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Message(#)freak of nature (lene) EmptyMar 26 Juil 2016 - 17:29


love made do crazy things, loving life turned me insane. love shoots the pain through my veins, loving life turned me insane.

(☆☆☆)


Contrairement à ce que ses agissements laissaient peut être penser, Saul ne voulait pas enterrer son mariage. Il ne voulait pas tirer un trait sur la vie qu'il avait bâti auprès de sa femme, sur les bons et les moins bons moments qu'ils y avaient vécu, pas plus qu'il ne souhaitait renoncer aux années qu'il leur restait peut être à passer ensemble, ou aux vieux jours dont il s'était toujours imaginé profiter à ses cotés. Il aimait Elsie. Il l'aimait pour être depuis onze ans le socle de sa vie, pour être son amie avant même d'être sa femme, et pour lui avoir donné les trois choses dont il était le plus fier. Son cœur ne lui appartenait peut être plus totalement, tout comme ses pensées qui s'égaraient bien souvent jusqu'à des contrées lointaines où il était l'homme d'une autre femme, une femme qui elle aussi s'était imposée à lui comme une évidence, pour autant il ne pouvait s'imaginer un monde où Elsie ne serait plus qu'un souvenir, où ils se déchireraient et fêteraient avec cynisme la fin de cette histoire qu'ils avaient écrit ensemble. C'est pour ça qu'il ne pouvait choisir, pour ça aussi qu'il ne pouvait se permettre de lui révéler la vérité, de lui parler de Meg, de cette passion aussi brûlante qu'inattendue qui avait tout changé pour lui, du jour au lendemain. Et alors qu'il tenait sa main, éternisant avec elle la balade qu'ils avaient entrepris le long de cette côte, Saul était aussi prêt à occulter la culpabilité grandissante qui s’infiltrait dans la moindre de ses veines et maltraitait son cœur chaque fois qu'il était près d'Elsie. Il aimerait être moins lâche, être au moins la moitié de l'homme qu'elle s'imaginait avoir épousé, et braver jusqu'à la dernière de ses peurs pour simplement être digne d'elle. Mais tout ce qu'il pouvait faire, à cet instant, c'était l'observer, redécouvrir avec émerveillement le visage de son épouse, la forme de ses lèvres, la couleur de ses yeux. Une contemplation sans fin, ou presque. Parce qu'alors qu'il détacha finalement ses yeux des siens pour porter son regard sur l'autre extrémité de la plage, voilà qu'une silhouette, à quelques mètres de là, avait à son tour capté toute son attention. Une silhouette qui aurait pu être celle de n'importe qui, mais qui à mesure qu'elle se rapprocha d'eux lui apparut comme étrangement familière. Il dut pourtant se concentrer pour associer cette allure, puis bientôt ce visage, à l'une de ses connaissances. Femme de taille moyenne, aux longs cheveux châtains … c'était une description qui correspondait à la moitié des comédiennes, artistes et collaboratrices qu'il fréquentait au quotidien. Et pourtant, le destin avait semble-t-il choisi de mettre sur son chemin l'une des rares personnes dont il aurait été préférable qu'il se tienne éloigné, du moins à cet instant. Car brusquement interrompu dans ses réflexions par l'évidence même, Saul crut sentir le sol se dérober sous ses pieds. « Tu connais cette fille ? » Elsie l'interrogea, probablement interpellée par la façon dont son visage s'était figé et décoloré, et il se retrouva plus penaud encore que lorsqu'il devait simplement se soucier d'éviter le regard de Lene lorsque celle-ci passerait tout près d'eux. « C'est ... » Il balbutia, la gorge sèche et les mains moites, pesant chacun des mots qui pourraient vouloir franchir la barrière de ses lèvres avant d'être interrompu dans sa tentative de réponse par l'arrivée de la jeune femme, qui sembla elle aussi l'avoir reconnu. « Bonjour, Lene. » Saul avait alors soufflé, faussement détendu, avant de se tourner vers sa femme. « Lene est la chauffeuse qui me conduit régulièrement à l'aéroport, lorsque je dois me déplacer. C'est son taxi que tu vois parfois stationner devant la maison. » Et c'était à peu près tout ce qu'Elsie devait savoir de ses déplacements réguliers et de ce que certains d'entre eux cachaient en réalité, raison pour laquelle son regard chercha bientôt celui de la brune, comme s'il espérait y lire quoi que ce soit qui viendrait le rassurer sur ses intentions. Et pour cause. « Elsie est ... ma femme. » Il avait prononcé ces quelques mots avec une sérénité factice, esquissant un sourire censé faire illusion, bien conscient que cette conversation pourrait basculer d'un instant à l'autre maintenant que Lene se voyait offrir l'occasion de parler, d'utiliser tout ce qu'elle savait de lui et de ses petites habitudes pour détruire jusqu'aux derniers pans de sa vie. Car si elle décrétait brusquement que sa discrétion légendaire ne s'appliquait plus, que Saul n'était plus le bon client avec qui le courant était si facilement passé mais simplement un salopard qui se promenait sans la moindre vergogne avec la femme qu'il faisait cocue, alors il perdrait tout. Et s'il avait souvent pensé au moment où sa vie pourrait bien voler en éclats, il n'aurait jamais imaginé se retrouver sur cette plage, aux cotés de son épouse, à en appeler au ciel et la bienveillance d'une jeune femme dont il ne s'était jamais méfié mais qui pourtant détenait à cet instant son avenir entre ses mains.
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Message(#)freak of nature (lene) EmptyMer 27 Juil 2016 - 4:03


freak of nature - feat Saul

Son jour de congé. Autant dire que Lene le vit avec une ferme attention d’en profiter et non pas de passer sa journée à lambiner sur le canapé devant on ne sait quelle série minable pondu par le monde étroit de la télévision australienne. Non, Lene se fixe un autre projet aujourd’hui, beaucoup plus palpitant bien que moins reposant. Elle se prépare à passer sa journée entière à faire du surf sur la côte, maintenant que ce n’est plus la saison où tout l’monde se rue vers la plage, elle peut y passer sa journée si ça lui chante sans croiser d’autres surfeurs crâneur qu’elle déteste rencontrer tant leur profil est mysogine. Mais le moment n’est pas à penser à ça. Son équipement prêt, elle file en voiture vers sa destination en manquant de griller quelques feux au passage. Il faut ce qu’il faut parfois, et Lene n’a pas pour envie aujourd’hui de gaspiller son jour de congé dans son taxi, elle y passe déjà bien assez de temps et le retrouvera aussi bien assez tôt. La plage est calme, mis à part quelques touristes dont le nombre est quand même bien pas par rapport à la saison estivale. Non pas qu’il fasse un temps à rester chez soi. Lene profite de sa journée pour mettre à exécution chaque petit bout de projet qu’elle avait eu, comme de surfer, manger un gros burger et y retourner. Un programme bien rempli et qui une fois complété, amène la jeune femme à s’poser un peu, pour profiter de la plage, la vraie, pas le gros bac à sable que le maire de la ville a cru bon d’installer là pour épargner aux gens le supplices de trente minutes de bagnole. Lene, elle aime bien se perdre dans ses pensées tout en s’promenant sur le bord de mer. C’est pas quelque chose qui s’voit au premier abord, mais il y’a des choses qui ont besoin de cogiter là-dedans. Alors elle regarde au loin, et marche. Jusqu’à faire une rencontre inattendue, qu’elle ne précipite pas pourtant. Saul, un client. Et une dame. Epouse ou maitresse ? Elle se pose la question en s’approchant d’eux. Vu qu’il y’a des enfants qui courent pas trop loin, elle suppose la première option. A quoi bon ? Plus elle s’approche du couple, plus elle se dit de faire comme si, après tout, il ne se risquerait pas à la saluer alors qu’elle est … au courant ? Ce serait bête. Ce qui est bête aussi, c’est d’avancer vers eux au lieu de faire demi-tour, mais elle est trop près pour reculer sans que ça soit bizarre. T’façon, ce n’est qu’un croisement. Et après ça, elle reviendra à ses moutons. « Bonjour, Lene. » entend t-elle alors qu’elle a arrive à sa hauteur. Elle sursaute de surprise. Elle ne pensait pas qu’il oserait, systématiquement, elle pose son regard sur l’épouse qu’elle s’était gardée d’observer de plus près jusque-là. Mais maintenant qu’elle est là, elle se fera un plaisir de poser des traits  sur le personnage. « Bonjour S… Mr Masterson, vous allez bien ? » dit-elle en s’gardant de la tutoyer malgré que l’habitude avait déjà eu le temps de se faire. « Lene est la chauffeuse qui me conduit régulièrement à l'aéroport, lorsque je dois me déplacer. C'est son taxi que tu vois parfois stationner devant la maison. » Elle fait un coucou de la main à l’épouse. « Hey, c’est moi ! » avant de s’avancer pour la lui tendre. « Enchantée, Lene. » A trop regarder l’épouse, Lene n’a fait que très peu attention à l’attitude de Saul, mais dès qu’elle pose les yeux sur lui vraiment, par exemple pour converser, elle est surprise de ne pas le voir aussi à l’aise que d’habitude. Elle devine facilement pourquoi et ne le montre pas, bien que ça l’amuse. « Elsie est ... ma femme. »« Bien sûr, qui d’autre ? » dit-elle en regardant à nouveau l’épouse. « Et bien, je vois que vous êtes de sortie en famille, j’espère que vous avez passé une bonne journée, il a fait bon. Et puis, c’est quand même plus agréable une plage avec une vraie mer non ? » dit-elle pour faire un brin de causette, elle aurait bien dit au revoir mais, d’avoir l’épouse face à elle, c’est fascinant, et le sourire crispé de Saul, amusant.

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Message(#)freak of nature (lene) EmptyJeu 28 Juil 2016 - 0:32

Un œil sur son épouse, l'autre sur Caleb et Elliot qui jouaient non loin d'eux, Saul s'était d'abord fait la réflexion que cette journée en famille était idéale en tous points, d'abord parce que les occasions de sortir tous ensemble pour profiter d'un cadre aussi merveilleux étaient (trop) rares, ensuite parce qu'il avait ici l'occasion d'oublier quelques instants la culpabilité qui pesait habituellement sur son cœur, vis à vis d'Elsie et des enfants. Sa situation n'avait pas changé, il était toujours l'homme de deux femmes – avec toutes les complications et les problèmes de conscience que ça pouvait impliquer – néanmoins il arrivait aujourd'hui à se sortir de la tête les réflexions qu'il se faisait habituellement et à simplement profiter du moment et des gens qu'il aimait. L'arrivée d'une jeune femme, pourtant, avait rapidement changé la donne. Car tandis qu'il ne mit pas longtemps à reconnaître Lene, une chauffeuse de taxi qu'il commençait à bien connaître – et qui réciproquement savait un certain nombre de choses sur son compte – Saul réalisa qu'il n'était absolument pas dans son intérêt qu'une rencontre se fasse précisément le jour où il se baladait tranquillement avec Elsie. Parce qu'aussi agréable soit Lene, elle avait en sa possession un certain nombre d'informations qui pourraient durement le compromettre auprès de sa famille, et plus particulièrement de sa femme, qui n'avait par exemple aucun besoin de savoir qu'il lui arrivait de demander à Lene de le déposer en bas d'un immeuble de Toowong, et non à l'aéroport … C'est pourquoi sa mine s'était déconfite, sous le coup d'un stress inattendu, avant qu'il n'en vienne à penser qu'il était sans doute dans son intérêt de se contenter d'esquisser un sourire courtois lorsque Lene passerait près d'eux. C'était toutefois sans compter sur le don d'observation d'Elsie, qui n'eut aucun mal à comprendre que la jeune femme et lui se connaissaient. Après ça, difficile de poursuivre sa route sans procéder à des présentations en bonne et due forme, raison pour laquelle il accosta finalement Lene, toujours rempli d'appréhension. « Eh, qu'est-ce qui me vaut des salutations aussi strictes ? » Saul parvint toutefois à s'amuser, dans un sourire quelques peu crispé, au moment où la brune lui servit un vouvoiement auquel il n'était plus habitué, l'amenant à penser que c'était peut être ce changement brutal de contexte qui l'avait conduite à s'adresser à lui d'une façon aussi formelle. La présentant en tout cas comme une chauffeuse à laquelle il se fiait de plus en plus régulièrement, c'est toujours un brin anxieux qu'il observa ensuite les deux femmes faire connaissance. « Enchantée. Je devrais peut être faire appel à vos services, moi aussi, de temps en temps. » Elsie souffla justement, provoquant chez son mari un malaise encore un peu plus important, car dans l'hypothèse où elle sympathiserait à son tour avec Lene, la probabilité pour que ses affaires privées soient un jour connues de sa femme pourrait augmenter dangereusement. « Tu sais ... j'ai bien peur que Lene conduise un peu trop vite pour toi. Ce n'est pas un danger public, mais il vaut mieux avoir l'estomac bien accroché lorsqu'on monte avec elle. » Il prétexta alors, dans un rire un peu gêné, lançant quelques regards distraits à la brune avant d'être amené à poursuivre les présentations en parlant d'Elsie comme de sa femme. Et à ce moment-là, tandis qu'il avait retenu sa respiration de peur qu'un commentaire échappe à la jeune chauffeuse, ou que quoi que ce soit vienne trahir ce qu'elle savait de ses petites habitudes – et des raisons pour lesquelles cette rencontre le mettait aussi mal à l'aise – c'est un Saul infiniment soulagé qui comprit que Lene comptait jouer le jeu avec lui, sans aucune intention de trahir ses confessions. « Oui, pour une fois qu'on peut se passer de moi au boulot, on s'est dit qu'on allait en profiter pour faire une balade. Et le beau temps s'est joint à la partie, ce qui est effectivement agréable. » A présent un peu plus détendu, il parvenait à aborder cette discussion avec un peu moins d'anxiété, et à sourire d'une façon un peu plus naturelle. Sa mine avait repris quelques couleurs et son palpitant, lui, s'était légèrement calmé. « Tu viens souvent ici ? Tu as l'air de bien connaître le coin. » Il préférait quant à lui ne pas déroger aux habitudes qu'il avait prises dans son taxi, et la tutoyer comme il le ferait avec toute connaissance qui lui serait agréable. Et Lene, en plus d'être une jeune femme charmante, venait précisément de gagner sa reconnaissance éternelle en acceptant de taire ce qu'elle savait de lui et de cette autre femme dont Elsie continuerait, grâce à elle, à ignorer l'existence. « On était justement entrain de se demander … » Il reprit finalement après un court instant, s'interrompant toutefois lorsqu'il crut voir Caleb et Eliott dépasser les limites qu'Elsie et lui leur avaient fixé pour s'assurer qu'ils resteraient toujours dans leur champ de vision. « Excusez-moi un instant. » S'éloignant alors aussitôt des deux femmes, il avança de quelques pas en direction de ses fils et haussa le ton de façon à se faire entendre des garçonnets, n'hésitant pas à se montrer un peu plus ferme qu'à son habitude. « Ne vous éloignez pas trop, les garçons. On veut pouvoir vous voir, votre mère et moi. » Et tandis que son sourire s'était élargi face à l'obéissance de ses fils, c'est bientôt une mine à nouveau inquiète qu'il avait arboré. En effet, en étant ici et non plus auprès d'Elsie et Lene, il avait pris le risque que les deux jeunes femmes entament une discussion qui pourrait, d'une manière ou d'une autre, lui causer du tort. Ainsi revint-il auprès d'elles d'un pas pressé. « Désolé, hm … j'espère que je n'ai rien raté. » Il était peu probable qu'elles aient eu le temps de refaire le monde en son absence, ainsi c'était plus pour se rassurer qu'il avait soufflé ces quelques mots, toujours bien conscient que cette situation n'était pas idéale pour préserver sa posture, et à plus long terme son intégrité physique.
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Message(#)freak of nature (lene) EmptyVen 29 Juil 2016 - 1:34


freak of nature - feat Saul

N’importe qui serait un peu tendu par la situation. En même temps, n’importe qui n’accepterait pas de garder le secret d’un adultère et ce n’importe qui n’agirait pas comme si de rien était. Mais pas Lene. Lene, elle se contente d’hausser les épaules dès que sa conscience lui signale que c’est pas très honnête et qu’elle ne devrait pas cautionner. Mais Saul n’a jamais prétendu être un samaritain et elle n’a jamais prétendue être une héroïne au service des femmes bafouées. Elle se fout des autres et ne ferait rien qui irait contre son intérêt, qui est là de garder dans son taxi un client fidèle (trololo) au pourboire généreux. C’est pourquoi elle se permet de regarder Mme Masterson, enfin Elsie, droit dans les yeux et sans éprouver de réelle gêne ou quoi que ce soit. Elle choisit de jouer la mascarade parce que c’est ce qui l’arrange et que son programme de la journée n’inclut pas les drames des autres. « Eh, qu'est-ce qui me vaut des salutations aussi strictes ? » Tiens ? Peut-être en fait-elle un peu trop. Il faut avouer que ça n’est pas commun de tutoyer quelqu’un qui s’contente de vous emmener à droite à gauche contre rémunération. Enfin, pour elle. Mais le sens des convenances de chacun … Du coup, elle se met à rire à sa remarque, c’est vrai qu’en un sens, c’est ridicule de se mettre à dire « vous » alors que ça n’est plus dans les habitudes depuis un moment. « Je ne sais pas, c’est juste la premier fois que je rencontre un client en dehors de mon taxi, j’essaie juste d’être polie. » Puis, l’âge joue aussi, mais elle ne voudrait pas le vexer avec cette excuse la. La situation ne semble pas troubler l’audience de cette conversation en la personne de Madame. En même temps, Lene se montre amicale et souriante, ce qu’elle n’a aucune raison de ne pas être. « Enchantée. Je devrais peut être faire appel à vos services, moi aussi, de temps en temps. » « Oh bah bien sûr ! » lâche t-elle sans complexe. « Je vous donnerais bien ma carte mais je ne l’ai pas sur moi. Mais bon, je suis sûre que vous le trouverez pas loin. » plaisante-t-elle en regardant Saul. « Tu sais ... j'ai bien peur que Lene conduise un peu trop vite pour toi. Ce n'est pas un danger public, mais il vaut mieux avoir l'estomac bien accroché lorsqu'on monte avec elle. » Et voilà de la clientèle qui lui passe sous le nez. Si ça ne serait pas suspect dans cette scène emplie de sourire et d’bonne humeur, elle lèverait presque les yeux au ciel. C’est bon, elle ne compte pas cracher le morceau. « C’est vrai que j’essaie de faire monter le compteur au maximum. Et bon, ma conduite permet que tous les avions soient pris en temps et en heure. » Ironise-t-elle plus pour la rigolade que pour donner des sueurs froides à Saul avant de commencer à parler de la pluie et du beau temps, un sujet de conversation des plus banals pour rendre la conversation le plus banal possible. Lene sait faire ça, la conversation. Son pourboire en dépend alors elle sait se rendre charmante en situation. « Oui, pour une fois qu'on peut se passer de moi au boulot, on s'est dit qu'on allait en profiter pour faire une balade. Et le beau temps s'est joint à la partie, ce qui est effectivement agréable. » Elle écoute son histoire en acquiesçant, sans rien ajouter. « Tu viens souvent ici ? Tu as l'air de bien connaître le coin. » « Oui, dès que je prends un jour de congé. J’en profite pour faire du surf et tout un tas d’truc. » explique t-elle sans pour autant se mettre à tout raconter en détail. Lene aime la mer. La nature plus précisément. « On était justement en train de se demander … » « Oui ? » répond t-elle en essayant de prévoir mentalement la question qu’il lui poserait, soit qui serait le meilleur professeur de planche dans le coin, ou les meilleurs prix pour louer un bateau. « Excusez-moi un instant. » dit-il sans finir sa phrase. Okay. Là, ça devient un peu gênant et pour pas le paraître, Lene essaie de poursuivre ses réflexions à haute voix. « Vous allez peut-être vouloir louer un bateau pour observer les côtes ? C’est mieux de profiter du soir pour ça. » assure t-elle en gardant le même sourire et sens de la conversation. « Désolé, hm … j'espère que je n'ai rien raté. » annonce t-il en revenant vers elles assez rapidement. Elle hausse les épaules, elles n’ont pas tant conversé que ça. Il faut dire que c’est pas si simple. « On parlait juste de sortie en bateau, je disais que ça allait être le moment si vous vouliez emmener vos fils observer la côte. » explique t-elle sobrement avant de pointer les deux enfants du doigts. « Ce sont eux du coup si je comprend bien. Vous allez peut-être vouloir jouer avec eux. » dit-elle en suggérant que peut-être, elle devrait s’effacer.
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Message(#)freak of nature (lene) EmptyDim 31 Juil 2016 - 18:32

Si Saul avait appris que la confiance se gagnait après que bien des personnes dans son milieu aient tenté d'abuser de la sienne, aujourd'hui il était forcé de s'en remettre aveuglement à Lene, une jeune homme qui certes s'était toujours montrée charmante et serviable durant les quelques moments qu'ils avaient partagé – moments qui jusqu'ici se résumaient essentiellement à des déplacements en taxi – mais qu'il ne connaissait sans doute pas suffisamment pour être tout à fait certain de ne pas regretter d'avoir croisé sa route cette après-midi, alors qu'il était en présence d'Elsie et que tout pourrait bien lui éclater à la figure d'un instant à l'autre. Ainsi c'est particulièrement anxieux qu'il entama cet échange, plaisantant malgré tout sur la façon dont la jeune femme s'était adressée à lui, et esquissant bientôt un sourire – sans doute encore un peu crispé – à la remarque de celle-ci. « Raison de plus pour laisser tomber tout ça, aujourd'hui je ne suis pas ton client. » Et bien qu'il pourrait difficilement prétendre que le contraire ne l'aurait pas arrangé – il se sentait forcément plus à l'aise lorsqu'il n'était encore que le bon client que Lene apprenait à connaître sans pour autant entrer directement en contact avec quelqu'un de son entourage – il est vrai qu'à choisir, il aimait autant que la jeune femme se sente libre de le tutoyer, ou tout du moins de s'adresser à lui aussi naturellement que possible. Par souci de commodité, d'abord, mais aussi parce que vis à vis d'Elsie, à qui il présenta justement la jeune femme, il se sentirait lui-même un peu plus à l'aise. Voyant en tout cas que son épouse n'excluait pas l'idée de profiter elle aussi des services de la jeune chauffeuse, il prétendit que cette dernière conduisait sans doute un peu trop vite pour elle, toutefois mal à l'aise à l'idée d'extrapoler simplement pour arranger ses affaires. « Ça, c'est vrai. Dieu sait combien de vols j'aurais loupé avec quelqu'un de moins dégourdi. » Il affirma pourtant, après que Lene soit heureusement allée dans son sens, non sans lui adresser un regard qui se voulait discret, furtif, mais néanmoins reconnaissant. Il avait conscience de lui faire endosser un rôle pas forcément pratique et agréable, et il en était le premier désolé. « Mais toi ma chérie, tu prends rarement l'avion alors je doute que tu trouves un bon coté au fait d'avoir des hauts-le-coeur tout le trajet. » Cette fois encore, il s'efforçait d'appuyer l'idée selon laquelle Elsie serait plus incommodée qu'autre chose s'il lui venait l'idée d'emprunter le taxi de la brune. Il voulait en effet à tout prix éviter que les deux femmes se retrouvent seules sans lui, raison pour laquelle il se retrouva bientôt embêté. Car tandis qu'il s'était un instant écarté d'Elsie et Lene pour demander à ses fils de ne pas s'éloigner outre mesure de l'endroit où ils étaient autorisés à jouer, Saul réalisa subitement qu'il n'était peut être pas dans son intérêt de rester trop longtemps en dehors de la conversation. Il faisait confiance à Lene, mais il savait Elsie curieuse, ainsi tout risque n'était pas écarté. Revenant ainsi précipitamment auprès des deux femmes, il apprit qu'elles avaient commencé à parler d'une sortie en bateau « Et j'allais lui répondre que j'en aurais loué un avec plaisir, si seulement mon mari n'avait pas ramené du boulot à la maison une fois de plus. » Face à la remarque d'Elsie, Saul se pinça les lèvres, toujours assez mal à l'aise lorsqu'ils se faisaient des reproches en public, mais regrettant également que son boulot joue une fois de plus les troubles-fête. « Oui, je suis désolé, tu sais qu'en ce moment on est sur de gros projets et que je ne peux pas me permettre de perdre ne serait-ce qu'une soirée … » Elsie était en général assez compréhensive vis à vis de ses obligations professionnelles, mais il sentait qu'ici, alors qu'il était question d'une initiative qui leur aurait permis de profiter d'un plaisant moment en famille, sa femme était un peu plus amère que d'habitude. « Lene est témoin, combien de fois elle m'a vu profiter de ses trajets pour avancer mes dossiers ou contacter mes investisseurs ? » Il enchaîna alors, faute de mieux, d'un ton sans doute employé pour tenter de détendre l'atmosphère. Lene, quant à elle, se demanda s'ils ne voudraient pas aller rejoindre leurs enfants, et il mouva doucement la tête. « Oh non, tu sais, ils sont bien contents de ne pas nous avoir sur le dos. Et puis pour une fois qu'ils peuvent jouer ailleurs que dans le jardin, on préfère les laisser tranquilles. » C'aurait pourtant été dans son intérêt, sans doute, d'écourter cet échange, lui qui luttait depuis tout à l'heure pour ne pas gaffer ou laisser penser à Elsie qu'ils ne lui disaient pas tout. Et maintenant qu'il y réfléchissait, peut être Lene tentait-elle de lui faire comprendre que cette situation n'était pas des plus évidentes pour elle non plus et qu'elle ne serait pas contre l'idée d'être libérée de cette conversation qui la contraignait à toutes sortes de parades. « Mais si tu as mieux à faire … » Il lui laissait ainsi une porte de sortie, pensant qu'elle était en droit d'estimer qu'elle en avait fait assez, et qu'il était temps que cette mascarade prenne fin. Mais c'était sans compter sur la façon dont Elsie reprit bientôt la parole, semble-t-il déterminée à poursuivre cette conversation de son coté. « Pourquoi voudrais-tu qu'elle ait mieux à faire ? Ne vous laissez pas impressionner mademoiselle, mon mari a sûrement hâte de rentrer pour se replonger dans ses dossiers, mais ça va devoir attendre. » Restant interdit quelques secondes tandis qu'il arborait une mine à nouveau crispée, Saul préféra réprimer ce qui lui aurait certainement échappé si Lene n'avait pas été présente. Il préféra à la place reprendre sur une note un peu moins risquée. « Hm, parle-nous plutôt de ces sorties en bateau … Tu en as déjà fait ? » Il reporta ainsi son attention sur la brune, à la fois désireux d'occulter les trente dernière secondes de cette conversation et curieux d'en apprendre un peu plus sur ce que Lene avait peut être déjà expérimenté dans les environs.
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Message(#)freak of nature (lene) EmptySam 6 Aoû 2016 - 13:14


freak of nature - feat Saul

« Raison de plus pour laisser tomber tout ça, aujourd'hui je ne suis pas ton client. » Qu’est ce qui lui avait pris de le vouvoyer ? C’était venu comme ça. A vrai dire, Lene reste toujours aussi surprise que Saul ne soit pas passé à cause d’elle avec sa femme en faisant semblant de ne pas la reconnaître. Elle aurait voulu lui rendre service en agissant comme s’ils se connaissaient mais pas trop. C’est que – elle l’imagine – ça doit être bien gênant pour lui et même si ça la fait rire intérieurement, elle choisit toujours d’éviter ce genre de situation où l’on marche sur des œufs, bien qu’elle n’ait rien à vraiment cacher. « Très bien, si tu préfères. » dit-elle en haussant les épaules, pour elle ça ne change pas grand-chose. Tant qu’elle continue à avoir du travail après cet épisode, il peut bien lui demander de lui taper dans le dos comme s’ils avaient élevé les cochons ensemble, elle le fera sans sourciller. Mais tant qu’à faire, elle préfère quand même garder la distance qu’impose une relation client-fournisseur de service, c’est pourquoi elle n’est pas gênée quand madame lui annonce pouvoir avoir besoin de ses services. Ça lui semble même tout naturel. Evidemment, ce n’est pas le cas de Saul qui réplique bien rapidement que la conduite sportive de la jeune femme pourrait déplaire à l’épouse. Bon, c’est vrai que Lene n’est pas douce au volant, mais elle sait conduire sagement, ça dépend juste du profil du client. Mais elle comprend bien vite la raison qui amène Saul à pointer du doigt ce défaut pour faire changer d’avis sa femme, bien que ça la pique un peu, elle joue le jeu. Elle se surprend à faire passer l’intérêt de quelqu’un avant le siens, ce qui n’occasionne pas une grande réflexion sur elle-même à ce moment précis mais lui reviendra probablement en mémoire à un moment de la soirée. « Ça, c'est vrai. Dieu sait combien de vols j'aurais loupé avec quelqu'un de moins dégourdi. » « Et oui – dit elle tout fière – soit on veut être à l’heure, soit on choisit son confort. » Un slogan qui aurait pu être pertinent si effectivement, elle amenait bien Saul à l’aéroport en lui permettant d’être à l’heure, mais elle trouvera bien à le ressortir à l’occasion, surtout si quelqu’un lui reproche sa conduite dangereuse. « Mais toi ma chérie, tu prends rarement l'avion alors je doute que tu trouves un bon côté au fait d'avoir des haut-le-cœur tout le trajet. » Elle n’ajoute rien. Bien que cette façon dont il manipule sa femme en faisant croire que c’est dans son intérêt alors qu’il fait passer le siens en premier lui déplait pas mal. Que devrait-elle penser d’elle-même dans ce cas, vu qu’elle joue le jeu. Elle se répète jusqu’à ce que ça lui sorte de la tête, que ça n’est pas pour autant qu’elle cautionne. De toute manière, ses pensées sont bien vite bousculées quand Saul les laisse seules un instant pour aller courir après ses fils. Lene doit bien rapidement trouver un sujet de conversation et quoi de mieux que cette côte et cette plage qu’elle aime tant. Ce ne sont au final que de précieux conseils pour passer un bon moment ici, quand on connait les commerçants du coin, c’est plus simple de ne pas tomber dans les pièges à touriste. Probablement inquiet, la conversation sur le sujet n’a pas tant eu le temps de se faire puisque Saul revient vers elles très rapidement et s’enquiert vite de savoir de quoi elles ont parlé. Lene raconte tout, rapidement. « Et j'allais lui répondre que j'en aurais loué un avec plaisir, si seulement mon mari n'avait pas ramené du boulot à la maison une fois de plus. » Là, elle se sent gênée. Mais tant qu’aucune dispute n’éclate sous son nez, tout va bien. Mme Masterson lui rappelle juste subitement sa propre mère, à faire le reproche sans arrêt au père d’être trop absent. De se dire que lui aussi avait peut-être une maitresse ne l’étonnerait même pas tiens’ « Oui, je suis désolé, tu sais qu'en ce moment on est sur de gros projets et que je ne peux pas me permettre de perdre ne serait-ce qu'une soirée … » En tous les cas, Lene se sent comme si elle venait de rater une belle occasion de se taire. « Lene est témoin, combien de fois elle m'a vu profiter de ses trajets pour avancer mes dossiers ou contacter mes investisseurs ? » Tiens, la gêne commence à venir. Elle qui se contentait d’hausser les épaules depuis tout à l’heure, c’est un peu difficile pour son sens moral – principalement pour son étiquette féministe en fait – de continuer à appuyer les dires de Saul et plutôt que d’ouvrir la bouche, elle se contente de sourire et d’acquiescer à ce qu’il dit en croisant les doigts que d’autres reproches n’allaient pas sortir et au final, pour acheter sa tranquillité, elle choisit de parler des enfants du couple (bien qu’elle déteste parler des mômes des autres). « Oh non, tu sais, ils sont bien contents de ne pas nous avoir sur le dos. Et puis pour une fois qu'ils peuvent jouer ailleurs que dans le jardin, on préfère les laisser tranquilles. » Très bien, ça peut se comprendre, se dit-elle en ajoutant un nouveau sourire avant que Saul ne termine sa phrase. « Mais si tu as mieux à faire … » Disons que, oui, si Lene était parfaitement bien dans ses baskets au début de cette conversation, elle commence à être un poil gênée. Et alors qu’elle s’apprête à prendre congé en prétextant un peu n’importe quoi, elle est coupée dans son élan par Elsie qui semble décidée à poursuivre la discussion. Lene continue alors d’agir comme si de rien était. « Pourquoi voudrais-tu qu'elle ait mieux à faire ? Ne vous laissez pas impressionner mademoiselle, mon mari a sûrement hâte de rentrer pour se replonger dans ses dossiers, mais ça va devoir attendre. » « Très bien, je peux rester avec vous encore un peu je suppose. Je ne voudrais pas peser sur votre temps en famille. » ajoute t-elle timidement. « Hm, parle-nous plutôt de ces sorties en bateau … Tu en as déjà fait ? » Ah voilà, une conversation où elle va se sentir à l’aise. « Et bien en fait, j’ai le permis pour en conduire et comme l’été il fait beau et que je travaille à la plage, j’en loue pour m’éloigner de la côte, y’a trop d’touriste. » explique t-elle en montrant bien que cette partie ne la ravissait pas, même si ça lui permettait de se faire un peu plus d’argent en cette période. « Puis, c’est possible de faire de la voile aussi, enfin c’est mieux quand c’est la saison. En fait, tout est mieux quand c’est la saison. » ajoute t-elle en riant. « Mais vous aviez prévu de faire quelque chose en particuliers ici ? »
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Message(#)freak of nature (lene) EmptyJeu 11 Aoû 2016 - 4:57

Aujourd'hui, c'est vrai, Saul n'était pas le client de Lene. Il était tout au plus une connaissance, quelqu'un qu'elle venait de rencontrer tout à fait par hasard et qu'elle n'avait pas forcément l'habitude de croiser dans ce genre de contexte, bien éloigné du cadre de leurs déplacements habituels. Mais Saul était aussi et surtout un homme angoissé, pris de court par le coté inattendu de cette rencontre et qui se retrouvait confronté à sa pire crainte : risquer de voir sa double vie révélée à sa femme de la pire façon qui soit, à savoir de la bouche de quelqu'un d'autre. Il ignorait à cet instant si Lene avait l'intention de parler, si elle ne comptait pas soulager sa conscience du poids d'un secret qu'elle partageait malgré elle avec le brun, ou si au contraire tout ça lui passait au-dessus de la tête, assez en tout cas pour qu'elle n’envisage pas un seul instant de confier ce dont elle avait connaissance. Ce qu'il savait, en revanche, c'est que cet échange serait d'ors et déjà un peu moins inconfortable si Lene consentait à le tutoyer comme elle en avait pris l'habitude, ce que la jeune femme ne tarda pas à faire, pour son plus grand contentement. Saul, qui retrouva ainsi le sourire, le perdit toutefois lorsqu'Elsie émit l'idée de profiter elle aussi des services de la chauffeuse. Une perspective qui, si elle pouvait sembler anodine, représentait en fait un risque non négligeable. Ainsi, désirant à tout prix éviter que sa femme soit amenée à revoir Lene en son absence, et peut être à plusieurs occasions, Saul tenta un recours désespéré : convaincre Elsie que prendre place dans le taxi de Lene la placerait dans le plus grand inconfort, en raison de la conduite parfois déraisonnable de la chauffeuse. Il n'était pourtant pas fier d'user de ce genre de stratagèmes, de manipuler Elsie, de donner le mauvais rôle à Lene. Tout ça lui faisait véritablement horreur, mais il était coincé, si bien que ces mensonges représentaient sa seule alternative. « En matière de confort, on a généralement de quoi faire une fois dans l'avion, mais on y trouve rarement une compagnie aussi agréable que dans ton taxi. » Ses lèvres, étirées en un fin sourire, semblèrent alors formuler des excuses déguisées, ou tout du moins des mots destinés à adoucir ses précédentes paroles, et les calomnies qu'il avait formulé avec un naturel assez déconcertant. Il était sincère lorsqu'il disait apprécier la compagnie de Lene, et c'était précisément la raison pour laquelle le fait de l'embarquer dans ses inventions lui posait un tel souci de conscience. La jeune femme lui avait offert sa sympathie et s'efforçait ici de rentrer dans son jeu, alors même qu'elle n'y gagnait strictement rien. Pour cette raison, Lene ne méritait pas la position dans laquelle il la plaçait. Et tandis que par la suite Saul s'était éloigné pour veiller sur ses fils, le brun n'avait pas mis bien longtemps à revenir auprès des deux jeunes femmes lorsqu'il avait réalisé, non sans angoisse, que l'échange aurait vite fait de basculer en son absence, notamment si sa femme se montrait un peu trop curieuse. Mais comprenant qu'il n'avait été question que d'une balade en bateau, il fut instantanément soulagé, du moins jusqu'aux reproches bientôt formulés par Elsie, qui virent peser sur cette conversation déjà délicate – du moins pour les deux protagonistes qui s'efforçaient de ne pas mettre les pieds dans le plat depuis déjà quelques minutes. Passé le temps des justifications, et désireux de ne pas se donner en spectacle devant Lene, Saul profita alors du fait que celle-ci évoque leurs enfants pour lui proposer, l'air de rien, de prendre congé d'eux. Il ne désirait pas la chasser, mais il pourrait comprendre qu'elle ne soit définitivement pas à l'aise dans cette situation qui l'incitait à duper Elsie au même titre que lui. Mais alors qu'il la sentit sur le point de saisir la perche qu'il lui avait tendu, sa femme contrecarra ses plans. Saul, qui jugea préférable de se résigner, reprit alors lui-même avec le sourire. « Elsie a raison, ce serait dommage que tu t'en ailles déjà. Ça n'est quand même pas tous les jours que j'ai l'occasion de croiser ma chauffeuse fétiche ailleurs que derrière son volant. » Et quand bien même cet échange était pour le moins compliqué lorsque comme lui on craignait perpétuellement de se mettre en difficulté vis à vis de sa femme, Saul appréciait véritablement de découvrir Lene en dehors du taxi où il l'avait toujours connue. C'était différent, mais agréable, qu'importe la gêne qui pesait inévitablement sur cette conversation. « Décidément, tu es une conductrice tout-terrain. » Il reprit même, d'un ton un peu plus amusé, après que la jeune femme ait confirmé avoir déjà fait quelques balades en bateau et révélé posséder un permis adapté. « Ça doit être génial à expérimenter. Si j'avais plus de temps devant moi, je crois que ça fait partie des choses que j'adorerais faire. Découvrir les environs sur ce genre d'engins, partir au petit matin pour ne rentrer qu'au coucher du soleil. » Il se prit à rêver un instant à ce qu'il pourrait trouver le temps de faire, s'il ne destinait pas le plus clair de son temps à la préparation de ses spectacles et à des réunions qui s'éternisaient chaque jour un peu plus. Mais voyant le regard d'Elsie se tourner vers lui, il ajouta. « Oui, je sais, cette vie c'est moi qui l'ai choisie. » Parce qu'il commençait à la connaître et qu'il voyait bien qu'aujourd'hui, tout particulièrement, sa femme avait décidé de voir son investissement professionnel d'un mauvais œil. Elle savait parfois se montrer compréhensible, pourtant, mais sans doute ce changement d'air lui avait-il rappelé qu'ils avaient déjà laissé passer beaucoup d'occasions de se retrouver en famille à cause de l'emploi du temps pour le moins chargé de son mari. « Non, simplement nous promener. Ça n'est jamais particulièrement simple de prévoir des activités avec les enfants, ils sont à un âge où ils ont envie d'une chose, puis d'une autre, pour finalement ne plus avoir envie de rien le quart d'heure après. » Il émit un léger rire, conscient que ça n'était pas la meilleure façon de vendre sa vie de père à une personne qui n'avait pas encore d'enfants. Saul donnait peut être ici l'impression de se plaindre, mais il était en vérité toujours le dernier à trouver des défauts à ses fils, même lorsque ces derniers dépensaient parfois beaucoup d'énergie pour le faire tourner en bourrique. « En parlant des garçons, je crois qu’Eliott s'est fait mal. » La voix d'Elsie s'éleva à nouveau et le regard du brun s'orienta en direction des enfants, qui se tenaient toujours à quelques mètres de là. « Ne te dérange pas, je vais aller voir. Vous n'avez qu'à en profiter pour discuter un peu tous les deux, je ne serai pas longue. » Et n'ayant ni le temps ni l'occasion de freiner sa femme alors que celle-ci s’élançait déjà à plusieurs mètres d'eux, Saul resta un instant à l'observer s'éloigner avant de reporter son attention sur Lene, subitement embarrassé. « Lene, je ... » Il formula, comme un coup d'essai, à défaut d'être en mesure de traduire oralement le sentiment qui grandissait en lui depuis le début de la conversation. « Je ne sais plus où me mettre. Je suis sincèrement désolé pour ce petit numéro, et plus encore de t'avoir embarqué là-dedans. Tout ça est ... grotesque. » Il le reconnaissait sans mal, car il était le premier à souffrir de devoir lutter pour ne pas se trahir, au quotidien et plus encore dans ce genre de situations. Tout serait beaucoup plus simple s'il se décidait à tout dire à sa femme, mais il s'en sentait toujours aussi peu capable. « Je déteste lui mentir, mais je ne veux pas qu'elle souffre. » C'était la raison qui motivait ses agissements, et les mots incongrus qui sortaient de sa bouche quand il était forcé de ruser pour ne pas compromettre son secret auprès d'Elsie. Il savait quelle peine il lui infligerait en lui révélant sa double vie, que son mariage ne s'en relèverait pas, que leurs enfants finiraient à leur tour par être les dommages collatéraux de ses actions. Il savait que beaucoup de monde souffrirait, voilà pourquoi il endossait malgré lui ce rôle de menteur compulsif. « Merci de ne rien lui avoir dit. Tu aurais été en droit de le faire, tu ne me dois absolument rien. » Et il insistait là-dessus, parce qu'il n'avait aucun droit d'estimer que Lene lui devait une quelconque loyauté, quand bien même il était un bon client et quelqu'un qui s'était toujours efforcé d'être aimable avec la jeune chauffeuse. Celle-ci était en droit d'estimer que ses principes valaient plus que ce qu'ils avaient jusqu'ici partagé, et c'était précisément cette idée qui l'avait tant inquiété au début de cet échange.
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Message(#)freak of nature (lene) EmptyJeu 25 Aoû 2016 - 23:15


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Elle change très vite d’état d’esprit. Si Lene n’est pas dotée d’empathie, il y’a quelques petites choses dans cette conversation qui la mette très mal à l’aise subitement, comme les reproches qui lui rappelle tant ceux de maman à papa, ou simplement la manière dont Saul profite de la trop grande crédulité et confiance de sa femme. Jamais Lene ne s’était mise à sa place. Elle ne l’avait jamais rencontré donc, aucun moyen de compatir. Mais cela change dès que l’épouse de Saul énonce l’idée de pouvoir un jour avoir besoin des services de Lene. Ce n’est pas tant parce qu’il est évident que Saul ne souhaite pas de tête à tête entre les jeunes femmes, très certainement de peur que Lene vende la mèche. Souhait qu’elle comprend car après tout, elle ne peut apporter aucune preuve qu’elle puisse être digne de garder un secret aussi longtemps et maintenant qu’elle rencontre madame, commence à venir l’espoir que Saul ne l’enfermera dans une situation pareille pendant plusieurs années. Ce qui la dérange, c’est plutôt l’effort de manipulation sur Elsie afin qu’elle abandonne cette sordide idée de monter un jour dans le taxi de Lene. C’est bien que cela ne lui rappelle que trop le comportement du père Adams. C’est drôle quelque part, de les observer comme ça, elle commence à comprendre des choses sur sa propre famille. « En matière de confort, on a généralement de quoi faire une fois dans l'avion, mais on y trouve rarement une compagnie aussi agréable que dans ton taxi. » Le compliment la sort des pensées qui avait pris possession de son esprit le temps de quelques secondes. Elle se pince les lèvres, de peur que la préoccupation n’ait été flagrante, mais un sujet en amenant un autre, elle se rassure que non. « Je ferais en sorte que ce compliment soit inscrit sur ma page facebook alors. » Elle blague. Elle n’a pas de page commerciale. Sa réponse met fin au sujet, et Saul s’absente un instant pour aller parler à ses fils tandis que Lene reste seule avec sa femme. C’est malaisant, mais la jeune femme est douée pour faire la conversation et le fait que les jeunes femmes ne se connaissent que depuis quelques minutes peut faire passer Lene pour une jeune femme timide, plutôt que gênée. Le retour de Saul la ramène tout droit dans ses préoccupations parentales. Les reproches d’Elsie à son encontre ne sont pas sans écho pour la jeune femme. Tout ceci l’amène à vouloir s’éclipser discrètement. Elle peut bien leur parler de leur enfant quelques minutes, mais elle ne sait que trop bien que quand un couple est sur le point de partager le ressentiment de chaque partie, ça ne sert à rien de traîner là. Sa tentative échoue. Elsie semble toute décidée à en savoir plus sur Lene et la jeune femme ne se voit pas refuser de continuer à discuter avec elle. Après tout, il ne semble pas y avoir d’échappatoires qui se présentent. Heureusement, Saul parvient à rattraper un peu les choses. Lene ne sait plus trop comment agir. Elle n’aime pas la position dans laquelle elle est, et en même temps, jamais elle n’oserait trahir un secret. Elle éprouve beaucoup de pitié pour Elsie, mais en même temps, elle ne veut pas non plus se mêler de ce qui ne la regarde pas. Elle se reprend. Quand on en vient à parler de sports nautiques. Lene entre dans son élément. « Décidément, tu es une conductrice tout-terrain. » Elle acquiesce, d’une fausse manière à se la raconter un peu. « Et oui, j’essaie d’avoir le plus de ressource possible. » « Ça doit être génial à expérimenter. Si j'avais plus de temps devant moi, je crois que ça fait partie des choses que j'adorerais faire. Découvrir les environs sur ce genre d'engins, partir au petit matin pour ne rentrer qu'au coucher du soleil. » Elle aimerait lui répondre que c’est possible et juste lui dire de prévoir un moment dans son agenda, mais avant d’ouvrir la bouche, elle pose les yeux sur Elsie et se ravise. Il est hors de question qu’elle relance la conversation sur l’agenda bien trop remplie de Saul ou bien qu’elle laisse l’occasion à son épouse de lancer un nouveau reproche. Lene tient à ne pas être mêlée à ce genre d’affaire. Finalement, Lene n’a rien à ajouter. Saul comprend très bien tout seul – ou le regard d’Elsie aidant – qu’il est sur une pente savonneuse. « Oui, je sais, cette vie c'est moi qui l'ai choisie. » C’est bien plus sûr d’orienter la conversation pour parler de projet, de trucs plus positifs. « Non, simplement nous promener. Ça n'est jamais particulièrement simple de prévoir des activités avec les enfants, ils sont à un âge où ils ont envie d'une chose, puis d'une autre, pour finalement ne plus avoir envie de rien le quart d'heure après. » Elle hausse les épaules. C’était peut-être bien pour ça que papa et maman ne les emmenait nulle part. Oui, aujourd’hui, elle semble décidée à penser à ses géniteurs. « ça peut valoir le coup d’essayer plusieurs choses. C’est comme ça que l’intérêt vient. » Répond t-elle simplement. Elle n’y connait tellement rien en enfant et il faut avouer qu’elle ne s’y intéresse pas vraiment. Elle serait carrément du genre à les laisser courir un peu partout pourvu qu’ils se fatiguent pour lui foutre la paix. « En parlant des garçons, je crois qu’Eliott s'est fait mal. » Lene jette un regard en leur direction. Elle n’en a pas l’impression, mais peut-elle se permettre de le dire ? « Ne te dérange pas, je vais aller voir. Vous n'avez qu'à en profiter pour discuter un peu tous les deux, je ne serai pas longue. » Au moins, pendant son absence, elle va pouvoir souffler, et Lene ne voit que ça. Elsie hors d’entente, le sourire de Lene s’évade soudainement en un sifflement. La jeune femme respire enfin et peut prendre une pause dans sa mascarade. « Lene, je ... » Ouais, il est désolé. Elle l’espère bien. « Je ne sais plus où me mettre. Je suis sincèrement désolé pour ce petit numéro, et plus encore de t'avoir embarqué là-dedans. Tout ça est ... grotesque. » Elle n’ajoute rien. Pour le moment, elle a besoin de faire un point dans sa tête. De penser à tout ce qui la dérange. D’expliquer à Saul pourquoi une situation comme celle-ci ne doit jamais se reproduire, avec elle comme avec n’importe qu’elle autre personne qui saurait. « Je déteste lui mentir, mais je ne veux pas qu'elle souffre. » Tout le calme que Lene s’apprêtait à mettre dans son discours s’estompe dès le moment où Saul se cache derrière de bon sentiment pour masquer sa couardise. Elle lève les yeux et lui jette un regard accusateur qu’elle se serait bien gardée d’avoir un autre jour. « Saul. » dit-elle d’un ton autoritaire, froid. Un ton qu’elle n’aurait jamais pensé utilisé tant elle tient à le conserver dans sa clientèle. Mais parfois, Lene se doit d’être honnête, même si ça peut paraître inapproprié. « Ta femme souffrira encore plus quand elle apprendra que tu l’as mené en bateau pendant longtemps. Elle en aura sacrément rien à foutre que tu ne voulais pas la blesser parce que si c’était vrai, tu aurais fait les choses bien plutôt que lui mentir. Je ne te juge pas, je ne mêlerais pas de cette affaire mais je me permet une remarque. Tu te berce d’illusion si tu crois la préserver, parce que tout se sait un jour, et plus tu tardes, plus ça sera pire. » Bon, elle a un peu l’impression de lui faire la leçon, ce qui n’arrange pas l’inconfort dans lequel elle se trouver. Mais les choses devaient être dites. « Merci de ne rien lui avoir dit. Tu aurais été en droit de le faire, tu ne me dois absolument rien. » En effet, elle aurait pu. Si elle avait eu envie de foutre les pieds dans cette affaire. Saul n’a jamais eu une parole déplacée à son égard, il n’a jamais été impolie et a même toujours été d’une compagnie agréable. Pourquoi voudrait-elle être celle qui le mettrait dans la panade la plus totale ? Au contraire, elle préfèrerait que cette affaire ne fasse pas trop de casse. Elle se calme en écoutant ses remerciements. « Je ne dirais rien, sois tranquille. Ce sont tes affaires de famille, pas les miennes. Mais, tu comprend que ça ne peut pas durer ? » Elle sous-entend que, c’est à lui d’agir s’il ne veut pas se retrouver à nouveau dans une telle situation. « Elle est belle ta femme, et elle est encore jeune. Si son mariage est terminé, elle mérite de la savoir et de pouvoir réagir avant qu’il ne soit impossible pour elle de pouvoir refaire sa vie. J’ai bien compris que tu es partagé, mais tu peux pas les préserver. Au moins, met à ta décharge que tu auras été honnête. » conclue t-elle avant de reporter son regard vers le reste de la famille Masterson, pour s’assurer que ceux-ci ne s’approche pas.
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Message(#)freak of nature (lene) EmptyLun 29 Aoû 2016 - 18:19

Si Saul n'était déjà pas particulièrement serein depuis le début de cet échange, il le fut d'autant moins dès l'instant où sa femme formula l'idée de profiter à son tour des talents de chauffeuse de Lene. Une idée qui pouvait paraître innocente, mais qui risquerait de le placer dans une situation plus inconfortable encore, si Elsie était bel et bien amenée à faire quelques trajets en compagnie de la brune. Ici ça n'était pas tant qu'il ne faisait pas confiance à Lene, mais plutôt qu'il se méfiait de la curiosité d'Elsie. Elle avait déjà manifesté un certain intérêt pour les circonstances dans lesquelles Lene et lui s'étaient rencontrés, ainsi il n'avait pas la moindre garantie que ces voyages en taxi ne finiraient pas par mettre Elsie sur la piste de sa double vie. C'était précisément ce qu'il voulait éviter, et pourtant une partie de lui parviendrait presque à s'amuser du fait que le destin ne manque jamais une occasion de lui rappeler sa lâcheté, comme s'il avait la tranquillité d'esprit nécessaire pour étouffer sa conscience éternellement. Car ce que Saul vivait particulièrement mal, c'était ici de devoir ruser, comploter, mentir. De prendre sa femme pour l'imbécile qu'elle n'était pas, de lui manquer ouvertement de respect devant une Lene probablement scandalisée par l'audace qu'il se permettait encore – et à raison – et de l'impliquer malgré lui dans ses affabulations. Ainsi il tenta de se rattraper, à sa manière, en faisant savoir à la jeune chauffeuse qu'à défaut d'être parfaitement réglo et de lui faciliter la tâche alors que cette conversation devait être aussi gênante pour elle que pour lui, il appréciait véritablement sa compagnie, qui n'était pas celle d'une chauffeuse qu'il se contentait de croiser occasionnellement sans plus se soucier de la mettre dans l'embarras. Parvenant à s'amuser de sa remarque, il esquissa par la suite un large sourire. « Je suis sûr que tu n'as pas besoin de ce genre de certifications pour avoir le succès que tu mérites. » Et pourtant, dieu sait qu'il n'hésiterait pas à lui rendre ce genre de services si elle en avait sérieusement besoin. Ici Lene le couvrait comme personne ne s'était jusqu'ici risqué à le faire – ça n'était pas son demi-frère, qui déguerpissait toujours en quatrième vitesse chaque fois qu'Elsie entrait dans la même pièce que lui, qui prendrait autant de risques – et ce alors que rien ne l'y obligeait. S'absentant en tout cas le temps de s'assurer que ses enfants ne s'éloigneraient pas de l'endroit où ils étaient censé rester pour que sa femme et lui puissent garder un œil sur eux, c'est d'un pas pressé que Saul revint auprès des deux femmes, inquiet il est vrai de ce qu'elles avaient pu se raconter en son absence. Mais comprenant de quoi il fut question, il retrouva un peu de contenance, tout du moins jusqu'à ce que sa femme formule des reproches qui suffirent à raviver son malaise. Parce qu'il détestait déjà ce genre de scènes, mais celles-ci le gênaient d'autant plus lorsqu'elles survenaient en public, qui plus est quand déjà Lene devait s’accommoder d'un climat plus qu'embarrassant. Mais préférant ne pas insister, il offrit plutôt à la chauffeuse une occasion de leur fausser compagnie, occasion malheureusement contrée par sa femme. Ainsi il alla finalement dans son sens, et l'échange se poursuivit quand ils évoquèrent de nouveau ces fameuses sorties en bateau, et que Saul s'étonna bientôt de la confession de la chauffeuse. « Tu pourras sûrement envisager une reconversion si un jour tu te lasses de conduire des taxis. » Celui-ci soumit d'ailleurs, d'un ton plus sérieux qu'en apparences, pensant qu'il y aurait de pires façons d'évoluer professionnellement. Puis, confiant à son tour qu'il aimerait lui-même trouver le temps de profiter de ce genre d'escapades, Saul jugea rapidement qu'il n'était peut être pas malin de tendre à nouveau le bâton pour se faire battre. Heureusement pour lui, Elsie le dispensa cette fois de reproches et l'échange put se poursuivre dans le calme. « C'est vrai. Mais tu sais, je crois qu'Elsie et moi aurions aussi mauvaise conscience de profiter de ce genre d'activités en l'absence de notre petite dernière. On l'a laissée à mon demi-frère parce qu'on craignait que le vent de la côte soit trop frais pour elle. » Lexie n'avait que quelques mois, et si ses parents pouvaient donner l'impression de la surprotéger légèrement, c'est sans doute parce qu'ils avaient longtemps attendu d'avoir une fille et qu'elle leur semblait toujours fragile face à l'énergie et la robustesse de leurs deux garçons. Finalement, ce fut au tour d'Elsie de leur fausser compagnie lorsque sa femme ressentit le besoin de s'assurer que leur cadet ne s'était pas blessé. Pris de court et pour le moins gêné de se retrouver désormais seul face à Lene, Saul ne put alors ignorer plus longtemps la culpabilité qui grandissait en lui. Vis à vis d'Elsie, bien sûr, mais aussi vis à vis de la jeune chauffeuse, qu'il avait entraîné dans ses histoires et forcée à jouer le même jeu que lui. S'excusant alors avec la maladresse qui était souvent la sienne dans ces moments-là, il tenta de s'expliquer, alors même qu'il savait la chose veine quand personne ne pouvait décemment comprendre et accepter sa situation. Ainsi, il ne fut pas particulièrement surpris du ton bientôt employé par la brune, qui lui fit l'effet d'une réprimande qu'il avait bien mérité. La gorge nouée et les yeux baissés, Saul accueillit ses propos avec une gêne inévitable, mais néanmoins une pointe de reconnaissance. « Je sais tout ça. » Il soupira, tentant de préserver une mine qui n'alerterait pas Elsie si celle-ci les observait à quelques mètres de là. « Tu n'es pas la première personne à me donner des conseils avisés. Et je sais que tu as raison, que j'ai déjà fait pire que mieux en laissant traîner cette histoire pendant deux ans, et que tout ça … ça va forcément mal se terminer. » Dans la mesure où quoi qu'il fasse, quoi qu'il décide, il ne pourrait sans doute pas préserver deux existences, deux histoires qui lui tenaient pourtant terriblement à cœur. « Et la seule chose qui me console, je crois que c'est justement de ne pas savoir quand. » Parce qu'ainsi, il savait que l'inévitable se produirait sans pour autant savoir à quel moment l'épée de Damoclès qui trônait au-dessus de sa tête lui porterait le coup fatal. « Je ne te demande pas de te mettre à ma place, je sais que je n'ai aucune excuse. Mais tout ça, c'est loin d'être simple. Il y a ces deux femmes que je veux à tout prix garder dans ma vie, mes enfants, le regard de mes proches … A la minute où j'aurai tombé le masque, je les perdrai tous. Alors je me mens certainement à moi-même lorsque je prétends faire ça pour protéger Elsie, parce que ... » Saul inspira, affichant cette fois un air fébrile qui laissait transparaître le malaise qui l'avait envahi. « Je crois que j'ai surtout la trouille de me retrouver seul avec mes remords. » Parce qu'il voulait épargner ses proches, tous ceux qui seraient directement affectés par ses longs mensonges et par les choix insensés qu'il avait pu faire pour s'enliser toujours un peu plus dans cette sordide situation. Mais s'il était honnête avec lui-même, Saul était forcé de reconnaître qu'il avait aussi et surtout peur de les perdre, tous autant qu'ils étaient. De finir sa vie rongé par la culpabilité, sans plus aucun espoir de remonter dans l'estime de ceux qu'il aimait. « Je le sais, oui. » Il reprit bientôt, aux prochaines paroles de Lene, avant que la suite ne fasse naître en lui un sentiment encore plus particulier que ceux qui l'animaient jusqu'ici. « Refaire sa vie ... » Il formula presque distraitement, comme s'il était subitement rattrapé par une réalité insupportable, qui appuyait sur son cœur comme un bourreau invisible. C'était la première fois qu'il envisageait l'idée qu'Elsie puisse vouloir reconstruire sa vie si leur mariage ne survivait pas à ses manipulations, la première fois aussi qu'il réalisait que le prix qu'il pourrait payer serait plus pénible encore qu'il avait bien voulu s'en convaincre. « Quand tout ça a commencé, je me suis laissé porter par ma nouvelle histoire et j'ai mis un peu de temps à réaliser que mes actes auraient tôt ou tard des conséquences … Et aujourd'hui, je crois que je réalise que je pourrais réellement perdre la mère de mes enfants, la femme avec qui j'ai partagé onze ans de ma vie. » Et c'était ce qui lui faisait l'effet d'un couperet qui s’abattait brusquement sur sa nuque, lui coupant la respiration l'espace d'un instant lorsqu'il releva les yeux en direction d'Elsie et de leurs fils. Il resta ainsi quelques secondes, happé par ses pensées, frappé par l'évidence. Son attention se reporta ensuite sur Lene, et il baissa la tête. « Une partie de moi voudrait sans doute lui rendre sa liberté, et les deux années que j'ai passé à lui mentir … mais une autre partie sait pertinemment que je ne le supporterais pas. » Que sans sa femme, celle qui était depuis onze ans le centre de son univers, il ne serait plus que l'ombre de l'homme qu'il était aujourd'hui. Qu'il ne saurait pas tirer un trait sur son mariage, sur leur vie commune, et que c'était probablement la raison pour laquelle les promesses qu'il avait faites à Meg n'avaient jamais pu se concrétiser. Distrait, Saul nota après quelques secondes que sa femme s'était justement rapprochée, et s'efforça à ce moment-là de paraître aussi détaché que possible. « Fausse alerte, Eliott s'était simplement rentré un caillou dans la chaussure. Mais les enfants commencent à avoir faim, alors je leur ai proposé de rentrer. » Elsie s'adressa à eux au moment d'arriver à leur hauteur, et c'est un Saul encore légèrement déboussolé par son échange avec Lene qui se contenta d'observer silencieusement son épouse, tout en acquiesçant. « Tu peux rester, si tu veux. Je peux rentrer déposer les enfants chez la voisine et te ramener la voiture ensuite. » Conscient qu'on leur offrait-là une occasion rêvée de mettre fin à cette situation pour le moins inconfortable, mais surtout désireux de libérer Lene une bonne fois pour toutes, Saul n'hésita pas bien longtemps au moment de formuler sa réponse. « Non, je … je crois que j'ai suffisamment embêtée Lene pour aujourd'hui. Je ne voudrais pas lui faire perdre toute sa journée, surtout par ce temps. » C'était la façon qu'il avait trouvé de sous-entendre qu'il n'avait pas l'intention de la retenir plus longtemps prisonnière de cet échange embarrassant. Il se doutait que Lene était envahie d'un certain malaise, tout comme lui-même ne ressortait pas indemne de cet échange, riche en remises en question. Mais n'oubliant pas ce qu'il devait à la brune, Saul n'eut aucune intention de disparaître dans un nuage de fumée, et adressa un sourire sincère à la jeune femme. « Je ... ça m'a fait plaisir de te rencontrer ici. J'espère que l'occasion se représentera. Maintenant que je sais que tu viens souvent dans le coin, j'essaierai d'y passer plus souvent. » Car même si cette rencontre avait été singulière, il avait malgré tout apprécié de croiser sa route dans un contexte différent de ceux auxquels ils étaient jusqu'ici habitués. Peut être que rien ne serait plus pareil après ça, que Lene garderait un soupçon de rancœur ou préférerait prendre ses distances avec lui, mais lui savait maintenant pleinement à qui il avait à faire, et peinait à croire qu'il ait pu faire quoi que ce soit pour mériter sa patience et sa loyauté.
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