Andrew venait de garer son véhicule devant un immeuble sur Fortitude Valley. Ce qu'il venait faire dans les parages ? Et bien, il avait demandé à un ami, qui bossait dans la police, de l'aider à retrouver Kael. Et comme cet ami lui devait un service, le policier n'avait pas bien opposé de résistance à la demande du médecin. Mais alors pas du tout. Pourquoi Andrew avait envie de voir Kael ? Et bien, pour la simple et bonne raison que le médecin l'avait soigné. Et il avait cherché à savoir, au final, s'il allait bien. Parce qu'il l'avait laissé partir alors que ... Alors que normalement, il aurait dû rester un peu plus longuement à l'hôpital. Il aurait dû passer la nuit, voire même un ou deux jours. Mais non. Le jeune brun avait perdu ses papiers dans une bagarre. Il avait rien sur lui et il n'avait clairement pas envie de rester à l'hôpital. Alors oui. Andrew avait cédé, en quelque sorte. Il avait accepté de le laisser partir. Et oui, il était resté inquiet. Se demandant s'il allait bien. Se demandant s'il avait suivi les conseils qu'il avait pu lui donner. Voilà pourquoi il était en bas de cet immeuble. Véhicule stoppé, il glissa sa main dans la poche de son pantalon afin de récupérer un petit papier. "Ouais ... C'est bien là." Il préférait vérifier. Ca serait dommage de se tromper d'adresse. Ca aurait pu être le cas, mais non. Il récupéra son téléphone qui était dans la boîte à gants. Pas de message. Il aurait bien été voir Malia après ça. Mais il avait peur. Peut-être qu'il avait peur de ... Et bien, peur de ... C'était pas comme s'il cherchait à la harceler, ou un truc du genre. Bien au contraire. Il avait envie de passer un peu de temps avec elle. Et puis, voir si ça pouvait évoluer entre eux. Il n'était pas certain que ça serait le cas. Mais il voulait essayer. Il voulait tenter sa chance. Mais il allait prendre des gants. Et ne pas la brusquer. Ca serait dommage de la faire fuir. Enfin, passons. Andrew descendit de son véhicule. Après l'avoir fermé, il s'engouffra donc dans l'immeuble. Et il ne lui fallut guère de temps pour sonner à la porte de Kael. Il attendit quoi ? Cinq minutes ? Peut-être un peu plus. Aucune réponse. "Bah... tant pis." Sans doute que le jeune homme ne devait pas être là. Il repasserait un autre jour. Ainsi donc, le voilà à descendre les escaliers, comme si de rien n'était. Et avant de franchir la porte de sortie, il le vit, pénétrant tout juste dans le bâtiment. "Ah, mister John Doe ! C'est toi que je cherchais !" Ouais, bon, il connaissait très bien son prénom. Peut-être que Kael, lui, ne s'en souvenait pas.
Une longue journée s'était écoulée pour le cadreur. Et il n'avait qu'une envie : rentrer chez lui. Il avait passé la journée hors de Brisbane, à dix-sept kilomètres de là sur un tournage. Et il était claqué. Il avait passé la plupart du temps avec son steadycam alors autant dire qu'il avait le dos en compote. En plus, cette foutue bagnole lui avait encore donné des sueurs froides. Voilà à peine un mois qu'il l'avait acheté dans une concession du coin, et c'était déjà la troisième fois qu'elle broutait et qu'il était obligé de s'arrêter sur le bas côté de la route. Kael avait quelques notions de mécanique mais là, quand l'électronique venait s'y mêler, c'était autre chose. Et puis la voiture était encore sous garantie. Il n'allait pas y jeter un œil alors que des professionnels pouvaient le faire. Il avait donc pris rendez-vous chez Mecanor pour une réparation. Et il espérait que cela n'allait pas prendre trop de temps. Parce que bon, mine de rien une bagnole c'était quand même plus pratique pour ses nombreux déplacements. Et aussi, pour charger tout son matériel comme aujourd'hui. Quand il faisait des journées complètes, Kael ne pouvait pas se permettre d'oublier quoique ce soit. Donc, il revenait chez lui, un gros sac sur le dos, une valise à roulette et un autre sac qu'il avait posé au dessus. Il y avait quelques kilos de matériel et des milliers de dollars. Autant dire que l'américain en prenait soin. Il venait de pousser la porte du hall d'entrée de l'immeuble quand il fut interpellé par une voix qu'il avait déjà entendu par le passé. Il leva ses yeux et découvrit une silhouette masculine. « Hey doc ! » Kael était un peu surpris de la voir là. Il s'avança un peu plus, histoire de se dégager des portes. John Doe, il n'aimait franchement pas ce pseudo. Mais bon, cela lui avait permis de ne pas débourser un sou pour ses examens au moment où il avait paumé son portefeuille. L'américain lui présenta sa main pour le saluer. Apparemment, le médecin le cherchait mais il ne savait pas encore pourquoi. « Vous me cherchiez ? » Demanda-t-il alors qu'il avançait un peu vers l'ascenseur, jusqu'à pouvoir appuyer sur le bouton afin de le faire descendre. Cela faisait quelques semaines maintenant qu'ils s'étaient vus. Ce soir où il avait échoué aux urgences après la bagarre général du pub.
Il avait fait chou blanc. Tant pis. Kael n'était pas là. Mais au moins, Andrew savait qu'il vivait là. Il avait vu son nom et son prénom sur l'une des boîtes aux lettres. Donc, le renseignement était correct. Il repasserait un autre jour. Au moins pour savoir si le jeune allait bien. Ce n'était pas de la curiosité mal placée ou quoi que ce soit dans le genre. Il était un peu inquiet, c'est tout. C'était pas rare qu'il aille faire des visites de contrôle à domicile. Au moins pour demander si ça allait bien. Oui, certaines personnes trouvaient ça curieux mais bon. Il était comme ça Andy. Peut-être parce que c'était une vieille habitude qu'il avait de l'armée, mais également au Mali. Et les vieilles habitudes sont tenaces la plupart du temps. Donc oui. Bon, bien évidemment, si on lui demandait de laisser telle ou telle personne tranquille, il le ferait. Et il arrêterait de faire ses suivis. Mais tant qu'il n'avait pas de reproche, de réprimande ou de truc dans le genre, sans doute ne se remettrait-il jamais en question. Et sans doute qu'il allait continuer à le faire. Enfin, il pouvait se tromper mais bon, passons. Andrew allait repartir. Jusqu'à ce qu'il croise, finalement, le jeune homme. Ils se saluèrent, se serrèrent la main. Andrew eut un hochement de la tête. "Ouaip, tout à fait. Tu sais, hein, tu peux me tutoyer." Oui, bon, Andrew avait la fâcheuse tendance à tutoyer un peu tout le monde à dire vrai. Ce n'était pas de l'impolitesse ou quoi que ce soit. C'était une habitude qu'il avait. Encore une mauvaise manie, en quelque sorte. M'enfin, on le lui reprochait pas. Certes, il ne tutoyait pas tout le monde non plus. Genre, quand il avait un rendez-vous important ou un truc ultra important et qu'il ne connaissait pas la personne qu'il avait en face de lui, ouais, il évitait le tutoiement. Mais c'était difficile pour lui. Pour sûr. "J'voulais savoir si tu avais récupéré tes papiers d'une." Bon, c'était pas pour le taxer ou pour lui demander de revenir à l'hôpital. Il avait été enregistré sous John Doe donc on viendrait pas lui réclamer des frais ou un truc dans le genre. Non. On revenait pas sur une déclaration. "Ah, et puis, j'voulais savoir aussi si ça allait bien et si y'avait pas eu de complications." Dans sa guérison il entendait. Vu comment Kael avait l'air d'aller, il avait dû écouter les conseils d'Andrew.
Pour être surpris, l'américain l'était. Il ne s'attendait pas à voir le doc au bas de son immeuble. D'ailleurs, comment pouvait-il connaître son adresse ? Il se posait la question quand le médecin prit la parole. Kael s'était arrêté devant l’ascenseur. Avec tout ce qu'il avait comme matériel, il ne se voyait pas prendre les escaliers. Ce n'était pas possible. « Ça marche, doc. » Il ne se souvenait pas d'avoir entendu le prénom du médecin. Il n'en avait plus aucune idée. Peut-être que le médecin lui avait dit ou pas. « Tu me rappelles ton prénom ? » Parce que doc, ça lui rappelait un peu trop l'hôpital. Puis à ces mots, il garda ses yeux sur lui. « Non pas vraiment. J'en ai fais de nouveaux. J'ai du passer au commissariat. Heureusement que je connaissais une des flics qui étaient là. J'ai pas eu trop à attendre. Elle a pris ma déposition tout de suite. » Ouais ça, il avait eu de la chance. Il aurait pu attendre sûrement des heures ou au moins une bonne demi heure si Shelby n'avait pas été là. Son histoire n'avait rien d'urgent et il aurait sûrement pas attendre plus longtemps avant de voir quelqu'un. Quand l'ascenseur arriva, l'américain proposa : « Je t'offre une bière ? » Il n'allait pas repartir avant d'avoir bu un coup. Surtout qu'il s'était quand même déplacé pour le voir. « Ça va. » Ajoutait le cadreur tout en poussant son matériel à l'intérieur de la cabine élévatrice. « J'ai écouté tes conseils. J'ai pris un arrêt de travail. » Il n'avait pas eu trop le choix à vrai dire. « Je suis cadreur. Je porte une vingtaine de kilos de matériel quand je bosse, sans compter ma caméra ou mon steadycam. » Autant dire que ce n'était pas possible. Il aurait probablement eu de grosses douleurs s'il avait été bosser, ne serait-ce qu'une journée. Kael en était bien conscient. Il aurait pris en plus, le risque de se perforer un poumon. Que son état s'aggrave. Alors même s'il n'aimait pas rester assis à ne rien faire, il avait écouté les conseils du doc. Et il s'était tenu à carreau. Il en avait profité pour se reposer et découvrir un peu la ville. « Et pour la consultation, j'ai fais un don à l'hôpital, dès que j'ai eu ma paie. » Et ça, ça lui tenait vraiment à cœur. Il était pas le genre de type à profiter du système. Et il partait du principe que tout service devait être rétribué. « Tu montes ? » Demanda-t-il en regardant le doc, gardant le doigt appuyé sur le numéro de son étage.
Il était content d'avoir obtenu son adresse. Il était content d'avoir pu tomber sur le jeune homme. Et au moins, Andrew voyait qu'il allait plutôt bien. C'était une bonne chose. Il avait eu peur de le laisser partir. Peur que Kael ne soit pas bien. "Oui. C'est Andrew." Parce que oui, Kael ne se souvenait peut-être que de son nom de famille. Sur sa blouse, à l'hosto, y'avait un A. Miriyan. A, ça pouvait être de nombreux prénoms différents. Donc oui, autant le lui préciser. Andrew lui avoua s'être légèrement inquiété pour lui. Ce n'était pas de la curiosité mal placé ou quoi que ce soit dans le genre. C'était sa manière à lui de suivre les gens dont il avait pu s'occuper. Oui, une sorte de suivi de patients. Parce que c'était important pour lui. D'autant plus qu'il l'avait laissé partir alors qu'il n'aurait pas dû le faire. Enfin. Kael lui annonça qu'il n'avait pas retrouvé ses papiers. Non. Il avait été obligé de recommencer à zéro. "Ah, c'est moche." Ca devait pas être simple de refaire des papiers. Surtout dans un pays inconnu. Kael lui avoua, néanmoins, qu'il avait eu de la chance. Puisqu'il était tombé sur une connaissance. Et que sa plainte concernant la perte avait été enregistrée facilement et rapidement. "T'as eu du bol sur ce coup là mine de rien." L'ancien militaire eut un hochement de la tête. "Comme quoi, ça aide parfois de connaître du monde." C'était même très utile d'ailleurs. Ca, Andrew ne pouvait pas le nier. Du tout. Bon, il était vrai, parfois, que les connaissances pouvaient demander de petits services en retour. Et ça, c'était moins bien. Andrew n'était pas vraiment adepte de ce genre de choses à dire vrai. Non. En même temps, combien de fois il avait sauvé la vie d'une personne et en contrepartie, on lui disait qu'on lui devait un service ? Ca arrivait souvent au final. Oui, bien souvent. En gros, il en profitait un peu. Ou il finissait par oublier. Kael lui proposa une petite bière. "Si j'te dérange pas, oui, pourquoi pas." Parce que Andrew ne voulait pas s'imposer non plus. Si Kael avait des choses à faire, Andrew pouvait très bien le laisser. C'était pas un souci. Mais alors pas du tout. En tout cas, ouais, le jeune cadreur était en forme. Il allait bien. Il s'était même arrêté de bosser le temps que ça aille mieux. "Ouais ... à porter tout ça, ça se serait aggravé. C'est bien que tu te sois arrêté. C'est jamais marrant de se mettre en arrêt mais ça vaut mieux parfois." Lui, ça l'avait fait chier quand il avait été obligé de s'arrêter à cause de son bras. Mais il n'avait pas vraiment eu le choix. Il ne pouvait rien faire. Enfin, si, il aurait pu faire des choses. Mais l'hôpital n'avait pas voulu prendre des risques. Normal après tout. Manquerait plus qu'un médecin blessé pratique et aggrave plus les choses qu'autre chose. Ca serait con. Très con. Et dangereux. "C'est tout à ton honneur d'avoir fait un don." C'était même extra. "Y'en a pas beaucoup qui auraient pensé à le faire." C'était admirable mine de rien. Vraiment. Kael pouvait être fier de lui. Sa mère devait être fière de son fils, pour sûr. "J'te suis." Andrew s'engouffra dans l'ascenseur. Les portes se refermèrent. "N'empêche, j'ai eu du bol. Dix minutes plus tôt et j'te trouvais pas."
Andrew. Voilà maintenant il pouvait mettre un prénom sur son visage. Parce qu'il n'avait en tête que son nom de médecin jusque là. Et bon, c'était plus cool d'utiliser un prénom. Surtout qu'Andrew lui demandait ensuite de le tutoyer. C'était plus simple en fin de compte. « En effet. Je n'ai jamais été aussi content de connaître une flic. » Bon d'habitude, il préférait ne pas trop les fréquenter. Parce que c'était mauvais signe. Et que cela voulait dire qu'on avait quelques ennuis qui demandaient une participation du corps policier. Donc, voilà. Mais Kael était bien content d'avoir pu compter sur Shelby qui avait été plutôt chouette avec lui. « Mais le principal c'est que j'ai à nouveau tous mes papiers. Sinon je ne pourrais pas faire mon boulot. Sans papier, impossible de quitter la ville. Plutôt contraignant. » Et c'était peu dire. S'il n'avait pas eu de nouveaux papiers, Kael aurait du faire du boulot de proximité. Et qui disait boulot de proximité, disait risque d'ennui. Et le cadreur n'aimait pas s'ennuyer. Alors il avait été content d'avoir de nouveaux papiers. Parce que cela voulait dire qu'il avait à nouveau sa liberté. Et il appréciait cette dernière. « Pas le moins du monde, sinon je ne proposerai pas. » Mais voilà, c'était proposé avec plaisir. Kael était reconnaissant pour ce que le toubib avait fait. Il aurait pu attendre encore longtemps dans cette salle d'attente avant de pouvoir être consulté par un membre du corps médical. Aux paroles suivantes d'Andrew, il acquiesça de la tête. Effectivement, s'il avait porté son matériel, Kael se serait sûrement fait plus mal. Surtout que son harnais entourait son torse et qu'il appuyait directement sur ses côtes. Alors il avait pris la bonne décision en prenant un arrêt. Même s'il n'avait pas été facile à prendre. A peine arrivé, il se mettait en arrêt. Heureusement qu'il avait un boss plutôt cool. Sinon il aurait pu se faire virer. Mais cela n'avait pas été le cas. « J'ai préféré la jouer cool et ne pas risquer de me perforer un poumon. J'aime l'adrénaline mais pas ce genre. » Ajoutait le cadreur avec un mince sourire. « Pourtant je trouve que c'est la moindre des choses. » Disait-il à la suite quand Andrew parlait du don qu'il avait fait à l'hôpital. Il avait été bien éduqué. Il avait eu une bonne éducation et sa mère lui avait toujours qu'il devait se montrer généreux ou bienveillant envers les gens qui lui avaient tendu la main. Et c'était exactement ce qu'il avait fait. A l'intérieur de l'ascenseur, Kael poussa un peu son matériel afin de faire de la place pour que le toubib puisse y entrer. Il appuya ensuite sur le bouton de son étage. « Un médecin chanceux, c'est plutôt cool ça. » Le cadreur esquissa un sourire. Ouais, c'était même utile dans son boulot. Arrivés au bon étage, Kael laissa Andrew sortir en premier puis il le suivi avant d'ouvrir la porte de son appartement. Une fois à l'intérieur, le cadreur déposa ses affaires dans l'entrée. « Fais comme chez toi. Je vais chercher les bières. » l'appartement était plutôt sympa. Il avait des murs en briques rouges et du parquet au sol. Sur les murs il y avait quelques affiches de films mythiques et des photographies. La plupart d'entre elles avait été prise par sa sœur. Et il appréciait le travail de sa jumelle. Le mobilier était moderne et la pièce principal était un grand salon, salle à manger qui était ouvert sur la cuisine. De là où il était, Kael pouvait donc continuer à parler au doc. « A l'hôpital, tu m'as parlé des hôpitaux dans les pays du tiers monde. Tu as fait du bénévolat ? » C'était une question comme une autre. Peut-être que le cadreur se gourait. Il avait peut-être simplement regardé des reportages, comme lui. Il regagna le salon et il donna l'une des bières à Andrew avant de prendre place sur l'un des fauteuils.
Ca avait du bon de connaître des gens. C'était même utile à dire vrai. Et ça, Andrew ne crachait pas là dessus, c'était certain. "Ouais, j'peux comprendre." dit-il dans un hochement de la tête. "Au moins, ça fait accélérer les choses et c'est bien plus rapide pour certains trucs." Pour sûr. Kael lui avoua qu'il était content. Parce qu'au moins, grâce à ce passage par les flics, il avait pu ravoir des papiers. Et faire ce qu'il voulait faire. C'était plutôt bien. Et y'avait pas forcément grand chose à dire sur le sujet. En tout cas, oui, le médecin était plutôt content de savoir que Kael allait bien. Qu'il avait suivi ses conseils et qu'il s'était posé un peu. Au lieu de trimbaler sur matériel trop longuement. Parce qu'il aurait fait trop d'efforts, oui, ça aurait été catastrophique sur sa santé. Ca n'aurait pas été top. Mais alors pas du tout. Et il aurait pu avoir quelques complications. Donc, autant l'éviter. "C'est peut-être la moindre des choses pour toi mais ça arrive pas souvent. J'veux dire, on a souvent des John Doe. Bon, ils ressortent pas toujours de l'hôpital." Ouais, c'était la réalité de la vie. Ca arrivait souvent. Trop peut-être. "Et ceux qui ressortent de l'hôpital, ils doivent pas vraiment s'emmerder à faire un don." dit-il dans un hochement de la tête. "Donc ouais, c'est bien que t'aies pris le temps de le faire." Et c'était d'autant plus admirable. Rien à redire sur le sujet. Pour sûr. Ils finirent par arriver chez Kael. Ce dernier allait chercher des bières. Andrew regarda autour de lui. Chouette appartement. Ouais, plutôt cool. Le médecin en vint à s'asseoir sur le canapé, en attendant que Kael revienne. "Pas que. J'ai été médecin à l'armée. Et j'ai travaillé dans plusieurs petits hôpitaux pendant mes classes." Il était pas resté au même endroit. Il avait dû voyager à droite, à gauche. Mais il était pas mécontent d'avoir fait ses classes et d'avoir fait ses études comme ça. Sûr, il avait vu des horreurs. Et ça lui arrivait parfois d'en faire encore des cauchemars. Et oui, il y pensait encore. Ca ne s'effacerait sans doute jamais. D'autant plus qu'il avait failli se faire tuer à quelques reprises. Mais bon. C'était ... comment dire ... Ca lui avait permis de retirer de l'expérience. Et surtout, de savoir travailler sous la pression. "J'ai bossé deux ans après sur Brisbane. Avant de m'envoler pour le Mali. Pour faire de l'humanitaire. Pas de gros moyens. Beaucoup de patients. Mais on fait avec ce qu'on peut." Il n'avait pas trop le choix non plus. C'était pas évident mais bon.
Le cadreur avait été chercher deux bouteilles fraîches de bière. Il avait laissé le médecin s'installer dans le salon. Il ne s'attendait pas à cette visite. A vrai dire, il ne pensait pas que le doc l'avait gardé en mémoire. Au contraire. En même temps, il ne lui en aurait pas voulu pour ça. Le médecin voyait tellement de patients à longueur de journée. Pourquoi se serait-il rappelé de lui ? En plus, cela faisait maintenant quelques semaines qu'il avait quitté l'hôpital. D'ailleurs, Kael avait confié avoir fait un don à Saint-Vincent, dès qu'il avait eu sa paie. Il trouvait ça normal. Après tout, il aurait payé ces examens s'il avait eu de quoi le faire le moment venu. Sauf qu'on lui avait piqué son porte-feuille et qu'il lui restait quelques dizaines de dollars en poche. Kael était revenu dans le salon. Et il avait donné une bouteille de bière à Andrew avant de s'asseoir en face de ce dernier. Cela n'allait pas lui faire de mal de prendre cinq minutes. Il avait bossé toute la journée et se poser, lui faisait un bien fou. Le cadreur était impressionné par les paroles du médecin. Il s'était douté que ce dernier avait fait du bénévolat. Et effectivement, l'américain ne s'était pas trompé. Il avait exercé ailleurs, qu'en Australie. « Tu m'impressionnes, je dois l'avouer. J'ai un oncle qui est dans l'armée. J'imagine que cela n'a pas été facile tous les jours. » Il prit une gorgée de sa bière avant de reporter son attention sur son invité du jour. « Et tu es resté longtemps dans l'armée ? » Lui-même avait songé à s'engager. Seulement, il avait d'autres priorités à ce moment-là. C'était un peu compliqué pour lui. « J'aurais aimé également intégrer l'armée de terre ou l'armée de l'air. Mais je suis responsable de ma famille depuis que je suis gosse... alors je me voyais pas partir et la laisser seule. » Ce n'était plus un regret. A une époque cela aurait pu l'être. Jusqu'à ce qu'il se découvre une passion pour la prise de vue. Il en avait alors fait son passe-temps. Et puis cela lui permettait de rester en contact régulier avec sa famille même s'il faisait beaucoup de voyages. Abandonner les siens, ce n'était pas son truc. Il laissait ça à son géniteur qui excellait dans cette tâche. Kael prit une nouvelle gorgée de sa bière. « Oui, c'est malheureusement toujours le cas dans ces pays. » Le cadreur avait fait beaucoup de reportages sur l'Afrique, l'Asie et certaines parties d'Amérique du Sud. De ces pays sous-développés qui avaient du mal à avoir accès à des services minimum, comme la santé pour tous. « Heureusement qu'il y a des personnes comme toi, qui prennent un peu de leur temps pour aider les autres. »
Andrew avait récupéré la bière que Kael lui avait tendu. Ouais. Et il avait parlé un peu ... et bien, de son passé. Du fait qu'il avait été à l'armée. Que c'était comme ça qu'il avait pu devenir médecin d'ailleurs. Parce que sans l'armée, il n'était pas certain qu'il aurait fait ses études. Ou du moins, il aurait dû contracter un méchant prêt pour pouvoir se payer ses études. C'était une solution comme une autre. Mais il avait pensé que l'armée, c'était bien également. Comme ça, il servait. Pour son pays. Il aidait les autres. Il s'était lui-même également. Même s'il se mettait en danger. Mais il avait réussi. Il était là. A nouveau. Il était en vie. Et il allait bien. Donc, c'était pas une si mauvaise idée en soit mine de rien. Du tout. Est-ce qu'il le ferait à nouveau ? Il était réserviste. Donc oui, d'une certaine manière, si on avait besoin de lui sur un champ de bataille, et bien, il irait. Peut-être pas avec le même entrain que lorsqu'il était jeune mais bon. Passons. "Ah non. C'est vrai que c'est pas évident tous les jours. Bon, quand c'est la routine et que tu fais quelques petites rondes ici ou là, t'apprécies le calme. Par contre, du moment où tu te rentres au milieu des balles à essayer de sauver la vie à un de tes potes ... Ouais ... C'est là que tu te dis que ça craint." Et pas qu'un peu. "Après, oui, y'a du bon. Comme y'a du mauvais également." On ne pouvait pas gagner à tous les coups. Et c'était ça qui pouvait être dommage d'ailleurs. Vouloir sauver une vie. Et ne pas y parvenir. Ca craignait. Ca craignait un max. D'ailleurs, c'était toujours le cas avec le boulot qu'il faisait. Dans le sens où oui, il ne pouvait pas toujours sauver la vie qu'il voulait sauver. "J'suis resté dix ans à peu près. J'suis réserviste maintenant. En cas de gros bordel, oui, j'pourrais être amené à repartir. Jusqu'à présent, j'ai eu de la chance." Enfin, il ne savait pas si c'était de la chance ou quoi que ce soit dans le genre mais bon. Ouais, ça faisait du bien de se poser. Beaucoup de bien. Kael lui avoua qu'il aurait bien aimé s'engager mais comme il était responsable de sa famille ... Non, il n'avait pas pu. "Ma soeur a piqué une crise quand j'ai décidé de m'engager. J'ai quinze ans d'écart avec ma frangine. Donc forcément, elle n'a pas trop apprécié quand j'suis parti." C'était peu dire. "T'as des frères et des soeurs ?" Sans doute que ça devait être le cas. Parce qu'il ne pensait pas que Kael serait resté uniquement pour ses parents. Enfin, il n'en savait rien. Andrew ne connaissait pas bien l'américain. Mais en discutant un peu avec lui, oui, il finirait par en apprendre un peu plus sur lui. Non ? L'ancien militaire lui parla, ensuite, du Mali. Du fait qu'il avait été faire de l'humanitaire. Que c'était pas tous les jours la joie mais que oui, ça faisait du bien quand même d'être là-bas. Andrew but un peu de sa bière. "Quand t'es ici et que tu te dis que tu vas aller là-bas, tu te dis que ça va bien se passer. T'imagines des trucs mais quand t'arrives, en fait, c'est complètement différent. Mais les patients sont bien. Et leur famille aussi. Parce qu'ils sont toujours prêts à t'aider." Ce qui n'était pas vraiment le cas d'ici.
Confortablement installé dans l'un des fauteuils du salon, Kael écoutait les propos du médecin. Comme il l'avait deviné, ce dernier avait fait du bénévolat. Il s'en était douté à l'hôpital quand il l'avait sous-entendu lors de leur conversation. Mais à ce moment-là, il n'était pas trop ouvert à la discussion dans le sens où ses cotes lui faisaient vraiment mal. Après il avait repensé à cette conversation. Alors maintenant qu'il avait Andrew devant lui, il pouvait se permettre de lui poser quelques questions afin de satisfaire sa curiosité. Enfin, en même temps, il faisait attention à ne pas être trop intrusif dans la vie de ce dernier. Sinon la conversation ne serait plus agréable. Et puis ce n'était pas du tout le genre de l'américain. « Oui, j'imagine que tu n'oublies pas longtemps où tu te trouves. Après tout, le danger est quasiment permanent et ne pas avoir un œil partout, c'est donner la possibilité à l'ennemi de viser juste. » Et ça, c'était plutôt une chose que les militaires apprenaient à éviter avec le temps. Mais il fallait être très attentif. Parce que l'erreur ne pardonnait que très rarement dans ces conditions. La guerre, c'était terrible. Et cela peu importait le côté où l'on se trouvait. C'était difficile pour tout le monde. Et personne ne s'en sortait vraiment. « C'est beaucoup dix ans. Et ça te ferait rien de repartir ? Parce que j'imagine qu'on finit tous par avoir envie de se caser, de construire quelque chose sur le long terme. » Il se demandait comment les familles faisaient pour supporter les leurs qui partaient sur le terrain. Quand il voyait sa tante, même après toutes ces années, elle était toujours paniquée quand son mari quittait le pays. Parce qu'elle ne savait jamais s'il allait revenir. Le cadreur esquissa un sourire aux propos d'Andrew. Il pensait tout de suite à Kara. Il était certain qu'elle aurait réagi de la même façon que celle d'Andrew. « Je sais ce que tu veux dire. J'ai une sœur aussi, une jumelle. Et je sais qu'elle me tuerai si je faisais ça. » Et c'était certain. Et puis comme il l'avait dit à Andrew, il avait eu d'autres priorités. « J'ai cinq petites sœurs. La dernière a cinq ans. Et mon père a toujours été absent. On le voyait à peine, alors j'ai du m'occuper de mes sœurs à sa place. Et de ma mère aussi. Même si elle a gardé la tête haute pendant toutes ses années. Je l'admire pour ce qu'elle a fait avec nous, même toute seule. » Ouais, Kael admirait sa mère. Non seulement en tant que femme, parce qu'elle était exceptionnelle et en tant que mère, parce qu'elle était merveilleuse. Ses sœurs et lui n'avaient jamais manqué d'amour avec elle, même si elle était la seule à la maison. Elle s'en sortait bien. Et pas une seule fois, encore maintenant, elle ne se plaignait ou ne parlait d'elle... Maintenant il savait pourquoi son père avait toujours été absent. « Ils en ont besoin c'est sûr. Mais c'est pas plus difficile d'année en année ? Avec tout ce qui se passe, les attaques de village, les coups d'état ou encore l'avancé de l'EI. » Bref, tout ce qu'on voyait constamment aux informations. Et qui nous faisait douter de l'humanité. Mais pourtant c'était bel et bien la réalité dans certaines parties du monde.
Est-ce que l'armée lui manquait ? Pas forcément. Il était content d'avoir posé ses bagages. Il était content de ne plus être sur la route. De ne plus se balader avec une armée. Parce qu'une arme, ça faisait des dégâts. Et parfois, c'était moche. Vraiment moche à dire vrai. Il s'était pris des balles, lui également. Il avait toujours eu la chance de s'en sortir. Mais il ne pouvait pas dire que c'était le cas de tout le monde, malheureusement. Ses amis proches, ceux de l'armée, ils s'étaient pas toujours sortis. Et lui même ... Lui même aurait pu finir dans une boîte en sapin s'il n'avait pas eu un gars de sa division qui lui avait sauvé la peau. "C'est une habitude à prendre. Même si c'est pénible d'avoir toujours à regarder par dessus son épaule." Il eut un hochement de la tête. Et il était plutôt content que ça soit terminé. Même s'il avait toujours le risque de devoir y aller. En cas de guerre ou des trucs dans le genre. Kael lui posa une question. Sur ce qu'Andrew pourrait ressentir. S'il devait repartir. "Honnêtement, si on me laissait le choix, j'aimerais rester ici. J'dis pas que j'commence à me faire vieux. Mais j'pense que mes réflexes sont plus forcément les mêmes qu'à mes débuts." Il eut un hochement de la tête. "Après, s'il fallait vraiment y aller, j'pense que je le ferais. Mais ouais, ça m’ennuierait pas mal." En ce qui concernait de construire quelque chose ... Il essayait de construire quelque chose avec Malia. Mais ils se voyaient un peu moins dernièrement. Et parfois, il avait l'impression ... Andrew n'en savait rien. Il n'irait pas dire qu'il perdait son temps avec elle. Parfois, pour construire sur le long terme, fallait tisser, encore et encore. Et c'était ce qu'il faisait avec Malia. Il tissait. Il espérait juste ... que ça finirait par atteindre son but. Et qu'il ne faisait pas tout ça en vain non plus. Parce que notre gros nounours, il était comme tout le monde. Il avait envie de ... Et bien, de construire sa vie. Sa famille. Andrew lui parla un peu de sa soeur. C'était pour elle que c'était difficile. Elle n'avait jamais réellement compris pourquoi ce besoin de partir. Maintenant, elle profitait de son frangin. Et elle était contente. Kael lui avoua avoir une jumelle. Et cinq soeurs. Ou alors, c'était cinq soeurs, avec la jumelle. "Whaa ... Et tu te sens pas trop seul avec toutes ces filles autour de toi ?" Il pencha la tête sur le côté. "C'est chouette que tu aies été là pour elle." Ouais. C'était même très bien à dire vrai. Andrew en aurait fait autant, sans doute, si ... Et bien, si sa petite soeur avait eu besoin de lui. Si ses parents n'étaient plus de ce monde. Il aurait tout laissé tomber. Pour s'occuper de Roxy. Ouais. Sa petite Roxanne. Il n'avait pas toujours été là, mais maintenant, elle pouvait passer quand elle voulait. Quand elle en avait besoin. Andrew eut un léger haussement des épaules à la question suivante de Kael. "Ca dépend. Parfois, c'est difficile, compliqué. Surtout quand y'a la guerre. Qu'elle soit militaire ou civile d'ailleurs. C'est pas toujours évident. Mais on essaie." De toute manière, il ne comptait pas repartir de sitôt. Non. Un jour peut-être. Mais ça ne serait pas pour tout de suite.
Kael but une gorgée de sa bière tout en gardant ses yeux sur Andrew. Il comprenait ce dernier. D'autant plus qu'il avait un exemple proche de lui, son oncle. Ce dernier avait toujours fait passer son devoir avant sa famille. Et cela n'avait pas été facile tous les jours. Il n'avait pas vu grandir ses enfants et son mariage en avait souffert. Et puis, il était vrai que les années changeaient un homme. Servir son pays, c'était rester au maximum de ses capacités et cela peu importait le terrain. « Je comprends. Même si cela ne doit pas être facile de faire un trait sur ce genre de vie. Mais j'imagine que ta sœur est rassurée de te savoir ici. » Même s'il ne connaissait rien de la relation entre le médecin et sa sœur. Lui, il était très fusionnel avec sa jumelle. Et il avait du mal à lui cacher des choses. C'était même impossible. Kara semblait le connaître parfois mieux que lui-même. En tout cas, elle savait toujours quand quelque chose n'allait pas. Quand il était tracassé ou malade. Il était parti à l'autre bout du monde et pourtant, elle était venue le rejoindre. Lui-même l'aurait fait s'il n'avait pas eu un contrat. C'était une chance au final pour lui, d'être ici à Brisbane. Il pouvait rencontrer de nouvelles personnes, découvrir de nouvelles façons de travailler. Et à vrai dire cela lui plaisait. En dehors d'avoir tout plaqué pour atterrir ici, il ne le regrettait pas au final. Parce que c'était une bonne expérience. Et que Kael n'avait pas envie d'être là, uniquement pour son géniteur. Il avait fait ce qu'il devait, maintenant, il voulait passer à autre chose. Il travaillait beaucoup. Ce qui lui permettait de se vider la tête et de ne pas être rongé par cette histoire. Aux paroles d'Andrew, le cadreur ne pu s'empêcher de rire doucement. « Pour être franc, non. J'adore mes sœurs. Et j'aime veiller sur elles. Même si j'aurais aimé avoir un frère... » Enfin ça, il en avait un mais il ne pouvait pas dire qu'il le considérait comme tel, puisqu'ils ne se connaissaient pas. Ils étaient encore des étrangers l'un pour l'autre. « C'était mon rôle d'aîné d'être là. Et je ne prends pas ça pour une corvée. Même si ça doit être différent pour elles. Elles n'aiment pas toujours avoir leur grand frère sur le dos. » Et c'était peu de le dire. Parfois Kael oubliait qu'il n'était que leur frère... toutes ces années, où il s'était substitué à son géniteur avaient fait leur œuvre. Parfois il se comportait plus comme un père, que comme un frère. « Je comprends. Enfin ici, tu rends service aussi. J'imagine que tu ne dois pas compter ton nombre d'heure. Quand on aime ce qu'on fait, on a du mal à lâcher prise. » Il connaissait. Il était pareil. Parfois, s'il pouvait s'abstenir de dormir pour bosser, il le ferait. Mais le corps humain avait ses limites et il devait l'écouter s'il ne voulait pas retourner à l’hôpital.
Il était clair que sa petite soeur était ravie. Elle avait son frère dans les parages. Et en plus, il ne repartirait pas. Du moins, Andrew ne pensait pas qu'il allait repartir. Non. Il était bien à Brisbane. Il avait sa carrière de chirurgien. Un jour, il espérait bien diriger son propre service. Donc oui, ce n'était pas en allant à l'étranger qu'il pourrait le faire. Sans oublier que s'il s'en allait, comment ferait-il pour sa carrière, et pour sa vie de famille ? Bon, ok. Il n'était pas certain que ça collerait avec Malia. Mais Andrew ne désespérait pas. Et à un moment ou à un autre, oui, il espérait bien qu'il trouverait la femme qu'il lui correspondrait. Ouais. "Très rassurée. Elle est contente. Ca lui permet de squatter un peu chez moi quand elle a pas envie d'être toute seule." Et il adorait l'avoir avec lui. Même si elle lui tapait un peu sur le système parfois, il adorait avoir sa petite soeur avec lui. Ca lui faisait du bien. Et elle, elle adorait. Autant faire en sorte que ça marche quand ils étaient tous les deux. En tout cas, Kael n'avait pas une seule soeur. Il en avait plein. Le seul mec de la famille. Alors, bien sûr, c'était quand même impressionnant. Dans le sens où il était seul face à toutes ces petites chipies ! Andrew n'imaginait même pas le calvaire qu'il pouvait vivre. Enfin, c'était peut-être pas un calvaire. C'était peut-être même tout le contraire. Kael en vint à lui dire qu'il adorait ses soeurs. Mais un peu de testostérone, ça ne lui aurait pas fait de mal non plus. "T'es l'homme de la maison en quelque sorte. C'est bien en tout cas. J'espère qu'elles te font pas trop la misère." C'était une bonne chose qu'il aime ses soeurs. Au moins, elles pouvaient compter sur lui. Andrew ne connaissait pas bien Kael mais il avait l'impression que c'était quelqu'un de dévoué. Après, il pouvait se tromper mais bon. Kael poursuivit. Sur le fait que c'était pas une corvée. Loin de là. Que ses soeurs, par contre, n'étaient pas toujours ravies de l'avoir sur leur dos. Andrew se mit à rire. "Ah, ça, je peux comprendre. Ca m'arrive de temps à autre d'être derrière ma soeur." Il s'était fait envoyer sur les roses. A plusieurs reprises. "Elle aime pas trop ça. J'ai beau lui dire que c'est pour son bien. Que c'est pas pour l'espionner ou quoi que ce soit dans le genre. Elle est pas toujours tendre." En même temps, c'était que des mots. Oui, ok, ça pouvait être blessant. Il en avait conscience. Mais ça prouvait à sa petite soeur qu'il était là, quoi qu'il arrive. Qu'il était derrière elle. Et qu'il le serait toujours. Quoi qu'elle dise. Quoi qu'elle fasse, même si elle n'était pas contente. Il serait là. En tout cas, les trucs humanitaires, ça lui manquait un peu. Travailler à l'hôpital, c'était différent de ce qu'il avait pu faire au Mali. Il n'irait pas jusqu'à dire qu'il n'aimait pas. Mais c'était différent. Oui. Très différent. "C'est vrai ... Ca m'arrive d'enchaîner deux gardes." Parce que par rapport au Mali, c'était rien. "J'le fais pas tout le temps. Mais quand on a besoin de moi, ouais, j'réponds présent." Il avait une merveilleuse invention qui s'appelait téléphone. Et oui, quand on avait besoin de lui, il recevait une notification. "C'est rare que je puisse ..." Andrew n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Son téléphone venait d'avoir une sonnerie étrange. "Ah ... en parlant de ça ... Je crois que le devoir m'appelle." Il récupéra le téléphone qui était au fond de sa poche. "Ouais ... C'est pas que je m'ennuie mais je vais devoir y aller." Andrew s'était levé. Mais c'était que partie remise. Ils auraient, sans doute, l'occasion de rediscuter de tout cela à un autre moment. "On aura sûrement l'occasion de se revoir. En tout cas, ça m'a fait plaisir de savoir que tu vas bien." Pour sûr.
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