Elle se droguait au boulot pour échapper à ses pensées. Elle ne savait plus quoi faire, plus quoi dire. Sa vie personnelle était devenue un champ-de-bataille et par sa seule et unique faute. Quoique, James y avait mis son grain de sel aussi, il n’était pas totalement innocent. L’amour, ça se faisait à deux après tout. Mais la brune n’osait pas l’affronter, pas depuis la dernière fois. Elle n’était plus retournée à l’université. Elle avait terminé de corriger les examens finaux de ses élèves, elle n’avait donc plus à y mettre les pieds avant le début de l’année scolaire prochaine. Et elle s’en réjouissait: elle ne voulait plus pénétrer dans son bureau. Tout lui semblait comme contaminé, comme souillé et elle ne savait pas si elle allait être capable de le voir comme un lieu de travail à présent. Elle était perdue, sa vie sentimentale n’avait jamais été aussi chaotique. Elle se demandait souvent ce qu’il pensait, lui, de son côté. S’il la voyait toujours comme une amie, ou bien plus. Quoiqu’il en fût, il ne l’avait pas rappelée. Ni le lendemain, ni le surlendemain, et elle était bien trop fière que pour oser faire un pas vers lui. Un pas de plus, cela dit. Alors elle acceptait bien trop de dossiers, elle restait bien trop tard au bureau, et passait de plus en plus sur le chantier de ce qui deviendra son propre cabinet d’avocats. Elle faisait tout pour ne pas rester chez elle, pour ne pas rester seule, pour ne pas penser. Mais cela était inévitable, et cela lui arrivait souvent avant de dormir. Elle avait donc décidé de s’acheter quelques somnifères, et de ne pas penser, de ne pas rêver, de ne pas espérer. Elle essayait de continuer sa vie, sans se soucier de ce que ce fameux jour voulait dire. Mais au fond, elle était déçue, énervée, agacée même par le comportement de James. Ou plutôt son inaction. Elle le pensait plus gentleman, plus attentionné. Elle s’imaginait alors que tout ceci n’avait pas d’importance pour lui, et cela la mettait encore plus en rogne. « T’avais pas rendez-vous chez l’opthalmo aujourd’hui? » La secrétaire de son actuel cabinet d’avocats lui lançait un regard interrogateur. « Oh merde ! » Il n’arrivait pas souvent à l’anglaise de jurer, elle ne le faisait qu’en cas d’occasions très sérieuses. « Annule tous mes rendez-vous, ça fait déjà trois fois que je l’ai reporté celui là ! » Elle se redressa d’un bond et tira légèrement sur sa jupe crayon, qui s’était relevée pour laisser dévoiler le haut de ses cuisses. « Je vais essayer de revenir le plus vite possible, mais je ne peux pas te donner d’heure exacte. » Elle se mordit l’intérieur des joues. « Reporte tout à demain, je ferai des heures supp’ c’est pas grave » « Encore plus d’heures supp’ tu veux dire? » lança la secrétaire en riant. Milena lança un regard grave à la jeune femme qui ravala aussitôt sa salive et reprit place à son bureau. L’avocate sortit en trombe de son lieu de travail et fit vrombir le moteur de sa Range Rover en direction de l’hôpital. Elle n’était pas vraiment familière de l’endroit, elle détestait tout ce qui s’apparentait à la médecine. Elle ne prenait d’ailleurs des médicaments qu’en cas d’extrême nécessité, comme celle de devoir oublier James en avalant quelques somnifères avant de dormir. Elle fit claquer ses escarpins sur le marbre de l’accueil et on lui indiqua rapidement la direction à suivre pour le service d’ophtalmologie. Elle était bien trop pressée, et n’y prêta qu’une attention légère. Grave erreur puisqu’elle se perdit dans les couloirs de l’hôpital. Elle se retrouva à l’étage du laboratoire des prises de sang, et manqua de tomber à la renverse en voyant… James, assis sur l’un des fauteuils inconfortables en plastique de la salle d’attente. « C’est pas vrai ?! » s’exclama-t-elle, ses yeux jonglant entre la pancarte indiquant le service et James. « James ? Qu’est-ce que tu fous là ? » Elle bouillonnait. « Me dis pas que… » Il ne lui fallut pas longtemps pour faire la connexion entre la raison de la visite du jeune homme et le lieu dans lequel ils se trouvaient. « C’EST PAS VRAI ?! » Elle ouvrit la bouche et écarquilla les yeux, avant de serrer les poings. Une vraie tornade.
Mathis sous le bras et dans l’autre main ma valise je passe la porte de la maison. Enfin de retour à Brisbane, je dois avouer que je suis enchanté. En retournant à Sydney je me suis rendu compte un peu plus à quel point cette ville ne m’a jamais convenue, trop grande, trop bruyante. Heureusement elle est aussi pleine de souvenirs heureux, certains que j’ai passé dans cette même bâtisse où mon père travaillait. C’est un peu en urgence que mon père m’a demandé de me rendre au siège à Sydney pour régler certains soucis avec la centrale puisque lui ne pouvait pas s’y rentre. Dans le stress du moment j’ai oublié mon portable. C’est la première chose que j’attrape en rentrant, répondant aux quelques messages qui s’y sont entassés, mais pas de nouvelles de Milena. Plusieurs jours ont passé depuis ce moment d’égarement avec la jeune femme, du moins si je peux le définir de cette façon. Je fixe le téléphone hésitant, je devrais peut-être l’appeler, mais pour lui dire quoi ? Presque une semaine après ça me semble à la limite du déplacé, et le moment de grande gêne que nous avons partagé après avoir fait l’amour me pousse à reposer l’objet sans essayer de me poser trop de question. Je ne sais pas ce que tout ça représente, c’est allé si vite c’était tellement… Inattendu. Et si une partie de moi voudrais la revoir l’autre se hait d’avoir agit comme un imbécile. Ca me ressemble si peu de coucher comme ça avec elle, acceptant de ne pas me protéger. Et maintenant je ne l'assume pas du tout. D’ailleurs cette absence de protection ne cesse de me tourner dans la tête depuis cette fameuse journée. Et si je tente de me convaincre que je peux lui faire confiance une parte de mon cerveau ne peut s’empêcher de flipper… C’est sans doute pour cette raison que je reprends mon téléphone pour contacter le centre de dépistage. Une rendez vous est rapidement fixé pour moi au prélèvement et je raccroche à moitié soulagé. « Papa est un imbécile mon Mathis. » Je lui gratouille le ventre avant de monter dans sa chambre pour le coucher. Le trajet a été long pour nous deux.
***
Mathis est resté à la maison, je n’avais pas envie de l’emmener ici avec moi. J’ai toujours trouvé les hôpitaux très glauques, et les récents accidents de mes frères et soeurs ne m’ont pas aidé à changer d’avis. « Vous pouvez prendre place dans la salle d’attente. » La salle d’attente comme la réceptionniste l’a décrit est un espace ouvert où tout le monde peut me voire et c’est un peu honteux que je vais m’asseoir sur l’une des chaises, plongeant très rapidement sur le premier magasin qui me tombe sous la main. Ce n’est qu’après quelques secondes de malaise que je me rends compte que je tiens mon « être une bonne maman » à l’envers. Je tente discrètement de le retourner non sans me faire griller par la femme à côté de moi qui est de toute évidence enceinte jusqu’au cou. Je lui offre un léger sourire gêné avant de faire semblant de m’intéresser à une immense photo d’un utérus . Plongé dans mon magasin je ne vois pas Milena arriver et c’est le son de sa voix qui me sort de ma contemplation. « C’est pas vrai ?! » Mes yeux s’écarquillent alors que je remonte le regard vers elle. C’est une blague. Je reste pantois sans savoir quoi lui dire alors qu’il me semble voire sa veine se faire plus saillante sur son front ce qui n’annonce rien de bon. « James ? Qu’est-ce que tu fous là ? Me dis pas que…» « Heu… » Mon malaise est palpable alors que je referme mon magasin pour me lever un peu maladroitement. « Milena… C’est pas… » Ce qu’elle croit ? Et bien si, c’est sans doute ce qu’elle pense mais j’aurais préféré qu’elle ne connaisse jamais l’existence de mon passage ici. « C’EST PAS VRAI ?! » Son énervement me donne l’impression d’être une petite chose fragile, alors que tous les regards se tournent vers nous. « Calme toi s’il te plait… » Très mauvaise idée de dire à une tornade de se calmer mes mots semblent l’agacer plus encore. « Viens. » Je finis par attraper son bras pour la tirer un peu en retrait ce qui n’empêche pas les gens de tendre le cou pour nous voir. « Je… Je ne pensais pas te croiser là… » Je n’ai pas plus mauvaises excuses dans mon sac ? « Je voulais t’appeler… » Je me fais l’effet d’un connard qui tente de se justifier. A tel point que je finis par me demander si ce n’est pas ce que je suis. Mais je ne suis pas sûr que ce qui agace Milena soit mon appelle oublier mais bien plus ma présence ici et je ne sais pas comment la justifier sans l’insulter par la même occasion.
De toutes les situations cocasses jamais imaginées, Milena n’aurait jamais pu croire que la pire allait lui tomber dessus. C’était probablement pire qu’un cauchemar, c’était un affront, un terrible affront qui l’ébranlait toute entière. Comment diable James avait-il osé ? Osé douter de sa sincérité ? Par la présente, il la condamnait au bûcher, remettait en cause sa propre hygiène de vie, ses choix, ses valeurs. Il la prenait pour une simple fille de passage, un possible nid à maladies, enfin, tout sauf ce qu’elle était vraiment : une fille respectable et respectée. Et la brune bouillonnait, la rage prenait littéralement possession de chaque pore de sa peau. Elle savait pertinemment que si elle n’avait pas été dans un lieu public, elle lui aurait probablement refait le portrait. De A à Z, sans en louper une miette. Car à ses yeux c’était tout ce qu’il méritait. Elle trouvait d’ailleurs ça très étrange avec réflexion, comment l’être humain était capable de passer de l’amour à la haine en une fraction de secondes. Etrange… voire même fascinant, mais pas dans le bon sens du terme. James referma son magazine, comme s’il allait encore être capable d’en lire une page, et se releva pour soutenir le regard de la tornade. « Milena… C’est pas… » La veine frontale de l’avocate était saillante, sur le point d’exploser, tout comme ses deux orbites. Elle n’avait jamais éprouvé pareille colère. C’était dire, en comparaison l’annonce de l’infidélité de son ex fiancé passait pour une mauvaise plaisanterie. Là, elle sentait qu’elle avait atteint un tout autre degré, car c’était insinuer qu’elle aurait matériellement pu transmettre le pire à l’agent de probation. Et ça, elle ne pouvait l’accepter. « Calme toi s’il te plait… » Elle lui cracha au visage : « ME CALMER ? Est-ce que tu te rends compte de ce que tu me dis ? EST-CE QUE TU T’EN RENDS COMPTE ? » Elle sentit qu’elle allait très vite manquer d’oxygène, et se recula quelque peu avant que le blond ne lui attrape le bras. « Viens. » Il l’amena dans un coin en retrait, ou plutôt contre le pan du mur adjacent à la salle d’attente, ce qui équivalait à la même chose : ils allaient devoir se donner en spectacle. « Je… Je ne pensais pas te croiser là… » La brune secoua la tête, dégoûtée, dépitée. « Je voulais t’appeler… » Elle croisa ensuite les bras. « M’appeler ? » Elle eut un rire mauvais, incontrôlable. « Tu veux dire m’appeler après avoir eu tes stupides résultats, c’est ça ? » Elle décroisa les bras pour pointer son index en direction du jeune homme, et fronça les sourcils par la suite. « Tu es ignoble, James. » Elle secoua à nouveau la tête. « Moi qui te croyait gentleman, tu ne vaux pas mieux que les autres au final. » Elle soupira longuement et sentit les larmes lui monter, surement l’après-coup d’un tel accès de colère, ou l’amertume d’une nouvelle difficile à digérer. « Tu… tu me dégoûtes tellement… » Sa voix était hésitante, frêle, elle se sentait sur le point de craquer, et décida alors de tourner les talons pour quitter les lieux. Au diable l’ophtalmologue, au diable James, elle n’avait qu’une envie : se murer dans le silence de son appartement pour l’éternité.
Je ne suis pas sûr de bien comprendre sa colère - ses cries qui raisonnent dans les couloirs de l’hôpital alors que je tente de la calmer vainement. « ME CALMER ? Est-ce que tu te rends compte de ce que tu me dis ? EST-CE QUE TU T’EN RENDS COMPTE ? » Ouvrant grand les yeux j’avais mis un moment à bouger à nouveau. Il y avait des années que plus personne ne m’avait hurlé dessus de la sort et qui plus est en public et j’étais mortifié qu’elle affiche nos problèmes personnels de la sorte - moi qui détestais être le centre d’attention tout le monde dans la salle ne semblait plus voir que nous. Sans dire un mot de plus - de peur de déclencher une nouvelle colère plus violente encore j’avais attiré Milena avec moi un peu à l’abri des regards. Même si quelques têtes s’étaient penchées pour continuer de nous observer comme deux bêtes curieuses. J’avais tenté stupidement de me justifier - ne trouvant pas les mots pour la calmer - son regard s’assombrissant de secondes en secondes, tellement que j’avais commencé à me demander si des flammes n’allaient pas finir par en jaillir. « M’appeler ? Tu veux dire m’appeler après avoir eu tes stupides résultats, c’est ça ? » Restant un peu sans voix dans les premières secondes j’avais tenté un timide. « Non je voulais pas dire ça… C’est… » Je n’avais de toute façon pas eu le temps de finir le doigt accusateur de la brune se levant vers moi pour accentuer un peu plus son côté imposant. Je n’en menais pas large, je n’avais jamais aimé ce genre de confrontation et encore moi quand j’avais conscience de ne pas être en position de force. Courir sous les bombes en Afghanistan pas de soucis mais quand il s’agissait de colère humaine j’avais de la peine à trouver des ressources. « Tu es ignoble, James. Moi qui te croyais gentleman, tu ne vaux pas mieux que les autres au final. » Un peu coupable j’avais baissé le regard. C’était aussi comme ça que je me considérais avant… Jusqu’il y'a quelques mois j’avais toujours essayé de faire les choses bien - de me comporter comme un homme digne de mérite l’amour d’une femme. Mais avec Milena j’avais tout raté de A à Z… Peut-être parce que je sentais bien qu’elle était différente des femmes que j’avais aimé jusque là… Elle était bien plus impressionnante et j’avais encore de la peine à comprendre ce qui lui plaisait chez moi. J’aurais pu parier pourtant que je n’étais pas son type d’homme. Et de toute évidence si le temps de quelques minutes elle avait imaginé le contraire c’était une période révolue aujourd’hui. « Tu… tu me dégoûtes tellement… » Ce n’était pas tant sa colère qui me faisait du mal - mes ses yeux mouillés, sa voix qui s’enrayait d’un coup alors qu’elle tournait déjà les talons pour fuir loin de moi. Quelques minutes j’étais resté interdit avant de partir à sa suite. « Milena… Milena s’il te plait attends… » Attrapant son bras je l’avais stoppé dans son élan avec le plus de délicatesse que je pouvais, ne souhaitant pas la brusquer. « Je suis désolé vraiment… Je sais que te dire que je ne voulais pas que tu me vois là ce n’est pas une excuse mais je n’en ai pas d’autre… » Pinçant un peu les lèvres j’avais finalement lâché son bras espérant qu’elle reste pour entendre la suite. « Je voudrais avoir les mots pour te contredire, mais… J’en ai pas… » Je pouvais bien m’excuser mais au fond ça ne changeait pas qui j’étais et mes inquiétude. « Je suis comme ça, je suis un mec apeuré… Et on se connait à peine et je sais pas comment me comporter dans cette situation. J’ai un fils et je l’élève seul alors parfois je flippe ! Je peux pas faire autrement et et je suis désolé si ça te blesse. » Je l’étais sincèrement. je n’avais jamais eu dans l’idée de lui faire part de ma présence ici aujourd’hui, mais il avait fallu qu’elle tombe sur moi. « J’ai jamais voulu t’insulter… C’est juste que je sais presque rien de toi… Si ce n’est que tu m’as fait confiance aveuglement et si rapidement… Et j’ai eu peur de pas être le seul à avoir ce privilège. » J’avais bien conscience de ne pas servir ma cause avec mes mots mais je préférais encore être honnête avec elle plutôt que de lui servir des mensonges. « Ce n’est pas contre toi… J’aurais juste pas du coucher avec toi sans me protéger parce que c’est pas le genre de choses que je peux assumer. » Ca ne voulait pas dire que je n’avais pas voulu que ce moment arrive. Ni même que je le regrettais… Mais mes mots pouvaient sans doute être un peu ambiguës.
Elle aurait tout donné pour que tout ceci ne soit que le simple fruit d’un mauvais rêve. Elle aurait voulu se pincer, ou bien même remonter le temps, pour ne jamais avoir croisé le chemin de James. Ni à l’hôpital, ni jamais d’ailleurs. Elle ne se rappelait même plus vraiment de comment ils se connaissaient, ni de comment ils avaient fini par lier une amitié. Cependant, elle se souvenait que c’était elle qui avait fait pencher la balance du côté dangereux, elle qui s’était laissée un peu trop allée par un trop-plein de sentiments qu’elle ne pouvait toujours pas s’expliquer. Finalement, tout ce qui était en train de passer n’était que de sa faute à elle. Si elle n’avait pas eu la malheureuse audace d’embrasser James le jour où elle avait été lui rendre visite, peut-être que rien de ceci ne se serait passé. Connaissant l’agent de probation, il n’aurait jamais fait un pas vers elle. Mais elle ne pouvait pas faire autrement, la brune était une tornade, et lorsqu’elle était énervée, elle pouvait perdre tout contrôle, toute raison. Elle devenait incontrôlable. Et ces accès de colère n’étaient pas nombreux, fort heureusement pour le reste du monde. Néanmoins, l’inaction et le malaise du blond ne réglaient rien, ils empiraient même la situation. Tellement que les larmes commencèrent déjà à perler dans les yeux de l’anglaise, et elle rassembla le peu de self-control qu’elle pouvait contenir en elle pour s’éloigner et s’en aller de ce lieux désormais maudit. « Milena… Milena s’il te plait attends… » James rattrapa l’avocate d’une main hésitante. « Je suis désolé vraiment… Je sais que te dire que je ne voulais pas que tu me vois là ce n’est pas une excuse mais je n’en ai pas d’autre… » Elle s’arrêta malgré elle, mais elle n’osa pas regarder ailleurs que le sol marbré de l’hôpital. « Je voudrais avoir les mots pour te contredire, mais… J’en ai pas… Je suis comme ça, je suis un mec apeuré… Et on se connait à peine et je sais pas comment me comporter dans cette situation. J’ai un fils et je l’élève seul alors parfois je flippe ! Je peux pas faire autrement et et je suis désolé si ça te blesse. » Une larme coula le long de la joue de la brune. Il était trop tard pour s’excuser, trop tard pour réparer les pots cassés. « J’ai jamais voulu t’insulter… C’est juste que je sais presque rien de toi… Si ce n’est que tu m’as fait confiance aveuglément et si rapidement… Et j’ai eu peur de pas être le seul à avoir ce privilège. » La dernière phrase la fit tiquer, et son regard d’un noir de jais se releva pour fusiller James. Il compléta rapidement : « Ce n’est pas contre toi… J’aurais juste pas dû coucher avec toi sans me protéger parce que c’est pas le genre de choses que je peux assumer. » Elle passa sa main sur son visage pour sécher rapidement ses larmes et prit une grande inspiration. Il fallait qu’elle trouve la force et la maturité nécessaire pour avoir une discussion d’adulte avec James. Elle finit alors par soupirer et secouer la tête. « Tu veux savoir quelque chose sur moi ? Je n’ai eu que trois hommes dans ma vie et ils m’ont tous planté un poignard dans le dos. » Elle sentit une nouvelle dose de larmes se frayer un passage dans son corps frêle mais elle la retint du mieux qu’elle put. « Tu crois vraiment que je ne me suis pas aussi posé ce genre de question te concernant ? Tu crois vraiment que j’ai une pleine confiance, aveugle comme tu dis, en toi ? » Elle passa sa main dans ses cheveux. « Est-ce que tu peux juste comprendre ce que ça fait de donner une partie de soi à un homme et de ne plus avoir de nouvelles de lui pendant des jours ? Et de le croiser par hasard en train de faire un test de dépistage ? » Elle ne put contenir ses larmes plus longtemps. « J’aurais juste préféré que tu m’en parles. Que tu ME parles. » Elle secoua la tête et se recula ensuite pour s’appuyer contre le mur. Elle finit par murmurer : « Je croyais vraiment que tu étais différent James… » Elle réalisa alors qu’elle avait peut-être placé un peu trop d’espoir en cet homme, qui n’était au final qu’un homme comme les autres, et même avec plus de faiblesses.
Rapidement après la colère était venue la tristesse, je l’avais vu se dessiner sur les traits de la jeune femme, ses yeux se plisser légèrement pour retenir les larmes qui tentaient de s’enfuir alors que je la poursuivais dans les couloirs. Je me sentais coupable et à raison apparemment, tentant de lui expliquer les choses comme je le pouvais, un peu maladroitement mais avec le plus de sincérité dont je pouvais faire preuve. Je lui devais au moins ça. Quand finalement une larme s’était échappée de ses yeux j’avais retenu un mouvement instinctif qui aurait été d’aller la chasser, conscient que ça n’était pas mon rôle. « Tu veux savoir quelque chose sur moi ? Je n’ai eu que trois hommes dans ma vie et ils m’ont tous planté un poignard dans le dos. » A mon tour j’avais baissé le regard pour le river au sol. Je savais sans doute mieux que personne à quel point la trahison peut faire souffrir, mais pas une seconde je n’avais imaginé que Milena puisse prendre mon geste autant à coeur. J’avais l’impression de réellement l’insulte alors que je m’inquiétais simplement. « Tu crois vraiment que je ne me suis pas aussi posé ce genre de question te concernant ? Tu crois vraiment que j’ai une pleine confiance, aveugle comme tu dis, en toi ? » Haussant un peu les épaules je m’étais contenté de répondre un léger… « T’avais l’air tellement sûre de toi… » Comme si pas une seconde elle n’avait douté et c’était sans doute ce qui rendait mon attitude encore plus inacceptable. « Est-ce que tu peux juste comprendre ce que ça fait de donner une partie de soi à un homme et de ne plus avoir de nouvelles de lui pendant des jours ? Et de le croiser par hasard en train de faire un test de dépistage ? » Evidement je comprenais et jamais je n’avais remis en question les sentiments de Milena, même si je les trouvais peut-être un peu exagérés. Nous nous connaissions à peine et avions agit sur un coup de tête - je n’avais même pas promis de l’appeler après notre discussion un peu houleuse d’après sexe. « J’aurais juste préféré que tu m’en parles. Que tu ME parles. » Déglutissant difficilement j’avais regardé la jeune femme mettre encore plus de distance entre nous deux alors que je murmurais un petit. « Désolé. » pas fier. « Je croyais vraiment que tu étais différent James… » J’avais senti mon coeur battre un peu plus fort dans ma poitrine alors que je relevais le regard sur elle sans trouver les mots. Je l’avais blessé alors que ça n’avait jamais été mon intention. « Je pensais vraiment t’appeler Milena, mais je suis parti à Sydney, j’avais pas mon portable et… » M’arrêtant un instant j’avais croisé le regard un peu suspect de la jeune femme. « Je sais que ça sonne comme une mauvaise excuse, un truc inventé mais c’est vrai… Quand je suis revenu j’ai pensé à le faire mais j’ai pas eu le courage. » Peut-être aussi parce que je n’avais jamais imaginé que tout ça puisse avoir autant d’importance pour elle. M’approchant un peu j’avais levé une main un peu hésitante pour venir la poser sur sa joue, balayant les quelques larmes qui s’y étaient accumulées. « Je suis désolé, sincèrement… » Caressant la peau de son visage j’avais eu un léger frisson. « J’ai beaucoup pensé à toi et… Ca semblait presque irréaliste. » Je tente de m’expliquer mais je sais que mes mots son maladroits tout comme mon attitude. Que je ne sais pas comment y faire avec les femmes et encore moins avec Milena. « J’ai rien à t’offrir… Regarde toi t’es magnifique, t’es intelligente, drôle t’es brillante et… » Et je n’était pas sûr de pouvoir un jour coller à l’étiquette qu’elle voulait me mettre. « Si tu crois que je vaux mieux qu’un autre tu te trompes… Je suis juste un père célibataire complètement paumé, la moitié du temps j’ai de la bave de bébé sur moi - je cumule deux jobs où j’essaye d’aider des gens qui pour la moitié n’ont aucune envie de mon aide et me détestent… Parfois je suis tellement fatigué que je m’endors sur le canapé de la chambre de mon fils parce que j’ai même pas la force de me trainer dans mon lit… » Détachant ma main de son visage j’avais rompu un peu à regret notre contact. Je n’avais ni le temps ni l’énergie pour me battre dans une relation qui risquait de ne nous apporter que des souffrances et je n’avais aucune envie d’être le quatrième sur sa liste de connard qui l’ont blessée… Et en vrai je ne m’étais même pas imaginé que je pourrais un jour avoir ce pouvoir mais son attitude face à moi me laissait penser le contraire. « Regarde nous… C’est comme si on vivait sur deux planètes différentes et… Je pensais même pas que tu voudrais me revoir après la dernière fois… J’ai été un peu nul… » Comme un débutant, comme si je touchais une femme pour la première fois. Puis il y avait eu le malaise après ce moment d’échange et… Je ne comprenais même pas ce qui lui avait laissé penser que je valais mieux qu’un autre.
Milena ne savait pas vraiment si elle avait bien fait de mentionner les trois hommes qui avaient bien malheureusement fait partie de sa vie. Elle ne voulait pas attirer la pitié, encore moins s’apitoyer sur son (mauvais) sort, mais elle sentait que baisser sa garde, se laisser aller à une confidence allait l’aider dans son jugement. Car oui, elle se sentait comme au tribunal. Et à la pire position qu’il soit qui plus était : sur le banc des accusés. James était l’accusateur, le juge froid et impartial, dénué de sentiments. Et pourtant… Il avait chassé la première larme du visage de la brune dans un geste maladroit avant de baisser les yeux, conscient d’avoir peut-être et surement même blesser la jeune femme. « T’avais l’air tellement sûre de toi… » Elle secoua la tête, dépitée. Elle qui d’habitude était fière de son assurance, de son charisme, elle rêvait à cet instant de n’être qu’une insignifiante fille lambda, une fille fragile, peut-être introvertie. Elle aurait tant aimé qu’il ait une autre opinion d’elle, de son comportement, mais elle savait pertinemment qu’il était trop tard pour faire machine arrière. « Le désir, surement... » murmura-t-elle, avant de compléter ses explications et de lui marteler qu’elle aurait bien voulu ne jamais le croiser dans ce couloir d’hôpital. Il s’excusa une nouvelle fois, mais ses paroles sonnaient creux pour l’avocate. « Je pensais vraiment t’appeler Milena, mais je suis parti à Sydney, j’avais pas mon portable et… » Elle releva un regard dépité dans sa direction et passa son poignet sur sa joue humide. « Je sais que ça sonne comme une mauvaise excuse, un truc inventé mais c’est vrai… Quand je suis revenu j’ai pensé à le faire mais j’ai pas eu le courage. » Il souleva à nouveau son bras pour effacer le restant de larmes. « Je suis désolé, sincèrement… J’ai beaucoup pensé à toi et… Ça semblait presque irréaliste. » Elle se recula légèrement, mais la main du blond ne semblait pas vouloir se retirer de sa joue. Elle n’en voulait pas, elle ne voulait plus de son contact, de ses excuses, mais elle ne trouvait plus la force de s’en défaire. L’écoeurement était la seule chose qu’elle arrivait encore à ressentir. « J’ai rien à t’offrir… Regarde toi t’es magnifique, t’es intelligente, drôle t’es brillante et… Si tu crois que je vaux mieux qu’un autre tu te trompes… Je suis juste un père célibataire complètement paumé, la moitié du temps j’ai de la bave de bébé sur moi - je cumule deux jobs où j’essaye d’aider des gens qui pour la moitié n’ont aucune envie de mon aide et me détestent… Parfois je suis tellement fatigué que je m’endors sur le canapé de la chambre de mon fils parce que j’ai même pas la force de me trainer dans mon lit… » Elle se dérida alors, se laissa attendrir par le discours un peu confus du père célibataire, avant qu’il ne retire sa main pour la laisser simplement pendre le long de son corps. « Regarde nous… C’est comme si on vivait sur deux planètes différentes et… Je pensais même pas que tu voudrais me revoir après la dernière fois… J’ai été un peu nul… » Les derniers mots du jeune homme se perdirent, comme un chuchotement, des excuses à demi-mots. Milena respira à grands coups, ferma les yeux et finit par passer sa main dans ses cheveux un peu maladroitement. Elle ne savait que faire, que dire, que penser. Elle était tiraillée de toutes parts. « Arrête ça James, arrête de me mettre sur un piédestal... » commença-t-elle d’une voix faible. « Et arrête de trouver des excuses. J’ai compris James, tu ne voulais pas aller plus loin. Au final, t’as peut être raison de faire ces tests, tu seras fixé comme ça… Tu pourras aller de l’avant, rencontrer d’autres femmes… » Elle soupira. « Faut croire que j’ai un coeur d’artichaut… Et n’oublie pas que c’est moi qui t’ai embrassé la première fois, c’est moi qui ai voulu ça, tout ça. Et bien plus que toi apparemment… » Elle baissa le regard, un goût amer dans la bouche. « Laisse tomber, je me suis emportée. » La brune haussa les épaules. « J’sais pas ce que j’ai cru, c’est moi… » Elle porta sa main à son front, se sentant soudainement terriblement ridicule. « Laisse tomber. » répéta-t-elle en se reculant et en s’éloignant de plus en plus. « Bonne...continuation, James. » Cette fois-ci, c’en était trop. Elle tourna les talons, consciente d’avoir donné un piètre spectacle aux patients de la salle d’attente et surtout à James. Elle se sentait tellement stupide, et n’avait envie que d’une seule chose : s’en aller très loin.