureuse de ce connard. Il se disait que tout ceci n'aurait pas eu lieu. Peut-être que cela aurait été mieux, oui. Mais quand il y réfléchissait, il se disait qu'il n'y aurait pas eu de Kara, de Kléa, de Katty, de Kassandra ou encore de Kiara. Et Kael ne se voyait pas vivre sans ses sœurs. Sa mère devait également savoir la vérité alors peu importait la façon au final. Elle devait l'apprendre. Pas vivre avec cet amour à sens unique. Il ne savait pas trop si c'était à sens unique. Mais il savait que sa mère aimait son géniteur. Sinon elle ne lui aurait pas donné d'enfants. Chacun de ses enfants était désiré. C'était ce qu'elle répétait. Qu'ils étaient tous une bénédiction et qu'ils faisaient son bonheur. Et heureusement que leur mère avait appris à gérer les absences de leur paternel. Elle était une mère formidable. Elle avait fait des tas de sacrifices. Parce qu'elle s'épanouissait plus en tant que mère, qu'en tant que pianiste. Elle avait eu la fibre maternelle dès la naissance des jumeaux. Cela avait été instinctif. Ils lui avaient donné une autre raison d'exister. Et ses enfants faisaient le maximum pour qu'elle soit heureuse et ne manque de rien. Kael avait remplacé leur père. Il avait épaulé leur mère quand cela avait été nécessaire. Comme lorsqu'elle avait perdu son frère. Kael avait été là, tout comme Kara et les filles. C 'était ça leur famille au final. Cela avait toujours été ainsi. Et Kael ne s'en rendait compte que maintenant. Il n'avait pas besoin de ce type pour être heureux ou pour avancer. Ils y arrivaient tous très bien. Kael avait donc expliqué ce qui s'était passé durant cette soirée. Il lui avait raconté tous dans les détails, jusqu'à ce coup de poing. Et dieu que cela lui avait démangé pendant toutes ses années. Aux paroles de Kara, il leva ses yeux mordorés sur elle. « Elle ne peut pas être seule. J'y ai réfléchi et je vais prendre quelques jours... je vais téléphoner à mon boss demain. Je sais que ça retombe mal après l'hôpital mais elle ne peut pas être seule. » Kael y avait pensé dès qu'il avait prononcé ces paroles face à leur géniteur. Leur mère allait avoir besoin de soutien, ses sœurs aussi. Et il devait être là. Tant pis pour le boulot. Sa famille était toujours passé en premier. A la question de Kara, il l'observa un instant, sans rien dire. Il s'était souvent posé cette question lui aussi. « J'en sais rien... » Il n'avait aucune envie de croire que leur père était tombé amoureux de deux femmes. Il refusait parce que sinon cela voudrait dire que William Harrington entrait dans le cercle des victimes. Et le cadreur n'en avait aucune envie. « Je suis pas doué avec ce genre de truc... » Il se leva pour prendre une tasse de café maintenant que le liquide noir était prêt. Puis il regagna le salon. Il hésita un instant puis il avoua : « J'ai revu Nova aussi... » Il prit une gorgée de sa tasse avant de relever ses yeux sur sa sœur.
Quand je pensais à ce qui arrivait à ma mère, je me disais que tomber amoureux était la chose la plus terrible qu’il soit. Elle s’était destinée à un homme qui n’en avait rien à faire. Enfin, peut-être qu’il l’aimait… à sa façon. Mais je ne voulais pas y croire. On ne trahi pas les gens qu’on aime. On ne leur ment pas. On ne les fait pas souffrir. Je ne savais pas ce qu’avait eut mon géniteur à l’esprit. Je ne voulais pas le savoir. Je refusais de lui trouver des excuses. Et même si il aimait ses deux femmes, il était égoïste de ne pas avoir fait de choix. Franchement, j’espérais ne jamais tomber amoureuse de ma vie. Je m’employais à ce que ça n’arrive pas. J’avais tendance à fuir dès que les choses devaient trop sérieuses, dès que mes sentiments m’effrayaient. Ce qu’avait fait mon père à ma mère ne faisait qu’accentuer cette crainte et mon idée qu’on ne peut pas faire confiance aux hommes. Combien de fois avais-je vu ma meilleure amie fondre en larmes à cause de son ex ? Non. Aucun type ne méritait que je me mette dans des états pareils. Je me contentais très bien de mes petites relations sans grande importance. Je ne voulais pas faire des plans sur la comète. Ma famille et ma passion suffisaient à mon bonheur.
« Oui. Ça serait bien qu’on soit auprès d’elle. »
Notre mère avait toujours été là pour nous. A l’inverse de notre géniteur, elle s’était très bien occupée de ses enfants. Elle était dévouée, attentionnée, aimante. Elle s’était pliée en quinze pour qu’on ne manque de rien. Alors, c’était à nous désormais de prendre soin d’elle. Puis, je fronçais les sourcils :
« L’hôpital ? C’est quoi cette histoire ? »
Kael avait fait un séjour à l’hôpital sans même m’en parler ? Enfin je ne répondais même pas à ses sms. Mais tout de même ! Je gardais mes yeux bleus sur lui, attendant qu’il me dise ce qu’il en était. Puis, comme si toute cette histoire avec nos parents ne suffisait pas, il m’annonçait qu’il avait revu Nova. Son ex. Elle l’avait quitté sans explications après presque un an de relation.
Il se demandait comment sa mère allait réagir quand elle apprendra la vérité. Jusque là, les enfants Harrington avaient toujours respecter la vie privée de leur mère. Et jamais, ils ne l'avaient jugé ou conseillé d'une façon ou d'une autre. Et puis, ils savaient de toute façon que ce n'étaient pas à eux de faire ça. Leur mère savait prendre les décisions. Elle le faisait depuis des années. Alors Kael avait confiance en elle. Elle allait s'en sortir. C'était une femme forte, avec du caractère. Mais elle était tombée amoureuse de la mauvaise personne. Et ça, cela compliquait tout le reste. Kara avait également raison. Ils ne pouvaient pas la laisser seule pendant un moment comme celui-là. Il avait songé également à revenir à Chicago. Parce que leur mère ne pouvait pas traverser ça, seule. Même si elle ne sera pas seule, vu que les filles étaient avec elle. Mais c'était leur devoir d'aînés d'être là. Kara était du même avis que lui. Ils devaient retourner à Chicago. Alors que sa jumelle venait à peine d'arriver. « On regardera demain pour les billets d'avion. » Parce que là ce soir, il n'avait vraiment pas le moral pour rechercher un foutu billet. Puis quand elle l'interrogea sur l'hôpital, il soupira intérieurement. C'est vrai qu'il ne lui avait rien dit. Enfin, en même temps, elle ne répondait à aucun de ses messages alors pourquoi l'avertir. « C'est une longue histoire. Une bagarre dans un pub, quelques jours après mon arrivée. J'ai du aller à l'hosto pour m'assurer qu'il n'y avait rien de grave. Je t'aurais bien envoyé un message mais tu faisais la morte. » Ajoutait-il avec un ton amer. Combien de message lui avait-il laissé avant finalement ne plus lui envoyer. Il n'avait pas envie d'insister. Et il connaissait sa sœur. Il lui fallait du temps. Il prit une gorgée de café alors qu'il venait de lui parler de Nova. « Oui... je l'ai revu à l'hôpital. » Ironie du sort. Lui qui la croyait aux Etats-Unis. « Elle m'a demandé pardon, elle s'est excusé mille fois... Me disant qu'elle ne voulait pas me quitter. » Il soupira en reposant sa tasse sur la table basse. « Elle m'a même donné rendez-vous chez elle, dans Pine Rivers. » C'était dingue de savoir qu'elle habitait ici à Brisbane, à quelques quartiers d'ici. « Mais je n'y suis pas allé. Je pouvais pas. Cette histoire s'est du passé. » Même si ses sentiments n'avaient pas changé pour elle. « J'ai pas envie de revivre la même chose. » Kael n'arrivait plus à lui faire confiance. Il n'avait pas envie de la croire, de lui accorder sa confiance alors qu'il ne savait toujours pas pourquoi elle était partie.
Je hochais la tête. Je venais a peine de poser mes valises à Brisbane. Si j'avais sût... Mais tant pis. Je ne me voyais pas rester ici, alors que notre mère allait avoir besoin de soutien. Kael était d'accord avec moi sur ce point. Nous allions rentrer à Chicago. Je prenais de nouvelles gorgées de thé. Puis, mon frère reprenait la parole. Le simple mot « hôpital » avait réussit à éveiller mon inquiétude. Kael m'expliquait ce qui s'était passé. Il avait eu une altercation dans un pub. Je soupirais légèrement à sa réflexion. Oui, je n'avais répondu à aucun de ses messages. Mais a quoi s'attendait t-il ? Il me connaissait mieux que personne. Il savait bien que j'étais rancunière et que j'allais mal prendre son départ. J'avais préféré rester silencieuse plutôt que de répondre à ses messages.
« J'espère que tu n'as rien eu de grave. Comment tu t'es retrouvé impliqué dans une bagarre ?»
Répondis-je. Tout ce qui m'importait, c'était que mon frère aille bien. Je ne savais pas a quel point sa bagarre avait été violente. C'était pour ça que je lui posais des questions. Et puis, il évoquait son ex petite amie. C'était incroyable qu'il l'ait croisée ici, à des kilomètres des États-Unis. Je fronçais un peu les sourcils. Je trouvais qu'elle avait du culot de s'excuser et de prétendre ne pas avoir voulu le quitter. En tout cas, elle l'avait fait. Je demandais :
« Et est-ce qu'elle t'as dit pourquoi elle t'as quitté ? »
Je comprenais que Kael n'ait pas eu envie de la revoir après ça. Il avait des sentiments pour elle et un jour, sans vraiment s'y attendre, elle avait rompu, sans plus explications. Elle ne devait pas s’attendre à ce qu'il accepte ses excuses et son invitation. Elle avait perdu toute sa confiance et ça lui serait difficile de la récupérer. Kael avait toutes les raisons de se protéger.
« Elle a essayé de te recontacter depuis ? Qu'est-ce qu'elle imagine, qu'elle va regagner ta confiance en un claquement de doigts... »
Kael secoua doucement la tête. Il savait que cela ne servait à rien d'inquiéter sa sœur avec tout ça. Surtout que c'était de l'histoire ancienne, tout comme les deux cotes qu'il s'était cassé. Il avait réussi à vivre avec, le temps qu'elles se solidifient de nouveau d'elle-même. Mais pour cela, il avait du mettre son boulot en stand-by. Enfin, il avait surtout travaillé sur des reportages. Et il avait laissé son steadycam dans son armoire. Ce qui l'avait quand même contrarié. Parce qu'il n'y avait qu'avec lui, qu'il s'éclatait dans son boulot. Il adorait ce qu'il faisait. La prise de vue. Le montage vidéo c'était différent. Bien que pas vraiment désagréable. Mais ce qu'il aimait, c'était être au cœur de l'action. « J'aime pas quand on se met à plusieurs sur le même type. » Il préférait ne pas dire que ce type, aux allures de bon gars en avait sûrement profité pour lui chourer son portefeuille en plein milieu de la bagarre. Le cadreur se détendit un peu plus sur le fauteuil. Il se sentait fatigué et il avait une méchante migraine. Il n'aurait pas du boire tous ces shots d'alcool. Lui qui n'aimait pas trop boire... en même temps, les circonstances étaient exceptionnelles... Quand Kara reparla de son ex, Kael reporta son regard mordoré sur elle. Il fit un moue négative avant d'ajouter : « Pas du tout... enfin peut-être qu'elle me l'aurait dit si j'étais venu chez elle... mais même si elle m'explique, je ne crois pas que ça changera quelque chose. » Ce n'était pas comme si c'était un petit truc... Kael lui avait fait une place dans sa vie, au lieu de ça, Nova avait toujours eu des secrets pour lui. Il l'avait su tout de suite. Mais il lui avait fait confiance. Ce qu'il regrettait à présent. C'était la première fois que Kael s'impliquait autant dans une relation. Cela avait du faire rire la miss... « Non. En même temps, elle ne peut pas me contacter. Elle n'a pas mon numéro. Elle ne sait pas où je bosse, ni où j'habite. » Et dans un sens, c'était mieux. Il avait assez de problème en ce moment pour en ajouter. Même s'il avait toujours des sentiments pour elle. Comme dans la famille, ils semblaient avoir plus que de malchance à ce niveau, peut-être qu'il devrait laisser tomber tout de suite.
Ça ne m'étonnait pas que Kael ait voulu intervenir dans cette bagarre. Il n'était pas du genre à rester les bras croisés si il voyait un type se faire tabasser par plusieurs gars. C'était quelqu'un de bien mon frère et je n'en avais jamais douté. Mais je n'aime pas beaucoup qu'il se soit battu et qu'il ait fait un séjour à l’hôpital. Ça aurait pu mal finir. Et en plus je n'étais pas là. Je gardais mes yeux sur lui alors qu'il me parlait de Nova. Ils avaient vécu une véritable histoire ensemble. Un an ce n'est pas rien. En tout cas, je savais que ça avait compté pour mon frère. Il l'avait laissé entrer dans sa vie, lui avait fait une place dans son monde. Il ne s'était pas attendu à ce qu'elle le quitte comme ça et sans aucune explications. Je ne comprenais pas pourquoi elle ne lui avait rien dit. Je me demandais quelles avaient été ses raisons. C'était étrange de quitter quelqu'un sans même dire pourquoi. Cela cachait forcément quelque chose. A moins qu'elle ne tenait pas autant à lui que je ne le pensais.
« Ouais... toute façon c'est trop tard pour des explications et tu mérites mieux qu'une fille qui te quitte sans te dire pourquoi. »
Kael était une personne extraordinaire. Il méritait quelqu'un d'au moins aussi génial que lui. Tout ce qui m'importait c'est qu'il soit heureux et j'espérais qu'il trouverait son bonheur un jour. Mais il est vrai que dans notre famille, on avait l'air de pas avoir de chance à ce niveau là. D'ailleurs, je reprenais la parole après avoir posé ma tasse de thé.
« Je ne suis plus avec Nathan. »
On avait été ensemble pendant presque un an. Dix mois pour être exacte. Mais les choses s'étaient compliquées lorsqu'il était devenu plus sérieux, lorsque j'avais compris qu'il comptait faire des projets pour nous. Moi, je ne voulais pas me prendre la tête, je vivais juste notre relation au jour le jour. Kael savait combien l'engagement me faisait peur. Ça faisait un mois que j'avais rompu, mais Nathan savait très bien pour quoi. Je n'avais pas encore eu l'occasion d'en parler à Kael.
Kael se souvenait bien du départ de Nova. Il avait retrouvé une lettre sur la table du salon. Un fouili/fouilu incompréhensible. En tout cas, Kael n'avait pas compris la raison du départ de Nova. Est-ce qu'il avait foiré quelque chose ? Était-ce à cause de ses absences répétées pour son boulot ? Il n'en savait rien. Cette lettre ne l'avait pas aidé à aller de l'avant. Bien au contraire. Il s'était persuadé que c'était de sa faute si la jeune femme était partie. On ne pouvait pas dire que le cadreur était doué pour donner autant de place à Nova, qu'à son travail. Mais il avait fait beaucoup d'effort pour elle. Pour au final quoi ? Rien. Si ce n'était que des doutes et des interrogations. Le cadreur avait ensuite enchaîné les relations sans lendemain. Il n'avait plus envie de se prendre la tête. Il était jeune. Il voulait encore en profiter. Et puis ce qui arrivait à sa mère, ne lui donnait pas envie de laisser une femme entrer à nouveau dans sa vie. La famille Harrington n'était pas douée pour les histoires d'amour. C'était même bien tous le contraire. Un fin sourire s'afficha ensuite sur les lèvres de Kael. « Aucune fille ne sera assez bien pour moi, n'est-ce pas ? » Il connaissait sa sœur. Mais ça le faisait sourire. Et l'espace d'un instant, il oublia un peu la soirée cauchemardesque qu'il avait passé. Mais son sourire s'estompa quand sa jumelle lui parla de Nathan. Kael l'appréciait. C'était un type bien. Il observa Kara. Il resta silencieux un instant, comprenant pourquoi sa sœur avait fini par quitter Nat, parce qu'il était certain que c'était elle qui était partie. « Tu sais, tous les hommes ne sont pas comme lui. » Il parlait bien sûr de leur géniteur. Kara avait fait une erreur en le quittant. Parce que Nathan lui donnait un équilibre qu'elle n'avait pas eu, en dehors de sa relation avec lui, mais ce n'était pas pareil. Ils étaient jumeaux, liés à tout jamais. « Ça fait longtemps ? »
Aux paroles de Kael, j'esquissais un sourire. Évidemment qu'aucune fille n'était assez bien pour mon frère ! Mais je savais que je ne devais pas me mêler de ses relations amoureuses ou choisir les filles qu'il fréquentait. Kael était un homme et il était capable de faire ses propres choix. J'espérais juste qu'un jour, il tomberait sur la bonne personne. Seulement, il ne cherchait plus d'histoires sérieuse pour le moment. Pas depuis Nova. Kael avait beau ne pas le montrer, je savais que cette séparation l'avait beaucoup affecté. J'en voulais à Nova d'avoir fait souffrir mon frère et surtout de n'avoir laissé qu'une lettre derrière elle. Une putain de lettre ! Elle n'avait même pas eu le cran de lui expliquer les choses en face. Et encore, sa lettre n'expliquait même pas les raisons de leur rupture.
« Heureusement. »
Je savais bien que tous les hommes n'étaient pas comme notre géniteur Cela ne voulait pas dire que j'étais prête à faire confiance pour autant. Je n'étais pas du genre à reculer devant les risques, sauf en amour. C'était vraiment quelque chose qui me faisait peur. Je voyais maman, qui était tombée folle amoureuse d'un type qui ne la méritait pas. Elle l'aimait, malgré le fait qu'il ne soit jamais là. Elle l'attendait sans cesse. Elle souffrait, même si elle tentait de ne pas le montrer. J'avais peur de tomber amoureuse un jour et de finir par en souffrir. Du coup, je préférais m'en aller avant que les choses ne deviennent trop sérieuses.
« Ça va faire un mois. Il voulait qu'on emménage ensemble... ça m'a fait flipper. Pourquoi est-ce qu'il a fallut qu'il complique les choses aussi. On était bien comme on était. »
Quand Nathan m'avait parler de vivre ensemble, je m'étais sentie prise au piège. Je n'étais pas prête a emménager avec lui, a vivre en couple réellement. On était ensemble depuis dix mois. On se voyait souvent, chez l'un ou chez l'autre. Parfois je restais chez lui pour un week-end. Mais je savais que j'avais mon appartement. Ça me convenait comme ça. Visiblement, Nathan n'était plus sur la même longueur d'ondes que moi. Je soupirais. On était vraiment pas très doués pour les relations amoureuses chez les Harrington.