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 #25. what if what i want makes you sad at me (yasmine)

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Message(#)#25. what if what i want makes you sad at me (yasmine) EmptyDim 21 Aoû 2016 - 9:25


yasmine & hassan
what if what I want makes you sad at me

What if it makes you laugh now but you cry as you fall asleep ? And if this be our last conversation, if this be the last time that we speak for a while, don't lose hope and don't let go 'cause you should know : If it makes you sad, if it makes you sad at me, then it's all my fault and let me fix it please. 'Cause you know that I'm always all for you ☆☆☆



Il avait du faire avec une pointe d'appréhension en se rendant chez les Khadji ce soir-là, et même probablement senti son cœur louper un battement lorsque Yasmine était venue lui ouvrir la porte. Presque comme lorsqu'ils s'étaient quittés quelques jours plus tôt, qu'il l'avait déposée en voiture devant l'entrée de l'hôpital et que par mégarde les lèvres de Yasmine avaient glissé, plus bas qu'elles ne l'auraient du. Accidentellement, sans doute, et malgré tout il était resté figé quelques longues secondes, troublé, avant de se décider enfin à redémarrer la voiture et regagner Fortitude Valley. Il y avait repensé ensuite, mais surtout honteux de réaliser que c'était plus par trouble que par gêne ... Il était question de Yasmine, il n'y avait pas de question à se poser. Au fil de la soirée et du repas, malgré tout, Hassan avait retrouvé son humeur légère, aidé par Fatima et sa tendance habituelle à animer et alimenter la conversation à elle seule. Le brun ne savait pas très bien si tout cela tenait d'un effort général, ou bien si le spectre de leurs hospitalisations au père de Yasmine et à lui commençait doucement à s'estomper, mais c'était agréable. Reposant, presque. A l'exception des quelques réflexions faites à Yasmine par sa mère concernant son air fatigué, et l'impression qu'elle ne mangeait pas beaucoup, le regard de la jeune femme croisant furtivement d'Hassan tandis que lui baissait le nez vers son assiette en tentant de rester impassible.

Vers dix heures et quart ils en étaient à picorer les restes de biscuits qui avaient accompagné le thé ou le café, sans être particulièrement pressés de repartir mais conscients malgré tout qu'à pieds regagner leurs appartements respectifs prendrait malgré tout un certain temps à Yasmine et Hassan. Étirant ses bras, le brun ne s'était d'ailleurs pas fait prier lorsque la jeune femme avait annoncé qu'elle n'allait pas tarder, et répondu « Je vais te raccompagner. » sur un ton qui tenait bien plus de l'affirmation que de la question. Il faisait nuit noire, de toute façon, même sans les récents événements il n'aurait probablement pas été tranquille à l'idée de la laisser regagner Toowong toute seule. Saluant les parents Khadji et les remerciant pour le repas chacun leur tour, les deux jeunes gens avaient quitté la maison, la température dehors juste assez fraîche pour les rafraîchir sans que cela en soit désagréable. Bien que peut-être pas totalement innocent, le silence qui s'était installé entre eux tandis qu'ils remontaient la rue n'avait rien de trop lourd, et n'aurait pas eu le temps de le devenir puisqu'au bout de quelques minutes à peine Hassan s'était immobilisé sur le trottoir. Sur le carré de pelouse qui verdoyait devant l'ancienne maison de ses parents, la pancarte vendue était toujours là, et toujours plantée un peu de travers. « Viens. » Sa main glissant pour attraper celle de Yasmine, il l'avait entrainée avec lui et avait traversé la pelouse pour atteindre la palissade qui menait au jardin de l'autre côté de la maison. Grimpant sur la poubelle pour enjamber la palissade, il avait tendu à nouveau la main à Yasmine pour l'aider à grimper à son tour, croisant son regard dubitatif « Tu me fais confiance ? » Pour le fait qu'elle ne terminerait pas sa nuit au poste de police pour violation de domicile, tout du moins. Pour le reste il savait qu'il devrait encore ramer un moment avant de la gagner à nouveau, sa confiance.

Sautant pour atterrir de l'autre côté, non sans que son corps ne lui fasse sentir que ce n'était peut-être plus vraiment de son âge, ce genre d'acrobaties, il avait attrapé la main de Yasmine pour l'aider à descendre à son tour. Les glycines qui grimpaient le long du mur et dont sa mère avait toujours pris grand soin étaient toujours là ; Ils n'étaient pas en fleur, pas en hiver, mais Hassan était à peu près certain que d'ici trois mois ils recommenceraient à fleurir et couvriraient à nouveau le mur de mauve. « J'aurais jamais pensé qu'elle serait toujours là. » avait-il commenté à nouveau, les yeux montant vers la cabane juchée dans les branches de l'arbre qui trônait au fond du jardin. Pas qu'Hassan n'ait douté de sa qualité, c'était son père qui l'avait construite, et l'ébéniste qu'il était avait fait les choses bien ; Simplement il aurait pu penser que les propriétaires suivants s'en seraient débarrassés. Mais elle était toujours là, et l'échelle en cordage un peu approximative avait été remplacée par une échelle en bois digne de ce nom. Suffisamment pour qu'Hassan n'y réfléchisse pas à deux fois avant de décider de grimper, les deux adultes qu'ils étaient ayant pourtant désormais tout juste la place de s'asseoir l'un à côté de l'autre, leurs jambes pendant dans le vide. « T'as de la chance que la pancarte "interdit aux filles" ait disparue, elle. » Sourire amusé, tandis que lui revenait l'air bouder - et mécontent - arboré par Yasmine à chaque fois qu'elle avait souhaité monter et que Sohan et lui retiraient l'échelle parce que "les filles c'est nul".

Il y avait un peu de vent, et le quartier de lune permettait à peine de distinguer les contours de la maison face à eux. Même le visage de Yasmine lui apparaissait par ombres, absent de certains détails que seul le jour lui permettrait de distinguer. « J'ai racheté la maison. » Il ne l'avait dit qu'à Qasim, jusqu'à présent. Il lui en avait parlé parce qu'il s'était senti le devoir de le faire avant même de prendre une décision, parce que quelque part cette maison le concernait tout autant. Mais en dehors de lui il n'en avait encore parlé à personne, probablement parce que c'était à elle qu'il voulait l'annoncer en premier. « Je ne sais pas si c'était un signe, mais deux jours après qu'on en ait parlé j'ai reçu un coup de fil des propriétaires. La personne qui devait l'acheter venait de se désister, et ils voulaient savoir si j'étais intéressé ... peut-être que c'est pour ça que je n'ai rien trouvé avant. Peut-être que j'étais supposé en arriver là, même si je ne le savais pas encore. » Hassan croyait aux signes, aux coïncidences qui n'en étaient selon lui pas vraiment. Il croyait à ce genre de faux hasards qui étaient supposés arriver en temps et en heure et dont on savait quand était venu le temps de les suivre et de s'y fier.


Dernière édition par Hassan Jaafari le Lun 22 Aoû 2016 - 15:22, édité 1 fois
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Message(#)#25. what if what i want makes you sad at me (yasmine) EmptyLun 22 Aoû 2016 - 5:05



WHAT IF WHAT I WANT MAKES YOU SAD AT ME

when life leaves you high and dry, i'll be at your door tonight, if you need help. i'll shut down the city lights, i'll lie, cheat, i'll beg and bribe to make you well.

Elle dormait mal depuis plusieurs jours. Ses nuits hantées par les souvenirs qu’elle se refusait à évoquer la journée. Elle n’avait pas reparlé de cette soirée où Hassan était venu la consoler,  à personne. Pas même à lui et avait réussi à se convaincre que ça lui convenait – qu’elle devait juste laisser cette histoire derrière elle. De toute façon que pouvait-elle faire de plus ? Pour ne pas éveiller les soupons de sa mère elle avait enfilé un jean’s un peu plus moulant que ce qu’elle mettait ces derniers jours et un pull simple. Yasmine avait toujours gardé un style vestimentaire sobre face à sa mère qui voyait dans son attitude une certaine provocation qui ne lui plaisait pas. Cependant, même si Yasmine avait conscience qu’elle n’échapperait pas à quelques commentaires de la part de Fatima, elle c’était réjouie de cette soirée avec toute de même une pointe d’appréhension. Les baisers si proche des lèvres d’Hassan qu’elle c’était permise en le quittant avait fini par se transformer en une certaine gêne bien qu’elle ne puisse pas dire qu’elle le regrettait. Incapable d’expliquer ce qui lui avait pris quand elle avait laissé ses lèvres glisser si légèrement vers les siennes. C’est avec un sourire sincère qu’elle lui avait ouvert la porte – toujours heureuse de le voir et qu’il vienne passer cette soirée avec sa famille. L’espoir qu’elle avait caressé que sa mère ne gâche pas tout avait été exaucé et la soirée c’était déroulée dans la bonne humeur, ponctuée par les conversations de Fatima qui avait toujours quelque chose à dire. « Je vais te raccompagner. » En annonçant son départ imminent Yasmine avait secrètement espéré qu’il le propose. Elle adorait sa famille mais l’idée de rentrer en tête à tête avec son ami lui plaisait plus encore. Après cette annonce ils avaient rapidement quitté les parents Kadhji pour déambuler l’un à côté de l’autre dans la rue. Son ventre c’était légèrement noué sans qu’elle ne puisse expliquer pourquoi alors qu’elle avait souri à son ami dans le silence de la rue. Quand Hassan s’était immobilisé, elle avait mis quelques secondes avant de comprendre ce qu’il observait de la sorte. Sa maison… Enfin celle qui avait été la sienne et dont le deux avaient parlé la dernière fois qu’ils s’étaient vu. « Viens. » Son regard marquant l’incompréhension c’était levé vers Hassan alors que sentant la main d’Hassan glisser dans la sienne un frisson lui avait parcouru l’échine. La tendresse qu’il mettait dans un geste aussi simple que celui là, était une des nombreuses raisons qui expliquait les sentiments qu’elle avait toujours eu à son égard. Rapidement pourtant la main d’Hassan avait quitté celle de le jeune femme quand il avait entrepris de monter sur la poubelle. « Mais… Qu’est ce que tu fais ? » Un peu amusée elle l’avait regardé sans trop savoir ce qu’il fallait penser de son soudain entrain. « Tu me fais confiance ? » Ce n’était pas une réponse mais la main assurée qu’il avait tendue vers elle ne l’avait pas fait hésiter une seconde. Elle l’avait attrapée pour monter à son tour sur la poubelle. Puis passer par dessus la palissade. Une fois à l’intérieur de la résidence elle avait ri un peu à l’étouffée, inquiète de se faire remarquée. « Tu es fou ! » Ses yeux un peu brillants s’étaient d’abord posés sur la maison puis avaient suivi le regarde d’Hassan pour s’intéresser aux glycines qui teinteraient bientôt de violet la parois. « J'aurais jamais pensé qu'elle serait toujours là. » Yasmine avait esquissé un sourire alors que sa main se posait sur l’épaule de son ami, avec l’impression que revenir ici devait lui provoquer des sensations encore plus fortes qu’à elle.

Sans poser plus de questions, elle avait suivi Hassan dans son ascension jusqu’en haut de l’arbre ou prônait la cabane de son enfance puis était venue s’asseoir à côté de lui, ses jambes pendant dans le vide et son regard au loin sur la ville endormie. « T'as de la chance que la pancarte "interdit aux filles" ait disparue, elle. » Elle avait ri un peu n’ayant jamais oublié la frustration que cette cabane avait représentée pour elle dans son enfance. « Heureusement que Qasim l’enlevait pour moi quand vous n’étiez pas là. » Quasim son sauveur, son grand frère par procuration et sans doute celui qu’elle aurait choisi parmi tous à l’époque. Peut-être parce que ces quelques années de plus le mettait dans une autre position et qu’elle n’avait pas connu son époque un peu idiote où il devait sans doute être aussi anti-fille que les autres. Et même si, l’instant qu’ils passaient maintenant ensemble en haut de cette cabane était plaisant, Yasmine continuait toute de même à se demander ce qu’ils faisaient là… La réponse ne se fit plus tarder longtemps. « J'ai racheté la maison. » L’information avait mis un certain temps pour lui monter au cerveau et qu’elle comprenne la révélation qu’Hassan venait de lui faire. « Tu es sérieux ? » Ca aurait été une bien mauvaise blague mais elle avait de la peine à se faire à l’idée. « Je croyais que quelqu’un l’avait déjà achetée ? » Tournant son regard étonné vers lui pour chercher ses yeux dans la pénombre. Cet instant lui rappelant vaguement le baiser un peu hasardeux qu’elle avait eu pour lui quand ils avaient dormi ensemble. « Je ne sais pas si c'était un signe, mais deux jours après qu'on en ait parlé j'ai reçu un coup de fil des propriétaires. La personne qui devait l'acheter venait de se désister, et ils voulaient savoir si j'étais intéressé ... peut-être que c'est pour ça que je n'ai rien trouvé avant. Peut-être que j'étais supposé en arriver là, même si je ne le savais pas encore. »  Ca faisait tellement sens quand il le disait comme ça, quand elle posait son regard sur cette maison elle voyait la sienne. Depuis toujours ça avait été la maison d’Hassan. Au final il ne pouvait peut-être pas en être autrement.

Délicatement Yasmine avait fait glisser ses doigts le long du bras d’Hassan jusqu’à attraper sa main. Leurs doigts s’étaient entremêlés et elle avait resserré un peu plus son emprise alors qu’elle posait la tête sur ton épaule. « C’est ta maison… » Le dire à haute c’était aussi le moyen de réaliser qu’il l’avait vraiment fait. « Ca a toujours été ta maison. » Du moins pour elle ça avait été le cas. Et Hassan lui donnait aujourd’hui la preuve qu’elle n’était pas la seule à le penser. Décollant ta tête elle avait plongé son regard dans le sien, l’émotion de cette révélation pouvait sans doute se lire dans son regard, ou dans ce léger sourire qui était apparu sur son visage. Elle était restée un instant à juste le regarder, son pouce caressant délicatement le dessus de sa main, ses yeux se faisant à l’obscurité elle voyait un peu mieux son visage – ce visage qu’elle aimait tant. Un rire un peu amusé était soudainement sorti de sa bouche. « Dire que je croyais que tu me faisais commettre une infraction. » Puis le flot de question s’était invité en elle. « Elle est déjà à toi ? Je veux dire ils sont pas entrain de dormir dans la maison là ? Quand est ce que tu emménages c’est… C’est vraiment dingue mais c’est super ! Je suis tellement contente pour toi Hassan. » Elle n’était pas sûr de savoir ce que lui ressentait mais au moins il avait pris une décision. Il avait fait un vrai changement dans sa vie – dans cette nouvelle vie qu’il avait de la peine à apprivoiser jusqu’à lors.

love.disaster
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Message(#)#25. what if what i want makes you sad at me (yasmine) EmptyMar 23 Aoû 2016 - 14:46

C'était comme si cette maison parvenait, par sa simple existence, à influer sur l'humeur d'Hassan. Un genre de kryptonite inversée, qui estompait un peu la morosité maladive qui lui collait à la peau depuis des semaines, depuis des mois, au point de le voir arborer tandis qu'il entraînait Yasmine à sa suite un sourire comme il n'en esquissait plus beaucoup. Indécise, la jeune femme avait d'ailleurs questionné Hassan en se laissant pourtant faire, enjambant la palissade à sa suite et grimpant juste derrière lui pour rejoindre la cabane qui trônait toujours fièrement au fond du jardin. S'il lui était arrivé d'y repenser de temps à autre, au fil de ces vingt dernières années, Hassan avait fini par accepter l'idée que cette cabane n'ait pas survécu à ces deux décennies en même temps qu'il avait accepté que cette maison, malgré tout les souvenirs heureux qu'elle renfermait pour lui, n'était plus la sienne. Mais ça ne comptait pas, ce soir, et s'il en avait envie il pouvait même tenter de se persuader - de les persuader - qu'ils n'étaient pas un peu trop à l'étroit à l'entrée de cette cabane où ni elle ni lui ne seraient probablement en mesure de tenir debout sans se heurter au plafond. « Heureusement que Qasim l’enlevait pour moi quand vous n’étiez pas là. » En lieu et place de la pancarte litigieuse, la petite fenêtre sans vitre n'était plus décorée que d'un message illisible gravé dans le bois, probablement au canif, et par d'autres enfants que les Jaafari ou les Khadji. « C'est pas la seule chose qu'il cachait avant de te laisser monter, à mon avis. » avait en tout cas commenté Hassan, d'un ton amusé. « C'est là qu'il planquait ses clopes. Et les deux ou trois magazines Playboy que lui et ses potes s'échangeaient après s'être donnés l'impression d'être de grands rebelles pour avoir osé aller les acheter. » Années 90, sacro-sainte époque où Cindy Crawford et Naomi Campbell faisaient fantasmer la moitié des adolescents de la planète. À bien y réfléchir Hassan n'était même pas certain que Qasim soit au courant d'avoir été sans le savoir à l'origine de la première cigarette de Sohan et Hassan ... Elles n'étaient pas si bien cachées que ça, en réalité.

Retrouvant le silence un instant, ses yeux naviguant dans la pénombre entre les contours de la balançoire qui, elle, n'était pas là au temps où il vivait ici, et la baie vitrée qui avait succédé à la porte fenêtre reliant le salon et le jardin, Hassan hésitait. Il avait racheté la maison, il avait fait cela sans réfléchir parce qu'il n'avait pas eu besoin de le faire, c'était la bonne option ... Mais aux yeux de Yasmine et des autres Khadji il avait eu peur que cela n'ait l'air que d'une lubie, une erreur. « Tu es sérieux ? » Il avait acquiescé, avec une pointe d'appréhension « Je croyais que quelqu’un l’avait déjà achetée ? » C'était ce qui aurait du se passer, oui, ou du moins ce qui aurait pu se passer. Mais il en avait été autrement et Hassan avait tenté d'expliquer comment, par un tel concours de circonstances, il avait pris sa décision en y voyant un signe plutôt qu'un simple hasard. Comme si tout s'était déroulé de manière à ce qu'il en arrive là. L'appartement de Fortitude Valley qui ne lui plaisait pas, le crochet par le vétérinaire qui lui avait fait croiser Joanne et repasser devant cette maison, le panneau vendu et les propriétaires lui offrant un café ... et puis finalement l'acheteur qui changeait d'avis, et cédait sans le savoir sa place à Hassan. « C’est ta maison … » La phrase avait provoqué un soubresaut dans la poitrine d'Hassan, comme si les choses prenaient soudainement réalité en sortant de la bouche de Yasmine « Ça a toujours été ta maison. » Il avait esquissé un sourire calme, laissant la main de la jeune femme glisser le long de son bras, et resserrant ses doigts autour des siens lorsqu'elle avait attrapé sa main. En réalité cela resterait toujours la maison de ses parents à ses yeux, plutôt que la sienne, mais peut-être qu'avec le temps il s'y ferait ... si la vie lui en laissait suffisamment, de temps.

Il serait resté là un moment, l'air était frais sans être froid, la main de Yasmine agissant sur lui comme un canaliseur d'émotions et atténuant les petits soldats de la dépression qui envahissaient son esprit aléatoirement, toujours s'il était seul et qu'il n'y prenait pas garde. Lorsque sa tête avait quitté son épaule il avait cherché le regard de la jeune femme dans la pénombre, le parallèle avec leur précédente conversation nocturne créant un nœud dans son estomac qu'il ne saurait pas expliquer, et une certaine tension. « Dire que je croyais que tu me faisais commettre une infraction. » Le rire d'Hassan s'était mêlé au sien, et il avait secoué doucement la tête en répondant d'un air taquin « Mais je remarque que si un jour c'était le cas tu me suivrais sans hésiter. » Reste que compte tenu de l'absence de tendance chez Hassan pour le désordre et l'infraction - son unique mésaventure au poste de police mise à part -  il y avait fort peu de chance que ce côté "partners in crime" leur serve un jour. « Elle est déjà à toi ? Je veux dire ils sont pas entrain de dormir dans la maison là ? Quand est ce que tu emménages c’est … C’est vraiment dingue mais c’est super ! Je suis tellement contente pour toi Hassan. » L'idée que les anciens propriétaires soient en train de dormir à l'étage lui avait arraché un nouveau rire, bien que la confusion soit à la hauteur de la précipitation dans laquelle avait eu lieu ce dernier revirement de situation « Non, ils ne sont plus là. La première fois que je suis venu ils avaient déjà déménagé tout l'étage, et ils avaient presque terminé leurs cartons quand l'autre acheteur les a laissé tomber. » avait-il alors expliqué, les doigts de Yasmine toujours resserrés autour des siens « J'ai récupéré les clefs avant-hier. Il reste encore quelques cartons à eux qu'ils n'avaient pas la place d'emmener, mais je leur ait dit de revenir les prendre quand ils le pourraient. Donc en théorie je peux emménager quand je veux ... » En théorie, du moins. Et pas uniquement parce qu'il devait faire rouvrir l'électricité et l'eau, en premier lieu. « Mais je pense que je vais profiter qu'elle soit vide pour refaire la peinture, ce genre de trucs ... réfléchir à l'agencement des pièces, aussi. Je pense que c'est mieux si je réorganise un peu différemment. » Différemment de la manière dont étaient agencées les pièces à l'époque de ses parents, donc. Comme pour marquer le fait qu'ancienne maison ou non il s'agissait malgré tout d'un nouveau départ, pour lui. Le but n'était pas de vivre au milieu du fantômes de ses souvenirs.

Et puis il n'était pas pressé. Il vivait au milieu des cartons depuis des semaines dans son appartement, il avait presque fini par y trouver une certaine organisation temporaire, alors peu importe s'il devait camper dans le salon pendant quelques semaines de plus avec le strict minimum. L'idéal étant sans doute qu'il ait vidé - enfin - son garde-meuble d'ici au début de l'année suivante ... Et y repensant, Hassan avait resserré ses doigts autour de ceux de Yasmine avec une soudaine pointe d'appréhension. C'était l'autre gros sujet qu'il voulait aborder avec elle et pour lequel il avait préféré attendre qu'ils ne soient que tous les deux « Et j'ai aussi décidé de ce que j'allais faire ... pour le poste à Tehéran. » Ignorant la soudaine raideur dans la poigne de la jeune femme il avait gardé ses doigts entrelacés avec les siens, comme pour minimiser le sentiment d'abandon qu'il craignait de s'apprêter à causer. « J'ai pas encore rappelé parce que je voulais en parler avec toi et avec Qasim avant, mais je pense que je vais accepter. Au moins pour un semestre, peut-être deux. » En soit il se disait que cela passerait vite. Le premier semestre n'allait que de fin septembre à décembre, et s'il décidait d'y rester un second cela paraitrait d'autant moins long qu'il aurait déjà presque fait la moitié. « Si je refuse j'ai peur de regretter de ne pas y être allé. » Et les regrets ce n'était plus quelque chose qu'il voulait accumuler, ses ennuis de santé lui auraient au moins appris cela. « Mais je pense pas qu'on puisse faire preuve plus fiable que cette maison du fait que je compte revenir ... et puis y'a le téléphone, internet, c'est pas comme si on allait rester des mois sans se parler. » Il essayait tant bien que mal de lui présenter les choses sous un jour qui ne la contrarierait pas trop, d'appuyer sur ce qui serait le moins négatif. Reste qu'elle autant que Qasim, et autant que ses parents, s'inquiéteraient sans doute de le savoir si loin après ce qu'il avait fait en avril ... Mais Hassan savait que promettre ne servirait à rien, et que sa seule parole ne suffirait pas à les convaincre. Alors il préférait ne rien dire. « Je peux te poser une question ? » Son autre main était venue attraper celle de Yasmine, qu'il tenait maintenant entre ses dix doigts avec la peur de voir la jeune femme, si contente pour lui quelques instants plus tôt, désormais déçue. « Pourquoi est-ce que tu n'es jamais partie en Algérie, finalement ? » Il y voyait un parallèle, sans savoir s'il était justifié ou non. Sans savoir s'il faisait bien de mettre ce sujet sur le tapis ou s'il s'aventurait en terrain glissant. Des hypothèses à cette question il en avait plusieurs, mais avait besoin de la vérité.
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Message(#)#25. what if what i want makes you sad at me (yasmine) EmptyMer 24 Aoû 2016 - 9:11



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Cette maison était une ressource inépuisée de souvenirs. Des souvenirs heureux qu’elle avait partagé avec la famille Jaafari. D’autres qui auraient pu être moins heureux d’ailleurs, mais dont elle gardait tout de même un souvenir teinté. En regardant le sol elle s’était d’ailleurs remémorée ce jour où agacée par son frère, elle avait légèrement sur estimé ses capacités à se réceptionner en sautant de l’échelle un peu scabreuse. Son genou avait saigné – elle avait eu mal sans doute mais ce dont elle se souvenait surtout c’est qu’après ça, son frère l’avait presque porté jusqu’en haut de la cabane, un peu coupable et qu’Hassan lui avait offert un bonbon de sa réserve personnel. Il était fort probable qu’il ait été rassis mais elle l’avait savouré jusqu’au dernier bout de sucre avec l’impression – certes passagère – qu’elle faisait parti de leur petite bande. Yasmine était d’ailleurs perdue dans ce souvenir quand Hassan avait lâché son information. Il avait racheté cette maison, elle était là sur son terrain à nouveau et cette simple pensé lui avait arraché un sourire alors que sa main était allée chercher celle d’Hassan pour instaurer ce contact entre eux. « Mais je remarque que si un jour c'était le cas tu me suivrais sans hésiter. » Son rire avait raisonné dans le silence de la nuit. Une seconde elle c’était alors demandé si quelqu’un d’autre qu’Hassan était là pour l’entendre. « Si je te dis que je trouvais ça un peu excitant de pénétrer en douce, ça fait de moi une sorte de mauvaise fille ? » Elle avait rétorqué ses quelques mots sur le ton de la rigolade. Yasmine ayant passé sa vie à suivre les règles un peu de fantaisie n’était au final pas pour lui déplaire. Bien qu’elle ne se serait sans doute pas laissé entrainer dans pareilles aventures avec n’importe qui. « Non, ils ne sont plus là. La première fois que je suis venu ils avaient déjà déménagé tout l'étage, et ils avaient presque terminé leurs cartons quand l'autre acheteur les a laissé tomber. » C’était plutôt rassurant bien que cette nouvelle révélation rende un peu plus concrète encore, cette folie qu’Hassan c’était permis. « J'ai récupéré les clefs avant-hier. Il reste encore quelques cartons à eux qu'ils n'avaient pas la place d'emmener, mais je leur ait dit de revenir les prendre quand ils le pourraient. Donc en théorie je peux emménager quand je veux ... » Une envie soudaine lui était venue d’aller visite la maison, mais elle avait pressenti que ce n’était pas encore le moment. Comme si quelque chose en elle sentait qu’Hassan n’était pas au bout de ses révélations. « Mais je pense que je vais profiter qu'elle soit vide pour refaire la peinture, ce genre de trucs ... réfléchir à l'agencement des pièces, aussi. Je pense que c'est mieux si je réorganise un peu différemment. » Hochant légèrement la tête elle ne c’était permise aucun commentaire. La décision lui revenait et c’était probablement une bonne chose qu’il ne souhaite pas vivre avec les fantômes de son passé. « Je pourrais t’aider, je suis plutôt bonne pour tout ce qui est peinture. En plus j’ai gardé une veille salopette de quand on avait repeint mon appartement. Elle n’attend plus que être ressortie. » C’était il y a si longtemps. Avant la maladie d’Hassan, avant son divorce. Avant qu’elle ne change ses projets et décide de garder son appartement et sa vie à Brisabane.

La façon dont il avait d’un coup serré sa main un peu plus fort lui avait envoyé le premier signal, puis ce petit tic qu’il avait quand il était un peu nerveux, elle n’avait pourtant pas bougé presque apeuré qu’Hassan ouvre la bouche pour continuer à parler. « Et j'ai aussi décidé de ce que j'allais faire ... pour le poste à Tehéran. » Tout son corps s’était raidi. Parce qu’Hassan avait cette voix. Celle qu’il utilisait quand il s’apprêtait à lui dire quelque chose qui n’allait pas lui plaire. Cette même voix un peu incertaine qu’il avait utilisée quand il lui avait appris pour sa maladie. « J'ai pas encore rappelé parce que je voulais en parler avec toi et avec Qasim avant, mais je pense que je vais accepter. Au moins pour un semestre, peut-être deux. » Fermant les yeux elle avait tenté de canaliser les émotions qui l’avaient d’un coup submergées. Préférant ne rien dire tant qu’elle n’état pas capable d’agir comme l’amie qu’elle avait envie d’être pour lui. Même si cette nouvelle était un vrai bouleversement pour elle. « Si je refuse j'ai peur de regretter de ne pas y être allé. » Et quelque part Yasmine se savait bien placée pour savoir ce qu’il pourrait ressentir – même si jamais – pas une seule seconde elle n’avait regretté le choix qu’elle avait fait il y a plus de deux ans.. « Mais je pense pas qu'on puisse faire preuve plus fiable que cette maison du fait que je compte revenir ... et puis y'a le téléphone, internet, c'est pas comme si on allait rester des mois sans se parler. » Elle avait bien peur que garder contact ne soit pas aussi simple mais tenant sa promesse de le soutenir dans sa décision, elle c’était contentée de hocher la tête avec un sourire. Evidement une certaine tristesse pouvait se lire sur ses traits mais c’était plus le déchirement de le voir partir qu’autre chose. Hassan prenait des décisions pour sa vie, il faisait des choix et ça ressemblait vaguement à quelque chose de positif. Même si cela devait impliquer qu’elle le laisse s’éloigner d’elle. Elle n’était pas sa mère, pas sa femme… Elle ne pouvait que le soutenir. « Quand est-ce que tu pars ? » La question avait été posée avec une pointe d’angoisse, présentant que peu importe la réponse, elle ne lui plairait sans doute pas.

« Je peux te poser une question ? » Leurs deux mains s’étant maintenant retrouvées, Yasmine s’était légèrement tournée vers lui en hochant la tête positivement. « Pourquoi est-ce que tu n'es jamais partie en Algérie, finalement ? »  La question l’avait prise de court, pendant quelques secondes elle était restée silencieuse, balbutiant peut-être un peu. Son esprit tiraillé entre l’envie de lui dire la vérité et l’impression que ça ne lui apporterait rien d’autre qu’une culpabilité dont il n’avait pas à se sentir responsable. La vie avait juste fait les choses de cette manière. Elle se savait pourtant incapable de lui mentir, de lui inventer quelque chose. « Parce que… J’ai senti que ma place était ici. » C’était sans doute beaucoup plus parlant qu’elle ne l’aurait souhaité, mais dans cette addition il n’y avait au final pas eu que lui à prendre en comte. La preuve étant que Hassan était rétabli et elle était toujours là et n’avait jamais reparlé de ce projet. « Et j’imagine qu’une partie de moi a peur de ne jamais revenir… » C’était sans doute difficile à comprendre vu de l’extérieur. « Et puis… J’ai toujours eu l’impression que je vivais un peu à deux endroits… Mon esprit est toujours un peu là-bas. Même si je suis ici. Et j’ai peur de perdre cette sensation en partant. » C’était sans doute un peu plus complexe que ça encore. Elle n’avait d’ailleurs jamais su s’expliquer pourquoi ses quelques missions d’aide humanitaire s’étaient toujours faites dans des pays éloignés de l’Algérie mais, quelque part dans son désir il y avait quelque chose de bien plus profond. Qu’elle même ne savait pas expliquer, et quand son projet était tombé à l’eau avec la maladie d’Hassan. Elle c’était juste dit que ce n’était pas son destin. Du moins pas pour le moment. « Toutes les questions que tu t’es sans doute posé, je me les suis posé aussi. Ces instants que je manquerais, ces personnes que je devrais quitter, celles que je pourrais rencontrer ou retrouver, ces remords que je pourrais avoir. Mais quelque chose a toujours fini par me retenir ici. » Lui, Sohan, son père, sa mère, son ex,… Peut-être que c’était des excuses. Peut-être aussi que c’était ça qui rendait la décision d’Hassan aussi puissante. Il l’avait prise… Simplement.


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#25. what if what i want makes you sad at me (yasmine) Empty
Message(#)#25. what if what i want makes you sad at me (yasmine) EmptyJeu 25 Aoû 2016 - 12:33

Il ne l'avouerait jamais à personne, mais Hassan avait déjà fait la bêtise - du moins il avait conscience que c'en était une, avec le recul - de s'introduire dans ce jardin par effraction. Lorsque la maison avait été vendue il lui avait fallu du temps pour l'accepter, plus de temps qu'il n'en avait fallu à Qasim ... à moins que, plus adulte, son frère n'ait simplement réagi de manière plus adulte et plus raisonnable que lui. Hassan avait pris le même chemin, grimpé sur la même poubelle et enjambé la même palissade. Il était grimpé à la même échelle, et s'était calé au fond de cette cabane déjà un peu trop petite pour lui, de manière à voir la lune sans pouvoir être vu depuis l'extérieur. La deuxième fois il s'était même assoupi, et avait bien cru se faire pincer en redescendant alors que le jour commençait à se lever ; Il se souvenait du savon que Qasim lui avait passé en réalisant qu'il n'était pas rentré de la nuit. Il avait recommencé pourtant, une fois, deux fois, et fini par comprendre que s'enfermer ainsi dans l'illusion que rien n'avait bougé ne voulait pas dire que les choses n'avaient pas changé. Se blottir au fond de cette cabane ne ramènerait pas ses parents, et ne ferait pas de cette maison à nouveau la sienne. Jusqu'à aujourd'hui. Aujourd'hui c'était à nouveau la sienne, et cette fausse intrusion clandestine tendait simplement à l'amuser, lui qui ne s'amusait plus de grand-chose ces derniers temps. « Si je te dis que je trouvais ça un peu excitant de pénétrer en douce, ça fait de moi une sorte de mauvaise fille ? » Un rire lui avait échappé et il avait secoué vaguement la tête, rétorquant sur le ton de la fausse confidence « Hm, j'en ai bien peur, oui ... Mais ton secret est à l'abri avec moi, promis. » Comme tous ses secrets d'ailleurs, bien que celui-là ait valeur bien moins sérieuse que d'autres, malgré le sourire amusé que Yasmine ne décelait probablement pas dans la pénombre.

Mais il n'y avait plus ni effraction, ni même voisins à réveiller puisque cette maison était la sienne. Définitivement la sienne, clefs en main, avec tout ce que cela pouvait impliquer comme obligations et comme projets. Il ne souhaitait pas reproduire à l'identique la maison de son enfance, l'âme de cette maison de résidait pas dans l'organisation de ses pièces et c'était la seule chose qu'Hassan avait à cœur de conserver, bien que sans savoir encore s'il en serait réellement capable. De faire en sorte que ces murs continuent d'abriter des souvenirs heureux, qu'elle ne devienne pas une coquille vide pareille à celle qu'il avait la sensation d'être devenue après sa sortie de l'hôpital. Alors il ne voulait pas brider ses idées, mêmes les plus futiles, même si cela signifiait ne se soucier pour un temps que de la couleur des murs ou de l'emplacement des meubles ... Avoir des idées c'était mieux que rien. « Je pourrais t’aider, je suis plutôt bonne pour tout ce qui est peinture. En plus j’ai gardé une veille salopette de quand on avait repeint mon appartement. Elle n’attend plus que être ressortie. » Aurait-il l'audace d'avouer qu'il comptait, de base, effectivement sur elle et son frère pour l'aider avec ce genre de travaux basiques ? Pas qu'il ne soit pas capable de les faire seul, il avait regagné la majeure partie de la forme physique qui était la sienne avant sa leucémie, mais en réalité il n'avait simplement pas envie de le faire seul. « Si la salopette n'attend que ça, alors, je suppose que je ne peux pas lutter. » le ton narquois servant à masquer sa gêne, Hassan se sentait rassuré à l'idée de ne pas devoir faire face à des journées entière seul dans cette maison, avec la peinture comme seule compagnie. Il ne regrettait pas cet achat, pas du tout ... Mais il avait peut-être besoin de se rassurer un peu. Comme lorsque Yasmine resserrait ses doigts autour des siens, et qu'il sentait sa tristesse latente s'estomper, un peu.

Et il avait conscience qu'il risquait peut-être de tout gâcher, qu'après l'accroc déjà conséquent porté à leur relation lorsqu'il avait chassé Yasmine de sa chambre d'hôpital à grand renfort de mots choisis uniquement dans le but de la blesser, de la faire fuir, il s'y prenait de la pire manière pour tenter de reconstruire ce qu'il avait détruit. Il était égoïste, sa décision était égoïste ... Mais s'il ne l'était pas maintenant il ne le serait jamais, et il le regretterait. Il passerait les prochains mois, les prochaines années peut-être, à se demander ce que cette période à enseigner là-bas aurait pu lui apporter, en terme de bagage professionnel mais aussi vis-à-vis de la culture que ses parents auraient souhaité lui transmettre sans en avoir pleinement le temps. « Quand est-ce que tu pars ? » Elle n'avait pas protesté, mais Hassan la connaissait assez pour qu'elle n'en ait pas besoin. Il connaissait la raideur dans ces doigts qu'il tenait entre ses mains, et ce goût légèrement amer dans le son de sa voix. « Fin septembre, certainement. » Tout dépendrait, il faudrait qu'il téléphone, qu'il s'organise. Ses mains finalement avaient lâché la main de Yasmine et étaient venues glisser de chaque côté de ses joues, sans qu'il ne sache quoi dire. S'excuser ? On ne s'excusait que pour ce que l'on n'avait pas su maitriser, et rejoindre Téhéran c'était un choix éclairé bien plus qu'un fait établi par la fatalité. Et pourtant c'était bien un « Désolé ... » qu'il avait murmuré en passant ses bras autour de son cou pour l'attirer et la serrer contre lui. « Je sais que c'est pas ce que tu espérais, je suis désolé. » Et il l'était, sincèrement. Parce qu'en se laissant guider par le caractère égoïsme de sa décision il se donnait l'impression de piétiner le temps que Yasmine, sa famille, son frère avaient usé à être présents pour lui, pour qu'au final il fasse ses valises à la première occasion « Mais je vais revenir vite, tellement vite que tu te diras que je ne t'ai pas laissé suffisamment de vacances. » Il s'essayait à l'humour en sachant qu'elle n'avait pas envie de rire, et déposait quelques baisers sur sa tempe en murmurant comme s'il espérait atténuer la déception qu'il lui causait.

Il serait resté là longtemps, il l'aurait gardée contre lui sans compter si, renforcée par la situation, la question qui lui taraudait l'esprit depuis quelques temps - depuis que partir pour Téhéran était devenu une possibilité sérieuse - n'avait pas finalement franchi la barrière de ses lèvres. Elle aurait pu partir elle aussi, elle aurait du ... Elle ne l'avait pas fait. « Parce que … J’ai senti que ma place était ici. » Il avait desserré un peu son étreinte, juste de quoi pouvoir la regarder dans les yeux, ou du moins essayer de les chercher dans l'obscurité. « Et j’imagine qu’une partie de moi a peur de ne jamais revenir … Et puis … J’ai toujours eu l’impression que je vivais un peu à deux endroits … Mon esprit est toujours un peu là-bas. Même si je suis ici. Et j’ai peur de perdre cette sensation en partant. » Il peinait à décider s'il comprenait ce raisonnement ou non, c'était comme si les paroles de Yasmine ne lui étaient pas entièrement inconnues, sans lui être familières pour autant. « Toutes les questions que tu t’es sans doute posé, je me les suis posé aussi. Ces instants que je manquerais, ces personnes que je devrais quitter, celles que je pourrais rencontrer ou retrouver, ces remords que je pourrais avoir. Mais quelque chose a toujours fini par me retenir ici. » Est-ce que cela voulait dire qu'elle tenait plus aux siens qu'Hassan ? Est-ce que c'était ça, la vérité ? Hassan avait tellement besoin d'eux, pourtant, à l'excès, suffisamment pour ne pas avoir su leur épargner sa maladie comme il l'avait fait avec son ex-épouse. « Mais si c'était toi ? » L'une de ses mains avait glissé le long du bras de Yasmine « Si la seule chose qui te retenait ici c'était toi-même ? » Comme si là où lui était peut-être trop égoïste, elle ne l'était pas assez, choisissait pour les autres plutôt que pour elle, et se privait pour de mauvaises raisons au même titre qu'elle avait eu peur qu'il ne décide de partir pour de mauvaises raisons, aussi. Pinçant ses lèvres avec hésitation, parce que ce n'était pas la seule chose qu'il avait retenu de la réponse de la jeune femme, il avait questionné timidement « Tu penses vraiment que si tu partais ... tu ne reviendrais pas ? » L'idée lui serrait le cœur, et même plus, elle y laissait une fêlure. L'idée que si elle partait un jour il ne la reverrait peut-être - presque - jamais le perturbait (un peu) et le peinait (beaucoup).
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Message(#)#25. what if what i want makes you sad at me (yasmine) EmptyVen 26 Aoû 2016 - 8:06



WHAT IF WHAT I WANT MAKES YOU SAD AT ME

when life leaves you high and dry, i'll be at your door tonight, if you need help. i'll shut down the city lights, i'll lie, cheat, i'll beg and bribe to make you well.

En regardant cette maison Yasmine avait pu aisément s’imaginer fouler à nouveau les sols de son antre. Tout aussi facilement elle avait  imaginé la peinture, les murs qui n’attendaient que cette nouvelle vie et elle avait souhaité participer à ça. C’était étrange mais elle c’était toujours un peu senti chez elle ici aussi, peut-être parce que le Jaafari avait été une seconde famille. « Si la salopette n'attend que ça, alors, je suppose que je ne peux pas lutter. » Ils avaient ri tous les deux. Yasmine sans imaginer que quelques secondes plus tard ce sourire s’effacerait de son visage pour faire place à une mine bien moins réjouie. Hassan avait décidé de partir – elle s’y attendait – peut-être même qu’une partie d’elle avait souhaité qu’il le fasse parce que c’était une opportunité énorme elle le savait bien. Mais rien ne l’avait préparé à ressentir à l’avance le vide que son absence allait créer. Il était pourtant encore là, la main dans la sien. Les mots qui se veulent rassurant, mais la menace de la séparation planant maintenant au dessus d’eux et plutôt que de s’apitoyer, Yasmine c’était promis mentalement de profiter des moments qu’ils avaient encore avant son départ. « Fin septembre, certainement. » Ca lui laissait encore un peu le temps. Peut-être celui de se faire une idée. Au final ce n’était que quelques mois – il reviendrait. Ils avaient déjà été séparés auparavant, Hassan était parti, elle aussi. Pourtant, cette nouvelle séparation avait un goût différent. Peut-être parce que son ami avait changé, si elle n’avait cessé de le porter dans son cœur, il était devenu une personne foncièrement différente depuis sa maladie et tous les sacrifices qu’il avait fait en conséquence. Et aujourd’hui une part d’elle était forcement plus protectrice. Cependant, si il avait survécu à un cancer, à cette tentative désespère qu’il avait lui même commise… Ce n’était pas pour disparaitre de sitôt de sa vie. C’est du moins ce dont elle tentait de se convaincre pour calmer ses angoisses passagères. « Ca va aller pour toi là-bas… N’est ce pas ? » Evidement il ne le savait pas plus qu’elle – seul l’avenir pourrait le dire mais Yasmine avait ce besoin d’être rassurée. D’entendre de sa bouche à lui qu’il ferait tout pour que ça soit le cas. Si il s’était excusé pour son comportement stupide à l’hôpital, jamais ils n’avaient reparlé de cet acte qu’il avait commis. Cette accident volontaire qui aurait bien pu lui couter la vie – et si elle espérait qu’il réglait ça avec son psy… Ca ne lui était pas suffisant. Jamais elle n’avait entendu de sa bouche des mots qui auraient vraiment su la rassurer. Mais peut-être qu’il ne les avait pas dit avant parce qu’elle n’était pas prête, pas prête à le croire, à lui refaire confiance surtout à propos d’un sujet aussi délicat. Aujourd’hui elle voulait réellement croire en lui – croire, aussi, que les choses allaient vers le mieux.

C’est peut-être le léger tremblement de sa main qui avait forcé Hassan à la quitter ou juste une envie soudaine de venir prendre le visage de la jeune femme entre ses doigts. Penchant légèrement la tête elle avait accueilli ses mains comme une caresse alors qu’il murmurait quelques mots. « Désolé ... » Ses mots avaient serré un peu plus son cœur dans sa poitrine avant qu’il ne l’attire à elle. Glissant ses bras dans son dos elle avait serré Hassan contre son coeur, respirer son odeur qu’elle aimait tant. Puis une larme avait dévalé le long de sa joue. Pas de gros sanglots juste une tristesse latente qui ne savait où s’attacher. Un mélange d’émotion qu’il était difficile de contrôler pour une émotive comme elle. « Je sais que c'est pas ce que tu espérais, je suis désolé. » « Ne t’excuses pas Hassan… Tu n’as pas à le faire. » Pourquoi devrait il ? Il ne lui devait rien, elle n’était pas restée pour qu’il lui soit un jour redevable de quoi que ce soit. Elle était resté parce qu’elle en avait eu envie et besoin et c’était une décision qui n’avait regardé qu’elle. Jamais il ne lui avait rien demandé et aujourd’hui il avait le droit de prendre sa vie en main comme l’homme mature et autonome qu’il était. « Mais je vais revenir vite, tellement vite que tu te diras que je ne t'ai pas laissé suffisamment de vacances. » Un rire un peu mouillé était sorti de sa bouche alors qu’elle déposait un baiser dans son cou avant de lui murmurer quelques mots à l’oreille. « Je sais que je n’en ai pas l’air, parce que je suis un peu trop émotive, et que je te couve sans doute comme un mère poule légèrement possessive mais, je suis heureuse pour toi, je te le promets ! Heureuse que tu puisses faire ce qu’il te plait, que tu ai le choix… Et que tu choisisses ! » C’était probablement étrange sorti de cette manière mais elle doutait que quelques mois en arrière Hassan ait eu le cran de prendre cette décision. Cette maladie avait failli le tuer, lui enlever toute possibilité de faire quelque chose. Sa vie était un cadeau et si il n’avait sans doute pas su comment l’accueillir au début,  il était temps pour lui d’en faire quelques chose. Ce qu’il voulait c’était son choix et même si l’idée de la séparation lui était difficile elle n’avait pas menti. Une partie d’elle – au moins – était heureuse.

Alors qu’Hassan avait desserré son étreinte, elle avait fait glisser ses mains sur le devant de son corps, jusque sur ses cuisses. Ce même frisson la parcourant – comme à chaque fois qu’elle était un peu trop proche de lui. Un peu vainement, elle avait tenté de lui expliquer ses choix. Des explications qu’elle avait souvent refoulées, préférant ne pas trop y penser. Son regard flirtait avec le sol en bois de la cabane comme si quelque chose dans cette conversation était un peu trop intime, ou alors le malaise venait d’autre part. Peut-être de cette vérité qu’à demi dévoilée. « Mais si c'était toi ? » Sentant la main d’Hassan glisser le long de son bras elle avait relevé le regard vers lui. Elle le percevait à peine dans la clairière mais assez pour être troublée.   « Si la seule chose qui te retenait ici c'était toi-même ? » Elle n’avait pas su quoi répondre à cette question. Il avait sans doute en partie raison. Mais ça ne changeait pas vraiment la donne. Du moins pas assez. Et le silence avait été sa seule réponse. Du moins la seule qu’elle était capable de donner pour le moment. « Tu penses vraiment que si tu partais ... tu ne reviendrais pas ? » A nouveau elle avait baissé les yeux presque honteuse d’avoir balancé ça d’une façon aussi peu contrôlée. « Je ne sais pas… » Elle c’était alors détachée avec lenteur de lui, ses  mains retrouvant le contact du bois froid et son regard se perdant un peu dans le ciel où, une ou deux étoiles se battaient en duel. « C’était ce que j’avais prévu… » Jamais elle ne l’avait clairement formulé de cette façon, mais elle avait volontairement évité le sujet du retour quand elle parlait de son voyage en Algérie. « Quand je suis allé là-bas j’étais si jeune et pourtant je me souviens de tout. Les odeurs, les couleurs ce que j’ai ressenti. C’était comme si c’était l’évidence pour moi de vivre là-bas. J’ai marché dans les rue l’Alger c’était si bruyant, tant de monde… » Yasmine avait toujours aimé la foule, les rassemblements, tout ce qui faisait du bruit, qui vivait qui lui donnait l’impression de quelques chose de beaucoup plus puissant que ce qu’elle pourrait faire elle toute seule. « Et puis on est allé votre notre famille, dans ce petit village si différent. Ces gens tellement extraordinaires. Je me suis sentie vraiment différente et en même temps tellement similaire. C’est difficile à expliquer mais… » Un vent frais s’était engouffré dans la cabane la faisant légèrement frissonner alors qu’elle remontait ses mains pour venir croiser ses bras. Elle avait perdu le fil de son idée, et peu importe au fond. « C’était il y a si longtemps. Ca a sans doute changé… Et moi aussi j’ai changé. » Ce désire qui l’avait animé depuis toujours était celui d’une enfant. Aujourd’hui la vie l’avait amenée à d’autres choses. « Peut-être que je devrais voyager… Y retourner une fois. Juste… pour voir… » Ce n’était pas si stupide au fond, bien qu’une partie d’elle continue d’avoir une certaine appréhension. Et si le sentiment était intact. Que se passerait-il ? « Tu pourrais même venir avec moi, j’adorais que tu découvre l’Algérie. » Ca semblait alors un projet si lointain. Maintenant qu’Hassan avait secoué le sujet, fait ressortir des envies en elle, elle se sentait un peu perdue. Mais peut-être l’avait elle toujours un peu été…


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Message(#)#25. what if what i want makes you sad at me (yasmine) EmptyMer 31 Aoû 2016 - 7:02

C'était à Yasmine qu'Hassan appréhendait le plus d'annoncer sa décision, sans doute parce qu'elle était celle qui avait le plus explicitement osé lui avouer qu'elle préférait qu'il ne parte pas. Qasim et les parents Khadji le pensaient aussi sans doute, le brun n'était pas dupe, mais seule Yasmine avait pris le risque d'exprimer clairement son opinion à ce sujet. Une opinion qu'Hassan avait malgré tout décidé de ne pas suivre, non sans avoir tergiversé et pesé le pour et le contre pendant des jours, des semaines. Il ne partirait pas le coeur léger de toute façon, il le savait, et se fixer une date butoir d'un semestre "voir deux" c'était aussi une manière pour lui de se rassurer et de ne pas se lancer sans filet, alors qu'il commençait tout juste à reprendre pied. Et peut-être une garantie, aussi, pour tenter de palier à l'inquiétude de ceux qu'il laissait provisoirement ici. Pourtant, même s'il se cachait derrière l'excuse de la distance et de la durée pour expliquer la réticence de ses proches, Hassan savait qu'une partie du problème était ailleurs, et qu'après les événements de ces derniers mois c'était l'idée de ne plus pouvoir veiller à ce qu'il ne fasse pas de (nouvelle) bêtise qui les rendait soucieux. La question de Yasmine en était la preuve. « Ça va aller pour toi là-bas … N’est ce pas ? » Et si le brun avait immédiatement ouvert la bouche avec l'intention de répondre ... finalement il n'avait rien dit. Sans savoir pourquoi. Comme s'il s'était soudainement ravisé dans ses certitudes et s'interdisait toute forme de promesse sans fondement. « Je ne vais pas recommencer, si c'est ça ta question … » avait-il néanmoins fini par admettre, à demi-mot. Ils n'en avaient jamais reparlé, de sa tentative de suicide. Pas depuis leur discussion houleuse dans cette chambre d'hôpital, et peut-être par peur que cela dégénère à nouveau de la même façon. Il savait que de dire qu'il ne recommencerait pas ne suffirait probablement pas à la convaincre, de toute façon.

Peut-être que cela venait de là aussi, ce besoin soudain de la serrer contre lui, pas seulement pour tenter de la consoler mais aussi par peur qu'elle ne file, ne lui glisse entre les doigts par déception. Par résignation à ce qu'Hassan continue envers et contre tout à n'en faire qu'à sa tête. « Ne t’excuses pas Hassan … Tu n’as pas à le faire. » Bien sûr que si. Du moins c'était la sensation qu'il avait, comme pour tenter d'estomper un peu l'ingratitude dont il avait l'impression de faire preuve. « Je sais que je n’en ai pas l’air, parce que je suis un peu trop émotive, et que je te couve sans doute comme un mère poule légèrement possessive mais, je suis heureuse pour toi, je te le promets ! Heureuse que tu puisses faire ce qu’il te plait, que tu ai le choix … Et que tu choisisses ! » Il avait senti la chair de poule sur ses bras, sans bien savoir si la cause était plutôt dans les mots de Yasmine ou dans ses lèvres venues frôler son cou, et laissé ses mains descendre autour de sa taille pour pouvoir la regarder à nouveau sans la lâcher totalement « Et je ne serais probablement plus là pour le faire sans vous, sans toi. » Il l'avait rarement avoué à voix haute, par pudeur sans doute, mais il savait bien que tout seul, dans son duel face à la leucémie, ce n'était pas lui qui en serait ressorti vainqueur. « Ça non plus je ne l'oublie pas. » Et il avait peur que malgré tout ils y voient une forme d'ingratitude, quand en réalité il se contentait simplement de saisir des opportunités qui pendant un moment ne lui avaient plus semblé réalisables. Que ce soit à cause de sa santé, de son mariage ou d'autres choix de vie qui impliquaient certains sacrifices.

Il s'était à peine détaché d'elle, troublé par la similitude entre leur proximité actuelle et celle qui les avait liés lors de la nuit passée chez Yasmine, cherchant après son regard dans la pénombre tandis qu'il se résolvait enfin à poser la question qui lui brûlait les lèvres. Il n'était pas qui à un moment donné avait eu à envisager une opportunité professionnelle à l'étranger, Yasmine aussi, et pourtant la jeune femme n'était jamais partie. Il avait écouté sa réponse sans ciller, indécis quant à ce qu'il s'attendait à entendre mais surtout pris au dépourvu par la mention faite par la jeune femme d'avoir envisagé ne pas revenir, si elle était partie. « Je ne sais pas … C’était ce que j’avais prévu … » Il avait dégluti en silence, Yasmine se dérobant tandis qu'il cherchait quelque chose à dire, sans que rien ne lui vienne « Quand je suis allée là-bas j’étais si jeune et pourtant je me souviens de tout. Les odeurs, les couleurs ce que j’ai ressenti. C’était comme si c’était l’évidence pour moi de vivre là-bas. J’ai marché dans les rue d’Alger c’était si bruyant, tant de monde … » Il écoutait et il arrivait presque à se l'imaginer, les mots de Yasmine se mêlant aux souvenirs que lui avait de son premier séjour à Téhéran « Et puis on est allé votre notre famille, dans ce petit village si différent. Ces gens tellement extraordinaires. Je me suis sentie vraiment différente et en même temps tellement similaire. C’est difficile à expliquer mais … C’était il y a si longtemps. Ça a sans doute changé … Et moi aussi j’ai changé. » Bien sûr. Elle avait grandi, malgré qu'Hassan ait encore parfois un peu de mal à le voir, à l'admettre. « Je comprends. » avait-il finalement soufflé, pensif. Et en même temps résigné, parce qu'à la manière dont elle en parlait on sentait bien que c'était un projet suspendu plutôt qu'un projet abandonné. Elle repartirait un jour, et elle ne reviendrait pas, peut-être.

Il avait laissé ses jambes pendre dans le vide à nouveau, et tiré machinalement sur les manches de son blouson tandis que le vent semblait se lever un peu. Et sans grande surprise il avait écouté Yasmine reprendre avec hésitation « Peut-être que je devrais voyager … Y retourner une fois. Juste … pour voir … » et tourné à nouveau la tête vers elle, fixant son profil de longues secondes. Il se demandait à quoi bon promettre de revenir, si un jour Brisbane ne comptait plus ni Yasmine ni Qasim ? Mais ce n'était pas une question qu'il devait lui poser à elle, ses états d'âme n'avaient pas à rentrer en ligne de compte dans les décisions de la jeune femme. « Tu pourrais même venir avec moi, j’adorais que tu découvre l’Algérie. » Il avait souri, un peu pris au dépourvu « Vraiment ? » De la même manière qu'il n'osait pas trop évoquer ses origines personnelles avec les Khadji il n'osait pas trop se montrer curieux concernant leur Algérie natale. Il n'ignorait pas que sans l'ouverture d'esprit respective des deux patriarches leurs familles n'auraient peut-être même pas pu être amies. « Téhéran-Alger, c'est encore plus près que Brisbane-Alger. » avait-il finalement fait remarquer, d'abord pensif puis un peu plus sûr de lui et de ce qu'il venait d'avancer à mesure que les secondes passaient. « Pourquoi attendre et se contenter de "un jour" et de "peut-être" ? On peut jamais savoir ce qui se passera plus tard ... » Il s'emballait un peu, laissant malgré lui déteindre cette vision des choses qu'il essayait d'adopter pour tenter de retrouver un semblant de sens à sa vie. « Mais si un jour ... si tu décides de partir et de rester là-bas, si tu penses que c'est là-bas que tu seras heureuse ... alors je serais heureux pour toi, aussi. » Il avait hésité, sa main glissant contre le bois pour venir attraper les doigts de Yasmine « Ça ne veut pas dire que tu ne me manquerais pas, ou que je ne te laisserais pas partir à regrets, mais ... je crois que pour ce genre de décisions censées impacter la suite de notre vie il faut qu'on apprenne à se montrer un peu égoïste. » C'était ce que lui avait décidé de faire en acceptant le poste à Téhéran, bien qu'il n'y ait là-dedans rien de définitif. C'était déjà une manière de reprendre les rennes de sa vie, et Yasmine en avait le droit elle aussi.
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#25. what if what i want makes you sad at me (yasmine) Empty
Message(#)#25. what if what i want makes you sad at me (yasmine) EmptyJeu 1 Sep 2016 - 10:52



WHAT IF WHAT I WANT MAKES YOU SAD AT ME

when life leaves you high and dry, i'll be at your door tonight, if you need help. i'll shut down the city lights, i'll lie, cheat, i'll beg and bribe to make you well.

Cette difficulté à aborder avec Hassan sa tentative de suicide – puisque c’était bien comme ça qu’il fallait l’appeler – Yasmine ne se l’expliquait pas. Elle était pourtant de ceux qui n’avaient en général pas de problème à se poser et aborder les sujets délicats, elle avait appris à le faire à ne pas craindre les réponses que ces patients pouvaient lui donner. Parce que certaines étaient rudes et lui rappelaient que la mort était un peu partout et bien moins effrayante pour certain que pour elle. Mais avec Hassan elle en était incapable, parce que les enjeux n’étaient pas les mêmes. Qu’elle ne pourrait pas sortir de sa chambre et renter chez elle en mettant ses mots de côté – que chaque phrase qu’Hassan formulait trouvait une place importante dans un recoin de sa tête là où elle ne pouvait pas vraiment l’oublier. « Je ne vais pas recommencer, si c'est ça ta question … » Hochant la tête elle avait pincé très légèrement les lèvres presque un peu gênée d’avoir été aussi facilement démasqué. « Pas uniquement… Mais en partie oui… » Elle n’avait pas envie de lui mentir ce soir – de toute façon il lisait en elle comme dans un livre ouvert. « Tu sais je ne veux pas gâcher ce moment, donc je vais faire une très brève parenthèse… » Elle cherchait ses mots de peur que ce sujet ne les emmène à nouveau sur un terrain glissant pour leur amitié qui se remettait tout juste . « Je veux juste que tu saches que, si tu veux en reparler un jour… Je suis là et je peux… Enfin, je n’réagirais pas comme la première fois je te le promets… » Elle aussi pouvait apprendre de ses erreurs, sa réaction en face d’Hassan avait été dictée par ses sentiments sur le moment. Avec le recule elle était capable d’avoir un regard différent sur cet instant bien qu’il reste douloureux pour elle. Evidement elle connaissait assez Hassan pour se douter qu’il n’aurait pas envie d’en parler – que ce moment allait se contenter de rejoindre les nombreux mystères de sa personnalité. Mais Yasmine savait aussi que parfois il suffisait d’une porte, et qu’elle s’en serait voulue de ne jamais l’ouvrir pour lui.

Serrer Hassan contre elle lui avait suffi pour que l’espace d’un instant elle oublie les raisons de cette étreinte et cette séparation qu’ils s’apprêtaient à vivre. Pourtant, il l’avait bien vite ramené à la réalité avec ses excuses, qu’elle avait refusées, prétextant qu’il n’avait pas à les proférer, du moins pas pour ça. Pour avoir décidé de prendre sa vie en main et de choisir pour lui. « Et je ne serais probablement plus là pour le faire sans vous, sans toi. » La main de Yasmine était venue caresser délicatement le visage d’Hassan, elle aimait cet instant de complicité même si elle se refusait de penser qu’il y aurait pu avoir une autre issu que cette rémission pour lui. « Ça non plus je ne l'oublie pas. » Fronçant légèrement les sourcils il lui avait semblé entendre pour la première fois une sorte d’incertitude dans sa voix. Comme si ce n’était pas juste la tristesse de les quitter qui le tenait mais la peur de ce qu’ils pourraient en penser après tous ce qu’ils avaient vécu ensemble. « On le sait Hassan, je le sais… » Faisant descendre sa main jusqu’à sa nuque elle avait eu un léger sourire sans aucun doute imperceptible dans la pénombre. « Je sais aussi que tu te sous estimes beaucoup, c’est toi qui a fait tout le travail ! C’est toi qui a battu cet ا هراء de cancer. » C’est comme ça que sa mère l’appelait ‘une connerie de cancer’ l’expression était restée, peut-être parce que ça n’était pas si fréquent d’entendre Fatima jurer. « C’est ta victoire et tu ne dois rien à personne. » Sa main avait perdu encore un peu plus d’altitude pour venir se poser sur le cœur de son ami, appuyant sa main à plat sur ce dernier pour illustrer ses propos.

Finalement une fois le sujet de l’Algérie abordé, Yasmine et Hassan avaient rompu le contact entre eux. La jeune femme perdue dans les souvenirs de son enfance – de ce pays qu’elle considérait comme le sien déjà même avant d’en avoir foulé les terres, sans savoir expliquer  cette sensation. Et c’est assez naturellement qu’elle avait ressenti cette envie de partager ça avec le monde et évidement avec Hassan, parce qu’il faisait parti des gens qui avaient une importance capital dans sa vie. « Vraiment ? » « Oui bien sûr ! » Son engouement était maintenant palpable et c’était une évidence absolue pour elle qu’il devait découvrir ça. « Téhéran-Alger, c'est encore plus près que Brisbane-Alger. » Cette fois elle avait un peu froncé les sourcils, pas vraiment sûr de savoir ce qu’Hassan entendait par là. « Hem… oui… » Acquiesçant un peu froidement, elle avait d’un coup cru entrevoir où cette discussion les menait sans trop savoir quoi en penser.   « Pourquoi attendre et se contenter de "un jour" et de "peut-être" ? On peut jamais savoir ce qui se passera plus tard ... » Elle était restée un instant un peu abasourdie par les propos d’Hassan, reconnaissant à peine son dialogue soudainement plein de vie et d’envie. « C’est vrai… Mais c’est aussi pour ça que c’est important pour moi d’être là… » Ce n’était en aucun cas une critique pour les choix qu’Hassan avait pris mais profiter des instants avec sa famille lui semblait en ce moment aussi primordial que ce voyager. La santé de son père était encore un peu bancale et il leur avait fait une vraie frayeur. Elle se rendait évidement comte, qu’elle utilisait ça un peu comme une excuse mais elle lui semblait bonne. Et les décisions pas si facile à prendre pour elle – surtout quand l’avenir qui s’offrait à elle pouvait être totalement chamboulé par une seule décision.

« Mais si un jour ... si tu décides de partir et de rester là-bas, si tu penses que c'est là-bas que tu seras heureuse ... alors je serais heureux pour toi, aussi. » Elle n’avait pas su se l’expliquer, mais ses propos lui avaient fait un léger serrement au cœur. Peut-être parce que pour elle vivre loin d’Hassan semblait tellement irréaliste, alors que ça ne semblait pas être le cas pour son ami. Heureusement il avait repris après que ses doigts soient venus à la rencontre de ceux de Yasmine une nouvelle fois. « Ça ne veut pas dire que tu ne me manquerais pas, ou que je ne te laisserais pas partir à regrets, mais ... je crois que pour ce genre de décisions censées impacter la suite de notre vie il faut qu'on apprenne à se montrer un peu égoïste. » Baissant les yeux elle avait amené la main d’Hassan jusque sur ses genoux, jouant avec ses doigts de ses deux mains un peu nerveusement. « C’est juste que… » A nouveau l’émotion c’était emparée d’elle. Coupant sa phrase pour essayer de trouver le courage de la formuler. « Ca me semble tellement horrible de vivre toute ma vie quelque part où tu n’es pas. » Elle avait souri laissant pourtant quelques larmes perler sur ses joues en arrêtant de se cacher derrière des « vous » parce que si quand elle les disait elle avait toujours une petite pensée pour son père, sa mère, son frère et Qasim qui n’était pas si loin. C’était principalement la séparation avec Hassan qui lui était mentalement invivable. Et entre quelques mois et une vie il y avait une très grande différence. « Alors tu vois c’est aussi un peu égoïste comme choix. » Elle avait promis son retour aux gens de sa famille là bas en Algérie, promis qu’elle viendrait un jour vivre avec eux. Et elle ne l’avait pourtant pas fait, alors elle n’avait pas l’impression de manquer totalement d’égoïsme. Essuyant très rapidement ses larmes elle s’en était un peu voulu d’avoir exposé les choses de la sorte. « Mais ça ne remet pas en question tes choix Hassan ! Et tu as le droit toi aussi de penser à toi ! Je suis sûr que cette expérience va être magnifique ! » Au moins elle l’espérait. Le vent c’était levé pour de bon cette fois lui arrachant un nouveau frisson qui ne passa pas inaperçu. « Est-ce que tu as les clefs ? De la maison ? » Elle mourrait d’envie de retourner dans la maison, mais il était probable qu’elle doive encore attendre quelques jours à moins que Hassan lui ai prévu une autre péripétie comme celle de monter sur le toit et de fracturer une fenêtre comme des vrais gangsters.



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#25. what if what i want makes you sad at me (yasmine) Empty
Message(#)#25. what if what i want makes you sad at me (yasmine) EmptySam 3 Sep 2016 - 3:44

Hassan n'avait pas l'intention de le nier, outre l'opportunité professionnelle et culturelle que cela représentait pour lui, l'idée de prendre le large quelques mois et d'aller respirer un autre air que celui de Brisbane était également à ses yeux une occasion de couper court à cette sensation désormais omniprésente que les membres de sa famille cherchaient à le couver. Il comprenait, si la situation avait été inverse il en aurait probablement fait de même, mais la situation était ce qu'elle était et il se sentait comme scruté, surveillé, sans doute à raison. Objet de soupçon quant à ce que pourraient être ses intentions une fois livré à lui-même à des milliers de kilomètres de là. « Pas uniquement … Mais en partie oui … » avait d'ailleurs avoué Yasmine, presque penaude. « Tu sais je ne veux pas gâcher ce moment, donc je vais faire une très brève parenthèse … » Il avait relevé les yeux vers elle, à la fois intrigué et attentif « Je veux juste que tu saches que, si tu veux en reparler un jour … Je suis là et je peux … Enfin, je n’réagirais pas comme la première fois je te le promets … » Il était resté silencieux de longues secondes, comme s'il pesait d'un air pensif le pour et le contre entre ce qu'il souhaitait dire ou ne pas dire. « Je te reproche pas la façon dont tu as réagi. J'étais juste ... pas suffisamment dans mon état normal pour me rendre compte que tu t'inquiétais simplement pour moi. » Fait qu'il avouait sans fierté aucune. « Et je sais que pour laisser ça derrière moi une bonne fois pour toute il faudra que j'en parle à un moment ou un autre, mais ... pas encore. Pas tout de suite. » Pour le moment subir les assauts et questions répétées de son nouveau psy à ce sujet était déjà bien plus qu'Hassan ne le souhaitait. Au fond Hassan se persuadait qu'il pourrait tourner la page à ce sujet le jour où son psy arrêterait de le remettre sur le tapis à la moindre occasion.

Et cela arriverait d'une manière ou d'une autre, le brun allait de toute manière bien devoir faire sans psy s'il partait. Inutile de dire qu'il n'avait pas l'intention d'en chercher un là-bas, ayant déjà bien assez de devoir prendre contact avec le service de cancérologie d'un des hôpitaux de Téhéran "au cas où". S'il avait déjà commencé à songer à tout cela c'était que sa décision de partir au fond était mûrement réfléchie, l'annoncer à Yasmine devenant alors l'une de ses principales inquiétudes. Il la serrait contre lui pour tenter d'estomper l'impression d'abandon, et tentait maladroitement de faire valoir le fait qu'il avait parfaitement conscience du soutien qu'avaient représenté ses proches durant ces presque trois dernières années. Il ne voulait pas donner l'impression d'un ingrat qui, en décidant de partir, tournait le dos à ceux sans qui il ne serait probablement plus là à tenter de chercher quelle nouvelle direction donner à son existence. « On le sait Hassan, je le sais … Je sais aussi que tu te sous estimes beaucoup, c’est toi qui a fait tout le travail ! C’est toi qui a battu cet ا هراء de cancer. C’est ta victoire et tu ne dois rien à personne. » Il n'avait rien répondu. Parler de cela comme d'un combat le mettait toujours un peu mal à l'aise, bien que ça en soit probablement un, et parler de victoire l'était peut-être encore plus ... Parce qu'il n'avait rien gagné, pour l'instant, il avait seulement perdu. Perdu une vie qui lui convenait, troquée contre une nouvelle qu'il ne parvenait pas à se réapproprier. Mais c'était Yasmine qui avait raison, il était vivant et cela devrait suffire au fond ... Il aurait du pouvoir être capable de s'en contenter. Échec cuisant. Faiblesse, peut-être.

Il décidait de partir dans un moment d'égoïsme plus ou moins assumé, et que Yasmine n'ait elle jamais sauté le pas en en ayant pourtant eu le projet beaucoup plus concret et précis suscitait des questions qu'il n'avait pas eu la présence d'esprit de poser auparavant. Par pudeur bien plus que par désintérêt Hassan n'avait jamais réellement osé questionner Yasmine, ou un autre des Khadji, à propos de leur pays d'origine, y voyant une intrusion dans un pan particulier de leur histoire qui aurait pu être mal interprété. « Oui bien sûr ! » Troublé, et en même temps touché que Yasmine désire partager ce genre de choses avec lui, il s'était sans doute un peu trop emballé et transposé ses résolutions à la situation de la jeune femme sans qu'il n'y ait véritablement lieu d'être. Et le temps qu'il ne réalise sa maladresse elle avait déjà répondu un peu abruptement « C’est vrai … Mais c’est aussi pour ça que c’est important pour moi d’être là … » Il avait détourné le regard, fixant un instant le sol sous ses pieds d'un air penaud avant de murmuré « Excuse-moi ... j'ai dit ça sans réfléchir. » En s'engouffrant dans la première brèche de nature à ne pas s'isoler dans sa décision et se donner ainsi l'impression de choisir la bonne option. Mais Yasmine n'était pas Hassan, et il n'était pas Yasmine. « C'est juste que ... Y'a eu cette époque où je me suis mis à lister dans ma tête toutes les choses que j'aurai voulu faire un jour, et pour lesquelles je pensais qu'il était trop tard. » Dans sa tête, un peu en secret, parce qu'elle ou Qasim n'auraient probablement pas toléré tant de pessimisme et de résignation de sa part à ce moment-là, alors que l'espoir était la seule chose supposée l'aider à tenir. « Et je me suis senti ... tellement stupide, d'avoir autant de regrets et d'idées inachevées. C'est quelque chose que je souhaite à personne. » Et surtout pas à elle, mais au fond son sens des priorités était peut-être simplement ailleurs, et celui d'Hassan un peu trop influencé par son nouvel égoïsme. Il choisissait la fuite en avant plutôt que de rester ici, et il n'avait pensé qu'à lui au moment de crasher sa voiture, il était peut-être temps qu'il l'admette.

Et cela l'était tout autant de s'arrêter au fait que Yasmine n'excluait pas, le jour où elle partirait, de le faire définitivement, aussi le brun avait-il maladroitement tenté de préciser et de nuancer sa pensée. L'idée ne l'enchantait pas, inutile de se mentir, mais il ne pouvait pas d'un côté partir à Téhéran en espérant qu'elle comprenne, et de l'autre jouer de possessivité avec elle lorsque la situation était inversée ... et pourtant dieu sait qu'il l'était, parfois. « C'est juste que ... Ça me semble tellement horrible de vivre toute ma vie quelque part où tu n’es pas. Alors tu vois c’est aussi un peu égoïste comme choix. » S'il l'avait jusque-là laissée jouer avec ses doigts sans broncher, il avait relevé les yeux non sans une certaine surprise, les mots et le regard humide de la jeune femme jetant le trouble. « Dis pas des trucs comme ça ... » avait-il alors soufflé à voix basse, ses doigts se refermant autour de ceux de Yasmine. Il ne voulait pas la laisser dire ça parce qu'on ne savait jamais : il n'était pas entièrement guéri, la leucémie pouvait revenir dans un an, dans dix, ou même le lendemain. Plus virulente, peut-être, fatale, peut-être aussi. Et là peu importe qu'elle se trouve sur ce continent ou un autre, elle serait forcée de composer sans lui. « Mais hey ... » Extirpant ses doigts de ceux de la jeune femme il avait passé un bras autour de ses épaules et déposé un baiser sur sa joue, chassant au passage une des larmes venue y rouler. « Tant que ça ne tiendra qu'à moi, n'imagine pas qu'il te suffira de changer de continent pour être débarrassée de moi. » La vérité c'est que lui aussi peinait à imaginer son quotidien sans elle, une certitude renforcée par les quelques semaines qu'ils avaient passé sans s'adresser la parole et qui lui avaient semblé durer une éternité. Il refusait l'inverse, l'entendre dire qu'elle avait suffisamment besoin de lui pour que cela influe sur ses décisions, et pourtant il était incapable d'agir autrement de son côté. « Mais ça ne remet pas en question tes choix Hassan ! Et tu as le droit toi aussi de penser à toi ! Je suis sûr que cette expérience va être magnifique ! » Il en était de moins en moins persuadé à mesure que les secondes passaient pourtant, mais il avait préféré ne rien répondre et s'était contenté d'acquiescer d'un air pensif. Il ne pouvait pas changer à nouveau d'avis, il fallait qu'il se tienne à ses décisions.

Le vent s'était définitivement levé, il s'engouffrait dans la cabane et secouait légèrement les cheveux de Yasmine sur lesquels Hassan laissait jusque-là glisser ses doigts. « Est-ce que tu as les clefs ? De la maison ? » Glissant la main dans la poche de son blouson il en avait ressorti un trousseau de clefs en guise de réponse « En fait j'ai même celles du portail de la palissade, mais ça aurait été beaucoup moins drôle sans notre entrée fracassante. » Lâchant un sourire amusé il avait laissé son bras descendre le long du dos de la jeune femme, avant de finalement la lâcher pour s'approcher du bord et poser un pied sur le premier barreau de l'échelle « Je te fais visiter avant de te ramener chez toi ? » La visite ne s'éterniserait pas à priori, ce n'était qu'une maison vide, une maison vide qu'elle avait déjà vu es centaines de fois et qui, malgré le changement de décoration survenu depuis, restait la même de vingt ans plus tôt. Descendant l'échelle il avait attendu Yasmine en bas, gardant un oeil pour veiller à ce qu'elle ne tombe pas, et avant attendu qu'elle ait retrouvé l'herbe du jardin à son tour avant de rajouter « Mais bon, visiter une baraque vide et sans électricité, en pleine nuit ... Je comprendrais que tu aies la frousse et que tu te dégonfles. » Croisant les bras d'un air narquois, pour la taquiner un peu, il avait rebroussé chemin pour rejoindre la palissade enjambée précédemment et glissé la clef dans la serrure pour l'ouvrir et leur permettre de ressortir du jardin sans jouer une nouvelle fois aux acrobates. « Ça me manquait, d'avoir un jardin. A la base j'en cherchais surtout un pour Spike, mais je pense que prendre mon petit déj' et corriger mes copies dehors je vais vite y reprendre goût. » "Reprendre" parce que la maison dans laquelle Joanne et lui avaient vécu quelques années en possédait déjà un, influant probablement au fait qu'il ait toujours un peu eu l'impression d'étouffer dans son appartement au cinquième étage, sans même un balcon pour prendre l'air.
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Message(#)#25. what if what i want makes you sad at me (yasmine) EmptyDim 4 Sep 2016 - 12:19



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Pour Yasmine, reparler de cette événement s’avérait être plus compliqué que prévu. Elle pesait ses mots, cherchant à se faire comprendre sans pour autant le brusquer, à s’excuser tout en continuant de penser au fond d’elle qu’il avait un peu fait n’importe quoi. Mais Hassan semblait en être conscient aujourd’hui, ne cherchant pas à nier ses erreurs. « Je te reproche pas la façon dont tu as réagi. J'étais juste ... pas suffisamment dans mon état normal pour me rendre compte que tu t'inquiétais simplement pour moi. » Et qu’elle était en colère aussi. Surtout inquiète mais aussi en colère contre lui et contre elle de n’avoir rien vu venir, de ne pas avoir pu plus l’aider. « Tu nous as fait une sacré frayeur… » Et elle parlait bien pour toute sa famille cette fois. Du moins ceux qu’il considérait aujourd’hui comme tel. Ceux qui tenaient assez à lui pour que l’idée qu’il les quitte de cette façon les horrifie.   « Et je sais que pour laisser ça derrière moi une bonne fois pour toute il faudra que j'en parle à un moment ou un autre, mais ... pas encore. Pas tout de suite. » Elle n’avait pas insisté plus que ça. Pas persuadé qu’il lui en parlerait un jour, mais convaincu que tenter de forcer les choses n’amènerait de toute façon rien. « D’accord… C’est quand tu veux Hassan. » Et elle était sincère. Sa porte lui était concrètement ouverte à n’importe quelle heure du jour et de la nuit.

Parler de l’Algérie avait évidement réveillé de vieux rêves en elle. Certains qu’elle avait laissé enfoui plus profondément que d’autres. Et l’empressement dont Hassan avait semblé faire preuve l’avait sans doute un peu brusqué. L’empêchant de se réapproprier ses envies à son propre rythmes. « Excuse-moi ... j'ai dit ça sans réfléchir. » Haussant un peu les épaules, elle avait simplement réponde. « Ce n’est rien… » Et c’était le cas, elle pouvait comprendre son engouement même si elle n’arrivait pas à le partager dans son entièreté. « C'est juste que ... Y'a eu cette époque où je me suis mis à lister dans ma tête toutes les choses que j'aurai voulu faire un jour, et pour lesquelles je pensais qu'il était trop tard. » C’était sans doute une des choses que sa maladie lui avait emmené, un nouveau regard sur sa vie, qui n’était peut-être pas aussi heureux qu’il l’aurait souhaité. « Et je me suis senti ... tellement stupide, d'avoir autant de regrets et d'idées inachevées. C'est quelque chose que je souhaite à personne. » Elle comprenait évidement, mais il lui était impossible de transposer sa vie sur la sienne de cette façon. Ils étaient deux personnes différentes avec des enjeux et des rêves différents. « Et bien il se trouve que tu as la chance de pouvoir réparer ça ! Echanger tes regrets contre des meilleures choses… » Elle avait préféré se focaliser sur lui plutôt que de tenter de lui expliquer que pour sa part, elle ne ressentait pas ces regrets flottant. Même en faisant le point sur sa vie aujourd’hui elle en était satisfaite. Evidement elle avait du faire certains sacrifices, mais elle continuait d’avoir la certitude qu’elle ne changerait rien aux choix qu’elle avait fait, parce que même les plus scabreux avaient fini par lui apporter quelque chose. Ils faisaient d’elle ce qu’elle était tout simplement. Et elle se refusait de penser à sa vie en terme de regrets… Puis elle avait encore du temps. Et Hassan aussi, il fallait peut-être juste qu’il se fasse à cette idée.

Et évidement, elle avait parfois repensé à cette promesse de partir mais rester à Brisbane n’était pas une punition. Elle aimait sa vie ici, elle s’y sentait utile et entourée de gens qu’elle aimait et qui lui étaient cher. Et quelque part son esprit lui disait que penser la vie meilleure ailleurs était un leurre. Puis l’idée même d’être séparé d’Hassan lui brisait le cœur. Elle l’avait compris un peu plus avec sa maladie, quand il lui avait demandé l’espace d’un instant d’imaginer la vie sans lui. Comme si il avait voulu la préparer au pire alors qu’elle était restée persuadée qu’il ne pouvait pas se passer autre chose qu’une rémission. « Dis pas des trucs comme ça ... » En entendant ses mots elle était machinalement venue sécher les quelques larmes dans ses yeux. Alors qu’Hassan emprisonnait son autre main. « Mais hey ... » Attrapant son épaule pour la serrer contre lui, elle en avait profité pour poser la tête sur son épaule, venant nicher sa tête dans le creux de sa nuque après qu’il ait déposé un baiser sur sa joue. « Tant que ça ne tiendra qu'à moi, n'imagine pas qu'il te suffira de changer de continent pour être débarrassée de moi. » Riant un peu elle avait relevé la tête, reniflant un peu en essayant de  ne pas faire trop de bruit. « J’y compte bien ! Tu sais pas ce que je suis capable de faire si tu me donnes plus de nouvelles ! » Elle avait ri un peu bien que ce dernier soit encore un peu baigné de larmes. « Tu pourrais découvrir une toute nouvelle Yasmine. » Le ton un peu taquin elle avait souri à son ami, alors que le vent frais avait commencé à la convaincre de bouger un peu.

Elle n’aimait pas l’idée de quitter cette cabane, qui avait un aspect sécuritaire, mais avait fini par se résoudre à lui demander, d’un moyen un peu détourné de bouger. « En fait j'ai même celles du portail de la palissade, mais ça aurait été beaucoup moins drôle sans notre entrée fracassante. » Lui donnant un petit coup d’épaule comme pour se venger elle avait rigolé un peu en repensant à ce qu’il avait réussi à lui faire faire. Puis l’avait suivi quand il avait entamé la descente vers le sol. « Je te fais visiter avant de te ramener chez toi ? » « Je dis pas non. » Elle était même plutôt impatiente de pouvoir retrouver un peu de cette maison dont elle gardait tellement de bons souvenirs. « Mais bon, visiter une baraque vide et sans électricité, en pleine nuit ... Je comprendrais que tu aies la frousse et que tu te dégonfles. » Croisant à son tour les bras sur le torse elle avait fait mine d’être vexée. « Tu me prends pour qui ? Une froussarde ? Je te rappelle que j’étais prête à rentrer dans cette maison par effraction ! C’est pas le manque d’électricité et de décoration qui va me faire peur ! » Elle l’avait alors suivi jusqu’à la palissade. « Ça me manquait, d'avoir un jardin. A la base j'en cherchais surtout un pour Spike, mais je pense que prendre mon petit déj' et corriger mes copies dehors je vais vite y reprendre goût. » Elle pouvait très facilement le visualiser sur sa terrasse, Spike à ses pieds alors qu’il se jetait corps et âme dans son travail, comme il savait si bien le faire. « Et je pense que ton neveux et ta nièce vont être fous de cette cabane ! » Elle c’était approchée d’Hassan pour lui attraper le bras, prétextant qu’elle n’y voyait pas grand chose, mais aussi et surtout parce qu’elle ressentait le besoin de rester en contact avec lui. « Au faite ! Tu l’as dit à Qasim pour la maison ? » Il ne faisait pas de doute qu’il avait du être au courant avant elle. Mais elle était curieuse de savoir ce que l’ainé de famille en avait pensé. Lui aussi avait plus d’un souvenir dans cette bâtisse et il lui semblait se souvenir des traits qui avaient tiré le visage de Qasim quand il avait du la vendre. « C’est marrant, à une époque je pensais que c’est lui qui la rachèterait… » Peut-être aussi parce qu’elle aurait aimé qu’il revienne vivre plus proche de chez elle. Lâchant le bras d’Hassan, Yasminee avait couru presque en sautillant jusqu’à la porte d’entrée. « Alors cette visite ? Ne me dis pas que c’est toi qui a peur ? » Amusée, elle avait attendu impatiemment qu’il ouvre la porte de la maison pour s’y engouffrer. Elle n’y voyait pas grand chose mais rien que l’odeur était différente. Laissant deviner que d’autres personnes avaient vécu ici. La lumière d’un lampadaire dehors permettait d’éclairer quelque peu ce qui avait été la salle à vivre et elle s’était approchée d’un des murs pour poser sa main dessus. Légèrement émue elle était restée là un instant à juste ressentir cette sensation étrange. « T’as pas entendu un bruit ? » S’approchant silencieusement d’Hassan elle avait fait mine d’être apeurée avant de tenter de lui faire peur en lui adressant un fort « BOUH ! » tout proche de l’oreille. Puis comme une enfant, elle avait couru vers la pièce prochaine, tentant de trouver un endroit où se dissimuler, se demandant si Hassan allait réussir à la trouver. Combien de fois avaient-ils joué à cache-cache dans cette maison – sans doute plus pour lui faire plaisir à elle que pour son propre bonheur – mais ils avaient fini par en connaître les moindres recoins.
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#25. what if what i want makes you sad at me (yasmine) Empty
Message(#)#25. what if what i want makes you sad at me (yasmine) EmptyMar 6 Sep 2016 - 11:36

La vérité ? Il s'était fait une belle frayeur à lui aussi. Peut-être pas sur le coup, parce qu'il n'avait pas réfléchi et qu'avec le recul il n'était même plus capable de dire ce qui lui passait par la tête au moment où il avait décidé de donner le coup de volant fatidique, mais après coup, lorsqu'il avait été suffisamment calmé pour réfléchir aux conséquences de ses actes. Pour prendre la mesure des remontrances administrées par Yasmine et Qasim, aussi, bien que sa fierté l'ait fait tarder à admettre tout de suite qu'ils avaient probablement raison. Cela ne voulait pas dire qu'Hassan leur donnait entièrement raison sur tout, il gardait à l'esprit le fait que ses tentatives d'explications n'étaient pas suffisantes pour Yasmine, et qu'ils resteraient dans une impasse tant qu'elle ne l'aurait pas accepté ou qu'il n'aurait pas trouvé les mots à mettre sur ce qu'il ne parvenait pour l'instant pas à expliquer ... mais c'était déjà un début. Parfois le fait de lui demander ce qu'elle attendait précisément de lui, ce qu'elle voulait qu'il fasse pour qu'elle lui pardonne définitivement cet incident lui brûlait les lèvres, mais il n'avait encore jamais osé demander ... Peut-être qu'il se cherchait encore, ou qu'il ne se sentait pas prêt à entendre la réponse. Quelque part il se disait que s'éloigner quelques mois lui permettrait peut-être aussi de prendre le recul nécessaire pour y parvenir, à son retour. « Et bien il se trouve que tu as la chance de pouvoir réparer ça ! Échanger tes regrets contre des meilleures choses … » Contre certains, au moins. Certains regrets étaient indélébiles et n'avaient plus de solution, mais faute de savoir comment les affronter pour l'instant Hassan se contentait de les reléguer dans un coin de sa tête en tentant d'éviter d'y penser.

Reste qu'il partirait seul, au sens propre comme au figuré. A la fois parce que malgré l'attachement qu'il portait à son pays d'origine il en connaissait aussi les travers, et ne souhaitait pas les imposer à qui que ce soit qui ne l'ait pas sciemment choisi, mais aussi parce que là où lui ressentait le besoin de s'éloigner un peu de Brisbane pour respirer, Yasmine elle ne raisonnait pas de la même manière à ce sujet. Ce qui ne signifiait pas qu'elle ne sauterait pas le pas un jour elle aussi, simplement ils n'étaient pas synchronisés. Et si maintenant qu'elle en avait évoqué la possibilité il garderait probablement cette crainte latente qu'elle parte un jour pour ne plus revenir, il tâchait de se raccrocher au fait qu'il tenait bien trop à la jeune femme pour qu'un ou deux continents d'écart ne suffisent à modifier l'attachement qu'il avait pour elle. « J’y compte bien ! Tu sais pas ce que je suis capable de faire si tu me donnes plus de nouvelles ! Tu pourrais découvrir une toute nouvelle Yasmine. » Au sourire amusé de Yasmine s'était ajouté le sourire moqueur d'Hassan, tandis qu'il secouait la tête et répondait d'un ton narquois « Ne me tente pas, je me sentirais obligé de faire le mort juste pour rencontrer cette "nouvelle Yasmine" ... » Mais en réalité il était presque certain d'en avoir déjà eu un avant-goût lorsqu'elle avait témoigné sa colère après leur esclandre aux urgences, et Hassan ne surprendrait personne en disant que ce n'était pas le côté de Yasmine qu'il avait préféré découvrir.

Il commençait à se faire tard, et surtout il commençait à faire frais ; Il ne fallait pas encore en demander trop au printemps, qui pointait à peine le bout de son nez. Sautant sur l'occasion de la question de la jeune femme pour lui proposer de faire un tour rapide dans la maison avant de repartir, il avait avoué non sans un certain amusement qu'ils auraient très bien pu enter dans le jardin sans se prendre pour des cambrioleurs en herbe. Mais le capital divertissement, lui, aurait été bien moins intéressant. D'humeur taquine il l'avait attaquée sur la frousse dont elle pourrait faire preuve à l'idée d'entrer dans une maison vide et sans lumière et affiché un air amusé tandis qu'elle croisait les bras pour répondre « Tu me prends pour qui ? Une froussarde ? Je te rappelle que j’étais prête à rentrer dans cette maison par effraction ! C’est pas le manque d’électricité et de décoration qui va me faire peur ! » Ouvrant le portail pour leur éviter d'escalader à nouveau la palissade, maintenant qu'elle savait qu'ils n'en avaient pas besoin, il avait haussé les épaules l'air de rien « Tout ce que je dis, c'est que c'est comme ça que commencent un paquet de films d'horreur. » Pas les films d'horreur les plus acclamés pour leur originalité, certes, mais là n'était pas le sujet. Refermant derrière eux à clef pour ne pas donner l'envie au premier passant de les imiter et de s'introduire dans le jardin, il s'était d'ailleurs satisfait d'en avoir à nouveau un, dont Spike et lui profiteraient probablement à part égale. « Et je pense que ton neveu et ta nièce vont être fous de cette cabane ! » Laissant la main de Yasmine glisser autour de son bras tandis qu'ils rejoignaient la porte d'entrée, il avait acquiescé « Ça, j'espère bien avoir investi dans un argument imparable pour les avoir un peu à la maison pendant leurs vacances. » Et puisqu'il allait bien falloir trouver comment remplir cette maison où il vivrait désormais seul, il avait déjà dans l'idée de leur aménager une chambre rien que pour eux. « Au fait ! Tu l’as dit à Qasim pour la maison ? C’est marrant, à une époque je pensais que c’est lui qui la rachèterait … » La réflexion lui avait arraché un ton pensif « Moi aussi ... Mais je crois qu'il faut qu'on se fasse à l'idée qu'il est bien à Sydney. » Et c'était tant mieux, dans un sens, même si Hassan avait toujours un petit pincement au cœur en repensant à l'époque où il lui suffisait de traverser Logan City pour voir son frère. « Et il est au courant, oui. C'est le seul à qui j'en ai parlé avant de signer la vente, je ne l'aurais pas fait si il avait été contre. » Et Hassan l'avait sérieusement envisagé, la possibilité que Qasim ne soit pas d'accord et voit ce rachat d'un mauvais œil, que cela remue trop de mauvais souvenirs. Heureusement son frère avait compris la démarche et les intentions d'Hassan, et accepté sans hésitation.

Lâchant finalement son bras Yasmine s'était élancée avec entrain dans l'herbe qui entourait le devant de la maison, montant les deux marches qui menaient au porche en arrachant à Hassan un sourire amusé. Attendri, en réalité. « Alors cette visite ? Ne me dis pas que c’est toi qui a peur ? » Arrivant à sa suite et enfonçant la clef dans la serrure, il avait ouvert la porte et laissé Yasmine passer la première « Moh, tu sais bien que je n'ai peur de rien. » De rien à part de l'eau, une broutille en somme ... hm. Il avait refermé derrière eux, la porte grinçant un peu et méritant qu'il y mette un peu d'huile lorsqu'il aurait deux minutes. Leurs pas raisonnaient dans la pièce vide du moindre meuble, et la lumière faiblarde de la lune projetait un brin de lumière sur le parquet du salon, vide lui aussi. « T’as pas entendu un bruit ? » La voilà qui chuchotait maintenant, Hassan s'apprêtant à répondre de la même manière en s'approchant d'elle lorsqu'elle s'était targuée d'un « BOUH ! » arrachant à Hassan un sursaut non dissimulé, tandis qu'elle disparaissait à touts jambes dans une pièce annexe en riant comme si elle avait à nouveau huit ans. « T'es certaine de vouloir jouer à ça, Yas' ? » Le ton gentiment provocateur Hassan avait recommencé à avancer, comptant sur ses souvenirs pour se guider dans la maison sans avoir besoin de mettre ses mains devant lui pour éviter les murs ou les portes. « Ça ne te rappelle rien, cette partie de cache-cache ... ? Celle où Sohan et moi on t'as fait croire qu'on était repartis sans te trouver ... » Le moindre murmure résonnait, ajoutant au côté solennel du souvenir évoqué par le brun, qui continuait toujours d'avancer en tentant de minimiser le bruit de ses pas. « On était beaucoup moins fiers de nous quand on t'as retrouvée en train de pleurer derrière ton arbre. » Épisode s'étant terminé par es deux garnements serrant la petite dans leurs bras et la couvrant de baisers pour sécher ses larmes en lui promettant de ne pas recommencer leur farce un peu stupide. « Je pourrais repartir et te laisser ici ... tu n'es pas une froussarde après tout, c'est toi qui l'a dit. Je t'ai déjà dit que ma mère pensait que cette maison était hantée ? » Faux, il débitait des bêtises au fur et à mesure qu'il avançait. Et pourtant, la mère d'Hassan avait toujours été superstitieuse, et en aurait probablement été capable. Il s'était immobilisé un instant, persuadé d'avoir senti une présence vers sa droite, un mouvement infime. Il avait tendu une mains, sans rien trouver, et fait deux pas de plus avant que ses doigts ne viennent buter contre la taille de Yasmine, prise à son tour d'un sursaut. A l'évidence ce n'était pas de ce côté-là qu'elle s'attendait à le voir débarquer. « Pas si rassurée que ça, à ce que je vois. » avait-il fait remarquer d'un ton amusé, comme s'il avait déjà oublié le bond qu'il avait fait lui-même quelques instants plus tôt. Poussé par l'obscurité, donnant à la proximité un sens un peu différent, il avait continué de tâtonner un peu, deviné que Yasmine lui tournait à moitié le dos et enroulé ses bras autour de sa taille. « Je suppose que j'ai gagné cette partie de cache-cache aussi. » avait-il alors simplement glissé à son oreille, avec une pointe d'amusement.
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Message(#)#25. what if what i want makes you sad at me (yasmine) EmptyMer 7 Sep 2016 - 7:17



WHAT IF WHAT I WANT MAKES YOU SAD AT ME

when life leaves you high and dry, i'll be at your door tonight, if you need help. i'll shut down the city lights, i'll lie, cheat, i'll beg and bribe to make you well.

« Tout ce que je dis, c'est que c'est comme ça que commencent un paquet de films d'horreur. » Au delà de son côté protecteur Hassan avait toujours été un peu taquin et quand il s’agissait de donner la frousse à Yasmine c’était le premier à pointer son nez. Elle ne comptait plus le nombre d’histoire d’horreur que son frère et lui avaient raconté en tentant de l’effrayer – souvent en y arrivant quand plus jeune, elle osait s’aventurer camper avec eux. Mais au final c’était toujours une bonne excuse pour venir s’inviter dans la tente d’Hassan prétextant de ne pouvoir dormir à cause de la peur. En réalité elle avait toujours aimé la présence rassurante d’Hassan à ses côtés. « Je pourrais toujours venir me réfugier dans tes bras si j’ai trop peur. » Evidement aujourd’hui leur rapprochement physique n’étaient plus aussi anodins qu’à l’époque, bien que les habitudes de contact physique qu’ils avaient toujours gardé entre eux empêchait Yasmine de se faire des idées la plus part du temps. Hassan la traitant comme une petite soeur depuis toujours. « Ça, j'espère bien avoir investi dans un argument imparable pour les avoir un peu à la maison pendant leurs vacances. » Avait ajouté Hassan à son propos alors qu’elle imaginait aisément les enfant de Qasim évoluer dans ce nouvel environnement. Puis d’une certaine manière c’était aussi un moyen de les lier à ces grands-parents, qu’ils n’avaient malheureusement jamais connus. C’était peut-être un peu pour ça que Yasmine c’était toujours imaginée que si quelqu’un devait habiter à nouveau cette maison, ça serait l’ainé de la famille Jaafari. « Moi aussi ... Mais je crois qu'il faut qu'on se fasse à l'idée qu'il est bien à Sydney. » Yasmine c’était faite à l’idée et si elle adorait Qasim son départ avait été bien moins difficile à accepter que celui d’Hassan pour bien des raisons. La première étant qu’il avait toujours démontré un détachement plus grand laissant supposer qu’il finirait par s’établir ailleurs, de quoi préparer tout le monde. « Et il est au courant, oui. C'est le seul à qui j'en ai parlé avant de signer la vente, je ne l'aurais pas fait si il avait été contre. » Hochant la tête elle c’était sentie un peu rassurée. Au moins elle ne risquait pas de gaffer en lui en parlant.

Pénétrant dans la maison qui était maintenant celle d’Hassan, Yasmine c’était laissée submerger par les émotions, par les souvenirs. Puis elle avait tenté d’imaginer le futur, la façon dont Hassan allait changer cette maison pour se l’approprier totalement. Et pris d’une envie soudaine - sans doute provoquée par le lieu - elle avait lancé une partie de cache-cache. « T'es certaine de vouloir jouer à ça, Yas' ? » « Oh que oui ! » Sa voix amusée avait raisonné dans la pièce adjacente à celle où Hassan évoluait pour le moment plus lentement. Plus mince et souple que ses ainés Yasmine avait toujours été forte à ce petit jeu. Ou alors ils avaient souvent fait mine de ne pas la voir pour lui faire plaisir.   « Ça ne te rappelle rien, cette partie de cache-cache ... ? Celle où Sohan et moi on t'as fait croire qu'on était repartis sans te trouver ... » Comment aurait-elle oublié ça ? Elle en avait pleuré pendant de longues minutes.   « On était beaucoup moins fiers de nous quand on t'as retrouvée en train de pleurer derrière ton arbre. » Heureusement ils avaient su se faire pardonner. Comme toujours. Puis Yasmine était bien incapable de leur en vouloir plus de quelques minutes. « Je pourrais repartir et te laisser ici ... tu n'es pas une froussarde après tout, c'est toi qui l'a dit. Je t'ai déjà dit que ma mère pensait que cette maison était hantée ? » Restant silencieuse, Yasmine avait pourtant levé les yeux au ciel, secouant la tête en écoutant les bêtises d’Hassan probablement destinées à lui faire faire un bruit de façon à ce qu’il ait un indice sur sa position. Bloquant sa respiration pour qu’il ne l’entende pas elle avait sursauté en sentant le contact de sa main - alors qu’elle le croyait encore loin d’elle. Et commencé à rire alors qu’il ajoutait. « Pas si rassurée que ça, à ce que je vois. » Les mains du jeune homme cherchant à comprendre sa position il était finalement venu entourer sa taille avec ses bras. « Tu m’as surprise simplement. J’avais souvenir que tu étais plus mauvais que ça à ce petit jeu. » avait-elle répliqué encore un peu amusée. « Je suppose que j'ai gagné cette partie de cache-cache aussi. » Le son de sa voix dans son oreille et ses bras qui l’entouraient lui avait provoqué un frisson alors qu’elle venait appuyer se tête contre la sienne. Ses mains se posant sur les bras puissant du brun pour se blottir un peu plus contre lui. « On dirait bien. » Dans le noir de la pièce elle avait fermé les yeux pour profiter de ce contact avec Hassan tournant légèrement la tête pour poser un baiser sur sa joue à la suite de quoi sa tête était revenue se positionner contre la sienne dans le silence soudain de la pièce. « Un jour j’aimerais aussi avoir une maison comme ça… » C’était peut-être ça son rêve au fond, quelques chose de bien plus cliché que ses rêves d’enfants, avec le temps sa mère avait fini par lui donnait l’envie d’une famille, d’un mari. L’envie de vivre quelque chose de vrai - de fort - mais son coeur avait toujours appartenu à Hassan, tout en sachant pourtant que cette histoire n’existerait jamais, que cette maison ne serait jamais la sienne.

« Et tu n’as même pas eu le droit à ta récompense pour m’avoir trouvé. » Se retournant elle avait posé ses mains sur le torse d’Hassan, puis elle les avait fait remonter le long de sa nuque pour venir emprisonner son visage et visualiser ses traits dans son esprit. Elle avait pensé l’embrasser sur la joue - comme elle le faisait parfois étant jeune pour le féliciter mais sans réfléchir ses lèvres s’étaient posées sur les siennes. Un baiser rapide - à peine perceptible qu’elle s’était déjà reculée, mais pourtant elle l’avait fait. « J’ai entendu dire que c’était une façon de féliciter un gagnant en France. » Ce n’était pas faux, elle savait pourtant que ça devait être un de ses mythes stupides qui laissaient croire qu’en France tout le monde s’embrassait goulument sur la bouche sans aucune retenue. Extrêmement troublée par le geste qu’elle venait de faire Yasmine s’était décollée d’Hassan. « Tu avais raison au final je ne vois pas grand chose… On reviendra de jour. On y va ? » Emboitant le pas elle c’était dirigée assez rapidement vers la porte comme pour empêcher son malaise de croitre d’un coup et son esprit de se rendre compte de ce qu’elle avait osé faire. Dans sa tête elle se persuadait pourtant que ce n’était pas grand chose - qu’Hassan avait du à peine s’en rendre compte - qu’il s’en fichait de toute façon - ou avait du penser qu’elle n’avait pas bien visée, une fois de plus. Sur le chemin du retour elle avait meublé la conversation de banalité pour être sur de ne surtout pas laisser place à un blanc jusqu’à ce que son immeuble se dessine enfin. « Au fait ! Je ne t’ai pas donné ton cadeau d’anniversaire ! » Une vrai excitation avait alors pris la place du reste et elle était venue attraper sa main pour le pousser à accélérer le pas alors qu’elle le tirait derrière elle jusqu’à la porte principale de l’immeuble. Plutôt que de se diriger vers son appart elle avait alors pris le chemin de sa cave qu’elle avait entrepris d’ouvrir. Une fois la porte entrouverte elle s’était alors tournée vers Hassan croisant son regard pour la première fois depuis qu’elle avait eu l’audace de poser ses lèvres sur les siennes elle avait chassé son trouble du mieux qu’elle pouvait pour se concentrer sur ce qui les amenait ici. « Bon je dois t’avouer qu’après ta surprise de la maison… C’est un peu… C’est pas grand chose… Mais je tenais vraiment à te le donner. » Ouvrant la porte elle avait laissé entrevoir le vélo d’Hassan. Celui de la photo qu’ils avaient regardé ensemble quelques jours auparavant. « J’ai appelé ton frère après qu’on ait parlé de ce vélo ensemble et en fait il s’avère que c’était ma mère qui l’avait récupéré, planqué dans le bazar qu’elle garde au grenier. Je l’ai retapé avec Ezra, c’est un ami qui tient un garage. Il est comme neuf et… » Elle c’était approchée un peu du vélo pour tapoter le porte bagage flambant neuf. « Je me suis fait un petit cadeau aussi. » Il n’était pas certain qu’elle remonte un jour sur ce porte bagage mais le reconstruire avec Ezra avait suffi à raviver son plaisir. Relevant les yeux sur Hassan pour regarder ça réaction elle avait ajouté. « Comme tu n’as plus de voiture je me suis dit que… Ca pourrait t’être utile. » Elle avait légèrement souri attendant une réaction de sa part.

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#25. what if what i want makes you sad at me (yasmine) Empty
Message(#)#25. what if what i want makes you sad at me (yasmine) EmptyVen 9 Sep 2016 - 13:06

Lorsque, la semaine précédente, Hassan avait mis pour la première fois les pieds dans cette maison tout seul et en tant qu'unique propriétaire, il avait eu un sentiment étrange et presque désagréable qui l'avait cloué sur place pendant plusieurs minutes. Une hésitation, une angoisse incohérente qui lui avait fait se demander l'espace d'un instant s'il avait pris la bonne décision en rachetant cette maison. En souhaitant donner un second souffle à cet endroit qui aurait pu ne rester qu'une boite à souvenirs devant laquelle passer régulièrement sans l'ouvrir. Mais ce soir rien de tout cela. Lorsqu'il avait glissé la clef dans la serrure et pénétré dans la pièce à la suite de Yasmine il s'était senti apaisé, comme si l'enthousiasme de la jeune femme terminait finalement de le persuader qu'il avait pris la bonne décision. Il leur fallait faire fonctionner leurs souvenirs pour se réapproprier l'endroit, que vingt années avaient malgré tout profondément modifié, mais Hassan avait malgré tout la sensation d'y avoir conservé ses marques et n'avait aucun mal à se repérer dans le noir, guidé par son instinct et ses souvenirs se chargeant de redessiner dans sa tête ce que l'obscurité l'empêchait de se figurer. Retrouvant trace de la brune en étant presque aussi surpris qu'elle, il avait malgré tout souligné sa surprise avec amusement « Tu m’as surprise simplement. J’avais souvenir que tu étais plus mauvais que ça à ce petit jeu. » Laissant échapper un rire il avait passé ses bras autour de sa taille avec douceur, non sans manquer de faire remarquer qu'il avait gagné. « On dirait bien. » Les mains de Yasmine avaient glissé par dessus les siennes, et Hassan avait laissé sa tête reposer contre celle de la jeune femme sans aucune volonté immédiate de la lâcher. C'était comme s'il ne prenait pleinement conscience du fait qu'elle allait lui manquer seulement maintenant qu'il lui avait fait part de sa décision, comme s'il tentait d'emmagasiner un peu de sa présence pour palier au fait qu'il en serait bientôt privé. « Un jour j’aimerais aussi avoir une maison comme ça … » Il avait esquissé un sourire pensif, déposant ses lèvres sur sa tempe avec douceur et fait remarquer, un brin taquin mais un brin sérieux « Du moment qu'elle n'est pas trop loin de celle-ci. » C'était tout à l'image de la forme de possessivité qu'il pouvait avoir envers elle. Pas le genre de possessivité que pouvaient avoir ses parents vis-a-vis d'elle et qu'il réprouvait, mais cette incapacité à savoir se passer d'elle sans ressentir un grand vide. Un manque, semblable à celui qui l'avait habité pendant les quelques semaines où ils ne s'étaient plus adressés la parole.

Il restait là, Yasmine serrée contre lui et il savait qu'il serait probablement temps qu'il bouge au lieu de prendre racine, mais il avait un peu de mal à s'y résoudre et ce fut finalement elle qui, se dégageant doucement de son étreinte, s'était retournée pour lui faire face « Et tu n’as même pas eu le droit à ta récompense pour m’avoir trouvé. » S'apprêtant sans doute à faire une remarque amusée ou à demander quel genre de récompense elle avait à l'esprit, il avait été coupé dans son élan par les mains de Yasmine remontant sur son torse, ses épaules et enfin son visage. Il forçait sur ses yeux pour tenter d'apercevoir une vague silhouette, les traits même les plus vagues de son visage malgré l'obscurité totale, et pourtant il avait été totalement pris par surprise lorsque les lèvres de la jeune femme étaient venues se poser contre les siennes. Ça n'avait duré qu'une seconde à peine, après quoi elle avait murmuré « J’ai entendu dire que c’était une façon de féliciter un gagnant en France. » en se détachant de lui, mais Hassan était resté quelques longues secondes supplémentaires à tenter de comprendre ce qui venait de se passer tout en peinant à calmer son rythme cardiaque. « J'ignorais que j'avais affaire à une experte en culture française. » Le ton taquin et la première tentative de répartie qui lui était passée par la tête, pour tenter de se donner une contenance quand en réalité il sentait la situation lui échapper un peu. « Tu avais raison au final je ne vois pas grand chose … On reviendra de jour. On y va ? » N'attendant pas vraiment sa réponse, Yasmine s'était détachée de lui et avait retrouvé à tâtons son chemin jusqu'à la sortie, concluant - à raison - qu'Hassan la suivrait sans poser de question.

Il n'en avait pas posé beaucoup plus sur le chemin du retour d'ailleurs, se contentant de répondre et de la suivre dans ses tentatives pour meubler la conversation, mais ses doigts finissant malgré tout par aller attraper ceux de Yasmine tandis qu'ils rejoignaient son immeuble. « Au fait ! Je ne t’ai pas donné ton cadeau d’anniversaire ! » Resserrant sa main autour de la sienne elle avait accéléré le pas alors que sa rue était toute proche, coupant court à toute question éventuelle d'Hassan lorsqu'arrivés à bon port elle leur avait fait prendre non pas le chemin de son étage mais celui du sous-sol et des caves « Après la maison hantée la cave ? T'as décidé de vivre dangereusement ce soir ? » Se laissant néanmoins entraîner sans broncher jusqu'à la cave correspondant à l'appartement de Yasmine, il s'était immobilisé derrière elle sans broncher, emprunt d'un brin de curiosité malgré tout en se demandant quel rapport entre le cadeau d'anniversaire qu'elle avait évoqué et cette cave sombre. « Bon je dois t’avouer qu’après ta surprise de la maison … C’est un peu … C’est pas grand chose … Mais je tenais vraiment à te le donner. » Fronçant les sourcils devant tant de mystère, et en même temps l'esprit toujours un peu troublé par le baiser échanger dans l'obscurité de la maison, il avait avancé de quelques pas jusqu'à entrevoir ce que Yasmine lui désignait « Est-ce que c'est ... ? » Est-ce que c'était bien ce qu'il pensait ? Laissant sa main glisser sur le guidon du vélo, il écoutait du même temps Yasmine tandis qu'elle reprenait « J’ai appelé ton frère après qu’on ait parlé de ce vélo ensemble et en fait il s’avère que c’était ma mère qui l’avait récupéré, planqué dans le bazar qu’elle garde au grenier. Je l’ai retapé avec Ezra, c’est un ami qui tient un garage. Il est comme neuf et … » Il était même plus neuf que dans les souvenirs d'Hassan, en réalité, il n'avait plus rien du vélo d'occasion pour lequel il avait du à l'époque économiser son argent de poche. « Je me suis fait un petit cadeau aussi. » Sa main avait continué de glisser sur le guidon, jusqu'au porte-bagage où à nouveau elle était venue se poser sur celle de Yasmine « Comme tu n’as plus de voiture je me suis dit que … Ça pourrait t’être utile. » Utile, probablement. Mais c'était bien plus le côté sentimental que le côté utile qui sautait aux yeux d'Hassan concernant ce vélo « Je sais pas quoi te dire, Yas c'est … » Il avait observé le vélo à nouveau, avec un mélange de curiosité et de fébrilité, et presque des fourmis dans les jambes par envie de l'essayer. « Merci. C'est le cadeau parfait. » Le genre de cadeaux pour lesquels il n'y avait qu'elle pour tomber juste. Reposant les yeux sur Yasmine en souriant, il avait attrapé ses mains et laissé passer un moment de flottement, pris d'hésitation avant de se risquer à lui voler un baiser. A peine plus évocateur que le précédent, mais en laissant leurs lèvres se frôler et se rencontrer un peu plus longtemps que précédemment. « J'suis certain que c'est aussi comme ça que les français disent merci. » Une lueur malicieuse dans les yeux malgré la sensation de s'aventurer sur une pente glissante, il avait conservé leur proximité quelques instants avant de se décider à en revenir au vélo.

Passant devant Yasmine pour la laisser refermer la porte de la cave, il avait ensuite fermé la marche en poussant le vélo jusqu'à regagner le hall de l'immeuble, cette fois-ci dans le silence le plus total. Hésitant quant à s'il devait accompagner Yasmine jusqu'à la porte de son appartement ou non, principalement parce qu'il ne voulait pas avoir l'air envahissant mais qu'il ne parvenait pas non plus à se retirer totalement de la tête la mésaventure arrivée à la jeune femme quelques semaines plus tôt, il avait repris à voix basse « Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas eu une soirée comme celle-là. Juste ... une bonne soirée, tu vois ? Avant ... tout ça. » Avant son agression à elle, avant ses déboires à lui, avant que sa dépression ne le pousse inconsciemment à négliger une relation dont il ne parvenait pourtant pas à se passer. « Ça va aller, toi ? » Sa question pouvait prendre plein de sens différents, sans qu'il ne prenne la peine de préciser parce qu'au fond il ne savait même pas lui-même le sens qu'il voulait lui donner. Est-ce qu'elle parvenait à oublier sa frayeur de la dernière fois, est-ce qu'elle voulait qu'il l'accompagne jusqu'à son étage, est-ce qu'elle digérait le fait qu'il ait décidé d'accepter le poste à Téhéran, est-ce qu'elle relativisait un peu les querelles entre son frère et sa mère qui semblaient continuellement la laisser soucieuse ... Sa question état tellement vague, et voulait dire pourtant à peu près tout cela, et sans doute pas seulement. Et est-ce qu'elle aussi avait ce flottement dans la poitrine et l'esprit toujours bloqué du côté de la cave, de l'obscurité de la maison de Logan City et de leurs lèvres qui se frôlaient ?
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Message(#)#25. what if what i want makes you sad at me (yasmine) EmptySam 10 Sep 2016 - 9:17



WHAT IF WHAT I WANT MAKES YOU SAD AT ME

when life leaves you high and dry, i'll be at your door tonight, if you need help. i'll shut down the city lights, i'll lie, cheat, i'll beg and bribe to make you well.

Yasmine avait d’abord instauré une certaine distance après ce baiser furtif qu’elle avait posé sur les lèvres d’Hassan. Si il avait semblé le prendre plutôt bien, elle, pour sa part, était plus que perturbée et sa logorrhée verbale le prouvait. Elle avait tout de même fini par se rendre compte que son débit de mots ne permettait pas à Hassan d’en placer un – ce qui au fond était peut-être ce qu’elle cherchait inconsciemment – et fermée un instant la bouche. Instant qu’Hassan avait choisi pour venir attraper sa main, mêlant ses doigts aux siens dans un geste tendre, ce qui l’avait de suite rassuré. Puis voyant son immeuble se dessiner, elle l’avait entrainé avec elle dans sa course jusqu’à la cave du bâtiment, son esprit maintenant bien plus occupé par la surprise qu’elle lui réservait. « Après la maison hantée la cave ? T'as décidé de vivre dangereusement ce soir ? » Un peu amusée, elle lui avait répondu du tact au tact. « Tu déteins sur moi il faut croire. » Puis fouillant dans son sac et en ressortant les clefs, elle les avait brandi devant Hassan fièrement. « Mais j’ai les clefs moi ! » C’était une référence à la petite escapade qu’il leur avait fait faire, même si Hassan avait finalement avoué que lui aussi avait les clefs et qu’il avait simplement voulu pimenter un peu les choses.  Arrivée à la cave, elle s’était stoppée, et si l’espace d’un instant elle avait eu peur que la grande nouvelle de l’achat de sa maison ne vienne un peu amoindrir son cadeau elle n’avait pourtant pas pu s’empêcher de sautiller d’impatience alors qu’elle ouvrait la porte de sa cave pour lui montrer la surprise. « Est-ce que c'est ... ? » Rapidement un sourire avait envahi le visage de Yasmine alors qu’elle observait la réaction de son ami, lui expliquant comment elle en était arrivée à ce cadeau. Elle avait passé une partie de son temps libre à le retaper à l’aide du garagiste, mais c’était quelque chose qui lui tenait vraiment à cœur. Peut-être un peu parce que ça lui avait fait du bien à elle aussi. Occuper son esprit était la meilleure chose à faire pour elle en ce moment et ce vélo - qui était une mine d’or en terme de souvenirs - avait été un passe temps parfait depuis son agression.

Toujours silencieux Hassan avait fait glisser sa main le long du vélo pour finir par retrouver celle de la jeune femme. Quand sa peau avait à nouveau touché la sienne, elle avait senti un léger picotement la parcourir alors qu’elle relevait le regard pour le poser dans le sien attendant une réaction de sa part. « Je sais pas quoi te dire, Yas c'est … » Pinçant un peu les lèvres elle avait attendu nerveusement la suite. « Merci. C'est le cadeau parfait. » Son cœur s’était emballé en entendant ses mots. Ou peut-être était ce le regard qu’il avait posé sur elle à cet instant, la façon dont il avait emprisonné ses mains dans les siennes. Puis d’un coup ses lèvres qui étaient à nouveau rentrées en contact avec les siennes. Submergée par une vague de sentiments, Yasmine avait à peine su réagir et si elle avait eu cette fois le plaisir de réellement gouter la saveur de ses lèvres, il s’était tout aussi rapidement retiré. La laissant un peu troublée. « J'suis certain que c'est aussi comme ça que les français disent merci. » Elle n’aurait pas su dire combien de temps avait duré l’instant suivant. La simplicité de ce silence, d’un regard échangé et de ce petit air taquin qu’elle avait redécouvert sur le visage de son ami. Finalement pourtant ils s’étaient quittés. Yasmine ayant un peu de peine à retrouver sa place après cet événement. Elle tentait de cacher son trouble, et les questions qui lui venaient à l’esprit et qu’elle chassait aussi vite en se persuadant qu’il avait simplement voulu la remercier. Que ça ne voulait rien dire de plus que ça – un clin d’œil à son geste hasardeux dans la noirceur de sa nouvelle maison. Rien de plus… Rien de plus…

Elle l’avait suivi jusqu’au hall d’entré de l’immeuble silencieuse, trainant presque le pas comme si l’idée de le laisser partir l’affolait un peu. Elle aurait voulu qu’il reste, encore qu’ils parlent jusqu’au bout de la nuit – mais elle était bien incapable de lui faire un telle proposition. Parce qu’elle aurait sans doute été un peu déplacée – peut-être aussi qu’elle avait peur de ce qu’il pourrait alors penser. C’était finalement lui qui avait repris la parole une fois devant l’entrée. « Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas eu une soirée comme celle-là. Juste ... une bonne soirée, tu vois ? Avant ... tout ça. » Elle voyait parfaitement et s’apercevait de la véracité de son propos. Et à quel point cette simplicité de la relation avec Hassan lui avait manqué. Avant d’être celui qui avait volé son cœur il était son meilleur ami et sans doute une des seules personne avec qui elle se sentait vraiment elle – sans jamais avoir besoin de  se cacher, de se protéger. « Oui… Merci de m’avoir emmené chez toi… Et de m’avoir parlé… sincèrement. » Elle lui avait fait un léger sourire. Même si Hassan n’avait pas eu les mots qu’elle espérait, il avait fait ce qu’il avait promis de faire – il l’avait prévenu. Il avait été d’une honnêteté parfaite ce soir et c’était quelque chose qui importait par dessus tout pour Yasmine. Un moyen pour elle aussi de retrouver la confiance qu’elle avait pendant des années placée en son ami – avant qu’il ne commette un geste stupide et l’effiloche un peu. « J’ai eu l’impression de te retrouver… » Pas vraiment comme si elle l’avait perdu mais comme si il était devenu un peu un autre parfois. Un homme différent – tellement plus sombre. Ce soir elle avait vu de lui ce côté plus taquin et heureux… Elle avait eu l’impression qu’un réel changement commençait à s’opérer sans trop savoir d’où il venait. Mais au final ça n’avait pas vraiment d’importance. « Ça va aller, toi ? » Cette question vague en comportait tellement qu’elle aurait sans doute pu rester encore de longues minutes sur le pas de la porte à lui parler mais au lieu de ça elle s’était contentée d’un globale. « Ca va aller… » Ponctué d’un sourire sincère avant de venir se glisser dans les bras d’Hassan, ou plutôt le bras puisque l’autre tenait encore le vélo qu’elle lui avait offert. Entourant ses bras autour de son buste elle avait posé la tête sur son épaule, s’enivrant un peu honteusement de son odeur avant qu’il ne la quitte. Elle avait ensuite posé un très rapide baiser dans son cou avant de se séparer de lui et de monter assez rapidement les quelques premières marches puis se retournant elle lui avait souri une dernière fois pour cette soirée. « Bonne nuit Hassan. » Elle ne lui avait pas demandé de message pour la rassurer une fois rentré chez lui, mais espérait que le jeune homme la connaisse assez pour savoir qu’elle allait en attendre un. Se retournant elle avait cette fois grimpé jusqu’à son appartement et une fois la porte fermée, elle s’était immobilisée un instant, passant deux doigts coupables sur sa bouche sans oser croire ce qui c’était passé. Il lui semblait pourtant encore sentir l’arôme de ses lèvres sur les siennes… Un arome honteusement délicieux.


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