I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne ouvrait les yeux de bon matin, mais ce n'était passez tôt pour pouvoir prendre le petit-déjeuner avec Jamie. Elle s'en voulait terriblement de prolonger sa nuit et de le laisser partir seul le matin. C'était normal, dirait-on, mais elle n'aimait pas se réveiller en voyant qu'il n'y avait qu'elle dans leur grand lit. Les chiots avaient fait la connaissance de Milo et Ben. Forcément, le plus petit des deux était surexcité, mais Ben semblait avoir développé une sorte d'affection paternelle pour ces deux petites boules de poil. Ils étaient méconnaissables, comparé au jour où Joanne les avait retrouvé, et ce n'était qu'il y a plus de deux semaines de cela. Mais ils tenaient debout sur leurs petites pattes. Leur jeune âge ne leur permettait pas d'être propre, mais ils ne s'aventuraient jamais loin du coussin que Joanne leur avait acheté. Ils restaient au rez-de-chaussée avec les deux autres et le fait de ne pas être seuls les rassuraient. Les jalousies de Daniel s'estompaient également, en voyant ces deux petites créatures dépendre un peu moins de sa maman. Les chiots commençaient à manger des croquettes adaptés pour les sevrer du biberon, et ça se passait plutôt bien. La jeune femme avait doucement repris le rythme par rapport à la fondation mais elle priorisait largement la vie à la maison. Avec Jamie, ils avaient trouvé une crèche privée répondant à tous les critères -et dieu sait qu'ils étaient nombreux-, et ils y avait inscrit Daniel pour une après-midi par semaine pour le moment, le mercredi. Ils pouvaient par la suite multiplier les venues dans la semaine, mais ils en étaient encore loin. Daniel tenait très bien assis, et il avait sacrément gagné en équilibre, ça devient rare qu'il tombe par perte d'équilibre. Il ne marchait pas encore à quatre pattes, mais il avait bien compris que pour attraper certaines choses, il fallait se déplacer. Parfois, ça le frustrait beaucoup de ne pas savoir comment s'y prendre et il s'énervait, en couinant et en appelant à l'aide sa mère. Parfois, Joanne le laissait volontairement comme ça, afin qu'il se trouve tout seul les moyens d'y parvenir. Les progrès étaient flagrants, depuis quelques jours. La jeune maman avait tellement hâte de le voir gambader à quatre pattes. Ca allait certainement beaucoup plaire à Milo aussi. Joanne passait aussi beaucoup de temps à approcher Nunki et Sirius de Daniel, afin qu'ils sympathisent et que le bébé comprenne que ce sont de fidèles compagnons. Le courant avait pris un peu de temps à se mettre en place, mais le fait qu'ils allaient tous grandir ensemble n'allait que fortifier les liens. Et puis Daniel avait bien vu que sa mère ne donnait plus le biberon à qui que ce soit alors forcément, tout allait bien. Lorsque Jamie rentrait du travail, la jeune femme était d'ailleurs assise par terre, elle avait sorti les chiots de leur coussin pour qu'ils s'aventurent un peu plus dans le salon. Daniel était assis à côté d'elle, et tentait de caresser un peu Nunki, qui était encore un peu timide. Sirius état sur les genoux de la jeune femme, Ben n'était pas loin, et Milo s'amusait tout seul avec un jouet un peu plus loin. Ca émerveillait Daniel de sentir un poil aussi doux sous ses mains. Ca le chatouillait même parfois, et il en riait. C'était une maisonnée heureuse. "Bonsoir, mon amour." lui dit-elle, alors que Ben et Milo se précipitèrent pour saluer leur maître. Elle se leva également, prenant Daniel dans ses bras, puis l'embrassa. "Ca a été, aujourd'hui ?" lui demanda-t-elle avec un sourire tendre. Le retour à la réalité avait été encore plus difficile pour lui. "Il y avait pas mal de courier pour toi, je t'ai tout posé sur le bas. Je crois qu'on t'a envoyé un exemplaire du magazine pour lequel tu as posé." Ouvrir l'enveloppe et le bouquiner afin de voir ces fameux clichés n'avait même pas encore effleuré l'esprit de Joanne. Encore une fois, la barrière érigée dans sa tête faisait preuve de son efficacité. Contre toute attente, les deux chiots firent un petit effort pour s'approcher de leur nouvelle famille. "Ils prennent tous les jours un peu de force." commenta Joanne, on ne peut plus ravie qu'ils se familiarisent avec leur nouveau milieu.
Le matin, c'est Wham. Wake me up before you go. À fond dans l’habitacle, chanté à tue tête, même les choeurs, même les notes les plus aiguës, les mains tapotant le volant. Et me fichant bien du regard des autres automobilistes. C'est une chanson qui met de bonne humeur, que voulez-vous, qui donne de l'énergie, et c'est ce dont j'ai le plus besoin pour attaquer chaque journée. Quand je me lasse, c'est Fuck you de Ceelo Green, ou encore S.O.B de Rateliff, et j'ai mon quota de jurons pour la journée. Parfois d'autres titres improbables, mais je reviens toujours à Wham. Le soir, le registre n'est pas plus récent, mais plus calme. Spirits, Busy Earnin’, Little L. Une plus petite dose d’énergie, juste ce qu'il faut pour tenir la soirée, et de quoi donner le sourire quand je passe la porte de la maison. Je me fais toujours assaillir par Ben et Milo en premier, aboyant sur le palier avant même que ma main soit sur la poignée. Je dois régulièrement empêcher le plus petit de se faufiler par l'entrée pour une petite escapade et vite fermer derrière moi. “Bonsoir tout le monde.” Chacun a droit à son lot de caresses, tous deux sont très demandeurs. Ben peut-être plus que son camarade, qui retourne vite jouer. “Un peu d'air, ton vieux maître est fatigué.” lui dis-je en secouant sa frimousse. Je peux enfin approcher de ma fiancée et déposer un baiser tendre sur ses lèvres, puis un autre sur la joue de Daniel. Monsieur attend avec impatience son tour d'avoir un câlin. Mais les chiots lui volent la vedette ; Nunki et Sirius se risquent à faire quelques pas vers nous, timides, alors je m’accroupis et les encourage à approcher un peu plus pour leur donner quelques caresses. “Salut vous deux. Vous avez l'air en forme !” Oui, ils se remettent bien de leur mésaventure. Je prends celui au pelage sombre dans mes bras, l'autre tente de grimper sur ma jambe pour l'y rejoindre, couinant. Mais celui qui couine plus fort, c'est Daniel qui n'apprécie pas vraiment d'être relégué au bas de la liste. “Oh, une crise de jalousie, pour moi ? Je suis flatté.” dis-je avec un petit rire en reposant les chiens par terre. Je me redresse et prend mon fils des bras de sa mère -Et dans tout ça, je n'ai même pas pu prendre le temps de retirer ma veste ni ma cravate. “Voilà, Daniel a sa place attitrée dans les bras de papa le soir. Content ?” La tête tout contre mon torse, tétine en bouche, oui, il semble satisfait. J'adresse un regard complice à Joanne. Pas facile de gérer tout ce petit monde, ça doit être fort animé pendant la journée. Vu que cela ne prendra qu'une minute, je m'approche du courrier pour jeter un oeil à tout ce qui est à mon nom. “Voyons ça…” Bien sûr, ce qui m'intéresse le plus est le magazine. Passant tous les autres articles, je trouve rapidement le cahier central et le fameux classement. J’en regarde les heureux élus un par un, jusqu'à tomber sur moi. C'est quelque chose de si étrange d'apparaître là-dedans. “Eh bien…” je souffle, mes doigts glissant sur le papier. Je lis en travers le petit texte à mon sujet et celui sur Hannah. Les photos sont très réussies. Sur la première double page, il y a à gauche une photo de la comédienne seule, et à droite, de moi. Sur la double page suivante, comme une petite histoire, ils en ont sélectionné trois ; une où la comédienne s’amuse à se faire plus grande que moi sur le muret, celle où je la porte pour la faire descendre et celle où je l'attire vers moi en marchant, nos visages assez proches et le regard complice. Entre les pages, ils en ont glissé deux autres, imprimées sur papier glacé. Je cache très vite dans les pages du magazine le cliché de nous de dos en train de fumer, la tête d'Hannah posée sur mon épaule. L’autre n’a rien de spécial. “Septième, c'est pas mal.” Pour un type de la radio débarqué sur les ondes depuis à peine plus d’un an, c'est même pleinement satisfaisant. Mais dans le texte, ils justifient ma place avec mes engagements ici et là. Typologie homme de l'ombre jusqu'à présent, peu à peu dans la lumière, qu'ils disent. Ils ne mentionnent pas mon histoire avec Hannah, rien de la sorte. Ils décrédibiliserait tout le classement avec ce genre de remarques. Tant mieux. “Tu as vu Daniel ? C'est papa dans le magazine. Et ça c'est son amie, Hannah.” Il m’a reconnu sur les photos, et ça l’étonne. Il accorde peu d'importance à la brune, sûrement trop occupé à essayer de comprendre pourquoi son père est en tout petit sur le papier, mais en même temps en très grand à côté de lui. “Ça me fait penser que tu seras bientôt assez grand pour que je te donne le cadeau qu'elle t'as fait.” Il est encore à l'âge des livres interactifs, ludiques, remplis d'images. D'ici quelques mois il sera capable d'écouter de vraies histoires, avec de belles illustrations, comme celles du livre que la comédienne lui a trouvé.
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Dernière édition par Jamie Keynes le Mar 30 Aoû 2016 - 14:10, édité 1 fois
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Même Jamie avait eu droit à sa crise de jalousie lorsqu'il avait Sirius dans ses bras. Décidément, Daniel ne s'y faisait pas. Peut-être parce que Jamie ne les avait pas plus porté que ça jusqu'aujourd'hui, alors que le petit voyait sa mère jouer autant avec lui qu'avec eux tous les jours depuis le retour des vacances. Cela ne semblait pas particulièrement déplaire au père de famille, qui en riait. Le bébé était bien satisfait et fier de lui lorsqu'il était blotti contre son père, heureux comme jamais. La jeune maman s'était à son tour accroupi, les deux chiots tentant désespérément de grimper sur ses genoux. Dès qu'ils le pouvaient, ils léchaient sans cesse le visage de la jeune femme, c'était certainement un signe d'affection, elle n'en savait trop rien. Pendant ce temps, Jamie s'était approché du magazine pour le feuilleter un petit peu. Elle ne venait pas le regarder avec lui, ne prêtant attention qu'à ses commentaires. "Qui sait, tu monteras dans le classement l'année prochaine." lui dit-elle avec un sourire, en se redressant avec les deux chiots dans ses bras. "Ca ne m'étonnerait pas." Sa notoriété et popularité montaient en flèche, bien que pour beaucoup, il était une voix à la radio. Mais ses nombreux engagements le rendaient tout de même populaires. Joanne déposa les chiots près de leur coussin, afin qu'ils s'y retrouvent, mais ils semblaient être en forme pour jouer un peu tous les deux ensemble. Elle souriait lorsqu'elle entendait Jamie montrer à leur fils les photographies. Néanmoins, elle eut rapidement un goût amer dans sa bouche lorsqu'il mentionnait Hannah. Alors elle se répétait sans cesse ce qu'il lui avait dit sur la plage à Two Rocks : rien ne s'est passé. Mais elle tomba des nus lorsqu'elle entendit qu'Hannah lui avait acheté un livre. Joanne ne savait pas trop pourquoi -alors que la raison était évidente- mais elle n'appréciait pas ce cadeau. Comme si elle se souciait réellement de leur enfant, se dit la petite blonde. Ca sonnait étrangement faux, tout ça. Bien sûr, elle se gardait de faire tout commentaire et préférait poursuivre la soirée comme si de rien n'était. Joanne entendait Nunki et Sirius s'amuser ensemble, à faire de petits bruits alors qu'ils se mordillaient affectueusement l'oreille, qu'ils s'allongeaient l'un sur l'autre. Ils avaient tout vécu ensemble jusqu'ici, ce lien qui s'unissait n'allait que se renforcer d'année et année. Préférant totalement évincer le sujet d'Hannah et de tout ce qui pouvait la concerner de près ou de loin, Joanne se rendit en cuisine afin de réchauffer un peu le gratin dauphinois qu'elle avait préparé. Elle avait également cuisiné une ratatouille, et avait mariné un peu de viande pour elle. Comme à son habitude, elle mit les couverts sur la table et leur servit un peu d'eau. Ils ne buvaient pas de vin tous les soirs non plus, mais ça devenait presque systématique le weekend, lorsqu'ils pouvaient un peu plus rallonger leur soirée en sachant qu'ils pouvaient traîner au lit le lendemain. "Je vais faire vacciner les chiots demain, j'ai pris rendez-vous." lui précisa-t-elle. "Et j'ai aussi une consultation avec le Dr. Winters, pour voir si... tout va bien. Check up général pour presque tout le monde." dit-elle afin d'essayer de plaisanter un peu. Joanne appréhendait toujours ses consultations, elle avait une peur monstrueuse des diagnostics, préférant presque rester dans l'ignorance. "Et il faut que Daniel montre à Papa qu'il arrive à boire de l'eau tout seul dans son gobelet." dit-elle un peu plus fort pour que le petit entende son prénom. C'était avec ces verres en plastique munies de poignet et d'une pipette. "Il a mis de l'eau absolument partout, mais il a fini par comprendre le principe. Les chiens se sont occupés de laver le sol en le léchant jusqu'à la dernière goutte." ajouta-t-elle en riant.
“Nous verrons bien.” je réponds en haussant les épaules. “Je t’avoue que même si je ne serais pas contre, ça m’importe peu.” Ou peut-être que je n’y serai plus. Après tout, c’est un classement pour les nouveaux entrants dans les sphères d’influence d’Australie. Une fois dans le grand bain, il n’y a plus de raison d’y figurer. L’objectif serait d’être dans le classement du dessus, mais ça aussi, je m’en fiche bien. Je n’ai jamais eu pour but d’être dans la lumière en Australie, au contraire. Faire partie des hommes dans l’ombre me convient bien. Mais même cette qualité a droit à sa part de reconnaissance. Je suis surpris de voir que Joanne n’approche pas pour voir le magazine. Il serait naturel pour n’importe qui d’avoir ce brin de curiosité malsaine poussant à venir voir ces fameux clichés de moi et Hannah, qui, pour une fois, ne sont pas pris à notre insu -excepté celle où nous prenons une pause cigarette, le photographe a cru bon de nous prendre au dépourvu. Je doute que cela n’intéresse pas la jeune femme, mais peut-être a-t-elle décidé, avec raison, qu’il ne servirait à rien de se faire du mal de la sorte. Même s’il ne s’est rien passé, mais si ces photos montrent que nous nous sommes amusés avec une certaine complicité, son esprit échafauderait facilement les scénarios les plus étriqués afin de se torturer pour les mois à venir. Ce n’est pas plus mal, qu’elle ne pose pas les yeux dessus. Alors après avoir regardé les clichés une dernière fois, je referme le magazine et m’approche de ma fiancée qui réchauffe le dîner et met la table. “Tu vois ça ? Ca veut dire que c’est bientôt l’heure de manger.” dis-je à Daniel en marchant doucement, caressant sa grosse joue avec un doigt. “Bientôt tu pourras goûter tous les bons petits plats de maman, et pas seulement les purées.” Le petit me regarde avec intérêt, je prononce plein de mots qu’il commence à reconnaître, il sait que je parle de nourriture. Malgré sa tétine, il se met à babiller pour m’imiter et faire la conversation. “Pas avec la tétine, mon garçon.” dis-je en la lui retirant de la bouche ; il s’en fiche bien et continue de causer dans son charabia de bébé. “Oui, tu auras bientôt ton biberon.” Je l’embrasse sur le front, et il se blottit contre moi. Une fois la table dressée, Joanne m’apprend qu’elle a rendez-vous chez le vétérinaire pour les chiots. Maintenant qu’ils sont en meilleure forme, nous pouvons faire le nécessaire pour les adopter en bonne et due forme. Elle a également une consultation pour elle avec son médecin, ce qui ne semble pas la réjouir. Je lui souris, me voulant rassurant. A moins qu’elle ne me dise pas tout, il n’y a aucune raison que quelque chose se soit soudainement mis à clocher chez elle, Winters ne trouvera rien. Pendant que la jeune femme parle, faute de pouvoir retirer ma veste avec le petit koala greffé sur moi, je parviens tout de même à défaire ma cravate d’une main et la pose sur le côté. Puis je défais les deux ou trois premiers boutons de ma chemise, histoire d’enfin pouvoir respirer. “Est-ce que je dois moi aussi passer par la case check up?” je demande en arquant un sourcil, sait-on jamais si elle m’a pris un rendez-vous pour je ne sais quelle raison -voire juste pour se rassurer. Je le devrais peut-être, à la réflexion, histoire de faire un rapide bilan de ces premières semaines sans traitement. Mais j’ai peur de finir par avoir l’air d’un enfant sur la chaise du docteur en train de se faire sermonner, parce que je sais qu’il insistera pour que je reprenne au moins la thérapie, et je ne veux pas perdre mon temps à lui faire comprendre que je préfère me débrouiller seul. C’est un débat sans fin. Joanne m’apprend également que Daniel est parvenu à boire tout seul à l’aide d’un gobelet à poignées, après quelques désastres. “Tu me montreras ça pendant le dîner, bonhomme ?” dis-je avec un large sourire. Je le dépose sur sa chaise haute et, enfin, je peux ôter ma veste, et retrousser mes manches pour lui donner son repas. Il tient bien son biberon avec ses deux mains, il arrive maintenant à le boire seul. C’est le solide, la partie délicate. Néanmoins, c’est un bébé entreprenant, et parfois, il n’hésite pas à attraper mes doigts sur la cuillère pour l’attirer vers sa bouche comme s’il parvenait, à peu de choses près, à se nourrir tout seul. Excepté qu’il s’en met partout. Et puis, c’est soir de carottes, alors l’exercice est tout de suite plus sportif, et après la première bouchée, plutôt que d’attirer la cuillère vers lui, il la saisit pour la détourner de son visage. Tout un cinéma. Il a le droit de se consoler avec un peu de biscuit. Pendant ce temps, les chiens gravitent autour de nous, malgré leurs gamelles pleines, pour récupérer tout ce qui tombe par terre. Pendant que Joanne et moi dînons, Daniel s’est trouvé un nouveau jeu préféré, consistant à faire tomber sa peluche et à attendre que papa la ramasse, et recommencer, encore et encore, sans s’en lasser. A plusieurs reprises, je lui demande de cesser, jusqu’à ce que je doive employer un ton plus ferme en articulant un simple “Daniel” qui suffit à le persuader de ne pas continuer à tirer sur la corde. "Tu t’en sors, à gérer tout ce beau monde toute la journée, et la fondation à côté?” je demande une fois mon assiette vide. Deux semaines après la fin des vacances, Joanne a pu se faire une bonne idée de ce que c’est de tenir la maison, un bébé, quatre chiens et un emploi depuis le domicile. “Tu sais que si tu as besoin d’un coup de main, il suffit de le dire, on te trouvera quelqu’un de compétent.”
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne regardait affectueusement Jamie qui expliquait à Daniel le repas, lui précisant qu'il fallait encore attendre un peu avant de penser à prendre les mêmes plats que ses parents. Mais pour manger identiquement qu'eux, ça se comptait même en années. Jusque là, il fallait éviter les épices et certains aliments, son organisme n'étant pas encore assez mature pour tolérer ce genre d'ingrédients. C'était assez fastidieux et parfois un peu casse-tête à chaque fois que le pédiatre lui donnait de nouvelles consignes, mais la jeune femme s'en sortait. Elle riait un peu lorsque le petit tentait de poursuivre la conversation avec son père. Pendant qu'elle mettait la table, elle expliqua le programme prévu pour le lendemain, surtout cette consultation qui était loin de la réjouir, sans vraiment de raison. Elle haussa les épaules à sa question. "C'est à toi de voir si tu penses avoir besoin d'un check-up." lui répondit-elle naturellement. C'était à lui d'estimer ou non 'il devait voir quelqu'un, avoir un avis bien extérieur de leur vie privée. Une fois passés à table, Jamie put observer avec admiration le dernier exploit de Daniel, qui était de boire de l'eau seul. Il ne fallait pas trop remplir le contenant afin qu'il ne soit pas trop lourd pour ses bras potelés, mais il gagnait déjà beaucoup en force et en dextérité. Après qu'il ait fait son cinéma pour manger sa purée de carottes, il s'amusait à faire volontairement tomber sa peluche pour que Jamie la ramasse. Celui-ci dut emprunter une voix plus ferme afin qu'il cesse ce jeu qui n'amusait plus personne sauf le bébé en question. "Je ne vois pas comment quelqu'un pourrait m'aider." lui répondit-elle avec un sourire sincère. "Mais je dois avouer que je ne me suis pas encore pleinement plongée dans la fondation, je n'ai répondu qu'aux questions importantes et prioritaires pour le moment, et à m'assurer que les travaux se terminaient bien." Ce qui en soit, n'était déjà pas mal, mais pour Joanne, ce n'était pas se plonger pleinement dans son travail. "Je voudrais attendre de voir comment se passe la première après-midi en crèche pour voir comment ça se passe. " Elle ne sera rassurée qu'à ce moment là. "Les chiots sont encore trop petits pour les promenades. Je fais de touts petits tours avec ceux pour le moment." Et Joanne appréhendait assez l'idée d'embaucher quelqu'un pour faire quoi que ce soit, qui soit à la maison pendant plusieurs heures dans la semaine. Elle ne ferait pas confiance. "Je pense pouvoir me débrouiller pour le moment." lui assura-t-elle avec un sourire sincère. Et Joanne se disait qu'une main d'oeuvre supplémentaire pouvait revenir très cher. "Je veux être capable de me débrouiller." ajouta-t-elle d'un air plus pensif, avant de se lever afin de débarrasser la table. Elle ne se sentait pas plus utile que ça, et trouvait qu'elle ne faisait pas grand chose. Pendant ce temps, Jamie s'occupait un peu de Daniel, et le monta à l'étage afin de le baigner et de l'allonger. Joanne mettait un peu d'ordre dans la cuisine, faisait aussi un brin de vaisselle et de nettoyage. En passant l'éponge, elle fit malencontreusement tomber le tas de courrier qui était posé sur le bar, avec un geste trop brusque de sa part. Elle soupira, s'essuya les mains, et fit le tour afin de tout ramasser, se maudissant de son étourderie. En rassemblant le tout, elle vit ce qui semblait être une photographie retournée. Elle fronça les sourcils, et le retourna pour y jeter un oeil, se disant qu'elle n'avait aucun souvenir d'avoir déposé un cliché parmi les lettres qu'elle avait empilé. Elle se sentit pâlir lorsqu'elle vit ce qu'il y avait sur le cliché. Ce fut un véritable déclic lorsqu'elle le vit, et elle ne put s'empêcher de bouquiner frénétiquement le magazine jusqu'à tomber sur les pages qu'elle ne voulait au fond pas voir. Mais c'était plus fort qu'elle. Ses mains tremblaient, et elle ferma brusquement le magazine avec les clichés à l'intérieur. Joanne tentait de faire comme si de rien n'était, et posait la petite pile sur le bar. Elle avait les larmes au bord des yeux, ne parvenant pas à calmer son rythme cardiaque, ni son imagination. Jamie n'allait certainement avoir aucune difficulté à deviner ce qu'il venait de se passer. Elle s'efforçait de sourire, de faire comme si de rien n'était. Que ce n'état pas grave, que ça ne signifiait rien. Avant qu'il ne s'approche trop d'elle, elle dit. "S'il te plaît, j'ai juste besoin de quelques minutes seule. Vraiment toute seule." Sa voix était faiblarde, étouffée à cause de sa gorge serrée. Un tout petit temps toute seule, sans les chiens, sans rien. Joanne le remercia avec un regard reconnaissant, avant de passer par la baie vitrée du jardin et se diriger vers la piscine. La belle blonde s'installa sur le bord de l'une des chaises longues, assez recroquevillée sur elle-même. Ses yeux bleus regardaient la surface de l'eau sans vraiment la contempler. Elle tentait de se répéter tout ce que Molly lui avait dit, tout ce qu'elle s'était dit elle-même durant ces dernières. Ce n'est rien, ce n'était que purement professionnel. Que ça devait bien arriver un jour. Mais plus elle tentait de se persuader toutes ces choses, moins elle y croyait. Après tout, elle se souvenait très bien qu'il n'avait pas vraiment répondu à sa question lorsqu'elle avait demandé s'il l'aimait encore. Il n'avait pas dit non. Il avait dit qu'il avait de l'affection pour la brune. En y repensant, Joanne pensa subitement à que sa réponse était floue, qu'il y avait maintes façons d'avoir de l'affection pour quelqu'un. Et elle avait vu cette cigarette en main, ce nuage de fumée devant eux, sur la photo. Quelque chose dont il s'était bien plus à lui cache. Elle restait longuement silencieuse, se fichant bien de ses larmes qui coulaient dans les joues. Intérieurement, elle avait envie de hurler, mais elle ne montrait rien. Elle préférait rester là, seule, aussi longtemps que nécessaire, tentant cette fois-ci de se convaincre qu'elle allait bien s'y faire, qu'elle allait se faire une raison, et que de toute façon, Jamie ne voudra jamais renoncer à Hannah, même pour elle.
Pour Joanne, il n’y a pas moyen de lui donner un coup de main. Il y a déjà la femme de ménage pour entretenir la maison hebdomadairement, ce n’est pas quelque chose dont elle a à se soucier. Il suffirait peut-être de quelqu’un pour promener les chiens de temps en temps, mais c’est une promenade qu’elle fait avec le bébé, alors il n’y a pas de perte de temps. En soi, il n’y a que le temps en crèche qui permettra d’en dégager un peu pour que la jeune femme s’occupe pleinement de la fondation, et d’elle-même, ce qui est assez difficile à admettre pour moi. Quoi qu’il en soit, Joanne refuse toute aide et préfère réussir à tout gérer seule. “Bien, mais n’hésites pas, d'accord ?” Je ne voudrais pas qu’elle se sente complètement dépassée, submergée. Après le dîner, Daniel a droit à un bon bain. Il y a quelques jours, je lui ai commandé une nouvelle petite baignoire sur internet, gonflable, en forme de gros canard jaune. Autant dire que l'heure du bain est devenue sa préférée et qu'il crie toujours de joie en la voyant puis quand on l'installe dedans. Il barbote joyeusement, tapant l'eau avec ses mains et ses pieds. Il commence à avoir des cheveux plus longs et épais, bruns comme son père, qu'il faudra songer à couper. Nous jouons un long moment dans l'eau, jusqu'à ce qu'elle devienne trop froide. Alors j’enveloppe le caneton dans sa serviette -affublée d'une capuche aux oreilles d'ours. Il est toujours beaucoup trop adorable là dedans. Armé d'une couche propre et d'un pyjama, Daniel écoute attentivement sa chanson du soir. Il ne dort pas lorsque je ferme la porte derrière moi, plutôt d’humeur à discuter avec son doudou, mais il ne tardera pas à lui souhaiter bonne nuit et sombrer dans un profond sommeil. Vu que ma chemise à été bien trempée dans l'opération, je passe par la chambre pour me changer et enfiler mon pyjama directement, avec un t-shirt pour me couvrir un minimum. En bas des escaliers règne une ambiance étrange. Joanne est silencieuse, un sourire forcé sur les lèvres. D'un coup d'oeil vers le courier, je constate que plus rien n'est a sa place. “Joanne…” J'approche de quelques pas, prêt à encaisser toute scène ou crise qu'elle souhaite faire pour être rassurée, et lui répéter cent fois que ce qu'elle a vu ne signifie rien, à défaire un par un tous les scénarios que son esprit à eu le temps de monter. Mais avant que je puisse faire quoi que ce soit, la jeune femme demande à être complètement seule, et après un léger signe de tête de ma part, acceptant sa requête, elle file s’isoler dans la verrière de la piscine. Pour ma part, soupirant, je ne sais pas quoi faire de mes dix doigts. Je ne sais pas combien de temps la laisser seule, ni quoi dire pour la faire sentir mieux. Je reste sans rien faire un long moment, marchant parfois dans le salon, bras croisés. Je laisse une bonne demi-heure s’écouler, et puis, cela me semble assez, alors j’approche lentement de la piscine pour rejoindre la fiancée. De loin, je la devine assise sur un transat, et, de plus près, ses joues mouillées luisantes sous l’éclairage du bassin. J’approche aussi doucement que si elle pouvait s’enfuir au moindre geste brusque, jusqu’à me trouver devant elle, et m’accroupir pour trouver son regard. Je saisis ses mains dans les miennes et dépose un fin baiser dessus. “Il ne s'est rien passé, je te le promets.” je murmure tout bas -mais ici, le moindre souffle résonne. Je le lui répète, au cas où elle ne me croit pas. Je doute que cela soit suffisant pour la rassurer, mais je ne sais pas quoi faire d’autre. Je me redresse puis prend place sur le transat, derrière elle, les jambes de part et d’autre de son corps, et glisse mes bras autour d’elle pour l’étreindre. “Tu sais quoi, oublie ce que j'ai dit.” je murmure tout bas, près de son oreille, d'une voix douce et pleine de tendresse. “Tu t'en sortiras très bien sans aide, tu n'en a pas besoin. C'était idiot de ma part.” Je sais bien que ce n'est pas le problème à cet instant, mais je me dis que si sa stratégie précédente était de changer de sujet pour balayer tout ce qui concerne Hannah, alors je peux m'y essayer pour qu'elle cesse de pleurer et de se tourmenter. Lui faire songer à quelque chose de positif, l’encourager. “Tu tiens très bien la maison seule, tout le monde a l'air heureux grâce à toi.” Ma main passe régulièrement sur ses cheveux, comme pour apaiser son esprit par ce geste. Cela semble important pour elle d'être capable, et de l'être seule, et c'est le cas. Daniel s’épanouit, c'est un bébé souriant. Les chiens sont toujours en forme, nos deux nouveaux pensionnaires commencent à se sentir chez eux. Et moi, j'ai un foyer en paix matin et soir, un cocon où je me sens à ma place auprès de celle que j'aime. Elle réussit tout parfaitement. “Tu fais un excellent travail, partenaire.” j'ajoute avec un sourire, après avoir délicatement tourné son visage vers le mien, espérant lui en inspirer un également. J’essuie l'une de ses joues humides, glisse ses cheveux derrière son oreille, puis dépose un baiser sur ses lèvres. “Je t'aime, mon ange.”
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne ne savait plus vraiment quoi penser. L'équilibre entre la raison et ce que son esprit la poussait à croire était bien fragile et ne savait pas de quel côté chavirer. C'était horrible, comme sensation, de venir au point de douter autant. De remettre ces dernières semaines, voir même absolument tout en question. Qu'au final, ce n'était qu'une illusion, un tissu de mensonge juste pour l'épargner de tout. Elle se sentait ridicule, une moins que rien. Il lui avait pourtant dit que tout était fini, mais au fond d'elle-même, Joanne savait que ce n'était pas vrai. Qu'il y avait aussi ce magnétisme entre Hannah et lui qui étaient tout aussi indéfectible. Et à l'accepter, c'était insupportable pour Joanne. C'était pour elle inconcevable de se nouer d'une simple amitié avec une personne avec qui l'on a couché, avec qui on a eu des sentiments. Ca finirait par le rattraper un jour, c'était certain. Joanne en était persuadée. Plongée dans ses pensées, elle ne remarque la présenc de son fiancé que lorsqu'il prit délicatement ses mains tremblantes, afin d'y déposer un baiser. Encore une promesse. La jeune femme gardait les yeux baissés, sans dire mot, encore trop perdue dans son flot de pensées. Puis Jamie se glissa derrière elle, et la serra un peu contre lui. C'était tout aussi agréable qu'horrible à sentir, cette chaleur tout contre elle, sur le moment. Et il passait du coq à l'âne, Joanne ne comprenait pas vraiment de quoi il parlait pendant ses premières phrases. Il préférait revenir sur le sujet de conversation précédent, Joanne ne comprenait pas vraiment sa manoeuvre. Il se montrait subitement on ne peut plus encourageant vis-à-vis de tout ce qu'elle faisait à la maison, il en était même très reconnaissant. Pendant ce temps, il caressait ses cheveux blonds avec affection. Il savait que ça l'apaisait, et ça fonctionnait. Du moins, les larmes avaient cessé de couler, cela ne voulait pas autant dire que ses idées, elles, s'étaient calmées. Elle se laissait bercer, le regard totalement vide. Comme une poupée, Jamie fit tourner sa tête pour lui sourire tendrement. Sur le coup, Joanne en était incapable, mais elle se laissait volontiers embrasser par son beau fiancé, et elle y répondit avec tout autant d'amour. Il gardait son visage près d'elle, à toucher son nez avec le sien après lui avoir glissé quelques mots d'amour. "Et est-ce que tu peux me promettre qu'il ne se passera jamais rien ?" lui demanda-t-elle finalement, en le regardant droit dans les yeux, espérant entendre de lui une réponse honnête. Elle savait combien les promesses avaient de l'importance pour lui. Elle verra bien à ce moment s'il est capable de lui donner cette garantie. "Est-ce que tu peux me promettre que tu ne l'aimes plus ? Parce que me dire que tu as de l'affection pour elle, ça veut tout et rien dire, Jamie. Et un tel sentiment ne s'évapore pas comme ça." C'était surtout libre d'interprétation, à croire qu'il l'avait laissé volontairement avec cette phrase pour qu'elle se fasse les propres idées. Et des dizaines d'autres questions effleurèrent l'esprit de Joanne : comptait-il l'inviter à leur mariage ? Pire, demanda-t-il à ce qu'elle soit son témoin ? Des questions qui lui brûlaient les lèvres, mais elle se disait qu'elle n'en aimerait sûrement pas les réponses. Il ne savait pas ce que c'était, il n'avait aucune idée de ce que pouvait ressentir Joanne à ce moment là. Lui ne l'avait jamais entendu déclarer sa flamme à quelqu'un d'autre. Même si ses réponses n'allaient peut-être pas lui plaire, elle espérait qu'il soit honnête avec elle. Un peu plus tard, elle lui demanda. "Combien de cigarettes as-tu fumé aujourd'hui ?" Il savat très bien pourquoi elle le questionner là-dessus, ce qu'elle comptait faire par la suite. Elle l'avait prévenu, elle le ferait, et il devra regarder. Qu'importe la toux, les suffocations et le temps que ça prendra. Eux ou rien du tout. "Depuis combien de temps ?" Joanne n'avait vraiment pas apprécié qu'il le lui cache, ça se voyait certainement dans son regard. Maintenant qu'elle avait tout vu -quoi qu'il n'était pas impossible qu'il lui cache encore des choses, elle se méfiait désormais de ce penchant là-, elle voulait savoir. Même si cela menait à une confrontation et qu'elle détestait cela.
Faute de réussir à lui faire penser à autre chose, je suis au moins parvenu à la faire cesser de pleurer. Elle n’est plus qu’une poupée de chiffons dans mes bras, happée par ses pensées. Elle ne me rend pas mon sourire, mais au moins, elle accepte et répond à mon baiser. Sans perdre le nord, Joanne revient immédiatement sur le sujet de Hannah. J’essaye de garder un peu de ce sourire, même s’il s’efface. Je ne veux pas qu’elle pense que ses questions m'agacent ou m’énervent, parce que je les comprend. “Je te le promets.” je réponds d’un voix douce. Ce n’est pas dans mes intentions de partager le même lit que la comédienne, et je pense que ça n’est pas non plus dans les siens de coucher avec moi à nouveau. Nous avons tourné cette page. Elle se concentre sur sa carrière, je vais me marier, nous avons repris nos vies où nous les avons laissées -au détail près que nous acceptons de faire partie de l’existence l’un de l’autre, parce que nous ne voulons pas faire autrement. Si nous ne comptons pas remettre le couvert, la question des sentiments est plus délicate. Et il est vrai que cela ne s’évapore pas en un claquement de doigts. “Si tu le sais, pourquoi tu me demandes ce genre de promesse alors ?” Pour le coup, ça ne lui sert qu’à se faire du mal. Joanne l’a entendu sur ce fameux enregistrement, elle a déjà la réponse à sa question. J’aurai toujours une affection particulière pour Hannah, mais je ne sais pas comment l’expliquer sans créer un nouveau drame. “C’est mon amie, Joanne.” dis-je en soupirant. “Nous avons eu une histoire, nous n’allons pas faire comme si rien ne s’était passé, mais c’est du passé. C’est mon amie, et je l’aime comme tel.” Je crois que je ne peux pas faire mieux. Si ça ne convient pas à la jeune femme, je ne sais pas ce que je pourrai dire d’autre sans avoir à lui mentir. Ca serait le cas si je lui promettais que je n’ai plus de sentiments pour Hannah, parce qu’il en restera toujours, plus ou moins vifs. Ce que Joanne ne comprend pas, c’est que ce ne sont pas des sentiments qui puissent mettre en péril ceux que je lui porte à elle, notre relation, notre famille. J’ai fait un choix, et je m’y tiens. J’ai choisi notre vie à deux, et une promesse éternelle. La jeune femme finit par aborder un autre sujet, aussi peu plaisant “Joanne…” je lâche dans un soupir qui, cette fois, laisse transparaître mon agacement. Je pose mon front sur son épaule, dépité, et ne sachant pas si je dois mentir ou dire la vérité. Je ne veux pas lui mentir, ça ne servirait à rien, et si elle venait à s’en rendre compte, la situation empirera, je perdrai sa confiance, et là, impossible de recoller les morceaux. “Une seule. C’est une seule par jour.” je réponds tout bas, résigné. “Depuis que tu as rendu ta bague.” j’ajoute. Ce n’est pas pour la culpabiliser à nouveau, c’est la vérité. Ca a commencé à la fréquence actuelle ce soir-là. Je me suis dit que je m’en fichais maintenant, que je ne verrais pas pourquoi je m’en priverais. Je fais ce qu’il me plaît, après tout, et avec Hannah, j’avais une complice. C’est devenu un de mes rares moyens de prendre une pause au travail. Juste une cigarette, dans la matinée -pas plus tard, sinon l’odeur n’a pas le temps de s’estomper assez pour que, si Joanne me demande, je puisse prétexter qu’il s’agit de l’odeur des cigarettes des autres fumeurs au travail. Toute une stratégie pour qu’elle ne mette aucune de ses menaces à exécution, aussi aberrantes soient-elles. Et je sais qu’elle compte s’y tenir. C’est pourquoi, petit à petit,à chaque seconde qui passe, je serre de plus en plus mon étreinte autour d’elle jusqu’à la serrer fermement, et vraiment fortement. “Je sais ce que tu as en tête, Joanne, et tu ne feras rien.” dis-je au fur et à mesure. “Tu n’as pas le droit. Je ne te laisserai pas faire.” De toute manière, elle est coincée. Elle peut gigoter et se débattre autant qu’elle veut pour que je la lâche, elle n’aura jamais la force et l’endurance nécessaires pour que mes bras cèdent. Et je me fiche bien qu’elle soit à l’étroit, que ce soit trop serré. Je ne compte pas la libérer tant qu’elle ne m’aura pas assuré qu’elle ne fera rien.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne allait se souvenir parfaitement de cette promesse. Elle allait mémoriser ces trois mots qu'il venait de lui dire. Il fallait laisser le temps au temps pour voir s'il allait s'y tenir ou non. Peut-être que l'envie de coucher avec n'était plus d'actualités, mais Joanne avait pu voir d'elle-même sur la photographie qu'ils restaient tout de même très tactiles envers l'un l'autre. Elle se demandait si cette relation qui était presque malsaine à ses yeux, pouvait laisser autant de marques sur la peau de Jamie que lorsqu'il couchait avec elle. Lorsqu'ils se mirent à évoquer la question des sentiments, le coeur de Joanne se serra. Même s'il disait que c'était passé, le fait qu'ils n'allaient pas nier tout ce qui s'était passé, et qu'il précisait qu'il l'aimait, lui fissura le coeur. Ca lui donnait même des vertiges en entendant ce mot associé à Hannah, alors qu'elle connaissait déjà la réponse avant qu'il ne le lui dise. La jeune femme avala difficilement sa salive, se mettant à regarder une nouvelle fois la surface tranquille de l'eau de la piscine. La nuit était tombée, et le bassin était éclairé, c'était joli. "Tu veux l'inviter au mariage ?" finit-elle par demander, d'un ton presque lassé. Ce n'était pas accusateur, elle préférait le savoir de suite pour s'y préparer, plus ou moins. Si c'était le cas, Joanne irait certainement s'isoler quelque part avec leur fils. Parce qu'elle savait très bien combien son fiancé s'amusait et semblait être lui-même -plus qu'avec n'importe qui d'autre- en la compagnie de la belle brune. Ca la rendait triste, de nouvelles larmes vinrent border ses yeux, et elle fit tout son possible afin qu'elle ne se déverse pas. Il fallait aussi aborder un sujet tout aussi épineux. Joanne se fichait bien que ça exaspère le bel homme, parce qu'ils en avaient déjà parlé, et il savait très bien ce qu'elle ferait s'il n'arrêtait. Il était parvenu à créer un monstre de culpabilité en Joanne, ce qui ne devint qu'un argument supplémentaire pour qu'elle aille se chercher une cigarette et la fumer devant ses yeux. Mais lorsqu'elle comptait se lever pour exécuter sa menace, son fiancé serra rapidement son étreinte, comptant ne pas la laisser aller où que ce soit. "Lâche-moi." souffla-t-elle, alors qu'elle tentait de dégager les mains posées sur elle. "Laisse-moi partir." Mais il n'y faisait rien, continuant de serrer, et serrer encore. Il forma une phrase affirmative, comme s'il s'agissait d'un ordre. Mais Joanne ne comptait pas se laisser abattre pour si peu. "Oh que si, je vais le faire." lui rétorqua-t-elle en fronçant les sourcils et en continuant de se débattre. "Pourquoi en aurai-je pas le droit ? Tu le fais bien, toi." Joanne commençait à s'énerver, et ça avec l'effort cumulé pour se défaire de son étreinte. Elle commençait d'ailleurs à paniquer, se demandant s'il mesurait tout de même sa force ou pas. "Tu me fais mal, Jamie." dit-elle en grimaçant et en essayant d'autres stratagèmes pour se défaire de ses liens. "Tu fais le même cirque avec Hannah, peut-être ?" Elle en doutait fortement, ça oui. Peut-être pas l'étreindre comme ça -quoi que-, mais l'empêcher de fumer. "Je t'avais prévenu, Jamie. Et je le ferai que tu le veuilles ou non. C'est nous deux, ou rien du tout." A la vie, à la mort, en quelque sorte. A bout de souffle, Joanne appuya sa tête contre son épaule, gardant ses mains déposées sur les siennes. Frustrée au possible parce qu'elle savait qu'elle ne sortirait pas de là par elle-même. "Jamie, si tu ne me lâches pas, je vais faire réellement de l'abstinence jusqu'au mariage." lui dit-elle sèchement. Elle était on ne peut plus sérieuse, elle allait être capable de tenir jusque là sans soucis - et lui, un peu moins. Elle avait même en tête de le narguer exprès avec la lingerie qu'elle avait ou qu'il lui avait offerte sans lui permettre de la toucher sous n'importe quel prétexte. Tout ça, juste par vengeance, parce qu'il abusait de ce rapport de force complètement inégal pour faire obéir ses lois. "Et j'ai envie de dire que je devrais même en prendre deux, de cigarette, une parce que tu continues de fumer, et une parce que c'est de ma faute si tu as commencé. Alors lâche-moi. Tu as dit que je méritais tout mon traitement jusqu'ici, alors pourquoi pas ça ?"
“Je l’inviterai, oui.” je réponds sans hésitation. Je me suis déjà posé la question, en long en large et en travers. Je me suis demandé comment Joanne le prendrait -mal, forcément, elle ne peut que mal prendre tout ce qui concerne Hannah et n’y mettra jamais du sien- et comment Hannah le prendrait -pas forcément bien non plus, c’est assez limite d’inviter son ancienne amante à la cérémonie pendant laquelle je compte épouser celle pour qui je l’ai quittée sans aucun tact. Mais je m’en voudrai de ne pas le proposer à Hannah. Je me dis que ça serait la preuve que la page est tournée. C’est une situation étriquée, certes. “A elle de voir si elle souhaite venir ou pas.” j’ajoute en haussant les épaules. Je ne l’y forcerai pas, je ne ferai pas de chantage affectif. Je ne lui en voudrai pas de ne pas venir, je sais à quel point son statut est inconfortable. En revanche, Joanne peut constater que je ne lui demande pas son avis, et qu’elle n’a pas le choix. Elle devait certainement s’en douter, c’est tout à mon image après tout. Je ne compte pas tolérer le moindre cinéma à ce sujet, j’estime avoir assez fait pour qu’elle comprenne que mon choix est fait. Elle n’a qu’à se dire que se marier devant Hannah sera son ultime victoire sur la brune, si ça peut lui apporter du réconfort, qu’importe. Je n’aurai pas la patience de débattre à ce sujet. Tout comme je ne me sens pas la patience de parler de ma consommation de cigarette, d’autant plus qu’elle est incroyablement minime. Pas de quoi en faire tout un plat. Bien sûr, Joanne n’est pas de cet avis. Elle compte bien mettre ses menaces à exécution, et moi, à ne pas la laisser faire. Je la maintiens bien serrée dans mes bras, l’empêchant de bouger et de se libérer. “Ce n’est pas pareil et tu le sais très bien.” Une cigarette, c’est dix minutes de break et de détente, et ce n’est certainement pas ça qui me fera du mal. Elle connaît ma santé de fer après tout. Pour Joanne, ces bouffées peuvent devenir dramatique. Elle le sait mieux que personne, mais elle préfère s’obstiner. Alors elle continue de gigoter pour que je la lâche. Je sais que je serre fort, un peu trop fort, elle ne me laisse pas le choix, et quoi que ça en ait l’air, il est difficile pour moi de la maintenir ainsi. Cela me fend le coeur de devoir utiliser la force contre elle, et de l’entendre se plaindre de l’intensité de mon étreinte. “Alors arrête de te débattre.” Elle se fait du mal toute seule après tout, il suffit qu’elle cesse de bouger. Et puis, entre être coincée dans mes bras et le mal qu’elle pourrait se faire avec une cigarette, le choix est vite fait. Je ne réponds pas lorsqu’elle invoque Hannah. Là aussi, c’est différent. Je lâche un soupir exaspéré quand elle en rajoute une couche en menaçant de m’interdire de la toucher jusqu’au mariage. “Fais-le, je ne lâcherai pas.” Au moins, elle a cessé de se débattre. Je ne desserre pas, au cas où elle attendrait que je baisse ma garde pour me filer entre les doigts. Et plutôt que d’abdiquer, la jeune femme continue d’en rajouter. “Je n'augmenterai pas à ce sujet avec toi, Joanne. Je suis un grand garçon, je fais ce qu’il me plaît, et tu n’as pas ton mot à dire là-dessus. Je ne te laisserai pas te faire du mal juste parce que tu n’es pas d’accord avec ça. Tu sais très bien que ça te fera bien plus de mal qu’à moi. Ca pourrait te déclancher une crise, et nous finirons cette soirée à l’hôpital. Et là-bas, Winters te dira exactement la même chose.” J’aurai droit à ma part de sermon, mais je suis certain que Joanne en aura un bien plus grand encore, et elle ne fera croire à personne que cela est de ma faute. C’est elle qui aura prit la cigarette en toute connaissance de cause, et pour quoi? Une leçon de morale inutile qui n’a nullement besoin d’autant de théâtralité ou de drame. “Ce que tu veux faire n’a pas de sens, c’est idiot et inconscient. Tu ne prouveras rien du tout, et ça ne me fera pas arrêter. Alors c’est très simple, je ne lâcherai pas tant que tu n’auras pas juré que tu ne feras rien.” Et si elle est aussi bornée que moi, alors la situation risque de rester bloquée pendant un long moment. Je loge mon visage dans son cou, dépité au possible. Même en la serrant aussi fermement, mes pouces caressent doucement ses bras. “Arrête ça, s’il te plaît.” je souffle tout bas. “Soit tu te fais du mal, soit je t’en fais, et aucune des deux solutions n’est enviable. Alors arrête.”
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Bien sûr qu'il l'inviterait, ce serait trop beau sinon. Joanne se gardait de faire tout commentaire. De toute façon, il se fichait bien de ce qu'elle pensait, et c'était aussi le pour nombreux sujets de conversation. Quoi qu'elle puisse dire, ça ne changerait bien. Mais hors de question qu'elle fasse un pas vers elle. Elles se connaissaient, et peut-être qu'en d'autres circonstances, Hannah et Joanne auraient bien s'entendre. Mais les chemins s'étaient vite séparées. Hannah aurait fini par se lasser d'elle quoi qu'il arrive, la petite blonde n'ayant pas une personnalité qui puisse être franchement compatible avec la brune. Jamie aimait les personnes fortes de caractère, il suffisait de se pencher sur Kelya ou Hannah pour le constater. Alors elle se demandait encore pourquoi son choix s'était arrêtée sur elle, parfois. Cela n'avait ni queue ni tête, et pourtant, il était là à l'étreindre de toutes ses forces pour éviter qu'elle ne se lève et qu'elle n'aille s'intoxiquer avec de la nicotine. Il lui faisait assez mal, en la serrant s'y fort, si bien que Joanne s'en plaignait. Encore une fois, Jamie ne voulait pas parler de ça avec elle, en lui faisant des leçons de moral qui l'exaspérait tout autant. Bien sûr qu'elle avait conscience de ce qui pourrait lui arriver si elle continuait de s'entêter avec ce sujet. Elle se contrefichait de ce que Winters pourrait dire sur le moment. Jamie ne l'écoutait pas, et, encore une fois, il n'en avait rien à faire de ce que pouvait penser sa fiancée à ce sujet. "Tu viendras annoncer toi-même à Daniel si tu as un jour un cancer ou une maladie cardio-vasculaire. Des personnes n'ont même pas besoin de fumer pour attraper un de ces trucs, toi, tu ne fais qu'ajouter un facteur de risque." lui cracha-t-elle presque, refusant d'accepter que ça puisse un jour arriver. Contrariée, elle se débattait de temps en temps, même plus avec l'idée de fumer en tête, mais tout simplement parce qu'elle voulait partir d'ici. Se coucher, ou se promener, elle n'en savait trop rien. Mais elle en avait assez de ce discours à deux sous que lui disait son fiancé. Idiote et inconscience, c'était ce qu'il disait. "Si, comme ça tu verras peut-être de tes propres yeux combien ces trucs peuvent faire du mal, voir même tuer." Joanne était mauvaise, elle lui en voulait énormément de fumer. C'était un comble, alors qu'il savait que sa belle avait des problèmes respiratoires. A croire qu'il en voulait aussi. Elle tournait la tête, ne voulant pas vraiment qu'il vienne nicher sa tête dans son cou, ni qu'il se mette à la caresser avec ses doigts. Elle ne comprenait pas ce qu'il cherchait à faire sur le moment. Et elle ne pouvait pas l'empêcher de faire tout ceci parce qu'il l'immobilisait toujours aussi fortement, et ça lui faisait toujours mal. "Je ne te jurerai rien du tout." souffla-t-elle. "Toi, tu te fiches bien de te faire du mal à toi." Encore une fois, Joanne en voulait à Hannah. Elle savait qu'elle fumait, il ne serait pas étonnant qu'elle l'ait plus ou moins initié là-dedans. Joanne ne pouvait pas appliquer pour le moment l'une de ses menaces, mais elle n'allait pas se gêner pour appliquer la deuxième. Ne pas avoir de relation conjugal ne semblait pas lui poser de problèmes, alors pourquoi se donnant tant de mal à rester aussi actif au fil des semaines ? Joanne finit par se demander s'il écouterait Hannah. Certainement plus qu'elle, la mannequin savait bien plus en imposer. Joanne n'avait au final pas autant d'autorité que ça sur Jamie, loin de ce que lui pouvait prétendre. Elle resta longuement dans ses pensées, sans faire le moindre commentaire, préférant largement se laisser bouffer par ses idées. Pour une fois, elle les laissait la ronger sans la moindre résistance. "Lâche-moi." finit-elle par dire au bout de quelques minutes. "Pour que ton idiote et inconsciente de fiancée puisse aller se coucher." Il n'était même pas tard, mais elle se disait qu'il aurait certainement refusé qu'elle aille se promener. De rage, elle avait en tête de faire un tour une fois que tout le monde était au lit. Elle ferait tout de même l'effort d'emmener son portable, pour ne pas être inconsciente jusqu'au bout.
Tout de suite, les grands mots. Cancer, maladie et autres drames. Des pathologies qui prennent des années, des décennies avant de se manifester, et quand bien même sans y ajouter de facteur de risque, comme Joanne le dit, vous tombent quand même dessus. De nos jours, il n’y a rien à faire contre ça, vous êtes destinés à l’avoir où vous ne l’êtes pas. Les facteurs de risques sont partout. Quitte à vivre avec cette angoisse, autant ne plus vivre du tout. A se demander où est passé le Jamie qui nourrissait une certaine obsession pour sa santé. “Ca n’arrivera pas.” je lui assure d’une voix sèche. Tous les hommes de ma famille ont toujours été de grands amateurs de cigares depuis leur jeunesse, et personne n’a développé quoi que ce soit. Nous sommes, malheureusement pour notre entourage, des rocs. Les maladies s’infiltrent autre part, et c’est déjà amplement suffisant. Joanne craint pour ma vie, ça je le comprends. Ce qui m’échappe, c’est la raison de sa démarche, soit disant pour me prouver qu’elle a des raisons d’être inquiète. “En risquant de te tuer toi même instantanément ? C’est ridicule, tu ne t’entends pas parler.” La jeune femme frôle l’incohérence. J’ai conscience des risques, je sais que des gens meurent, mais c’est mon corps et ma vie. Je ne me prétend pas avoir de droit de ce genre sur la sienne. Je ne me jette pas sous l’eau froide quand elle le fait juste pour lui montrer. Je ne me laisse pas déprimer et dépérir à cause de ma paranoïa comme elle juste pour qu’elle puisse voir ce que ça fait. Je n’ai pas besoin de démo, encore moins aussi risquée. “Tu viendras annoncer toi-même à Daniel que sa mère a terminé à l’hôpital parce qu’elle n’est qu’une entêtée.” dis-je en reprenant ses termes. Peut-être qu’elle verra sa bêtise en face, mais j’en doute. Quand c’est moi qui tente de la raisonner, cela ne l’impacte absolument jamais. Il faut toujours que ce soit quelqu’un d’autre, d’extérieur, pour qu’elle écoute. Alors je m’obstine pour rien, mais au moins, j’aurai essayé jusqu’au bout, on ne pourra pas me le reprocher. En colère, Joanne dégage ma tête de son cou, et gigote pour que je cesse mes caresses. Rien ne la calmera. Je serre les dents, peu à peu au bout de ma patience. Même l’implorer ne sert à rien, elle ne veut rien céder. Rien du tout. “Oui, je m’en fiche.” dis-je entre mes dents. Elle se fiche aussi d’elle-même, alors elle n’a rien à me dire à ce sujet. Pas de morale, pas de bonne parole, pas de phrase bien pensée. Elle est la première à se négliger, à se faire du mal, à relayer sa santé au dernier plan. Elle est reine de ce vice. Enfin, il était temps, un long moment de silence et de calme s’impose. L’ambiance est lourde, mais au moins, il n’y a plus de reproches qui fendent l’air. C’est presque un soulagement. Je desserre mon étreinte progressivement, puis Joanne demande une nouvelle fois à ce que je la lâche. Soit disant pour aller la dormir. La bonne blague. “Tu me prends pour un abruti, c’est ça ?” Elle, aller sagement dormir après cette scène, sûrement pas. Il y a un tas de scénarios possibles avec ma fiancée, mais sûrement pas celui-là. Elle ne dormira pas, me fera sa démonstration sous une douche glacée, s’enfuira pour la nuit, sans son téléphone pour que je ne puisse me ronger les ongles jusqu’au sang, ou une autre de ses réactions extrêmes. Mais qu’est-ce que j’y peux ? Joanne fera ce qu’elle veut quoi qu’il arrive. Je ne la retiendrai pas ici indéfiniment. Je lâche un soupir, la libère et me lève, désabusé. “Ne fais rien de stupide.” dis-je sèchement avant de quitter la verrière. Je rentre à la maison et monte l’escalier, pensant aller dans la chambre, mais finalement je me rend dans l’atelier, là où je me sens le plus isolé, et là où Joanne n’ose jamais venir me chercher. J’attrape un carnet de croquis pour griffonner, espérant que cela suffise à me défouler. Concentré sur les fines lignes tracées sur le grain du papier, je n'ai pas la place pour d'autres pensées.
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A se demander qui était le plus entêté, lorsqu'il s'agissait de tenir face à l'autre. Ils restaient tous les deux figés sur leur position, et rien ni personne ne parvenait à les raisonner. Ils étaient tous les deux bien conscients des risques pour chacun en fumant, il était clair que Joanne était bien plus exposée que n'importe qui dans cette famille. Jamie n'hésitait même pas à retourner la remarque contre sa belle, lorsqu'il s'agissait d'annoncer tout cela à Daniel. Ils se parlaient sèchement l'un à l'autre, personne ne comptait baisser les armes avant un moment. Mais par contre, cela faisait extrêmement mal au coeur à Joanne d'entendre qu'il se fichait bien de sa propre santé. Ce commentaire, même s'il devait être dit dans un contexte de colère, donc de choses qui ne sortent que dans ces cas là, la blessa, et la rendait vraiment triste. Après, il venait râler parce qu'elle avait une bien piètre image d'elle-même; lui n'était pas vraiment mieux. Il n'y avait que dans ce genre de disputes là, qu'elle parvenait à lui tenir tête, à le regarder droit dans les yeux. Comme lorsqu'il finit par se résigner et se lever, pour partir finalement le premier. Elle le fusillait du regard, n'appréciant pas qu'il lui parle comme si elle était une petite fille. Elle le regarda partir jusqu’à ce qu’il ne soit plus dans son champ de vision avant de songer à se lever. Machinalement, elle prit son gilet et fit même l’effort de prendre son portable avec elle avant de sortir de la maison pour marcher un peu. Elle n’allait pas garantir qu’elle décrocherait s’il venait à l’appeler, mais il n’aura plus l’excuse de la sermonner de ne pas avoir emmener son cellulaire avec elle. Il faisait nuit tôt, et comme à son habitude, elle marchait aléatoirement, sans trop savoir où elle allait. Un petit détour par le parc, des rues qu’elle ne connaissait pas. C’était dans l’ensemble bien éclairé, elle ne se sentait pas particulièrement menacée. Elle ne faisait de toute façon pas attention aux passants, à ceux qui la frôleraient ou la regarderaient. Ses yeux étaient bas, elle se fichait bien du monde qui l’entourait sur le moment. Elle finit par s’asseoir sur un banc, où un jeune homme un peu plus jeune qu’elle était déjà assis, mais de l’autre côté. Il y avait largement assez d’espace entre nous deux. Elle l’entendait renifler, il était tout recroquevillé sur lui-même. ”Ma copine a rompu avec moi.” lâcha-t-il, sans qu’elle ne s’y attende. ”Je voulais la demander en mariage, mais elle a préféré me devancer en me disant qu’elle était amoureuse de quelqu’un d’autre.” Il tendit sa bague de fiançailles à Joanne. C’était un diamant solitaire. Une bague très simple, mais Joanne aimait bien. [color=#006699]“Elle est très jolie.” lui dit-elle avec un faible sourire. Il haussa les épaules. ”Pas plus que la vôtre. Elle a du lui coûter très cher.” remarqua-t-il en voyant la pierre rose sur la bague de Joanne. ”Il doit être sacrément amoureux de vous pour vous offrir un si beau bijou. Alors pourquoi semblez-vous si triste ?” ”Nous nous sommes disputés. Ca nous arrive souvent. ”C’est pour tout le monde la même chose, vous savez.” ”Il m’a caché qu’il avait continué de fumer, et ne veut pas arrêter parce qu’il estime que je n’ai pas mon mot à dire là-dessus. Ce n’est qu’une cigarette par jour, mais c’est déjà beaucoup trop. Et il veut aussi inviter une femme qu’il a toujours en soi considérée comme son amie, mais avec qui il avait une aventure, à notre mariage. Et il a reconnu qu’i l l’aimait. Maintenant, il me dit qu’il a de l’affection pour elle, qu’il l’aime, mais en tant qu’amie. Encore une fois, il se fiche complètement de ce que je pense.” Elle baissa les yeux. Ca l’énervait encore et Joanne avait horreur d’être exaspérée ainsi. Le jeune homme restait longuement silencieux. “Mais c’est à vous qu’il a offert cette bague… nan ? Enfin je veux dire, pour un mec, même s’il est entre deux nanas, donner une bague de fiançailles, c’pas rien ! Ca fait même vachement peur parfois… Je vous raconte pas l’angoisse avant d’aller au resto ce soir.” ”Vous avez peut-être raison.” reconnut-elle. ”Et le mariage, ça doit faire peur aussi, même si vous ne devez qu’attendre ça maintenant. Moi je crois qu’il faut tout mettre à plat avant de se plonger dans le grand bain.” ”Quand on le veut, on est sacrément bornés tous les deux, c’est assez dur de mettre.les choses à plat. Ce soir en est un parfait exemple, vous voyez ? Je lui ai même dit que s’il continuait à fumer, je ne l’autoriserai pas à me toucher avant le mariage, et encore. Bien que nous soyons particulièrement… actifs, ça ne lui a rien fait. Rien du tout.” ”Et c’est quand votre mariage ?” ”En novembre.” ”Ah oui, quand même…” dit-il plus bas en haussant les sourcils. ”Si je peux me permettre, ça d’vrait être bien difficile pour lui, à la longue, parce que… ouai… Vous êtes hyper canon quoi.” Joanne rit nerveusement ”Vous racontez n’importe quoi.” ”Non, non, j’vous juste que non.” Ils discutaient ainsi pendant de longues minutes, sans même se représenter. Ils ne parlaient que de leur vie de couple respective. Au bout d’une heure, ils se saluèrent, le jeune homme comptant boire une bière chez lui pour terminer sa soirée, et précisa qu’il avait été bien côté que Joanne ait été là pour le distraire de tous ses tracas. Joanne, quant à elle, continuait à errer, à réfléchir, à penser beaucoup trop à nouveau. Elle ne savait pas quelle heure elle était rentrée. Les chiens dormaient paisiblement, mais elle sentait que son fiancé ne dormait pas. Elle supposa qu’il était à l’atelier, il aimait bien s’isoler là-haut lorsque ça n’allait pas, entre eux. N’ayant pas encore sommeil, elle se servit un verre de vin - il restait une moitié de bouteille au frais. Joanne s’installa ensuite dans le petit salon, les pieds sur le canapé. Le verre effleurait le bout de ses lèvres, alors que ses pensées valsaient entre elles. Elle n’avait allumé qu’une toute petite lumière, juste histoire de voir où elle mettait les pieds. Et elle buvait de temps en temps quelques gorgées, à se demander si son fiancé aurait vraiment envie qu’elle soit dans le même lit que lui cette nuit là.