L’heure de pointe devant les bureaux de Brisbane. C’est un peu comme le calme avant la tempête. Tout le monde travaille bien sagement dans les bureaux, tandis que la file de taxi se forme pour recueillir tout ce beau monde pour rentrer à la maison. Et Lene a bien l’intention d’être en tête de file avec son taxi afin de pouvoir convoyer le plus de personne à destination. C’est toujours un jeu pour elle, y’en a qui s’amuse à parcourir les parcs pour attraper des Pokémons, elle préfère attraper le plus de clientèle avec gros porte-monnaie qui s’échappe des grands buildings de Brisbane avant que l’heure de pointe ne se termine et qu’il y’ait plus personne. D’ailleurs, elle n’est pas la seule à jouer à ce jeu, il suffit de regarder la file de taxi bien garée en rang et prête à décoller aussitôt la portière de derrière claquée. Tout ça, c’est le petit défi de la journée et si le pourboire est généreux, elle pense déjà à tout ce qu’elle pourra dépenser pour se murger la tronche une fois son service terminé. Sitôt qu’une place se libère tout devant, elle s’insère dans la file d’attente, grillant au passage quelques collègues qui attendaient sagement et en manquant de rayer sa carrosserie et la leur (Mais pour Lene faut ce qu’il faut) en plus de provoquer une fanfare de klaxon de mécontentement parce que ça ne se fait pas. Un brouahaha qu’elle se contente de se faire taire en levant son majeur bien en l’air à travers sa vitre. Marque qu’elle n’en a bien rien à foutre des autres et du respect du travail de tout un chacun. Et bien sûr, nous ne mentionnerons pas le carambolage qui aurait pu se produire. La portière arrière qui claque soudainement derrière elle alors qu’elle crie par la fenêtre « Va te faire fouuuuutre ! » la ramène à la réalité. Il est temps de gagner sa vie. Bien sûr, d’avoir un client la calme directement parce qu’elle sait être commerciale malgré son comportement trop sanguin et plutôt que d’avoir à rendre des comptes sur son manque de civisme, elle commence à démarrer avant qu’il ne puisse s’échapper. « Je vous emmène où ? » demande-t-elle le plus gentiment du monde sans prendre le temps de vraiment observer le passager à l’arrière. Déjà qu’elle arrive à ce sortir de là et après, elle bossera son relationnel un peu mieux. Elle suit l’adresse indiquée par le passager pendant quelques minutes, jusqu’à ce que le silence se fasse un peu lourd. Elle n’aime jamais que le manque de bavasserie, même si c’est pour parler de la pluie et du beau temps. « Alors ? Vous comptez profiter du week-end ? » demande t-elle gentiment avant de se retourner au premier feu pour continuer son discours quand elle est coupé par l’étonnante surprise de découvrir une très vieille connaissance qu’elle ne se serait pas préparée à rencontrer à Brisbane, ou même ici en Australie. « Gauthier ? » Elle grimace de surprise avant d’ajouter. « Mais, t’es pas en Europe ? » Oui, on fera l’impasse sur son manque de perspicacité.
Gauthier n’aime pas ce moment, la sortie des bureaux, en général il l’évite finissant plus tard ou trouvant une excuse pour partir un peu plus tôt. Pourtant aujourd’hui il se retrouve plongé dans la nuée de personnes. Son pas est rapide, sa posture droite et élégante ne le lâchant pas. Il se dirige vers la sortie ne jetant de regard ni à gauche ni à droite pour éviter tout contact visuel qui pourrait laisser penser qu’il veut d’une conversation. Il a laissé la voiture à Theo ce matin et il doit maintenant se trouver un taxi. Heureusement à l’heure de pointe ils sont toujours au rendez-vous. Il est dans les premiers arrivés, pas le temps de faire la fine bouche qu’il s’engouffre dans un taxi sans même regarder la conductrice qu’il entend pourtant jurer par la fenêtre. « Va te faire fouuuuutre ! » Le son de cette voix ne lui est pas inconnu et quand son regard se rive au rétroviseur pour observer la conductrice un mince sourire éclaircit son visage. La surprise est bien là mais Gauthier n’est pas un homme démonstratif, il laisse le temps faire son œuvre, la jeune femme n’ayant pas daigné lui jeter un regard. « Je vous emmène où ? » Il observe le taxi non sans une pointe de jugement. « Pine Rivers au numéro 20, s’il vous plait. » Le silence s’installe alors. Il pourrait facilement le briser, la plus part des gens l’auraient sans doute fait mais pas Gauthier qui se contente d’attendre, son regard se perdant vaguement dans les alentours. « Alors ? Vous comptez profiter du week-end ? » Il sait que peu de personne aime le silence que lui chérit, ce qui le fatigue parfois, mais pour une fois il est plutôt heureux de pouvoir discuter avec la conductrice qui ne l’a toujours pas reconnu, son regard rivé professionnellement sur la route. « Il se pourrait que je ressorte mon voilier… » En réalité Gauthier avait d’autres projets mais revoir la jeune femme fait ressortir en lui de vieux souvenirs et quelques envies… Il regarde Lene dans le rétroviseur intérieur espérant que son commentaire suscite l’intérêt de la jeune femme – ce qui ne manque pas. Ou alors c’est le feu qui vient de passer au rouge et lui donne la première opportunité de l’observer. « Gauthier ? » Il hausse légèrement les épaules comme si cette coïncidence ne l’étonnait pas plus que ça. « Lene Adams, le son de ta voix quand tu profères des insultes est toujours aussi doux. » Ca le fait sourire vaguement, lui rappelle ces années d’université où elle était la reine des abeilles sans aucune concurrence possible. « Mais, t’es pas en Europe ? » « On dirait bien que non. » Il sent bien que cette rencontre la perturbe un peu, lui ça l’amuse. Evidement il est un peu étonné de la trouver ici, et surtout dans ce vieux tacot. « Et toi tu n’es pas au bras d’un riche héritier ? » Non pas que Lene n’ait pas les capacités de faire quelque chose par elle même mais il l’a toujours imaginé dans une position de force. Elle qui a tout pour réussir, que ça soit par elle même ou en utilisant les autres. Pourtant il ne l’a jamais vu comme une grande travailleuse ce qui est peut-être une erreur au final. « Je travaille ici depuis quelques années maintenant, une opportunité que je n’ai pas pu refuser. Qui dirait non à l’Australie ? » Sans doute pas lui, il était tout à fait à son aise ici, bien que son côté anglais dénote souvent avec les autres personnes. Il avait gardé pour lui les raisons exactes de son arrivée à Brisbane qui étaient un poil plus complexes que cette proposition de travail.
Le silence. Ça n’a jamais été l’élément dans lequel Lene s’illustre le mieux. A vrai dire, ça lui pèse très vite et l’amène à parler de tout et n’importe quoi, même des sujets qui ne l’intéressent que très peu. La jeune femme est une tempête. Certes, plutôt que de l’ouvrir, elle pourrait mettre de la musique pour occuper la platitude qui règne dans le véhicule, mais non, la musique dérange les clients et un client dérangé n’offre pas de pourboires. Et puis, si jamais sa conversation dérange, c’est toujours possible de lui dire de fermer sa gueule, elle sait être commerciale après tout. Une question anodine au détour d’un feu rouge et l’échange débute. « Il se pourrait que je ressorte mon voilier… » Il ne faut pas plus pour la conversation gagne tout l’intérêt de la jeune femme, le client a prononcé le bon mot, aussitôt le véhicule arrêté, elle se retourne à toute vitesse vers lui en s’écriant d’une façon qui pourrait paraître brusque. « C’est trop cool ça ! En plus la côté est déserte à cette période de l’année vous pouvez … » Elle se stoppe brusquement en reconnaissant les traits d’une ancienne connaissance dont la rencontre la surprend et l’arrête dans sa phrase. Tout ce qui sort d’entre les lèvres de Lene, c’est un prénom qu’étonnamment elle n’a pas eu tant de mal à trouver. Lui, en revanche, n’a pas l’air le moins du monde surpris de la trouver là, sa façon d’hausser les épaules, c’est presque comme si c’était banal. Peut-être parce qu’elle est australienne, et que c’est vrai que c’est pas surprenant de la trouver là quand on y pense. « Lene Adams, le son de ta voix quand tu profères des insultes est toujours aussi doux. » Cette fois, c’est lui qui brise le silence. Une remarque qui ne manque pas de faire sourire la jeune femme d’amusement. Elle l’observe quelques secondes de cette manière, avant d’être interrompue par le klaxon de la voiture arrière maintenant que le feu est revenu vert. Sans rien dire, elle reprend place au volant et redémarre avant de l’interroger sur le pourquoi du comment de sa présence ici. Après Nathan et Myrddin, est ce que tous les britanniques ont décidés de venir s’installer là ? « On dirait bien que non. » Elle hausse le sourcil devant cette affirmation censé pointé le côté naïf de sa question. Elle s’offenserait presque de cette réflexion si la question qui suit ne flattait pas autant son égo. « Et toi tu n’es pas au bras d’un riche héritier ? » C’est vrai que ça aurait été sa marche à suivre et que ça peut être surprenant de la voir à l’arrière d’un tacot, elle qui a passé de nombreuses années à amorcer qu’elle ferait de grand-chose. C’était sans compter sur son côté désinvolte et mauvais. « J’aime être là où on ne m’attend pas. » offre t-elle comme toute réponse en s’donnant tout un genre de femme mystérieuse. Non, elle n’expliquera pas qu’elle a été déshéritée et qu’elle n’a pas encore trop trouvé de voie dans laquelle s’illustrer. Malgré certaine amélioration de son comportement, Lene reste fière et préfère garder la face devant Gauthier, sorti de nulle part. « Je travaille ici depuis quelques années maintenant, une opportunité que je n’ai pas pu refuser. Qui dirait non à l’Australie ? » Et bien, elle aurait dit les anglais, principalement les gosses de riches, vu que l’Australie est quand même assez sauvage ( quand on se sort des grandes villes ) « Toi, j’aurais pensé. Je t’aurais jamais imaginé venir t’installer dans un pays où les araignées ont la taille d’une pastèque et où l’hiver équivaut à l’été anglais. Mais tu vois, je crois qu’aujourd’hui on se surprend l’un et l’autre. » répond t-elle du tac au tac, avant de poursuivre. « Mais, c’est vrai qu’en y réfléchissant, tu n’as jamais eu l’aise très à l’aise là-bas, et ici, on peut trouver plus d’activité à sensation. »
Le monde est petit, ou alors c’est le destin qui a un drôle de pouvoir mais Gauthier a parfois l’impression que Brisbane est le point de rencontre des vieilles amitiés - et de certaines rancoeurs aussi. Pour ce qui est de Lene il ne garde que quelques bons souvenirs avec elle - des rencontres presque clandestines et une passion commune pour la navigation. Il l’utilise même pour attirer son attention, les temps qu’elle le reconnaisse en jetant un oeil dans son rétroviseur, son étonnement est palpable alors que l’anglais reste presque de marbre se contentant d’un sourire. Il n’a jamais été le genre de personne à faire étalage de ses sentiments qu’ils soient bons ou mauvais. Une façade qui lui a été soigneusement apprise par ses géniteurs. Pourtant il y a de l’étonnement dans sa question - parce que retrouver Lene au volant de cette voiture ne peut que lui en procurer. « J’aime être là où on ne m’attend pas. » Il hoche légèrement la tête avec un sourire. « Et bien c’est une réussite, je n’aurais pas parié sur ce type de reconversion te concernant. » Mais au final que connait-il d’elle ? Les souvenirs de leur jeunesse, ce côté légèrement hautain qu’il appréciait chez elle, cette impression qu’elle donnait de n’avoir peur de rien ni de personne et de se considérer au dessus et ce sans aucune gêne. C’est cette sincérité que d’autres pouvaient critiquer qu’il avait apprécié.
A son tour il explique les raisons de sa venue ici - gardant le principal pour lui puisque ça ne regard que sa famille. « Toi, j’aurais pensé. Je t’aurais jamais imaginé venir t’installer dans un pays où les araignées ont la taille d’une pastèque et où l’hiver équivaut à l’été anglais. » C’était pourtant bien mal le connaitre, derrière se côté snobinard et froid Gauthier n’était pas homme à reculer devant quelques bêtes ou un été aride. Les défis de l’Australie lui avaient plus - les possibilités de découverte aussi. Les paysages des environs étant bien différents de ceux qu’il avait arpenté en Angleterre. Et au final rien ne l’avait jamais attaché à son pays natal si ce n’est sa famille. C’est pourquoi il n’avait pas hésité une seconde à venir ici pour la préserver et voir naitre son neveu. « Mais tu vois, je crois qu’aujourd’hui on se surprend l’un et l’autre. » « On dirait bien. » Il ne le dit pas mais il est heureux de la revoir au fond - elle fait remonter quelques bons souvenirs d’un pays qu’il a laissé derrière lui et auquel il se refuse le plus souvent à penser. « Mais, c’est vrai qu’en y réfléchissant, tu n’as jamais eu l’aise très à l’aise là-bas, et ici, on peut trouver plus d’activité à sensation. » Il n’a pas vraiment l’impression de coller plus à la vie Australienne, les gens de ce pays lui rappelant continuellement sa différence - ce côté strict qui semble parfois faire tache dans le paysage. « Je ne suis pas mécontent de ce côté là. Puis avec la mer à côté, c’est l’endroit parfait pour continuer de naviguer. » Il n’a jamais autant utilisé son voilier qu’ici, si son père le savait il en deviendrait probablement vert. « Mais je n’y ai plus eu de compagnie aussi agréable et efficace que la tienne depuis longtemps » Il faut dire qu’il n’a pas cherché non plus. Quand il prend son voilier c’est le plus souvent pour être seul - Lene avait été une des seules filles qu’il avait accepté sur ce dernier - n’en faisant pas un nid à femme mais plus un refuge.
La situation lui parait tellement improbable et surtout, très incongrue. Jamais depuis son départ elle n’aurait pensé se retrouver à nouveau face à Gauthier, ou même tout autre personne qu’elle connue en Angleterre. Elle ne peut vraiment s’empêcher de sourire face à la situation. Ça l’amuse presque même. Maintenant qu’elle sait qu’il est à l’arrière, elle ne peut s’empêcher de se retourner pour l’observer avec un grand sourire. Il lui faut juste un moment pour réaliser. Ce n’est pas pour autant que l’ambiance dans le taxi reste silencieuse. Lene aurait très certainement pu le prédire qu’il ne se serait pas attendu à la trouver là, en fière chauffeuse de taxi. A vrai dire, à chaque fois qu’elle croise une ancienne connaissance, elle se heurte à chaque fois au même air interrogatif ? N’était-elle pas promise à une carrière de femme trophée dilapidant tout l’argent d’un mari trop riche et sûrement trop absent. Evidemment, comme à chaque fois, elle ne répond pas que c’est parce qu’elle a été déshéritée. Elle préfère contourner la question. « Et bien c’est une réussite, je n’aurais pas parié sur ce type de reconversion te concernant. » Elle non plus, si ça peut le rassurer. Mais maintenant, elle aime ça. « Heureusement que ce n’est pas un jeu alors. » ajoute t-elle en lui adressant un clin d’œil.
Elle s’étonne tout de même de le retrouver là, à Brisbane. C’est que, de son opinion des anglais, ils aiment tous bien trop leur reine pour trop s’en éloigner. Mais bon, Lene juge peut être tout l’monde un peu trop vite et mal. C’est pas comme si elle prenait le temps de connaitre les gens avant de décider ce qu’elle en pense aussi. Trop vite en besogne, c’est ce qui la définirait le mieux. Gauthier s’explique tout de même. Enfin, brièvement, mais Lene ne ressent aucunement le besoin d’en savoir plus. Elle s’étonne, puis passe à autre chose en lui avouant quand même qu’elle ne l’aurait pas imaginé vivre en Australie, rapport à la faune, la flore et au climat qui décourageraient bien des individus. C’est donc le jour des surprises. « Je ne suis pas mécontent de ce côté-là. Puis avec la mer à côté, c’est l’endroit parfait pour continuer de naviguer. » Elle sourit, doucement, dans son coin. Il a raison. C’est bien cette proximité avec la mer qui lui avait autant manqué quand elle vivait en Europe. Et puis, le surf qui n’était pas praticable. « Mais je n’y ai plus eu de compagnie aussi agréable et efficace que la tienne depuis longtemps » « Oooh, tu vas me faire rougir ! » commente t-elle en riant avant de poursuivre. « Mais je suis bien d’accord avec toi, la mer n’a rien à voir ici avec l’Europe. D’ailleurs, ça m’étonne maintenant de te croiser ici et pas sur la plage, j’y suis dès que je ne conduis pas. » C’est vrai ça. Ça ne fait que renforcer le côté peu probable de cette rencontre. Nouvel arrêt à un feu, Lene se retourne à nouveau pour lui parler en face à face. « D’ailleurs, si jamais tu souhaites retrouver une compagnie agréable et efficace. Je peux te donner ma carte, les seuls moments où je peux conduire un voilier, c’est quand des bourgeois veulent voir les côtes mais qu’ils ne savent pas naviguer. » Bourgeois. Le terme est fort, surtout pour elle venant de bonne famille mais, avec les années passées à devenir indépendante, elle aime à montrer qu’elle n’est plus de ce monde. « Tu t’es mis au surf du coup ? Ou tu restes au sec ? »
La curiosité de Lene le fait sourire, non pas qu’elle pose trop de questions mais il peut bien voit son regard qui l’observe dans le rétroviseur et la façon dont elle se retourne dès qu’elle le peut comme pour bien vérifier qu’il est là. Elle ne cache d’ailleurs pas sa surprise de la voir en Australie ce a quoi il répond de façon assez évasif, de toute façon il est persuadé que ce genre de détail de sa vie n’intéresserait pas la jeune femme - même si il avait soudainement eu envie de les partager. Au lieu de ça il aborde un sujet qu’il sait intéressant pour la jolie brune, tout ce qui touche la mer, la navigation, le surf aussi si il se souvient bien - et habituellement il a bonne mémoire. La flattant aussi un peu par la même occasion - a n’en pas douter, si elle n’a pas changé elle devrait apprécier. Puis il est honnête en plus de ça - ce n’est pas que pour flatter son égo, il appréciait vraiment de naviguer avec elle. Du moins c’est les souvenirs qu’il en garde, cette époque semble si loin aujourd’hui - presque comme si elle appartenait à une autre vie. « Oooh, tu vas me faire rougir ! » Il sourit un peu alors que son regard se perd momentanément par la fenêtre sur les paysages Australien qui semblent jurer avec le fait qu’il soit en compagnie de Lene. « Mais je suis bien d’accord avec toi, la mer n’a rien à voir ici avec l’Europe. D’ailleurs, ça m’étonne maintenant de te croiser ici et pas sur la plage, j’y suis dès que je ne conduis pas. » Il a fort à parier que Gauthier ne l’aurait pas vu à la plage, quand il est dans certains éléments tout le reste semble s’effacer, il n’entend que le son des vagues, le clapotis de l’eau sur son bateau, il ne voit que l’horizon et cette nature presque parfaite qui est pourtant capable de se déchaîner à tout instant. « Ca ne m’étonne pas de toi. J’imagine que ça doit te faire un bien fou de retrouver cet endroit, je me souviens particulièrement de la façon dont tes yeux pétillaient quand tu parlais de vagues australiennes. » C’était peut-être au fond une des choses qui c’était ajoutées à sa liste de positif quand il avait pris la décision de venir vivre ici. Et il n’avait pas regretté de ce côté là. « D’ailleurs, si jamais tu souhaites retrouver une compagnie agréable et efficace. Je peux te donner ma carte, les seuls moments où je peux conduire un voilier, c’est quand des bourgeois veulent voir les côtes mais qu’ils ne savent pas naviguer. » Cette fois il hausse légèrement les sourcils l’air amusé. « Lene Adams qui a une carte, ça fait très sérieux tout ça. » Il s’amuse un peu parce que la situation est bien différente de ce qu’il aurait pu imaginer. « Mais je veux bien, il se trouve que je suis un peu bourgeois et que j’aimerai moi aussi voir les côtés. » [/color] Evidement, lui sait naviguer et il ne l’a pas attendu pour ça mais l’idée de se retrouver sur un bateau avec elle lui plait bien. Beaucoup même. « Tu t’es mis au surf du coup ? Ou tu restes au sec ? » Il aurait pu lui même aborder le sujet, dans ses souvenirs c’était l’un des passes temps de la jolie brune, rien de si étonnant quand on est Australienne. « Gentiment je m’y mets. » Il lui aura fallu un peu de temps, comme on le dit Gauthier est un homme qui a les pieds sur terre, ou a défaut sur les planches d’un bateau, il lui avait fallu un peu plus de temps pour se décider à tenter la planche. « Je commence à apprécier, mais je crois que j’aurais besoin de quelques cours, je suis peut-être arrivé au bout de ce que je peux apprendre seul. » Et c’est une invitation à être son professeur à peine dissimulé, d’ailleurs il se permet aussi d’ajouter. « Je crois me souvenir que tu n’es pas mauvaise… Je peux utilise ta carte si j’ai besoin d’un coup de main ? » Gauthier qui demande de l’aide, c’est un jour à marquer d’une pierre blanche, du moins si la question n’était pas un peu intéressée au final.
Ce n’était qu’une question de temps avant que tous les deux n’abordent leurs amours, soit les sports extrêmes, d’eau ou même sport tout court. Gauthier n’étant pas une personne très loquace (du moins, comparé à Lene) s’il n’y avait pas eu cette passion commune, l’ambiance dans le taxi aurait été plus silencieuse. Mais, Lene est contente, au point que sa voix grimpe de plus en plus dans les aigu à chaque phrase qu’elle prononce. Faut dire que Gauthier n’a pas aidé en commençant à parler de la mer australienne, le truc dont Lene pourrait parler des heures (ce qu’elle devait déjà faire en Angleterre). « Ca ne m’étonne pas de toi. J’imagine que ça doit te faire un bien fou de retrouver cet endroit, je me souviens particulièrement de la façon dont tes yeux pétillaient quand tu parlais de vagues australiennes. » Et il s’en souvient. Une nouvelle fois, la surprise la frappe parce qu’il n’a pas oublié et qu’elle n’aurait pas pensé l’avoir marqué à ce point. Bon, ça n’est pas grand-chose en soi mais Lene n’a jamais pensé que ses blabla méritent qu’on s’en rappelle encore dix ans plus tard. Ça lui fait plaisir de le savoir et lui donne un peu plus envie de ressasser tout ça avec Gauthier. Pourquoi pas en reprenant leurs anciennes activités ? Après tout, s’il n’avait jamais eu semblable compagnie. « Lene Adams qui a une carte, ça fait très sérieux tout ça. » Pourquoi ça ne le serait pas ? « Mais je suis une personne sérieuse. » commente-t-elle en attrapant vite fait une carte pour la lui tendre. « Mais je veux bien, il se trouve que je suis un peu bourgeois et que j’aimerai moi aussi voir les côtés. » « Haha » rétorque t-elle lorsqu’il fait allusion à ses propres moqueries comme s’il s’était senti visé alors qu’elle est techniquement toute aussi bourgeoise que lui. « Toi, tu sais naviguer. » lui fait t-elle remarquer avant d’ajouter « Mais je serais ravie de faire comme si tu savais pas si ça me permet de monter à bord. » d’une voix pleine de charme comme si elle en avait besoin. C’est surtout qu’elle ne voudrait pas qui lui prenne l’envie de changer d’avis. Parlant d’enseignement, elle lui demande s’il s’est mis au surf. Parce que de ce qu’elle se souvient, ça, elle se souvient qu’il ne sait pas en faire. « Gentiment je m’y mets. » dit-il, ce qui parait un peu modeste pour Lene. « Gentiment ? Gentiment comment ? » Elle a envie de savoir. Après tout, si Gauthier sait naviguer et qu’elle n’a plus rien à lui apprendre dans ce domaine, pour le surf, c’est différent, il n’aurait pas réussi à rattraper une vie de pratique en quelques années. « Je commence à apprécier, mais je crois que j’aurais besoin de quelques cours, je suis peut-être arrivé au bout de ce que je peux apprendre seul. » Elle commence à sourire en coin, voyant où il veut en venir. « Je crois me souvenir que tu n’es pas mauvaise… Je peux utilise ta carte si j’ai besoin d’un coup de main ? » « Gauthier Hazard-Perry ? Une carte ? ça me parait bien sérieux tout à coup ! » rétorque t-elle comme pour se moquer des paroles qu’il a eu un peu plus tôt avant de reprendre plus doucement. « Evidemment, si tu sens que tu as besoin d’une aide extérieure pour progresser, je peux venir t’aider. J’ai toujours été très charitable tu sais bien. » Oui bon, elle se jette quand même quelques fleurs. Mais dans le fond, elle est assez ravie de la tournure des choses. Malheureusement, elle manque d’un entourage versé dans le domaine marin et un partenaire ne lui déplairait pas. Elle prend un virage et gagne le quartier résidentiel que Gauthier lui a indiqué. « On va bientôt arriver chez toi » dit-elle, sa voix redescend, ça l’attriste de se dire que cette séquence retrouvaille se termine bientôt.
Il n’explique pas pourquoi mais Lene fait partie de ses personnes qui ont marqué sa vie. Ils n’étaient pourtant pas les meilleurs amis, se sont côtoyés pendant à peine quelques années et uniquement dans certains contextes, mais il n’a rien oublié de ses moments là. Gauthier n’étant de toute façon pas du genre à avoir mauvaise mémoire. Peut-être que c’est le côté un peu garce de Lene qui l’avait marqué, son petit minois coquin ou alors cette façon si particulier dont elle semblait s’éclairer quand elle parlait d’une chose qu’elle aimait. La passion si il ne l’avait pas souvent connu pour les femmes, il savait pourtant ce que c’était pour la vivre tous les jours avec la montagne et d’une certaine façon peut-être se reconnaissait-il un peu en elle même si son enthousiasme était moins visible. Et si la jeune femme avait de toute évidence changée - la carte de visite en étant la première preuve - l’excitation visible sur les traits de son visage elle était restée identique. « Mais je suis une personne sérieuse. » Au ton de sa voix Gauthier avait recommencé à en douter, mais gardé ses commentaires pour lui se contentant d’un sourire alors que le sujet avait légèrement dérivé pour en venir aux touristes qui demandaient son aide. « Mais je serais ravie de faire comme si tu savais pas si ça me permet de monter à bord. » Rangeant la carte dans son porte monnaie avec précaution, il avait à la suite de ça relevé le regard pour croiser celui rieur de Lene dans le rétroviseur. « Je imagine que tu n’auras pas besoin de ça, je crois me souvenir que tu sais user de ton charme pour avoir ce qu’il te plait. » Et ce n’était de loin pas des mauvais souvenirs qui lui revenaient quand il pensait à ça. « Et tout laisse penser que tu n’as pas perdu cet aptitude. » Se penchant un peu en avant pour se rapprocher de son oeil, son visage s’était fendu d’un sourire. Il ne pouvait pas le nier, Lene était toujours aussi belle et il l’idée de l’avoir comme prof de surf était plutôt plaisante. « Gauthier Hazard-Perry ? Une carte ? ça me parait bien sérieux tout à coup ! » Secouant légèrement la tête, amusé, il l’avait laissée continuer. « Evidemment, si tu sens que tu as besoin d’une aide extérieure pour progresser, je peux venir t’aider. J’ai toujours été très charitable tu sais bien. » Hochant la tête en faisant mine d’y croire il avait pourtant ajouté quelques mots. « Tout à fait, charitable c’est exactement le premier mot qui me vient à l’esprit quand je pense à toi. » Evidement un léger sarcasme pouvait s’entendre dans sa voix, mais il n’était pas mécontent que l’idée lui plaise. Un peu de compagnie ne lui ferait sans doute pas de mal, puis ça ferait sans doute taire les commentaires de sa soeur qui lui reprochait de passer sa vie seul en montagne. « On va bientôt arriver chez toi » Effectivement, Gauthier reconnaissait déjà les rues de son quartier qui se dessinaient par la fenêtre et laissaient présager que ces sympathiques retrouvailles allaient toucher à leur fin. Quand la voiture s’immobilisa il lui tendit un billet, ne réclamant évidement pas la monnaie avant de sortir du taxi pour venir se placer près de la fenêtre de Lene et avoir enfin une meilleure vue sur elle, que la partie de son visage qu’il apercevait dans le rétroviseur. « Lene Adams, c’était un vrai plaisir de te revoir. Merci pour la courses et à très bientôt sans doute. » Rien ne laissait vraiment penser qu’ils se reverraient de sitôt, l’emploi du temps de Gauthier étant plus que chargé et à n’en pas douté incompatible avec celui de Lene. Mais il comptait bien garder précieusement sa carte de visite sous la main.