C’est mon devoir en tant que grand-frère autoproclamé de discuter avec lui, de le comprendre, d’avoir de la patience, et de le faire évoluer pour qu’il abandonne ces angoisses qui lui bouffent constamment la vie. Je suppose que son grand-frère biologique joue parfois le même rôle. Pourtant, je ne suis pas vraiment le mieux placé pour donner des conseils, étant donné que je n’applique pas certains des principes que je lui explique. Néanmoins, j’ai une vision de la vie bien moins idéaliste que lui, ne serait-ce que de façon inconsciente. Il a toujours été naïf, innocent, c’est sa beauté, son être, mais peut parfois devenir un défaut encombrant. J’ai parfaitement conscience qu’il ne changera pas du jour au lendemain, cependant, entre sa psy et moi, il a de quoi réfléchir. D’ailleurs, cette dernière doit faire un bon travail, car, de manière générale, je le sens mieux dans sa peau. Ou alors c’est qu’il a développé de meilleures techniques pour cacher son mal être, mais le connaissant, j’en doute.
La suite est moins pesante. Ce que nous nous sommes dit reste dans nos mémoires sans pour autant entraver notre joie d’être ensemble qui revient au grand galop. Nous nous retrouvons au bowling et, après un temps d’attente empli d’incertitude, le patron vient à notre rencontre avec son employé et nous accueille très chaleureusement. Pendant ce temps de latence, nous (j’ai) convenu que nous irions ensuite manger des crêpes, car le sport ça creuse. Et Nathan ne s’étonne guère de cette réponse. Mais tout d’abord nous voilà à nous préparer pour le bowling ; nous nous sommes vu attribuer une piste en bout de rangée, ce qui nous assure une certaine tranquillité.
J’ai l’honneur de commencer. Nathan a ainsi un peu plus de temps pour se préparer, je suppose qu’il a déjà une idée de comment procéder, reste à savoir si cela sera concluant. Je ne m’en sors pas trop mal, pour un premier lancer à froid. Puis j’observe mon meilleur ami se débrouiller pour s’approcher de la limite de la piste avec la boule sur les genoux. Sans grand élan, il ne lance pas très fort, mais réussi quand même à faire tomber des quilles, sa boule ne déviant pas. Au fur et à mesure de la partie, Nath’ prend de plus en plus d’assurance, et ses progrès sont vraiment flagrants. Il réussit même un strike, ce que je lui propose de fêter en payant la crêpe de tout à l’heure. Avantagé par mes deux jambes et par mon expérience, je gagne la partie, mais mon score n’est pas des plus incroyables. Nous nous sommes bien amusés, et je félicite sincèrement Nathan – ne reproduisant pas mon erreur de tout à l’heure –, car je sais aussi que ce n’est pas évidant pour lui. Quelques fous rire resteront mémorables.
Mon meilleur ami propose de refaire une partie retour, ce que j’accepte avec plaisir. Je vais chercher quelques boissons et trucs à grignoter, car nous avons tous les deux un petit creux qu’il faut combler pour que nous puissions jouer correctement. Pendant ce temps Nathan s’occupe de payer une deuxième partie. Je reviens le premier à notre piste, et dépose notre commande sur la petite table basse au milieu de la banquette en demi-cercle appartenant à notre emplacement. Il revient peu de temps après, m’informant que tout était réglé et qu’il s’était trouvé un partenaire. Je lève alors les yeux vers un inconnu en fauteuil roulant, qui doit avoir à peu près notre âge. Nahtan le présente comme le neveu du directeur, Misha, et glisse qu’il fait partie de l’équipe de Brisbane. Je lui souris, hochant une fois la tête avec un « salut » franc, avant de perdre toute joie lorsque mon meilleur ami me présente sous des termes moins élogieux.
— Hé ! Meilleur ami j’suis d’accord mais je suis pas mauvais perdant. Pas toujours, rétorquais-je avec une moue légèrement boudeuse, avant de sortir de mon jeu d’acteur et de rigoler franchement. Bon j’ai peu de chances de gagner si tu joues avec lui.
— Je prévois juste de lui montrer deux-trois trucs, t’inquiète pas, répondit le jeune homme en souriant franchement.
J’hoche la tête, quelque peu rassuré, puis regarde Nathan avec un sourire en coin.
— C’est vrai qu’on a pas été très glorieux, mais il a quand même réussi à tomber de son fauteuil...
Je ricane un peu puis, le voyant rougir et me fusiller du regard, je change totalement de sujet en leur présentant d’un geste de la main mes achats. J’invite Misha à se servir aussi, tandis que je m’empare d’un twix. Il me remercie, après avoir bien rit et avoué que lui aussi il lui était arrivé de tomber au début, mais m’assure que pour le moment il n’a pas faim, mais qu’il craquera sans doute plus tard. J’acquiesce, puis vais entrer les noms dans la machine. Ce faisant, m’adresse à Nathan :
— Allez, à toi de commencer Nath’ ! Les femmes d’abord, soufflais-je avec un sourire taquin et rieur.
"That one moment when you know you're not a sad story, you're alive"
Life is a rollercoaster ride and I don't intend to be the one screaming and hanging on for dear life- L.L
Les paroles de Myrddin ne seront pas oubliées de si tôt. En fait, je sais qu'elles me resteront en mémoires assez longtemps pour que je puisse y réfléchir encore demain, à tête reposée. Mais malgré tout, elles n'entravent pas notre bonne humeur et notre joie d'être ensemble sur cette piste de bowling. Nous parvenons à mettre nos différents de côté et jouons joyeusement. Myrddin me bats, évidement. C'est normal, je n'ai jamais été bon au bowling, encore moins en fauteuil roulant. Le point de vu change tellement, c’en est hallucinant. Et pourtant je ne résiste pas au fait de vouloir tenter une revanche. Ainsi donc, tandis que Myrddin va chercher des boissons et d'autre snack pour palier notre petit creux, je vais, de mon côté, payer pour une deuxième partie.
Et je ne reviens pas seul ! En chemin, j'ai croisé Misha, le fils du directeur qui fait partie de l'équipe de Bowling de Brisbane. J'ai discuté avec lui puis je lui ai proposé de venir se présenter à Myrddin. Et c'est là que nous sommes actuellement. Je fais les rapides présentations moi-même, et souris légèrement à la remarque de mon meilleur en roulant des yeux. J'hoche la tête lorsque Misha annonce que nous ne feront pas équipe mais qu'il veut juste me montrer deux ou trois petits truc. Le sourire malicieux que Myrddin affiche par la suite n'est pas prometteur du tout. Au contraire. Il avoue à Misha que ma prestation n'a pas été glorieuse vu que je suis tombé de mon fauteuil. Je le fusille du regard et ouvre la bouche pour répondre, mais Misha prend ma défense -de manière détournée...- en disant que ça lui est aussi arrivé régulièrement au début. Je regarde Myrddin et hoche la tête d'un air entendu.
« T'as vu ? Eh puis j'te rappelle que toi aussi t'es presque tombé et t'es sur tes deux pieds » l'attaquais-je avec humour avant de lui faire un clin d’œil et me tourner vers Misha. «Tu fais la partie avec nous ? » Il n'hésite pas longtemps avant d'accepter et Myrddin s'en va entrer nos noms dans la machine. Puis, me regardant, il me dit de commencer en précisant 'honneur aux femmes'. Je me tourne vers lui, le fixe quelques instants puis grimaces «C'était bas ça. Très bas » grommelais-je, sans pour autant me vexer avant de me tourner vers Misha « Je t'écoute»
Il secoue la tête et m'indique de jouer moi-même, voulant d'abord m'observer pour voir comment je me débrouille et pouvoir corriger par la suite. Et sûrement ne veut-il pas non plus me donner d'avantage en faisant une démonstration sur mon compte et en me donnant des points. Je joue donc comme j'ai l'habitude de le faire et parvient à renverser 6 quilles. Pas très fameux, mais c'est déjà ça. Myrddin se débrouille un peu mieux. Et lorsque vient le tour de Misha, il m'indique de venir le rejoindre et de l'observer une première fois. A son deuxième lancé, il m'explique plus en détails les différentes technique, encore plus lorsque c'est à nouveau à mon tour de jouer. Là il corrige ma position, me donnes des indications comment bien tenir la boule, me pencher en sécurité. Et au final, je parviens à faire un spar.
Chance du débutant ? Sans doute. Car autant les quatre lancés suivant sont plutôt bon, autant la moitié de tous les autre se finissent dans la gouttière. Misha nous devance, Myrddin et moi, avec un nombre incalculable de points, nous mettant une sacré raclée et la honte de notre vie. Enfin cela dit, il joue presque tous les jours, donc il a l'habitude et il s'y connaît bien donc ça ne sert à rien que nous nous comparons à lui. Myrddin, à nouveau, me devance. Mais seulement de 6 points, ce qui est déjà presque un exploit à mes yeux. Enfin peu importe.
Je remercie chaleureusement Misha lorsque celui-ci nous quittes. Myrddin va rangé nos verres et les papiers des snack, puis me rejoint à nouveau et nous sortons du bowling. «C'était cool! » dis-je avec entrain en levant mon regard sur mon meilleur ami «On la mérite notre crêpe du coup, non ? Pour que nous puissions nous remettre plus rapidement de la honte que Misha nous a infligé » dis-je en rigolant doucement «Et après la crêpe on fais quoi ? On rentre ou ça te dis qu'on se fasse un ciné ? » demandais-je avec un coup d’œil vers ma montre il est 18h, on a encore deux heures devant nous » je souris et m'immobilise au bord de la route, attendant que le feux passe au courge et que Myrddin me réponde.
Après une première partie que j’ai largement remportée, seulement à cause du fait que Nathan soit un pur novice en la matière, nous décidons d’en refaire une. Tant que nous sommes là, autant en profiter. Pour ma part, je vais chercher quelques petites choses à grignoter – le karting et le bowling, ça creuse – ainsi que quelques boissons. Je reviens en premier sur notre piste, mais je suis rapidement rejoint par Nathan, accompagné d’un jeune homme de notre âge. J’apprends qu’il s’agit de Misha, le neveu du patron et, qu’il a bien voulu montrer quelques techniques à Nathan. Jouer en fauteuil demande plus de technique que lorsque l’on est debout sur ses jambes. Le courant passe bien, et je nous inscris tous les trois, en m’assurant que Nathan commence cette partie. Je lui offre un sourire en coin en me montrant galant envers la gente féminine, et un peu boudeur pour la forme, il me rétorque que c’était bas comme geste. Je rigole légèrement, puis vais m’assoir sur l’une des banquettes en attendant mon tour.
J’observe les deux garçons en fauteuil. Misha refuse alors de montrer tout de suite à Nathan la façon de faire, voulant d’abord le voir se débrouiller. Nathan ne réussit pas très bien son lancer, mais au moins ne termine-t-il pas sa course dans la gouttière. Vint alors mon tour de jouer ; comme Nath’, ce n’est pas du grand niveau, mais je fais tomber une bonne partie des quilles. C’est alors que Misha s’avance sur la piste, et demande à mon ami de s’approcher pour pouvoir lui montrer les bases. Je joue tranquillement, et leur laisse tout le temps qu’il faut pour les explications. Finalement, Nathan réussit un spar sans difficultés. La suite de la partie se déroule un peu comme prévu. Misha nous devance aisément, je suis deuxième avec un meilleur score que tout à l’heure, mais seulement de quelques points, et Nathan est bon dernier à quelques points d’écart. Il avait fait un bon début, effectué de bons lancers, avait même fait un ou deux strique, mais ça n’avait pas suffi pour rattraper tous les ratés suivants.
Je félicite Nathan sur son bon score, et ris avec Misha de la raclée qu’il nous a mise, sans avoir l’air de faire le moindre effort. A notre décharge, il a le niveau d’un pro, il y joue très régulièrement. Mais, autant Nathan que moi avons pu apprendre des choses à son contact. Nous le remercions comme il se doit, puis je m’occupe de débarrasser notre emplacement de nos déchets. Après avoir salué le patron de loin, et encore une fois Misha, nous sortons du bowling, sourire aux lèvres. Nathan et moi tombons d’accord sur une chose : c’était génial. Le combo karting et bowling a fait que cette journée a dépassé toutes mes attentes. Et m’a tellement changé les idées que pour aujourd’hui, je n’ai même plus l’impression d’être en dépression. Cela reviendra ce soir, comme toujours, mais je suis content d’avoir passé cette journée avec Nathan. Je ne le dirais sans doute pas, peut-être le comprendra-t-il seul.
— Oh que oui qu’on la mérite cette crêpe, le sucre ça a toujours remonté le moral ! lançais-je à la remarque de Nathan, avec un léger rire. Puis je prends un petit temps de réflexion, pour savoir la suite de notre programme après ce goûter. Il nous reste un peu de temps, assez pour un cinéma. J’hoche la tête. Un ciné ouais ça me tente bien. Y’a quoi en ce moment... Y’a pas genre Tarzan qui devrait sortir ? Et pis un film d’animations aussi, avec des animaux. Enfin, je sais aps pour toi, mais j’ai plutôt envie d’un truc tranquille, pas un drame ou un thriller.
Tout en discutant, nous nous dirigeons vers le marchand de crêpes ambulant qui est sur le chemin du cinéma. Avec toutes les personnes qui passent devant lui pour se rendre au ciné, ou simplement pour rejoindre la rue marchande à proximité, il a vraiment un emplacement idéal. Et ses crêpes sont succulentes. Nous nous rangeons peu après dans la courte file, et n’avons qu’à patienter quelques minutes pour que notre tour arrive. Nous commandons une crêpe chacun, avec la dose de nutella pour moi, payons, puis repartons pour quelques mètres. Puis nous nous arrêtons à un banc pour pouvoir déguster notre crêpe comme il se doit.
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C'est ça ce que j'aime chez Myrddin, que malgré nos différents, on peut sans problème s'amuser. Au final, ça a toujours été comme ça entre nous. Cette partie de bowling ne fait que confirmer cela. Enfin. Après la première partie, nous enchaînons, d'un commun accord, sur une seconde et je nous trouve du renfort : Misha, le neveu du directeur, joueur professionnel, qui met des raclé même aux personnes non handicapés. Et ça, ça fait plaisir, malgré tout. Je dois avouer que le voir se débrouiller aussi bien et avec une telle dextérité, me conforte dans l'idée que le fauteuil roulant n'est aucunement un frein. Encore faut-il l'avoir totalement accepté, ce qui n'est réellement mon cas. Surtout depuis que je suis en rechute et que j'ai de plus en plus de mal à marcher. Mais ça reviendra. Du moins, je l'espère.
Dans tous les cas, nous passons encore un très bon moment, Misha nous mettant une raclé hors du commun et moi je me retrouve à nouveau dernier. Mais ce n'est pas un souci, et c'est normal aussi, c'est la première fois que je joue au bowling depuis mon accident. Je félicite Myrddin en retour car faut dire qu'il s'est quand même vachement bien débrouillé, remercie Misha pour les conseils avant de suivre mon meilleur ami vers la sortie.
Une fois en dehors du bâtiment de bowling, je demande à mon anglais préféré ce que nous pouvons faire, lui proposant tout naturellement un cinéma. Nous sommes dans le quartier où se trouve le cinéma qui m'est totalement accessible, donc ça ne devrait pas poser de soucis normalement. Sauf cas de force majeure, évidement. Mais pour l'instant, nous n'y sommes pas : les crêpes nous attendent ! Myrddin en prends une au nutella puis m'en paye une à la crème de marron. La posant sur mes genoux afin d'avoir les mains libres, je le suis vers un banc. Je reste sur mon fauteuil, n'ayant pas envie de me transférer encore -mon épaule gauche ne me remerciera sans doute pas si je force de trop- et me concentre sur la dégustation de ma crêpe. « Tarzan me dis bien, ouais» dis-je en hochant la tête après avoir avalé ma première bouchée « et ouais, pas de drame ni ne thriller. On a eu notre dose ces derniers temps» souriais-je en reprenant une bouchée.
Et c'est le cas. Entre la mise au jour de sa relation avec Thomas, ma rechute à moi, le fait que va faire un an que Myrddin est sorti du coma, que moi ça va faire un an que j'étais avec Daniel …. bref, beaucoup de premier anniversaires desquels on se serait bien passés, Myrddin et moi. Cette journée-ci se doit donc d'être particulière et aucun de nous ne doit penser à quoique ce soit qui pourrait entraver notre bonheur du jour.
Mais un bonheur est bien souvent gâché quand on est avec moi. Ainsi, en arrivant au guichet du cinéma, l'homme nous regarde bizarrement. Et lorsque nous prenons nos places, il grimace et secoue la tête « je veux bien vous en vendre, mais vous ne pourrez pas monter» dit-il en me désignant. Je fronce les sourcils et l'interroge du regard « Comment ça ?» demandais-je, incertain «L'ascenseur est cassé » je soupire doucement, lance un coup d’œil vers Myrddin puis vers l'escalator «C'est quel étage ? » demandais-je à l'homme «Deuxième. Mais ça ne sert à rien, a moins que vous arriviez à marcher, évidement » je regarde à nouveau vers l'escalator et hésite longuement, avant de me tourner vers l'inconnu et hocher la tête d'un air déterminé « ça ira déjà, mettez nous les deux places» il arque un sourcil « Sûr … ? Comment vous allez faire dans la salle ?» nous demande-t-il «On se débrouillera déjà » assurais-je. Il nous observe, chacun notre tour, puis hausse les épaules et nous encaisse «Vous signerez ce papier aussi, qui nous décharge si un quelconque accident arriverais » j'hoche la tête et attrape le papier ainsi que le stylo « J'ai une bonne assurance» commentais-je en signant la feuillant « encore heureux» marmonne l'inconnu avant de nous sourire et tendre les places. «voilà, bonne séance »
Je lui souris, attrape les places et me dirige vers l'homme qui les valides, avant de me tourner vers Myrddin. « Tu restes derrière moi, ok ? Au cas où ?» j'attends son affirmation avant de rouler vers l'escalator. Posant les roues avant sur une marche et les roues arrières sur une autre, je agrippe aux rampes et me penche en avant afin de garder l'équilibre tandis que le fauteuil bascule en arrière lorsque l'escalator se met en route. Arriver en haut, je me passe la petite marche sans problème et réitère la même action encore une fois pour arriver au deuxième étage. « J'ai toujours voulu tester ça» dis-je à Myrddin avec un petit rire lorsque nous nous dirigeons vers la salle.
Après avoir passer la portes, une seconde difficulté : les 5 marches pour monter dans la salle. Là, je n'ai pas le choix. Si déjà je peux limite marcher, je ne me vois absolument pas monter les escaliers. C'est donc à la force de mes triceps que je me hisse une marche après l'autre jusqu'en haut avant de m'asseoir à nouveau dans mon fauteuil que Myrddin a porté jusqu'en haut. Je le remercie puis avise deux places à bout de rangée. Je maître sans problème les deux petites marches qui descendent, me transfert sur le fauteuil le plus au bout de rangée et soupire lourdement une fois assis. «Réussi » dis-je en m'essuyant la sueur qui perle sur mon front «ça va toi ? » demandais-je à mon meilleur ami. Il n'a pas fait d'effort particuliers si ce n'est de porter mon fauteuil les quelques marches «Bon, le retour ne va pas être facile, mais bon. On verra au moment venu » dis-je en remontant les manches de ma chemise. Pour l'instant, je veux juste profiter du film.
Après deux parties de bowling qui se déroulent parfaitement bien, dans la bonne humeur, c’est l’heure de la crêpe. Tout en marchant, nous discutons sur notre prochaine activité. Un cinéma nous paraît une bonne idée, un peu de détente tout en gardant l’aspect divertissement. Je lui fais part de ma préférence de voir un film sans prise de tête, et il est bien d’accord avec moi ; notre vie est bien assez mouvementée comme ça. Nous optons pour aller voir Tarzan. Chacun avec sa crêpe, nous allons nous installer sur un banc pour déguster tranquillement nos crêpes, tout en discutant. Cette journée est ce qui nous fallait à tous les deux, entre nos problèmes respectifs, cette bulle de bonheur était tout à fait la bienvenue et plus que nécessaire à vrai dire.
Une fois arrivé au cinéma, nous apprenons que l’ascenseur est en panne. Coup de malchance, que le guichetier ne cesse de nous en rabâcher les oreilles. Nous prenons tout de même les places, sous le regard incertain de l’homme. Mais Nathan se montre bien assez déterminé. J’aurais pour ma part déjà demander à l’homme de bien vouloir fermer sa gueule mais là n’est pas la question. Des escalators, Nathan en a déjà vaincu. A présent qu’il arrive à tenir debout, il n’y a plus trop de problèmes. Son insolence m’énerve bien assez, et plus vite nous partons de ce guichet, mieux ce sera. Je fais ce que Nath’ me demande lorsque vient notre tour de monter les étages. D’ailleurs, arrivé presque au bout, il s’en amuse en disant qu’il avait toujours voulu essayé de monter des escalators ainsi. C’est bien qu’il trouve du bon partout. Je ris aussi.
Puis, nous voilà dans la salle, face à 5 marches. Je pousse un soupir. Nathan n’a d’autre choix que délaisser son fauteuil. Et je monte ce dernier en haut des marches. Il y arrive avec une certaine difficulté, mais il y arrive quand même. Je lui souris et le félicite d’une tape sur l’épaule alors qu’il s’installe sur son fauteuil. Deux petites marches descendantes nous séparent des places et une fois celles-ci passées sans problème, nous nous installons. Je rigole doucement.
— Bravo Nath’, tu lui as donné tort à cet abruti. Ouais moi ça va, porter un fauteuil roulant n’est pas vraiment épuisant. J’hausse les épaules. Pour le retour je te porte sur mon dos ! lancais-je avec un sourire amusé.
Mais comme il l’a si bien dit, nous verrons cela au retour. Nous discutons et rions encore un peu, avant que le noir se fasse et que le film commence. Heureusement que la crêpe m’a calé l’estomac, car je n’aurais pas dit non à un paquet de popcorn à l’instant. Le film passe comme une lettre à la poste, et je m’évade complètement. Revoir un classique de mon enfance, qui n’a rien perdu, est vraiment bien. Surtout avec le corps de rêve de l’acteur principal... Mais je rêve déjà de mon Tom et de ses bras tout aussi merveilleux à mon goût. A la fin du film, nous sommes d’accord sur beaucoup de points avec Nathan, et c’est en discutant que nous sortons de la salle sans autre problème que celui de la foule. Pour les escalators, c’est une autre paire de manches... Mais nous y arrivons tout de même, et fêtons notre victoire d’un high five bien mérité sous le regard du guichetier, auquel je prends un malin plaisir à offrir un sourire de vainqueur pour bien lui montrer à quel point il s’était trompé.
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Je dois avoué que c'est la première fois depuis bien longtemps que je m'assume un peu. Enfin, en tout cas je tiens tête à cet homme. Il y a quelques temps de ça je me serais rétracté au premier refus, je n'aurais pas chercher plus loin. Mais peut-être est-ce le fait d'avoir rencontre Misha qui me donne ce courage ? Le fait que Misha, lui, ne se serait pas laissé faire ? Ou alors est-ce la présence de mon meilleur ami ? Que je veux l'impressionner quelque part ? Je sais que je n'ai pas besoin de ça pour que Myrddin me respecte, mais je sais que ça lui fera sans doute plaisir quelque part, que je réagisse de cette manière. Dans tous les cas, nous finissons par atteindre la salle et je m'installe à côté de mon meilleur ami, garant mon fauteuil de manière à ce qu'il ne gêne personne. Je rigole un peu avec Myrddin, surtout lorsqu'il me dit que pour le retour il me portera. «Tu peux toujours tenter, mais après ce sera toi qui aura besoin d'un fauteuil roulant » rayais-je avec humour.
Et c'est sur ces paroles que le film commence. Un très bon film qui, je dois l'avouer est un sacré plaisir visuel. Et pas juste à cause du physique avantageux de l'acteur principal ! Lorsque commence le générique de fin, Myrddin et moi restons encore assis quelques instants, le temps de discuter et donner nos premières impressions, mais aussi pour laisser sortir le plus grand nombre de personne. Ce sera déjà ça en moin. Le retour, la descente avec les escalators, est un peu plus cimpliqué. Je fais la même chose en sens inverse et descend en marche arrière. Myrddin est resté derrière moi, au cas où je perdrais l'équilibre. Sans ça je ne sais pas si j'aurais atteint le rez-de-chaussée en un morceaux.
C'est avec un High five et un large sourire que nous passons sous le regard plein d'incompréhension de l'homme du guichet avant de sortir du cinéma. «YES ! À la maison. Mon lit m'appelle » souriais-je en me dirigeant vers le métro. Le chemin vers l'appartement est placé sous le signe de la bonne humeur et de la rigolade. Il n'est pas loin de minuit lorsque nous arrivons chez nous.
Une fois préparé, je me met au lit et attends que Myrddin se soit couché à son tour pour éteindre la lumière. Je tourne mon visage vers lui, souris puis me redresse, me déplace vers lui et le prends dans mes bras. « merci » soufflais-je en déposant un baiser sur sa joue. Je laisse l'étreinte durer un certain temps, avant de le lâcher, me caler sous la couverture et fermer les yeux. Le sommeil vient me chercher bien rapidement et ne me lâchera pas de la nuit.
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