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 cherlou + sometimes I feel like a hostage

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Message(#)cherlou + sometimes I feel like a hostage EmptyLun 22 Aoû 2016 - 16:59


☙ Sometimes I feel like a hostage

« Votre nom ? » Ca y est, j’ai sauté le pas. J’y suis. J’ai campé toute une semaine dans le parc devant l’institut, planquée, regardant les grilles en cherchant le courage d’entrer. Tout en piquant, sniffant, et fumant à volonté, un peu comme si chaque jour était le dernier, car tous les matins je me disais "ce soir, t’y vas, alors défonces-toi parce qu’après ça sera fini, pour toujours’’. Et tous les soirs, je me dégonflais. Si je suis là de mon propre gré ? Bien sûr. Malgré mon air absent et dépité, mon allure de zombie, une partie de moi est soulagée d’être entre ces murs. « Mademoiselle, votre nom, s’il vous plaît. » Si c’est moi qui ait passé la grille ? Absolument pas. C’est la police qui m’a trouvée pataugeant dans ma bave et m’a jetée ici avec courtoisie, estimant me faire une fleur de me faire inscrire ici afin que je sois admise plutôt que de me coffrer directement et que la cure fasse partie d’une peine de prison que je devrai purger par la suite. Ca existe, les flics chouettes. « Lou Aberline. » je murmure, la voix rauque, les lèvres si séchées et gercées qu’elles forment presque des cratères sanguinolents. Mes yeux sont perdus dans deux puits noirs, comme des renfoncements dans mon crâne de poupée. Je ne saurais même pas dire depuis combien de temps je n’ai pas mangé. « Pièce d’identité ? » Pas certaine d’en avoir une, je fouille quand même dans mes poches, mes chaussettes, mon soutif, et trouve un bout de plastique recroquevillé avec ma photo et mon nom. « Il y a écrit Grimes, là-dessus. » fait remarquer la jeune femme de l’accueil avec un certain dédain que son patron ne serait pas ravi d’entendre. Mais je ne me vexe pas, j’ai vu de bien pires connasses. Elle, c’est qu’un caniche. « Je sais. Mais inscrivez Aberline. » Disons que j’ai préféré flinguer ma vie dans mon coin en épargnant le nom de mes parents, qui ont une vie, une carrière, une situation. Ca serait sympa si la nana voulait bien coopérer. Elle soupire et tape d’autres renseignements à mon sujet, met le tout dans une pochette cartonnée jaune qu’elle pose sur le comptoir, puis m’indique la salle d’attente –composée spartiatement d’un canapé et quelques chaises autour d’une table trop basse débordante de flyers sur le bien-être, le zen et d’autres hobbies d’hippies poilus. « Attendez ici. Un médecin va vous voir. » Sans la moindre expression, toujours aussi fantomatique, je flotte jusqu’au canapé et m’assois. Mon regard s’est complètement perdu sur un gros titre d’un magazine. Reprenez votre vie en main, clament-il entre un article sur les bienfaits du yoga et du jardinage.

« Qu’est-ce que vous consommez ? » Assise sur la table d’occultation du médecin, à moitié nue, mes jambes sont si courtes que mes pieds ne touchent pas le sol, ma peau est si pâle que l’éclairage blanchâtre met en valeur mes veines abîmées et ma peau vieillie, ma silhouette est si maigre que je mes côtes disent bonjour au bon docteur. « Shit, crack, héro, je commence à énoncer comme une comptine de petite fille sage, coke, exta, meth, K… » Tout ce qui se pique, tout ce qui se fume, tout ce qui s’inspire et se boit. Qu’importe, tant que l’effet est là, tant que je m’amuse, que le temps et l’espace perdent leur sens, et que l’existence ne soit plus qu’un concept bien flou. « Je vois. C’est votre première cure ? » Je pouffe. J’essaye de me retenir, mais je ris. Oh, si seulement, bon monsieur. Mais non. C’est la cure de la dernière chance, celle-là. Peut-être la sixième, ou la dixième, ou la centième, je ne sais plus. Mais ce qui est certain, c’est que si ça foire, alors c’est qu’il n’y a aucun espoir pour moi. J’aurai réussi à faire partie intégrante des abysses, et j’y mourrai dépouillée de mes vêtements et de ma dignité dans un squat ou sur un trottoir sombre. « J’ai comme l’impression qu’il ne vous reste plus beaucoup de veines à piquer. » constate le doc’ en palpant mes bras, mes mains, mes jambes, mes pieds. Bravo Sherlock. Ouais, parfois je n’arrive même plus à marcher quand je me rate en me piquant entre les orteils. C’est pitoyable, mon corps est un gruyère desséché. Toi aussi tu te demandes comment on va réussir à récupérer quelque chose là-dedans ? Bon courage, mon coco. Je remets mon top et mon short pendant qu’il griffonne des phrases inintelligibles dans mon dossier tout neuf. Il me pose quelques questions, écrit encore, puis réfléchit. « Nous allons vous garder ici, Lou. Vous n’avez pas le profil de ceux que nous pouvons traiter en hôpital de jour, votre environnement et votre mode de vie seraient un frein à votre traitement. Alors nous allons vous trouver une place dans une chambre parmi nous. » Rapidement, il fouille dans son propre petit tas de flyers sur son bureau. A croire que c’est une lubie ici. Il m’en tend un dont le design aurait pu être interdit par la police du bon goût depuis les années quatre-vingt. « Vous trouverez toutes les informations dont vous avez besoin ici. » Puis il me redépose dans la salle d’attente. Rapidement, je vois sur le dépliant que les chambres sont doubles. L’isolement, c’est pas bon, noté. Ils ont des activités, des endroits où se reposer, où faire du sport. Se dépenser, c’est bien, noté. Ils utilisent des techniques révolutionnaires pour être sevré sans douleur, sans ressentir les effets du manque qui sont la hantise de tout junkie. Les visites et les sorties sont autorisées si elles sont demandées à l’avance. Ce n’est pas une prison, en gros. C’est comme une colonie de vacances, je me dis pour me rassurer, recroquevillée sur ma chaise.

« Monsieur Willis, je vous laisse vous occuper de Lou, notre nouvelle pensionnaire. » Il me faut quelques secondes pour réaliser qu’on parle de moi. Alors mon regard se lève lentement, glissant le long de l’homme face à moi jusqu’à son visage. Il a des yeux d’extraterrestre. Cette couleur vient forcément d’une autre planète. Alors me voilà officiellement pensionnaire de ce centre. D’après le médecin je peux en avoir jusqu’à trois mois. Moi je me dis que j’aurai de la chance si je sors dans trois ans.
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Message(#)cherlou + sometimes I feel like a hostage EmptyLun 22 Aoû 2016 - 21:22



"Sometimes I  feel like an hostage"

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Il y a parfois de ces matins où je me demande, par un curieux hasard, pourquoi diantre ai-je donc décidé de bosser ici, parmi tous ces paumés aka junkie aka rejets de la société? C'est vrai. Après m'être fait ruer de coups par un jeune fringuant en pleine psychose, le cerveau qui déraillait, le gros délire, après avoir appliquer une contention forcée à  ce dit jeune homme, après avoir reçu un coup de pied directement sur mes parties, mes précieuses, après que l'on m'aie traité de tête de gland, d'imbécile et même de fiotte, de pédale et j'en passe. Après tout ce cirque infernal, je restais tout de même. Sept ans. Sept ans que je prodiguais des soins en ces lieux. Sept ans à tantôt m'improviser psychologue, tantôt gardien de sécurité... Si vous ne le saviez pas déjà, l'infirmier devait revêtir plusieurs costumes, dûs aux tâches assez variées qu'on lui confiait. Mais je n'avais pas à me plaindre, même si l'envie était là, tentante, aguicheuse. Car c'était le besoin d'aider mon prochain qui m'avait poussé à rester ici. Les drogués, les addict' les junkies, name it. L’appellation qui vous interpelle le plus. Ils sont rejetés par la société actuelle. Personne ne veut les aider. Les autorités font l'autruche, elles remettent toujours tout à plus tard. Et ça me fâchait au plus haut point: pourquoi remettre à demain une tâche aussi colossale et vitale? Ces individus devaient lutter et être soutenus dans cette lutte. Ces individus devraient être réhabilités, au même titre que ceux qui sortent de prison. Mais il n'en était rien. Le système était malade, quoique l'on dise, quoique l'on fasse, nous n'étions que spectateur dans ce théâtre qu'était ce pays.

Je fais ma tournée habituelle, je passe des médicaments dans les chambres, doubles. Je m'assure que tout le monde est bien là. Je les connais presque tous par leur prénom. Certains partent, puis reviennent. On les appelle " les habitués " au même titre qu'un ivrogne qui passe sa vie au bar, ici c'était les drogués, les vrais. Et ils récidivaient tout le temps.D'ailleurs quand j'entrai dans la chambre de  ces jumelles de tout juste 20 ans, je souris doucement. Jenny et Clara. Elles étaient ici depuis le mois passé. Deux jeunes femmes intelligentes, désireuses d'étudier. Elles, elles avaient des projets. Une voulait devenir avocate. L'autre médecin.« Comment ça va Jenny? Est-ce que tu as encore des souffrances abdominales comme hier? » Avais-je soufflé un petit sourire sur les lèvres avant de m'approcher doucement de son lit, enfin de leur lit. La jeune femme regardait brièvement le sol de ses yeux cernés « Oui j'ai très mal dormi la nuit dernière! » Je prend ma feuille de route, celle de mes patientes. S'y trouvait toutes les informations nécessaires, dont les médicaments prescrits. Je jette un bref coup d'oeil et déclarais « J'vais voir ce que je peux faire pour te soulager un peu » Vous n'étiez pas sans savoir que certaines drogues pouvaient détruire la flore intestinale, le foie, mais aussi l'estomac. Ce n'était donc pas rare d'avoir des patients souffrants d'affreuses ulcères, ou de colon irritable. J'en avais l'habitude. « Clara, prends ça » Un furtif coup d'oeil et quelques secondes plus tard, j'étais déjà reparti. J'étais dans ce centre tous les jours, sauf les week-end évidemment, de Six heures du matin jusqu'à quinze heures. J'avais une certaine notoriété ici, j'étais avec Thomas, le seul infirmier des lieux. Tout le monde finissait par admirer ma franchise, ma sincérité. Ça ne plaisait pas toujours, certes, mais au moins je ne les prenais pas en pitié et je ne les prenais pas de haut non plus.

Et ce qui différenciait ce centre de tous les autres, c'était la liberté. Les usagers ne s'y sentaient pas en prison, ils se sentaient libres de leur propre choix. Ils pouvaient sortir, venir, repartir.Du moment que c'était autorisé, du moment que t'étais un peu moins une épave.Ce devait être un matin comme tous les autres, pensais-je alors. Mais malheureusement, ça ne l'était pas. Mais alors pas du tout. Il arrivait souvent de nouveaux patients, régulièrement même. Peut-être pas au quotidien, mais disons une fois les deux ou trois jours. La drogue était un fléau de la société. C'était le mal.Ça bouffait la vie, l'argent, le bonheur. Et il y en avait constamment des nouvelles, plus nocives que  ses précédentes cousines. On se retrouvait parfois en " rush " dans le centre, trop de nouveaux patients d'un coup. Ça en faisait des masses à gérer. Mais c'était pas mal. Nous formions une équipe exceptionnelle. Tissés serrés, on pouvait surmonter n'importe quelle épreuve. Mais moi, en tant qu'individus, je ne pouvais pas surmonter le flot de sentiments,violents et soudains, qui montaient en moi, tel l'écume de l'océan quand je la vis elle. « Monsieur Willis, je vous laisse vous occuper de Lou, notre nouvelle pensionnaire. » Avant de lire son dossier, et d'y apercevoir son nom, je ne savais pas qui elle était. Il ne s'agissait que d'une étrangère, qui se dopait, voilà tout. C'était plus simple ainsi. Elle était cette junkie amaigrie aux yeux cernés avec un visage pourtant tellement angélique. Comme quoi il ne fallait jamais se fier aux apparences. Je me voyais déjà lui prodiguer une certaine médication, des soins de confort, être son confident, son psy. J'en avais l'habitude, c'était comme ça, généralement. Je pris le dossier que me tendait le médecin un mince sourire esquissant mes lèvres. Je faillis m'étouffer avec ma salive, pris par surprise. Il était inscrit en lettres moulées LOU.LOU GRIMES. avec un petit aparté de la surnommer ABERLINE.

C'était elle. C'était elle. Mes yeux la dévisageaient rageusement sans que je ne puisse m'en empêcher. Irrésistible était la tentation de lui hurler dessus. Puis, son regard croisait le mien et je me calmai. J'affichais maintenant un visage impassible.« Miss Aberline. » miaulais-je alors le dossier en main.Je poussai  un sifflement admiratif « Et bien ma foi, vous aimez beaucoup les trucs lourds on dirait bien. » Je déposai le dossier  sur une table derrière moi avant d'avancer légèrement vers ma patiente. « Je suis Archer et je serai votre infirmier pour aujourd'hui. Bienvenue au centre. »  Je disais cela d'un ton neutre, ne laissant pas présager ce que je ressentais réellement face à l'évocation de ce nom. Mais intérieurement,je me disais que c'était sa faute. Je le répétais,telle une boucle incessante, Andrew. Andrew.. Il est mort par sa faute. C'est elle. Sa faute. C'EST ELLE! « Je dois prendre votre tension, votre poids, et quelques prélèvements sanguins. Les truc de routine. Suivez-moi » Je marchai d'un pas lent, mais assuré. Je connaissais les lieux comme jamais. C'était ma deuxième maison, cet endroit. Je fis entrer ma patiente et la fit s'asseoir. Je n'étais pas doux.Je n'étais pas abrupt. Je me contentais de me la fermer, et de faire mon boulot pour déguerpir au plus vite d'ici, de ces lieux.Je détestais respirer le même air que cette traîtresse.  Je m'avançai donc vers elle et prit sa tension artérielle. Elle était basse. Rien de surprenant. Elle devait être faible, manquer crucialement de plusieurs vitamines et de repos. Dieu sait comme ces junkies ne dormaient pas. Leurs esprits ne se reposaient jamais. Je prend en notre les valeurs avant d'oublier sur le dit dossier « Mademoiselle Aberline, venez par ici. » Je lui indique une balance à la fine pointe de la technologie, toute en verre. Elle y monte et un chiffre alarmant s'y dessine : 45 kilos. Elle était maigre. Trop maigre ...mais les chiffres n'avaient pas besoin de parler pour elle, cela était évident, la peau se creusait sur son visage qui s'apparentait de plus en plus à un squelette. « Asseyez-vous je vais chercher ce qu'il me faut pour les prélèvements. »  puis je reparti aussi vite que je revins avec le nécessaire. « Inspirez profondément. 1.2.3... » je transperce agilement sa peau d'une fine aguille , la jeune femme semblait s'étonner que j'aie réussi à en trouver une , près de son poignet, qui n'était pas éclatée ou fatiguée de toutes ses injections qu'elle s'auto-donnaient. Je ris doucement « Vous n'êtes pas la première et sûrement pas la dernière que je piquerai dans cette vie. » Je remplis quatre fioles de son sang. « Veuillez me suivre s'il vous plait, je vous apporte dans votre chambre. » J'attendis qu'elle se lèvre et je la dirigeai tout au fond d'un couloir, puis je bifurquai à gauche puis à droite, sa chambre se trouvait tout au fond. Sa fenêtre donnait sur le grand jardin extérieur aménagé et conçu pour eux. Elle semblait perdue. J'avais l'habitude de les voir déconnecté de leur réalité quand ils entraient ici. Je m'apprêtais à tourner les talons pour n'affairer à autre chose, mais avant de repartir, je tenais tout de même à lui poser une question « Mademoiselle Aberline, avez-vous un but dans la vie? » Je n'attendais pas réponse de sa part mais j'avais osé demandé tout de même.

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Message(#)cherlou + sometimes I feel like a hostage EmptyMer 24 Aoû 2016 - 19:11


☙ Sometimes I feel like a hostage

Il a l’air gentil, Monsieur Willis. Il a l’expression typique de toutes les personnes qui travaillent dans ce milieu, dans le médical en général. Quelque chose de doux, de courtois. Ils cherchent à vous mettre à l’aise, mais pas trop. En confiance, mais pas trop. Sauf qu’au final, cela ne met ni à l’aise, ni en confiance ; ça ne fait que laisser le cul entre deux chaises, à ne pas savoir s’il faut rendre ce sourire ou non, si l’on peut tout dire ou s’il n’en a rien à cirer. Pour Monsieur Willis, je penche pour la seconde option. Il me rappelle le profil de quelques infirmiers que j’ai déjà croisé au cours de mes précédentes cures. Le professionnel. Celui qui sait être cool, mais n’hésite pas à mettre de la distance. Celui qui te fait croire que tu vaux quelque chose, que tu vas t’en sortir, alors qu’il sait que c’est faux. Le genre hypocrite, oui. Son rictus est hypocrite. Dans les types d’infirmiers, je préfère ceux qui te font directement comprendre que tu es un numéro. J’aime quand les choses sont à plat. Je ne veux pas qu’on me fasse croire que j’ai de l’importance alors que c’est faux. Qu’on me laisse m’attacher émotionnellement pour après me rendre compte que je ne suis personne. Quand on commence les cures, on croit préférer les infirmiers comme Monsieur Willis, voire même la catégorie au-dessus, les agneaux mielleux. Parce qu’on se dit que, pauvres de nous, il faut nous chouchouter, nous dorloter, faire attention à ne pas nous froisser. Notre corps et notre mental sont fragiles après tout, nous sommes comme des animaux blessés. Aidez-nous, aidez-nous, qu’on braille comme des bébés. Ca n’aide pas, de nous traiter comme de pauvres petites choses. C’est pire encore. Voilà donc pourquoi je me méfie des gens comme Monsieur Willis, même si je les aime bien quand ils font bien leur boulot. Je ne sais pas comment agir avec eux. Alors j’ai deux options ; me taire, ou trop parler, jusqu’à l’exaspérer. C’est dans les extrêmes que les personnalités se dévoilent. Peut-être que je le titillerai aujourd’hui, peut-être pas.

Monsieur Willis s’appelle Archer. Nous quittons la salle d’attente pour nous rendre dans une petite salle d’examen. Encore des tests. Je me laisse faire comme une poupée de chiffon. Dévitalisée, j’ai un peu de mal à soulever mon propre bras pour le tendre à l’infirmier afin qu’il prenne ma tension. Mon regard reste dans le vague, je passe le temps en regardant les fameuses lettres en noir sur blanc qui vont du plus gros au plus petit pour les examens visuels. On me mesure, on me pèse. Je suis un poids plume haut comme trois pommes avec une force de mouche. Maintenant, c’est noté dans mon dossier. Quand Archer s’en va chercher le nécessaire pour mes prises de sang, mon regard devient plus vif et se pose subitement sur lui. Je ne le quitte pas des yeux, essayant de voir où il se rend. Ca peut toujours être utile de savoir où ils planquent les aiguilles. Mais non, Lou, t’es idiote. Si tu penses comme ça dès le début, tu es mal barrée. Pourtant, c’est plus fort que moi. J’observe l’aiguille entrer dans ma peau avec cette fascination morbide. Merde, il en restait une à piquer alors. Ca fait rire Archer. « Vous faites ça bien. » dis-je de ma voix basse et monocorde de nana qui n’a qu’un seul pied dans le monde réel. Mon regard lourd se pose sur son visage. « Et vous n’êtes jamais tenté ? » Quand on pique aussi bien, quand on sait le faire sans rien abîmer, si proprement, si joliment, on l’est forcément. Juste par curiosité. « Je le serais, à votre place. » Mais peut-être qu’il l’a été, je n’en sais rien. Quoi que, il m’a l’air trop propre pour ça. Quel dommage. Une fois délestée de quelques fioles de sang, nous retournons trotter dans les couloirs du centre. Tout se ressemble ici. Je n’arrive pas à me faire de repères. Je me contente d’emboîter le pas d’Archer, et d’espérer avec une vue potable depuis ma fenêtre.

C’est le cas. La chambre est lumineuse. Etroite, mais avec le nécessaire. Il y a même une salle de bain. Petite, mais au moins, elle n’est pas commune aux autres patients. Les deux lits bordent les murs de la pièce de part et d’autre de la porte. Et, oui, la vue n’est pas mal. « Bonjour. » je souffle vaguement à la résidente déjà installée. On dirait qu’elle compte beaucoup sur l’intervention du petit Jésus pour l’aider dans sa cure. Il y a une croix au-dessus de son lit, une Bible sur sa table de chevet. Elle est sagement assis en tailleur sur son drap, et nous observe sans répondre. Je pensais que l’infirmier était déjà parti, après m’avoir déposé là, mais sa voix résonne dans mon dos. Lentement, je me tourne pour lui faire face. Si j’ai un but dans la vie ? Bien sûr, comme tout le monde. « Tenir jusqu’à demain. » Des buts à court terme. Ne pas me faire dessus dans je suis défoncée, ne pas trop doser, ne pas finir dans le lit de n’importe qui, ne pas mourir de faim, ne pas mourir tout court. « C’est le but de chaque jour, non ? » Et du jour d’après, et de celui qui le suit, tous les jours, toute la vie. Demain est un concept vaste et vague pour les junkies, pour qui le temps passe sans passer, qui ne savent jamais si le monde est sur pause ou sur avance rapide. Néanmoins, je sais bien que ce n’est pas le genre de réponse que le jeune homme attend. Ce que lui veut savoir, c’est pourquoi je suis toujours sur mes deux jambes, pourquoi je suis entre ces quatre murs, et non entre quatre planches. « Je veux… une vie normale. » je reprends, les bras croisés. « Je veux ressentir pour de vrai. Vivre pour de vrai. » On croit que nos sens son décuplés grâce à la drogue, qu’elle révèle tout. C’est du faux, c’est de l’artificiel. Au final, au perd goût à la réalité bien fade. On s’enfuit ailleurs. Et puis ce monde s’étiole, se fissure. On termine ici, sur cette passerelle qui soit nous reconduire à la réalité. « Je suppose que c’est ce qu’on veut tous ici. Tous les gens comme moi, je veux dire. Tous vos pensionnaires. » Les gens comme lui n’ont pas ce genre de buts basiques. Il doit bien en rire. Ca doit être une blague entre infirmiers. Pour eux, on est des bébés en pampers à qui il faut réapprendre à marcher. C’est ridicule, c’est minable, c’est méprisant. Comment est-ce qu’on peut tomber aussi bas, hein ? Comment est-ce qu’on peut autant se bousiller la santé ? Et surtout, comment est-ce qu’on peut croire qu’après ça, après plus de dix ans à patauger dans cette connerie, il est possible d’un jour revenir à la normalité ? Est-ce qu’on le mérite seulement ? « Et vous, Archer ? » je demande, curieuse. « Vous avez un but ? »
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Message(#)cherlou + sometimes I feel like a hostage EmptyJeu 25 Aoû 2016 - 7:22



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Mais je ne suis pas si gentil, je ne suis pas aussi doux que du cachemire et elle ignorait bien évidemment tout cela puisque nous étions, bien sûr, de réels étrangers l'un à l'autre. Par soucis professionnel, j'avais fait taire cette part en moi qui menaçait de tout faire exploser. Non. Il fallait que je me calme, que je reste zen, bien que l'envie de lui balancer tout ce que je savais se faisait lourdement sentir, je me cachai tout juste derrière ce grand et puissant mur de silence. Je me disais que j'aurai largement le temps d'élaborer un plan pour lui faire payer la mort de mon défunt meilleur ami.Cependant, l'appel du boulot était bien plus tentant. Et ce boulot, je me devais de le faire avec des protocoles car sans eux, je serais sans doute au chômage. Voyez, ce métier avait besoin d'organisation et voyez, moi, je n'étais pas vraiment l'homme le plus organisé de cette terre. J'avais besoin de les suivre à la lettre sinon j'en perdais mes repères.Quand la jeune femme ne me regardait pas, je sentais mes lèvres se tendirent pour former un rictus très peu amical. Les traits de mon visage se crispait, c'était la rage qui écumait mes pensées. Ressaisis toi bel idiot, il ne faudrait pas griller ta si bonne couverture Les épaules bien droites je chassai tout, d'un revers de la main, et je soufflai, je soufflai si fort qu'elle releva ses yeux sur ma personne.Je pense qu'elle essayait de m'analyser, en quelque sorte?Je n'étais pas sûr....Il y avait quelque chose dans son regard, outre le fait qu'il soit complètement vague et fade, qui semblait deviner ce qui se tramait au delà de mon apparence.Je me disais, bonne chance très chère. Oui parce que ma bonté avait une certaine limite. Surtout quand cette bonté ne s'appliquerait pas à celle que je croyais coupable de la mort de mon frère de substitution.

Protocoles.Revenons aux foutus protocoles. Je la pique, sans trop me forcer.Je trouvais une veine assez facile et accessible. Des patients déconnectées de la réalité, errant ci et là dans une autre dimension, j'en avais vu des centaines et des centaines. Ça ne m'impressionnait même plus. « Vous faites ça bien. » elle avait murmuré cela à vois basse mais j'avais mes pleines capacités moi contrairement à elle et j'avais entendu. Je souris doucement en la remerciant d'un banal « Merci » très formel. Elle n'était, après tout,  pas ma grande amie. « Et vous n’êtes jamais tenté ? » Je ne parvenais pas à saisir tout de suite le sens de sa question. Si cela m'aurait tenté quoi? De me piquer pour savoir ce que ça faisait? D'être comme elle, au bord de l'agonie, ne savant plus quoi faire pour donner un sens à sa vie. Je plissai le nez en secouant négativement la tête. Je m'apprêtais à ouvrir la bouche quand elle me coupa de court « Je le serais, à votre place. »  Évidemment , c'était le discours classique d'une junkie. L'aiguille était une puissante séductrice pour ces pauvres brebis égarées. Je me contentai de lui répondre sèchement « Pas pour le moins du monde, mais j'aime bien piquer les gens de ton espèce, ils sont un challenge. Peut-on considérer cela comme un vice? » Je la laissai tergiverser avec ses paroles dans le gosier avant de nous adonner à une promenade sur courte distance. Mon corps avançait, tel un automate.Je connaissais trop cet endroit, je connaissais chaque couloir, chaque petit coins de ce centre, ses secrets. Parfois je me sentais un peu comme dans Harry Potter, du temps des maraudeurs et je m'imaginais passer incognito dans des passages secrets menant à d'autres destinations dans Brisbane. Un peu après avoir rêver à tout ça,je me sentais évidemment fort idiot et je revenais bien souvent à la réalité, notemment quand un patient en sevrage s'en prenait à moi physiquement. Disons que ça aidait grandement à la transition.

Le centre n'était pas un centre de villégiature. Les gens y venaient pour guérir, pas pour se prélasser au bord d'une piscine. Mais ce n'était pas non plus une prison. Même que la plupart du temps, les usagers venaient souvent me voir pour me dire à quel point c'était ce qui avait changé leur vie. Il y en avait que ça ne changeait rien et cette petite femme qui répondait au doux prénom de Lou, oui elle, était en première  de liste.Je veux dire, sur la liste des gens qui ne changeront jamais et qui finiront par crever, crever d'une overdose. Je dépose donc " l'espoir perdu " dans sa chambre où elle essaie de sociabiliser avec sa colocataire. CHARMANT. Je souris, sachant parfaitement que sa colocataire était un peu hors norme. Intérieurement? Je jubilais un peu. Je ne me sentais même pas coupable de le faire en plus! Je m'apprêtais ensuite à partir, finir ma tournée avant l'heure du repas et probablement prendre une pause avant ce dernier mais avant je n'avais pu résister à lui demander si elle avait un objectif. Comme cela ne m'étonnait guère. Elle n'avait pas pris ma question au sérieux « Non mais à long terme. »Elle avait compris. Et maintenant qu'elle me faisait face, je me rendais compte pourquoi Andrew avait été autant attiré par elle. Elle était quand même très belle. J'étais même persuadé qu'elle le serait encore plus si elle avait un poids conséquent Elle finit par me dire ce que je voulais entendre. Qu'elle voulait une vie débordant de morosité, une vie normale quoi.Qu'elle voulait connecter avec la réalité. C'était louable. Mais un discours trop souvent entendu. « Je suppose que c’est ce qu’on veut tous ici. Tous les gens comme moi, je veux dire. Tous vos pensionnaires. » Je haussai les bras et les épaules « Les gens comme vous -C'est curieux comme expression en fait - Hum. Ils sont humains à part entière. La seule différence entre vous et moi c'est que je ne dépend pas de quoique ce soit pour survivre alors que vous si! » Ce n'était pas nécessaire de justifier le fond de mes pensées mais je ne vis que pour l'instant présent, là maintenant. « Et oui, vous voulez tous vous en sortir, avoir une vie normale, une différente réalité...mais jusqu'à quel point y tenez-vous vraiment? » Je n'étais pas là pour rigoler, encore moins pour jouer au bisounours. Je savais me faire arrogant, parler avec hargne quand il en était nécessaire. Mais je devais lui donner l'impression d'être cet infirmier de coeur, je crois. Mes nouveaux patients finissaient par être surpris quand ils ne coopéraient pas et que je manquais crucialement de temps pour finir ce que j'avais à faire. ET OUI! J'étais cet homme à de multiples facettes toutes aussi intrigantes les unes des autres.

Je m'apprêtai donc à quitter la chambre pour m'affairer à autre chose. Elle était installée. Je n'avais plus rien à faire ici.Puis, elle me renvoya la question, ce qui me surprit. Elle avait une certaine vivacité d'esprit. Je me frottai d'un air perplexe le menton, distrait « Et bien...» Je laissai involontairement planer un certain suspense. « On en a tous un. Le mien ce serait de  faire à nouveau un voyage humanitaire »  Voyez. Elle me prendrait sûrement pour un Ghandi Australien après ça. Ou peut-être était-ce mieux ainsi? Comme ça je pourrais la prendre par surprise quand j'aurai trouver de quoi la faire payer pour Andrew. « À plus tard, Lou . » avais-je finis par siffler avant de tourner maladroitement mes talons pour m'enfuir furtivement dans les couloirs.Je disparus très rapidement de son champs de mire. Et je ne la revis pas de l'avant-midi, beaucoup trop occupé à l'accueil. Pendant l'heure du déjeuner, je la vis seule installée à une table dans la cafétéria et je vins m'asseoir à ses côtés. Sur le coup , je ne savais pas trop quelles forces m'avaient poussé à la rejoindre mais qu'il en soit ainsi.  Mais j'avais malencontreusement oublié ses médicaments dans toute cette frénésie. « Alors voici votre nouvelle drogue, Mademoiselle Aberline. Sauf que celle-ci ne vous rendra pas complètement stone. » Puis mes yeux se perdirent un peu dans les siens pendant quelques brèves secondes, c'était dommage qu'elle soit aussi paumée. Vraiment dommage. Parce que je voyais là une jeune femme très belle et qui semblait brillante.Intérieurement je soupirai à cette idée. Andrew et moi avions vu la même chose, cette petite étincelle dans les yeux, celle-là même qui implore de la sauver, elle, elle qui a toujours été au bord du gouffre.Je comprenais un peu mieux pourquoi Andrew en avait sa bonne action de l'année. Elle n'évoquait pas de la pitié, mais de la compassion. Quand on croisait son regard, on ne voulait faire qu'une chose: la sauver.

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Message(#)cherlou + sometimes I feel like a hostage EmptyMar 30 Aoû 2016 - 15:12


☙ Sometimes I feel like a hostage

Je me demande s’il existe une vie normale après avoir gâché son premier quart de siècle. Il n’y a pas de retour en arrière possible, l’ardoise ne s’effacera jamais. Si j’arrive à m’en sortir pour de bon, si cette cure de la dernière chance fonctionne, à la sortie, je ne serai jamais Madame Tout-le-monde, je serai toujours l’ancienne junkie. Mon corps mettra du temps avant de se remettre de toutes mes folies, et mon chemin de vie, détraqué comme un vieux GPS, prendra autant d’années avant de pouvoir retrouver la bonne direction. Je suis comme une boussole qui a perdu le nord. Le monde tourne et tourne autour de moi, et je ne sais plus vraiment qui je suis, où je suis, ce qui est réel, ce qui ne l’est pas. Je ne peux plus me fier à mes propres sens, à mes sensations. Quand le vent souffle, je ne sais pas si je le perçois tel qu’il est, ou plus violemment, plus froid, plus chaud. De même pour les sons et les goûts. Tout est altéré. La réalité est devenu un mirage. Un mirage devenu séduisant. Oh, la normalité, tout le monde s’en plaint. Tout le monde veut être exceptionnel, sortir du lot, s’offrir une existence de rêve digne des princes arabes. Moi non. Je ne veux plus attirer les regards dans la rue, la pitié, le dégoût, parce que ma peau est grise, mes yeux vitreux, mes veines pétées, mes vêtements troués, ma dignité envolée. Je veux marcher dans la rue, et que personne ne me remarque. Être comme tout le monde. Humaine à part entière, comme dit l’infirmier, ne survivant que grâce à l’oxygène dans l’air. Je veux sentir le vrai vent. La question, il a raison, est de savoir si j’y tiens assez pour tenir jusqu’au bout, pour ne pas replonger. C’est une étape longue et difficile. La facilité est une échappatoire des plus séduisantes, cela a toujours été le cas pour moi, j’espère que ça ne le sera pas cette fois. “Je crois qu'on le découvrira assez vite.” je réponds avec un fin sourire. J’ai des objectifs pour ma vie d’après, ce qui n’était pas le cas avant. Peut-être que cela fera la différence. De toute manière, si ça ne marche pas, alors je saurai ce qu’il me reste à faire. J’ai retourné la question à Archer par curiosité, et aussi par politesse plutôt qu’un réel intérêt. Je me demande ce qu’un homme comme lui, qui côtoie une certaine forme de misère tous les jours de sa vie, rêve de faire de son existence. Sa réponse me fait hausser un sourcil ; un voyage humanitaire. Drôle de choix. Monsieur fait partie des bienfaiteurs de l’humanité. C’est peut-être de la psychologie de comptoir, mais j’ai toujours pensé que ceux qui mettent autant les autres en priorité dans leur vie ont quelque chose à cacher, un problème vis-à-vis d’eux-même ou de leur passé. Se dédier aux autres est une manière de ne pas y penser, le fuir, ou se racheter. Monsieur Willis a peut-être un vilain secret alors, je n’en sais rien. Il peut être amusant de le découvrir. Plus tard, oui, car il s’en va et me laisse avec ma camarade de chambre.

Judy, de son nom, ne fait que me lancer des regards noirs. Elle ne me connaît pas, et elle ne le veut pas, elle ne m’aime déjà pas. Parfois, son regard se fait dédaigneux, et elle reprend la lecture de son livre. Je lis, moi, semble-t-elle dire, l’air de douter que je sache le faire aussi. Quoi que j’avoue ne pas avoir ouvert de bouquin depuis si longtemps que je n’en suis même plus certaine. Je passe toute l’après-midi cloîtrée ici, vissée au matelas de mon lit, fatiguée. Allongée, je pose toujours une main sur mon ventre, et je me concentre sur ma respiration ; ça, c’est réel. C’est la seule chose qui l’a toujours été. Je fixe le plafond comme si c’était le truc le plus passionnant qui soit, et petit à petit, je ferme les yeux. Je m’endors pour quelques heures. A mon réveil, je me sens observée. Sensation des plus désagréables, souvent un tour de mon esprit devenu sacrément paranoïaque. Mais ce n’est pas ça ; quand je tourne la tête, Judy est bel et bien en train de me regarder, et dans ses pupilles, j’ai l’impression de deviner la recette de la sauce avec laquelle elle compte me manger. C’est déjà officiel, elle ne m’aime pas, et je ne l’apprécie pas beaucoup.

On vient nous indiquer qu’il est l’heure de dîner. Tout le monde est rassemblé dans une salle pour manger, on se croirait de retour à la cantine. Alors, comme à l’école, je fais le tour des tables pour savoir quel genre de stéréotype peuple le centre. On voit toujours ça dans les films. La table des gars populaires, la table des filles populaires, celle des geeks, celle des intellos, entre autres typologies de personnes. Je n’ai pas forcément envie de socialiser, mais si cet élan me traverse un jour, il sera utile de savoir où je dois m’asseoir pour déjeuner. Ce soir, ça sera un tête-à-tête avec moi-même. Je trouve une place en retrait, et j’inspecte mon assiette. On dirait qu’ils tiennent à nous garder en vie, ça a l’air plutôt bon. Meilleur que les autres centres que j’ai arpentés. C’est complet, équilibré. Mon ventre gémit ; face à cela, il se souvient des mauvais traitements que je lui ai fait subir, à quel point je meurs de faim. Mais mon estomac s’est recroquevillé sur lui-même, alors je ne dois pas faire l’erreur de trop manger, cela me rendrait malade. J’ai déjà fait la bourde avant, je sais ce que c’est. Je sais que si je mange la moitié de mon plateau, ça sera déjà un sacré exploit. Je ne reste pas seule bien longtemps. Archer fait son apparition. Lorsqu’il prend place face à moi, je me demande s’il compte jouer à l’infirmier sympathique au point de taper la discute et me tenir la jambe pendant tout le cas. Mais non, il me tend quelques cachets, que j’avale avec de l’eau sans broncher. “Merci.” je murmure poliment. J’ai peut-être l’air d’un animal, mais je sais être civilisée. De plus, s’il doit s’occuper de moi, je n’ai pas vraiment intérêt à me le mettre à dos. “Qu'est-ce que c'est, au juste?” je demande en piquant dans mes haricots verts. J’aurais pu poser la question avant de prendre les cachets, je n’y pense que maintenant. “Une fois, j'ai été dans un établissement qui donnait du benzodiazépine, dans le traitement. C'était plutôt chouette.” Ca shoote, pour sûr. Ca rend légumineux à certaines doses, et parfois, ça file même des hallucinations. Le problème, c’est qu’il y a de l'accoutumance, ça rend accro. Oui, j’ai connu toutes les formes de traitement, et ce centre combattait le mal par le mal. Mais au final, les patients n’en sortaient pas guéris ; ils n’avaient fait que troquer une drogue contre une autre.

Attendant la réponse à ma question, mon regard se plante dans celui d’Archer. Ses yeux d'extraterrestre. J’inspecte son visage, ses traits carrés mais doux à la fois. Je crois assez à la science de la physionomie. Le front large, c’est l’intelligence, alors il ne doit pas être idiot. Le menton, c’est la volonté, alors il n’en manque pas non plus. Les oreilles, c’est l’écoute, et les siennes sont grandes. A partir de ça, je pense pouvoir affirmer qu’il a bien choisi son métier. Il faut toutes ces qualités pour travailler ici. Petit à petit, je ne l’inspecte plus, je le dévisage. “Est-ce qu’on se serait déjà vus quelque part ?” C’est curieux, j’en ai l’impression. Il y a peu de chances que ce soit le cas, mais on ne sait jamais. Ce n’est sûrement qu’une illusion. La réalité ne tient qu’à un fil dans mon esprit après tout.
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Message(#)cherlou + sometimes I feel like a hostage EmptyJeu 1 Sep 2016 - 3:11



"Sometimes I  feel like an hostage"

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À partir de quel moment devient-on vraiment ennuyeux ? C'est vrai quoi, à bien y repenser.... À partir de quel moment ai-je cessé de profiter de la vie comme il se doit? Quand suis-je devenu le parfait adepte du métro-boulot-dodo et que c'est un peu devenu le rythme de mon existence, parfaitement en symbiose avec tout mon univers, comme les tic-tac d'un métronome. Ma vie était réglée au quart de tour.Je croyais même que ça m'allait.Que c'était parfait comme ça. Mais ça ne l'était pas... Non ça ne l'était pas du tout. Sa sainteté voulait plus, JE voulais toujours plus , j'étais ce prince bienfaiteur qui ne pensait qu'aux autres plutôt qu'à soi-même. Je croyais que c'était parfait comme ça.Mais j'avais tout faux, je ne m'en rendais tout simplement pas encore compte. J'étais donc un peu distrait quand la jeune Lou répondit à mes paroles, celles-là même qui concernaient les objectifs que nous nous étions fixés. Je répondis discrètement à son sourire. Je n'avais pas envie d'être gentil. Je voulais pourrir son monde. Mais je ne trouvai pas la force de lui dire que ces espoirs étaient vains, qu'elle finirait par récidiver. Ils le faisaient tous. Rares étaient ceux qui avaient la force morale et physique d'endurer une désintoxication entière. Mais je la laissai croire ce qu'elle voulait bien croire, quel lâche, quel gâchis. J'avais tourné les talons me maudissant intérieurement mais c'était trop tard, elle était en train de sympathiser avec l'ennemi. Oui parce que Judy était tout sauf sociable et sympathique. C'était d'ailleurs le tourbillon de pensées hilares qui apaisèrent mon besoin de vengeance. J'aurais payé cher pour voir leur échange.

« Duuuu calme, du calme! »  Les hommes c'était les pires. Et je n'étais pas si grand du haut de mon mètre soixante treize. J'devais parfois user de tactiques de diversions pour les calmer dans leurs folies passagères. Ça marchaient une fois sur deux. Les autres fois j'devais sonner l'alarme et une équipe accourait à mon secours. Mais pour tout avouer,je préférais gérer mes patients seuls. Car cela m'apportait une certaine satisfaction. Quand j'devais appeler tout le monde, j'ressentais ça comme un échec. Pourtant, il n'en était rien, souvent ça survenait quand je ne me sentais pas en sécurité. J'essayais de maîtriser Peter, qui était en pleine crise de sevrage.  C'était tout ce à quoi je songeais : le maîtriser, l'immobiliser, et anéantir tous dangers liés à cette dites crises. Je l'empoignai donc fermement et le bloquait de mes bras. Cela prit plusieurs minutes interminables avant que je ne ressente sa tension corporelle se relâcher doucement, je soufflai un bon coup, à bout de souffle. Putain. Ce boulot allait finir par me tuer, pensais-je alors que je reprenais du poil de la bête.Encore sous les effets de l'adrénaline,je ne m'étais pas rendu compte que le temps avait filé à une vitesse ahurissante... Il était déjà l'heure du dîner. Il y avais des cas lourds de schizophrénies liées à la prise de la drogue mais Lou, la nouvelle pensionnaire, semblait avoir quand même sa tête malgré qu'elle se trouvait encore dans les nuages. Enfin, elle me semblait plutôt " soft "  Le genre de patients qui croient que tout peut s'arranger d'un claquement de doigts. Le genre de patients qui croient aux licornes.Ouais,je voyais Lou comme ça.

Elle avala les comprimés en avalant à grande gorgée son eau sans broncher, sans craintes, ce qui me surprit. Elle me remerciait même. Ah. J'avais envie de lui répondre quelque chose,mais je ne trouvsai rien qui me venait à l'esprit,alors je laissai l'eau couler sur le pont. Ce n'était que partie remise. Puis la voilà qui s'interrogeait sur ce que contenait les comprimés. J'arquai un sourcil quand elle me racontait l’épisode des Benzo, pas étonnant qu'elle soit restée  junkie après avoir pris un médicament à lequel on devenait tout assis addict. Combattre le feu par le feu, parfois, ça n'arrangeait rien. Parfois, il valait mieux usé de fins stratèges. C'était le cas de ce centre, qui était différent de tous les autres. Je me penchai un peu vers elle , dans un ton de confidence « Si je te le dis, je devrai te tuer. » Ce n'était qu'une petite blague rien de plus. Les médicaments que nous donnions ne contenaient que de la saccharose - nom scientifique du banal et célèbre sucre -  et de l'ecchynacée.  Voyez, l'effet placebo entrait en scène.Et cela fonctionnait sur la plupart de nos patients, ces derniers croyants prendre des médicaments pour contrer les effets du sevrage. Rassurez-vous, nous donnions quelque chose quand les effets se faisaient intenses et insoutenables, mais nos comprimés de " sucres " étaient quotidiennement utilisés au repas du soir. Et il valait mieux que cela reste un secret. Il n'y avait rien de mal à cela , n'est-ce pas?

Si son regard ne s'était pas fait aussi insistant, j'aurais probablement poursuivi la conversation sur les bienfaits de notre programme mais elle me gênait terriblement,à me dévisager de la sorte. Que cherchait-elle à trouver en examinant chaque millimètres de mon visage? Je m'interrogeais. Pourquoi me regardait-elle ainsi d'ailleurs? Pour la première fois depuis que je m'étais présenté comme son infirmier attitré pour la journée, j'osai enfin la regarder longuement, dans les yeux.J'avais la bouche légèrement ouverte lorsqu'elle me demanda si nous nous étions croisés quelque part. Si on se connaissait?Ô comme j'aurais voulu être cash et lui dire que non, enfin si... je l'avais déjà aperçu, de loin, alors que j'avais reconduis Andrew à un café dans le downtown. Je n'avais qu'aperçut sa silhouette, rien de plus, rien de moins. « Non, je ne crois pas non. » mentais-je alors délibérément. Bin quoi? Je n'étais pas pour lui dire « Non, mais c'est de ta faute si mon meilleur ami me manque » mais l'envie irrépressible se faisait sentir, je devais lutter, au risque de mettre en péril tous mes plans. « En plus , vous me semblez si jeune. Nous n'avons sûrement pas le même cercle d'amis» Mais ça me brûlait les lèvres. Ça me démangeait, comme une vilaine urticaire.  « Peut-être connaissiez-vous Andrew ? Andrew Bates ? » Allez vas-y Archer, largues la bombe. Tant qu'à y être , aussi bien se noyer dans cet océan qu'est celui de la rage qui me consume entièrement. À la prononciation de ce nom, mon regard se fit dur. Mais je tournai légèrement le visage pour regarder autour de nous, je voulais me dérober du sien.

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Message(#)cherlou + sometimes I feel like a hostage EmptyJeu 1 Sep 2016 - 20:31


☙ Sometimes I feel like a hostage

En matière de cure de désintox, j’en ai vu des vertes et des pas mûres. Je crois que le désespoir de mes parents à mon sujet les a poussé à croire tout et n’importe quoi. On leur aurait vendu la fontaine de jouvence s’ils étaient persuadés que cela me sauverait. Leur petite fille, leur seule et unique. J’étais une poupée sage toute mon enfance, j’étais une gamine modèle et polie. Je faisais des caprices de gosse de riche auxquels tout le monde se pliait, si bien que j’étais habituée à tout avoir si j’en formulais la demande. Les cadeaux renchérissaient en valeur d’année en d’année. Pas question que je sois insatisfaite. J’ai toujours pensé que j’avais eu droit à ce traitement parce qu’ils s’en voulaient de ne pas me donner de frère ou de sœur. Ils pensaient palier à la solitude par la matériel, erreur de base mais à laquelle bien peu échappent. Et pourtant, malgré tous leurs efforts, je leur ai glissé entre les doigts, jusqu’à devenir le démon de la famille, le vilain petit canard. Le secret caché sous le tapis. Alors ils ont tout donné pour m’aider. Ils auraient acheté une machine à remonter le temps si cela existait. Je crois que ma mère aurait plus d’une fois mis fin à mes jours elle-même afin que je cesse de tomber de plus en plus bas sous ses yeux. C’est une autre option qu’elle a préféré, assez ressemblante : me jeter de sa vie, me couper les vivres, et me jeter aux loups. Elle a décidé que je ne suis plus son problème. Elle a tout essayé après tout. Et mon père… Mon père paye cette énième désintox, avec toujours autant d’espoir. On se fiche tous les deux de la méthode, tant que ça fonctionne. Il faut que ça fonctionne. Alors les cachets, je vais tous les avaler. Qu’importe ce que c’est. Je crois que je n’ai jamais été désespérée au point de me laisser complètement dompter de la sorte. Une seule personne a pu se vanter d’avoir autant l’aval sur moi, une seule.

Je me penche également pour écouter Archer, et puisque je reste Lou, je me penche jusqu’à me trouver assez près de lui pour le rendre mal à l’aise. Je ris légèrement lorsqu’il menace de me tuer si jamais il me révélait le secret des cachets. « J’espère que vous me ferez mal avant, que vous ferez durer. » je murmure tout bas dans un souffle. Si mon agonie et ma mort sont les seules sensations véritables que je dois expérimenter, eh bien, ça sera toujours mieux que rien. Au moins, j’aurai ressenti quelque chose de réel. Et comme je l’ai dit à l’infirmier, c’est la seule chose que je souhaite, mon but. Assez joué ; je me laisse retomber sur le dossier de ma chaise, avachie, et jouant avec mes légumes avec le bout de ma fourchette. « J’ai connu des personnes capables de tuer, et vous n’en faites pas partie, Monsieur Willis. » Ca se voit. Même enragé, à bout de nerfs, c’est une limite qu’il ne franchira jamais. Ce n’est pas un animal. Alors que pour les gens comme moi, la frontière entre la bestialité et la civilisation est devenue particulièrement fine, surtout en matière de survie. Il faut ce qu’il faut. Mais ça, Archer le guérit, il ne s’y adonne pas. « Vous, vous faites de l’humanitaire. » dis-je comme si c’était sa définition, comme si, pour moi, il ne se résumait qu’à ça. Un hippie pacifiste et idéaliste qui croit qu’il peut sauver le monde à grande comme à petite échelle. Quelqu’un qui a quelque chose à cacher, à enfouir dans les malheurs du monde. Plus je l’observe, plus son visage me dit quelque chose. Qui sait, je l’ai peut-être croisé dans la rue un jour, et je me suis retournée sur son joli derrière. A moins qu’il n’ait été devant moi dans la queue du supermarché, et j’aurais aussi maté son derrière. Archer m’assure que non, on ne se connait pas. Je m’en doutais un peu. Ce n’est qu’une étrange impression de déjà-vu. « Je fais plus jeune que mon âge. » je rétorque à sa remarque sur cette différence entre nous deux. Lui ne fait pas bien vieux non plus, je parie qu’il fait d’autant plus jeune sans sa barbe, mais je sais que j’ai une bouille de bébé, on me l’a toujours dit. A vingt-sept ans, je dois parfois montrer ma carte d’identité pour acheter de quoi boire ou pour entrer en boîte. Qui croirait que ces joues de poupon auront trente ans dans un peu plus de deux ans ? Bah même pas moi.

Ce qui me fait perdre toute trace de sourire, c'est l’évocation de ce nom qui signifie bien trop pour moi. On peut reprocher ce qu'on veut à Silas à mon sujet par exemple, lui n'a jamais tué qui que ce soit. Moi oui. Andrew. Je prends toujours de grands airs quand je parle de lui, parce qu'il faut convaincre les autres et me convaincre moi-même que je m'en fiche, que ça n'a pas d'importance, que ça ne me touche pas parce que, après tout, ce n'est pas de ma faute. « Non. » je réponds simplement. « Inconnu au bataillon. » Je ne le connaissais pas, dans le fond. Je ne savais pas qui il était, d'où il venait, ses rêves et ses envies. Il ne me connaissait pas, et s'est pris d'affection pour moi sans raison. C'était son problème, pas le mien. Je n'ai rien demandé. Rien. Je m’interroge sur un tout autre aspect de la chose: pourquoi Archer pense que je le connais? Pourquoi est-ce que je le devrais? Quel lien logique a-t-il effectué entre moi et Andy? C'est bien trop de questions pour mon cerveau engourdi. Quoi qu'il en soit, le regard de l’infirmier semble avoir changé. Il y a une nouvelle lueur. Quelque chose qui me donne envie de décamper. « Est-ce que je dois demander l’autorisation pour sortir de table et rejoindre ma chambre ? » je demande avec mon plus bel air de gamine capricieuse. J'ai bien peu touché à mon assiette. De toute manière, je n'ai plus faim.
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Message(#)cherlou + sometimes I feel like a hostage EmptyMer 7 Sep 2016 - 5:22



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Pour ma part,dans ma famille j'étais l'homme de la situation, le grand rêveur , celui qui était sur le droit chemin. Plusieurs me croyaient revêtu des ailes d'un ange, mais moi je me plaisais plutôt à dire que je semais le bien autour de moi et qu'un bon jour ça me reviendrait. Un peu comme le karma, mais dans le bon sens du terme.Je ne pouvais pas dire que dans ma jeunesse, j'avais vécu de terribles drames, si ce n'est que de mon père qui se transformait en ivrogne au fil du temps. S'est-il d'ailleurs transformé , ou bien l'avait-il toujours été, au fond de lui-même ? Nul n'avait su.Moi aussi je m'étais mis ma famille à dos , à une époque. Parce que j'avais été celui qui avait elevé sa voix, mit un poing ferme sur la table, afin que tout ce cirque ne soit avorté. À l'aube de mes vingt ans, j'avais fait coffré mon " vieux"  - mon père - pour ivresse au volant. J'me souviens encore du chagrin immense de ma mère, j'avais même cru voir l'étincelle d'une colère grandissante dans son regard. J'me rappelais encore de ses mots qui me firent l'effet de plusieurs coups de poignards « T'as détruit notre famille Archer... Je ne sais pas si je peux te le pardonner » Sur le coup,j'avais trouvé que ma mère exagérait. Mon père devait croupir en prison, c'est tout. Il n'y avait pas de nuances de gris ce jour-là. Que du noir. Que du blanc. J'avais cru prendre la meilleure décision qui soit. Et je le croyais encore à ce jour. Cependant, ni les jours, ni les semaines, ni même les mois suffirent à ma mère pour se remettre d'un tel acte de trahison.Heureusement que je m'étais enrôler dans ce voyage humanitaire. Loin de tous ceux que j'aimais, je pus prendre du recul et elle aussi. Seulement, à mon retour, quand je découvris dans quoi Andrew s'était trempé avec ce puit sans fond qu'était cette.. junkie, je ne pus m'empêcher de lui dire ma façon de penser. « Elle ne vaut pas la peine que tu te donnes, dude » lui avais-je dit une semaine précédent le drame qui chamboulerait ma vie, mon existence à tout jamais. Dans des circonstances comme celles-là, je m'en voulais de ne pas avoir eu tord. Comme j'aurais voulu avoir tout faux... Je ne cessais de répéter et si.. et si je me serais véritablement interposé ce soir-là, et si je l'aurais empêcher d'aller la voir? Et si.. et si...Mais rien de tout cela ne s'était produit. Je l'avais perdu, et la faute reposait sur ses frêles épaules.

Quand je fis le lien, je veux dire quand je me rendis compte de qui elle était vraiment, j'avais ressenti une puissante rage envahir chaque petit espace de mon être en des millions de fines particules.J'en ressentis même un puissant frisson et je sus. Je sus que c'était elle. Cela devait être elle. Je croyais alors au destin. Il me l'avait mis sur mon chemin pour que je puisse me venger, pour que je puisse obtenir des réponses. Mais il fallait que je me fasse patient. Patient et calculateur. Alors je l'abordais sans animosité. Je faisais même preuve d'empathie à son égard. Mais tout ceci n'était qu'une façade. Le vrai moi la détestait. Le vrai moi voulait lui faire du mal, lui faire payer pour ses actes. Son rire, quoiqu'un peu effrayant, me tira de mes rêveries. Je fronçai les sourcils. La drogue semblait avoir griller une partie de son cerveau. « Ne dites pas de sottises miss Aberline, je n'ai nul l'intention de vous tuer, ni même de vous torturer » Sur ce dernier point j'avais un peu hésité.Je surenchéris donc quand elle approuva indirectement ma façon de penser « Vous avez tout à fait raison.  Je n'ai pas choisi ce métier pour me comporter comme un bestial avec mon prochain » D'ailleurs je hochai la tête avec un mince sourire lorsqu'elle mentionna le mot humanitaire. Effectivement, exceptionnellement humain j'étais. Avec une belle âme ,semblait-il aux dires de mes collègues. Je me donnais avec intensité dans mon travail et dans ma communauté. Mais qu'en était-il de mon côté obscur? Allons, tout le monde en a un et il est évident que la miss Aberline aimait un peu trop d'amour les drogues en tous genres. Quel était donc le mien? Lorsque je haïssais, je pouvais haïr de tout mon être. Je pouvais être arrogant, mesquin, odieux même.Je pouvais même être très intense par moment. Mais aussi rancunier. Très rancunier. C'était d'ailleurs la raison de toute cette rage en moi. La rancune. Mes souvenirs d'Andrew étaient encore intacts. Il me manquait chaque jour de cette putain de vie, qu'en était-il de cette junkie à la saveur déjantée? hein? Lui arrivait-il de ne pas dormir pour ce qu'elle lui avait fait? Je ris doucement lorsqu'elle dit qu'elle ne faisait pas vraiment son âge. C'était un rire plus automate qu'autre chose. Je n'avais pas le coeur à la fête. Était-ce ses joues bien saillantes qui lui donnaient un air de jeunesse éternelle? Ou simplement ce visage au teint de porcelaine, telle une poupée fragile ? Je n'en savais trop rien. Je me dis donc que je regarderai à nouveau son dossier, plus tard...

Il était temps de la confronter, tout en subtilité. Elle ne comprend pas. Elle pense que je ne sais pas qui elle est. Je me délecte de voir son visage prendre des airs hautains, signe évident que le sujet lui tenait à coeur. Vas-y , protèges-toi dans ta grande tour, viendra-un jour où tes remparts s'effondreront. Ce jour est peut-être plus près que tu ne le crois, ma jolie. Elle niait alors catégoriquement connaître Andrew. Je soupire intérieurement. Évidemment qu'elle nierait. À quoi diantre avais-je pensé? Puis mon visage se crispa davantage en l'entendant dire qu'il n'était qu'un banal inconnu. De quel droit se permettait-elle de dire de telles choses? Il avait... il avait pris le volant ce soir-là juste pour aller la voir elle. Tout était de sa faute. Elle le savait, j'en étais sûr. Je détournai le regard, je ne voulais pas qu'elle voit la couleur de ma colère. Mais elle sut, elle sut que quelque chose dans ces paroles m'avaient dérangé et demanda la permission pour décamper. « Non. Aucune permission requise. Tu es libre de.. » Mais elle s'enfuyait déjà vers sa chambre. « partir. »Oh. Oh... Un rictus apparut à la commissure de mes lèvres. L'ange devenu démon. Je m'applaudissais, hilare. J'avais semé le doute dans son esprit, j'avais semé un vent de confusion. Et j'en étais très fier. Puis je remarque son assiette et je me sens un peu mal. Non non vilaine conscience, ne me fait pas défaut, pas maintenant que j'étais si près du but. Hum. Je filais cependant au cuisine pour faire emballer un repas chaud en demandant à la stagiaire de déposer le tout dans la chambre de Miss Aberline. Je ne la revis pas vraiment ce jour-là. J'avais terminé mon quart de travail et je n'étais pas retourné la voir. J'avais laissé tomber la poussière en me disant que je ferais tout en mon pouvoir pour ne pas être son infirmier attitré pour les prochains jours du moins.

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