Voilà plus d’un mois que Julian était parti de la maison, malgré mes tentatives pour le retenir il était parti, valise à la main s’installer dans un autre quartier, une autre maison. Les raisons n’étaient toujours pas claires selon moi. Un brutal réveil, l’impression qu’il ne devait plus se marier, qu’il ne pouvait plus se marier parce qu’on nous avait forcé. Cela faisait 5 ans que nous étions ensemble alors pourquoi aujourd’hui cela devenait une corvée plus que les autres jours, qu’est ce qui faisait que c’était devenu insupportable pour lui. Je ne sais pas, pourtant je voulais savoir, j’étais du genre dur à cuire quand j’avais une idée en tête. Enfin peu importe les raisons, au début j’avais commencé à déprimer comme toutes les filles le feraient puis j’avais fini par vouloir sauter du haut d’un pont et Alejandro m’avait rattrapé et j’avais couché avec lui. Peut être aussi parce que j’avais envie de le faire, je pouvais pas toujours dire que j’avais eu envie d’Alejandro parce que j’étais bourré, Alejandro était beau, brun, musclé, pile mon type de mec. Le problème de ce type c’était que c’était pile le type de mec de toutes les filles et qu’il couchait avec toutes les filles qu’il pouvait. Et il faisait bien attention de me le dire et de me le répéter, de bien me faire comprendre que j’étais pas importante, que je le serais jamais. Comme Julian finalement, il parait qu’on reproduit sans cesse les mêmes schémas. C’était donc ma vie de m’intéresser à des personnes qui ne s’intéresse finalement pas à moi. Dans tout ce tourment je pourrais simplement être déprimé en me disant que la chance tournerait. Mais ma chance ne tournait pas apparemment puisque j’ai appris que j’étais enceinte. Non ce n’était pas une blague, une plaisanterie comme le pensait Alejandro. Je crois qu’au bout de trois test de grossesse et deux prises de sang c’est le genre de chose dont on est sûr non ? Mais il a coupé les ponts avec moi vu notre conversation houleuse. En gros les deux pères supposés de mon enfant ne sont pas près du tout à me parler ni à avoir un enfant avec moi, génial. Je me dis peut être que mon prince charmant va arriver, bon j’avoue que le gros ventre c’est pas mon atout charme et j’ai fini par croire que mon prince avait été mon premier amour et qu’on n’a pas souvent le droit à avoir deux princes, quand on trouve le sien c’est déjà bien. Prête à devenir maman, peut importe l’avis du papa même si je me posais énormément de question. Je voulais aller ce matin me renseigner quant au tarif de certains matériels comme la poussette, le mixeur, le chauffe biberon. C’est vrai que mes parents ont assez d’argent mais je ne souhaite pas leur en parler pour le moment. Ils prennent déjà mal le fait que Julian m’ait largué et me font clairement comprendre que c’est de ma faute alors si je leur annonce que ce dernier va peut être devenir papa ou alors que je suis enceinte d’un inconnu, je pense que les choses vont être pire. Plongée dans mes calculs je commence à regarder pour combien j’en aurais afin d’installer l’enfant dans les meilleures conditions, flânant dans les rayons je reconnais aussitôt une fille que j’ai vu sur l’instagram de Julian. Cette fille, il ne m’en avait jamais parlé et j’avais senti quelque chose de louche. J’étais bien prête à faire face à elle, peut être que c’était elle la clé de ce départ soudain ? Je ne savais pas. Mais tant pis, j’allais aller franchement à sa rencontre, de toute façon au point où j’en étais, je n’avais plus grand-chose à perdre. Elle était entrain de regarder les t-shirts quand je glissais avec un sourire : « Je préfère celui avec la tortue, le petit chien fait un peu flipper non… ». J’ajoute un petit rire, histoire de détendre l’atmosphère, je passerais aux questions plus personnelles plus tard.

Je déambulais dans ce magasin en me posant pas mal de questions, je dois l’avouer. Je crois que qui soit le père de cet enfant j’allais finir mère célibataire. C’était dur, j’avais l’impression que toute ma famille allait me renier, pour eux je devais être la jeune femme qui se marie avec celui qu’on a choisit pour elle. Mais non, je n’allais pas emprunter cette voix et j’allais avoir un gosse, avec Julian ou alors avec un autre homme. Va savoir. Je ne sais pas si je pouvais assumer ça toute seule, assumer la venue d’un enfant. Mais il m’était impossible d’imaginer avorter d’un enfant qui était dans mon ventre. Mais alors que je me baladais tranquillement je voyais la jeune femme que j’avais vue sur les réseaux sociaux avec Julian et je m’étais bien décidé à ne pas cacher la vérité. Julian et moi avions rendez-vous dans un petit moment mais de toute façon cela m’était un peu égal. Peu importe la façon dont il apprendrait ça et la façon dont il saurait qu’il va être papa, peut être que le plus horrible ce serait le mieux ça serait pour moi. Je n’avais plus envie de l’épargner, j’en avais mare de l’épargner. J’avais été déjà assez gentille avec lui. Cela me suffisait. Si la jeune femme devait le savoir et faire sa langue de pute après pour tout lui raconter, je n’allais pas m’interférer entre eux, de toute façon cette annonce allait forcément remettre des choses en jeux. Je regardais alors les deux habits et pour moi pas la peine d’être un enfant pour comprendre que le petit chien était moche et que la tortue était plus jolie. Je me mis à rire avant de répondre : « C'est-à-dire que même moi en pleine nuit on me Le jette sur la tête je prends peur alors un bébé, qui ne comprends pas tout à la vie, je me doute que si… ». Elle me parlait ensuite de l’enfant pour lequel elle allait acheter le jouet. C’était apparemment un garçon qui vivait avec un chien et pour donner ce détail ça voulait dire que ce n’était pas son enfant. Elle devait parler de l’enfant d’une amie ou quelqu’un de sa famille car à vrai dire, je ne supporterais pas que Julian joue les beaux pères avec un enfant qu’il ne connaissait pas alors qu’il n’était même pas au courant qu’un véritable enfant à lui n’allait pas tarder à pointer le bout de son nez. Je ne savais pas pourquoi elle me donnait tant de détails mais peu importe, je ne prendrais pas la même peluche qu’elle pour mon fils ou ma fille. Je regardais ensuite les affaires de cuisson genre baby cook, les chauffes biberons et ce genre de truc. Je me rendais compte que tout cela coutait très cher. Heureusement que j’avais de l’argent, je n’étais pas dans le besoin mais j’en faisais part à mon interlocutrice, il ne fallait pas déjà couper court à la conversation. « C’est fou comme l’arrivée d’un bébé fait beaucoup de dépense pour les jeunes parents, c’est un truc de dingue non ? La poussette et les meubles pour enfant… ». Je me mis à soupirer avant de prendre un carnet et de commencer à noter les choses qui me seraient à tout prix nécessaires. C’était étrange de faire cette liste devant elle alors je m’en excusais presque : « Je prends des notes pour rien oublier, désolé, ce t-shirt est pour le fils d’une amie ? ». Première question franche qui m’était venue, je la voyais trop jeune pour être maman pour le maman. Mais j’avais peut être tord après tout.

Je ne suis pas à plaindre, je ne me suis jamais plainte au niveau financier. Oui mes parents m’avaient achetés ce dont j’avais besoin. Oui mes parents m’avaient donné une grande chance en naissant dans une grande maison aux objets de valeurs. J’avais eu la chance financièrement que tout soit confortable pour moi, oui, j’avais eu tous les jouets que je voulais. Je crois que les gens qui manquent d’argent pense que c’est le plus important dans une vie, avoir tout ce qu’on veut. J’ai eu ça, j’ai eu à manger, à boire, des repas chauds. Mais ce dont j’ai le plus souffert c’est l’absence de mon père qui ne m’a jamais vraiment considéré. Je pense qu’il aurait voulu avoir un garçon, histoire que son entreprise soit reprise par quelqu’un de compétent. Mes histoires de scénario, il n’y avait jamais vraiment cru. Parfois je ramenais tout à lui. Je pensais que mes problèmes avec Julian, était à cause de lui, peut être que ma tentative de viol était aussi à cause de lui. Je lui en mettais trop sur le dos, c’était certain, rien ne c’était de sa faute. Enfin pas mon mariage qui avait coulé ni mon agression mais de toute évidence croire que la vie était facile parce qu’on avait de l’argent donc tout allait bien dans le meilleur des mondes. En plus si j’avais ça c’était plus pour lui faire la conversation qu’autre chose, je voulais lui soutirer des informations. Je la connaissais pas mais elle était sur une photo avec Julian donc forcément ils se connaissaient, ils s’étaient déjà vus, ils avaient une relation plus ou moins fortes pour qu’elle l’affiche ainsi avec elle sur instagram. Elle me parlait ensuite de son filleul, apparemment le cadeau était pour son filleul, bien sûr, je ne le connaissais pas du tout et c’était un simple sujet de conversation. Elle semblait être plus proche du père de l’enfant que de la mère, je lui demandais toujours par curiosité : « C’est votre neveu ? Comment s’appelle-t-il ? ». Demandais-je en faisant semblant de m’intéresser à sa vie avec son neveu qui n’a pas l’air plus intéressante que la mienne. Je reposais alors le biberon quand il parlait du père de l’enfant. Je devais avoir une tête vraiment étrange, les yeux écarquillés et la bouche ouverte, comment une jeune femme que je connaissais depuis cinq minutes me posait une question aussi intime. Mais autre question, comment pouvait-elle me connaitre moi ? Oui, sans doute l’instagram de Julian aussi mais pourquoi m’envoyez un pic. Qui était cette fille ? Je commençais vraiment à me poser des questions ? La première phrase qui me vint fut alors : « On se connait ? ». Genre comment pouvez-vous me poser une question alors que ça fait exactement cinq minutes qu’on discute. Bon tant pis. Cette question m’est sortie toute seule et je secoue un peu ma tête pour me reprendre. J’aurais bien envie de répondre qu’il n’avait pas fait grand-chose tout seul depuis que je le connaissais mais non, j’allais rester calme pour l’instant avant de lui dire : « Le père n’est pas encore au courant et comme nous sommes séparés récemment mais je suis sur qu’il saura prendre ses responsabilités, être un très bon père. C’est une personne très mature et responsable. Peut être même que savoir qu’il va être papa va nous faire nous remettre ensemble, les hormones et le fait d’être parents changent beaucoup de choses dans une vie…Vous ne pouvez pas savoir… ». Non, à ce que je sache elle n’est pas enceinte et si par malheur elle veut tenter un truc avec son nouvel ami Julian et bien je préfère mettre les choses d’équerre et lui dire tout de suite que pour moi notre histoire n’est pas fini. En réalité, je ne sais pas si je peux récupérer Julian, si même c’est une bonne idée. Bien sur je l’aime toujours et je serais heureuse à ses côtés mais doit il revenir juste à cause d’un enfant. Ce n’est pas vraiment mon état d’esprit : « Il sera très investi, quand il le sera, 5 ans de vie commune, on connait suffisamment une personne tout de même. Et puis j’aime bien choisir mes affaires toutes seules, je ne suis pas à la fin de ma grossesse…Vous avez l’air bien inquiète pour moi… ». Je rigolais mais en même temps, je n’avais pas envie de rire, j’avais plutôt envie de savoir pourquoi elle posait tant de questions et quel était son lien avec Julian.  

Daniel, c’est un prénom un peu vieux, il faut l’avouer surtout pour un petit bébé, je préférais largement par exemple Danny qui faisait plus sympa et plus moderne, mais les prénoms c’est une chose très personnelle. Elle me disait ensuite qu’elle n’était pas flic, flic non mais peut être journaliste, on ne sait pas. Il y a déjà eu plusieurs articles sur moi dans la presse, disant que je me suis fait plaqué et abandonné enceinte et je sais certaines personnes assez mal intentionnées pour me poser des questions qui étaient très personnels. Le fait qu’elle connaisse Julian ne me rassurait pas trop d’ailleurs. Est-ce qu’elle voulait tout lui rapporter avant que je ne lui apprenne la vérité ? Histoire d’avoir une longueur d’avance et me faire passer une fois de plus pour la méchante. « Flic non, journaliste ou autre chose oui, il faut toujours se méfier dans la vie et puis on ne décide pas toujours de la façon dont se passe les choses dans la vie… ». Cependant je doutais qu’elle soit journaliste, elle avait trop l’air de la petite meuf intéressé par Julian qui vient gratter des informations pour savoir si le mec qu’elle a en vue est accessible. Il faut dire que Julian est beau, intelligent, il attire le regard c’est sûr et l’avoir mis sur le devant de la scène lors de cette avant première ne va pas arranger les choses, beaucoup de filles ont du saliver sur lui en le voyant. C’était un peu la première impression qu’il faisait à tout le monde, avant de le connaitre tout à fait. Je la regardais alors avant de lui répondre : « Moi non plus, je ne souhaite à personne d’être mère célibataire. Mais ma situation va s’arranger, soyez en sûre… ». Je ne voulais absolument pas élever mes enfants seuls, je ne sais pas d’ailleurs comment ça allait se passer, je n’y avais même pas réfléchis, pour moi, Julian réfléchirait quand même à la question et même si il jouait parfois les garçons détachés je sais que cette histoire allait le faire réfléchir. Bien sûr après avoir puisé quelques informations et comme je m’y attendais, la jeune femme décida de fuir. Elle croyait sans doute que j’allais la laisser faire, lui poser ses questions, recueillir ses informations et moi ne rien demander alors que je savais qu’elle connaissait le père de mon enfant. Bien sûr je la suivais et j’empruntais même l’autre bout du rayon pour me retrouver face à elle. Je la regardais droit dans les yeux comme si j’étais une jeune boxeuse prête à l’attaque avec son adversaire. Comme dirait Julian, je peux être une femme monstrueuse et cette fille ne va pas y réchapper. Je compte bien obtenir ce que je veux d’elle, à savoir découvrir son identité et son lien avec Julian. « Arrêtons là les conversations routinières et bien aimable, s’il vous plait Mademoiselle… ». Oui, j’en ai marre de jouer à la fille gentille alors que je sais qu’elle va sans doute répéter tout ce que je lui ai dit à Julian, mais c’est une façon aussi de prouver à ce dernier que sa soit disant amie n’est pas si respectueuse que ça. Oui en générale c’est à la personne concerné d’annoncer sa grossesse au père de l’enfant…Je reprends alors plutôt froidement : « Je sais que vous connaissez Julian, vous l’avez identifié sur son instagram. Vous allez sans doute courir vers lui pour tout lui répéter. Qu’importe, j’ai voulu le mettre au courant il n’est pas venu. Mais vous ? Qui êtes vous Mademoiselle pour vouloir savoir les détails croustillants de ma vie ? Qui êtes vous pour vouloir vous faufilez partout et commencer à distiller votre poison entre moi et mon ex-fiancé ? Vous avez piqué ma curiosité et si j’ai répondu à vos questions, maintenant c’est votre tour… ». Je rester planté là, bien décidé à avoir une réponse qui me satisferait tout à fait.

J’étais entrain de rêver ou quoi ? Est-ce que la jeune femme avait joué la fille bien souriante et aimable pour finir par me débiner ? De quoi parlait-elle exactement ? Elle ne disait pas la nature de sa relation avec Julian mais elle disait lui vouloir du bien, ne pas être quelqu’un qui l’étoufferait ou lui imposerait des choses. Je crois qu’elle se mêlait de choses qui ne la regardait pas là…Julian avait du lui dire du mal de moi, comme à chacun. J’avais envie de rire d’une façon nerveuse, oui, tout cela me mettait en rage. Pourquoi Julian lui avait raconté nos histoires : « Je vois que vous avez eu encore une fois la version de Julian et seulement sa version. Julian est très fort pour persuader les gens que je suis une mauvaise femme. Vous verrez peut être par vous-même quand vous aurez besoin de lui ? Je peux vous affirmer que 5 ans de vie commune c’est bien suffisant pour connaitre quelqu’un, ses qualités et surtout ses défauts. Julian est quelqu’un d’égoïste, froid, il n’est pas du genre à aider les autres. Je l’ai toujours aimé et quand j’ai eu besoin de lui, quand j’ai déménagé loin de lui, quitter ma famille et mes proches pour le suivre et bien oui, je me suis accroché à lui car il était mon seul soutien, mais il s’est détourné de moi, comme il se détournera de vous…Quand les mois passeront, quand il aura moins envie de vous sauter dessus vous verrez…Prenez moi pour une folle, réfléchissez, je l’ai toujours aimé mais j’ai toujours espérer qu’il change, vous me jugez aujourd’hui mais demain vous direz ‘elle avait raison et tout ce que j’ai fait c’est la juger’ ». Après tout à mon tour de débiner Julian, j’en ai mare d’être prise pour la méchante dans l’histoire. Je soupire quand elle parle de richesse, la richesse n’a rien à voir la dedans, si j’avais pu être un peu moins riche et avoir un père moins castrateur, qu’est ce qu’elle croyait ? Que les billets pouvaient tout faire. Elle était bête ou quoi : « Qu’est ce que l’argent à avoir là dedans, vous êtes imbéciles ou quoi ? Vous croyez que les billets vont réanimer mon premier amour, qu’en mettant de l'or sur sa tombe ma peine envers lui va disparaitre, vous croyez que mon argent va ramener le père de mon enfant ? Justement c’est avec l’argent que mon père marchandait son affection incapable de me donner de l’amour alors ne me dites pas que je suis heureuse parce que je suis riche….Pitié… ». J’aurais lâché prise, non, je ne pouvais pas lâcher prise, ne comprenait-elle pas ça ? Que je m’étais retrouvé sur un pont avec ma robe de marié et que j’avais sauté pour Julian. Elle ne savait pas qu’il était tout ce qui me reste : « Il est ma raison de vivre, le père de l’enfant que je porte, je ne vois pas pourquoi je devrais lâcher prise comme vous dites… ». Elle me disait être une amie de Julian mais je me doutais que leur relation était plus complexe : « Qui que vous soyez je veux que vous me fichiez la paix, je n’ai pas besoin d’être raisonné, prenez moi pour une folle, peu importe…Peu importe, peut être ait-ce l’amour qui me fait faire des folies…Qu’est ce que vous allez faire, lui raconter comme un chien rapporteur ce que nous nous sommes dit, que j’ai été fidèle au portrait qu’il avait décrit odieuse. Peu importe. On verra si vous passerez le cap des 5 ans mademoiselle, bon courage et adieu… ». Je soupirais avant de moi aussi tourner les talons.