Des vautours. Des vautours lui tournaient autour depuis quelques jours. Journalistes à la noix. Se rendre en France avait peut-être été une erreur. Elle n'avait pas fait assez attention en s'affichant avec Kaleb. Et maintenant ... Maintenant, toute cette merde lui explosait au visage. Si ça la touchait elle, uniquement, bon, elle aurait pu s'en accommoder et pas forcément en faire toute une histoire. Mais là, ça touchait également Kaleb. Les quelques photos où ils avaient pu s'embrasser, c'était rien. Le reste, c'était plus compliqué. Et Eireen l'entraînait dans cela, sans qu'elle l'ait réellement cherché d'ailleurs. C'était la merde. C'était la grosse merde. Et elle ne savait pas quoi faire. Peut-être prendre ses distances. Pour lui. Le temps que cette histoire se calme. Elle l'aimait. Elle l'aimait beaucoup. A la folie. Mais si jamais ... ça lui retombait sur le coin de la figure, à lui, elle était prête à partir, à s'effacer. Pour éviter qu'il ne se retrouve avec des problèmes qu'il n'avait pas à gérer. Bien sûr, cette idée lui déchirait le coeur. C'était peut-être une mauvaise idée. Elle n'en savait rien. C'était pour cela qu'elle se retrouvait devant cette porte. A se demander quoi faire. Fuir sans rien dire. Rester et affronter. Lui en parler et attendre sa décision. A lui. Ouais, c'était peut-être la meilleure idée.


Quelques heures plus tôt.

C'est un email, d'une de ses amies, alors qu'elle était en train de travailler qui interpella la jolie brune. Le titre du mail surtout. Alors, bien évidemment, curieuse, Eireen s'était décidée à l'ouvrir. C'était différent magazines peoples. Des magazines qu'elle ne lisait pas vraiment. La presse people, pour elle, c'était de la merde. Elle s'en fichait. Ca racontait souvent des conneries. Des rumeurs. Des choses totalement inventées. Sauf que ce n'était pas le cas là. Ce n'était pas quelque chose d'inventé. Des photos d'elle. Des photos d'elle et de Kaleb, lorsqu'ils étaient au Mans. "Oh non ..." Elle poussa un soupir. Leur idylle était percée. Une mauvaises idée que de s'être promenée dans les paddocks avec Kaleb. Enfin, s'ils s'étaient promenés normalement, sans s'embrasser, personne n'aurait pu prendre de photos ... où ils s'embrassaient. Elle passa une main dans ses cheveux. La suite du mail, c'était encore pire. Parce que c'était des photos personnelles. Des photos vieilles d'un peu plus de dix ans. De son jardin secret à elle, mais à Camael. Et personne ne pouvait être en possession de ces photos. Les seuls qui les avait, c'était Camael. Son jeu à elle, elle l'avait brûlé. Quand elle s'était séparée du jeune homme. "Bordel de ..." Oui, bordel de merde. Elle avait fait un bon sur sa chaise. Pourquoi ... Pourquoi maintenant ? Si Camael était toujours en possession des photos, pourquoi s'amuser à les balancer à le presse ? Si jamais elle le croisait, il était clair qu'elle lui collerait son poing dans la figure ! C'était la merde. La véritable merde.


Alors, elle était là, devant la porte de cette chambre d'hôtel. Elle avait toqué à la porte. Et elle avait attendu quelques secondes avant d'entrer. "Salut." Ouais. Un accueil peut-être un peu glacial mais elle doutait qu'il veuille autre chose, là, tout de suite. Eireen s'imaginait tout un tas de trucs. Qu'il était en colère. Qu'il était déçu. Qu'il lui en voulait. "J'suis pratiquement certaine que j'dois être la dernière personne que tu aimerais voir là, tout de suite." Elle pouvait se tromper. Ou pas. "J'pensais pas ... que ces photos pouvaient refaire surface un jour. Et j'me doute ... que ça doit pas vraiment te faire plaisir." Mais alors pas du tout.

A peine eut-elle franchi le pas de la porte qu'elle sentit une tension. Est-ce qu'elle avait bien fait de venir ? N'aurait-elle pas mieux fait de prendre sa décision, seule, et de faire ses bagages ? Eireen s'attendait à quoi ? Hein ? Elle n'était pas dans le monde des bisounours. Cette histoire la touchait en première ligne. Mais par effet de ricochet, ça touchait Kaleb également. Et à aucun moment elle n'avait voulu l'éclabousser. Jamais, ok combien jamais elle ne voudrait lui faire du tord. Ce n'était pas son genre. Et pour réparer les dégâts, elle ne voyait pas trop quoi faire. Si ce n'était s'éloigner de lui. Bien sûr, elle n'avait pas envie de le faire. Mais si le pilote le lui demandait, elle n'aurait, sans aucun doute, pas le choix. "J'aimerais tellement te dire que c'est un mensonge, que ce n'est pas moi." Elle baissa légèrement la tête. "Mais je ne peux pas. Parce que ça, ça serait un mensonge." Et qu'elle n'aimait pas mentir. Après, elle pouvait omettre des infos. De manière volontaire ou bien involontaire. Là, si elle n'avait rien dit, c'était parce qu'elle avait oublié. Et puis, elle ne pensait pas que Camael pourrait ressortir les photos. Et comme ils étaient les seuls à être au courant et que ce n'était pas elle, ça ne pouvait être que lui. Si jamais elle le croisait ... valait mieux éviter qu'elle le croise. Parce qu'elle serait bien capable de lui coller son poing sur la figure. "Après dix ans, j'pensais pas que ça ressortirait. Mais j'pense qu'on m'a joué un très mauvais tour." La Team Rocket, plus rapide que la lumière. Comme cette vieille chanson des Pokémon. Ouais. On lui avait joué un très mauvais tour. Elle ne rejetait pas la faute uniquement sur Camael. Elle aurait dû lui demander de jeter les photos après leur séparation. A croire que Camael avait décidé de lui pourrir la vie. Il avait tenté de recoller les morceaux avec elle. Il avait tenté de se faire pardonner. Elle l'avait repoussé. Elle lui avait dit qu'il ne se passerait plus rien entre eux. Il l'avait eu mauvaise, sans doute. "J'suis désolée." Elle pouvait l'être, pour sûr.

I l était en colère. C'était compréhensible. Au moins, il avait le bon sens de dire que ça les mettait tous les deux dans la merde. Car oui. Kaleb n'était pas le seul à être éclaboussé par cette histoire. Non. Eireen aussi. Leur réputation était entachée à tous les deux. Après, elle pouvait très bien réfuter. Elle pouvait très bien dire que ce n'était pas elle. Que c'était un montage. Oui, qui saurait la vérité ? Qui pourrait le prouver ? Bien sûr, elle serait au courant. Kaleb aussi. Mais au moins, ça permettrait u pilote de se détacher de tout cela. Et de s'en sortir sans trop de casse de son côté. Si elle essuyait les pots cassé, tant pis. Tant que Kaleb était épargné, c'était ce qu'elle demandait. Que pouvait-elle craindre ? Une rupture, sans doute. Si ça devait passer par là, alors, tant pis. Eireen resta bien silencieuse. Jusqu'à ce que le pilote lui dise, sur le ton du reproche, qu'il aurait aimé être au courant. "Et t'aurais fait quoi ? T'aurais été casser la gueule de Camael pour qu'il te donne les photos ?" Ces photos, oui, ça ternissait leur images. Mais plus celle d'Eireen. Kaleb n'était pas la première célébrité à avoir une copine, ou une ex-copine, qui avait fait des photos de ce genre. Elle ne pensait pas être unique. Non. Elle était sûre et certaine qu'il y avait plein de couples dans leur situation. Mais elle n'allait pas mettre ça sur le tapis. "J'avais seize ans. Camael dix-huit. Et quand ton petit copain te dit que tu lui manques et qu'il aimerait bien avoir quelques photos, tu le fais." Mais Kaleb ne devait pas savoir ce que c'était. Il lui avait dit qu'il n'avait jamais eu de relation suivie avant cela. "Et quand t'es amoureuse, tu ne fais pas toujours le bon choix." Eireen tentait de se justifier. Oui. Mais elle n'était pas certaine que ça suffirait. Et Kaleb en vint à lui qu'il ne la connaissait pas au final. "Attends ... parce que tu crois que j'connais également tout sur toi ? Parce que tu m'as dit tout ce que tu as pu avant qu'on se rencontre ?" L'avocate eut un faux sourire et elle secoua la tête. C'était un peu l'hôpital qui se foutait de la charité mine de rien. "Si tu voulais quelqu'un sans passif, sans passé, il aurait fallu tomber sur une vierge." Et elle était loin de l'être. Camael avait été son premier. Et elle avait pensé qu'il serait le seul et l'unique. Elle s'était mis le doigt dans l'oeil. "Mais si tu ds que tu ne me connais pas ... Alors, tout ce qu'on a fait depuis plus d'un an, ça sert pas à grand chose." Eireen avait fait des efforts. Elle s'était déplacée sur certains de ses grand-prix. Elle était venue le voir alors qu'elle n'avait pas forcément des vacances. Elle s'était intéressée à sa passion, à son travail. Elle avait pris des vacances avec ui. Elle y allait doucement avec lui. Elle n'avait pas voulu précipiter leur relation. "Je t'aime. Et c'est parce que je t'aime que j'vais prendre mes affaires et m'en aller. Comme ça, cette histoire aura moins de répercussions sur toi." Ca lui brisait le coeur de dire cela. Mais elle cherchait à le protéger. Avant tout.

Ces photos étaient un véritable problème, oui. Eireen en avait conscience. Seulement, dans l'histoire, c'était pas lui qui était affiché à moitié dénudé. Non. C'était pas lui. C'était elle. Elle qui menait une vie tout à fait normale jusqu'à présent. Elle qui se contentait de vivre sa vie et de faire en sorte de ne pas paraître dans les journaux. Un seul faux pas qu'elle avait fait. Lorsqu'elle s'était rendue en France et qu'elle n'avait pas fait attention lorsqu'elle se baladait dans le pit avec Kaleb. Et maintenant, ça lui retombait dessus. Ca retombait sur leur couple. A dire vrai, elle ne savait même pas si elle pouvait, encore, parler de couple. A la minute où les photos étaient sorties, Eireen s'était doutée que ... ça ferait tout capoter entre elle et Kaleb. Parce qu'il était un animal sauvage. Un animal qu'elle avait eu du mal à apprivoiser. Comme s'il avait une armure de glace dont il se servait pour se protéger. Comme s'il ne voulait pas laisser les sentiments rentrer dans sa vie, préférant, et de loin, la solitude. Mais à cause de cela, ça prouvait à Kaleb, sans doute, qu'il préférait, justement, la solitude. Et que ça lui attirait bien moins d'ennuis. Eireen avait conscience que ça précipitait ... la fin de leur relation. Elle ne voulait pas y penser. Mais elle savait que cette conversation allait les mener à ce moment précis. Où il ne voudrait plus d'elle dans sa vie. Elle ne pourrait s'en prendre qu'à elle-même de toute manière. Alors oui, Kaleb crachait sa haine. Il pestait. Il était en colère. Il avait le droit. Un petit peu de réconfort de sa part en lui disant qu'ils allaient arranger ça tous les deux, oui, c'était sans doute ce qu'elle aurait aimé. Mais fallait croire que le bonheur, c'était pas pour elle. Qu'elle n'y avait pas le droit. Tant pis pour elle. Elle s'en remettrait. Ou pas. Eireen allait lui répondre quelque chose quand il en vint à lui dire des mots blessants. Très blessants d'ailleurs. Elle passa une main sur son visage. "T'étais pas vraiment contre quand j'ai écarté les cuisses pour toi !" Elle secoua la tête. Elle n'avait qu'une envie : crier, pleurer ... Enfin, elle savait pas trop. "Traite-moi de pute aussi pendant que t'y es !" Deux relations sérieuses. Deux relations qui se terminaient mal. Vraiment mal. "Mais tu sais quoi ? Vas-y, défoule-toi. Traite-moi de tous les noms que t'as envie. T'as qu'à m'dire que j'suis qu'une traînée. Qu'une salope. T'as qu'à essayer de te convaincre que j'en avais rien à foutre de toi." Alors qu'elle avait été là quand il était arrivé, à Brisbane. Elle l'avait accueilli. Elle avait parlé avec lui. Elle avait essayé de le sortir un peu de sa monotonie. De lui faire penser à autre chose qu'à son putain d'accident. "Repars donc voir ta foutue femme." Elle voulait parler de sa moto, bien sûr. "Parce qu'elle au moins, elle te la fera pas à l'envers. Elle fait tout mieux que moi de toute manière." Jaxson avait raison d'une certaine manière. Il lui avait dit que la première femme de Kaleb, c'était sa moto. Et que d'une certaine manière, la moto passerait toujours en premier. Et elle au second plan. C'était ce qui se passait. Il se préoccupait plus de son image d'autre chose. Compréhensible. Mais ça faisait mal quand même. Au moins, elle n'aurait plus à s'investir. Au moins, elle lâcherait prise. "Tu retrouveras la clé sur le meuble près de la porte d'entrée quand tu décideras à revenir chez toi." Elle, elle serait plus là. Heureusement qu'elle avait pas déménagé toutes ses affaires après la mort de Dylan chez lui. Elle avait préféré mettre une grosse partie de ses meubles dans un garde-meuble, justement. Y'avait juste ses fringues. Enfin, pas toutes non plus. Elle avait bien fait. "J'te souhaite bon courage dans la recherche de ta vierge !" Et elle claqua la porte derrière elle. Il avait voulu cracher son venin sur elle ? Bien. Elle en avait fait autant. Le mot de trop. Il avait pas à juger ce qu'elle avait pu faire quand elle était jeune et amoureuse. Non. Où allait-elle aller ? Elle n'en savait rien. Sans doute chez Cora. La rousse lui avait dit qu'elle pouvait venir à n'importe quel moment. Et ça lui ferait sans doute du bien.