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 cherlou #2 + there's a hunger in my heart

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Message(#)cherlou #2 + there's a hunger in my heart EmptyVen 9 Sep 2016 - 15:10


☙ There's a hunger in my heart

Le deuxième jour, les effets du manque devraient commencer à se faire sentir. Mais ça n’est pas comme dans les films, vous savez. Ce n’est pas aussi violent que l’on veut nous le faire croire. Du moins, ça ne l’est plus. Ce n’est pas non plus le Club Med, certes. Mais tout est mis en place pour que la douleur soit supportable, voire absente. Je ne sais pas si c’est une bonne chose. La douleur est une forme de punition à mes yeux, une sentence bien méritée pour s’être autant foutu en l’air. Et une fois cette étape passée, quand la douleur s’est évaporée, la fierté d’avoir tenu bon lui est proportionnelle. Tous ces médicaments nous enlèvent le mérite d’avoir suivi le traitement avec succès. C’est trop facile. Alors on replonge, vu qu’il suffit de deux semaines de cures pour être neuf comme un nourrisson. J’y réfléchis souvent, au moment où la douleur arrivera. C’est mon principal sujet de pensée. Je me demande si les médecins et les infirmiers me laisseront avoir mal si je le demande, ou si on me donnera des tranquillisants de gré ou de force. Mais il n’est même pas certain que mon degré de courage soit au point d’accepter une telle souffrance. Et je sais que pour mon cas, pour dix années de cocktails de drogues diverses et variées à haute fréquence, elle sera immense, terrassante. Le plus gros du traitement de désintoxication débutera le lendemain. Aujourd’hui, il ne s’agit que de parler. Et c’est d’un ennui… La drogue m’a toujours servi à m’enfuir, à m’éloigner de moi-même, et ça les docteurs le savent bien. Alors ils s’efforcent de nous remettre face à qui nous sommes. Certains ont des méthodes plus efficaces que d’autres, je suppose que cela dépend de la sensibilité de chacun. Certains sont culpabilisateurs, même quand ce n’est pas leur intention de départ. Il suffit qu’ils lâchent un « Regardez-vous » pour que l’on comprenne « Regardez ce que vous vous êtes fait, petit merdeux ». Nous sommes bien plus enclins à nous haïr qu'à nous féliciter. Rétrospectivement, si je jette un coup d'oeil à ma vie, il n'y a rien dont je puisse être fière. Si je croyais à la réincarnation, je pense que je me serais tuée depuis longtemps dans l'espoir de squatter le corps d'un petit bébé et reprendre à zéro, avoir une nouvelle chance… ou une nouvelle occasion de tout faire capoter et de n'être qu'un concentré de déception et de lâcheté.

J'ai passé la matinée en tête-à-tête avec un psy, qui n'aime pas trop qu'on dise qu'il est psy, mais plutôt un conseiller. Notre longue discussion lui a permis d'ajouter un tas de notes à mon dossier sur mon environnement, passé et présent. Lorsque je me suis mise à expliquer que mes parents sont des gens tout à fait corrects -même si ma mère est une pouffiasse-, particulièrement aisés mais surtout très aimants et attentionnés envers moi, le silence du praticien m'a mis particulièrement mal à l'aise. Personne ne comprend comment on peut tout avoir, et en arriver là. Même ceux qui se disent là pour écouter sans jugement. Ils voient passer tous les jours des gens de mon âge qui ont atterri si bas à cause d'un parent alcoolique, d'une mère prostituée qui était aussi junkie, d'un père violent, d'un oncle violeur, d'un cousin persécuteur, en vivant dans des logements sociaux, des studios d'une pièce pour quatre habitants. Certains avaient juste une vie normale, ont voulu la pimenter un peu, et sont tombés dans la dépendance avant de pouvoir s'en rendre compte. Moi j'avais tout. Et aujourd'hui je suis ce petit animal apeuré, recroquevillé sur sa chaise, et somnolente. Je me sens fatiguée, lasse. Je commence à avoir des sueurs froides et à grelotter tout à la fois. Après la consultation, je me force à manger un peu au déjeuner. Un coude sur la table, je tiens ma tête aussi lourde que du plomb au-dessus de mon assiette. De bonne foi, j'avale la moitié de mon assiette avant de retourner à ma chambre pour dormir comme un loir.

Me voilà sur une chaise, à côté d'autres chaises disposées en rond sur lesquelles sont posés les culs des autres junkies entrés dans le centre il y a peu. Nous sommes moins d'une dizaine, la thérapeute doit se dire que cela rend la séance plus chaleureuse et moins intimidante. Ca n'est pas le cas. Je garde les bras croisés, le regard bas. Je déteste les thérapies de groupe, ce sont les pires. C'est le moment où tout le monde se juge et cherche à se rassurer en voyant qu'il y a pire que soi, et tout le monde prétend le contraire et feint la tolérance et la bonté. Le seul dont je crois à ces qualités, c'est Archer, qui est assis à côté de la psy. Je suppose qu'il est là au cas où, et de temps en temps, je l'entends répondre à des questions d'ordre médical. « Lou ? » Mon regard se lève lourdement sur la thérapeute. Ce qui est drôle, c'est qu'elle est blonde, avec des lunettes, bien foutue, et qu'elle me rappelle Harley Quinn. « C'est votre tour. Qu'est-ce qui vous a poussé à venir au centre ? » « La police. » je réponds sèchement. « Deux gars m'ont trouvé sur un banc face au centre, complètement stone. Ils ont dit que si j'arrête mes conneries et que je me fais aider ici, alors ils n'allaient pas me coffrer. Ils ont été chics. Mais je voulais venir ici avant ça de toute façon. » C'est pour ça que je stationnais sur ce banc depuis je ne sais pas combien de temps. Même si Silas a voulu m'en empêcher. « Qu'est-ce que vous ferez une fois dehors ? » « Je… Rien, c'est stupide. » « Je suis sûre que ça ne l'est pas. » « Je me fiche de votre avis. » Sans plus insister, Harley Quinn passe à la personne suivante. A la fin de la session, tout le monde quitte la salle. Tout le monde sauf Archer et moi, qui nous regardons en chien de faïence.

D'habitude, je n'aime pas regarder qui que ce soit dans les yeux. Les miens fuient constamment lorsque je ne cherche pas à faire de la provoc. C'est comme si les autres ne pouvaient pas me voir si je ne les vois pas. Mais je me perds facilement dans le regard de l'infirmier. « J'ai laissé mon banjo dans mon studio, là-dehors. J'y tiens vraiment beaucoup. Est-ce que je peux me le faire apporter par quelqu'un ? » Je doute d'avoir la force d'en jouer. Mes doigts peinent à tenir une fourchette, alors comment pourraient-ils appuyer sur les cordes ? Mais si les gosses ont leur doudou et les jeunes filles gardent leurs peluches, mon banjo est pour moi mon compagnon le plus fidèle, mon meilleur ami. Il me suffirait juste de l'avoir près de moi.
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Message(#)cherlou #2 + there's a hunger in my heart EmptyLun 12 Sep 2016 - 22:07



"There's a hunger in my heart."

so pull me close and surrender to your heart. Before the flame goes out tonight... Come out come out come out won't you turn my soul into a raging firephillip phillips



Je ne compte plus les jours. Je me dis" Ah on est milieu de semaine? " Je souris à cette idée, je me dis"fort bien" il ne me reste que deux jours et j'aurai la paix. Chaque jour qui défile s'apparente à un autre, en fait ils se ressemblent à un point que ça en est déconcertant. Confortablement ancré dans une routine infernale, je  ne me rendais pas compte, en me levant ce matin, que tout avait changé, je veux dire, changé depuis la veille. Oui car une rencontre fortuite, inattendue m'avait pris au dépourvu. Enfin, c'est un peu idiot de me part de penser comme ça, je veux dire, une rencontre inattendu prend toujours par surprise mais  dans ce cas précis, c'était exceptionnel. C'était celle que je cherchais depuis des années. Je ne le réalise qu'à présent , alors que je me suis redressé furtivement dans mon lit, chassant le sommeil derechef. Je sautai même de mon lit à pieds joints. Et je me préparai à une vitesse ahurissante, contrairement à ma paresse matinale habituelle. Tout vêtu de mon uniforme, je m'étais précipité dans le centre à l'idée de la revoir. Une chanson de Scorpions passait à la radio " Hurricane" Sans contrôler mes extrémités, je finis par taper des doigts sur mon volant en fredonnant l'air connu.Il était rare qu'on passe ce type de chansons de nos jours. Les animateurs de radio de l'ère moderne n'avaient absolument aucun goût en matière de musique, qu'on se le dise franchement! D'ailleurs, grâce à ce vieux tube, je trouvai le temps beaucoup moins long avant d'arriver dans le stationnement réservé au personnel du centre.

Et puis je repensais à sa réaction de la veille. Cette réaction même qui n'avait clairement pas été normale.J'avais heurté une corde sensible, je l'avais même préssenti - oui parfois je me prenais pour un devin - même si elle avait tout fait pour le camoufler sous un air de totale indifférence, feignant ne pas connaitre Andrew, moi je l'avais vu. Savait-elle que je savais tout? Je l'ignorais. Mais je devais me rapprocher d'elle, d'une façon ou d'une autre, pour obtenir des réponses. Ou pour assouvir mon besoin de vengeance, ou bien un peu des deux. Ce n'était pas facile de la regarder, de ne pas ressentir de la pitié pour elle. J'avais lu son dossier maintes fois. C'était une gosse de riche, qui avait tout eu dans la vie, et pourtant, elle était en train de se détruire, elle qui n'avait que deux ans de plus qu'un quart de siècle. J'avais lu et relu après notre petit accrochage, enfin c'en était pas vraiment un , pour arriver à la conclusion que je ne saisissais toujours pas l'élément déclencheur de sa descente aux enfers. Ne disait-on pas que pour comprendre un monstre, il fallait l'étudier? Bon le terme monstrueux était peut-être un peu exagéré. Mais j'devais la comprendre, l'analyser pour savoir ce qui s'était réellement passé ce soir-là, le soir où Andrew a perdu la vie. Alors j'entrai dans le bâtiment et m'occupai dabord et avant tout de mes premiers patients en avant midi. Il y en a un , un monsieur muscle, je l'appelais dans ma tête - le ballon - il avait trop pris de stero' - et d'autres trucs d'ailleurs hein, cela va de soi qui pétait un câble.Le maîtriser avait été un véritable défi, il nous a fallu être trois et encore...C'était limite. Il me tardait que la matinée passe parce que j'avais hâte et j'en avais même un peu honte, mais j'avais hâte à l'après-midi. Parce que je la verrais. Parce qu'il y avait thérapie de groupe et que j'étais assigné à cette dernière une fois par semaine. Bien évidemment, mes prunelles avaient parcouru avec avidité la liste des patients et bien évidemment j'étais satisfait d'y apercevoir le nom de Lou parmi ceux-ci. À côté de ma collègue, je m'installai sur une chaise et je croisai les bras, j'me donnais même un air sérieux. J'étais là pour aider au cas. Et puis pour écouter aussi. J'devais connaître mes patients pour m'appliquer dans mes soins. Et s'ils ressentaient une quelconque inquiétude, j'étais là pour répondre à leur questionnement.

Alors mes yeux parcoururent les patients qui arrivaient par paire, je perdis espoir quand je ne la vis pas se présenter et puis à un moment, je finis par apercevoir son petit visage de porcelaine et son teint pâle. Un mince sourire sur mes lèvres que je camouflai aussitôt que ses iris m'évitaient consciencieusement. Installée, elle croisait les bras et regardait le sol. Je la comprenais, d'une quelconque façon, j'aurais probablement fait pareil. Je répondis alors aux questions d'ordre médical du mieux que je le pouvais. Je n'étais pas médecin, après tout. et puis ma collègue prononça son nom, et tous mes sens devinrent décuplés. Instinctivement, je la regardai alors qu'elle relevait difficilement les yeux pour répondre. " La police " j'étranglai un rire dans ma gorge quand je l'entendis lui répondre sèchement.Elle ne me semblait pas avoir le profil d'une délinquante bien qu'elle était l'une des pires junkies que je n'aie jamais vu. Je l'observai discrètement alors que Lou s'expliquait sur les événements. Je m'arrêtai sur ses paroles"  Je voulais venir ici de toute façon " .Surpris, j'avais haussé les sourcils d'un air épaté. Ainsi donc elle avait le désir de vaincre la maladie. C'était déjà beaucoup. Mais ce n'était pas suffisant. Je ne commentai pas l'échange qui suivi, bien que je trouvai Lou un brin agressive. Puis, la thérapie de groupe et tout le monde quitta la salle, tout le monde sauf nous.

Je la dévisageai bêtement, mon visage se crispant. Je me remémorais la veille.Mais je ne parlais pas. Non. Je la sondais de mes yeux électrifiants.Et à un moment, elle finit par rompre le silence. Je finis par me radoucir quand j'entends sa requête " Un banjo" . J'en voulais à mon coeur d'avoir doucement palpité à l'idée qu'elle aussi puisse être une musicienne.C'était un point en commun. On ne devait pas avoir de point en commun. Elle était l'ennemi, me rappelais-je alors avec insistance. Pas l'ombre d'un sourire sur les lèvres,je lui répondis d'une voix rauque et neutre « Très bien, je vais voir si je peux faire quelque chose pour toi » Je la laissai tourner les talons pour se diriger à la porte et puis je finis par dire d'une voix perché pour qu'elle m'entende.« Lou, un  jour, tu devras parler. Peut-être pas demain,mais un jour.. C'est la première étape à la guérison : s'auto détruire pour mieux se reconstruire.. Je vais voir pour ton banjo. À plus tard » Je la laissai filer alors que je rangeais les chaises à leur endroit initial et signait quelques papiers. Et puis je réalisai que je ne la vousvoyais plus officiellement. Et je pris peur. Je devenais trop familier avec elle.

À l'instar de prendre ma pause, je pris soin d'avertir le centre que j'allais revenir un peu plus tard pour ma patiente.Je connaissais son adresse et prit les clés qu'elle avait préalablement déposer dans un casier en arrivant ici. Arrivé dans l'appartement de Lou, je constatai que ce n'était pas aussi bordélique que je m'y attendait mais qu'une foule d'items liés à la consommation illicite de drogues erraient ci et là dans le salon et dans la cuisine. Je parcourus l'appartement furtivement car je n'avais aucune envie d'étendre ma curiosité pour retrouver la chambre de la mademoiselle pour y attraper le banjo qui reposait sur la commode. Quelques minutes plus tard, je revins au centre avec ma prise et me dirigeai vers la chambre de la poupée de porcelaine aux yeux cernés. et je la vis.Elle était assise dans son lit, à regarder tranquillement un  livre, et elle n'avait pas remarqué que je l'observais depuis quelques minutes déjà, dans le silence. Elle sursauta légèrement en relevant les yeux, sentant probablement mon regard posé sur elle. « Regarde ce que je t'ai ramené, Lou » un peu plus souriant que tout à l'heure je lui tendis l'instrument tout en m'assoyant sur une chaise à ses côtés, ignorant sa colocataire qui roupillait dans un coin terré de son lit. « Il se trouve que j'aime beaucoup gratter également, enfin pour ma part c'est plutôt la guitare. Je... » j'hésitai à lui en dire plus « Je suis musicien c'est un peu ma seconde nature » Mon regard se faisait parfois dur, parfois plus doux, je n'arrivais moi-même pas à me comprendre et je peinais à m'imaginer ce qu'il en serait de la belle. « Allez joues moi quelque chose, n'importe quoi, enfin si tu te sens à l'aise? » dis-je en la regardant la tête un peu penchée sur le côté.
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Message(#)cherlou #2 + there's a hunger in my heart EmptyMer 14 Sep 2016 - 19:24


☙ There's a hunger in my heart

La musique adoucit les mœurs paraît-il. Je ne suis pas experte, je ne sais pas ce qu'il en est réellement. Ce que je sais, c'est que la musique m'a toujours fait du bien, mais ne m'a jamais empêchée de me foutre en l'air. Là dehors, j'ai quelques amis qui forment un groupe dont je suis censée être la chanteuse, mais nous ne nous sommes pas retrouvés depuis un certain temps, et je n'ai pas fait de scène depuis des semaines non plus. La dernière fois, c'était dans le club d'un certain Westlake. Axel avait besoin d'une babysitter pour sa fille Emily, un adorable bout de chou qui s'était prise d'affection pour moi. Et à ce moment-là, j'avais un besoin critique d'argent pour subvenir à mes besoins. Je n'ouvrais les cuisses qu'en dernier recours, j'avais décrété que je valais mieux que ça, même si ce n'est pas forcément vrai. Néanmoins, ça arrivait encore. Alors quand on me proposait un job réglo, même aussi minuscule que de garder une gosse pour quelques dollars de l'heure, je prenais. J'ai été virée un mois plus tard, le soir où Axel est rentré chez lui et m'a surprise à fumer un joint à la fenêtre de l'appartement juste à côté de la petite. Aujourd'hui encore, je me demande ce qui m'est passé par la tête ce soir là. La réponse est simple : rien du tout. Je ne suis pas quelqu'un qui réfléchit. Je suppose que la drogue m'a grillé le cerveau. Je suis assez persuadée que la musique est la seule chose que je sais faire de bien. Je sais jouer d'un tas de choses, mes parents y tenaient quand j'étais enfant. Guitare, piano, violon. La guitare s'est vite transformée en banjo, ça ne les a pas choqués plus que ça. C'est cliché à mourir, mais celui que j'ai m'a été offert par mon paternel avant que ma vie ne devienne un champ de ruines. Normal que je m'y accroche. Je ne 'lai jamais vendu, jamais abîmé. C'est la prunelle de mes yeux, mon bébé. Et je me dis que je devais vraiment être dans un état lamentable pour l'avoir oublié chez moi.

L'infirmier accepte de m'aider. Peut-être qu'il ne pourra rien pour moi, et que je ne serais pas autorisée à avoir mon fidèle compagnon avec moi. Je ne connais pas la politique de la maison à ce sujet. Mais au moins, il va essayer. Et pour quelqu'un qui ne me doit rien, c'est plutôt chouette. « Merci. Beaucoup. » Puisque nous n'allions pas nous dévisager toute la journée, je trouve assez de force pour me lever de ma chaise, et je traîne des pieds jusqu'à la porte. Là, Archer m'interpelle. Il a bien remarqué que je n'étais pas très coopérative lors de la thérapie de groupe, et je ne suis pas sûre de l'être un jour. « Je me trouve assez détruite comme ça. » dis-je tout bas. Il n'y a plus grand-chose à pulvériser ou à piétiner. Mais je ne sais pas s'il est possible de reconstruire quoi que ce soit. Je crois que le sol est pourri, et les fondations dégueulasses. Je crois que qu'importe ce qui sera érigé en lieu et place de mes ruines, tout sera voué à être attaqué par la pourriture de l'air, rongé par l'humidité, pour finalement être bancal et s'écraser. C'est comme tenter de bâtir sur un marécage. On s'y enfonce. Tous ceux qui essayent s'y enfoncent. Et certains n'y survivent pas. « 'plus. » je souffle en quittant la pièce. Toujours polie, la petite. C'est comme une règle. Tu peux être imbuvable, la pire des pétasses, un gros déchet, une cause perdue ; mais sois toujours polie.

« T'es le diable. » grogne ma colocataire une fois que j'ai regagné ma chambre. Je me suis simplement assise sur le lit, sans rien demander à personne, sans lui adresser un regard. Elle est siphonnée, et à chaque fois qu'elle me voit, j'ai droit à un nouveau type d'insulte ou de petit nom. Mais elle a décrété que j'étais Satan. Elle marmonne toujours que j'ai été envoyée par le démon pour la tenter, pour l'empêcher d'avancer sur le chemin de la guérison. Elle est là depuis un mois, elle, et elle sortira bientôt. Toute clean, toute neuve, mais le cerveau dans un sale état visiblement. Je me demande s'ils vont vraiment la mettre dehors, et pas directement l'envoyer en psychiatrie. Le diable, hein ? Je souris. C'est mignon. Ce ne sont que les paroles démentes d'une femme qui a peur. Pas de moi, mais de la rechute. Je suis peut-être ce qu'elle était en arrivant ici, ce qu'elle fuit. Je ne lui en veux pas, je n'écoute pas quand elle crache sur mon cas. Grand bien lui fasse. Ce n'est qu'au bout d'un moment qu'elle s'agite, s'approche de moi et devient véritablement agressive. Alors je dois appeler une aide soignante pour me venir en aide avant qu'elle ne m'arrache la carotide avec les dents. Ils l’assomment avec des tranquillisants, si bien qu'elle dort comme un bébé en dix minutes. Tant et si bien qu'on la croirait morte. Mais au moins, j'ai la paix.

J'avais arrêté de lire depuis des années avant mon admission ici. Et me voilà avec l'Attrape-coeurs entre les mains. On m'a toujours conseillé ce livre. Moi, je le connaissais uniquement grâce à ce film avec Jared Leto, où il assassine John Lennon et pèse une centaine de kilos. Je constate que mes neurones sont vraiment grillés quand je me surprend à relire cinq ou six fois le même passage parce que je ne le comprend pas, ou parce que je l'oublie à peine lu. C'est laborieux. Et puis, j'ai la tête qui tourne, je me sens nauséeuse vidée. Je connais ce cycle par coeur. Dans pas longtemps, je vais littéralement me vider Mon regard se pose sur Archer quand sa voix résonne. Il a mon banjo avec lui. Un immense sourire étire mes lèvres lorsque je le prend dans mes mains avec émotion. « C'est vraiment super. Vous êtes allé le chercher vous même ? » Mes doigts glissent sur les cordes et le manche presque avec tendresse. J'adore son odeur. J'écoute d'une oreille l'infirmier qui m'avoue jouer de la guitare. Sa seconde nature. Je me demande combien il a de natures. « Et ça vous permettait de pécho des nanas sur la plage pendant vos colos bénévoles ? » je demande avec un petit rire, pour le taquiner. « Je joue de la guitare aussi, mais je suis amoureuse de mon banjo. J'aime… ce genre de sonorités du bayou. » C'est bucolique et festif, et parfois mélancolique. C'est authentique à mes yeux. « C'est mon meilleur ami. Il m'a suivi partout. » Dans des partout dont Archer n'a pas idée. Il ne veut sûrement pas savoir. Nous avons tous ds histoires dégoûtantes ici, des anecdotes immondes. Il en a entendu un tas, il en entendra d'autres. Les miennes n'ont pas d'importance.

Le voilà qu'il me demander de jouer un morceau. Il ne manquerait plus que le sable et le feu de camp ma foi. « C'est que… Je suis pas sûre d'y arriver. » Pas que je ne veuille pas, au contraire, mais j'aimerais autant éviter de me ridiculiser et d'insulter mon instrument en faisant n'importe quoi. « J'ai les mains toutes moites. » je constate en regardant mes doigts un peu collants. « Et c'est pas parce que vous me faites de l'effet, non. » j'ajoute, parce que plaisanter permet d'avoir l'air moins nerveux. Même si c'est une parade qui ne berne plus personne de nos jours. Je réfléchis. « Quelque chose de facile... » Dans un coin de la bibliothèque de mon cerveau se trouve tout mon répertoire de chansons. Il y en a forcément quelques unes qui ne sont pas bien dures. Un peu nerveuse, je finis par déposer mes doigts sur les cordes, appuyer le premier accord, et je débute Blowin' in the Wind de Bob Dylan. C'est un morceau tranquille, qui inspire une certaine quiétude. Je la chante assez bas pour ne pas réveiller ma colocataire, et je siffle lorsqu'il est censé y avoir un peu d'harmonica. C'est toujours la même chose, mais c'est apaisant. J'en connais les paroles par coeur, je n'ai même pas besoin d'y réfléchir, je les récite aussi facilement que je respire. Après tout, c'est avec ce morceau qui j'ai toujours terminé tous mes modestes concerts sur les scènes ouvertes des cafés. Elle est douce, et les minutes passent toutes seules.

Lorsque je termine, timide, mon regard reste bas. Pas tout le monde n'aime ce genre de vieux morceaux, moi ce sont mes préférés. Je n'aime la musique de décérébrés que lorsque je le suis moi-même, complètement high. Le reste du temps, je me dis que j'aurais du naître dans les années cinquante, soixante. Grandir et vivre au rythme de vrais tubes. « Tu… Vous chantez aussi ? » je demande pour meubler le silence qui s'est installé. Mais très vite, je retire le banjo de mes genoux et m'éloigne d'Archer pour attraper mon petit pot de chambre sous le lit. « Excusez-moi, je me sens pas très fraîche. » C'est un euphémisme. Ma phrase se meurt dans une régurgitation, la bile atterrit au fond du seau avec un son écœurant -et l'odeur l'est tout autant. « J'ai l'impression que si je continue de vomir je vais retrouver mes intestins au fond de ce seau. » dis-je pour tenter de faire un trait d'humour avant de rendre mes tripes une nouvelle fois. Les sueurs froides reprennent et perlent sur mon front chaud. Mes yeux sont rougis. « C'est d'un glamour, désolé. » Ca ne me fait rien de vomir, ça ne m'écoeure pas, je suppose que Archer non plus. J'ai toujours été celle qui tient les cheveux de ses potes. Ca n'est pas plus agréable pour autant. Quand je sens qu'il n'y a plus rien dans mon estomac, j'essuie ma bouche et repose le pot sous mon lit. Mieux vaut l'avoir sous la main.

Fatiguée, je me laisse tomber sur mon lit et m'allonge. Sur le dos, la tête penché, je regarde Archer. « On devrait se faire un jam un jour. Vous amenez votre guitare, moi mon banjo. Quelque chose dans le goût d'Hotel California. Ou Creep. » Je suis sûre que ça rendrait bien. Et ça serait amusant. La mélodie des Eagles résonne dans ma tête, rêveuse, et je me dis que ce centre, c'est un peu mon Hotel California. « Welcome to the Saint Vincent' Hospital, such a lovely place, such a lovely face... » je marmonne, puis pouffe de rire autant que mon faible petit corps me le permet. C'est merdique de se sentir aussi frêle.
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Message(#)cherlou #2 + there's a hunger in my heart EmptyJeu 15 Sep 2016 - 9:27



"There's a hunger in my heart."

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Qu'est-ce que je fichais là? C'était ce que je m'étais demandé quand j'avais assis mon gros cul sur le siège de ma voiture alors que je fis gronder quelque peu le moteur de ma berline. Distrait, lunatique, j'étais totalement perdu dans l'abysse de mes pensées. Je savais exactement ce que je foutais là. Mais je niais l'évidence. C'était plus facile comme ça.Plus facile que de s'avouer faible. Parce que oui, je me trouvais faible... Où était passé ce vieux Archer qui désirait ardemment assouvir ses besoins de vengeance, hein?Il était passé où le mec qui lui vouait une haine démesurée? Bon sang! J'avais l'impression , là maintenant, d'être dans un combat contre deux entités dans ma tête, c'était un truc complètement dingue, je veux dire, de se sentir à ce point confus. Lou ignorait tout. Elle ne savait même pas qui j'étais réellement! Et là, j'y pense. Et j'me dis qu'un jour je devrai lui dire. J'y pense encore et encore et je prépare le parfait discours dans ma cervelle. Ça sera dramatique! Ça sera percutant! Il le faut! J'devais l'assommer sous le poids de paroles acerbes, je n'avais pas le choix. Et puis , ce fut inévitable. Des bribes de mon avant-midi me revint en mémoire. J'me rappelais. Et il ne fallait pas. J'me rappelais comment elle m'avait répliqué qu'elle était déjà détruite. J'me disais alors que c'était sa faute. Qu'elle l'avait bien cherché. C'était le démon qui dansait dans mon esprit, voilà tout. Ma vraie nature était bonne. Bonne et compatissante. J'avais pas choisi de faire ce métier pour rien sauf que... parfois, j'devais les laisser se démerder avec leurs démons à eux aussi. On en avait tous un,voir même plusieurs. Eux c'était la drogue peut-être même autre chose , qui sait?. Et moi dans tout ça? ... Silence radio. Moi? Je n'avais que moi. Oui , j'étais le seul démon. j'voulais pas finir comme mon père, alors je vivais pratiquement une vie de saint. Des amis me disaient trop sages, que ça finirait par me rattraper et qu'un jour , j'devrai vivre ma jeunesse. Mais non, je ne voulais pas vivre ma jeunesse. Je n'avais pas besoin de tenter des expériences pour profiter de la vie. J'me sentais choyé, choyé de ne pas me lever tous les jours en me demandant si ce soir, j'allais crevé parce que j'avais pris une ligne de trop, voyez?

J'laissais mijoter tout ça dans mon esprit mal tourné alors que je récupérais sagement le Banjo de ma patiente. Pourquoi n'avais-je donc pas envoyé quelqu'un pour le faire? Pourquoi est-ce que j'y tenais autant ? Je voulais juste connaître la vérité, voilà tout. C'était ce que je me disais pour me convaincre. Et puis voilà, la curiosité était plus grande que la retenue. Un trait très particulier chez moi d'ailleurs - je veux dire la curiosité bien sûr. Quand j'étais plus jeune ma mère me disait souvent que cette dernière était le signe d'une grande intelligence.Je ne me percevais pas vraiment comme tel, parce qu'en plus d'être curieux j'étais loin d'être narcissique, mais voilà ... Je ne pouvais m'empêcher de sonder les gens. Elle tout particulièrement...Après deux jours entiers à l'analyser , je saisissais un peu mieux comment Andrew pouvait avoir été tenté de la sauver de sa propre noyade. Mais moi,  je ne tomberais pas dans le même piège que lui. Non! Certainement pas! Je savais qu'il fallait me tenir loin, très loin de Lou. J'étais averti. Un million de fois averti même. Je ne devais pas suivre les pas de mon défunt meilleur ami parce qu'au final, je n'avais pas envie de finir à la morgue.

Pourtant quand je revins au centre son banjo en main dans l'idée de lui faire vaguement plaisir, je savais que c'était dangereux.J'me sentais sot, mais je l'avais fait.Je ne me sentais cependant pas... à l'aise avec ça.Malgré tout, j'essayais de sauver les apparences.Et puis je vis ce sourire, ce sourire éblouissant, émerveillé, ravi. Ça fit taire les pensées qui me passaient par la tête à ce moment précis.« Oui, j'avais un peu de temps, alors je me suis dit qu'il valait mieux quelqu'un de confiance. Je n'aurais pas laissé un autre fouiller votre appartement » Et voilà, je me sentais déjà plus à l'aise avec l'emprunt du " vous ". Pourtant ce n'était qu'un pronom rien de plus. Mes yeux sur se hasardent sur ses doigts. Elle ne perd pas de temps. C'est bien. Je vois que je lui ai fait plaisir même si elle semble tellement faible. Et puis elle me prend au dépourvu. Elle me prend toujours au dépourvu, depuis que je l'ai rencontré la veille du moins. Et son rire, très communicatif, finit même par devenir contagieux. Sa réplique me fit pouffer de rire.Et je ne voulais pas rire. Et ce fut plus fort que moi. « Je dois avouer que j'en ai charmé plus d'une avec cette guitare mais c'est parce que je suis un peu timide,j'aiun peu de mal à draguer, mademoiselle Aberline.» et je ne le suis pas vraiment avec vous, me rendis-je compte aussitôt que je m'étais ouvert à elle. Trop ouvert même. Je la contemple. Elle parle de son instrument comme s'il était son précieux dans le seigneur des anneaux. Ça me fascine et ça ne le devrait pas. Je lui souris, inconsciemment, les prunelles brillantes, fier d'avoir pu égayer sa journée. « C'est un instrument pour le moins original. J'ai rarement entendu quelqu'un en jouer. » Le Banjo me rappelait le bayou de la Louisiane. Je comprenais parfaitement où elle avait voulu en venir avec sa comparaison et mon sourire ne s'effaça point d'aussitôt.

Je lui demandai alors de me jouer de son instrument fétiche, innocemment. Elle me répondit qu'elle était incertaine d'y arriver mais je voulais tout de même qu'elle s'y risque. Je voulais entendre. Voir. Apprendre. Analyser. J'avais retenu mon souffle quand elle mentionna ses mains moites et j'avais soufflé, soufflé rapidement , lorsqu'elle s'expliquait. Et puis vint le moment. Vous savez ce moment où vous aimeriez mettre sur pause et ne plus jamais avancer? Elle était dans sa petite bulle, vous auriez du la voir. Elle , dans son élément. C'était tout simplement magique. « Bob Dylan » sifflais-je alors admiratif de son bon goût musical. Je ne la croyais pas aussi riche de culture, comme quoi tout le monde pouvait se tromper. Mon regard ne quitta point son visage, s'alternant parfois entre celui-ci et ses mains. L'entendre chanter, même sur un ton feutré, était en soi une agréable découverte. Je n'ajoutai rien. J'écoutais, silencieux. J'appréciais le moment. Même que pendant un moment, je m'étais cru ailleurs, dans une taverne, un truc tamisé. J'pouvais sentir l'odeur de gin et de bière, mêlé à la sueur et aux eaux de cologne aux effluves agressives. Même que je fermais les yeux et j'y croyais presque. Et puis la voix d'une poupée de porcelaine vint meubler le silence. « Oui.. Je » Mais je n'eus pas vraiment le loisir de répondre davantage qu'elle renvoya dans un seau. Les liquides corporels du corps ne me dérangeaient aucunement urine, selles, vomis, rien ne m’écœurait au point de me faire grimacer de dégoût. Et puis, il était d'une évidence que ce n'était pas la première fois que je voyais quelqu'un vomir. « Ne vous en faites pas ,je ne vous laisserai pas vomir vos intestins. C'est inhumain » disais-je sur une note d'humour. Et oui, moi aussi je savais user de cette carte parfois. Il existait,miraculeusement, des anti-nauséeux. Ici, dans ce centre, c'était d'ailleurs LE médicament par excellence. Je me disais justement que j'allais lui en donner, aussitôt que j'en aurais le temps.

Pour l'heure, je la regardai s'affaisser dans son lit, trop faible pour rester assise. Elle s'allonge alors. J'en profite pour m'approcher de son lit. Je suis son infirmier après tout. J'arque les sourcils à l'entente du mot " Jam " et de groupes très connus que j'affectionne particulièrement. Encore une fois très surpris, je réplique « Très bien Lou, on se fera un Jam d'ici la fin de la semaine » encore un peu secoué parce qu'on a les mêmes goûts musicaux. Et puis ça me vient, et j'me dis " Bah..tout le monde aime les Eagles et Radiohead "  Pourtant c'était  faux. Beaucoup de gens n'aimaient pas ces groupes. Et ces gens étaient des crétins qui ne connaissaient absolument rien à la vraie musique. Lorsqu'elle se met à fredonner l'air de Hotel California en changeant les paroles pour le centre de désintox je ne peux m'empêcher de pouffer de rire à mon tour. J'appréciais son humour, peut-être même un peu trop. Tordu. Je suis tordu. « Plenty of room in the st-vincent hospital. Any time of year, you can find it here » fredonnais-je tout bas à mon tour avant de me tourner un peu vers la porte « Je reviens, Lou, daccord? » J'avais un peu cassé son délire mais c'était pour son bien.

Je me rendis à la pharmacie et y fit prescrire des comprimés pour l'aider à calmer son estomac. Je pris , dans le couloir, quelques débarbouillettes propres et les humidifier dans  le lavabo des toilettes. Je revins dans sa chambre avec le tout, m'approchant de son lit et lui tendit un verre d'eau, puis ses cachets « Pour votre estomac » J'attendis qu'elle se relève mais elle semblait avoir du mal. C'était le deuxième jour. Son corps lui faisait mal, et c'était normal. Elle était faible, très faible. « Venez je vais vous aider à vous asseoir » Je lui tend la main, qu'elle saisit. Elle avale ses cachets sans trop de cérémonie et je ne lui offris qu'un mince sourire. Aussitôt , elle se recoucha dans son lit. Je profitai pour tapoter doucement son front, là où se trouvaient des perles de sueur. J'étais appliqué. Plus qu'avec un autre patient. Je me rendais bien compte que mon geste se faisait plus doux que protocolaire, mais j'avais fait cela pendant une bonne minute avant de me ressaisir et laisser le linge mouillé contre son front. « J'imagine que ça vous fait du bien. Je vous en ai laissé d'autres, humidifiés sur votre table de chevet. « Est-ce que je peux te tutoyer, Lou ? » Je demandai parce que j'avais l'impression avec tout ça que je pouvais le faire. C'était peut-être qu'une impression, mais son p'tit jam en solo m'avait fait réalisé qu'elle était humaine avant tout. Et que assouvir ma vengeance pouvait encore attendre... Juste un peu.




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Dernière édition par Archer Willis le Ven 16 Sep 2016 - 2:19, édité 1 fois
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Message(#)cherlou #2 + there's a hunger in my heart EmptyVen 16 Sep 2016 - 2:04


☙ There's a hunger in my heart

Malgré mon cerveau grillé par toutes les drogues que cette terre voit circuler, je suis loin d'être idiote. Je ne sais pas si c'est parce que l'on pense généralement qu'une junkie est forcément une idiote décérébrée, mais j'ai entendu plus d'une personne me dire que je suis quelqu'un d'intelligent. Moi je n'y crois pas vraiment, je pense plutôt que je suis maline et très débrouillarde, et que j'ai accumulé pas mal de savoir empirique qui m'évite de faire de grosses bourdes -sauf de constamment replonger dans la dope bien sûr, ce serait trop facile sinon. Et je ne suis pas trop mauvaise pour lire dans les gens quand j'estime qu'une personne est assez intéressante pour que je m'attarde sur son cas, ce qui est rarement le cas parce que la plupart des êtres vivants normaux me blasent. Me voilà aujourd'hui à aspirer ardemment à cette vie de blaireau. J'ai voulu me sentir spéciale, et voyez le résultat. Je ne suis pas spéciale. Je ne suis personne, je ne suis rien, et je ne mérite pas plus que n'importe qui. Je ne suis pas intelligente. Mais j'arrive à deviner que mon joli infirmier est drôlement gentil avec moi, peut-être un peu plus qu'avec les autres. Je dois lui inspirer plus de pitié sûrement. Lorsqu'on fait un mère douze pour trente kilos toute mouillée, on inspire forcément de la pitié. Je me demande ce qui lui fait croire qu'il est quelqu'un de confiance. Quelqu'un en qui j'ai confiance et plus à même de fouiller mon appartement que quelqu'un d'autre. J'ai laissé le numéro de Jonathan pourtant dans mon dossier, dans les personnes à contacter en cas d'urgence. Ce que je crois, c'est qu'il voulait y aller lui même. Et il voulait me faire plaisir. Dès que j'en ai l'occasion, je ne peux pas m'empêcher de le fixer, de le dévisager. Je scrute ce regard incroyablement bleu, la courbe de sa mâchoire. J'essaye de lire en lui, même si je suis trop fatiguée pour cela. Surtout, je me refais en boucle le film du moment où il m'a demandé si je connaissais Andrew. Il y a quelque chose qui m'échappe là-dedans. Quelque chose qui rend Archer à la fois menaçant et fascinant.

Le jeune homme reconnaît sans mal le morceau que je lui joue. C'est une chanson connue me direz-vous, mais ce qui me fait sourire surtout c'est que ce choix semble lui plaire. J'essaye d'être moins nerveuse, mais ce n'est pas simple. Sur les petites scènes que j'ai faites, je n'avais pas peur, juste un peu de trac avant de commencer. Ici, juste à côté de lui, je ne suis pas sur mon territoire. Les doigts peinant parfois à appuyer sur les cordes, j'ai peur d'émettre une fausse note et de me tourner en ridicule. Je ne sais pas pourquoi, j'ai envie qu'Archer apprécie cette chanson. Peut-être parce qu'elle est importante pour moi, et que lui, je commence à bien l'aimer. Je me sens coupable de gâcher ce moment lorsque mon estomac fait des siennes. C'est dégoûtant, mais bon, c'est la nature. C'est bon corps qui me dit merde et qui expulse les dernières saletés de que lui ai injectées. Il a bien le droit à sa revanche, je ne l'ai pas ménagé. L'infirmier m'assure qu'il m'empêchera de me vider littéralement -je toussote quelque chose qui ressemble à un petit rire. « C'est bien urbain de vot' part. » C'est son travail, aussi. Même s'il n'est pas spécialement agréable de vomir, on ne peut pas dire que ça ne fait pas du bien. Malgré l'arrière goût immonde qui reste en bouche, on se sent toujours soulagé d'un je-ne-sais-quoi. Alors c'est un peu plus tranquille que je m'allonge sur mon lit, soudainement bien fatiguée. Pour changer de sujet, je propose à Archer de faire de la musique ensemble un jour. Je suis certaine que le mélange de la guitare et du banjo peuvent donner des morceaux vraiment sympathiques. Nous pourrions faire des harmonies de mélodies, improviser, reprendre des morceaux connus. Et il accepte, ce qui, sur le moment, me fait infiniment plaisir. Autant que de l'entendre poursuivre la mélodie d'Hotel California en changeant aussi les paroles. « Vous connaissez vos classiques, c'est bien. Et vous chantez bien aussi. » Je le laisse quitter la chambre faire je-ne-sais-quoi, et pendant ce temps, je me répète qu'un jam tout les deux sera parfait.

Archer revient avec un anti-vomitif et de l'eau. Il m'aide à m'asseoir, et je gobe le cachet sagement puis le remercie tout bas. Il se donne du mal. Je ferme un peu les yeux ; sa manière de tapoter mon front délicatement est agréable. Ma gorge se serre un peu, je déglutis difficilement, dissimulant une vague d'émotion. Je ne compte plus le nombre d'années qui me séparent de la dernière fois où j'ai eu droit à ce genre d'acte de gentillesse et de douceur, et je me rends compte à quel point cela m'a manqué, ce trou béant d'affection qui m'habite. Mais il s'arrête. Ca ne pouvait pas durer éternellement. Lorsque l'infirmier me demande l'autorisation de me tutoyer, je plisse les yeux. « Je sais pas. C'est un peu vous qui décidez, non ? C'est vous le patron, et moi la paumée. » je réponds en haussant les épaules. « Je garantis pas de réussir à vous tutoyer en retour. » Pas vraiment pour maintenir de la distance, mais comme une forme de respect. Il prend soin de moi, il le mérite, ce n'est pas n'importe quel dude croisé dans un bar.

Alors qu'un silence s'installe, je me dis que si je veux retenir Archer près de moi, je ferais mieux de trouver quelque chose à dire. Je ne veux pas qu'il s'en aille, et être à nouveau seule ici. Qui sait ce qu'il se passera quand l'autre ne sera plus dans les vapes. D'ailleurs, mon regard se pose sur Judy qui dort encore. « Elle pense que je suis le diable. » dis-je en indiquant ma colocataire d'un signe de tête. « Enfin, que je suis envoyée par le diable pour la faire rechuter. Elle est cinglée vous savez ? Elle m'a attaquée tout à l'heure, vos collègues l'ont sédatée. C'est pour ça qu'elle dort. » Même les filles, petites et frêles, sont difficiles à tenir lorsqu'elles se transforment en furies. Elles se découvrent une forcé herculéenne et sont capables de vous tuer à mains nues. En douter, c'est les sous-estimer. Et j'ai appris à ne jamais sous-estimer les cinglés. « Je me demande si elle a raison. » dis-je plus bas. Mon sourire a disparu. Entre les décès d'Andrew et Dylan, il y a de quoi se poser des questions. Peut-être que j'ai vraiment quelque chose de maléfique. A fleur de peau, songer à des choses pareilles fait monter de belles larmes de crocodile au bord de mes yeux. J'ai le menton et les lèvres qui tremblottent comme une gosse de cinq ans qui tente de retenir son chagrin. « J'ai peur à propos de demain, vous savez. » je finis par avouer, avant de gracieusement renifler la muqueuse de mon nez coulant. « C'est pas ma première fois, je sais exactement comment ça va se passer, mais j'ai toujours aussi peur à chaque fois. » Pourtant, je ne suis pas quelqu'un qui a peur de beaucoup de choses. Il faut savoir oublier la peur lorsqu'il est question de se piquer entre les orteils une substance quelconque, et quand la seule garantie que tu ne sois pas en train de t'injecter la mort directement dans les veines c'est le dealer à côté de toi qui t'assure que « c'est de la bonne ». « Je crois que c'est l'anesthésie générale qui m'angoisse. J'ai peur de ne pas me réveiller. Je suis que c'est idiot, ne vous moquez pas. » Tout le monde se réveille, les médecins savent ce qu'ils font. Des gens vont et viennent ici tous les jours, personne ne meurt. C'est irrationnel, mais toutes les peurs le sont un peu. « Est-ce que vous serez là ? » je demande en levant mes grands yeux vers Archer, espérant que oui. Parce qu'en deux jours ici, il est finalement la seule personne dont la présence peut me rassurer.
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Message(#)cherlou #2 + there's a hunger in my heart EmptyVen 16 Sep 2016 - 8:09



"There's a hunger in my heart."

so pull me close and surrender to your heart. Before the flame goes out tonight... Come out come out come out won't you turn my soul into a raging firephillip phillips



Pourquoi étais-je apprécié ici plus qu'aucun autre? Je me le demandais parfois.  Je dis ça parce qu'avant Lou, il y en avait eu d'autres. Des hommes, des femmes. Ils me disaient saint.Peut-être que je suis le seul dans ce centre à ne pas être arm de puissants préjugés envers les patients qui entraient et sortaient d'ici ? Ou peut-être pas du tout,je n'en savais rien du tout. Disons simplement qu'entre employés on ne faisait pas de débats, enfin pas vraiment sur ce sujet, c'était un peu le truc tabou, le truc qu'il fallait pas faire. Déjà que par moment, le boulot n'était pas facile s'il fallait en plus qu'on en parle entre nous, on finirait tous par se heurter la tête contre les murs.. Je pense que là dessus, , on était tous un peu daccord que c'était de la pure merde. On voyait le pire quand finalement toutes les toxines, les merdes dans leur corps s'éliminent d'elles-même.Pour ma part, ça me coupait toute envie d'y toucher, même une seule fois. Je n'ai cependant les ailes d'un grand ange comme plusieurs se plaisaient à le penser . J'avais mon côté sombre. Dans un coin où nul ne s'était aventuré. Quand je repensais à ce que j'avais fait à mon père, et à ma mère indirectement sans le vouloir, je pouvais les vivre. Les voir.  Les sentir. Ces démons qui me hanteront toujours. Et puis il y avait eu Andrew, qui m'avait aidé un peu à me reconstruire... Parce que sur le coup de la colère, ma mère avait un peu péter les plombs et elle avait dit ces choses qu'elle ne pensait pas. Elle disait qu'elle avait honte de moi, que je n'étais pas son fils, qu'elle ne voulait plus jamais me voir. C'était pour ça, le voyage humanitaire. Pour m'éloigner d'elle. De lui. D'eux. Je n'avais plus été le bienvenue. Quand je suis revenu, Andrew m'attendait. Il avait toujours été là.Du moment que j'avais débuté mes études en soins infirmier, jusqu'à ce qu'il ne rencontre Lou et la mort du même coup. Il était normal que je veuille le venger. Il avait été le seul à me supporter, à comprendre cette noirceur qui surplombait mon histoire, mais surtout il ne jugeait pas.Non. Andrew c'était pas le mec qui jugeait. Il était tellement gentil, naïf. Lou avait profité de lui, j'en étais sûr. Enfin.... je voulais en être sûr sauf que ces deux derniers jours m'avait rendu clairement confus. Je n'étais plus certain qu'elle soit encore l'ennemie mais je n'abandonnai pas mes plans. Pas encore.

Je ne sais pas pourquoi j'ai voulu aller chercher moi-même le satané banjo. La curiosité sans doute. Vouloir bien faire? Même si j'en avais un peu honte, j'avais fini par lui avouer que je faisais pas confiance aux autres. Je sais pas pourquoi, je me sentais protecteur envers elle. Elle ne m'invoquait pourtant aucune pitié, non. J'crois que j'essayais juste de comprendre à qui j'avais affaire. Pourtant, dans l'appartement, je ne m'improvisai pas fouine. Je me focalisai sur ma tâche, et puis c'était tout. J'avais eu l'impression d'être ressorti aussi vite que je m'y étais immergé. Un profond malaise s'en était suivi mais il était déjà trop tard. De retour dans la chambre, je constatai sa faiblesse mais ne fit rien. J'en avais l'habitude vous savez.

Ce qui me gênait le plus, c'était ses regards qu'elle portait sur moi. J'me sentais observé, scruté a la loupe, comme si elle essayait de tirer des informations sur mon compte qu'elle pourrait utiliser plus tard. J'essaie de camoufler mon malaise en me transformant en infirmier modèle. Je l'observe à mon tour mais moi, j'observe la pâleur de sa peau, ses joues creusées par la maigreur, ses cernes. Je vois bien qu'elle n'allait pas courir un marathon, je vois sa faiblesse.  Son teint est blafard.J'connaissais les étapes du sevrage par coeur. Certains en bavaient plus que d'autres. La faiblesse de Lou était certes très visible, mais elle n'était pas pire que les spasmes de certains. Je la trouvais combative comparativement à certains qui y passaient parfois des nuits très douloureuses. Je me perdis un peu dans le moment, tandis que ses fins doigts squelettiques glissaient doucement sur l'instrument. Et ce moment, il avait été limite magique.Bien évidemment, j'en reconnus la mélodie et bien que cela soit un classique, j'étais devenu un peu admiratif. À ces accords et cette voix murmurée, j'aurais bien voulu sortir ma guitare et me joindre à elle. À l'instar, je m'étais appuyé contre embrasure de la porte, j'écoutais. J'me délectais. En silence. Il le fallait.

Bien évidemment, je me raidis quelque peu en l'entendant me dire qu'elle ne se sentait pas très fraîche. Je ne sourcillai même pas un peu lorsqu'elle vomissait ses tripes, en s'excusant entre deux contractions de son ventre. Elle finit même par me remercier en riant doucement « C'est mon job, de ne pas vous laisser crever, Mademoiselle Aberline » quoiqu'il y a deux jours, j'aurai été tenté de le faire si je n'aurais pas été aussi professionnel. Maintenant que j'y pense, je me sentais un peu égoïste de n'écouter que mon coeur plutôt que la raison. Parfois je faisais des choses douteuses, ne pas se tenir à mon plan initial en était un. J'attendais constamment le moment où je lui sauterais à la gorge - façon de parler - ce moment n'arrivait jamais. Je quitte l'endroit non sans y apporter ma touche d'humour, en fredonnant. Et elle me complimente. Mes joues prirent une teinte cramoisie, j'en profitai d'ailleurs pour tourner les talons pour éviter qu'elle me voit. Je tourne cependant mon visage quelques secondes avant de déguerpir « Bien sûr que je connais mes classiques, ce sont les meilleurs morceaux! » J'ajoute même « Et de ce que j'ai pu entendre, vous avez une très jolie voix aussi. » Cette fois, j'étais véritablement disparu de son champs de vision m'affairant à lui rapporter tout ce dont je jugeais avoir besoin.

Je perdis un peu la notion du temps mais j'étais revenu dans la chambre et je lui tapotai distraitement un linge mouillé au front. Pendant que j'me donnais tout ce mal à essayer de la rendre confortable je réfléchissais. Si je tutoyais tous les patients du centre, c'était pour entretenir des relations de confiance, de franches camaraderies. Je demandai donc à ma nouvelle patiente si j'avais le droit, par pur hsard, de la tutoyer au besoin et sourit à sa réponse en prenant bien soin de secouer la tête pour lui témoigner de mon désaccord « Je ne suis pas un patron, Lou. Vous et.. Je veux dire, toi et moi nous sommes humains. Je ne suis pas là pour te mener par le bout du nez, mais pour t'aider à être clean » et il y avait des millions de nuances dans ses paroles dites avec conviction. je ris doucement quand elle en rajouta « Ne t'en fais pas, je ne t'en tiendrai pas rigueur si tu continues à me vousvoyer » j'ajoute à cela un petit clin d'oeil.

Un petit silence s'en suivit mais il ne me dérangeait pas. En revanche, Lou avait besoin de le meubler, du moins elle semblait en ressentir le besoin. Je la laissai faire. Elle se mit à parler de sa colocataire qui était un brin bizarre, je devais bien le lui accorder. Au début, quand j'avais vu qu'elle séjournerait avec Judy, j'avais ri, tout bas. Je me disais... que le karma s'était chargé de venger Andrew à ma place, et que ça commençait par rendre son séjour ici quelque peu infernal. Au final, peut-être que j'y avais été un peu fort. Je pinçai mes lèvres « Oui, je sais. Judy est schizo, elle a pris trop de meth.Les médecins sont en plein ajustement pour sa médication. » Je laissai planer ma phrase quelques secondes avant de poursuivre « Ça doit être pour cela qu'elle t'a attaqué tout à l'heure , ça devrait aller mieux dans les prochains jours » Je soupire. Cette Judy avait une triste histoire. Elle n'avait pas la vie de Lou. Et pourtant, elles étaient les deux ici à lutter contre leur vice. Et puis, soudainement, la phrase murmurée tout bas de la junkie, me percuta de plein fouet. Jusqu'à présent, j'avais toujours cru qu'elle se fichait du monde entier, baignant dans son propre univers dépravé. J'croyais qu'elle n'avait pas de coeur. Que la drogue lui avait retiré toute empathie. Pourtant, dans sa courte phrase, je pouvais décelé un brin de culpabilité. Se sentait-elle coupable de la mort d'Andrew? Je n'en avais aucune idée. Mais ça me torturait littéralement. De ne pas savoir. « Fais donc en sorte qu'elle n'aie jamais raison, ce sera un bon début. » avais-je sifflé en lui imposant mon regard d'acier. Son visage se crispa, et ses lèvres tremblèrent, incontrôlables. Si j'avais maintenu une certaine distante entre la porte et son lit cette fois,je m'étais un peu approché. Je détestais voir la tristesse dans les gens? Mais vous savez ce que je détestais encore plus? Abandonner mes principes aussi facilement. Elle me parla ensuite de ses peurs. Et je mis un certain à comprendre ce dont elle parlait. D'ailleurs, j'attendis des explications en arquant les sourcils d'un air incertain. Elle se mit à débiter d'autres paroles, tournant toujours autour de sa crainte. J'en profitai pour m’asseoir sur une chaise en face, mains sur les genoux.Je secoue la tête. Impossible que ce soit stupide. Tout le monde a peur de quelque chose dans la vie, même moi. Je fis une moue compatissante « Mais non, ce n'est pas idiot. J'ai moi-même peur de me noyer et de prendre l'avion.Mais tout ira bien. L'anesthésiste connait le dosage, les doses administrées pour t'endormir ne sera jamais lethal. Il ne faut surtout pas s'inquiéter » avais-je murmuré chaleureusement. Puis, elle me demanda de l'y accompagner et je faillis m'étouffer avec ma propre salive. Kesako? Je n'avais guère prévu cela. Puis je réfléchissais. Si je voulais me rapprocher d'elle, il fallait que je passe le plus de temps possible à ses côtés dans le but de tirer des informations concernant Andrew. Je hochai la tête , un peu lunatique « Hum , je ne sais même pas si je serai votre infirmier demain » Demander à mon supérieur serait déjà la première chose que je ferais en quittant cette chambre. Je ne pus m'empêcher d'ajouter « Mais je ferai les démarches nécessaires pour y être, ça te va ? » Demandais-je alors souriant.

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Message(#)cherlou #2 + there's a hunger in my heart EmptySam 17 Sep 2016 - 3:07


☙ There's a hunger in my heart

Toujours les Hommes ont été incapables de croire à l'égalité, même ceux qui prétendent le contraire. Il y a toujours un classement, du meilleur au pire. Et c'est la nature, il n'y a personne à blâmer pour ça. Certains disent que les blancs valent mieux que les noirs, même les blancs se classent entre eux. Les riches, les pauvres, les intelligents, les abrutis, mais attention, les riches ne sont pas toujours les intelligents et les pauvres les abrutis. Dans la vie de tous les jours, on ne peut pas s'empêcher, à un moment donné, de se penser meilleur que quelqu'un. Quand on regarde une de ces émissions de télé-réalité à la con, on se dit forcément que les participants ne sont les repus siliconés de la société qui rendraient service à l'humanité s'ils en finissaient avec leur propre vie, si seulement ils étaient assez futés pour savoir comment faire. Pourtant, c'est aussi pour cette raison qu'on les regarde comme on observe sadiquement un hamster courir frénétiquement dans sa rue ; parce que ces abrutis nous font sentir supérieurs et bien dans nos vies. Est-ce que c'est le cas pour Archer ? Est-ce qu'être au contact de tous ces paumés, ces camés, ces cinglés lui donne l'impression d'être un super-héros, un sauveur de l'humanité ? Je n'en crois pas un mot lorsqu'il dit que nous sommes tous les deux humains et qu'il n'est pas au-dessus de moi. C'est hypocrite, même à mes yeux. J'ai perdu le statut d'humaine depuis longtemps, et même si j'en ai encore plus ou moins l'apparence, je ne suis qu'une junkie, et dans les classements instaurés par notre bien bonne société, je fais partie du bas de l'échelle, pile à frontière qui sépare le fœtus humain sans conscience de lui-même des animaux les plus cons comme les poissons rouges ou ces foutus de lemmings qui se suicident joyeusement en groupes -et encore eux au moins ont assez de jugeote pour se jeter du haut d'une falaise. S'il fallait illustrer ça par une chaîne alimentaire, je serais tout en bas, et Archer, tout en haut. Prétendre le contraire est soit se voiler la face soit me prendre pour une idiote.

« Vous croyez que vous allez y arriver ? Là où tout le monde a échoué. » je demande plutôt que de lui dire qu'essayer de me faire croire qu'il n'est pas mon supérieur ici ne sert à rien. Il est là pour m'aider à être clean, mais ça n'est jamais arrivé, ou du moins c'est un état qui n'a jamais duré. Jamais plus de six mois sans dope. Jamais. Depuis mes seize ans. Et tout ça grâce à une seule et unique personne. Je devrais dire que Silas a ruiné ma vie, mais il y a toujours cette petit voix qui me rappelle que j'ai quand même passé les meilleures soirées de ma vie avec ce type et qu'à la seconde où je serai dehors, j'irai le voir, et on remettra ça. C'est certain. Je n'ai jamais réussi à être clean, mes parents n'ont jamais réussi à me rendre clean, ni les cures, ni mes amis, ni Andy, ni Dylan. Pourquoi ça serait différent cette fois ? Parce qu'on m'a dit que j'aurai un boulot dans une maison de haute couture quand je serai sobre ? C'est ridicule. C'est un rêve ridicule. Ca n'arrivera jamais. Parfois je me dis que je dois y croire et m'accrocher, d'autres que c'est perdu j'avance. La balance est déréglée dans mon cerveau et bascule d'une opinions à l'autre sans arrêt en une seconde.

Je crois que moi non plus, je n'ai plus toute ma tête. Judy n'est pas la seule cinglée ici. Archer m'explique qu'elle a des troubles à cause du cristal. Elle est un peu instable à cause de la régulation de ses médocs. « Voilà pourquoi j'prends plus de meth. » Ils methheads finissent tous complètement fous, paranos, schizo, et ça n'est pas rattrapable en général. « Pour ça, et garder toutes mes dents. » Ca flingue les os cette chose, ça flingue tout. L'effet est dingue, mais la contrepartie n'en vaut pas le coup. De toute manière, ma dernière expérience en date avec ce produit m'en a dégoûté pour toujours. Néanmoins, c'est pas parce que la nana est folle qu'elle ne dit que des choses insensées. Peut-être qu'elle a raison quand elle dit que je suis envoyée par une force démoniaque. Mon ancienne colocataire, Eireen, pensait aussi ça, j'en suis certaine. Ils pensent que j'ai été mis sur leur chemin pour les tester et les pousser à bout. Généralement, je m'amuse de ce genre de préjugés et je joue avec. Cette fois, ça ne me fait pas rire. Depuis la mort de Dylan, qui a réveillée la culpabilité pour celle d'Andrew que j'avais enterrée et étouffée depuis des années, ça ne m'amuse plus d'être ce petit cauchemar ambulant. Je suis fatiguée de voir les gens mourir ou disparaître autour de moi, à cause de moi. Je jette un regard dur à l'infirmier qui se croit malin en me suggérant de me tenir à carreau pour prouver que je ne suis pas démoniaque. « Vous ne me connaissez pas, Archer. » J'ai déjà causé des malheurs, des morts, j'ai déjà une âme pourrie et ça il n'en sait rien. Parce qu'il ne voit qu'une petite poupée fragile. S'il savait… Il me dirait que Judy a raison, et que je ne vaux rien.

Pourquoi est-ce que je persiste à croire que je peux être sauvée ? C'est bien pour ça que j'ai accepté toutes ces différentes cures, que j'ai eu de l'affection pour Andrew, et que j'en ai pour Archer. J'ai toujours cet espoir idiot, comme une minuscule flamme au fond de moi. Une flamme qui s'étouffe facilement. J'aimerais cette sauvée, je suis là pour ça. Mais je suis quand même morte de peur face à tout ce processus pour guérir. Les paroles de l'infirmier sont celles que j'ai déjà entendues par le passé, elles ne me rassurent pas vraiment. « Je sais... Ca n'empêche pas la peur. » Tout ce que j'espère pour cette première séance de désintoxication, c'est d'avoir un visage amical à côté de moi quand je m'endormirai. Et le seul qui l'est ici, c'est celui d'Archer. Cela me donnera l'impression de me faire avaler par son regard bleu. Je ferai peut-être de beaux rêves ainsi. L'infirmier m'assure qu'il essayera de faire en sorte d'être auprès de moi demain. « Ca me va. C'est pas grave si vous ne pouvez pas être là. Je dormirai de toute manière. » dis-je en haussant les épaules. Il n'a aucune obligation envers moi après tout, et il a assez fait en m'apportant mon banjo et en étant gentil avec moi. Je ne devrais pas en demander trop. « Je crois que je vais me reposer d'ailleurs. Je vais pas vous retenir plus longtemps. » Il a d'autres patients à voir, je m'en doute. A moins qu'il n'ait bientôt terminé son service, et dans ce cas, il doit avoir hâte de rentrer chez lui. Les junkies ne sont pas de bonne compagnie. « Merci encore pour le banjo. » dis-je avant qu'Archer ne quitte la pièce avec un petit sourire. Je ne suis pas une fille souriante d'habitude. Mais il m'inspire ces rictus qui ne me sont pas familiers.

Après le dîner, un cri strident retentit dans la chambre. A travers la porte, on ne peut que deviner la violence de la scène qui s'y déroule, d'autres cris, et le bruit des meubles qui tremblent sur le sol, l'entrechoquement des os et la chair qui saigne. Lorsque le personnel entre, alerté par d'autres résidents, la pièce est sans dessus-dessous. Judy se trouve collée à un mur, et moi à l'opposé. Elle tient son bras ballant, démis de son épaule et brisé, grand ouvert et laissant apparaître son cubitus en miettes. Elle crie et pleure et hurle encore sa douleur à plein poumons. Assise sur mon lit, adossée au mur, les jambes repliées, je tiens mon instrument de musique tout contre moi. Les cordes sont coupées, le manche cassé en deux, il est inutilisable, mort. Je pleure aussi, mais en silence, le regard vide, en serrant le cadavre de mon meilleur ami dans mes bras. On ose à peine m'approcher, pourtant quelqu'un finit par poser une main sur mon épaule pour demander ce qu'il s'est passé. Je renifle, passe ma manche sur mes joues pour les sécher, puis relève mes yeux rougis vers Judy. « Elle l'a cassé. Elle l'a cassé... » je murmure, la gorge serrée. Ils n'ont pas l'air de comprendre, alors je leur montre les bouts du banjo qui n'est plus bon qu'à servir de petit bois pour le feu. Pour le bûcher sur lequel je ferai brûler cette pouffiasse si on ne la met pas hors de ma portée. « … Alors je l'ai cassée. »
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Message(#)cherlou #2 + there's a hunger in my heart EmptyMer 21 Sep 2016 - 7:30



"There's a hunger in my heart."

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Si je croyais y arriver? je me répétais sa phrase en boucle dans ma p'tite cervelle un peu fatiguée de mon quart. Enfin, non, je ne croyais pas y arriver pas seul du moins. Nous formions une équipe. Un psy, un infirmier, et un médecin au besoin. Voilà tout ce dont elle avait besoin pour guérir. Moi , j'étais de ceux qui croyait en mes patients. Le naïf de l'endroit si vous préférez. Et je l'assumais très bien parce que contrairement à elle, j'avais les pieds bien ancrés au sol alors qu'elle, oui elle, elle flottait dans sa propre bulle, perdant contact avec la réalité. Putain, elle croyait que je n'avais jamais vu une âme aussi égarée qu'elle? J'en voyais par des milliers bordel! Tout le monde qui entrait ici était à demi-fou, parfois il l'était même qu'à demi! Parfois , comme Judy, il n'y avait plus rien à faire. Je soupirai, oui j'ai soupiré , devant la belle au visage angélique. J'avais même fini par dire quelques mots grommelés avec amertume « Je ne suis pas ici pour vous sauver, ce n'est pas mon rôle. Si vous échouez, vous êtes foutue. Je.. j'ai lu votre dossier. Je n'ai pas le choix. Enfin, c'est à vous de décider si vous voulez tenter votre chance ou tout perdre. » Je voulais bien me faire comprendre.C'était à elle de se botter le derrière. Moi j'étais là pour l'appuyer, lui apporter des soins si nécessaire. Ça s'arrêtait là. ÇA DEVAIT S'ARRÊTER LÀ. Mais non.Chaque paroles nous faisaient franchir une ligne invisible que j'avais moi-même dessiné dans ma tête.Et parfois.. je la laissais avancer un peu plus. Je la fixe. Je me dis que j'dois lui dire quelque chose vous savez, meubler la conversation avant la fin de mon quart, j'arrête même de la vouvoyer. J'deviens un peu plus familier. Frissons. Non il ne fallait pas. Mais si mais si il le faut... « Trouve ta bouée, celle qui te sauvera de ton propre naufrage. Si tu la trouves, tu t'en sortiras » j'avais dit cela avec grande conviction. J'avais vu des gens sortir d'ici complètement sobre, prêts à débuter une nouvelle vie, réaliser de nouveaux défis. Alors je me disais pourquoi pas elle? Et puis l'instant d'après, je me disais qu'elle méritait un cuisant échec. Qu'elle méritait le pire. Je.. je ne savais plus vraiment quoi penser.

Judy est une patiente attachante, quand elle ne se trouve pas à faire une psychose bien entendu.C'était le genre de femme pieuse qui en avait vraiment bavé dans la vie. L'antithèse même de sa colocataire. Je ne pouvais m'empêcher de ressentir de la pitié pour elle.On l'a déposé ici après qu'elle aie séjourné à l'hôpital pour une overdose. Personne n'était venue la voir depuis : ni amis, ni membres de sa famille. Elle était seule. Je ne souhaitais ça à personne, pas même à mon meilleur ennemi. En revenant dans la chambre, j'explique à Lou qu'elle est comme ça de la meth. La jeune femme commente assez rapidement - ce qui ne m'étonnait que très peu en fait - qu'elle n'avait pas touché  très longtemps - « Mouais. » répondis-je alors comme pour corroborer ses dires. « C'est une drogue vraiment moche. J'suis ravi d'entendre que tu n'y touches plus. » Il n'y avait qu'à voir comment Judy se comportait avec Lou pour comprendre que c'était quelque chose qu'il ne fallait pas toucher évidemment. Elle me jette un regard dur quand je lui dis qu'elle devait faire en sorte qu'elle ne soit comme Judy l'incrimine. Pris au dépourvu, je cligne des yeux un peu incrédule. Elle prononça ses mots avec une telle froideur que j'en fus percuté. « Tu pourrais être surprise. J'en connais plus sur toi que tu ne peux le croire » disais-je alors avec un demi-sourire sinistre. Elle allait flipper, je le sens, mais je suis doux. Je serai doux. je serai toujours son infirmier. Jusqu'à ce qu'elle n'avoue ses fautes, je le serai. Mais elle ne savait rien de tout ça. Rien du tout. Et il était préférable que ça demeure ainsi.

Mais les choses.. finissent par se calmer.Et toute cette colère accumulée tout au fond de moi finit par s'apaiser quand elle me parle de ses craintes. Elle me fait miroiter son humanité, encore. Et j'tombe dans le piège.. encore. Ça m'exaspère vraiment mais que puis-je y faire, hum? Je ris doucement « La peur est un truc complètement irrationnel...c'est humain, c'est bon signe non , Lou? Toutes ces petites choses te rendent humaine. » J'essaie de me faire rassurant du mieux que je le peux mais Lou ne semble pas plus rassuré. Elle feint que ce n'est pas important si je n'y serai pas, à sa désintoxication en accéléré. Si elle savait...  À l'instant même où je quitterai sa chambre, je savais ce que j'allais faire. J'allais voir mon patron. J'allais lui demander d'être avec elle le lendemain. Sombre personnage falot. J'étais faible et je le savais. Les paroles de la belle jeune femme trouble mes pensées. Je hochai la tête, lui démontrant que je l'avais bien entendue. Je souris, à pleine dents et je lui apporte un regard réconfortant « Bien. À demain donc, bon repos. » Je prend le temps de regarder l'horloge qui se trouve au mur imposé. Il était l'heure pour moi de rentrer à la maison j'avais assez donné aujourd'hui. Comme tous les autres jours d'ailleurs. Lou finit par me remercier pour son banjo, je lui adresse un dernier clin d'oeil en glissant ma main contre le mur et tamiser les lumières de la chambre « De rien. J'ai bien aimé te voir jouer! » Je n'ajoute rien d'autres parce qu'il ne le faut pas et que cela suffit. Je quitte la pièce, repensant dès lors à tout ce qui s'y était passé. Je me pris le visage entre les mains, poussant un long soupir. Qu'est-ce qui m'arrivait? Je décidai de me rendre à la salle de bain pour me passer un peu d'eau fraîche sur ma peau limite translucide. Le contact avec ma peau brûlante me fait vraiment du bien. Je me regarde une dernière fois, je regarde mon reflet.Tout ce que j'y vois c'était ce mec qui capitulait. L'infirmier. Le coeur en or. Le généreux. Le samaritain.Il fallait détruire ce mec, bordel. J'arrêtais pas de me le répéter...

Je sors de la salle de bain sans trop de cérémonies. Une collègue de longue date m'accoste et me demande de prodiguer des soins à un nouvel arrivant qui a des plaies à panser. Je lève les yeux au ciel parce qu'encore une fois je ferais des heures supplémentaires sans mon plein consentement. Mais je m'attelle à la tâche. Archie-la-bonasse était encore de service. Puis on put entendre « Code blanc ! code blanc ! » dans les enceintes du centre. Encore ? Ce code signifiait simplement un patient violent et ici c'était un peu monnaie courante. Sauf que..j'entendis un cri strident à en faire hérisser tous les poils de mon corps. D'instinct je sortis de la chambre de mon précédent patient et constatai qu'une partie du personnel était en train de courir vers une chambre... celle de Lou. J'accoure alors à mon tour dans celle-ci en constatant non sans horreur que Judy criait de douleur dans un coin de la pièce. Je porte une main à mes lèvres quand je vois le bras déchiré de la colocataire schizo. Pourtant mon regard s'attarde plutôt sur Lou qui pleure à chaude larmes serrant son banjo complètement détruit. Lou marmonne des paroles à peine audible mais je les comprend, puisque je suis suffisamment prêt d'elle. Des paroles qui normalement, auraient inspiré profondément la peur et le dégoût. Mais pas à moi. J'avais vu pire. J'étais solide comme un roc. « Lou, calmes-toi...Tu ne voudrais pas te retrouver en isolement, si? » À bien y réfléchir, je n'aurais peut-être pas dû demander cela parce qu'elle essaie d'aller attaquer à nouveau sa colocataire, en plaçant ses mains de façon à ce qu'elle l'étrangle. Deux infirmiers la retiennent contre son gré, elle se débattait comme un diable dans l'eau bénite. « L'isolement du centre c'est pire que la prison. » murmurais-je doucement alors que je fis signe aux infirmiers que je prenais la relève. J'empoigne fermement ses mains et la pousse à me regarder directement dans les yeux. Elle en avait dedans la petite, mais je sentis qu'elle se calmait, petit à petit. Ses épaules s'affaissèrent, sa respiration se fit plus lente. Ils amènent Judy dans une des salles d'examen. Elle sera probablement transportée à l'hôpital par la suite, ce qui laissai Lou seule avec quelques membres du  personnel, dont moi évidemment. Un médecin débarque avec un calmant, la seringue bien en évidence. J'écarquillai les yeux,me plaçant devant la patiente comme pour la protéger. « Non pas de ça! Elle est calme, ne voyez-vous pas? » Le médecin observe Lou quelques secondes et  me toise durement. Mais, il finit tout de même par me siffler « Si elle démontre encore de l'agitation, prévenez votre infirmière chef » Je hoche la tête en silence. Je retourne mon attention sur elle et je ne relâchai mon emprise que lorsque le personnel quitta la pièce, un membre à la fois. « Désolé pour ton banjo. » disais-je alors en l'aidant à se hisser à nouveau dans son lit, complètement seuls cette fois.Je soulevai les draps et l'invitai à s'y glisser sans en rajouter une couche. Je ne lui en voulais pas d'avoir attaqué Judy. Je lui en voulais d'avoir été aussi violente alors qu'elle aurait très bien pu appeler à l'aide avant que tout cela ne devienne incontrôlable. Mais je ne lui en voulais pas non, je comprenais très bien la peine qu'elle ressentait. Je comprenais son attachement.
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Message(#)cherlou #2 + there's a hunger in my heart EmptyVen 23 Sep 2016 - 0:26


☙ There's a hunger in my heart

Plus nous parlons, plus j'en viens à croire que, en effet, Archer en sait plus que ce qu'il en a l'air à mon sujet. Est-ce parce que je suis un livre ouvert ou parce qu'ouvrir mon dossier donne toutes les réponses ? Non, il y a autre chose. Il y a sa question à propos d'Andrew. Peu à peu, tous les éléments mis bout à bout m'angoissent. Je sens que je devais me méfier de l'infirmer et pourtant j'en suis incapable. Je me sens bien en sa présence, presque en sécurité, et c'est un sentiment que je n'ai as ressenti depuis des lustres. J'ai envie d'être aimable avec lui, de lui sourire. Je veux papoter avec lui, faire de la musique, chanter. Il y a quelque chose en lui. Il dit qu'il n'est pas la pour me sauver, mais il ne peut pas s'en empêcher. Ne serais-ce qu'en me secouant, me rappelant que si cette cure ne marche pas on me retrouvera morte dans mon propre vomi à l'angle d'une rue d'ici deux mois. Mais aussi en tenant à me démontrer que je suis bien humaine. Il est gentil. Un peu fascinant. Je me dis que s'il a une petite amie, elle a de la chance, beaucoup de chance. Tout le monde rêverait d'avoir quelqu'un pour s'occuper de vous comme ça, qui n'a pas peur, doux, mais qui ne mâche pas ses mots. Un agréable mélange de sincérité et de courage. Deux qualités dont il aura bien besoin.

Quand tout le monde accoure dans la chambre, je ne le remarque pas. Mes yeux embués ne voient personne, et de toute manière, rien n'a d'importance. On pourrait croire que je serre le cadavre d'un de mes parents dans mes bras. Le monde ne voit que des morceaux de bois. Mais c'est tellement plus, tellement plus… Dans une sorte d'état second, je ne réponds à rien. Je sais juste que je dois détruire Judy jusqu'à ce qu'il n'en reste rien, comme elle l'a fait à mon instrument. Un juste retour des choses, en tout cas, dans ma tête. Quand je m'apprête à lui sauter à la gorge, une masse me fait barrage pendant que deux infirmiers tentent de me tenir, et c'est alors que je vois Archer. Je me débats avec toute la force dont je dispose et même bien plus. Cette force que l'on se découvre dans des moments aussi intenses. La voix du jeune homme est douce, mais ça ne me fait rien. « Je m'en fous. » La prison, l'enfer, qu'importe ce qu'il y a de pire, je baigne déjà dedans. Je n'ai pas peur, je suis à toutes épreuves, je peux survivre à tout. Si j'ai survécu à l'overdose, à l'abandon, à la rue, au désespoir et si même après tout ça j'ai trouvé la volonté de me faire aider, alors rien, RIEN ne peut m'abattre. Rien à part moi-même. Et sûrement pas Archer. Pourtant… Ce regard. Comment est-ce qu'il fait ça ? Juste en plantant ses yeux dans les miens j'ai l'impression qu'il a appuyé sur mon bouton d'arrêt. Hypnotisée, je ne bouge plus, ma respiration se calme, me rythme cardiaque aussi. Lentement, je me radoucis. Mes muscles se détendent, les traits de mon visage aussi. On pourrait croire que j'ai été sédatée sans le remarquer, mais non, c'est autre chose, c'est comme une forme de sorcellerie. Petit à petit, l'adrénaline me quitte, la fatigue reprend le dessus et me terrasse. La peine aussi. Je me remets à pleurer à chaudes larmes, et, inconsolable, je pose ma tête sur le torse de l'infirmer pour sangloter alors qu'il persuade le médecin que je ne suis plus un danger. Je ressemble bien plus à un chaton abandonné sous la pluie qu'à une folle capable de briser un bras. Quand Archer lâche mes mains, j'enroule mes bras autour de moi. Comme si cela pouvait contenir quelques uns de ces litres de larmes qui vont rouler sur mes joues, mais non, m'enlacer moi-même est sans effet. Pendant un long moment, l'âme en peine, quelques petits cris de chagrin m'échappent. Je crois que c'est bien plus que la mort du banjo qui me met dans cet état. C'est tout ce que je n'ai pas évacué depuis des lustres et qui profite de l'occasion pour sortir et s'exprimer. Toute cette détresse a besoin de cris venant de coeur. Je pleure tant que par moments je n'arrive plus à respirer. Puis, épuisée, je n'ai plus rien à pleurer. Il ne reste que des hoquets de temps en temps. Alors, comme un petit pantin, je laisse Archer me glisser dans mon lit. Ca ne sert pas à grand-chose d'être désolé, mais il ne peut pas faire plus. « C'était un cadeau de mon père. » je murmure. Il comprendra sûrement mieux pourquoi j'y tenais tant. Dans les pires moments de ma vie, cet instrument était mon petit bout de civilisation, ma lueur d'espoir. Et quand je chantais avec lui, et qu'il n'y avait rien d'autre que la mélodie et les paroles des chansons, le monde semblait tourner un peu plus rond. « Il avait survécu à tout. Tout. » Même lorsque je vivais dans ce squat l'année dernière au milieu des camés à moitié mort. On pense qu'ils vendraient leurs mères pour se payer un rail, mais c'est faux. Partout où l'on va, même dans les abysses des bas-fonds, il y a des codes. On  en bute pas le chien d'un sans abri. On ne vole pas et on ne casse pas le banjo de la petite poupée qui n'a que ça comme possession. Tout le monde a toujours respecté ça. Mais pas Judy. Elle qui croit avoir trouvé Dieu et qui se pense si supérieure à moi parce qu'elle a décroché et que je ne suis qu'un déchet. Cette petite hypocrite n'a pas découvert l'amour de son prochain, sinon elle n'aurait pas agi ainsi. C'est elle le diable, et elle méritait chaque fracture qu'on dénombrera sur son bras. Elle aurait mérité pire, tellement pire. Je me vois planter mes mains dans sa cage thoracique pour arracher un coeur dont elle ne se sert pas de toute manière. Je me vois la démembrer et lui faire payer de toutes les manières possibles ; je sais que je ne ferai rien de tout ça, mais l'imaginer me soulage et me défoule. Alors je laisse ce coin de mon cerveau tourner à plein régime. J'en rêverai sûrement cette nuit.

Je garde la main d'Archer bien dans la mienne. Je la serre, aussi fort que mes maigres forces me le permettent. Les yeux à moitié ouverts, j'ai l'air en stand by. Ils se ferment lentement, progressivement. Au fur et à mesure, ma poigne se desserre, libérant la main du jeune homme une fois que je me suis endormie.
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Message(#)cherlou #2 + there's a hunger in my heart EmptySam 24 Sep 2016 - 6:11



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Quelque part tout au fond d'elle-même que se cachait un être humain. Elle avait beau le nier, le repousser , faire ce qu'elle en voulait. Tout le monde avait un point faible, un point de non-retour. Pour certains, c'était l'attachement à quelqu'un.  Pour d'autres, c'était la connexion intense avec un objet du passé, ce qui évoquait tout aussitôt de multiples souvenirs. J'étais loin de me douter que de briser ce banjo provoquerait un tel ras de marée mais quelque chose me disait qu'avec ce petit bout de femme, tout était possible. Elle portait peut-être même le visage du démon sous ses traits angéliques comme l'avait injustement accusée sa colocataire quelques instants auparavant. Ou peut-être que ceci n'était qu'un tremplin qui menait à un très grand bassin secret, et mystérieux. Quoiqu'il en soit, je voulais atteindre ce dit bassin - même si je me devais bien d'admettre que ce choix métaphorique craignait plus que tout -. Toutefois, je ne devais pas laisser voir ce qui me rendait humain, au delà de mon métier et de ma douceur. Je ne voulais pas.. qu'elle connaisse mes faiblesses. Parce que s'il y avait bien une chose que je redoutais par dessus tout, c'était qu'elle s'en serve contre moi s'il surviendrait quelque chose. Qu'elle ne sache rien à propos de ma vie était parfait. J'me plaisais bien à lui faire croire que j'étais sage, un homme bon , limite Ghandi vous voyez. Mais je n'étais pas Ghandi je n'avais rien de ce grand homme. J'avais aussi des petits coins sombres dans mon espace. Tout ce qui concernait mon père, entre autres. Je ne parlais jamais de lui, pas même avec ma propre famille , mon propre sang. C'était le sujet tabou. Avec le paternel Willis , de toute façon, tout rimait avec déception, frustration, amertume. Je préférais éviter d'en parler. C'était mieux ainsi. Pour tout le monde, c'était mieux... J'devenais exécrable et insupportable. Et vous ne vouliez pas me voir d'une humeur insupportable déjà que j'étais un mec plutôt sérieux dans la vie - quoiqu'il m'arrivait d'être bouffon parfois aussi - , quand j'étais en colère, je devenais carrément infernal. Comme à peu près tout le monde, j'imagine?

J'étais loin de me douter que Lou ferait une chose pareille. Même si je m'étais préparé au pire considérant ce qu'elle avait dans un passé qui me semblait encore si proche. On pouvait lire la panique trahir chacun de mes gestes avant que je ne cours vers sa chambre. Je m'en étais voulu d'avoir eu peur que Lou aie été blessé. J'commençais à l'apprécier, cette petite, et je ne le voulais pas. J'avais toujours tord quand il s'agissait de mes intuitions. Voilà pourquoi j'étais toujours aussi cartésien, c'était plus simple quand tout était méticuleusement préparé dans ma cervelle. Quoiqu'il en soit, Lou lutte fortement dans les bras des infirmiers qui l'ont attrapé sans attendre. À mon arrivée, elle était pourtant calme dans son lit, luttant certes contre l'envie d'attaquer à nouveau sa victime. Un mélange d'horreur et de surprise put se lire dans mon regard, mais je me mis rapidement à focaliser sur Lou plutôt que sur Judy. Parce que je m'étais rapproché d'elle mais surtout parce qu'en règle générale, depuis qu'elle était ici, j'étais toujours l'infirmier qui lui était attitré. Je lui dit doucement des paroles mais je ne réfléchis pas et elle se met à lutter contre ceux qui la retenaient prisonnière. Je la vis cette étincelle maléfique. Je ne pouvais m'empêcher de songer à ce qui serait survenu si nous ne l'avions pas arrêté.Je déglutis même à l'idée que Lou aurait pu la tuer. Mais je me ressaisis. Ouais. J'me ressaisis. Je me répète que tout le monde fait des erreurs, y compris elle. Alors je la force à me regarder, je mâche mes mots, je les dis len-te-ment. Je la vois se calmer et je souffle. Ouf. Ses bras relâchent toute la tension qui s'y était accumulée et sa tête finit la danse en se posant sur mon torse. Elle pleure. Je ravale ma salive.Bien fait pour toi, murmure ma petite voix intérieure. Je me contente de porter une main dans son dos, comme pour essayer d'apaiser la douleur qui l'habitait et rembarre le médecin. Je n'avais pas besoin de lui et ça se voyait! Putain! J'étais en rogne contre ceux qui préférait donner des calmants avant de tenter autres choses. Sur le coup là, je me suis félicité. Lou n'avait pas besoin d'avoir d'autres drogues dans son système : son corps était déjà une épave. Et parlant d'épave, Lou pleurait et pleurait encore. Elle semblait inconsolable. J'en avais vu pourtant des chagrins, des cris, de la souffrance en ces murs... mais rien ne pouvait se comparer à l'intensité de celui-ci. « Chut... ça va aller Lou, allez viens te reposer » J'avais remarqué les regards désobligeants de mes collègues. Mais si je ne me serais pas occupé d'elle, qui l'aurait fait? J'avais fini mon quart, j'aurais pu très bien appeler l'infirmière qui me remplaçait mais quelque chose me disait qu'elle n'aurait pas pu faire mieux que moi. Il y avait quelque chose qui nous liait mais si j'essayais de le nier. Ça m'échappait encore, mais ça viendrait, je finirais par le comprendre.

Quand, finalement, elle s'était allongée je pus souffler. Je la recouvre de son drap de coton et elle finit par se confier que le banjo était un cadeau de son père. Je pinçai les lèvres, perplexe. Je pouvais parfaitement comprendre à quel point elle tenait à cet instrument. Il y avait parfois des objets, dans cette vie, qui importaient plus que d'autres. Des objets qui nous rappelaient des souvenirs merveilleux. Je hochai la tête tout en lui tenant la main comme pour appuyer mes paroles « Je comprend, Lou. Ne t'en fais pas, je ne te juge pas pour ce que tu as fait. Tu sais .. » Je sais qu'elle est fatiguée mais je ne peux résister à ouvrir ma grande gueule, malgré cette petite voix qui me disait de me la fermer une fois pour toute. T'as oublié ton plan initial dude, la fille c'est elle qui t'a enlevé Andrew mais non, cette langue est déliée. Je murmure « J'ai la balle de baseball que mon père m'a offert quand j'étais petit. C'est un américain. Je la garde dans ma voiture. Si quelqu'un ose me la voler un jour... Je ferais probablement comme toi... en plus soft, évidemment » Je souris en levant les yeux au ciel. Ce sourire se dissipa petit à petit quand je la vis cligner de ses fragiles paupières, sa main serrant la mienne de toutes ses forces, comme pour s'apaiser. Je ne bronchai pas et dans le silence, tel une statue de marbre, je la regardai s'endormir. Une fois qu'elle gagna le sommeil et que je me pus finalement me libérer, je murmurai en m'approchant de son oreille « Bonne nuit, Lou... À demain » mais je savais bien qu'elle ne me répondrait pas, trop épuisée. Je m'étais donc relevai furtivement et je tournai les talons et me dirigeai vers l'extérieur du centre, regagnant ma voiture en repensant à tout ça. Puis, j'ouvris le tiroir du coffre à gant pour y tâter la balle de baseball la faisant tourner, la lançant pour la rattraper tout aussitôt. Puis, pensif, je passais une main sur mon menton avant de finalement déposer la balle, puis je fis gronder le moteur de ma berline. Je ne dormis que très peu cette nuit-là, repensant à tout ce qui s'était passé, à la peine que j'avais moi-même ressenti quand j'avais vu toutes ses larmes salées ruisseler le long de ses joues de poupée. Je jouais avec le feu. Je m'attachais. C'était suffisant pour me causer une grande insomnie.

the end.
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