Le rétablissement physique avait bien avancé. Ezra avait accepté de voir un ciné pour que son bras aille mieux plus rapidement. Ca avait pris du temps pour qu’il accepte cette nouvelle aide extérieure, mais ça avait été bénéfique. Il avait même fini par reconnaître qu’il se sentait mieux maintenant. Bien sûr, cela n’aurait rien été si Amelia n’avait pas été derrière lui pendant tout ce temps. Elle avait emménagé avec lui, pour prendre soin de lui et lui permettre de de reprendre des forces. Physiques. Parce-que dans sa tête, ce n’était pas toujours mieux. Même s’il avait pu enlevé son attelle et commencer à faire de nouveau des mouvements avec son bras, il restait toujours faible. Il ne pourrait pas reprendre le travail avant un bon bout de temps - s’il pouvait reprendre un jour. Même tout petit détail, il ne pouvait toujours pas écrire de nouveau, étant gaucher. Et puis, bien sur, il y avait toujours ces douleurs qui le prenaient à n’importes quels moments de la journée, de la nuit surtout, sans prévenir. Ce genre de douleur qui parfois le réveillaient en criant la nuit, le refaisant vivre cet horrible incident qui le marquerait pour le reste de sa vie. Heureusement pour lui et pour elle, Amelia avait regagné ses appartements depuis qu’Ezra avait pu enlever son attelle, ce qui lui avait permis de garder sa mauvaise humeur pour lui tout seul, n’ayant plus à devoir la partager avec Amelia ou à lui cacher. Malgré tout, il était très reconnaissant envers elle. Il avait d’ailleurs prévu de lui faire une surprise pour la remercier. Si elle était une catastrophe en cuisine, Ezra s’en était toujours plus ou moins bien sorti, assez pour faire d’assez bons petits plats s’il y mettait du sien. Et alors qu’il savait qu’elle travaillait tard ce soir là - être aussi son patron avait des avantages, et puis comme lui ne pouvait pas être disponible au garage autant qu’il le voudrait elle avait le double du travail à faire -, il avait pris possession de son appartement dès le début d’après midi pour tenter de lui faire un bon petit plat. Chose compliquée avec une seule main et demie, et pas celle qui était supposée être la forte chez lui, mais après avoir mis sa rancoeur contre lui même derrière lui, il avait réussi à dresser quelque-chose qui avait un peu près de la gueule. Il était dix-neuf heures trente tapantes lorsqu’il était prêt à recevoir Amelia pour dîner, chez elle. C’était l’heure à laquelle elle était censée terminer le travail. Dans la demi-heure qui suivait, elle allait donc arriver. Et ça faisait stresser Ezra. Car malgré le fait qu’ils aient cohabité pendant un bout de temps, ce n’était plus tout à fait comme avant. Leur dernière vraie discussion, à coeurs ouverts, avait laissé un froid entre les deux jeunes gens. Et Ezra savait que c’était sa faute alors oui, il voulait se rattraper. Vingt-heures sonna. Puis la demi-heure, et les deux heures suivantes qui allaient avec. Et toujours pas de nouvelles d’Amelia. L’inquiétude commençait à monter chez Ezra. Heureusement, Lily-Rose dormait depuis quelques heures déjà, ils étaient en pleine semaine et Amelia veillait toujours à ce que Lily-Rose dorme correctement. Alors, assis sur le canapé, Ezra regardait les minutes s’écouler sur son téléphone. Plusieurs fois, il hésita à l’appeler. Mais il se disait qu’il n’était pas son copain, encore moins son mari, et qu’elle avait sa propre vie à côté. Alors si une amie à elle l’avait appelé au dernier moment pour aller boire un verre, il n’était pas au courant. C’était dommage pour lui, mais il n’était pas au courant. Alors il patientait, elle allait forcément finir par rentrer. Bien sur, pendant quelques instants, il put expérimenter l’angoisse qu’Amelia avait pu vivre quand lui s’était retrouvé sur cette île maudite - avec sa fille, qui plus est. Et finalement, alors qu’Ezra commençait lamentablement à piquer du nez, il entendit la clef tourner dans la serrure, le rire d’Amelia… Et celui d’un homme, sans aucun doute. Fronçant les sourcils, il éteint rapidement la télé avant de s’avancer vers la porte d’entrée. Il ne cacha pas sa surprise lorsqu’il vit qu’effectivement, Amelia n’était pas seule mais accompagnée d’un homme qu’Ezra ne connaissait pas du tout. Alors, le verre de vin qu’il tenait dans sa main gauche glissa, car il n’arrivait plus à se concentrer sur ce bras faible. Le bruit du verre qui se brise transperça le silence qui s’installait entre les trois jeunes gens, se regardant dans le blanc des yeux. Le plus ridicule dans cette situation, c’était que l’homme mystère était légèrement plus petite qu’Ezra et que du coup il devait baisser le regard pour le regarder. Bon, il n’était impressionnant car ce n’était absolument pas le plus musclé des hommes de son âge, mais vu qu’il lui manquait apparemment quelques pièces du puzzle, toute sa bonne humeur s’était fait la malle. Ce qui était idiot, car non Amelia n’était ni sa petite amie, ni sa femme, ce n’était pas comme si il la trouvait au lit avec un autre homme - enfin presque quand même. Ezra finit alors par tourner son regard vers Amelia, et avec un petit et rapide rire moqueur il secoua la tête avant de poser sur le premier meuble disponible le deuxième verre de vin. Il contourna les deux nouveaux tourtereaux pour sortir de l’appartement, laissant toutes ses affaires à l’intérieur.

« I've been waiting for you to come rescue me. I need you to hold all of the sadness I can not living inside of me. »

« Amy t’en es où ? » Bryan la fit sortir de ses pensées, alors qu’elle avait encore les yeux rivés sur cette photo de lui et sa fille. Le mécano fit apparaître sa tête à travers l’encadrement de la porte. « Amy ? » Un petit sourire se dessina en voyant son ami. « Il me reste encore un papier à remplir et c’est bon. Mais vas-y, je fermerais le garage. Jo’ est partie ? » Il tourna la tête, essayant de voir s’il apercevait une petite tête blonde. « Je crois qu’elle est partie, il ne reste plus que toi et moi ma belle. » Un sourire taquin en coin. « Hum intéressant ça.. » Elle rit légèrement. « Non mais t’inquiètes, je finis ça et j’y vais, tu peux prendre congé. » Bryan hocha la tête en signe d’approbation. « Ça marche, à demain alors. » Il vint plaquer un baiser sur sa joue et partie à son tour comme les autres. Amelia remplit en vitesse la fin des infos qu’il lui manquait, puis elle ferma son bureau. Elle descendit ensuite, faisant son petit tour habituel pour s’assurer que tout était en ordre. Éteignant la dernière lumière, elle ferma le garage. Ces derniers temps, elle avait l’habitude d’être la dernière à partir. Au moins Amy était sûre qu’il n’y aurait pas de problème si elle vérifiait tout d’elle-même. Pas qu’elle ne fasse pas confiance à ses collègues, mais connaissant les manies du patron, Amelia savait quoi faire pour qu’il n’y ait aucun soucis. Ezra n’avait toujours pas repris le boulot, alors la brune assurait ses arrières. Même s’ils ne se parlaient plus vraiment depuis qu’elle était repartie dans son appart’, ce n’était pas pour autant qu’il hantait ses pensées. Autant au garage qu’à la maison. Ce n’était peut-être pas plus mal qu’ils aient pris de la distance, mais dans un sens, son meilleur ami lui manquait. Alors comme il n’était que vingt heures et qu’Eddie s’occupait de Lily-Rose, la jeune femme décida de se changer un peu les idées dans le bar du coin. Leur bar. Amelia commanda un premier verre, puis un second. Le troisième, ce fut un charmant jeune homme installé en face d’elle qui le lui offrait. Enfin un peu de compagnie.. Ça ne pouvait pas lui faire de mal après tout et puis c’était mieux que de boire seule dans son coin. Les deux parlèrent pendant un bon moment, faisant connaissance. Bon les trucs bateau, mais c’était toujours ça. Il s’appelait Adrian, un soit disant comédien en voit de décrocher le prochain rôle principal dans une série. Ça elle n’y croyait pas trop, m’enfin.

L’heure tournant, la Iver décida de rentrer. Mais pas seule. Elle avait besoin de divertissement, qu’on lui tienne compagnie. Au moins pour la soirée. Alors quand le fameux Adrian proposa un dernier verre, Amy proposa de le boire chez elle. Et bien évidemment, l’invitation ne se refusa pas. Ils partirent jusqu’à chez la jeune femme qui n’habitait pas bien loin. Arrivés à la porte d’entrée, elle lui demanda de ne pas trop faire de bruit, précisant que son coloc’ devait dormir. Pas la peine de rajouter sa fille dans la discussion. Mais le silence n’était apparemment pas leurs forts. Et alors qu’Amelia rit aux derniers mots du jeune homme, les deux se retrouvèrent face à Ezra. Surprise.. Amy resta sans voix, regardant son meilleur ami. Il était probablement la dernière personne à laquelle elle s’attendait voir là. Le blond laissa échapper le verre de vin que tenait sa main encore fragile. Adrian les regardait, paumé, ne comprenant pas la situation. Amy non plus d’ailleurs. « Ez’, mais qu’est-ce que tu.. » Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’il lança un rire moqueur avant de quitter précipitamment l’appartement. « Tu m’expliques ? C’est ton mec ou quoi ? » Amelia encore sous le choc de la scène qui venait de se produire, regarda au loin. Elle s’avança, apercevant la table mise, le repas préparé. Elle se sentit vraiment conne sur le coup. « Écoutes, attend-moi là, je reviens dans quelques petites minutes. » Elle ne prit pas la peine d’écouter sa réponse, qu’Amelia dévala les escaliers pour sortir de l’immeuble. Elle vit au loin sa carrure et courut jusqu’à lui. « Ez’ attends ! »  Arrivée à sa hauteur, elle s’arrêta, mais lui non. Elle continuait donc à marcher. « Attends ! » Hurla-t-elle. « Si j’avais su.. Pourquoi tu ne m’as pas dit que tu étais là ? Je.. Arrête-toi bon sang ! » La situation était des plus gênantes. Elle lui avait plus ou moins fait part de ses sentiments et voilà qu’il la retrouvait en compagnie d’un autre. Enfin, elle était toujours en colère contre lui, pour son comportement, sa mauvaise humeur. Et le fait qu’il se rende chez elle pour lui préparer un dîner était signe qu’il voulait probablement s’excuser. Et ça, ça la surprenait assez.

Ezra s’était attendu à beaucoup de choses de ces retrouvailles. Il avait pensé à la possibilité qu’Amelia le tue - littéralement - en le voyant chez elle, d’une pour en pas avoir prévenu qu’il renait, mais aussi pour l’avoir évité pendant ces derniers jours. La situation entre les deux amis n’était pas forcément au beau fixe, mais il ne s’attendait pas qu’après une telle déclaration, Amelia se retrouve si rapidement dans les bras d’un autre homme. « Ez’, mais qu’est-ce que tu.. » Il ne lui laissa même pas le temps de finir sa phrase, ou d’en commencer une autre qu’il sortit de l’appartement le plus rapidement possible. Il crut entendre la voix de l’autre idiot quand il tourna pour prendre les escaliers menant à la sortie de l’immeuble, mais il ne prêta pas attention à ce qu’il pouvait dire. Rapidement, il fut dehors, et il commença à marcher là où ses pieds seraient aptes à l’emmener. En réalité, il s’en fichait, il était trop perturbé par sa réaction face à cet invité myst§re. De toutes façons, ces derniers temps, toutes ses réactions lorsque ça concernait Amelia étaient étranges. Ce n’était pas sa petite-amie, ni sa femme, il ne devrait pas réagir de la sorte. D’accord, pour le coup du dîner préparé et de l’invité mystère, il aurait pu juste leur souhaiter une bonne soirée et dire à Amelia qu’ils se referaient quelque-chose plus tard, un autre soir. Il aurait pu quitter l’appartement comme n’importe qui et passer à autre chose. Mais non, apparemment, il fallait qu’il réagisse comme ces petits amis idiots et jaloux. Pathétique. « Ez’ attends ! » Il leva les yeux au ciel, entendant Amelia arriver derrière lui. Il aurait pu s’arrêter et lui faire face, pour qu’ils puissent discuter rapidement et que l’affaire soit close. Il préféra continuer de marcher, sachant très bien qu’il gagnait forcément toujours du terrain sur la jeune femme puisqu’il avait de plus grandes jambes et donc marchait plus vite. Elle continua cependant de le suivre, tentant toujours de le rattraper. « Attends ! Si j’avais su.. Pourquoi tu ne m’as pas dit que tu étais là ? Je.. Arrête-toi bon sang !» Alors il s’arrêta, et Amelia fut à deux doigts de lui rentrer dedans tellement sa réaction avait eu lieu sans prévenir. Il la regarda alors dans les yeux, la mâchoire serrée. « Si tu avais su quoi, Amelia, hein ? » Ezra savait que ce n’était pas fair-play de sa part. Après tout, des deux, c’est elle qui avait été toujours plus honnête ces derniers temps, et patiente. Lui n’avait fait que de râler, sans réellement faire attention à commencer ça pouvait et ça avait pu affecter la jeune femme. Mais il voulait se rattraper, c’était la raison de sa présence ce soir chez la jeune femme. « Si je t’ai pas prévenu, c’était que c’était une surprise. Ca en a été une, de surprise tiens. » Il secoua la tête, levant le regard de la jeune femme avant de se remettre à marcher. C’était pour le moment sa seule façon de se concentrer pour réfléchir et tenter de comprendre l’étrangeté de cette situation. Lui avait mis des mois et des mois à surmonter le départ de Ginny à l’époque, tellement ses sentiments pour la jeune femme étaient forts et présents. Et par la suite, il n’avait jamais réussi à avoir de nouvelles relations sérieuses à cause de ses derniers également. Et là, il voyait Amelia lui avouait les sentiments qu’elle avait pour lui… Dans les bras d’un autre, comme si de rien n’était et que ce qu’elle lui avait dit n’avait pas compté. Et même si Ezra ne partageait pas les sentiments de la jeune femme comme il l’aurait voulu, ça l’avait touché. Retourné. Ca avait quelque-part remis leurs années d’amitié en cause, comme si il avait loupé quelque-chose, les signes, depuis des années. Il fallait croire qu’il n’y avait finalement aucun signe à repérer.

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Elle tentait de le rattraper, avec l’incompréhension qui régnait dans ses pensées. Il était vraiment la dernière personne à laquelle Amy s’attendait à retrouver dans son salon. Encore Eddie ou sa fille, elle comprenait.. Mais là. Elle était sur le cul. Surtout lorsque la brune découvrit la table et le repas de préparés. Amelia comprit qu’avec ce geste Ezra voulait se racheter. Et au fond ça la touchait.. Contrairement à la réaction qu’il avait eu en la voyant débarquer avec un autre. Okay ça pouvait surprendre de la voir débarquer avec un mec -surtout après lui avoir plus ou moins dévoilé ses sentiments, mais il y avait des choses à faire et à ne pas faire. Et en l’occurrence.. Un verre brisé, un rire moqueur et le voilà qui prenait la fuite. Amelia aurait très bien pu rester avec Adrian, se disant que ça lui passerait. Encore une fois sa mauvaise humeur reprenait le dessus.. Mais non. Elle le suivait. Comme toujours. C’était plus fort qu’elle et même si au fond il lui avait fait du mal, ses sentiments reprenaient automatiquement le dessus. Alors elle le poursuivait dans la rue, comme une idiote. Espérant bien qu’il veuille s’arrêter parce qu’elle ne comptait pas non plus le suivre jusqu’à l’autre bout de la ville. Amy savait d’avance qu’il serait froid et fermé. Rien qu’à sa démarche elle constatait qu’il était en colère. Mais pourquoi ? Parce qu’il l’avait attendu et que le repas était froid ou bien parce qu’elle n’était pas arrivée seule ? Allez savoir.. Et après lui avoir demandé à plusieurs reprises de s’arrêter, Ezra finit par s’exécuter. Un peu trop précipitamment, ce qui fit que la jeune femme se retrouva à quelques centimètres de lui. Un peu plus et elle le percutait. « Si tu avais su quoi, Amelia, hein ? » Il était encore plus en colère qu’elle, alors que normalement, ça devrait être l’inverse. C’était à la Iver de lui en vouloir. Pas forcément par rapport à Ginny, mais surtout parce que depuis, ils n’avaient fait que s’éviter. Amelia était restée présente jusqu’à la fin de son rétablissement alors qu’Ezra ne faisait que broyer du noir. Elle s’était montrée plus que patiente, surtout après avoir compris que ses sentiments n’étaient pas partagés. Elle était là, alors que d’autres auraient déjà pris la fuite. Ce n’était peut-être pas elle la bonne, mais en attendant elle était là. Alors qu’une autre ne lui a jamais rendu visite ou pris la peine de l’appeler sachant son état.. Anyway.

 « Si je t’ai pas prévenu, c’était que c’était une surprise. Ça en a été une, de surprise tiens. » Enchaîna-t-il, laissant une Amelia toujours aussi choquée de ses propos. Il la laissa une fois de plus en plan, poursuivant sa marche. Comme si le principal dans l’histoire était de la fuir. Ce qui forcément l’a mis encore plus sur les nerfs. « Je serais rentrée plus tôt, c’est tout. Mais effectivement si c’était une surprise tu ne vas pas m’en vouloir pour ça quand même ? » Répondit-elle assez fort pour que ça atteigne ses petites oreilles. Mais ses derniers mots restaient encore en travers de la gorge. Ayant marre de le poursuivre, Amy finit par s’arrêter. « Je comprends pas ta réaction en fait.. C’est quoi le problème ? Lui ? »  Les sourcils froncés, la brune restait dans l’incompréhension. Elle ne voyait pas en quoi Adrian pouvait être un si gros problème, hormis le fait qu’à cause de sa venue ils ne passaient pas la soirée qu’il leur avait prévu. Mais était-ce si dramatique que ça ? Ce n’était pas comme si Ezra était jaloux..

Fuir cette situation était peut-être la meilleure réaction selon le point de vue d’Ezra en ce moment même. Ca n’allait rien arranger, mais comme il ne comprenait pas lui-même pourquoi il réagissait de la sorte, il pourrait prendre du temps au calme pour réfléchir - car c’était ses pensées chaotiques plus qu’autre chose qui l’empêchaient de penser clairement. « Je serais rentrée plus tôt, c’est tout. Mais effectivement si c’était une surprise tu ne vas pas m’en vouloir pour ça quand même ? » Il put entendre les pas d’Amélia s’arrêter peu de temps après qu’elle eut fini sa phrase. Alors, il finit par arrêter sa course lui aussi. Elle semblait arrêter de lui courir après pour régler la chose, préférant peut-être laisser couler ou attendre qu’il revienne de lui même vers elle. Il ne se retourna pas de suite vers elle, car sa dernière phrase lui avait encore plus donné matière à réfléchir. Il fallait avouer qu’elle marquait un point. Elle n’était pas au courant qu’il l’attendait chez elle, donc il ne pouvait pas lui en vouloir pour ça, non. Même si au fond, c’était quand même le cas. C’était le cas pour à peu près tout de toutes façons ces derniers temps. Il en voulait à la terre entière pour des choses dont les gens n’étaient pas responsables. Et malheureusement pour Amelia, comme c’était elle la personne la plus souvent avec lui et la plus proche de lui, il lui en voulait plus qu’aux autres, même si elle n’était responsable de rien. « Je comprends pas ta réaction en fait.. C’est quoi le problème ? Lui ? » Posant sa main reliée à son bras non handicapé sur sa hanche, il soupira. Elle lui en bouchait un bon coin, là. Il aurait voulu lui répondre du tac au tac, lui montrer qu’il y avait une bonne raison à tout cet énervement. Si seulement il avait pu. Ezra resta pendant un petit moment - qui lui parut être une éternité - silencieux, cherchant une réelle explication à soumettre à Amelia. « Peut-être… » Niveau originalité de réponse, on repassera. Il finit par se tourner vers la jeune femme. Plusieurs mètres les séparaient, comme si à chaque fois qu’ils avaient des choses à se dire à s’expliquer, il avait besoin de cette distance physique. Pour ne pas trop montrer ce qu’il pouvait ressentir, comme pour se protéger du monde extérieur. Il avait toujours eu ce genre de réaction stupides, et ce n’était pas parce-qu’il avait pris des années avec le temps que les choses changeaient. C’était une des raisons pour lesquelles, de base, il avait quitté le foyer familiale pour aller étudier à Brisbane, quitter son père et ses solutions de vie auxquelles il n’adhérait pas du tout. Il avait mis de la distance entre ce qui était un problème pour lui et lui-même. « Comment tu peux être là, déjà à moitié dans ses bras, après notre discussion de l’autre jour ? » Il parlait désormais d’une voix plus calme, d’une voix légèrement perdue. Contrairement à Amelia qui avait mis du poumon pour se faire entendre, il avait parlé d’un volume presque normal. « Comment tu fais pour gérer tout ce que tu ressens à l’intérieur ? » Poser de nouvelles questions au lieu de donner des réponses à celles qu’on vous pose. Contourner l’élément gênant. Se donner plus de temps pour trouver des réponses à soumettre. Car le vrai problème de l’histoire était que ça dérangeait Ezra de la voir avec un autre homme. Ce n’était pourtant pas la première fois, il était habitué à savoir qu’elle voyait des hommes - ce qui avait toujours eu le don de le faire sourire, de voir qu’elle allait bien et qu’elle allait toujours de l’avant. Mais cette fois ci, c’était comme si c’était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase. Avec tout ce qui se passait dans sa vie, dans leurs vies, ces derniers temps, il ne comprenait pas comment elle faisait ça - comment elle pouvait faire ça. « Cinq ans. Ca fait cinq ans et dès que je l’ai revu, c’était comme si ces cinq années n’avaient presque pas existé et que j’étais redevenu ce gamin penaud qui agit comme un idiot quand elle est là. Et toi tu arrives à… Je comprends pas. » Il eut un petit soupire triste, accompagné d’un petit sourire qui s’aurait voulu moqueur mais qui fut triste aussi. Quelques secondes de silence s’installèrent et Ezra reprit sa marche. Il n’arrivait décidément pas à rester en place, en sachant qu’il n’était pas stable psychologiquement sur la situation.

« I've been waiting for you to come rescue me. I need you to hold all of the sadness I can not living inside of me. »

Elle ne savait pas quoi faire pour arranger les choses et d’un côté, Amy ne savait pas si cela pouvait s’arranger. Un fossé c’était installé entre les deux et depuis, difficile de pouvoir l’enjamber. Surtout que la brune ne savait pas comment prendre son Beauregard. A part avec des pincettes.. Avec ses changements d’humeur constant, difficile de deviner ses réactions. Et du coup, il se retrouvait face à une Amelia complètement paumée, déboussolée. Elle ne savait plus quoi faire. La Iver voulait qu’il s’explique, qu’Ezra montre ce qui le dérangeait tellement pour qu’il prenne aussi rapidement la fuite, sans qu’il n’y ait une réelle discussion. Mais non. Monsieur préférait marcher. Et fuir. Amelia le questionna alors, se demandant si le problème pouvait être le fait qu’elle débarque -chez elle, avec un inconnu. « Peut-être… » Mais encore ? Elle le regardait, confuse. Pourquoi est-ce que ça le gênait ? Après tout, ce n’était pas comme s’il avait des sentiments pour elle. Il lui avait clairement fait comprendre que non. Alors bon. Elle ne voyait pas le problème, mis à part que cela reportait leur dîner. Et Ez’ n’allait tout de même pas lui en vouloir pour un repas froid.. Après tout, combien de fois ils avaient reporté un déjeuner parce qu’il était occupé avec l’une de ses conquêtes du moment. Bon, elle ne lui avait jamais fait de surprise de ce genre vu son talent culinaire, mais c’était tout comme. « Comment tu peux être là, déjà à moitié dans ses bras, après notre discussion de l’autre jour ? » Okay, elle commençait à comprendre la vraie raison. Et ça lui faisait mal qu’il en reparle. Surtout pour dire ça. Comme si c’était facile pour Amelia de voir quelqu’un d’autre. Un autre que lui. Elle écarquillait les yeux, surprise qu’il remette ça sur le tapis. Surtout pour l’utiliser contre elle. « Comment tu fais pour gérer tout ce que tu ressens à l’intérieur ? » Amy ne gérait rien, justement. Et c’était bien ça le problème. Elle faisait en sorte de s’occuper l’esprit pour ne pas y penser. Pour ne pas penser à lui.

« Cinq ans. Ca fait cinq ans et dès que je l’ai revu, c’était comme si ces cinq années n’avaient presque pas existé et que j’étais redevenu ce gamin penaud qui agit comme un idiot quand elle est là. Et toi tu arrives à… Je comprends pas. » Amelia hallucinait, complètement. Et alors qu’il la laissait sans voix, le blond reprit sa marche. Elle sentait la colère monter de plus en plus. Il fallait qu’elle se contienne, mais ça devenait de plus en plus difficile. A ses yeux, elle avait l’impression d’être une fille facile, qui au final ne pensait certainement pas ce qu’elle disait. Et encore une fois, il fuyait la confrontation. « Justement, voilà c’est exactement pour ça que j’agis de cette façon ! Bordel Ezra.. ! » Elle pressa ses cheveux au niveau du crâne et soupira, histoire de se contenir encore un peu. Il l’avait mis à bout et elle en avait marre d’être patiente. C’était trop. « Si je suis sortie ce soir c’est justement pour arrêter d’y penser, arrêter de penser à toi et t’attendre désespérément comme une idiote.. Je dois aller de l’avant parce que si je ne le fais pas, ça va me détruire, ça va nous détruire et c’est pas ce que je veux.. » Les larmes mélangées à la tristesse et la colère montèrent, mais elle se contenait. Du mieux qu’elle le pouvait. « Alors j’ai pas le choix, vu que tu m’as clairement fait comprendre que c’est elle et pas moi que tu veux.. » Elle leva les yeux au ciel, tentant qu’aucune larme ne lui échappe. « T’as pas le droit de m’en vouloir pour ça en sachant très bien que tu ne ressens rien pour moi. » Avec l’énervement, elle n’arrêtait pas de s’exprimer avec ses bras, tel un pantin désarticulé. « Et crois-moi que si j’avais à choisir, être avec lui serait la dernière des choses que je voudrais. » Elle haussa les épaules. « Mais c’est comme ça. » Et sur ce, ce fut Amelia qui tourna les talons et marcha sur le chemin du retour.    

« Justement, voilà c’est exactement pour ça que j’agis de cette façon ! Bordel Ezra.. ! » S’arrêtant une fois de plus dans sa marche, Ezra leva les yeux au ciel avant de se retourner, de façon à ce qu’Amelia ne puisse pas voir son geste. « Si je suis sortie ce soir c’est justement pour arrêter d’y penser, arrêter de penser à toi et t’attendre désespérément comme une idiote.. Je dois aller de l’avant parce que si je ne le fais pas, ça va me détruire, ça va nous détruire et c’est pas ce que je veux.. Alors j’ai pas le choix, vu que tu m’as clairement fait comprendre que c’est elle et pas moi que tu veux.. T’as pas le droit de m’en vouloir pour ça en sachant très bien que tu ne ressens rien pour moi. » Il était sans voix. Parce-que la voir comme ça, ça lui fendait le coeur. Il pouvait très clairement comprendre maintenant qu’il avait agit comme un con. Encore une fois. Ces derniers temps, c’était beaucoup plus souvent que la normale que ça lui arrivait - mais comme à chaque fois il s’en apercevait qu’une fois les geste et paroles faits. Le seul geste qu’il trouva alors à faire à ce moment là fut de baisser les yeux, comme lorsqu’il était gamin et qu’on lui faisait rencontrer ses tords. « Et crois-moi que si j’avais à choisir, être avec lui serait la dernière des choses que je voudrais. Mais c’est comme ça. » Il ne releva le regard que lorsqu’il comprit qu’Amelia était en train de rebrousser chemin, ce qui n’était pas réellement dans ses habitudes. C’était son tic à lui ça, lorsqu’il évitait les discussions sérieuses. Pas celui de la jeune femme. « Amelia, s’il te plait. » Maintenant il s’en voulait. Il commença alors à la suivre, mais elle avait pris une cadence de marche qui n’était pas atteignable pour Ezra à moins d’augmenter la sienne - ce qui lui faisait mal à l’épaule, il venait d’essayer pendant quelques instants seulement. « Amelia s’il te plait, tu vas trop vite pour ma condition physique là. » Mais elle lui rendait très bien la pareille, et il finit par simplement s’arrêter. « Je sais que c’est moi qu’est commencé, mais on va pas jouer au chat et à la souris toute la nuit là ! » La situation devenait de plus en plus étrange - enfin, si c’était possible… -, il porta machinalement sa main à l’endroit où aurait du se trouver sa veste, et son paquet de cigarettes qui s’y trouvait habituellement. Sauf qu’il avait laissé sa veste chez Amelia et il se maudissait en ce moment même d’avoir fait ça. « Tu m’en veux d’avoir été honnête avec toi et de t’avoir dit que je pouvais pas retourner ce que tu ressentais ? Aller, c’est comme le coup du dîner froid, tu peux pas m’en vouloir pour ça… Non ? » Ou alors c’était quelque-chose que seules les femmes pouvaient faire et comprendre. Car pour lui, ce n’était pas possible d’en vouloir à quelqu’un qui était honnête avec vous sur ses sentiments. « C’est pas que je t’en veux Amelia d’avoir été avec lui, c’est que… J’avais l’habitude d’être celui avec qui tu rentrais du bar à pas d’heures dans la nuit après avoir bu trop de verres. Et j’ai l’impression que ces temps ci, les verres je dois les boire tout seul si je veux en boire… » Cette comparaison pour lui expliquer qu’elle lui manquait était bidon, mais il n’aurait pas réussi à mieux lui dire que ça. Trop pudique comme garçon. « Et… » Il soupira, commençant à s’avancer de nouveau vers elle. « Je t’ai jamais dit que tu devais m’attendre Amelia, non… » Ce n’était clairement pas une bonne idée. Dans l’état où il était en ce moment, bien sur que son coeur penchait toujours vers Ginny, comme si elle était l’évidence. Pas qu’il était incessible lorsqu’il voyait Amelia, mais il n’avait absolument rien de défini dans sa tête pour la jeune femme. C’était sa meilleure amie, et malgré ce qu’il s’était passé entre eux et les situations dans lesquelles ça les mettait, elle restait sa meilleure amie.

« I've been waiting for you to come rescue me. I need you to hold all of the sadness I can not living inside of me. »

Elle repartait de son côté, le cœur lourd. Une fois de plus elle venait de déballer tout ce qu’elle ressentait. Mais dans un sens ça ne servait pas à grand-chose. Il allait probablement rester cramper sur ses positions et la situation ne changerait pas. Too bad. Il fallait que la Iver s’y fasse, se fasse une bonne fois pour toute une raison. Et vu qu’Amy ne pouvait pas l’avoir, elle ne voyait pas en quoi en avoir un autre qui l’attendait chez elle pouvait être si dérangeant. D’ailleurs la brune s’apprêtait à le rejoindre, lorsqu’Ezra l’interpela à son tour pour qu’elle s’arrête. Mais trop tard, elle ne voulait plus en parler. Amelia voulait juste rentrer et passer à autre chose. D’un coup de main, la jeune femme essuyait les larmes qui coulaient sur ses joues, histoire qu’Ezra ne le remarque pas s’il arrivait à sa hauteur. « Je sais que c’est moi qu’est commencé, mais on va pas jouer au chat et à la souris toute la nuit là ! » Il avait raison, c’était peut-être gamin mais après tout c’était bien lui qui avait commencé. Et pourtant, elle soupira et se résigna. Amelia se stoppa, restant toujours dos face à lui. Elle n’osait plus le confronter, surtout pas après ce qu’elle lui avait lâché. « Tu m’en veux d’avoir été honnête avec toi et de t’avoir dit que je pouvais pas retourner ce que tu ressentais ? Aller, c’est comme le coup du dîner froid, tu peux pas m’en vouloir pour ça… Non ? » Amy finit par se retourner, encore sur les nerfs. « Tu peux pas comparer ce qu’il s’est passé avec une surprise ratée. » Ce n’était clairement pas la même chose pour elle. Et puis ce n’était pas vraiment pour ça qu’elle lui en voulait. Mais plutôt dont la manière dont il avait réagi après leur discussion, la distance qui s’était créé entre eux deux.

« C’est pas que je t’en veux Amelia d’avoir été avec lui, c’est que… J’avais l’habitude d’être celui avec qui tu rentrais du bar à pas d’heures dans la nuit après avoir bu trop de verres. Et j’ai l’impression que ces temps ci, les verres je dois les boire tout seul si je veux en boire… » Elle croisa les bras, l’écoutant. Il n’avait pas tout à fait tort, mais la belle ne put s’empêcher de lancer un « Et à qui la faute.. » franc et sec. Apparemment elle avait tout faux. Il ne lui en voulait pas parce que le fameux Adrian était là pour combler son manque affectif. Mais plutôt parce qu’il prenait son rôle d’ami. Ce qui n’était pas du tout le cas, étant donné qu’elle le connaissait à peine et s’il l’avait raccompagné, ce n’était pas pour la mettre au lit gentiment. Oh non. « Et… Je t’ai jamais dit que tu devais m’attendre Amelia, non… » Elle était prête à recommencer à pleurer, mais elle se retint. « Je le sais bien.. » Elle soupira avant de baisser les yeux. « C’est juste que.. » Son regard se plongea dans le sien. ‘Je t’aime et que je ne sais plus quoi faire parce que j’y arrive pas sans toi..’ Mais ça, elle le garda pour elle. « C’est juste qu’il me faut du temps.. Parce que j’y arrive plus. Je peux pas aller boire un verre avec toi comme si de rien n’était, comme avant. » Elle soupira. « T’es mon meilleur ami et ça ne changera pas. Mais en te regardant, je peux pas m’empêcher de penser que j’ai envie d’être avec toi, dans tes bras, tout ça.. » Elle se mordit la lèvre, gênée, et regarda à nouveau le sol. « Et tu me manques.. »

« Et à qui la faute.. » Cette remarque de la part d’Amelia avait au moins eu le don d’être claire et nette. Et à vrai dire, elle faisait un peu mal. Même si elle n’avait absolument pas tord puisque c’était grâce au comportement limite respectable d’Ezra qu’ils avaient mis de la distance entre eux - que ce soit lui qui en ait mis ou qu’elle ait décidé d’en prendre à devoir le supporter, il ne savait même plus à force. Il ne releva cependant pas sa remarque, préfèrent continuer de parler comme s’il n’avait pas entendu. La situation était déjà assez complexe, aucun des deux n’avaient besoin qu’il rajoute son grain de sel sur ce commentaire. « Je le sais bien.. C’est juste que.. » Ezra leva un sourcil, légèrement perdu. Si elle savait qu’elle ne devait pas l’attendre, alors pourquoi l’avait elle mentionné quelques instants plus tôt ? Il tenta alors de chercher une première réponse dans le regard de la jeune femme lorsqu’elle releva le sien vers celui d’Ezra. Cependant, à part de la tristesse - son coeur se fendit une nouvelle fois -, il n’y trouva rien. « C’est juste qu’il me faut du temps.. Parce que j’y arrive plus. Je peux pas aller boire un verre avec toi comme si de rien n’était, comme avant. T’es mon meilleur ami et ça ne changera pas. Mais en te regardant, je peux pas m’empêcher de penser que j’ai envie d’être avec toi, dans tes bras, tout ça.. » Ezra finit lui aussi par faire fuir son regard ailleurs. Il ne savait que dire. Il avait l’impression que, quoi qu’il puisse lui répondre à ce moment là, c’était quelque-chose qui allait forcément lui faire du mal. Délicate situation, pour lesquelles il n’était pas à l’aise et ne savait, en règle générale, pas réellement gérer. « Et tu me manques.. » Cette phrase lui étira un léger sourire, heureux. Ca faisait longtemps d’ailleurs qu’un sourire aussi naturel n’était pas venu se greffer sur le visage du jeune homme. Pas qu’il arrive au meilleur moment, c’était un peu un cri du coeur que venait d’avoir Amelia, mais avec la discussion qu’il venait d’avoir, ça faisait du bien de se savoir manqué, aimé d’un côté. Alors, naturellement, Ezra vint s’approcher de la jeune femme et vint doucement la prendre dans ses bras. Il espérait juste qu’elle allait se rappeler que son épaule était toujours en vrac et pas s’accrocher à lui comme à une bouée, sinon c’était sûr qu’il allait l’envoyer bouler. Posant sa sa joue contre le haut du crâne d’Amelia, il vint délicatement passer sa main dans son dos, comme pour la réconforter. « Tu me manques aussi, petit canari… » Et malgré tout ce qu’il pouvait s’être passé, c’était vrai. Un bonne partie de sa réaction du jour était due au fait qu’il avait tellement l’impression qu’elle lui avait filé entre les doigts ces derniers temps qu’il ne supportait pas le fait qu’elle puisse passer du temps avec d’autres gens alors que lui était plutôt bien seul, ces derniers temps. Il avait besoin de sa présence rassurante à ses côtés, et même s’il pétait des câbles lorsqu’elle était là, il était encore plus perdu lorsqu’elle ne l’était pas. Les deux jeunes gens restèrent alors ainsi pendant quelques minutes, à juste profiter de la présence de l’autre, sans qu’aucun mot ne soit prononcé. Ca faisait aussi du bien. « Je veux pas que tu m’en veuilles, Amelia, s’il te plait… Même si c’est plus facile à dire qu’à faire, je sais. Mais promis, j’vais tenter de maitriser déjà mon caractère, pour arrêter d’être… » Quelques secondes de silence pour trouver le bon mot qui irait à merveille pour cette circonstance. « … Un sale con, clairement. Et aussi… » Il s’écarta de la jeune femme pour pouvoir la regarder dans les yeux, relevant délicatement son visage du bout des doigts. « Je suis désolé de te faire du mal comme ça… » On pouvait très clairement entendre à la voix d’Ezra qu’il était absolument sincère dans ses paroles, à la fois douces et emplies d’émotions. Car même s’il prétendait ne rien ressentir du tout pour la jeune femme, dès qu’il était aussi proche d’elle de la sorte, il ne pouvait s’empêcher de se sentir un peu tout chose.

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Pourquoi fallait-il que cela soit aussi compliqué. Elle le regardait, impuissante, ne sachant plus quoi faire pour que la situation s’améliore. Plus Amelia avouait ce qu’elle ressentait, plus la jeune femme sentait qu’elle fonçait droit dans un mur. Parce qu’elle aurait beau tout lui dire, cela ne changerait rien. Ezra en aimait une autre et Amy restait sur le banc de touche. Alors certes il ne lui demandait pas de l’attendre, mais c’était plus fort qu’elle. La brune ne savait pas faire autrement. Enfin si, voir d’autres hommes pour s’occuper l’esprit. Ce qui n’était pas du tout du goût du Beauregard. Si Amy allait voir ailleurs, c’était alors lui qui restait sur le banc et ça n’avait pas l’air de lui convenir. Alors elle était paumée. Parce que dès qu’Amelia le voyait, elle avait automatiquement les yeux remplient d'étoiles, les papillons dans le ventre. Dur quand l’on doit se comporter simplement qu’en tant que meilleure amie. Et c’était au dessus de ses forces. Elle n’arrivait plus à faire semblant, à faire comme si rien ne s’était passé entre eux. Peut-être qu’en l’acceptant, en mettant ses sentiments de côtés, en le mettant dans une petite boite, la belle y arriverait. Faire comme avant. Retrouver son meilleur ami et reparler de leurs peines de cœur autour d’un verre. Mais pour l’instant, c’était beaucoup trop dur à gérer. Elle l’aimait. L’amour avait dépassé l’amitié. Mais ce n’était pas réciproque. Et ça faisait très mal, plus qu’elle ne l’admettait en tout cas. Amelia était partagée. D’un côté il restait son ami et elle ne voulait pas l’abandonner, ne plus le voir. Et pourtant, c’était peut-être bien la meilleure des choses à faire si elle voulait avancer. Un mal pour un bien.

Mais le voyant de plus en plus proche, Amy n’arrivait pas à bouger. C’était au dessus de ses forces et elle commençait à être fatigué de se battre. Le blond s’approcha et vint la prendre dans ses bras. Amelia ne broncha pas. La jeune femme finit même par resserrer son étreinte en posant sa tête contre son torse, ses bras autour de sa taille. « Tu me manques aussi, petit canari… »  Et à ses mots, elle lâcha prise. Elle s’en voulait. Parce qu’au fond, elle aimerait que tout redevienne comme avant. Que tout ne soit plus aussi compliqué. Amy et Ez, voilà tout. Pas deux paumés en pleine rue en train de s’étreindre après une dispute de plus. Émotionnellement parlant, ça devenait dur à gérer. Amelia ferma les yeux, apaisée d’entendre qu’au moins elle lui manquait également. C’était toujours ça et ça la rassurait. Parce que depuis un petit moment maintenant, elle n’avait plus l’impression de compter. Son accident, sa mauvaise humeur et Ginny étant les sujets principaux de leurs échanges, discussions, engueulades des dernières semaines. Et rester dans ses bras lui faisait du bien. Rares étaient devenues les occasions. Alors elle en profitait. « Je veux pas que tu m’en veuilles, Amelia, s’il te plait… Même si c’est plus facile à dire qu’à faire, je sais. Mais promis, j’vais tenter de maitriser déjà mon caractère, pour arrêter d’être… Un sale con, clairement. Et aussi…  » Au moins, il le reconnaissait. Ezra se recula légèrement, attrapant le visage de la jeune femme. Amy releva les yeux vers son Beauregard, ne pouvant le fuir. « Je suis désolé de te faire du mal comme ça… » Elle savait qu’il disait la vérité. Au fond, lui faire du mal n’a jamais été dans ses intentions. Elle était la seule responsable d’avoir pu y croire. Croire en eux. Croire que tout était possible. Amy avait l’impression d’être revenue au point de départ. Se retrouvant à s’expliquer dans la rue, comme la dernière fois avant qu’ils n’aillent manger leurs pizzas. Après leur tout premier baiser échangé. Elle soupira, ne sachant plus quoi dire ou faire. La belle se rapprocha à nouveau du jeune homme, se mettant sur la pointe des pieds, posant son front contre le sien. Les yeux baissés, elle finit par recroiser les siens. « Tu sais bien que je t’en veux pas.. J’y arrive pas. Enfin je t’en ai voulu, mais.. voilà. » Elle avait du mal à trouver ses mots face à cette proximité qu’elle venait de créer. A cette si petite distance, son souffle se mélangeant au sien. Ça avait le don de légèrement la perturber. « Je.. Je crois que je vais rentrer.. » Elle encadra son visage de ses mains, caressant doucement l’une de ses joues du bout de ses doigts. Il fallait qu’elle se résonne et chasse toutes les mauvaises pensées de son esprit. Parce que si ça ne serait que d’elle.. Amelia déglutit difficilement avant d’embrasser tendrement son blond à la commissure de ses lèvres. Elle le regarda un instant et se retira doucement, avec un léger sourire forcé, avant de vouloir prendre congé.  

Ils restèrent un bon moment comme ça, dans les bras l’un de l’autre, Amelia ayant fini par resserrer son étreinte autour de lui. Et oui, ça faisait du bien. Il y a des personnes avec qui il pourrait se passer toutes les épopées du monde et malgré tout, vous avez toujours besoin d’elle, de les voir, de savoir qu’elles seront là. Malgré tout. Pour Ezra, Amelia faisait partie de ces personnes là, et la savoir aussi distante de lui - même s’il était le fautif dans l’histoire, ça faisait mal. La jeune femme finit par venir coller son front au sien. Une proximité qui donnait des frissons il fallait l’avouer. « Tu sais bien que je t’en veux pas.. J’y arrive pas. Enfin je t’en ai voulu, mais.. voilà. » Il avait fini par plonger lui aussi ses yeux dans les siens. C’était troublant, il avait l’impression d’y lire un livre dont il connaissait les moindres actions, sans pour autant le comprendre. Comme si quelque-chose s’était malgré tout creusé entre eux deux. Il fut un temps, pas si lointain, il aurait pu deviner exactement ce qu’elle pouvait penser rien qu’en la regardant. Il avait l’impression maintenant qu’il lui aurait presque fallu un décodeur pour être sûr de ne pas se tromper. « Je.. Je crois que je vais rentrer.. » Ezra serra la mâchoire quelques instants, pour finir par acquisse légèrement de la tête. Même s’il serait bien resté avec elle, il ne pouvait pas la retenir plus longtemps. Il avait déjà fait assez des siennes ce soir et malgré tout, un autre homme l’attendait toujours chez elle. Le geste qu’elle fit par la suite, en revanche, il ne l’avait pas prévu. Lorsque ses lèvres vinrent effleurer la commissure des siennes pour un baiser tendre et rapide, tout le corps d’Ezra se tendit, tel un arc. Car même s’il avait du mal à le reconnaître juste pour lui même, et même si parfois il lui arrivait de grandement le nier même, il éprouvait une certaine attraction pour la jeune femme. Celle qui, jusqu’il y a quelques mois, il nommait sa meilleure amie sans qu’aucune autre pensée puisse venir traverser son esprit. Un chemin différent se présentait à lui dès qu’ils étaient trop proches maintenant. Il ne bougea cependant pas d’un pouce, ayant même du mal à se forcer de relâcher son étreinte lorsqu’elle lui fila d’entre les doigts pour reprendre le chemin de son appartement. La mâchoire serrée de nouveau, Ezra la regardait partir, immobile. Il n’arrivait pas à faire le moindre geste, comme si il se mettait à avancer, il ferait une connerie - sauf que rester ici sans bouger lui semblait être une connerie aussi. Cependant, parmi tout ce qu’il pouvait ressentir, le sentiment qui dominait maintenant était la peur. Dans toutes les relations qu’il avait pu connaître auparavant, tout avait été simple, binaire. Il aimait la personne ou il savait que ce ne serait qu’une histoire d’un soir. Il n’avait cependant pas prévu que sa seule relation réellement stable, qui n’était pas une relation amoureuse, devienne autant confuse dans sa tête. Et ce n’était pas en regardant Amelia s’éloigner de plus en plus qu’il arrivait à réfléchir à ce qu’il devait faire et ce qu’il pourrait être bon d’être fait. Pour lui même, et pour Amelia qui soufrait à cause de lui, il comprit lorsqu’elle atteint le bout de l rue qu’il se devait de prendre du recul. Au moins pour calmer ses excès de mauvaise humeur, voire de colère, qu’il avait ces derniers temps et qui ne lui ressemblaient pas du tout. Alors, prenant sur lui lorsque la douleur commença à irradier le long de son bras et de son cou - merci aux médecins de lui avoir coupé ses prescriptions d’anti-douleurs -, il se mit à courir dans la direction de la jeune femme. Il allait surement faire deux conneries d’affilées, Amelia lui en voudrait surement pour les deux, mais il ne voyait pas comment réagir autrement sur le fait. Et alors qu’il arriva à sa hauteur, il attrapa la main de la jeune femme pour qu’elle se retourne et soit face à lui. Et sans attendre un instant de plus, il vint l’embrasser comme un fou, comme s’il manquait d’air et qu’elle restait la seule source d’oxygène sur cette terre. C’était idiot, parce-que c’était un geste fait par instinct et non par sentiments amoureux qu’il faisait ça. C’était par attirance pour elle, et parce-qu’avec ce qu’il comptait lui dire pour ses plans qui allaient suivre cette soirée, il voulait faire ça avant qu’elle ne veuille lui en coller une - et il ne pourrait pas courir pour s’échapper cette fois ci, il avait beaucoup trop mal au bras. Passant un bras autour de la taille de la jeune femme pour venir coller son corps au sien, il vint caresser délicatement son visage de sa main restée libre. Engageant un nouveau baiser, puis un autre. Et encore un autre. Oubliant presque de réellement respirer. Il finit par reculer ses lèvres de celles d’Amelia, venant poser son front sur celui de la jeune femme, comme elle l’avait fait quelques minutes plus tôt. Il s’en voulait d’avance pour les mots qu’il allait prononcer. « C’est parce-que depuis ces derniers temps c’est étrange pour moi aussi, d’une autre façon mais c’est aussi étrange quand tu es là, aussi près de moi… Que j’ai décidé que ce serait pas une mauvaise idée si… Je prenais mes distance. Je veux dire. Tu as besoin de prendre l’air mais en m’ayant pas dans les pattes. Et j’ai besoin de me calmer, sérieusement. » Il ferma les yeux avant de se reculer lentement d’Amelia. Il avait l’impression qu’il allait se faire engueuler à tout moment, et en même temps qu’Amelia pouvait comprendre ce qu’il allait se passer. « Le premier endroit où j’ai pensé aller, c’était Sydney. Mon père se ferait un malin plaisir de m’aider à revenir dans le droit chemin… Et puis, il a pas pu venir depuis, l’accident. »

« I've been waiting for you to come rescue me. I need you to hold all of the sadness I can not living inside of me. »

Elle n’avait pas envie de partir, de se détacher de lui aussi rapidement. Et pourtant, il le fallait bien. Ça devenait trop compliqué et dans ses bras, collée à lui, c’était pire. Amelia en perdait ses mots, troublée par son regard, par cette proximité. A cette distance, la brune ne pouvait s’empêcher de penser à cette nuit, à eux deux, se perdant, oubliant complètement le reste. Amy ne savait pas si elle arriverait à se contenir encore plus longtemps, alors elle préféra se retirer, l’embrassant rapidement au passage. Tenant sa main, la Iver finit par la lâcher et tourner les talons une bonne fois pour toute. Ça lui faisait mal au cœur, mais elle n’avait pas vraiment le choix. Ça ne servait à rien de rester, surtout lorsqu’elle se retrouvait encore plus perdue qu’auparavant. Son meilleur ami lui manquait terriblement, mais d’un autre côté, Amelia ne pouvait s’empêcher d’avoir des sentiments à son égard. Et c’était bien ça le problème. Tant qu’elle ne se faisait pas à l’idée qu’il ne se passerait jamais rien entre eux, leur relation resterait en suspension. Elle savait que tant qu’elle ne passerait pas à autre chose, elle n’arriverait pas à le voir dans les bras de Ginny, ou bien d’une autre. Alors la belle prenait sur elle, parce que ça faisait vraiment mal. Ezra, c’était toute sa vie. Depuis qu’elle était partie de chez elle, Amy a toujours pu compter sur lui. Il était le seul chez qui elle pouvait débarquer à n’importe quelle heure de la nuit quand ça n’allait pas. Toujours là l’un pour l’autre. Même lorsqu’elle avait du mal avec Lily, les premières années, il était là. Et à présent, il fallait qu’elle coupe les ponts pour mieux revenir. Qu’elle arrête de penser qu’il y aurait pu avoir un eux, un avenir pour tous les deux.

Amelia marchait, s’apprêtant à retrouver l’autre et lui dire de partir. Elle n’avait plus le coeur à la fête. Elle n’avait plus envie de s’amuser avec lui. Au mieux, la jeune femme espérait qu’il était déjà partie de lui-même. En tout cas, c’était ce qu’elle aurait fait, n’ayant pas spécialement envie d’attendre dans l’appartement comme une idiote. Au pire, elle demanderait à Eddie de le dégager si le Adrian se montrait trop insistant. Amy se maudissait d’être entrée dans ce bar. Elle se disait que si elle serait rentrée directement, il n’y aurait pas eu toute cette altercation avec Ezra. Ils auraient dîné, mis les choses à plat. Mais non. Elle ne savait pas comment cela se passerait la prochaine fois qu’ils se verraient et c’était ce qu’elle craignait. Que malgré tout, ils continuent à être distants. Trop dans ses pensées, elle ne calcula même pas les claquements de pas derrière elle qui résonnaient de plus en plus fort. Lorsqu’il lui prit la main, Amy sursauta et se retourna rapidement. Elle ne s’attendait pas à le revoir, le voir la rattraper à son tour. Cela se lisait clairement sur son visage, et la brune fut encore plus surprise lorsqu’il la prit de court et l’embrassa fougueusement. Ses mains se posant sur son torse pour le repousser au départ, passèrent rapidement autour de son cou. Elle était faible. Beaucoup trop faible. Même si elle ne comprenait pas tellement ce qu'il se passait, pourquoi il agissait ainsi, la Iver se laissa aller, répondant à son tour à ses baisers. Il l’avait tellement prit de court qu’elle avait du mal à reprendre son souffle à chaque fois qu’ils s’embrassaient. C’était intense, c’était eux. Toujours à agir sous l’impulsivité. Leurs corps se rapprochèrent et elle s’accrochait un peu plus à son Beauregard de peur de le perdre une fois de plus. Sa main caressant son visage, un frisson la parcouru. Les baisers s’enchaînèrent, comme si c’était les derniers, comme s’il fallait profiter de chacun d’entre eux. Son front à nouveau posé contre le sien, Ezra finit par retirer ses lèvres des siennes. Une vraie torture. Et après quelques regards d’incompréhension, il finit par rompre le silence. « C’est parce-que depuis ces derniers temps c’est étrange pour moi aussi, d’une autre façon mais c’est aussi étrange quand tu es là, aussi près de moi… Que j’ai décidé que ce serait pas une mauvaise idée si… Je prenais mes distance. Je veux dire. Tu as besoin de prendre l’air mais en m’ayant pas dans les pattes. Et j’ai besoin de me calmer, sérieusement. » Là, elle avait du mal à le suivre. Il l’embrassait et quelques secondes après, il lui parlait de distance. Amy fronça les sourcils, son cœur se resserrant à l’idée qu’une éventuelle séparation entre les deux pouvait se faire. Parce que si elle prenait du recul de son côté et que lui en faisait de même, là c’était sûr qu’il n’y aurait plus d’Ezra dans sa vie pour un bon moment. Chose qu’au fond, elle se refusait à penser. Il se recula et face à cette annonce, Amelia en fit de même. « Et quoi, tu comptes aller où ? » Demanda-t-elle la voix légèrement brisée. Mais avant même qu’il ne le lui annonce, elle connaissait déjà la réponse. Ailleurs, loin d’elle et Sydney était la meilleure option. « Le premier endroit où j’ai pensé aller, c’était Sydney. Mon père se ferait un malin plaisir de m’aider à revenir dans le droit chemin… Et puis, il a pas pu venir depuis, l’accident. » Sa réponse résonnait comme un écho dans sa tête. Elle était frustrée de voir l’ampleur que cela prenait pour qu’il prenne la décision de partir loin d’elle. Et surtout à Sydney. « T’es sérieux là ? Tu crois vraiment que le meilleur moyen de te reprendre c’est d’aller chez ton père ?! » Elle soupira, regardant ailleurs, regardant tout sauf lui. Amy connaissait très bien le padre Beauregard et toutes les histoires de la famille. Elle connaissait également les conflits entre le paternel et son fils et savait que de toutes, ce n’était pas la meilleure des solutions. Mais pour qu’il en vienne à le revoir, c’était que ça n’allait vraiment pas dans sa tête. De colère, ses petits points frappèrent son torse. « Si tu crois que partir est la meilleure des solutions, tu te plantes carrément ! »  Elle se contenait de ne pas pleurer, mais ça devenait dur. Parce qu’elle ne voulait tout simplement pas qu’il parte. Pas comme ça, aussi loin d’elle. Amy posa alors son visage contre son torse. « Je veux pas que tu partes.. » Elle releva alors les yeux vers lui, plongeant intensément son regard dans le sien. Et après quelques secondes d’hésitations, la belle vint déposer ses lèvres contre celles d’Ezra. Elle passa sa main dans ses cheveux, suivit d’un deuxième baiser plus passionné. Elle finit par détacher ses lèvres des siennes et posa son front contre le sien, les yeux toujours fermés. « Restes.. » Et elle ne faisait pas qu'allusion à son départ pour Sydney.

« Et quoi, tu comptes aller où ? » Sa voix était brisée lorsqu’elle lui avait répondu, et il comprit assez rapidement que sa réponse à lui n’allait pas lui plaire. Et ce n’était pas la meilleure des solutions, il le savait, mais c’était la seule qui se présentait à lui pour le moment. Parce-que malgré tout ce qu’ils pouvaient se dire, ils en avaient besoin, de cette distance, pour pouvoir avoir les idées claires pour réfléchir. « T’es sérieux là ? Tu crois vraiment que le meilleur moyen de te reprendre c’est d’aller chez ton père ?! » Il ferma les yeux, soupirant à son tour. S’il y avait bien une personne, en dehors de sa famille, qui pouvait juger si c’était une bonne idée ou non, c’était elle. Et ça confirmait que ça n’en était pas une, apparemment. « Il me fichera presque la paix là bas, je pourrai… Prendre du temps, et… » Il n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’Amelia se mit à lui frapper le torse de ses poings, ce qui le fit rouvrir les yeux très rapidement, et les écarquiller aussi. Car après la course qu’il venait de faire pour la rattraper, le frapper de la sorte si près de sa blessure, ce n’était pas non plus une excellente idée. Il avait mal, voire même très mal en ce moment même, mais pourtant il serra les dents et ne dit rien. Parce-que, une fois de plus, c’était de sa faute si elle ressentait le besoin de le frapper de la sorte. « Si tu crois que partir est la meilleure des solutions, tu te plantes carrément ! » Il la laissa se défouler encore quelques instants avant de finir par attraper tendrement ses poignets. Et la jeune femme finit par poser sa tête contre le torse d’Ezra. Il soupira d’ailleurs de nouveau, ne sachant que dire qui n’allait pas la blesser ou la mettre en colère de plus belle. « J’ai pas dit que c’était la meilleure, mais s’en est une, Amelia… » « Je veux pas que tu partes.. » Elle releva le regard vers lui et il le fuit dès la seconde d’après, ne voulant pas voir cette part de tristesse en elle et son regard suppliant auquel il ne résistait déjà pas avant, mais maintenant qu’il s’en voulait, ça pourrait être pire. Parce-que au fond, il ne voulait pas réellement partir non plus. Mais pour une fois, il voulait tenter de faire quelque-chose de presque bien et pas seulement sur un coup de tête. Enfin, répondre d’instinct au baiser avec lequel Amelia venait de le surprendre, c’était agir sur un coup de tête. Il ne pouvait seulement pas y résister. Venant poser ses mains sur les siennes, il profitait de ce moment supplémentaire volé. « Restes.. » Ezra eut l’impression qu’une partie de son coeur venait de se briser à entendre les paroles d’Amelia, mais surtout à entendre la façon dont elles les avaient prononcé. Un supplice, et en même temps comme la possibilité de la dernière chance. Comme si, à partir du moment où il partirait, rien ne serait plus pareil. Tout était déjà différent de toutes façons. Il vint alors prendre le visage dans la jeune femme entre ses mains, avant d’y déposer un doux baiser sur son front. « Je suis désolé… Je te préviendrai quand je rentrerai. Mais… Je ne peux pas rester là. » Il soupira, lâcha délicatement son visage. Elle avait toujours les yeux fermés et il espérait qu’elle allait rester comme ça jusqu’à temps qu’il puisse partir, qu’il ne lise pas cette tristesse dans ses yeux. « Je suis vraiment désolé… » Se reculant, il se tourna une fois qu’il fut à quelques mètres de distance d’Amelia. Pour être sûr de ne pas céder, parce-que c’était ce qu’il lui ferait le moins de mal. Car oui, il l’embrassait à en perdre haleine et comme si c’était la dernière fois qu’ils se voyaient. Parce-qu’il tenait à elle, mais pas de la façon qu’il fallait. Et cette façon leur faisait mal, à tout les deux. L’éloignement leur ferait surement sur bien pendant quelques temps. Ezra se rappela cependant qu’après quelques minutes de marche seul et silencieuse qu’il avait laissé sa veste et le reste de ses affaires chez la jeune femme avant de partir comme une furie, lorsqu’il l’avait vu débarquer avec l’autre homme. Et alors il se maudit. Car s’il avait eu le temps de faire quelque minutes de marche, Amelia avait du en faire autant et devait même être près de chez elle - voire carrément chez elle. Et il ne pouvait pas rentrer chez lui sans remonter chez elle prendre ses affaires, vu qu’il n’avait même pas ses clefs d’appartement avec lui. A contre coeur, il rebroussa alors chemin, se maudissant d’avoir une fois de plus agit sous l’impulsion. La prochaine fois, il réfléchirait à deux fois avant de partir comme ça. Passant rapidement le hall d’immeuble, Ezra finit par arriver à la porte de l’appartement de la jeune femme. La porte était de nouveau fermée, ce qui voulait dire qu’elle était bien rentrée. Il resta alors quelques secondes devant cette porte sans rien faire, à juste prendre de grandes inspirations. Il ne pouvait pas sonner puisque Lily-Rose dormait et il était hors de question qu’il la réveille. Alors, lorsqu’il eut enfin le courage, il tapa trois petits coups sur le dos de la porte.

« I've been waiting for you to come rescue me. I need you to hold all of the sadness I can not living inside of me. »

Elle ne voulait pas qu’il parte. Ni pour Sydney, ni d’ici tout court. Non elle le voulait pour elle, encore et toujours. Amelia n’en revenait pas qu’il préfère supporter son père pour quelques jours voir semaines plutôt que de rester ici, avec elle. Okay ils mettraient des barrières si c’était ça qu’il fallait faire pour que ça aille mieux. Mais pas comme ça. Pas aussi loin. Elle ne digérait pas le fait que la distance soit aussi radicale et réelle. « Il me fichera presque la paix là bas, je pourrai… Prendre du temps, et… » La brune n’en croyait pas un mot. Peut-être que son père l’ignorera, mais ça sera après qu’il y ait eu un conflit entre les deux. Forcément qu’il y aurait une dispute. Et ce n’était pas forcément le bon moment vu son état actuel. Alors de colère ses poings frappèrent son torse, pas de toutes ses forces, mais elle y allait bien quand même. C’était plus facile de s’en prendre à Ezra physiquement, même si taper les gens n’étaient pas dans ses habitudes. Mais là, c’était trop. Il fallait qu’Amy encaisse encore et encore. Et à force, elle commençait à être à bout. Un vrai ascenseur émotionnel. « J’ai pas dit que c’était la meilleure, mais s’en est une, Amelia… »  Il y songeait réellement alors. C’était prémédité, ce n’était pas sorti de sa bouche pour rien. Amy allait devoir faire avec. Il allait partir. La belle prit son courage à deux mains et lui avoua qu’elle ne voulait pas qu’il parte. Elle aurait pu ne rien dire et se contenter d’acquiescer sagement sa décision. Mais non. Elle l’embrassa une fois de plus, espérant qu’au fond il finisse par céder. Amelia ne savait pas si c’était le dernier qu’ils échangeraient, mais à en croire la tournure que ça prenait, c’était bien parti pour. « Je suis désolé… Je te préviendrai quand je rentrerai. Mais… Je ne peux pas rester là. » Lui répondit-il après avoir déposé un baiser sur son front. Les yeux fermés, elle n’arrivait plus à bouger. Elle se sentait brisée et n’osait plus faire un geste de peur de s’écrouler. Ça faisait trop mal. Amelia sentait qu’il filait de plus en plus entre ses doigts. Et malheureusement, elle savait qu’elle ne pouvait rien faire pour l’en empêcher.  

« Je suis vraiment désolé… » Et il partit. La laissant complètement anéanti par tout ce qu’il venait de se passer. Amy finit par rouvrir les yeux, le voyant s’éloigner de plus en plus. Son cœur se resserrait rien qu’en voyant sa silhouette tourner au coin de la rue. C’était fini. Et elle n’irait pas le rattraper. C’était trop tard, elle ne pouvait rien y changer. Surtout le connaissant. Ezra était encore plus une tête de mule qu’elle. Alors.. Les larmes finirent par couler. Elle n’arrivait plus à se contenir. Il était parti, alors ça ne servait plus à rien de jouer les fortes. Au bout de quelques minutes, elle finit par retrouver le chemin de la maison. Elle n’allait pas rester planter là toute la nuit. Et ouvrant la porte de son appartement, elle le vit, lui. Amelia avait fini par le zapper et fut plus qu’étonner en le retrouvant dans son appart’. Et apparemment il ne s’était pas privé de se servir du repas qu’Ezra avait préparé. Amelia lui demanda alors de partir, se montrant assez froide. Adrian commença à la questionner, mais elle le poussa vers la sortie. Elle n’avait pas envie de s’expliquer avec un inconnu. Il dégageait, point. Tandis qu’il lui parlait encore, la Iver lui ferma la porte au nez. Et alors qu’il haussait le ton, donnant des coups à la porte, Amy finit par s’adosser contre la porte, se laissant tomber petit à petit pour finir par se retrouver assise sur le sol. Elle n’arrivait toujours pas à s’en remettre et il lui faudrait du temps. Il partait. Pour son bien, pour leur bien. Mais il partait.. C’était vraiment dur à encaisser, surtout après tout ce qu’il s’était passé. A croire qu’ils n’arriveraient jamais à arranger les choses. Et c’était probablement ça le plus triste. Ça et aussi le fait qu’elle l’aimait et lui non. De nouveaux coups sur la porte la fit sortir de ses pensées, commençant à être agacée de tout ça. La brune voulait juste se coucher et rester dans son lit pour toujours. Ça c’était un bon plan. Amy se releva d’un trait et finit par ouvrir la porte. « Quoi encore ?! C’est bon je t’ai dis de partir, faut que je te l’explique comment ?! » Dit-elle assez énervée, avant même de savoir qui se trouvait en face d’elle. Et surprise. Amelia resta bouche bée, s’attendant à se retrouver face au type du bar. Mais non. Encore et toujours lui. « Je.. » Elle était perdue. Il avait été très clair et pourtant, il était bien là. Amelia passa un coup rapide sur son visage pour essuyer ses larmes. « Qu’est-ce que tu fais là..? » Et là, elle se souvint. Amy avait repéré un peu plus tôt sa veste qui devait probablement contenir toutes ses affaires importantes, dont téléphone et clefs. Elle attrapa son vêtement sur le buffet à quelques pas d’elle et le lui tendit. « Tiens si c’est ça que tu cherches.. » Parce qu’elle s’en doutait bien, ce n’était pas pour elle qu’il était revenu. Chose qui l’attristait, mais qu'elle se garda de montrer.

La porte finit alors par s’ouvrir plus rapidement qu’Ezra l’aurait pensé. Sur une Amelia en colère. « Quoi encore ?! C’est bon je t’ai dis de partir, faut que je te l’explique comment ?! » Ezra était un peu choqué. Pas qu’elle soit en colère, vu la tournure de fin de leur discussion, c’était plutôt prévisible. Mais c’était plutôt le contenu de ses paroles qui l’étonnait. Après tout, c’était lui qui avait pris la décision de partir, elle lui avait même dit de ne pas le faire. Alors pourquoi l’engueulait-elle pour le contraire ? Ce fut seulement après quelques secondes de silence et d’observation de la jeune femme qu’il comprit qu’elle ne parlait, en fait, absolument pas de lui. Ce qui fit crisper à Ezra ses mâchoires. Peut-être qu’il venait d’agir en lâche avec elle, mais il n’aimait pas le simple fait de savoir que l’autre idiot avait eu du mal à partir de chez la jeune femme alors qu’ils n’avaient, à proprement parlé, aucun lien. Et qu’il était juste un autre de ces connards assoiffé de sexe. Et Ezra, il n’aimait pas qu’on puisse penser à Amelia de cette façon là - même si c’était une femme qui faisait ce qu’elle voulait de sa vie, ça le blessait. « Je.. » Il baissa alors le regard. Car il avait, oui, honte de devoir se pointer là après les derniers mots qu’il lui avait adressé. Mais il n’avait pas réellement eu le choix, car il ne pouvait pas passer la nuit dehors à attendre qu’elle parte au travail le lendemain matin et qu’Eddie lui ouvre la porte - s’il voulait bien lui ouvrir, aussi. « Qu’est-ce que tu fais là..? » Il soupira. « J’ai… » était con, mais ça tu le sais déjà. Malheureusement, ce n’était pas le moment de s’excuser. Il avait pris une décision qui lui semblait importante, et il fallait qu’il s’y tienne cette fois ci. Par la suite, il n’eut même pas le temps de finir sa phrase qu’Amelia avait déjà compris, attrapant sa veste qui trainait non loin de la porte d’entée. « Tiens si c’est ça que tu cherches.. » « Oui, merci… » Attrapant sa veste, il l’enfila rapidement. Et là, il resta debout devant la porte d’Amelia comme un idiot. Il aurait très bien pu partir en courant directement, mais la voir comme ça, les yeux bouffis par les larmes qu’elle avait du verser, et bien ça lui brisait le coeur - surtout qu’il était la raison de ses larmes. Mais il devait se résigner. C’était une bonne décision, qui faisait mal sur le moment, mais une décision qui leur ferait surement du bien par la suite. « Je… » Comment ne pas être plus maladroit qu’il l’avait pu déjà l’être ? « On ira boire un verre à mon retour, d’accord ? S’il te plait ? » Car après tout, rien n’était certain. Quand il reviendrait, d’ici une semaine ou deux, Amelia ne voudrait peut-être plus le voir, l’ayant définitivement rayé de son existence. Après tout, il ne faisait rien pour l’aider à l’y garder. D’accord, ils avaient ensemble une histoire qui valait de l’or, après toutes ces années, mais ces derniers mois avaient été tellement compliqués que ça n’étonnerait pas Ezra si, à son retour, il trouvait une lettre de démission sur son bureau. Si elle voulait s détacher complètement de lui - même si ce n’était pas son souhait -, ile ne dirait rien. De toutes façons, dans ce genre de circonstances, il ne savait pas s’exprimer comme il le fallait et il lui fallait souvent plusieurs heures - voire plusieurs jours - pour savoir que dire à une situation passée. Soupirant, il porta sa main à la joue d’Amelia afin d’écraser une larme qui s’était échappée par mégarde. « Ne pleures pas. S’il te plait. » Un baiser sur cette même joue. En toute amitié, pour une fois, réellement. Et puis, il fit demi-tour. Lentement, pour donner une chance à Amelia de dire les choses qu’elle avait sur le coeur - si elle en avait. Des choses auxquelles elle aurait voulu qu’il réfléchisse pendant sa semaine de retraite aux sources. Puis il partit. Tout simplement. Il fut hors de l’immeuble rapidement, la bise fraiche de la nuit lui faisait du bien. Tirant rapidement sur cette cigarette qu’il voulait allumer depuis une bonne heure mais qu’il n’avait pas avec lui.