La journée avait été longues. Et plusieurs soucis d'ordre mécanique avaient occupé l'esprit de Kaleb une bonne partie de son temps. L'équipe se trouvait à trente kilomètres de Florence, au circuit du Mugello. Un des circuits préférés du pilote qui y avait remporté de belles victoires. Et il avait bien envie de récidivé pour le dimanche qui arrivait. L'équipe s'était consacrée aux règles et lui, il avait fait des tours de pistes. Kaleb avait envie de prendre quelques points pour ce nouveau Grand-Prix. Il bossait beaucoup depuis qu'il était arrivé en Italie. Mais ce soir-là, il avait décidé de se détendre un peu. Enfin, c'était surtout ses amis qui l'avaient convaincu de faire une pause. Alors il avait accepté. Après tout, il était crevé et un peu de détente n'allait pas lui faire de mal. Il avait accepté l'invitation de Max à venir manger avec lui et une partie de ses amis. Potes qu'il connaissait également pour une bonne partie. Alors la soirée ne pouvait que bien se passer. Tout le monde s'était réuni dans un petit restaurant pittoresque de la ville. En plus, il faisait bon alors, la table avait été dressée sur la terrasse en bois et vieilles pierres. Kaleb appréciait ses moments de détente, loin du paddock. Celui lui faisait du bien de faire un mini break de temps à autre et de ne pas toujours être sur le circuit. Alors il n'avait pas fait le difficile à l'invitation de son ami mais néanmoins rival, Max. Ils se connaissaient depuis qu'ils étaient gosses. Ils devaient avoir une quinzaine d'années quand ils s'étaient rencontrés la première fois. Et depuis, ils bossaient ensemble. Enfin, ils faisaient tous les deux de la moto. Mais ils n'en restaient pas moins des rivaux. Sauf que les années étaient passées et que Max pensait davantage à sa famille, qu'aux courses. Ce qui était peut-être normal en fin de compte. Ses priorités avaient changé quand ses enfants étaient nés. Kaleb ne pensait pas être capable de faire la même chose. La moto, c'était toute sa vie. Et il ne voulait pas faire autre chose. Alors l'amour, les femmes, et encore moins une épouse et des gosses, c'était vraiment très très loin de ses préoccupations. Pour l'instant, il avait de la chance de faire un métier qui le passionnait. Et il s'y consacrait à plein temps, même hors saison. Et il ne voulait pas que ça change avant des années et des années. Et puis franchement, il ne croyait pas à l'amour toujours. Alors à quoi bon perdre son temps dans ce genre de relation ? Kaleb pouvait avoir toutes les femmes qu'il voulait. Il profitait de sa jeunesse. Et il ne voulait pas que ça change. Bien que parfois, il se disait que c'était chouette d'avoir une famille, surtout quand il voyait Max s'occuper de Carlotta. Sa fille, c'était tout pour lui. Il avait réussi à fonder une famille. Alors que Kaleb, dans un sens, n'en avait jamais eu une. Ses parents s'étaient disputés toute son enfance pour ensuite divorcer et se disputer sa garde. Il ne voulait de ça pour personne. Enfin pour l'instant, il venait d'arriver au restaurant. L'hôtesse l'emmena jusqu' à la terrasse. Le pilote salua ensuite ses amis avant de poser ses yeux bleus sur une jeune femme qui ne lui était pas inconnue. Un sourire s'afficha sur les lèvres de l'australien. Il embrassa Kara avant de s'installer à ses côtés. « Je suis surpris de te voir ici. Tu es en Italie depuis longtemps ? » Demanda-t-il alors qu'une serveuse lui mettait un peu de vin dans son verre. Kaleb la remercia avant de poser ses yeux sur la photographe.
J'étais en Italie pour quelques jours. Je réalisais un reportage sur « l'art de vivre à l'italienne ». J'avais déjà parcouru plusieurs villes importantes du pays. Aujourd'hui, je foulais le sol de Florence. J'avais passé la journée a arpenter la ville. J'avais immortalisé les endroits les plus célèbres, comme le fameux Ponte Vecchio. Mais j'étais aussi parti à la recherches de lieux moins populaires. Je voulais montrer la ville sous tous ses angles. Je voulais que mes photos puissent faire voyager ceux qui les regarderaient. Ce que j'adorais dans mon travail, c'est qu'il me permettait de bouger à travers le monde. J'avais rapidement pris goût aux voyages. Ils me permettaient de découvrir d'autres cultures, de rencontrer des personnes extraordinaires et de partager ça, grâce à mes photos. A chaque fois que je rentrais, j'attendais de pouvoir m'envoler vers une autre destination. Même si, j'étais aussi contente quand j'étais à Chicago. Il y avait là-bas toute ma famille. Ils avaient une grande importance dans ma vie. Je ne partais jamais trop longtemps, car je voulais aussi être présente. Mon père était déjà tout le temps absent. Je voulais que mes petites sœurs puissent compter sur moi, ainsi que ma mère et mon jumeau. J'avais envie que Kael soit avec moi, pour partager tous ces moments merveilleux, mais il avait aussi son travail. En tant que cadreur professionnel, il bougeait aussi beaucoup. Nous n'étions pas des jumeaux pour rien. Nos vies professionnelles étaient assez similaires.
Je jetais un coup d’œil à ma montre. J'allais devoir ranger mon matériel et rentrer. J'étais invitée ce soir. J'avais des amis dans la région. Je me décidais a lâcher mon appareil photo pour aujourd'hui. Il fallait que je me prépare. Je rejoignais mon hôtel et je filais sous la douche. J'enfilais ensuite une robe bleue, légère. Je brossais mes cheveux et les laissaient retomber sur mes épaules. Je quittais mon hôtel.
Lorsque j'arrivais au restaurant, l'hôtesse m'accompagnais jusqu'à la terrasse. J'y retrouvais l'amie qui m'avait invité. Elle me présentait à sa sœur, Maria et a son beau-frère, Max. J'étais surprise lorsque je vis Kaleb arriver. Mais maintenant que j'y pensais, j'avais entendu parler du grand-prix qui se déroulerait à Mugello ce week-end. Je souriais. Le pilote était encore plus sexy que dans mes souvenirs.
« Depuis quelques jours. »
Je marquais une courte pause et je reprenais :
« J'imagine que tu es là pour le grand-prix. »
Je gardais mes yeux sur lui et je portais mon verre de vin a mes lèvres.
Dernière édition par Kara Harrington le Jeu 28 Juil 2016 - 23:17, édité 1 fois
Pour être une surprise, c'était une surprise. Cela faisait des années qu'ils ne s'étaient pas vus. La dernière fois, c'était lors d'un barbecue en pleine air, du côté du Texas. Et encore il en était même pas certain. Ce qu'il se rappelait par contre, c'était les nuits qui avaient suivi. Alors forcément, quand il regardait la jeune femme, il revoyait tout ça. Elle n'avait pas vraiment changé depuis la dernière fois. Ses cheveux étaient peut-être différent. Mais elle avait toujours ce même sourire qu'il appréciait. Sourire communicatif en plus. Il avait prit la place libre à ses côtés, à croire que Maria avait voulu lui arranger un coup... D'ailleurs il jeta un œil à cette dernière qui esquissa un sourire amusé. Ouais. Cela ne l'étonnerai même pas que l'italienne soit derrière tout ça. Mais Kal n'appréciait pas forcément qu'on lui fasse ce genre de rendez-vous arrangé. Enfin, ce n'était pas comme s'il ne connaissait pas Kara. Ils étaient amis depuis un bon bout de temps maintenant. Même s'ils ne s'étaient pas vus depuis des années, chacun avait gardé un œil sur l'autre. Et ils se téléphonaient de temps à autre quand ils avaient besoin, d'un contact, d'un conseil. Ou juste quand ils avaient envie de parler. Mais il était étonné de la voir ici, d'ailleurs il le lui avait dit. Il avait posé ses yeux bleus sur elle alors qu'elle prenait une gorgée de son verre de fin. « Pour un reportage photo ? » L'Italie était riche en en patrimoine et pour une photographe comme la jeune femme cela ne devait pas être difficile de trouver de superbes coins à photographier. En tout cas, lui il avait déjà prit en photo la plupart des endroits qu'il avait visité. Et même des années plus tard, il voyait toujours des coins qui valaient la peine d'être pris en photo. Même s'il était très loin d'être aussi doué que la jeune femme qui se trouvait à ses côtés. A la question de cette dernière, Kaleb reposa son verre et acquiesça de la tête en jetant un œil à son ami pilote. « Bien sûr, je vais botter les fesses de Max. » Ce dernier sourit avant de répondre : « C'est ce que tu crois. » Le pilote se mit à rire. Maria fit cesser les hostilités en proposant les premiers apéritifs. Kal prit un Spritz et trinqua avec tout le monde. Puis il reposa à nouveau son attention sur sa voisine en l'observant un instant avant de dire, le plus sérieusement du monde. « Je suis déçu.... je croyais que tu étais venue pour m'encourager. » Il garda ses yeux sur elle avant de sourire. Il plaisantait. Elle était venue pour le boulot et faire un reportage, pas pour entrer dans son monde de brutes.
Ça faisait plusieurs années que nous ne nous étions pas vus. La présence de Kaleb à cette soirée était donc une bonne surprise. Je lui rendait son sourire. Nous venions de milieux très différents. Ce qui ne nous empêchait pas de nous apprécier. On avait tout de suite accroché. Mais notre relation avait parfois dépassé le stade de la simple amitié. Nous avions aussi été amants. Je n'avais pas oublié les nuits endiablées que nous avions passés ensemble. Je reposais mon verre de vin sur la table. Puis, à sa question, je répondais :
« Oui. Je fais un reportage sur ce beau pays. »
L’Italie regorgeait de paysage magnifiques et son patrimoine était riche. J'avais de quoi réaliser un bon reportage. J'étais contente du travail que j'avais déjà accompli. Je souriais de nouveau aux paroles du pilote. Il semblait être prêt pour le grand-prix à venir. Je jetais un coup d’œil à Max. Les deux hommes étaient donc rivaux sur le circuit et amis dans la vie. C'était une bonne chose que l'ambiance soit détendue entre eux. On ouvrait l’apéritif et je trinquais avec tout le monde. Je reportais mon regard sur le pilote, qui avait reprit la parole. J’esquissais un sourire.
« Tu sais que je ne rate jamais une occasion de t'encourager... »
Répondis-je, avec un air malicieux. Je gardais mes prunelles bleues sur lui et je reprenais quelques gorgées de vin. On se connaissait depuis assez longtemps pouvoir se permettre se genre de plaisanteries. C'était toujours comme ça entre nous. La distance et les années ne nous avaient pas fait perdre contact. A chaque fois qu'on se retrouvait, c'était un peu comme si on s'était vus la veille.
Kaleb prit une gorgée de son verre, gardant les yeux sur la jeune femme. C'était une sacrée surprise de la voir ici, un peu à l'autre bout du monde. Aux dernières nouvelles, il la pensait encore aux États-Unis. Mais le pilote connaissait l'envie de voyages de la jeune femme. Elle était comme lui. Et dès qu'elle pouvait partir, elle partait. Lui-même c'était ce qu'il faisait. Il avait déjà parcouru des kilomètres et des kilomètres pour ses voyages. Et il n'en avait jamais assez. C'était un véritable globe-trotteur. Et s'il n'avait pas été pilote, peut-être qu'il aurait pu être guide pour une chaîne de voyage. Ou alors comme c'était la mode en ce moment : tenir un blog de ses périples. Cela aurait sûrement fonctionné. Enfin, s'il avait fait ça, il n'aurait pas rencontré la brunette. Et cela aurait été dommage. « Super. Dommage que tu n 'as rien apporté. J'aurais bien aimé voir ce que tu avais pris en photo. Tu as été où exactement ? » Kaleb aimait l'Italie. Parce qu'il y passait beaucoup de temps avec son équipe, ses amis. Et aussi parce qu'il avait débuté avec une équipe italienne, alors forcément. Et puis, il avait grandi avec Max. il parlait un peu italien même s'il était loin d'être bilingue. L'anglais était la langue du championnat moto. Tout le monde s'y était mis avec plus ou moins de réussite. Mais Kaleb essayait toujours de dire quelques mots de la langue dans lequel il était. Parce qu'il trouvait que c'était quand même la moindre des choses. Et puis, ça plaisait au fans. Savoir qu'il prenait la peine d'apprendre à s'exprimer dans leurs langues respectives. Et puis lui, ça lui apprenait des choses. Il avait arrêté l'école à seize ans. Il n'avait pas fait d'études supérieures mais il était intelligent et il aimait apprendre. Puis aux paroles de Kara, il ne pouvait s'empêcher de sourire. « Ah bon ? Cela fait tellement longtemps que tu ne m'as pas encouragé, que j'ai oublié comment c'était. » Il avait dit ces mots sans la lâcher du regard. Les autres personnes autour de la table continuaient leur conversation avant d'accueillir les premiers plats qui arrivaient sur la table. Puis Kaleb redemanda, alors qu'il faisait passer les différents plats. « Tu restes longtemps ? » Il ne parlait pas seulement de la soirée mais aussi de son séjour. Lui-même restait jusqu'au début de la semaine prochaine. Ensuite il s'envolait pour l'Espagne.
Oui, j'étais une véritable vagabonde ! Je partais dès que cela était possible. Ces voyages c'était mon oxygène. Il y avait tant de choses à découvrir, visiter, photographier. Et puis en voyageant, on faisait aussi pas mal de rencontre. C'était intéressant de faire la connaissance de gens différents. J'avais beau aimer Chicago et être avec ma famille, je ne pouvais pas rester sans bouger. Je crois que je serais malheureuse le jour où je ne pourrais plus partir du tout. C'était un étrange hasard de croiser Kaleb ici. Mais je savais que le pilote avait aussi la bougeotte. Et puis, avec son métier, il était amené à parcourir les quatre coins du monde.
« Ouais j'ai pas pris l'appareil avec moi. Mais je pourrais toujours t'envoyer quelques photos, si tu veux. »
Je lui adressais un sourire et je poursuivais :
« Bien j'ai été à Reggio de calabre. Je me suis aussi aventurée dans les campagnes du sud de l'Italie. Il y a aussi de magnifiques paysages dans les endroits moins touristiques et ça serait dommage de ne montrer que les coins populaires. Ensuite je suis remonté vers Naples. Me voilà maintenant à Florence. »
Je m'étais organisée tout un périple. J'avais commencé par le sud de l'Italie pour remonter ensuite. Je n'avais pas eu le temps de m'ennuyer pendant mon voyage, même si j'étais seule. De toute façon, à moins d'emmener un autre passionné de photographie, j'imagine que mes accompagnants auraient fini par s'ennuyer. Je pouvais rester de longues heures au même endroit pour capter la bonne lumière, le bon moment. De nouveau, je souriais à ce que me disais Kaleb. Je gardais mes yeux dans les siens.
« Peut-être qu'il va falloir que je te rafraîchisse la mémoire, alors... »
Répondis-je, amusée. Je gardais mon attention sur lui un moment, mais les plats arrivaient sur la table. Je me servais lorsqu'on me tendais un plat, avant de faire passer.
« Je quitte Florence dans deux jours. Ça tombe quel jour le grand prix ? »
Kaleb observait la jeune femme quand cette dernière lui parla de ses photographies. Il acquiesça de la tête à sa proposition. « Avec plaisir. » Ouais, il appréciait son travail. Il avait déjà vu des clichés qu'elle avait prise et elle faisait du bon boulot. Elle avait l’œil pour trouver la bonne lumière, le bon angle. Tous les photographes n'avaient pas cet œil avisé, même les plus prisés. Ce qui n'était pas le cas de la jeune femme. Et il doutait que les années avaient changé quelque chose à son talent. « Une escapade chargée d'après ce que tu me dis. Mais tu as raison. C'est souvent hors des sentiers touristiques, qu'on voit les plus beaux coins. En même temps, c'est normal. Là où l'homme n'a pas encore mis les pieds, c'est toujours un peu plus beau. Après, ça devient « in », touristique au possible. Sans parler de la pollution, de l'impact de l'homme sur son environnement. » Bien que Kaleb adorait voyagé, il faisait toujours en sorte de ne pas avoir un impact trop important sur le monde qui l'entourait. Il ne jetait jamais rien ici ou là, il ne gaspillait pas les ressources. Bref, il pensait que c'était un peu l'obligation de chacun de faire attention à ce genre de chose. Il adorait les îles et il y passait pas mal de temps. Il voyait déjà les ravages du tourisme sur certaines zones et il trouvait ça dommage. Regrettable. Enfin, heureusement que les gens avaient de plus en plus une éthique écologique et que les prises de conscience se multipliaient ces dernières années. Tant mieux, parce que cela devenait urgent de faire quelque chose pour cette planète qui n'allait pas rester « bleue » très longtemps si les choses continuaient ainsi. Puis à la proposition détournée de la jeune femme, Kaleb reporta son attention sur elle. « Peut-être oui... » Il garda ses yeux sur elle avant qu'ils ne soient un peu dérangés par l'arrivée des plats. « Demain, demain après midi. » Répondait-il quand elle le questionna sur le Grand-Prix auquel il allait participer avec Max. Le pilote prit assez de nourriture pour remplir son assiette avant d'en prendre une bouchée. Le repas continua jusqu'à ce que les convives se dispersent ici et là. « Partante pour une balade près de la côte ? » Ils venaient de finir de manger et une balade digestive leur ferait le plus grand bien. Et plus, il faisait bon et ils étalent près d'un lac, sans trop de personnes. Kaleb avait salué Max et sa famille avant de s'éloigner avec Kara. « Dommage de ne pas avoir prit ton appareil, regarde le paysage. » Devant eux, le soleil se couchait et donnait une teinte jaunâtre orangé à l'horizon. Les proches nuages zébraient un peu le début de l'horizon.
« Oui. C'est vrai que j'ai un programme chargé. Au moins, je n'ai pas le temps de m'ennuyer. »
J'aimais bouger. Mes voyages étaient riches en activités. Je n'aimais pas ne rien faire. Ce n'était pas moi qui irait jouer les limaces sur la plage. J'avais soif de découverte et je préférais aller visiter des lieux, des villes, plutôt que de restée allongée sur une chaise longue. J'étais très nulle pour me détendre et ne rien à faire d'autre. J'étais quelqu'un qui m'ennuyais très vite, alors fallait que ça bouge ! Je hochais la tête aux paroles de Kaleb. Il avait raison. Les lieux les moins fréquentés étaient souvent les plus beaux. C'était en s'aventurant hors des sentiers qu'on découvrait les plus beaux paysages. Je souriais et j'ajoutais :
« Oh ne me lance pas sur le sujet. Je pourrais te faire tout un monologue sur l'être humain qui détruit absolument tout ce qu'il touche. Je crois qu'on est ce qu'il y a de plus nocif pour notre planète. »
Il n'y avait qu'à voir comment l'homme ravageait la planète depuis des années. On ne faisait que polluer et détruire notre environnement. Certains commençaient à prendre conscience des choses, mais ce n'était pas le cas de tous. Beaucoup de gens étaient trop préoccupés par leur petit confort pour s'intéresser une seule seconde à l’environnement. Pourtant, on vivait sur cette terre et si on ne faisait pas plus attention, d'ici quelques générations, plus personne ne pourrait y vivre. Je n'étais pas une militante écologiste, mais j'essayais de faire attention à mon degré.
Le repas se terminait et j'acceptais d'aller faire un tour avec Kaleb. Je saluais mon amie qui m'adressait un grand sourire et je connaissais cette lueur de son regard. Elle me voyait partir avec Kaleb et semblait en être toute fière. La jeune femme savait que j'étais célibataire et c'était tout à fait son genre d'arranger des rencontres. Mais je connaissais déjà Kaleb, alors ce n'étais pas le cas ce soir. Bref. Ça me faisait rire. Je m'éloignais avec Kaleb et on arrivait près du lac. C'était calme. Il n'y avait personne d'autre que nous. Le soleil se couchait et la couleur du ciel était magnifique.
« Et dire que je le prends toujours d'habitude. Mais je me suis dit que j'en aurais pas besoin pour un repas entre amis. »
Je sortais très rarement sans mon appareil photo et je regrettais de ne pas l'avoir emmené ce soir. J'aurais eu un sublime couché de soleil à immortaliser.
« Tu sais, je crois que Maria et Carla on voulu nous arranger un coup... j'ai bien vu son grand sourire avant qu'on s'éloigne...»
Je souriais parce que ça me faisait plus rire qu'autre choses. Les deux sœurs avaient voulu jouer les entremetteuses. Ce qu'elles ignoraient, c'est que Kaleb et moi nous connaissions déjà et qu'on avait été amants. Enfin si on peut appeler ça comme ça.
Sur bien des points, Kara et le pilote se ressemblaient. Ils aimaient voyager, vivre le moment présent, sans faire projet à long terme. Juste se faire porter par les pas qui les menaient d'une direction à une autre. C'était peut-être pour cette raison qu'ils s'entendaient bien. Ils avaient un peu la même vision de la vie. Et c'était agréable. En plus, ils avaient cette passion commune des voyages. Bien que Kaleb partait très souvent, il ne pensait pas toujours prendre un appareil photo avec lui. Ce qui était différent de la jeune femme. Kara prenait des clichés de tout et tout le temps. Donc, elle pouvait lui montrer où elle avait été et lui faire découvrir des coins qu'il ne connaissait pas ou inversement. Alors oui, il était plutôt intéressé pour voir ses clichés. Kaleb a toujours aimé la photo. Même s'il n'avait rien d'un pro. Il prenait des clichés c'est tout. Mais il aimait bien. Enfin, quand il n'oubliait pas l'appareil dans un sac ou dans une chambre d'hôtel. Mais Kara avait toujours le réflexe. En même temps, c'était son travail. Elle était née pour ça. D’ailleurs, il lui sembla que c'était de famille, parce que son frère était aussi dans la profession ou un truc qui s'y rapprochait. Enfin, pour l'instant, ils s'étaient tous les deux éloignés du restaurant après avoir salué tout le monde. Un fin sourire s'afficha sur les lèvres de Kaleb quand Kara lui parla de l'empreinte de l'Homme sur la nature. Il n'était pas nécessaire de le convaincre sur ce point. Il en était conscient. Même si avec son boulot, il devait faire amende honorable. Lui, il était de ceux qui pollué. Mais en même temps, c'était sa façon de vivre. Et il n'y avait que sur circuit qu'il mettait en peril le climat. En temps normal, il faisait plutôt attention à tout ça. Même s'il était loin d'être un fervent écolo. Il n'avait pas toujours les bons réflexes. Mais le pilote ne pensait pas être le pire des hommes à ce niveau. « Je confirme et tu n'as pas à me convaincre. J'en suis conscient. Même si je fais parti des polluants. J'essaie de réduire ça comme je peux. » Alors qu'il marchait à ses côtés, Kara avait reprit la parole. Et oui, elle n'avait pas pris son appareil. Ce qui était un peu dommage. Même s'il imaginait sans mal qu'elle avait déjà pris en photographie, un millier de couchés de soleil. Puis il ne pouvait s'empêcher de rire aux paroles de la jeune femme. « Je sais. » Un sourire resta affiché sur ses lèvres. « Maria m'a donné deux ou trois coups de pieds sous la table, pendant le repas. » L'italienne savait très bien y faire. Et quand elle avait une idée derrière la tête, il était difficile d'en faire changer d'avis ou d'objectif. Et Kaleb avait déjà essayé. Ce n'était pas la première fois que la femme de Max voulait le caser avec l'une de ses amis. Il ne comptait même plus. D'ailleurs, ce soir il avait été étonné de voir une chambre vide à côté de lui. Jusqu'à ce que l'américaine n'entre dans le restaurant. « Je dois avoir des gros bleus maintenant. » Plaisantait-il. Enfin dans une certaine mesure. Maria n'avait pas été très douce. En même temps, c'était son caractère : tout feu tout flamme. C'est Max qui ne devait pas s'ennuyer avec elle. Mais c'était un femme extra. Et il ne s'étonnait pas de voir son ami s'assagir à ses côtés. La passion de la moto avait fait place à une autre passion pour l'italien. Il avait fondé sa famille et il avait trouvé d'autres aspirations à sa vie, en dehors du sport à deux roues. Ce qui n'était pas pareil pour Kaleb. Il était célibataire par choix. Et ça, il l'avait déjà dit et redit à Maria. Il ne voulait rien de sérieux. Et puis, pour que cela se termine comme ses parents non merci. L'amour ce n'était pas pour lui. Ça rendait les gens cons et niais. Et il ne voulait pas être de ceux-là. Quant à Kara, il lui semblait également qu'elle n'envisageait rien de sérieux avec quiconque. Son père était un con d'après les petites confidences qu'elle lui avait fait. Forcément, cela ne donnait pas trop envie de se caser. Et donc, sur ce point, les deux jeunes gens se ressemblaient. « Elle n'a pas de chance. Elle est tombée sur les deux personnes les plus réfractaires à la vie de couple. » Un sourire cynique se dessina sur ses lèvres. Pour lui, sa liberté était une chose primordiale dont il ne voulait pas se passer. Il aimait trop sa vie comme elle l'était pour vouloir en changer. C'était peut-être égoïste, mais il ne laissait jamais à ses conquêtes l'espoir d'y croire. Il était toujours très clair dès le départ.
Aux paroles du pilote, un nouveau sourire s'affichait sur mes lèvres. Les italiens ont la réputation d'avoir un sacré caractère et Maria semblait vouloir a tout prix nous « caser ». Je prenais ça à la rigolade. Ce n'était pas la première fois que quelqu'un voulait m'arranger le coup avec un homme. J'avais des amies qui aimait faire ça aussi. J'avais beau leur dire que je n'aimais pas les rencontres arrangées et que je vivais bien mon célibat, elles ne voulaient rien entendre. La plupart des gens semblent croire qu'on ne peut trouver le bonheur que dans le couple. Beaucoup voient le célibat comme une fatalité. Quoi que les mentalités commençaient à changer. Les célibataires étaient de plus en plus nombreux et il y avait pas mal de gens qui vivaient ça bien. J'en faisais parti. Je n'étais pas malheureuse de ne pas avoir d'homme à mes côtés. Au moins, j'avais ma liberté et j'évitais les souffrances inutiles. Quand je voyais la relation de mes parents ça ne donnait franchement pas envie. J'étais épanouie dans mon travail, j'avais mon frère, mes sœurs et de bons amis. Ça suffisait à mon bonheur. J'avais eu des relations, bien sûr, mais elles ne duraient jamais bien longtemps et n'étais pas très sérieuses. Je ne m'étais jamais projeté avec quelqu'un. Je ne faisais pas de projets. Kaleb avait un peu la même vision des choses que moi. Il ne voulait pas se poser avec quelqu'un. C'était sans doute pour ça que notre « relation » avait fonctionné. Les choses avaient été claires dès le début. On prenait du bon temps ensemble et ça n'allait pas plus loin. Aucun de nous n'avait envie d'une véritable relation amoureuse.
« Ouais... Je me demande pourquoi beaucoup de gens pensent que le but de la vie est de trouver l'amour. »
Je prononçais le mot « amour » avec un air niais exagéré et je laissais échapper un soupire, avant de rire. Je pensais qu'il y avait beaucoup mieux à faire que de chercher « l'âme sœur ». Mais certaines personnes ne savaient pas vivre sans quelqu'un à leur côté. J'avais du mal à le comprendre, même si je ne jugeais personne. Pour moi, chacun était libre de vivre sa vie comme il l'entendait. Le plus important était d'être en accord avec soi même et de mener une vie épanouissante. Peut importe ce qui la constituait. Certains trouveraient le bonheur dans une relation amoureuse, d'autres au travail ou dans la famille. Enfin bref. Je reposais mes prunelles bleues sur Kaleb et je reprenais la parole :
« Et alors, c'est quoi ton programme après le grand-prix de demain ? »
J'imaginais que d'autres compétitions pouvaient se profiler à l'horizon. Kaleb était quelqu'un de toujours très occupé. Il faut dire qu'il était devenu une véritable célébrité dans le domaine.
Oui ils s'entendaient bien par leur vision semblable de la vie. Kaleb ne vivait que pour sa passion et c'était tout ce qui comptait pour lui. Cela faisait des années qu'il n'était plus trop en contact avec sa famille. Il ne rentrait en Australie que quelques jours par an et encore. On ne pouvait pas dire qu'il était proche des siens. Parce qu'il avait quitté son pays à seize ans afin de passer professionnel. Et depuis, il vivait de la moto en faisant chaque année le tour du monde avec les différents Grand-Prix du championnat. Même si c'était triste à dire, Kaleb se sentait davantage proche de son équipe, que de sa famille. Parce que sa vie s'était faite ainsi. Il était parti seul, il s'était construit seul et s'était surtout concentré sur son boulot. Parce qu'il voulait être le meilleur. Et il y était parvenu à force d'acharnement et de travail. Il avait été blessé à de nombreuses reprises. Il ne comptait plus les chutes en courses. Même si ces dernières devenaient de moins en moins nombreuses. Cela n'avait pas été le cas à ses débuts. On pouvait même dire qu'il s'était quasiment cassé tous les os du corps. Malgré ça, il se relevait à chaque fois. Et maintenant, il avait réussi à obtenir plusieurs titres mondiaux. Son travail était reconnu. Et par chance, Kal prenait autant de plaisir à piloter qu'à ses débuts. Il avait toujours cette même passion qui l'animait. Il vivait un rêve éveillé. Il faisait ce qu'il aimait et il était payé gracieusement pour le faire. Comment pouvait-il vouloir autre chose de sa vie ? Quand il était pleinement heureux avec ce qu'il avait entre les mains ? Et pour Kara c'était pareil. Elle vivait également de sa passion. Et s'il y avait quelqu'un pour le comprendre, c'était bien elle. Le bonheur, il le trouvait autrement qu'en cherchant l'âme sœur. En même temps, Kal n'y croyait pas trop. Pour lui, l'amour c'était une utopie. Un jour ou l'autre, elle perdait de sa saveur. En même temps avec la relation conflictuelle avec ses parents, leur divorce, le pilote ne croyait pas à l'amour et à toutes ces conneries. « Je voudrais bien le savoir aussi. » En même temps, s'il trouvait leur bonheur comme ça. Il n'allait pas leur jeter la pierre. Il voyait bien que Max était fou de sa femme. Et c'était bien pour ça qu'il avait levé le pieds sur les circuits. Kaleb ne savait pas s'il serait capable de faire ça pour une femme. Il ne le faisait déjà pas pour sa mère, qui était morte d'inquiétude à chaque fois qu'il participait à un Grand-Prix. Alors il trouvait tout ça, un peu surréaliste.
Ils marchaient tranquillement le long de la côte quand la jeune femme reprit la parole. « Fêter ma victoire ? » Il esquissa un sourire. Kara savait qu'il était très sûr de lui. Et il ne doutait pas qu'il allait remporté une victoire. Bon même s'il disait surtout ça pour rigoler. Il reprit alors, en reportant son regard sur elle. « Je retourne à New York. J'ai un shooting à faire pour un de mes sponsors. Et j'ai aussi une émission à enregistrer. Et ensuite, retour en Catalogne pour les essais du prochain Grand-Prix. » On ne pouvait pas dire que le pilote avait un planning allégé. Et cela ne s'arrangeait pas d'année en année. Il n'y avait pas que sur les circuits qu'il dépassait les trois-cent kilomètres. C'était également le cas dans sa vie de tous les jours. « Et toi ? Tu retournes chez toi ? Ou tu comptes reprendre ton périple ? »
« Je vois que tu ne manque toujours pas de confiance en toi. Fais attention à ne pas tomber en atterrissant. »
Je le taquinais. Le Kaleb que je connaissais était sûr de lui. Je ne l’avais jamais vu douter de ses capacités. C’était plutôt une bonne chose. Il fallait croire en soi pour réussir, n’est-ce pas ? Il était évident que des personnes sûres d’elles réussissaient mieux que des gens avec un manque de confiance. Quelqu’un qui est sûr de lui n’aura peur de rien. Évidement, cela pouvait aussi comporter ses risques. On pouvait parfois tomber de haut et finir par être déçu.
« J’espère que je suis invitée à la fête en tout cas. »
Je souriais. Je ne connaissais vraiment pas grand-chose à la course de moto. Tout ce que je savais, c’est que Kal était doué dans son domaine. Il était un véritable champion. Je croyais en sa victoire. Je restais dans le coin encore deux jours. Son grand-prix était demain, alors je serais encore là pour fêter sa victoire comme il le fallait.
« Tu as un shooting à faire et c’est même pas moi la photographe ! Je suis tellement déçue. Je me serais fait un plaisir de te prendre en photo... »
Dis-je pour plaisanter. Quoi que Kaleb était un bel homme. J’étais sûre qu’il crevait l’objectif avec son regard à tomber et son charmant sourire. Enfin bref. J’ajoutais :
« Eh ben, ton programme est chargé. Une vraie star ! »
Même si je savais que ce n’était pas ce qu’il préférait. Kaleb était passionné par la course. Je ne me sentais jamais aussi bien que lorsque je m’adonnais à ma passion. J’imaginais que c’était pareil pour lui, lorsqu’il était sur sa moto.
« Je rentre chez moi. Je ne veux pas rester éloignée de ma famille trop longtemps. Et puis, j’ai quelques contrats sur Chicago. »
Je ne pouvais pas toujours être en vadrouille et puis, j’étais très attachée à ma famille. Je ne pouvais pas en rester éloigner trop longtemps. Les voyages me plaisaient énormément. Mais j’aimais aussi le moment où j’allais retrouver les miens. J’étais habituée à me partager entre ma famille, mon métier et mes envies d’évasion.
« Il n'y a que les gens qui n'ont pas confiance en eux qui ont peur de la chute. » Répondait-il fièrement aux premières paroles de la jeune femme. Kaleb n'en manquait pas. Il savait ce dont il était capable. Il n'était pas arrivé à ce niveau par un coup du sort ou par une quelconque chance. Non, c'était à force de travail, de détermination, de confiance en soi. Il savait qu'il pouvait réussir. Il le savait très bien. Et il avait tout pour y parvenir, sans compter une solide équipe, une seconde famille qui l'épaulait depuis des années. Cela l'aidait si besoin, a être serein sur ce qui lui arrivait. Il croyait en lui, ce n'était un secret pour personne. Toutes les personnes qui le côtoyaient, étaient d'accord pour lui admettre cette qualité. Puis aux paroles suivantes de Kara, Kaleb posa ses yeux bleus sur elle. « Bien sûr que tu es invitée. » C'était la première fois que la jeune femme côtoyait son « milieu ». Ils s'étaient toujours vu en dehors de la course. Et c'était peut-être pour ça qu'il avait été un peu plus disponible qu'en temps normal. Et que leur amitié était née. Parce que dans sa bulle, il avait du mal à s'ouvrir aux autres, seule sa moto comptait, ses discussions avec ses ingénieurs, ses tours de piste, son temps. Alors ce n'était pas plus mal que leurs chemins se soient croisés ailleurs. « Je pourrais faire un shooting pour toi toute seule, si tu veux. » Lançait-il avec un ton amusé et charmeur à la fois. C'était si facile avec elle, de retomber dans ce jeu de séduction. Kara était belle, il ne pouvait pas le nier. Et il y avait cette alchimie entre eux. Et que dire quand ils étaient dans un lit... Il avait gardé ses yeux sur elle avant de reprendre la parole. « La fin du championnat arrive à grand pas. Mes sponsors me pressent pour faire le plus d'apparition possible. C'est la rançon de la gloire. » Il avait dit ces derniers mots sur le ton de la plaisanterie même si techniquement c'était bien le cas. Mais bon, depuis le temps qu'il faisait ça. Il avait l'habitude. Il partageait son temps entre son sport, ses sponsors et ses quelques rares moments de liberté comme ce soir-là. « Je suis content que ça marche bien pour toi. Tu fais du bon boulot avec un appareil photo. » Et il était sincère. Il avait déjà vu son travail et il savait de quoi elle était capable. Et puis, Kaleb savait que contrairement à lui, la famille tenait une grande place dans sa vie. Alors elle essayait de rentrer régulièrement chez elle. Ce que lui, ne faisait jamais. Sa maison, c'était les États-Unis. Il avait l'impression que cela faisait une éternité qu'il n'avait pas mis les pieds à Brisbane. Et c'était presque le cas. Puis Kaleb s'arrêta de marcher. « Je te raccompagne à ton hôtel ? »
Je n'avais jamais eu l'occasion de me mêler à l'ambiance des courses. Mais j'étais dans le coin pour encore quelques jours et je comptais bien en profiter ! Je connaissais surtout Kaleb en tant que personne et non comme le célèbre pilote qu'il était. Ça me faisait toujours bizarre quand j'entendais parler de Kal aux informations et de ses exploits lors des courses. J'oubliais parfois qu'il était quelqu'un de célèbre, reconnu à travers le monde. Pour moi, il était juste Kaleb, mon ami... et un peu plus que ça certaines nuits.
« Tu ne devrais pas me faire ce genre de proposition... parce que je vais être très très déçue si finalement, tu ne m'accordes pas ce shooting. »
J'affichais un sourire amusé. Je ne savais plus depuis combien de temps on ne s'était pas vus. Mais les choses restais inchangées. On passait de longues périodes sans se voir et quand on se retrouvait, c'était un peu comme si on s'était vus la veille. Il y avait toujours eu un jeu de séduction entre nous et il reprenait à chaque fois qu'on se revoyait. C'était facile de se laisser séduire par Kal. Il avait beaucoup de charisme et puis, il faut avouer qu'il était physiquement très attirant. D'ailleurs, j'étais sans doute incapable de résister à cette attraction physique. J'avais bien souvent fini la soirée dans le même lit que lui.
« Merci. Je suis contente aussi que ça fonctionne, car je ne me vois pas faire autre chose de ma vie. C'est le domaine que je maîtrise le mieux et dans lequel j'ai le plus de talent. C'est sûr que c'est un métier parfois incertain, mais ça me plaît. »
En tant qu'indépendante, je vivais souvent dans l'imprévu et je touchais rarement le même salaire à la fin du mois. Mais je me débrouillais plutôt bien pour l'instant. J'arrivais à gérer mon budget et a gagner suffisamment pour m'assurer un niveau de vie correct. J'étais loin de la fortune que pouvais gagner Kal, mais ça m'allait comme ça. Je m'étais toujours contenté de peu de choses.
« Je veux bien. C'est un peu dangereux pour une fille de se balader toute seule la nuit. »
Répondis-je avec ironie. Je n'étais pas vraiment le genre de fille à être parano et apeurée à l'idée de sortir la nuit toute seule. J'étais plutôt une aventurière. Je n'avais pas peur de sortir toute seule le soir, ni de m'aventurer dans des pays étrangers sans personne a mes côtés. On se mettait en chemin en direction de mon hôtel.
L’hôtel n'était pas très loin du restaurant et en quelques minutes, nous étions arrivés en bas de l'immeuble. C'était un petit hôtel modeste. Rien de très luxueux, mais il y avait tout le confort nécessaire. Je jetais un coup d’œil vers le hall d'entrée et je reportais mon attention sur Kaleb.
« Tu viens ? »
Lui demandais-je, sourire aux lèvres, l'invitant ainsi à monter avec moi dans la chambre.
Un sourire franchissait les lèvres du pilote aux propos de Kara sur le shooting. Cela l'amusait, cette proposition. Et puis ce n'était pas comme si la jeune femme ne l'avait jamais vu nu. Il ne comptait pas les fois où ils avaient partagé le même lit. Et c'étaient toujours des souvenirs agréables pour Kaleb. Et il savait que c'était la même chose pour elle. Alors ils n'avaient pas à prétexter une séance photo pour se retrouver l'un contre l'autre. Ils s'étaient toujours très bien entendu sur ce plan. « Et je ne voudrais pas te décevoir tu le sais. » Répondait le pilote en jetant un œil à la jeune femme alors qu'ils continuaient de marcher le long de la côte. Il longeait le bord de mer où plusieurs restaurants et bars étaient ouverts. Ils pouvaient entendre les éclats de voix, la musique et voir les lumières des différents intérieurs. Puis il acquiesça de la tête quand Kara parla de son métier. Voilà pourquoi ils s'entendaient bien ! Ils avaient la même vision de leur métier, de leur passion. Et Kara plus que quiconque, pouvait comprendre ce que pouvait ressentir Kaleb. « On croirai m'entendre parler. » Et c'est vrai que le pilote pourrait dire ces mots qu'elle venait de prononcer. « J'ai l'impression que je ne suis doué que pour une chose dans la vie. » Le métier de Kaleb n'était pas incertain comme pouvait l'être parfois celui de la jeune femme. Parce qu'il avait la sécurité de l'emploi, avec un contrat en béton et un salaire qui se chiffrait en dizaines de millions par an. Mais il était quand même « incertain », dans la mesure où Kaleb risquait quand même sa vie à chaque course, à chaque fois qu'il montait sur sa moto pour arpenter les différents circuits du championnat. Kaleb avait accepté ça. Parce qu'il ne se voyait pas faire autre chose, comme Kara. « Mais faire ce qu'on aime faire, c'est ce qui peut nous arriver de mieux dans la vie. » Il aurait détesté faire un boulot alimentaire. Ne pas être passionné par ce qu'il faisait au quotidien. « Même si quand j'étais gosse, j'étais loin de penser qu'un jour, j'arriverai à vivre de la moto. Pour moi, c'était un rêve de gosse. » Ouais et encore maintenant, quand Kaleb en parlait, il avait les yeux brillants d'excitation. « Et tu sais quoi, et bien même si on ne m'avait pas payé pour le faire, je l'aurais fait gratuitement. » Ouais, il aurait été capable de bosser à côté pour pouvoir s'offrir du temps sur une moto sans en être rémunéré. Par chance, un manager, ancien pilote avait cru en lui. Il avait été son mentor. Et après quelques mois de « prise en charge », de courses, et de victoires, il avait attiré ses premiers sponsors. Il avait alors tout juste quatorze ans. Et pour lui, c'était un rêve qui se réalisait. Quand il avait compris qu'il allait passer pro, il avait eu du mal à le croire. Ce n'est seulement à la signature du contrat, en voyant son premier salaire en chiffre écrit là, noir sur blanc, qu'il s'était dit qu'il y était enfin arrivé. Depuis Kaleb était professionnel. Mais plus que tout, il prenait toujours autant plaisir à faire ce qu'il faisait. Et c'était peut-être ça, la clef de sa réussite. Les deux jeunes gens étaient finalement arrivés depuis l'hôtel de la jeune femme. Kaleb s'était arrêté alors qu'elle s'apprêtait à entrer dans le bâtiment du plus pur style italien. A la question de Kara, il resta immobile un instant, les mains dans les poches. Il ne lui avait pas proposé de la raccompagner pour monter dans sa chambre. Mais l'idée lui plaisait. Un fin sourire s'afficha sur ses lèvres alors qu'il la suivait finalement jusqu'à l'étage de la jeune femme.
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