We can't help everyone, but everyone can help someone ↟ Romane
Jameson Winters
la louve raffinée
ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
We can't help everyone, but everyone can help someone.
Romane & Jameson
Le soleil était haut dans le ciel de Brisbane et se réfléchissait sur les jolies couleurs qui délimitaient le village associatif de la gay pride. Un sourire aux lèvres, j’ai remonté l’allée jusqu’au stand où mon amie Aleesha, une jeune femme transgenre, m’attendait. Je l’ai serrée dans mes bras, inspirant l’odeur sucrée de son shampoing à la noix de coco. Elle me remercia chaleureusement d’avoir accepté de venir l’aider et nous avons échangé quelques banalités tout en préparant le stand. Elle s’occupait des flyers et des bannières, tandis que j’installais les gâteaux véganes (et multicolores) que j’avais préparés pour l’occasion. A la base, Aleesha était une ancienne cliente. Lorsqu’elle était venue me voir pour la première fois, elle se présentait encore parfois comme un homme, le sexe qui lui avait été attribué à la naissance. Née dans un environnement très traditionnel, ses proches ne comprenaient pas ses questionnements de genre. Un jour qu’elle s’était maquillée et habillée en robe, son père l’avait brûlée à l’acide en décrétant qu’il préférait que son fils soit mort plutôt « qu’une tarlouze ». Des propos d’une violence insoutenable, qui avaient menée Aleesha à faire une tentative de suicide. A l’hôpital, elle avait été approchée par une association LGBTQIA qui l’avait aidée à se reconstruire et lui avait conseillé de me contacter. Je ne m’étais pas encore spécialisée dans le droit animal et de l’environnement à l’époque, et je travaillais beaucoup avec cette association. Son père avait été envoyé en prison, et Aleesha avait reçu une somme importante en guise de dommages et intérêts. Somme que la gamine de 19 ans avait immédiatement investie dans la création d’une association pour venir en aide aux personnes transgenres victimes de violences ou traversant une période difficile. Dix ans plus tard, l’association avait aidé des milliers de personnes, et Aleesha ne baissait pas les bras une seule seconde.
Un sourire aux lèvres, je l’ai regardée aborder deux personnes qui s’intéressaient à l’association dans trop oser approcher du stand. J’étais subjuguée par son assurance et sa gentillesse. Et j’étais profondément heureuse, aussi, parce que malgré les cicatrices qui recouvraient la peau brune de ses bras, Aleesha avait su mettre ce passé douloureux derrière elle, et se servir de son expérience pour aider d’autres personnes comme elle. La matinée avançait, et de plus en plus de personnes sollicitaient notre stand. J’essayais au mieux de répondre à leurs questions, mais si je maîtrisais assez bien l’identité non-binaire et fluide – pour m’identifier comme telle, je manquais un peu de perspective concernant l’identité transgenre à proprement parler. En revanche, j’étais à même de prodiguer quelques conseils légaux et de rappeler leurs droits aux personnes qui m’interrogeaient. En début d’après-midi, les gens qui sortaient du restaurant se sont mis à affluer en masse. Rapidement, Aleesha et moi réalisâmes que nous aurions besoin d’aide. J’ai rapidement fait le tris dans mes relations, cherchant une personne libre et motivée qui pourrait donner quelques heures de son temps pour nous aider à distribuer les parts de gâteau et orienter nos visiteurs. C’est tout naturellement que le visage de Romane s’est imposé à mon esprit. Jeune, enthousiaste et ouverte d’esprit, la jeune femme était exactement ce qu’il nous fallait. D’autant que je la savais sensible à la cause LGBTQIA puisque nous en avions déjà parlé plusieurs fois lors de nos rencontres. Je me suis donc écartée de la foule une seconde le temps de lui envoyer un sms : « Hey Romy ! Es-tu dispo cet après-midi ? Mon amie Aleesha tient un stand pour son association dont je t’avais parlé l’autre jour et nous n’aurions jamais imaginé que ça attire tant de visiteurs ! Alors si tu as envie de venir nous filer un coup de main, il y a de belles rencontres possibles… et du gâteau ;) J’espère te voir bientôt parmi nous. Bises, J. » J’ai remis le téléphone dans ma poche et me suis à nouveau dirigée vers le stand pour reprendre ma distribution de conseils et de parts de layer cake. J’espérais que Romane déciderait de venir nous rejoindre. D’une part, son aide nous serait profondément bénéfique, mais ça faisait aussi un moment je ne l’avais pas vu, et je ne voyais pas meilleure façon de passer du temps ensemble qu’en soutenant une cause qui nous tenait toutes les deux à cœur.
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
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Dernière édition par Jameson Winters le Sam 29 Oct 2016 - 18:22, édité 1 fois
we can't help everyone, but everyone can help someone.
Tout était bien. Allongée sur son lit, les jambes croisées nonchalamment, Romane ferma le dernier tome d'Harry Potter sont elle venait de finir la relecture pour la énième fois. L'univers la faisait toujours autant rêvé, et si elle avait quelques critiques à proférer à propos de la fin idyllique mais incohérente à ses yeux, aujourd'hui elle se sentait trop en harmonie avec la vision que l'épilogue offrait de la vie. Tout pouvait aller bien. Tous les obstacles que la vie nous jetait dans les pattes pouvaient se révéler n'être qu'autant d'étapes à franchir afin de parvenir à l'ultime sérénité qui nous était promise. En refermant le volume, la brunette ne pouvait s'empêcher de sourire. Comme Amelia le lui avait fait remarqué plus d'une fois, sourire sans raison était véritablement inhabituel pour elle. Mais comme à chaque fois que cela arrivait, elle avait en ce jour toutes les raisons de se laisser aller au bonheur, si petit et si éphémère fut-il. Se redressant, la jeune française observa la pièce dans laquelle elle se trouvait. C'était l'aboutissement de son acharnement, la preuve matérielle de ses succès et réussites. C'était sa chambre, son nouveau chez elle. Un logement dont elle ferait son foyer le temps qu'il faudrait. Un foyer qu'elle pouvait financer grâce au boulot qu'elle avait trouvé et auquel elle s'était accroché de toutes ses forces. Oubliées, les nuits sur les pavés ; oubliées, les errances désemparées. Si la dernière ne datait que de deux jours auparavant, une rencontre avait tout fait basculé et aujourd'hui était un jour pour l'espoir. Elle venait d'emménager. Le vibreur de son téléphone la sortit de sa béatitude, sans pour autant lui ôter sourire ou bonne humeur. Au contraire, ses lèvres ne firent que se retrousser davantage lorsqu'elle lût le nom de Jameson sur son écran, faisant glisser son pouce avec enthousiasme pour ouvrir le message. La lecture de ce dernier la fit sauter sur ses pieds avec ravissement. Tout en cherchant de quoi s'habiller pour rejoindre son amie, elle laisse revenir à elle de nombreux souvenirs. Elle voyait le regard dur de Yasmina, ses gestes puissants, son désir inépuisable de vivre. Elle sentait les bras de son amie se refermer autour d'elle pour la protéger des démons faiblards de la dépression. Elle entendait ses explications, ses remises en questions du monde, ses utopies mises en mots. Yasmina l'avait sauvé en lui demandant de la sauver. Elle lui avait présenté un monde qui apportait des réponses. En même temps que la notion de transféré étaient entré dans son vocabulaire les concepts d'asexualité et de féminisme intersectionnel. À côté de Romane était née Malika, celle qui était forte, celle qui avait mis fin aux scarifications aux pleurs aux peurs aux regrets et qui lui avait donné la force de reprendre goût à la vie malgré l'amertume constante collée sur son palais. Désormais il lui restait de cette créature magnifique une photo, des souvenirs et des messages occasionnels. Il lui restait une fougue pour vivre. Il lui restait une envie de défendre la vie dans la diversité qu'elle offrait. Aussi cela paraissait-il évident qu'elle allait répondre positivement à la requête de Jameson. Après avoir choisi un tee-shirt court blanc et un short en jean taille haute, et enfiler rapidement ses tennis blanches, Malika se mît donc en route pour le village associatif mis en place au cœur de Brisbane pour la durée de la Pride. Elle avait été ravie de découvrir qu'ici, l'événement ne se résumait pas qu'à un défilé au cours d'une après-midi noyée dans les événements estivaux, comme c'était le cas à Paris. Ses pieds apprivoisaient le chemin de sa nouvelle maison, enregistrant certains chemins qui la menaient à son lit douillet. Elle dansait presque, oubliant un moment - le temps d'un joli rêve - qu'elle payait les épisodes maniaques par des rechutes violentes. Cela ne l'empêchait plus de profiter de l'euphorie excessive le temps qu'elle durait. Lorsqu'elle parvint aux remparts multicolores du village, elle redoubla encore de joie. Elle était désormais au bord de l'explosion, mais aider Jameson et Aleesha sur le stand allait lui permettre de focaliser son énergie, de l'écouler de façon productive. Romy repéra rapidement le stand et s'en approcha, se mêlant à la foule des badauds. Il y avait ceux qui passaient par là, ceux qui avaient besoin de réponses, ceux qui ne comprenaient pas, ceux qui venaient juste pour les gâteaux vegans. Il y avait des yeux qui ne cachaient qu'à grand peine leur douleur, des yeux qui révélaient une curiosité ambivalente, des yeux qui se cachaient par peur. "Jaimie !" Romane se fraya un chemin dans cette petite foule, jusqu'à atteindre l'avocate. À l'heure actuelle, la qualifier de militante semblait pourtant plus à propos. La française lui offrit son plus beau sourire, secouant sa crinière décolorée. Elle se haussa sur la pointe des pieds pour déposer un bisou chaste sur la joue de sa mentor, avant de se tourner vers celle qu'elle supposait être Aleesha. Elle était en conversation avec deux personnes, aussi Romy décida-t-elle de rester à l'écart pour l'instant. Relevant le museau vers Jameson, elle reprit : "Comment vas-tu ? Ça va ? Que puis-je faire pour vous être d'une assistance quelconque ?" Son anglais était toujours déformé par son charmant accent natif et la poussait parfois à des tournures de phrases inattendues.
Made by Neon Demon
Jameson Winters
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ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
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Romane & Jameson
Le soleil commençait à taper sérieusement en ce milieu d’après-midi, et la foule qui s’agglutinait autour de notre stand n’aidait pas vraiment à se rafraîchir. J’en venais à me dire qu’au lieu de cuisiner des gâteaux, j’aurais mieux fait de me la jouer glaces et smoothies. A croire qu’après toutes les années vécues en Australie, j’ignorais encore cette caractéristique de mon pays d’adoption. Du Canada d'où je venais, nous avions rarement ce problème, même en plein été. Après un moment, je me suis écartée du stand pour boire un verre d’eau et tenter de me rafraîchir. C’est à peu près à ce moment-là que j’ai entendu Romane prononcer mon nom, un peu plus loin dans la foule. J’ai relevé la tête, cherchant à l’apercevoir, puis un sourire a fendu mon visage en la voyant se frayer un chemin jusqu’à moi.
- Romy ! Comme je suis contente que tu ais pu te libérer !
J’ai rapidement ouvert la petite porte en bois qui séparait l’arrière du stand de la foule et je me suis écartée pour la laisser pénétrer sous notre tente, à l’abri des rayons brûlants. Là, j’ai faillis la prendre dans mes bras par habitude, avant de me souvenir qu’en tant que française, ma jeune amie tapait plutôt dans la bise. Je ne fus donc pas trop surprise lorsque je sentis ses lèvres effleurer ma joue, et j’ai collé une bise à mon tour sur la sienne avant de m’écarter, la couvant légèrement du regard. Il fallait dire que j’étais heureuse de la voir ici. Mais surtout, ravie de la voir épanouie. Son visage irradiait depuis qu’elle était en Australie. Bien sûr, je savais qu’elle avait encore des problèmes, notamment parce que sa petite sœur ne l’avait pas encore rejointe. Mais malgré ça, sa mine était beaucoup plus rayonnante que la première fois que je l’avais rencontrée, en France. Et je savais que mettre de la distance avec son père était probablement l’une des causes première de ce changement.
- Je vais bien, et toi ?
Je lui ai tout de même demandé. Puis, comme elle souhaitait savoir ce qu’elle pouvait faire pour se rendre utile, j’ai promené mes yeux sur le stand qui s’étalait autour de nous, cherchant l’inspiration.
- Tout ! J’ai plaisanté avec un petit rire. Puis, plus sérieuse, je me suis reprise : en réalité, il s’agit de renseigner les personnes qui viennent nous aborder ou qui semblent hésiter sans trop approcher. Les écouter, répondre à leurs questions, contrer certains préjugés… et distribuer des parts de gâteau et flyers présentant l’association.
Tout en parlant, j’ai attrapé un flyer multicolore et lui ait mit entre les mains. J’avais déjà parlé de l’association à Romane, mais sans vraiment rentrer dans les détails. Le prospectus que je lui tendais reprenait ses principales missions, qui tournaient toutes autour de la volonté d’offrir un espace « safe » pour les personnes transgenres : écoute, sensibilisation du grand public, aide aux victimes de violences, organisation d’évènements de rencontre…
- Sois-toi-même, et amuses toi. Si tu parles à quelqu’un qui a des questions concernant ses droits, tu me l’envoies. Et si une personne te semble en souffrance psychologique, n’hésite pas à appeler Aleesha, elle a une formation de psychologue et saura leur offrir son soutien.
Et, comme cette dernière terminait justement avec une passante, j’en ai profité pour lui faire un signe de la main. Alors qu’elle s’approchait vers nous, j’ai désigné Romane avec un sourire.
- Aleesha, je te présente Romy. Une amie française très sensibilisée à la cause. Elle est venue nous aider.
La réaction de la grande brune fut immédiate. Elle serra Romy dans ses bras et s’écarta, la tenant un instant par les épaules. « Du sang neuf ! » S’exclama-t-elle avec la bonne humeur qui la caractérisait désormais. « Merci pour ton aide, mon chou. Prends du gâteau si tu en as envie. Et viens me voir si tu as le moindre problème. » Elle lui fit un clin d’œil et reparti s’occuper des passants, alors j’ai mis une main dans le dos de Romane pour l’entraîner vers l’avant du stand, où nous pourrions plus facilement renseigner les curieux.
- Tu es prête ? J’ai demandé sur la route. Je reste pas loin de toi. N’hésite pas à m’interrompre si tu as besoins d’un coup de main.
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« Je vais bien! » Romy ponctua cette affirmation d'un large sourire et d'un hochement de tête vigoureux. Cette rencontre, cet endroit, cet instant : ce n'était pas fait pour qu'elles discutent. Elles auraient l'occasion de le faire par la suite, quand elles seraient au calme - Jaimie prenait toujours le temps de s'intéresser à la vie de Romane, et les aventures quotidiennes de l'avocate passionnaient la jeune femme. Il n'y avait jamais de question de temps entre elles : quand elles l'avaient, elles le prenaient, et quand elles n'avaient pas le temps de se voir et d'échanger autour d'une pâtisserie vegan ou d'un verre, elles le créaient. Maintenant n'était pas l'une de ces occasions, du moins pas dans l'immédiat, aussi la française tentait-elle de transmettre sa sérénité et son bien être à Jameson par le biais unique de son regard pétillant. D'ailleurs, cette dernière confirma bien qu'elles n'avaient pas vraiment le temps de papoter. La foule continuait de s'amasser autour du stand, et Aleesha, seule, de répondre de sa voix douce aux interrogations qui fusaient. Romane attrapa le flyer que lui tendait Jameson et le lut en diagonale, tentant de retenir les informations importantes. Parallèlement, elle écoutait avec attention ce que lui disait son amie. Elle se fendît même d'un sourire à l'ultime conseil de la grande brune, selon lequel il lui suffirait d'être elle-même pour que la fin de journée se déroule tranquillement. Comme à son habitude, Romy en doutait sincèrement, mais elle garda ses réticences pour elle. Après tout, il ne s'agissait pas d'un débat personnel. Si le problème dont il était question ici la touchait fortement émotionnellement, elle connaissait tout de même bien le milieu et il ne lui serait pas particulièrement difficile de naviguer parmi les questionnements possibles tout en restant distante et impersonnelle. Elle repensa au visage lumineux de Yasmina et évoqua Malika ; avec ces souvenirs à ses côtés, tout irait bien. Elle pivota sur ses talons au moment où Jameson lui présentait Aleesha afin de faire face à la jeune femme. Rayonnante, elle semblait comme un véritable poisson dans l'eau. Romy lui sourit doucement, hésitant quant à l'attitude à adopter, mais Aleesha fut plus rapide, la prenant immédiatement dans ses bras. Un rire nerveux franchit les lèvres roses de la Française, qui n'était toujours pas habituée à la démonstrativité de certains Australiens. Elle referma malgré tout ses proches bras autour du corps d'Aleesha, avant de se reculer pour la saluer à son tour. La familiarité exubérante de la femme la fit rigoler à nouveau, et elle lui assura en quelques mots qu'elle ferait de son mieux. Elle suivit même le conseil et prit une petite part de gâteau qu'elle engloutit d'une bouchée avant de se mettre au travail, rassurant Jameson d'un sourire supplémentaire. La journée lui sembla défiler à toute vitesse. Les visages se succédaient devant le stand, les questions s'enchaînaient, les petits amuse-bouche vegan disparaissaient. Romane avait la sensation étrange, mais loin d'être désagréable, de s'oublier dans ce tourbillon d'activité. Elle virevoltait entre les deux autres femmes, attrapant un flyer, ou un bras quand elle avait une question, pointant l'une ou l'autre aux curieux ou répondant de son mieux. Elle renouait avec des notions qu'elle considérait comme acquises mais, découvrait-elle, qu'elle avait du mal à expliquer clairement. Elle fronçait les sourcils, parfois, face aux questions pleines de préjugés et d'ignorance, ou encore s'extasiait des connaissances de certains autres questionnements. Essoufflée, Romane leva les yeux à nouveau, ouvrant la bouche pour répondre à une nouvelle interrogation. Le ciel s'assombrissait déjà, le bruit constant s'effaçait lentement, les silhouettes lui tournaient le dos et disparaissaient tranquillement dans la nuit. C'était déjà fini. La jeune Française pivota sur ses talons, prise de court. Après la course qu'avait été cette journée, elle ne s'attendait pas à un tel calme. « Wow, » souffla-t-elle, étouffant un rire dans ses boucles blondes, avant d'attraper le bras de Jameson. « Alors, boss, j'ai fait comment ? » Son ton rieur enchantait l'air autour d'elle. Elle était dans un état d'euphorie, les dernières gouttes d'adrénaline cherchant un moyen d'être évacuées. « J'ai le droit à un gâteau, comme récompense ? » Sans attendre de réponse, elle attrapa une patisserie du bout de ses doigts, et le porta à ses lèvres, savourant le sucre qui glissait dans ses veines. Elle ne voulait pas rentrer tout de suite : c'était ça, le truc, quand on avait une maison, un chez-soi. Il serait toujours là au milieu de la nuit. Il n'y avait aucune urgence à le rejoindre, aucun risque à ne pas le faire immédiatement. Un nouveau rire s'extrait de ses tripes, et elle finit rapidement le cupcake avant de se tourner vers Aleesha et Jaimie. « On fait quoi maintenant ? » Son sourire, immense, lumineux, lui semblait déborder de son visage, illuminer la ville, rejoindre la lune.
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Romane & Jameson
Le jour fit place au crépuscule. L’agitation, au calme. Un sourire sur ses lèvres, j’entrepris de ramasser les flyers tandis que les derniers badauds s’éloignaient, leurs ombres agrandies par le soleil couchant. J’avais les pieds en bouillie, les muscles de la nuque qui tiraient à force de me pencher vers les passants pour répondre à leurs questions. En d’autres termes, j’étais devenue trop vieille pour ce genre de journée militante. Mon corps, du moins. Parce que mon esprit était léger, et je me nourrissais de la satisfaction du travail accompli. Des conseils donnés, des paroles échangées. Inspirantes pour certaines, horrifiantes pour d’autres. Constructives, quoi qu’il advienne. Et je savais que je me coucherai ce soir avec le cœur léger, heureuse de savoir que j’avais apporté une pierre à l’édifice, défendu des valeurs qui m’étaient chères. J’avais l’âme militante, je l’avais toujours eue. Et si j’étais honnête avec moi-même, j’avouerais sans honte que me battre pour les causes qui m’étaient chères étaient mon unique raison de vivre. C’était aussi triste que réjouissant, dans le fond, parce que je m’étais toujours jurée de ne jamais devenir comme Kyte, mon mentor. Lui, qui avait dédié sa vie à la cause animale, au point de ne plus pouvoir montrer le bout de son nez sans risquer d’être arrêté par la police pour écoterrorisme. J’aurais facilement pu prendre cette route. J’avais les nerfs solides, l’esprit vengeur et un certain mépris pour les lois. Mais je tenais à mon apparente liberté, et un court passage derrière les barreaux m’avait à jamais ôté l’envie de devenir une hors la loi. Alors j’avais fait strictement l’inverse, et m’étais enfermée dans une profession d’avocate qui me permettait de pourfendre le système de l’intérieur. Et ça me faisait bander, de savoir que j’étais le cancer du capitalisme. Mais dans le fond, je n’étais pas plus libre que Kyte. Et j’avais sacrifié toute vie personnelle, toutes mes relations, et toute possibilité de fonder une famille pour mieux servir la cause. Parce que tant que je ne tenais à personne, je n’avais aucune faiblesse. Et si je n’avais aucune faiblesse, aucun lobby ne pouvait exercer le moindre chantage sur moi. Et alors je les laminais en procès. Une stratégie efficace, qui faisait de moi l’avocate la plus redoutée de la ville. Mais cela m’avait aussi transformée en une sorte de machine insensible, à des lieues de la personne que j’étais, dans le fond. Merde, je dois vraiment être fatiguée. J’ai songé en aidant Aleesha à replier les tables. Je détestais lorsque mes pensées prenaient cette route. Fort heureusement, Romane m’en tira presque immédiatement, attrapant mon bras et me demandant comment elle était. Et sa bonne humeur était tellement contagieuse qu’il fut facile de fourrer ces sentiments négatifs bien profondément dans ma boite de pandore, celle que je n’ouvrais jamais.
- Tu as été épatante.
J’ai répondu avec un sourire sincère. Du coin de l’œil, je l’avais observée lorsque j’avais une minute. Son naturel mettait immédiatement les visiteurs à l’aise, et elle avait sût les aiguiller, les renseigner, et transmettre une excellente image de l’association d’Aleesha. J’ai laissé échapper un petit rire lorsqu’elle s’empara d’un gâteau et j’ai hoché la tête, pour lui donner l’autorisation dont elle n’avait évidemment pas besoin. Pendant qu’elle finissait son cupcake, j’ai aidé Aleesha à charger sa camionnette et éclaté de rire lorsqu’elle commenta ma force (dont je n’étais pas peu fière). Je lui ai expliqué que c’était ça de bouffer des plantes et de faire de l’escalade, ça m’avait forgé une musculature en béton. Il me semblait qu’Aleesha ne mangeait pas de viande, juste du poisson, et j’avais l’espoir de l’inspirer à lâcher tout bout de cadavre à la longue. Nous sommes revenues vers Romane qui leva sa bouille vers nous, un magnifique sourire sur ses lèvres pleines, pour nous demander ce que nous faisions désormais. « Vous deux, je ne sais pas ! » S’exclama Aleesha. « Mais moi je me casse d’ici, j’ai mon chéri qui m’attend à la maison pour me faire un looong massage bien mérité. » J’ai laissé échapper un petit rire à sa remarque et l’ai serrée dans mes bras pour la saluer. Ensuite, elle s’est approché de Romane et lui a réservé le même traitement. « Merci pour ton aide mon chou, tu as été fan-ta-stique ! »
- Rentre bien ! J’ai dit avec un sourire, agitant la main tandis que mon amie s’éloignait. Puis je me suis tournée vers Romane. Tu as des obligations ce soir ? J’ai demandé en plaçant les restes de gâteaux dans une petite boite en carton. J’aurais bien pris une tisane à emporter sur les hauteurs du port pour déguster le reste de ces gâteaux, et je serais ravie que tu te joignes à moi. Notre dernière rencontre remonte à bien trop longtemps.
J’ai commenté, un sourire aux lèvres. D’ordinaire, j’étais plutôt solitaire, et je me complaisais dans mon silence. Mais ce soir je n’avais pas envie d’être seule. Ou plutôt, j’avais envie de profiter de la présence de ma jolie française, que je ne pouvais jamais voir autant que je le désirais. Envie de savoir comment elle allait, et comment elle se faisait à sa nouvelle vie à Brisbane. C’était important pour moi, de veiller à son bienêtre. Surtout en lumière de son passé difficile dont j'avais malheureusement conscience.
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
we can't help everyone, but everyone can help someone.
Ca retombe, tout doucement. Les mouvements s'assouplissent, ralentissent. L'air reprend sa place, lui qui était remué dans tous les sens pendant les heures précédentes. Le calme se réinstalle dans la place tandis que plusieurs petits groupes s'affairent autour de leurs stands, se dépéchant de ranger les affaires éparpillés par une journée d'activité. Certains se déplacent en duo, distribuent les derniers flyers, informant les autres de soirées et d'événements militants. Romane aide comme elle peut Jameson et Aleesha : étant donné qu'elle ne sait pas très bien où les choses se rangent, elle a l'impression de gêner plus qu'autre chose, parce qu'elle passe son temps à poser des questions tandis que les deux autres enchainent les allers-retours, les bras chargés de cartons. Pourtant, elles ont rapidement terminé. Le stand serait triste à voir, tout vide, tout nu, s'il n'y avait pas encore dans l'air un goût de satisfaction, d'achevé, de succès. Romy ne se départit pas de son sourire, elle qui continue d'agiter ses petits bras dans le vide tandis qu'Aleesha déclare qu'elle soit partir. Elle lui sourit, et l'étreint à son tour, moins surprise que la première fois, en lui souhaitant une agréable soirée, bien méritée. « C'était un plaisir, » ajoute-t-elle avant de laisser son regard trainer sur la demoiselle qui disparaît rapidement au loin. Puis elle se tourne vers Jameson et lui sourit à nouveau. « Non, rien de prévu. » Elle tente de se calmer, de canaliser l'énergie qu'elle sent pulser en elle – mais elle sait que c'est peine perdue. Une enfant de trois ans, voilà l'image qu'elle va dégager pour un moment, dont la longueur est imprévisible. Elle sautille, exaltée par la journée, par le bien-être, par les sucreries. « Ca me va tout à fait, une tisane c'est pile ce dont j'ai besoin, » sourit-elle, avant de suivre Jameson vers le salon de thé. En chemin, ses bras continuent de se balancer de part et d'autre de son corps fluet, ses jambes l'entrainent en avant puis elle ralentit pour être de nouveau au niveau de l'avocate, ses doigts se perdent parfois dans sa chevelure, son sourire virevolte entre ses lèvres et ses yeux brillants. « C'était vraiment cool de ta part, de penser à moi, aujourd'hui. » Elle lance ça à l'aveugle, sans regarder son amie, sans réfléchir outre mesure. Et puis, elle rougit doucement – elle sait pas trop pourquoi, de toute façon elle s'en rend pas trop compte. Elle tourne la tête et lève les yeux vers la grande femme à ses côtés. « Je devrais penser à m'engager dans une association. » Sous-entendu, potentiellement celle d'Aleesha. La jeune femme a l'air sur la même longueur d'onde qu'elle, et son charisme est évident, de même que son entrain et son engagement corps et âme pour la cause. Et puis, c'est une connaissance de Jaimie, ce qui ne peut qu'être à son avantage. Les deux femmes arrivent bientôt au salon de thé, où Romane commande une camomille dans le vague espoir que l'adrénaline cesse ses allers-retours infernaux dans son système sanguin, dans l'espoir d'apaiser l'excitation qui fait presque trembler ses membres. Elle sert les dents, elle retient les jurons de dévaler la pente de ses lèvres charnues. Putain de dépression de merde, putain d'émotions incontrôlables, putain de bonheur qui veut pas se tenir tranquille, qui veut pas prendre des accents de sincérité, qui fout le doute partout, tout le temps, même quand on est de bon poil. Elle dit rien de tout ça, elle remercie le serveur et elle trempe ses lèvres dans l'eau bouillante. Elle se brule, elle lache un grognement, et boum. L'humeur tombe au sol : après un vol plané, l'atterrissage pourri n'en est que plus difficile. La manie, ça empêche d'être de bonne humeur tranquillement, ça fait regretter les heures de désespoir, parce que les larmes, elles, ont l'air de faire sens bien plus que cette euphorie factice et superlative. Elle dit pas un mot, Romy, avant qu'elles ne parviennent en haut de la colline où Jameson voulait l'emmener. Et elle sourit doucement, un sourire triste, un sourire mélancolique, un sourire beau. Le style de sourire qui, chez les autres, lui donne envie de protéger la personne tout en la conservant dans cet état précis. Le style de sourire qui flottait sur les lèvres de Jordan quand elle l'a trouvée au bord d'une falaise, un peu trop près du précipice. « J'vais tellement bien, la vie ici se passe tellement bien, pourtant ça marche pas. » Les mots tombent au sol, ce sol où elle s'assoit sans s'occuper de l'humidité de l'herbe ou du relief rugueux des cailloux. Son regard passe furtivement sur le visage de Jameson mais elle arrive pas à s'y fixer, elle arrive pas à soutenir l'intensité de la bonté pure qu'elle lit dans ces yeux bleus. Elle arrive pas à soutenir l'altérité. Elle préfèrerait se perdre dans elle-même, oublier, pourtant elle continue d'en parler, de cet ouragan d'émotions qui déferle continuellement sur la plage de son cœur. « Ca monte, ça descend... il y a dix minutes j'aurais pu éclater de rire sans raison, et maintenant j'ai presque envie de chialer. » Elle sait pas pourquoi elle se déverse comme ça, ou peut-être si : parce qu'elle voue une confiance absolue en cette femme, cette avocate qui est apparue un jour dans son existence et qui a accepté d'en faire partie à long terme, sans date de péremption, sans conditions ; la seule qui l'ait jamais abandonnée, peu importait la distance physique entre elles, ou le temps qui passait entre leurs discussions, ou la vie qui s'immisçait dans leurs existences à chacune.
Made by Neon Demon
Jameson Winters
la louve raffinée
ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
We can't help everyone, but everyone can help someone.
Romane & Jameson
Un sourire léger sur les lèvres, j’ai regardé Romane trottiner en direction du café où je comptais prendre nos tisanes. C’était une vraie pile électrique ma parole ! Et ça me faisait plaisir de la voir d’aussi bonne humeur, virevoltant à mes côtés, luttant pour rester à mon allure dolente malgré l’excitation évidente qui bouillait dans ses veines.
- C’est plutôt moi qui devrais te remercier d’être venue. J’ai dit avec un sourire tendre, presque maternel. Mais je suis contente que tu ais passé un bon moment. Et si tu as envie de t’investir dans cette cause, je pense qu’Aleesha t’accueillera à bras ouverts. Elle a beaucoup apprécié ton aide et ton énergie.
L’idée que ma petite Française puisse s’associer à mon amie me ravissait. Évidemment, j’aurais préféré voir Romane se passionner pour l’écologie et la cause animale, mais si son cœur allait davantage vers l’humanitaire, je ne pouvais pas la blâmer. Après tout, j’étais persuadée que nous avions tous une vocation qui nous était personnelle, et qu’il fallait des activistes passionnés dans tous les milieux. Moi, côté humain, j’avais donné. Et j’avais tellement été déçue par ma propre espèce que la plupart du temps mes sentiments à son égard frôlaient plutôt la misanthropie, de nos jours. Une haine ambivalente, teintée d’un optimisme fugace. Je haïssais le capitalisme, la consommation, la corruption et l’égoïsme propre à mes semblables. Et paradoxalement, ces sentiments me permettaient de m’émerveiller lorsque je croisais des individus comme Romane, Robin, Aleesha, Jordan ou encore Kyte. Des étoiles scintillantes dans une marée vaseuse. Des êtres dont la lumière, la passion de vivre, la bonté ou l’originalité me redonnaient foi en l’humanité, l’espace d’une seconde. Alors je me disais que si des personnes comme ça existaient, tout n’était pas encore perdu. Et je les soutenais, avec tout mon cœur et toute la rage de combattre que j’avais dans les veines. Mais je ne lançais plus les assauts, ne m’investissais plus pour des inconnus. Parce que je n’arrivais pas à m’ôter de la tête que dans le fond, l’espèce humaine ne méritait pas d’être sauvée. Que toutes les autres espèces animales et végétales se porteraient mieux sans nous. Et je crois même que si j’avais le pouvoir de nous éliminer, je le ferais. Avec toutes nos guerres et nos territoires. Nos pires inventions comme les plus belles. Tous les gens qui avaient un jour croisé mon chemin, et moi avec. C’était facile, dans le fond, parce que je n’avais aucune attache, aucune racine. Que je ne savais pas ce que c'était que d'aimer quelqu'un de tout son être. Mais surtout parce que mon combat, à moi, c’était de préserver la nature sauvage. Et que son seul ennemi avait forme humaine.
Le serveur a demandé ce que je prendrai et j’ai froncé les sourcils, réalisant seulement le tour qu’avaient pris mes pensées. J’ai commandé une tisane avec un sourire de circonstance, en mettant mon fantasme d’holocauste sur la fatigue de la journée. J’ai pris le gobelet brûlant entre mes mains et me suis dirigée sur le port, espérant que l’air frais de la mer ravive l’enthousiasme léger qui m’avait habitée quelques instants plus tôt. Mais je sentais bien que quelque chose avait changé. Et pas vraiment en moi, en fait. C’était peut-être un truc dans l’air. La nostalgie du crépuscule ou quelque chose comme ça. Parce qu’à mes côtés, Romane avait l’air beaucoup plus grave, elle aussi. Ses sourcils légèrement froncés et son regard hanté formaient un tableau presque tragique. Et son beau visage me sembla soudain si vulnérable, lorsqu’elle me sourit tristement, que j’ai senti mon cœur se serrer. L’idée d’anéantir Homo-Sapiens était bien loin de moi, désormais. Tout ce que je voulais, c’était protéger Romane de la dureté de ce monde, et de l’ouragan qui la dévastait de l’intérieur et que je devinais à travers ses prunelles sombres. Ces émotions trop fortes qui semblaient l’engloutir d’un extrême à l’autre. Une affliction que je ne connaissais que trop bien, parce qu’elle m’avait arraché bien des larmes dans mon enfance, avant que je ne parvienne à la maîtriser. Sans rien dire, je me suis assise aux côtés de la jolie blonde et je l’ai écouté s'ouvrir avec une sincérité déconcertante.
- Romy, j’ai dit d’une voix douce. Tu as à peine vingt ans et tu as vécu dans ta vie des situations qui auraient ébranlé plus d'un adulte. Des trucs que personne ne devrait avoir à affronter. Alors c’est normal que tu ne parviennes pas à tirer tout de suite un trait sur ton passé. A te donner entièrement à ta nouvelle vie, même si elle te semble géniale et t’accueille à bras ouverts. Ça prendra du temps.
J’ai posé la boite de gâteaux entre nous et j’ai expiré longuement, le regard fixé sur l’horizon. J’avais les entrailles qui tiraillaient d’une façon plutôt désagréable, et je savais que ça n’allait pas s’arranger avec le truc que je m’apprêtais à lui sortir. Et pourtant, il fallait que je le fasse. Parce qu’aussi pénible que c’était pour moi de l’admettre, ma façon de gérer mes émotions s'était révélée plutôt merdique. Et lorsque je m'en étais rendue compte, il était trop tard pour faire demi-tour. J'avais sacrifié ma sensibilité pour ne plus souffrir, m'amputant au passage de la possibilité de ressentir la joie intense, l'amour, l'excitation. J'étais devenue une statue de glace. Une machine efficace et inébranlable. Et je n'avais jamais remis en question ce choix avant de croiser le chemin de Robin, quelques semaines plus tôt. Depuis, je doutais de tout. Et je n'arrêtais pas de me demander si Maître Jameson Winters, c'était moi ou juste une armure. Et ce qui était arrivé à la petite Jaimie passionnée qui m'avait un jour habitée. Ce qu'elle aurait pu devenir. Alors quelque part, je supposais que je n'avais pas envie de voir Romane s'engager dans la même voie. Peut-être même que c'était pour ça que je l'avais prise sous mon aile des années plus tôt, sans le savoir. Je n’avais pas pu m’empêcher de ressentir une connexion instantanée avec cette gamine aux grands yeux où se mêlaient la tristesse, la colère, et cette question : pourquoi ? La même que celle qui m'avait hantée pendant des années. Probablement celle qui tourne dans la tête de tous les enfants dont les parents sont incapable d’aimer correctement.
- Tu prends tout. Les joies comme les peines. Les surprises et les déceptions. L’espoir et le doute. Malgré tout ce que tu as traversé, tu es parvenue à garder ton cœur ouvert. Et tu n’en as peut-être pas l’impression maintenant, mais c’est une putain de force.
J’ai cherché son regard pour qu’elle voie la conviction dans mes yeux. Comme si ça ne s’entendait pas à ma voix rauque qui vibrait un peu. J’ai soutenu son regard un instant et j’ai laissé un sourire confiant étirer mes lèvres.
- Il faut juste que tu apprennes à la canaliser. Même les émotions négatives peuvent bourgeonner sur quelque chose de positif. L’art. Le sport. Ou encore la rage de se battre pour une cause qui t’est chère. J’ai haussé les épaules et reporté mon regard sur l’horizon en portant mon mug fumant à mes lèvres. C’est ce que je fais, moi, en tout cas.
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
we can't help everyone, but everyone can help someone.
Elle est loin, l'insouciance de l'instant présent, la satisfaction douce, l'excitation sucrée, il est loin, le sourire qui brille dans les yeux. Désormais, deux masses mornes se meuvent dans la nuit australienne - cette nuit noire, réellement sombre, profonde, vivante. Cette nuit étrange et étrangère. Cette nuit qui ne résonne pas tout à fait du même éclat qu'un chez-soi ; pas ce soir, pas maintenant en tout cas. Hier, demain, peut-être, sûrement, mais pas maintenant. La fumée qui s'échappe des tasses de thé, seule, trouble le ciel d'encre par ses petits nuages de buée. Comme un rappel, s'il en fallait, que l'univers et ses règles physico-mathématiques se fichent bien des tourments des âmes de ses habitants. Ils se dissolvent rapidement, ces petits nuages de buée condensée. Ils ont à peine le temps de s'élever, de vivre, avant de se dissoudre dans l'air froid. Comme ma joie... Pensée triste, amère. Pensée convaincue, abattue, dépitée, confirmée, ancrée, encrée, dans son esprit tourmenté. Les mots se déversent, dégueulent de la bouche tordue par l'émotion et l'incompréhension, coulent du cœur endolori et meurtri par les blessures et les pansements successifs, approximatifs. Le silence lui répond, un instant, un tout petit instant qu'elle laisse s'étirer entre elles, un tout petit instant dans lequel elle s'enfonce. Et les mots doux résonnent à ses oreilles, parviennent à son cœur lentement. Cœur qui se serre. Elle ne croit pas, elle, qu'elle a vécu de si horribles choses. Il ne faut pas comparer, Romane. La voix sage et sérieuse résonne dans son esprit, écho d'une litanie cent fois répétée. Tu as le droit de souffrir. Ta douleur n'est pas illégitime. Ta douleur n'est pas non-avenante sous prétexte que d'autres ont vécu pire, ont souffert plus. L'écho se répand dans son système nerveux et elle tente - une millième fois, lui semble-t-il - de réconcilier savoir et sentir. Sans succès. Masque nostalgique qui se brise. Tout prend du temps ; et en attendant, elle souffre, Romane. Elle est obligée de continuer au jour le jour, de se lever chaque matin, d'aller au travail chaque midi, de se nourrir chaque repas, de sourire chaque fois qu'un regard se pose sur elle. Elle est obligée de le vivre, ce temps qui prend son temps, obligée de subir la rémission en attendant qu'elle soit réellement. Lèvres qui se soulèvent. Message d'espoir reçu, enregistré, collé au cœur pour le réchauffer dans les instants de doute, de désespoir, de peur et de colère. Il faut tout prendre, Romane. La joie n'est que le reflet lumineux de tes peines. On ne peut avoir l'un sans l'autre. Et l'écho de ses protestations adolescentes : mais je ne veux rien! Je préfère rien! Je préfère rien si ça m'évite le bas, parce que le bas est trop bas et que le haut ne le vaut pas, il n'est pas assez haut, il ne compense pas. Peut-être que si - voix de l'espoir réveillée par l'air frais de l'Australie jolie. Ou plutôt réveillée par les cheveux blonds et les yeux bleus d'Alexis. Cœur qui sursaute, qui tressaille. Elle a une force, elle est une force. Force de la nature. Du moins peut-elle le devenir : si elle se modèle selon Jameson, si elle apprend à planter racines, si elle accepte et qu'elle ouvre ses bras à cela. Mais c'est quoi, cela? Question enfantine, voix douce brisée par l'écho par le temps. Peu importe. Il faut canaliser l'énergie que Cela donne. Il faut canaliser le trop plein, le positif comme le négatif, pour parvenir à un équilibre - précaire, peut-être. Mais un équilibre malgré tout. Elle sourit, Romane. Elle sourit à la lune, qui lui sourit en retour de son sourire tordu, pendu au ciel. « L'émotion la plus forte, ça reste l'amour... Si ce n'était pas pour Alexis, je retournerais tout de suite en France, auprès de Léa. Elle me manque tellement... » Les mots coulent, les mots glissent sur sa langue pateuse, encore légèrement anesthésiée par la brulure du thé bouillant. Elle porte la tasse à ses lèvres, souffle doucement et prend une gorgée du liquide ambré. Ses paupières tombent, le contentement se répand dans son organisme. Quand la mélancolie flotte ainsi, il est plus aisé de profiter de certaines sensations, comme la chaleur qui se faufile dans sa gorge, s'épanouit dans son torse, avant de fleurir réellement au creux de son estomac. Le goût familier de la camomille l'ancre dans l'instant, le mouvement descendant lui rappelle la terre sous ses fesses. Romane se redresse doucement, son thé enrobé par ses deux mains. Elle visse son regard à celui de Jaimie. « Mais je suis pas sure d'arriver à canaliser quoi que ce soit. La plupart du temps, j'ai pas l'impression qu'il y ait quoi que ce soit à canaliser. C'est juste... vide. » Ses yeux clairs vrillent. Elle ne veut pas détourner le regard, pas quand elle dit des choses comme ça, des choses sur soi, des choses aussi intimes. Pourtant elle n'arrive pas à garder le regard droit. Ca se mouille, bientôt, les larmes gonflant ses paupières brunes ; et elle sert le poing, Romy, elle arrache l'herbe à son foyer terrestre tant la frustration l'envahit. « C'est vide et ça m'envahit. » Une colère désespérée fait gronder sa voix d'enfant.
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Jameson Winters
la louve raffinée
ÂGE : quarante-six ans. SURNOM : Jaimie, Jam'. Maître Winters au boulot. Au lit, aussi. STATUT : Célibataire. Succombe parfois aux plaisirs sans lendemain. MÉTIER : Avocate associée chez Ashburn Rose. Militante écologiste et condition animale. LOGEMENT : #102 Logan City, une immense villa bien trop vide. POSTS : 6455 POINTS : 0
TW IN RP : par mp si besoin ♡ ORIENTATION : J'aime tout le monde. PETIT PLUS : Irlandaise & Amérindienne du Canada, j'ai un petit accent. Je me ressource dans la nature. Combattre les injustices me fait vibrer. Je suis aussi à l'aise dans les bas fonds de Dublin que dans les soirées guindées de l'élite australienne. Vegan depuis mes 15 ans, je milite pour préserver la nature. Légalement, de nos jours. Du moins j'essaie. J'ai adopté une chienne/louve que j'aime comme ma fille. Je n'ai jamais perdu un procès. Certains me décriraient comme une féministe autoritaire et mal baisée. Ceux là sont toujours perturbés lorsqu'ils rencontrent une femme qui se comporte comme eux.DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #336699 RPs EN COURS : Christmasbin [7] ↟
PHOENIX — I want to heal, I want to feel like I'm close to something real, I want to find something I've wanted all along: somewhere I belong. Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.
ROBIN — Her eyes look sharp and steady into the empty parts of me. Still my heart is heavy with the scars of some past belief.
LAOISE — We've been gone for such a long time that I'm almost afraid to go home. A long road is a long, dragged-out imagination where things can go wrong, but we keep rolling on.
GABRIEL — I'll keep your heart safe in the palms of my hands until it can beat on its own again.
KYTE — Old growth holds hope, let the brambles scrape your skin; scars are story books, blood will wash away our sins.
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Romane & Jameson
L'espace d'un instant, le sourire sembla revenir aux lèvres de Romane alors qu’elle se laissait consumer par le souvenir de sa plus forte émotion, l’amour qu’elle portait à une jeune femme que je n’avais jamais rencontrée. Une certaine Alexis pour qui elle avait quitté la France et décidé de venir jusqu’ici, en Australie. Je supposais que dans ces conditions, en effet, c’était fort. Alors j’ai hoché la tête mais cette fois je me suis abstenue de tout commentaire, parce que je n’avais pas la moindre foutue idée de ce dont elle voulait parler. De ce qu’elle ressentait. L’amour, j’étais persuadée de ne jamais l’avoir ressenti. L’amitié, oui. Le désir, pareil. Mais l’amour, jamais. C’était trop fort. Et ça faisait définitivement partie du spectre des émotions que j’avais dû sacrifier pour survivre. (Quoi qu’en y réfléchissant bien peut être que j’avais un dérèglement à la base, de ce côté-là.) J’avais bien évidemment eu des amants et amantes à la chaîne, mais alors que ces derniers s’attachaient, moi, c'était plutôt l'inverse. Typiquement, je tirais un trait sur mes relations dès qu'elles commençaient à m’apporter plus d’emmerdes que de distractions. En d'autres termes, à devenir trop sérieuses, trop concrètes. Par moments, j’aurais bien aimé être différente. Avoir un cœur, ou quel que soit l’organe qui me manquait pour fonctionner correctement de ce côté-là. Mais à côté de ça, je portais un peu mon indépendance comme un badge d’honneur. Ne tenir à personne, c’était excessivement rassurant, dans le fond. J’étais persuadée que ça me rendait plus forte, incorruptible. Et surtout, inatteignable. Et comme j’avais fait de mon gagne-pain l’attaque de multinationales qui n’hésitaient pas à utiliser l’intimidation pour essayer de me faire renoncer à les dégommer en justice, disons que de ne pas avoir de faiblesses, c’était plutôt un point positif.
- Avec un peu de chance, Léa pourra bientôt te rejoindre.
J’ai tenté de la rassurer, parce que pour le coup j’imaginais assez bien ce qu’elle pouvait ressentir, à être ainsi éloignée de sa sœur. Je n’avais pas de famille, à proprement parler. Mais je considérais Kyte comme mon père, et sa môme comme ma frangine, en quelques sortes. Et lorsque je m’étais exilée pendant des années, dans cette quête de moi-même que je n’avais finalement jamais achevée, ils m’avaient terriblement manqué. Comme des racines à un arbre. Et on ne peut pas chercher à s’élever vers le ciel si on est pas profondément ancré dans la terre. De cela, j’étais intimement convaincue. Et la famille, de cœur ou de sang, jouait exactement ce rôle. Une ancre.
Pensive, j’ai goûté le thé brûlant sur mes lèvres. Le silence nous a enveloppées un instant, puis Romane a repris la parole, en m’avouant qu’elle ne se sentait pas capable de canaliser les sentiments qui l’agitaient, parce que ce qu’elle ressentait, c’était principalement du vide. J’ai pincé les lèvres et mon cœur a fait pareil. Parce que cette fois je voyais exactement de quoi elle voulait parler, et je savais à quoi point il était terrifiant de contempler l’abîme qui nous dévorait lentement, insidieusement. La peur de tomber dedans et de n’en sortir à jamais. Le néant. Le rien. Alors j’ai passé un bras autour de ses épaules, dans un geste entre la mère et la grande sœur, et j’ai distraitement caressé son épaule.
- Je sais ce que tu ressens. Et je sais à quel point c’est frustrant et terrifiant.
J’ai dit d’une voix douce. Une voix que ne n’utilisais pas souvent, rétrospectivement. Et dont j’avais un peu l’impression de découvrir l’existence en sa compagnie.
- Mais l’avantage d'un vide, c’est que ça se remplit. J’ai soupiré et reporté mon regard vers l’horizon tourmenté de l’océan australien et après quelques secondes d'hésitation, j'ai ajouté : Tu sais, un jour un type m’a dit qu’à moto, le seul moyen d’éviter un obstacle, c’est d'en regarder l’issue. Si tu te focalises sur ce qui menace de te foutre par terre, c’est exactement ce qu’il va t’arriver. Alors qu’en te concentrant vers l'issue, tu y glisses naturellement.
Un coup de vent s’est levé et j’ai resserré mes bras autour de mes jambes pour étouffer un frisson. Sauf que je savais bien qu’il n’avait rien à voir avec la température du soir qui venait de chuter. C’était ce retour dans le passé impromptu. Ces bribes de souvenir enfouis dans la partie la plus pure et la plus vulnérable de mon cœur. Ceux que je gardais précieusement sans jamais oser les déterrer. Parce que leur douceur n'avait d'égale que leur amertume.
- Là, c’est pareil. Tant que tu ne te focalises pas sur ce vide qui t’habite, il ne risque pas de t'engloutir. Trouves ce qui te fais vibrer, et accroches toi à ça comme à une bouée de sauvetage. L’amour. L’amitié. La liberté. La passion. La justice. Même la rage et la colère. Et si tu n'arrives pas à trouver, remplis ta tête de voyages. De romans. D’art et de musique. Apprends une nouvelle langue, un nouveau sport. Lances toi dans plein de projets pour colmater tout ça. Pour trouver ta raison de vivre. C’est difficile au début, parce que les abysses, ça ne se remplit pas en un claquement de doigts. Mais tu verras, un jour viendra où ce sentiment ne parviendra plus à te surprendre. Où tu te sentiras sereine.
J'avais envie d'ajouter qu'elle finirait aussi par se sentir remplie. De lui faire cette promesse. Sauf que ça me paraissait foutrement hypocrite, parce que moi, je n'y étais jamais vraiment parvenue. Et le nombre de pays que j'avais visité, d'amants dans mon lit, de procès gagnés, de marathons courus ou d'argent dans mon compte en banque n'y avaient rien changé. Le vide était toujours là, à me guetter. Mais j'arrivais à le maintenir à distance, en enchaînant toutes ces activités comme une sorte de junkie. Et ça ne fonctionnait pas trop mal, dans le fond. Je n'étais pas heureuse, mais je n'étais pas malheureuse non plus. Et dans ce monde, je n'étais pas certaine qu'on puisse attendre tellement plus de la vie, alors ça me convenait. Peut-être que passé un certain âge, on apprend simplement à accepter que ses rêves ne sont que ça, des rêves. Et le quotidien grisâtre devient alors moins douloureux à supporter.
The river's a hymnal and the leaves are applause. Trees sing in whispers with the wind pulling their arms. Hold still and listen, your hand on my heart. If you need them these beacons will lead you back to the start.
we can't help everyone, but everyone can help someone.
Le prénom doux de Léa résonne sur quatre lèvres, dans deux bouches, au creux du ciel sombre de la nuit australienne. Ça la fait sourire, Romane, d'entendre ce son si familier, si adulé, ce son qui en évoque d'autres : la mélodie du rire de Léa, le timbre de la voix de Léa, le crissement du parquet sous les pas de Léa... Les souvenirs cavalent sous son cuir chevelu, massent son crâne douloureux, caressent ses cheveux frisés. Elle sourit dans le vide, Romane, avec l'insouciance d'une enfant en sécurité dans les bras de sa mère, parce qu'elle baigne, en cet instant, dans une atmosphère toute particulière. Parler de Léa avec Jameson, ça paraît comme une évidence, une mélodie entêtante, douce, la mélodie chantée mille fois d'une berceuse qui a choyé notre enfance. Ça la fait sourire, Romane, parce que si Léa la rejoint un jour sur les terres sèches et arides de Brisbane, ce sera en grande partie grâce à Jameson. C'est elle qui, la première, lui a donné des outils pour s'extraire de son petit enfer familial ; elle qui a cru en elle, qui a continué à la conseiller au fil des ans, qui lui a répondu sans cesse depuis leur étrange rencontre ; elle qui, encore maintenant, solidifie le sol sous ses pieds hésitants. C'est elle, la force brute qui lui a permis d'avancer, de sortir du cocon, de briser le lien charnel qui l'unissait à sa mère et la retenait enchaînée à son père. C'est peut-être pour ça qu'elle continue à déposer son cœur sur les pages blanches du livre de leur amitié étonnante. Les mots trébuchent au seuil de sa bouche mais elle ne cherche pas à les retenir. La présence de Jameson, silhouette invisible dans la pénombre grandissante, aperçue seulement du coin de l'œil, suffit à maintenir un filet de sécurité, une confiance solide. La gorge se serre. "Je sais ce que tu ressens." Romane lève ses yeux d'enfants sur Jaimie, juste un instant. Elle n'est pas vraiment surprise, pas vraiment étonnée. Elle n'est pas vraiment offusquée, comme elle a pu l'être certaines fois, quand on lui disait savoir ce qu'elle ressentait et qu'elle sentait dans l'air qu'ils n'en savaient vraiment rien. Jaimie, elle la croit, elle croit la sincérité qui fait vibrer sa voix, et au fond d'elle, elle trouve ça évident. Les âmes en souffrance se retrouvent souvent. Elle l'écoute, l'oreille aiguisée, ignorant le mouvement du vent et la danse des airs, elle l'écoute, le cœur fasciné. Elle essaie de s'abreuver au puits de conseils auxquels elle s'accroche déjà de toute la force de son désespoir. Elle sourit encore, amusée la Romane, face à l'image d'une moto s'envolant dans un ciel sombre prêt à l'engloutir. Seul l'îlot de terre, plus clair, lumineux dans le lointain, permet à l'engin de ne pas se perdre en chemin. Elle sourit, soulagée la Romane, parce que peut-être qu'elle aussi, elle peut trouver sa métaphore, son phare, dans le marasme de cette existence. Et c'est le visage de Léa qui, à nouveau, s'impose à son esprit. Instinctivement, elle se décalé sur le sol dur et froid, elle se rapproche de l'avocate, et doucement, tout doucement, elle dépose sa tête contre l'épaule de Jameson. Si l'Australie n'a pas été une aventure de tout repos, et n'a pas donné lieu qu'à de jolies choses, retrouver cette femme en chair et en os a été l'un des miracles de ce périple. Romane respire doucement. La promesse de sérénité qui lui ait offerte au creux de la nuit suffit à calmer ses idées sauvages, ses idées folles, ses idées terrifiantes. Elle ferme les yeux un instant, s'imaginant la sérénité sous l'image paisible d'un champ de marguerite s'étirant à l'infini. C'est mieux que toutes les promesses de bonheur, un bonheur qui fait peur, qui ressemble trop aux élans euphoriques factices. La sérénité, c'est le calme de l'âme. Un silence s'étend entre Romane et Jameson. Le silence qui crée des trous, des déchirures, du malaise, des interstices, des coupures, des fissures, qui sépare. Aujourd'hui, il a décidé de lier ces deux êtres errants, de les enlacer dans ses bras de géant. Seul le murmure de Romane le trouble. "Merci." Le seul mot qui aurait un sens après ces confessions en forme d'empathie. Un mot d'amour. Un mot d'espoir.