I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Vêtue de l'ensemble qu'elle s'était trouvée à Londres, avec le veston blanc, Joanne sortait tout juste de l'un de ces buildings de Brisbane. Elle portait la veste comme la vendeuse le lui avait conseillé. Elle avait eu un entretien avec un chef d'entreprise ayant eu vent des projets que la jeune femme avait pour la fondation. Elle ne s'attendait pas à avoir autant de retour, surtout d'intéressés australiens. Sa présentation officielle avait vraisemblablement portée ses fruits, sa boîte mail se noyait parmi les nombreux messages qu'elle recevait ces derniers temps. Se plonger à nouveau dedans n'était pas facile, ses vacances lui avaient fait oublier à quel point cette activité restait chronophage. Elle profitait surtout de l'après-midi où Daniel était à la crèche pour avancer un maximum. Au final, elle n'avait pas vraiment de temps pour elle, ça ne collait pas avec l'organisation qu'elle s'était faite. Ou peut-être qu'elle refusait dans le fond de se permettre un tel luxe. De nombreux regards masculins - même féminins, l'avaient suivi lorsqu'elle assait les bureaux et les couloirs pour se rendre à la sortie. Il fallait dire que sa tenue mettait en valeur ses formes et surtout son postérieur grâce à sa jupe. Avec Jamie, tout allait beaucoup mieux depuis leur soirée tous les deux. Certes, il y avait déjà eu une nette amélioration avant cela, mais là les retrouvailles avaient d'autant plus radicales. C'était une maison joyeuse et pleine de vie, qui ne manquait jamais d'affection et de tendresse. Juste avant ce rendez-vous, la jeune femme était allée voir son psychologue. Après son rendez-vous, elle voulait profiter d'être en ville pour aller voir Jamie à son bureau. Ces derniers temps, il multipliait les prolongations au travail. Et il avait toujours apprécié ces petites visites surprises de sa belle, c'était l'occasion. On donnait à Joanne un badge visiteur, mais par pur principe, parce que presque tout le monde la connaissait par ici, désormais. On se contentait souvent de dire qu'elle était la fiancée de Jamie, et ça n'allait plus loin. Il se contentait de la décrire comme une petite blonde aux yeux bleus, et le tour était joué. Joanne connaissait le chemin par coeur jusqu'au bureau de son fiancé, elle croisa son assistante qu'elle salua d'un signe de tête et d'un sourire amical. Du haut de ses escarpins, elle rentra discrètement dans le bureau. Trop plongé dans ses papiers, il ne la remarqua même pas entrer. Elle s'approcha de lui devant le bureau, et s'installa dans le siège prévu pour les personnes qu'il pouvait recevoir. "Et si vous lâchiez un peu votre ordinateur, Lord Keynes ?" finit-elle par dire avec un sourire amusé, afin d'avoir son attention. "J'étais dans le coin et Daniel est encore à la crèche, je me suis dit que c'était l'occasion de t'obliger à prendre une petite pause." Joanne se releva pour faire le tour du bureau et elle s'installa sans trop de gêne sur les genoux du bel homme. Un bras autour de son cou, elle l'embrassa tendrement. Le baiser devenait malgré lui assez langoureux à un moment. Elle colla ensuite son front au sien en lui lançant des regards amoureux. "J'aimerais te dire quelque chose." dit-elle au bout d'un moment. Joanne ne lui avait toujours pas parlé de sa rencontre avec Hannah. Elle ne savait pas si elle devait le faire ou non, ou s'il voulait entendre simplement ce genre de choses. Mais ce n'était pas ça, ce qu'elle voulait lui partager. "Je sais que tu n'aimes pas entendre ce genre de choses, mais je suis désolée qu'Hannah et moi parvenions à nous entendre. Ca ne doit pas être facile pour toi non plus. Je pense que ça ne l'est pour aucun de nous trois." Elle le pensait réellement. Mais cela n'empêchait pas cette jalousie de se propager en elle à une vitesse fulgurante. "Je ne pense pas que tu puisses imaginer une quelconque réconciliation et amitié entre elle et moi." Peut-être qu'il s'en doutait déjà, peut-être qu'il espérait secrètement qu'elles puissent trouver un terrain d'entente. Elle baissait les yeux de temps en temps, histoire d'essayer de bien trouver ses mots. "Et j'espère vraiment que tu sauras me pardonner toutes les réactions que j'ai déjà eu et celles que j'aurais. C'est juste... plus fort que moi. Je ne peux pas prétendre ou faire autrement." Ou sinon ça se verrait immédiatement. Joanne ne savait pas vraiment d'où lui était venu cette réflexion. Elle relativisait un peu, mais celà ne garantissait en rien le calme de ses prochaines réactions. Ca ne changeait pas son point de vue face à la relation qu'il y avait entre la belle mannequin et lui, ça ne changeait pas non plus le fait qu'elle se méfie énormément de ce qu'il pourrait se passer entre eux, et ce, depuis qu'il avait bien voulu lui avouer qu'ils s'étaient à nouveau rapprochés.
Rare sont les moments où je n'ai pas envie d'être au travail, mais depuis quelques jours, ce sentiment s'installe. La ribambelle d'heures supplémentaires commence à se faire sentir, et j'avoue que j'ai de plus en plus de mal à rester sagement assis derrière mon bureau à fixer l'écran de mon ordinateur. Je ne suis pas ce genre d'animal. Cela me file un joli mal de crâne et un sacré mal de dos. En soi, passer en studio est la seule chose qui s'apparente à une pause pour moi. Et la cigarette du matin, mais appelons cela un sujet tabou. Alors quand la voix de Joanne s'élève dans le bureau, j'avoue avoir un large sourire instantanément, non seulement parce qu'elle me fait la délicieuse surprise de passer me voir au travail, mais parce que cela signifie que je vais être obligé de décrocher de tous ces mails pendant un petit moment et que j'en ai bien besoin -à l'heure où je ne sais toujours pas si je vais encore devoir lui dire de ne pas m'attendre pour dîner. « Miss Prescott, quelle surprise. » Mon regard l'analyse en une seconde. Je reconnais l'ensemble acheté à Londres, qui lui va à merveille. Une tenue qui la met en valeur et prouve qu'elle a tout ce qu'il faut où il le faut. Je sais qu'elle avait des rendez-vous pour la fondation aujourd'hui, le travail reprend pour elle aussi. Lorsqu'elle mentionne le fait que Daniel soit à la crèche, je réalise que nous sommes déjà mercredi. La moitié de la semaine. Joanne s'installe sur mes jambes, les bras autour de mon cou. « J'aime beaucoup l'ensemble. » dis-je avec un petit sourire, au bord de ses lèvres. « Regardes-toi, une vraie petite businesswoman. Mais je vais me faire croire que ce décolleté n'a été pensé que pour moi. » Ainsi que cette jupe qui me fait perdre toute exclusivité sur ce postérieur sans même que je sois à son bras pour asseoir mon territoire malgré tout, ce qui ne devrait pas être acceptable. J'espère que le tout lui a au moins permis d'obtenir satisfaction lors de ses rendez-vous. Non, pas ce genre de satisfaction. « Je t'écoute. » dis-je en remontant mon regard baladeur vers ses iris bleus, tout aussi captivants. Je ne sais pas trop pourquoi la jeune femme remet Hannah sur le tapis, ayant à coeur de s'excuser de ne pas se sentir capable de s'entendre avec elle et encore moins de faire semblant. Je plisse les yeux. « Je ne te demande pas de prétendre quoi que ce soit. » je lui assure. Je ne crois pas que ce soit mon genre. Je ne me suis jamais fait d'illusions concernant les deux jeunes femmes, même lorsqu'elles auraient encore pu être amies. Elles sont tellement aux antipodes l'une de l'autre, cela n'aurait jamais parfaitement collé. La vie veut que je me retrouve le cul entre deux chaises et le coeur… parfois partagé. « C'est comme ça, c'est tout, et... » Et c'est tant pis. De toute manière je ne compte pas choisir entre l'une ou l'autre, et il a toujours été très clair pour moi que la première à me demander ce choix serait désavantagée d'office. Qui me connaît sait que j'ai tendance à faire ce qu'il me plaît sans me soucier de l'avis des autres. « Tout ce que je souhaite, c'est que vous soyez capables d'être… disons, courtoises, l'une avec l'autre, en ma présence. » En résumé, je ne veux pas avoir à souffrir de leurs querelles. Si elles ne peuvent pas se voir en peinture, bien, mais je ne jouerai pas le médiateur entre deux adultes. Elles peuvent bien faire cela si elles m'aiment toutes les deux autant qu'elles le prétendent. « Je ne peux pas vous obliger à vous apprécier. Mais je ne veux pas être mis dans une position plus inconfortable qu'elle ne l'est déjà. Comme tu dis, ça n'est simple pour personne. » J'hausse les épaules. Je ne m'attends pas à ce que qui que ce soit ne vienne pleurer sur mon sort. Néanmoins, tout cela n'a rien d'amusant pour moi. J'y suis simplement résigné. « Pourquoi tu me dis tout ça maintenant ? » je demande, curieux. Cela lui est peut-être venu à l'esprit sans raison, mais en général, cela signifie que quelque chose traîne dans son esprit.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Jamie se cherchait certainement des excuses pour pouvoir décrocher de son ordinateur. Lui et la technologie, ça ne collait pas vraiment ensemble. Sauf qu'il n'arrivait pas à s'arrêter pour prendre une pause, alors Joanne passait dès qu'elle le pouvait, histoire de le détendre un petit peu. Elle n'oubliait pas qu'il se permettait toujours de fumer, mais cette pause qu'elle n'approuvait toujours pas -et ce ne sera certainement jamais le cas-, mais elle voulait lui permettre d'avoir un break un peu plus long cette fois-ci. Joanne se réhabituait aux dîners seule ces derniers temps. Son fiancé ne manqua pas de se rincer l'oeil avec l'ensemble qu'elle portait, un petit sourire en coin qui voulait tout dire. "Je n'aurai jamais pensé que me voir dans la peau d'une businesswoman, comme tu dis, t'exciterait autant." lui lança-t-elle en riant. "Dis toi que ce qu'il y a en-dessous, ce n'est rien que pour toi." Joanne lui vola un baiser. "C'était assez déroutant, la manière dont ils me regardaient tous, j'avais l'impression qu'ils voulaient me manger." ajouta-t-elle d'un air bien plus gêné. Elle n'avait pas eu un véritable sentiment de sécurité. "Des regards parfois un peu trop insistants, je me suis contentée de baisser les yeux, je ne savais pas quoi faire d'autre." Et de toute façon, si désir il y avait, ce n'était que dans un seul sens. Après quoi, la jeune femme commençait à parler de ce qu'elle pensait vis-à-vis de cette situation complètement folle, de ce triangle formé avec Hannah. Ca ne lui plaisait pas, mais elle devait se rendre à l'évidence qu'elle allait vivre tout ça certainement jusqu'à la fin de ses jours. Jamie disait qu'il ne voulait pas qu'elle prétendre quoi que ce soit. Mais par contre, elle devait bien se taire et il ignorait bien nombre d'avis de celle qui disait être sa fiancée. Dans tous les cas, Jamie était gagnant et bien au-dessus. C'était un large sentiment d'injustice qu'eut Joanne lorsqu'elle entendit cette phrase. Ca revenait au même de toute façon. Il voulait vivre les bons côtés, mais pas les mauvais, c'est-à-dire les querelles entre Hannah et Joanne. C'était vraiment gonflé de sa part, se dit-elle, mais ce n'était certainement pas le lieu ni le moment de faire naître une quelconque tension. C'est lui qui avait voulu être dans cette situation-là, mais il voulait être écarté de ce qui n'allait pas lui plaire. Deux femmes rien que pour lui, il devait être on ne peut plus ravi. Joanne baissa les yeux, ne répondant pas vraiment à ses propos. Dans le fond, elle aurait espérer avoir un message quelque peu positif de sa part, pour une fois qu'elle arrivait à parler posément d'Hannah et de tenter de tout relativiser afin que ça soit un peu plus supportable pour tout le monde. Mais rien du tout. Ca la rendait un peu triste, il fallait l'avouer. Jamie voulait savoir d'où lui était venu ce sujet de conversation. Il se doutait bien qu'il y avait quelque chose d'autre pour qu'elle en parle ainsi. Elle hausse les épaules. "C'est mon sujet principal de conversation avec le psychologue depuis des semaines." Elle ne savait toujours pas si elle pouvait se permettre de parler de sa rencontre avec Hannah, alors elle misait sur autre chose, qui était tout aussi vrai. "Je dois certainement beaucoup me répéter, mais ça n'a pas l'air de le déranger." La boîte de mouchoirs n'était aussi jamais loin et Joanne en avait grand besoin. C'était très cliché, mais on ne peut plus vrai. "Il m'a conseillée il y a plusieurs semaines d'écrire toutes mes pensées. Que dès que l'une d'entre elles me traverse l'esprit, la matérialiser en la mettant sur papier. Le cahier que je me suis achetée est déjà bien plein. Parfois, ça m'aide à me vider la tête, et parfois, quand je l'ouvre et relis ce que j'ai pu écrire, c'est douloureux." Elle haussa les épaules une nouvelle fois. "C'est à la fois un bon outil et ma propre boîte de Pandore, en somme. J'y ai pensé ce matin, et comme j'étais en ville, je voulais venir te voir, et je me suis dit que je pourrais peut-être t'en parler. Ca ne sert pas à grand-chose, mais bon." Elle lui sourit. Au moins, c'était dit. Joanne venait à se demander si Jamie était curieux au point de vouloir lire ce fameux cahier. Tout ce qu'il y verrait ne lui plairait pas, c'était certain. Il y avait certainement des choses écrites là-dedans qu'il ignorait, des ressentis de Joanne qu'elle ne lui avait jamais dit. Dans le doute, elle avait bien dissimulé cet objet ayant pris une certaine place dans son quotidien.
En rendez-vous, les regards des hommes posés sur elle avaient mis Joanne mal à l'aise et nerveuse. J'arque un sourcil. « Quand on s'habille comme ça il faut s'attendre à attirer les regards, mon coeur. C'est flatteur. » A quoi s'attendait-elle d'autre, dans une veste sans rien en dessous et une jupe particulièrement cintrée ? Pour ne pas recevoir ce genre de regards qui ne font que confirmer qu'elle ne s'est pas faite belle pour rien, il suffit de faire quelques trous dans un sac poubelle et de sortir avec un bob sur la tête. La jeune femme devrait un peu plus assumer ce genre de choix de tenue qui elle tient à faire des affaires ainsi. Ce n'est pas n'importe quel tailleur qui ne met pas tant en valeur, et les personnes avec qui le droit traiter pour la fondation ne sont pas tous de bons samaritains, même si leur investissement leur en donne l'air. Souvent, ceux qui ont l'air d'être les plus gentils sont les pires, et ce genre d'effet de surprise n'est jamais facile à digérer. « Tant que ce ne sont que des regards. » Je ne serais pas étonné que Joanne soit rappelée par l'un ou l'autre pour être invitée à un pseudo dîner d'affaires pour parler de partenariats qui seront oubliés au bout de quelques verres de vin -du moins l'espéreront-ils. Tout le monde a toujours des idées derrière la tête quand il s'agit d'affaires, des intérêts personnels ou corporate, et une fondation est aussi un business il ne faut pas s'y méprendre. Quoi qu'il en soit, en dehors des regards insistants, Joanne ne me révèle pas le contenu des rendez-vous. Elle préfère évoquer Hannah. Et c'est visiblement un sujet qu'elle évoque beaucoup, non seulement avec moi, mais avec son thérapeute. Les outils qu'il lui suggère sont loin d'empêcher l'esprit de la jeune femme de tourner à plein régime. Je la dévisage un instant. « Donc tu viens me voir au travail la bouche en coeur en faisant croire que tu veux juste passer du temps avec moi, mais en fait c'était uniquement pour ça ? » En tout cas, c'est ce que j'en déduis, et cela me déçoit autant que cela m'agace. « Tu peux m'en parler, je peux écouter et essayer de te rassurer mais… J'ai déjà bien assez de choses en tête quand je suis ici. » je reprends en essayant d'être moins désagréable -mais le sentiment que j'ai face à cette conversation n'est pas agréable lui-même alors il est difficile de ne pas être amer. « Disons que ce n'est pas vraiment le genre de discussion que j'ai envie d'avoir quand on me propose de faire un break avec ma fiancée. » Des futilités me conviendraient. Des choses dont nous pourrions habituellement parler autour du dîner, parce que j'en ai raté quelques uns et que parfois la maisonnée dort quand je rentre. C'était devenu particulièrement rare depuis la naissance de Daniel, en ce moment je ne peux pas faire autrement. Je rate des petits moments avec mon fils, avec Joanne. Je préfère encore garder le nez collé à mon ordinateur sans pause jusqu'au soir et prendre le temps d'aborder ce genre de sujets comme il se doit en temps et en heure plutôt qu'ils me soient mis sous le nez à un moment auquel je ne m'attend pas. « Parce qu'au fond, le truc c'est que tu ne crois toujours pas que Hannah et moi sommes juste des amis, n'est-ce pas ? Sinon ça ne te travaillerait pas autant et ça ne serait pas son sujet de conversation principal avec ton psy. » Joanne n'est pas du genre à avoir confiance. Ni en elle, ni dans les autres. Elle ne me croira jamais à propos de Hannah, il y aura toujours ce voile de doute qui planera, et aucun autre moyen de lui faire entendre raison à part de laisser le temps lui montrer qu'elle a tort d'être suspicieuse.
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Elle rit nerveusement à la remarque de son fiancé, admettant qu'il n'avait pas tort. Joanne s'était dit que c'était peut-être l'occasion de mettre cet ensemble, elle avait tort. Elle ne savait pas vraiment. "Ca ne se limitera qu'à des regards." lui dit-elle avec un sourire confiant. On aura beau l'inviter pour un quelconque événement, utiliser tous les plans drague possible et inimaginable, Joanne ne se laissera pas toucher par un autre homme - ou une autre femme. Elle s'en rendrait compte certainement trop tard, une fois que les avances seraient bien trop évidentes. Mais elle ne permettrait jamais que ça aille plus loin. La jeune femme remarquait bien le mécontentement de Jamie lorsqu'elle s'était mise à parler d'Hannah. Peut-être encore plus du fait qu'elle vienne à la station pour lui parler de ça. Joanne avait le regard bas. Il lui faisait bien comprendre qu'il ne voulait pas parler de ça. "Parlons d'autre chose, dans ce cas." dit-elle dans le but de conclure cette conversation, étant donné que ça déplaisait fortement à Jamie. En même temps, elle réfléchissait à ce qu'elle pourrait lui raconter d'autre, son quotidien n'avait rien d'intéressant. Ca se résumait à Daniel, aux chiens, à s'occuper du foyer en général. C'était toujours un peu le même récit, ponctué ici et là d'appels et de lectures de mails pour la fondation et de ses séances chez le psychologue. Jamie pensait certainement louper beaucoup de choses en ne rentrant à pas d'heures, mais il avait tort. Il y avait juste Daniel qui s'inquiétait parfois, ne comprenant pas pourquoi son père n'était pas là. Ca ne l'empêchait pas de dormir paisiblement, mais devinait parfois sur son visage qu'il comprenait qu'il manquait quelqu'un à l'appel, et ça ne lui plaisait pas vraiment. Alors que Jamie venait tout juste de lui faire comprendre qu'il ne voulait plus en parler, il relança le sujet de conversation. Peut-être que c'était aussi plus fort que lui. "Je croyais que tu voulais parler d'autre chose." lui lança-t-elle, le regard toujours bas. De toute façon, Jamie avait répondu à sa propre question, il n'était pas nécessaire pour la jeune femme de renchérir davantage. Ca allait véritablement mal tourné, dans ce cas. Non, elle ne croyait pas en l'amitié de Jamie et Hannah. Elle n'y croyait absolument pas. Elle a eu des discours des deux côtés, Jamie avait plus ou moins admis que des sentiments était toujours, Hannah semblait particulièrement fière d'avoir une partie de lui rien que pour elle. Jamie ne voulait pas comprendre, il ne savait pas ce que c'était. Il n'avait pas à partager le coeur de Joanne avec qui que ce soit d'autre. Non, lui, il avait deux femmes pour lui, chacune rêvant d'avoir l'exclusivité. Il y eut une moment de silence peu agréable pendant quelques secondes. Mais s'il voulait véritablement profiter de cette pause imposée, Joanne devait se presser de trouver de quoi parler d'autre. "Avec Ewan, nous sommes en train de chercher un chef de projet, qui m'aiderait à avancer et organiser la branche australienne de la fondation. En creusant un peu et en voyant tout ce qu'il fallait, je n'y arriverai jamais seule. Enfin si, je m'y serai plongée, mais je pense que je n'aurai pas eu le temps de faire quoi que ce soit d'autre de mes journées." Et c'était totalement contre ce que Joanne voulait. Ewan le savait, son fils et la vie de famille passait avant-tout, et il le respectait beaucoup. Elle finit par se lever des genoux de Jamie pour faire quelques pas dans son bureau. "Je ne pensais pas que le gala aurait une telle portée, je trouve ça curieux." dit-elle avec un sourire. "Il y en a beaucoup qui me parlent des photos, Ewan est sensé nous envoyer sur quelques clichés. Il y en a de nous deux que j'aime beaucoup." Enfin, sur ces clichés là, elle aimait surtout beaucoup Jamie. Elle le trouvait magnifique dans son costume "Tu as eu des retours, toi ? Du gala." demanda-t-elle, curieuse. Des bonnes comme des mauvaises, Joanne ne savait pas vraiment à quoi s'attendre par rapport à tout ça, même si son pessimisme prenait largement les devants.
Joanne ne le nie même pas. Lorsque je lui dis qu'elle est venue uniquement pour parler d'Hannah en faisant croire qu'elle souhaitait juste être avec moi, sait-on jamais si son fiancé lui manque un peu, elle ne dit rien, elle ne fait que balayer le sujet en baissant les yeux. Je reste bouche bée. Pour moi, tout ceci est un avoeu. Elle n'en avait strictement rien à faire de passer me voir, elle avait juste besoin de décharger un surplus de pensées et se faire rassurer. Que je sois au travail, que j'espère un temps mort réellement tranquille, elle n'en a rien à faire. Elle a certainement du se dire que si je continue à rentrer tard, elle n'aura pas l'occasion de m'en parler par respect pour ma fatigue et mon envie d'être avec Daniel. Mais ça n'est pas une raison. Il y a un temps pour chaque chose, et la mesquinerie de son approche ne passe pas du tout. Pire que ça, quand je me mets à vraiment parler du sujet qu'elle a elle-même mis sur la table, elle le refuse. Joanne me la fait à l'envers en beauté. Je vois rêver. Ses yeux baissés ne lui permettent pas de voir à quel point je la dévisage. Il est rare que la jeune femme fasse réellement preuve d'égoïsme, mais lorsque c'est le cas, elle ne le fait jamais à moitié. C'est toujours une bien belle baffe. Heureusement qu'elle quitte mes genoux, parce que sa présence aussi proche devenait insupportable, j'aurais fini par la rejeter moi-même. Effaré, je continue de la dévisager en espérant que je me suis simplement endormi devant l'ordinateur et que cette scène n'est pas réelle. Sauf qu'elle l'est. Pour s'échapper, Joanne joue la carte de la fondation, du gala et des photos dont je n'ai strictement rien à faire à cet instant. Alors qu'elle me demande si j'ai également eu des retours, je reste sans rien dire. Je secoue légèrement la tête, cligne des yeux. « T'es pas croyable. » je lâche finalement. Je passe une main sur mon visage et par mes cheveux, me refais le film à partir du moment où elle est arrivée dans le bureau. Je n'y crois pas. Finalement je me lève et les mains sur le bureau je me penche légèrement vers Joanne, mon regard dans le sien. « D'abord tu n'as pas l'air une seule seconde de te sentir coupable de me prendre pour un idiot en venant ici uniquement pour soulager ta conscience en me faisant croire que tu viens pour moi, alors que tu n'es venue que pour toi. Ensuite tu oses me la faire à l'envers en m'envoyant bouler quand je touche au coeur du problème, alors que c'est toi qui a lancé le sujet. Et tu ne prends même pas la peine de répondre à ma question. Enfin tu fais comme si de rien n'était en espérant que je ne te tienne pas rigueur du motif de ta visite. » Est-ce qu'elle me prend vraiment pour un demeuré ? A-t-elle vraiment pensé que tout ce passerait ainsi, que je passerai juste l'éponge et jouerait au fiancé tout heureux de la voir ? « Sans oublier le fait que tu n'as donc aucune confiance en moi. » Puisqu'elle n'a pas non plus pris la peine de nier le fait qu'elle ne me croit pas lorsque je lui assure qu'il n'y a plus rien d'autre que de l'amitié entre Hannah et moi. C'est tellement insultant. Je n'ai aucun doute à son sujet, et lorsque j'en ai un, je le balaye aussi vite que possible parce que je sais qu'elle ne me trahirait pas. Et moi j'ai droit au traitement inverse. Je devrais le lui faire vivre, l'impression d'être un suspect en permanence injustement. Elle adorerait. Je me rassois sans la quitter des yeux. « Tu devrais rentrer à la maison. » dis-je, contrarié au possible, et gardant pareil calme uniquement parce qu'il n'est pas question de tout l'open space derrière la porte de ce bureau puisse entendre des bribes de dispute conjugale.
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Joanne pensait réellement qu'évincer ce sujet fâcheux permettrait de changer l'atmosphère régnant pour le moment dans le bureau, mais ce fut totalement inefficace. Jamie ne l'entendait pas de cette oreille et comptait bien reprendre là où lui il s'en était arrêté. Il se leva de son fauteuil. Il avait toujours la capacité, le pouvoir de saisir le regard de Joanne et de faire en sorte qu'elle ne le fuit pas. C'était redoutable, elle avait horreur de ça. "Non, je voulais te voir parce que j'avais envie de te voir. Te parler de ça ne m'est venu que bien après avoir eu l'intention de venir ici." rétorqua-t-elle sèchement, offusquée qu'il ait pu faire des faux liens si hâtivement. "Ensuite, tu as dit toi-même que tu préférais parler d'autre chose le temps de ta pause. J'ai répondu à ta demande, j'ai évincé le sujet pour parler d'autre chose. Mais non, ça ça ne convient pas." Ca la mettait aussi en colère pour le coup, mais ce n'était pas pour autant qu'elle haussait le ton de sa voix. Mais elle était tout aussi ferme dans sa façon de parler. "Mais ne me crois pas, et reste fixé sur ton raisonnement, si ça t'arrange." Il critiquait sa manière de pensées couramment loufoque, lui parfois n'était pas vraiment mieux, en associant des faits qui n'étaient pas à mettre ensemble. "Et oui, j'ai des doutes. Parce qu'un jour tu me dis que tout est fini après lui avoir révélé ta flamme pour elle, et quelques semaines plus tard tu te pointes pour me dire que finalement non, vous allez devenir à nouveau les deux meilleurs amis du monde." Il s'était tout simplement fichu d'elle. "Toi non plus, tu ne nies rien. Tu ne nies pas le fait que tu puisses encore avoir des sentiments pour elle, alors qu'elle, elle est encore dingue de toi. Tu veux que je te comprenne ? Mais toi tu n'as pas l'air de vouloir me comprendre un peu, ni même te mettre ne serait-ce que trois secondes à ma place. Imagine un peu que j'ai pu couché avec un homme pour quelconque raisons, que j'ai pu lui dire je t'aime, que finalement non, je te promet que tout est terminé, pour revenir quelques temps plus tard pour dire que c'est reparti pour un deuxième round. Tu le prendrais, comment, hein ? Te connaissant, tu aurais des envies de meurtre, et pas au sens figuré du terme." Lui aussi mettait les oeillères, et il ne vivait que ce dont il avait envie de vivre, se fichant bien de ce qui pouvait se passer en coulisse. "Ah, et tu sais qu'Hannah m'a sortie l'autre jour ? Elle m'a dit que l'amour rendait bien aveugle si tu me préfères à elle. Et de la manière dont elle me l'a dit, avec une telle confiance en soi, c'est qu'elle devait avoir raison, nan ? Je ne sais pas, dis le moi." Elle n'attendait pas vraiment réponse. "Elle se délecte totalement du fait que je ne t'ai pas pour moi à 100%, avec cette partie qui est bien à elle, et je peux t'assurer qu'elle compte bien garder ce qui lui appartient, elle est tout aussi possessive que nous deux. Et que si elle peut continuer à grignoter toujours un peu, elle se jettera dessus sans le moindre regret." Hannah et Jamie étaient tous les deux des gosses de riche, et ça confirmait ce qu'une fois Joanne avait pensé. C'était qu'ils prenaient ce qu'ils voulaient, se fichant bien des dommages collatéraux. "Et ça doit tellement te plaire d'avoir deux femmes à tes pieds. Avoir avec l'une ce que tu ne peux tout simplement pas avoir avec l'autre. J'ai essayé de mettre de l'eau dans mon vin, mais ça non plus, ça ne mène à rien." Elle croisa les bras, ça ne la dérangeait même plus de soutenir son regard. "Je pense que je vais tout simplement réappliquer l'une de ces règles que tu sembles tant apprécier. Je vais me taire, et tout ira mieux. Faire la bonne femme au foyer des années soixante qui se tait et qui fait tout pour satisfaire malgré tout son fiancé. Une image idéale, pas vrai ?" Jamie lui suggéra de partir. "Tu as bien raison." dit-elle en récupérant son sac à main. Elle comptait récupérer Daniel plus tôt à la crèche et passer la soirée avec lui. Jamie avait sûrement de travail, mais il allait certainement jouer une troisième mi-temps au studio juste pour ne pas la voir. "Le dîner sera dans le frigo, quand tu seras rentré." dit-elle en ouvrant la porte. Parce que oui, malgré tout, Joanne continuait de s'occuper de lui. Et elle sortit de son bureau, puis du studio, n'ayant que la hâte d'avoir Daniel dans ses bras.
Oh non, elle ne s'en sortira pas comme ça. Une fois sortie du bureau, je la suis dans les couloirs, de loin, prend l’ascenseur suivant, la trouve du regard dans le hall et la rattrape dans le parking à côté de sa voiture. La voiture que je lui ai offerte pour la naissance de Daniel. Sans hésitation, sans délicatesse, sans bon traitement qu'elle n'a clairement pas mérité, j'attrape son poignet et lui fait faire volte face, puis la plaque à la carrosserie. Qu'importe le fair play, si je fais un mètre quatre-vingt et elle quarante kilos. Elle a cherché et trouvé chaque mot qui lui tombera dessus. « Tu sais ce qui me donne des envies de meurtre à cet instant Joanne ? Toi, petite idiote ingrate. » J'attrape son deuxième poignet histoire qu'elle ne soit pas tentée d'essayer de m'échapper. Mon regard, noir, finit toujours par trouver le sien pour l'assassiner. Elle n'a pas idée des bêtises qu'elle a pu dire, ni de l'impact. Bien trop stupide pour ça. « Cesses de faire comme si tu étais à plaindre parce que personne ne versera une larme pour ta tragique petit histoire, et tu sais pourquoi ? Parce que tu as tout. Parce que je te donne tout. Je ferais n'importe quoi y compris laisser un type à moitié mort dans les toilettes d'un hôtel pour protéger notre famille. Et tu continues de douter de moi, de tout remettre en question, de ne jamais te satisfaire de quoi que ce soit malgré tout le mal que je me donne pour toi. » C'est toujours le même refrain, toujours. Jamais rien ne va. Jamais elle ne sera heureuse. Il y aura toujours un mais ou un si quelque part. Je fais tout pour elle, mais je n'ai jamais droit à l'erreur, au repos, je ne peux jamais souffler, baisser les bras, parce que je dois tout porter, parce que je dois la satisfaire, mais c'est vain. Complètement vain. Et elle ose me faire une scène parce que j'ai une personne qui me tient à coeur. « Pourquoi tu ne pars pas si rien ne te convient ? Hein ? Ton quotidien de femme au foyer des années soixante comme tu dis, ça semble tant te peser. Voyons voir comment tu te débrouillerais seule. Voyons voir dans quel appartement minable tu vivras avec ton fils que tu laisseras être élevé par une autre garce parce que tu seras obligée de travailler comme une acharnée pour satisfaire vos besoins. Est-ce que ce genre de vie te fait plus rêver, Joanne ?! Est-ce que c'est ce que tu veux ?! » Elle agit en princesse, aussi capricieuse et peste. Elle sait qu'elle règne sur mon coeur mais cela ne lui donne pas tous les droits, et encore moins celui de cracher sur tout ce qu'elle a. « Je donnerais ma vie pour tu sois heureuse et tout ce que je demande en échange c'est ta confiance, et tu n'es même pas foutue de me donner ça par pure jalousie. Si Hannah veut une part de moi elle peut bien l'avoir, toi tu as tout le reste et mon corps et mon âme que je dédie tous les jours à notre famille. TOUT LE RESTE, JOANNE. Est-ce que tout ça a si peu de valeur à côté de ta fierté mal placée, hein ?! » Je la secoue, je hurle, j'ai les larmes aux yeux et je m'en fiche. Je suis fatigué. Fatigué de ce refrain. « Mais peut-être que je devrais donner ma vie, non ? C'est ça qui te rendrait heureuse ? Dis-moi est-ce que tu étais déçue que je ne passe pas à l'acte finalement ? Ca aurait été la fin de tes tourments, après tout. Pauvre petite chose. Plus de Jamie, plus d'Hannah. Seulement toi et Daniel, avoue que tu adorerais. » Après tout, elle m'a déjà menacé de m'empêcher de le voir, et cela ne semblait pas lui poser de problème. Elle doit être ravie que mon comportement alimente un peu plus sa future demande d'ordre de restriction contre moi. C'est vrai, je suis si dangereux, moi qui la traite comme une reine et qui chante pour endormir son fils tous les sois. Un vrai monstre. « Pourquoi je me donne du mal, hein ? POURQUOI ? Pour que tu continues encore et encore de me jeter à la figure une histoire qui remonte à quasiment un an maintenant ? VRAIMENT JOANNE ? C'est tout ce qui compte ?! » J'ai tourné la page, je vais de l'avant, et elle reste incapable de faire de même. Peut-être que sa thérapie ne sert strictement à rien finalement. Ou peut-être qu'elle aura une utilité quand j'en aurai terminé avec elle. « Tu es une pathétique petite enfant gâtée, bien plus que je ne l'ai jamais été. Une minable éternelle insatisfaite égoïste et butée. » Tout pour plaire. Je lâche ses poignets. Dégoûté. Elle a bien changé de discours en un rien de temps, elle a prouvé toute l'hypocrisie de ses excuses. Et ce fameux « ça n'est facile pour aucun de nous trois » qui s'est transformé en « ça doit tellement te plaire d'avoir deux femmes à tes pieds ». Qu'elle aille se faire voir. « Peut-être bien que l'amour rend aveugle. Peut-être que c'est pour cette raison que j'ai toujours été le plus aveugle de nous deux. » Après tout, ça n'est que maintenant que je vois à quel point je perds mon temps. A quel point mon âme souffre à chaque fois que Joanne me sort ce genre de discours ou d'attitude. Elle crache dessus, elle la piétine, et c'est si blessant. « Tu me brises le coeur, Joanne. » dis-je entre deux grandes inspirations pour retrouver mon calme et ravaler mes larmes. Elle a tellement peu d'estime pour tout ce qu'elle a. Elle qui pense pourtant ne rien mériter, et ne cesse de réclamer plus. Je me sens pris au piège. Je l'aime bien trop et ça me rend idiot. Je devrais probablement mettre un terme à tout cela mais je sais que je ferai tout le contraire, que je reviendrai la queue entre les jambes avec encore plus de cadeaux pour elle. « Puisque nous sommes dans les coups bas et la sortie de vieux dossiers pour se les jeter à la figure, je crois que Hannah est chez elle, s'il te vient l'envie de lui donner ta bague pour faire original. » dis-je pour finir, mon regard dans le sien, la gorge nouée et les mains tremblantes d'avoir trop serré.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne était prête à rémonter dans la voiture, elle ne s'attendait clairement pas à ce que son fiancé quitte la station pour l'y rejoindre. Mais il était dans une telle rage qu'il ne fit attention à rien, il se fichait bien de lui faire mal en lui saisissant le poignet de toutes ses forces. Et c'était très douloureux. Il ne lésinait pas sur les insultes, lui avouant même qu'il avait envie de la tuer elle. Parce qu'elle savait qu'il en était capable. Il prit son deuxième poignet qu'il serrait au moins avec autant de force que l'autre. Elle ne pouvait pas dire qu'il n'avait pas tort, il était vrai qu'il faisait absolument tout pour elle. Il dépenserait des fortunes et n'hésiterait pas à sâlir ses mains afin de la protéger. Mais ses pensées lui jouaient des tours et la forçaient de voir les choses autrement. Il ferait aussi certainement tout autant qu'Hannah, s'était-elle dit un jour. Là, elle était incapable de penser, il voulait se faire entendre et il le faisait. Sa tirade était affreusement longue, et chaque était similaire à un coup de poignard pour l'un comme pour l'autre. Jamie venait même lui proposer de partir, on ne peut plus hâtif de la mettre en situation d'une vie réelle. Celle d'une jeune mère célibataire qui ferait n'importe quoi pour son fils. Il donnait également raison à Hannah - et dieu sait combien c'était douloureux de l'entendre dire ce genre de choses. Ce n'était pas une histoire de fierté, loin de là. Ils étaient tous les deux en larmes, certainement pour un fond de raisons similaires. Ils savaient tous les deux où ce genre d'histoires pouvait aboutir. Et bien que chacun avait de parfaites raisons pour annoncer une séparation, ils étaient incapables de le verbaliser. Elle ne se débattait, elle savait qu'elle ne parviendrait jamais à se libérer de sa poigne qui la faisait horriblement souffrir. Il ne lésinait pas sur les insultes, sortant tout ce qu'il pouvait penser d'elle. Tout ce qu'il pouvait penser à chaque fois qu'il pouvait l'appeler mon ange. Jamie commençait à chercher son calme, en prenant de profondes inspirations, si bien qu'il finit par lâcher sa fiancée. Bien que ses poignets la faisaient souffrir, elle ne bougea pas d'un pouces. Ils avaient tous les deux les yeux bien rougis et bordés de larmes. Mais malgré tout, il parvenait à la forcer à le regarder, et lui parvenait encore à fixer ses iris bleus qu'il devait désormais haïr. Il lui suggéra même de répéter ce qu'elle avait fait l'année précédente. Joanne ne saurait dire si c'était ce qu'il voulait en somme, qu'elle rompe à nouveau leurs fiançailles, s'il était sérieux ou non. Impossible de savoir. La respiration de Joanne était haletante, à cause des larmes et des vives émotions qui l'envahissaient. Aucun d'entre eux n'était joyeux, bien au contraire. "C'est ce que tu veux ?"le tout bas, incapable parler plus fort tant sa gorge était serrée. S'il voulait en finir avec elle, Joanne respecterait son choix. Il venait de lui dicter tout ce qu'il pensait d'elle, et cela correspondait à une femme avec qui on ne voudrait certainement pas finir sa vie. C'était peut-être pour ça qu'il aimait tant passer du temps avec Hannah, ça lui permettait d'avoir un temps de répit. C'était peut-être pour ça qu'il l'avait réintégrée dans sa vie, parce qu'il était impossible pour lui de ne pas avoir une personne qui pouvait autant le comprendre et lui corresponde. "Si tu penses que tu seras mieux, plus heureux, si je suis en dehors de ta vie, alors... alors je partirai." ajouta-t-elle, résignée. Parce que dans le fond, ce n'était que ça qui comptait pour elle. Son bonheur, et celui de Daniel. Joanne lui laissait le choix. Elle avait une bien piètre image d'elle et Jamie venait tout juste de le lui confirmer, alors elle se fichait bien de ses propres sentiments. Encore, minable était un mot particulièrement faible. Joanne avait les mains on ne peut plus tremblantes. Elle leva légèrement sa main gauche. La question qu'elle allait lui poser lui fendit le coeur. "Veux-tu que je l'enlève ?" Ce qu'il venait de lui dire était assez suggestif, c'était certainement ce qu'il voulait. "Ou peut-être que tu préférerais l'enlever toi-même ?"La fin de sa question fut étouffée par un sanglot. Sa voix était faible, résolue. Elle le voyait déjà faire, à vrai dire. "Et si vraiment... Si ça se..." Si ça se fait. Elle bégaya longuement. "Tu pourras avoir la garde de Daniel." Et elle était sincère. Il l'avait dit lui-même, elle ne pourrait jamais s'occuper de lui comme leur bébé le méritait. Et Joanne ne pensait même plus mériter un fils aussi adorable que lui. Quoi qu'il en soit, elle se plierait à la volonté de Jamie. Elle voyait bien que c'était elle le problème, la meilleure solution était certainement d'épargner les personnes qu'elle aimait en restant loin d'eux.
Mon premier réflexe, lorsque Joanne lève sa main pour me proposer de lui retirer sa bague et d'avoir la garde de Daniel, est de coller une bien belle gifle sur sa joue porcelaine. Et j'en serais normalement choqué si je n'étais pas convaincu qu'elle le méritait, et qu'il n'y avait d'ailleurs pas d'autre réponse adéquate face à autant de bêtise. Moi qui pensais qu'elle ne pouvait pas me blesser plus. Je la dévisage comme un tas d'immondices, le temps qu'elle réalise ce qu'il s'est passé. Oui, j'ai encore levé la main sur elle, et de manière bien plus concrète qu'avant cette fois. Oui, c'est ma main qui fait la taille de son visage qui s'est écrasée avec force sur sa joue, et c'est bien ce choc qui la rend rouge vif et douloureuse. Avec un peu de chance, cela aura assez secoué son cerveau pour lui remettre les idées en place. Je ne suis pas fier de ce geste, mais c'était ce qu'il fallait faire à ce moment là pour qu'elle se rende compte qu'elle ne fait qu'empirer les choses en assénant de nouveaux coups de couteau en plein dans mon coeur. Une fois le choc de Joanne passé, mon regard retrouve le sien. Je me penche même vers elle pour approcher mon visage. Elle pourrait partir maintenant que je la tiens plus, mais elle ne le fait pas. Elle ne le fait pas, parce que je la tiens toujours. Je n'ai besoin de rien pour la tenir. « Tu n'as donc rien écouté ? » je demande à voix basse. La baffe l'a assez brusquée, il n'est plus nécessaire de hurler. « Tu n'as pas compris un traître mot ? » Visiblement non. Pour que ce geste soit sa réponse, c'est qu'elle ne sait pas ce que cela veut dire que je ferais tout pour elle, que je donnerais ma vie pour elle. Chez moi, ça ne signifie pas que je ne veux plus d'elle. « Tu pourrais simplement dire que tu vas arrêter tes conneries d'enfant gâtée, me lâcher concernant Hannah et me faire enfin confiance. » Parce que c'est la seule et unique chose que je demande dans cette relation centrée sur elle, ses besoins, son bonheur. C'est tout ce qu'un homme qui n'a jamais une minute de répits implore d'avoir. « Et à la place tu me proposes de rompre ? » C'est qu'elle n'a strictement rien compris. Je parle dans le vent. Je parle à ce petit cerveau malade dans cette boîte crânienne. A moins que sous ces mèches blondes, derrière ce regard bleu, il n'y ait que le vide, ce gouffre sans fin qui la condamne a être constamment malheureuse. « Qu'est-ce que je suis censé comprendre ? Que tu préfères me rendre ta bague plutôt que de m'accorder ta confiance ? Est-ce que j'en suis si indigne que ça ? » Non, c'est moi qui suis indigne, va-t-elle me chouiner entre deux hoquets de chagrin pathétiques, parce qu'elle est incapable de ne pas tout ramener à elle. « Et tu penses une seule seconde à Daniel ? Ta vie te déplaît tellement que tu tirerais même un trait sur lui pour y échapper ? » C'est sûrement la chose la plus insensée que j'ai pu voir de ma vie. Un cheminement d'idée sans logique ni cohérence, le chaos total. « Réfléchis deux secondes Joanne. » Si elle en est capable. Mais elle est bien du genre à reproduire les mêmes erreurs à l'infini, et à répéter le scénario de l'année dernière. Puisqu'à ses yeux, rompre et fuir est toujours la solution à tout. « Et si tu veux toujours rendre ta bague, je t'ai dit où aller. Sinon, si tu te sens prête à revenir à la raison, va chercher Daniel et rentre à la maison. J'essayerai de rentrer après l'émission. » Je soupire. Voilà, comme prévu. Les oreilles rabattues et la queue entre les pattes. Je dépose même un baiser sur sa joue rougie avec un « pardon » soufflé à son oreille.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Il l'avait fait. Mais cette fois-ci, bien plus franchement, et en toute conscience. Il savait ce qu'il faisait, à quelle puissance, et pourquoi. Joanne avait déjà les poignets bien endoloris, voilà que sa joue était un véritable brasier. Il n'y était pas allé de main morte, et le choc était tel que Joanne eut un long moment d'absence. N'avait-il pas promis qu'il ne lèverait jamais la main sur elle ? Il s'approcha d'elle, son visage proche du sien. Il n'avait pas idée combien elle avait peur de lui sur le moment, elle tremblait comme une feuille. Incapable de parler, elle était obligée de regarder ces yeux rivés sur elle, avec plus de haine et de dégoût qu'autre chose. Il lui demandait de lui faire confiance juste après l'avoir frappé. Mais Joanne n'avait pas la force de répondre, et son fiancé n'y faisait pas plus attention que ça, enchaînant ces phrases. Ils avaient tous les deux un raisonnement et un cheminement bien différent, et c'était une des barrières qui les empêchait de se comprendre. Joanne venait à se demander s'il l'aimait encore. Jamie parlait peut-être bas, mais son ton n'était pas moins dur et agressif. Joanne était incapable de parler, encore sous le choc de la gifle violente qu'elle venait d'avoir. Mais elle y répondait uniquement dans sa tête. Surtout par rapport à Daniel. S'ils venaient à rompre, Jamie avait raison, Joanne aurait été contrainte de travailler durement afin d'offrir une vie correcte à leur fils. C'était pour ça qu'elle avait proposé que son père en ait la garde, il aurait été bien plus heureux dans sa maison, avec les chiens. Elle ne voulait pas fuir son fils. Si Jamie pensait vraiment tout ce qu'il venait de dire d'elle, alors elle n'était bonne à rien, et il valait mieux que personne ne s'approche d'elle, pour leur bien. Et Daniel en faisait partie. Elle ne voulait pas qu'il subisse ses états d'âme. Mais Jamie ne voyait pas les choses sous cet angle, et il continuait de lourdement sous-entendre que sa fiancée était véritablement idiote. Et maintenant, c'était Jamie qui lui laissait en quelques sorte le choix, entre répéter le scénario de l'année précédente et rendre la bague, ou revenir à la maison et faire comme si de rien n'était. Et Jamie s'approcha dangereusement d'elle. Rien que sentir son souffle contre sa joue la faisait souffrir. Joanne n'avait même pas besoin de crisper son visage ou quoi que ce soit d'autre pour que les larmes coulent d'elles-mêmes tant la douleur était insupportable. Joanne pensait qu'il allait encore l'insulter en lui murmurant près de l'oreille. Mais non, elle sentit ses lèvres se poser sur la joue, et elle n'aurait jamais pensé que la douleur pouvait être pire qu'elle ne l'était déjà. Elle détourna la tête avant qu'il ne s'exécute, mais entendit un vague pardon. Elle ne comprenait même pas pourquoi il demandait pardon. Ca devrait être plutôt elle, se disait-elle. Elle s'éloigna de lui de quelques pas, sans être brusque. Joanne était dans un état déplorable, elle avait mal absolument partout, même dans ses tripes. "Non, non." dit-elle avec une voix bien enrouée. Elle reniflait, tentait de mettre de l'ordre dans ses idées. Se calmer. Mais elle n'y arrivait pas. Sur le moment, elle avait tellement peur de Jamie. "Ne te presse pas, tu as... certainement beaucoup de choses à faire. Peut-être que tu voudras sortir prendre l'air après, qui sait." Elle s'efforçait de sourire, elle ne savait même pas pourquoi elle voulait tant laisser échapper un rictus. Peut-être pour faire comme si de rien n'était, alors que ce n'était pas le cas. Diviser pour mieux régner, peut-être. Jamie venait de briser sa petite poupée, ce n'était que pour mieux la reconstruire en un format qui lui causerait bien moins de tort et de soucis. De toute façon, Joanne n'arrivait pas à sourire. "Je vais marcher un peu, il n'y a... pas vraiment d'air ici." Dans son esprit, elle était dans une pièce confinée. Evidemment, elle n'avait pas emmené ses traitement avec elle, se disant qu'elle n'en aurait pas besoin pour sa sortie de l'après-midi. Elle regardait dans le vague, remettant difficilement en place sa routine, ce qui lui servait de repères pour ses journées. "Oui, c'est ça, je vais... marcher un peu, chercher Daniel et..." Joanne réalisait qu'elle avait même peur de rentrer chez elle. "Rentrer." Ses mains tremblaient toujours. "Mais... Ne te presse pas." conclut-elle. "Ton dîner sera dans le frigo." Elle tenta de forcer un nouveau sourire, comme il se doit, on ne devina qu'un dernier rictus, et un dernier contact avec le regard -Jamie n'y verra pas grande chose. Même rien. Pas de lueur, pas de pensées, un vide total. Rien. La seule chose qu'il y avait, c'était que ses yeux étaient injectés de sang, et encore bien brillants, à cause de ses larmes. Mais rien de plus. Elle fit un rapide signe de tête et tourna les talons, comptant errer dans les rues jusqu'à la dernière heure d'ouverture de la crèche. Elle ne voulait pas infliger à Daniel quoi que ce soit, elle ne réalisait même pas combien le prendre dans ses bras plus tôt qu'en début de soirée lui fit le lus grand bien. L'une des assistantes maternelles constata des marques sur les poignets de Joanne. C'était couvert de bleu, des deux côtés. Joanne mentit, disant qu'elle s'était coincé les bras dans une porte, mais ce n'était pas sûr qu'on l'ait cru. Daniel avait certainement senti que sa mère n'allait pas bien, il se montrait particulièrement affectueux avec elle. Rentrés à la maison, elle ne nourrit, lui octroya un bon et long bain, avant de le bercer en étant sur la chaise à bascule pour le mettre au lit. Joanne avait à nouveau cette impression de ne plus se sentir chez elle. Comme si elle n'était plus la bienvenue. Elle prépara effectivement un dîner, mais uniquement pour une personne - pour Jamie. Elle disposa le tout avec soin dans une assiette qu'elle mit au frais. Elle n'avait pas vraiment faim. Elle s'était changée, et avait mis un haut à manches longues. Elle se disait que si elle ne voyait pas ses bleus, ils n'existaient pas. Pourtant la douleur était bien là au moindre de ses mouvements. Dans une quasi pénombre -il n'y avait qu'une toute petite lumière allumée, qui n'éclairait pas vraiment-, Joanne s'était installée dans le petit salon. Elle avait sorti une bouteille de vin qu'elle comptait bien boire seule- elle était presque finie d'ailleurs. Mais son esprit était inexplicablement vide. Elle ne savait toujours pas quoi faire de ce pardon. En revanche, il était certain que la jeune femme allait craindre le moindre contact physique avec son fiancé dans les prochains temps. Elle avait bien trop peur de lui pour ça. Elle se disait qu'elle allait appliquer une règle qui pourrait plutôt bien fonctionner. Se taire, tout simplement.
Tout le reste de la journée, j'ai tenté de me persuader que ce n'était qu'une dispute comme une autre. Comme nous en avons souvent, et qui trouvent toujours une solution. Juste une dispute de plus, c'est tout. Mais je ne faisais que me voile la face. Au moins pour tenir pendant l'émission et ne pas complètement craquer. C'est plus tard, seul dans mon bureau, enfermé, que je me suis assis dans un fauteuil pour prendre mon visage entre mes mains et laisser rouler toutes ces larmes sur mes joues. J'ai recommencé, j'ai brisé ma promesse. Je ne brise jamais de promesses. Et j'ai foutu en l'air la plus importante de toutes. J'essaye, m'arrachant quasiment les cheveux, de me sortir ces affreuses images de la tête. Une Joanne sans vie qui me parle comme un automate, et qui n'ose pas me quitter ma peur. Il y avait tellement de peur sur son visage, dans son regard, même dans son souffle. Elle a esquivé mon baiser, elle s'est éloignée dès qu'elle l'a pu, mais elle ne ressemblait qu'à un fantôme. Si vide. Et maintenant c'est moi qui me sens monstrueux et abominable. Parce que ce n'était pas comme la dernière fois, un geste trop brusque et incontrôlé, quelque chose qui me dépassait complètement et sur laquelle je n'avais aucune emprise. Non, c'était voulu, calculé, et fait en tout été de conscience. J'ai voulu la frapper, alors je l'ai fait. Elle devait être punie et raisonnée, alors je l'ai fait. Mais ça n'est pas une excuse. Je n'ai aucune excuse. Je suis juste en train de perdre la tête depuis le début de ce fichu mois. Je vais finir bon à enfermer. A l'hôpital, dans une chambre capitonnée ou en cellule, qu'importe. Tant que je ne puisse plus faire du mal à ma famille et à moi-même. J'espace d'un instant, je songe à partir. Sans prévenir, sans laisser un mot. Retourner à Londres, faire le chemin inverse, ironiquement, pour fuir ce que j'ai construit ici. Parce que, qu'est-ce que j'ai construit ici, si ce n'est un monstre ? Je passe la soirée à me demander si je dois rentrer chez moi, si j'en ai le droit, si c'est encore chez moi, si j'y trouverai ma fiancée et mon fils, ou si je serai accueilli par un silence de mort. Elle ne me pardonnera jamais. J'attends neuf heures et demie avant de me mettre en route, les mains moites. Je n'ai pas travaillé, j'ai juste accumulé un peu plus de travail, mais je me sentais incapable de me concentrer. J'ai juste attendu que le temps passe. Quand j'arrive devant la maison, vers dix heures, je n'y vois pas de lumière. Soit tout le monde est endormi, soit il n'y a personne. C'est le coeur en panique que j'ouvre la porte. Puis je vois la petite lumière dans le salon, et je ne saurais pas dire si cela me soulage ou m'accable. « Joanne ? » je dépose mes affaires dans l'entrée, comme d'habitude. A la différence près que tous mes gestes sont lents, calculés et surtout extrêmement silencieux. J'approche de la jeune femme à pas feutrés, jusqu'à me trouver devant elle. J'ai bien vu la bouteille, et son niveau de contenu bien bas. Je m'accroupis et cherche à prendre ses mains. « Je... » Elle ose à peine me les retirer, mais l'intention est là. Et elle tremble comme une feuille. « N'aies pas peur. » dis-je la gorge serrée en cherchant son regard à tout prix, comme si c'était une question de vie ou de mort. « S'il te plaît. » Je serre ses mains dans les miennes et dépose un baiser dessus. Elles sont si moites, si crispées, pétrifiées. Mon coeur se brise en morceaux et les larmes quittent mes yeux. « Je te demande pardon, Joanne. Je n'aurais pas dû. » Ma tête devient lourde comme du plomb, mon front se pose sur ses jambes. « Je suis désolé. » j'articule à peine entre deux hoquets de chagrin. « Je... » Non, impossible d'ajouter quoi que ce soit. Je finis inconsolable pendant de longues minutes. Et les raisons de ces larmes sont si nombreuses que la liste pourrait dévaler l'escalier de la maison de bas en haut. Néanmoins, au sommet, il y a la culpabilité. Je me laisse aller ainsi sans être capable d'arrêter ce torrent. Lorsque j'arrive à me calmer, une fois que je parviens à respirer quasiment normalement, je redresse la tête et essuie mes joues. Je me relève, et me tient finalement droit. « Je vais reprendre la médication. » Je n'arrive pas à gérer. Je suis submergé, noyé, je n'en vois pas le bout. Et tant pis si je ne peux pas être moi-même sans entraves. Cette personne est dangereuse. « Ca n'arrivera plus. » je lui assure, mais je ne lui demande pas de me croire. Après tout, une parole brisée ne vaut plus rien. La mienne doit être celle avec le moins de valeur désormais. « Je t'aime. » Je suis tenté de l'embraser sur le front, mais mon coeur ne supportera pas un autre mouvement de recul. Alors je me contente de partir, monter les escaliers et filer me coucher dans l'atelier, après un rapide coup d'oeil dans la chambre de Daniel où le petit ange dort à poings fermés. Son adorable visage est la seule chose qui m'arrache un semble de sourire.
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La voix de Jamie n'avait rien à voir à celle qu'il avait quelques heures plus tôt. Elle était beaucoup plus douce, et discrète aussi. Plus aucune trace de colère ou d'agressivité. Malgré tout, c'était amplement suffisant pour la jeune femme de sursauter et de craindre ce qui allait se passer par la suite. Il allait certainement se mettre à nouveau en colère, parce qu'elle n'avait pas vraiment dissimulé la bouteille de vin et ce qu'il restait dans celle-ci. Il allait hurler de rage, critiquant son acte, lui reprochant de n'avoir rien mieux à faire que de se noyer dans l'alcool. Ca aurait très bien pu être la douche froide, Joanne y avait pensé. Mais vu l'heure tardive, Jamie l'aurait très certainement retrouvé inconsciente. La jeune femme restait aux aguets, tentant d'entendre le moindre de ses pas, de ses faits et gestes. Elle le craignait tellement. Le bel homme finit par se poster juste devant elle. Chacun de ses gestes étaient incroyablement lent, et calculé. On voyait qu'il y mettait beaucoup du sien pour éviter que Joanne ne le fuit. Ce fut avec un regard terrifié qu'elle le vit tenter de prendre ses mains, bien que c'était de la manière la plus délicate qui soit. Tout son corps se crispa à ce contact, craignant la suite des événements. Jamie lui demandait de ne pas le craindre. Elle était incapable de redresser et de le regarder. Elle avait tellement peur de toute la haine qu'elle pourrait y voir. Voir pire, ce profond sentiment de dégoût. Et pourtant une partie d'elle hurler de cette envie d'affection. Mais même le baiser sur ses doigts était tout aussi douloureux que le reste, Joanne en avait les larmes aux yeux. Il lui demandait pardon, fondant littéralement en larmes devant elle. Il posa même sa tête contre ses jambes. Et il pleurait longuement. Joanne aurait pu être tentée de caresser ses cheveux. Mais elle était à bout de force. Elle était également incapable de pouvoir lui pardonner quoi que ce soit. Le traumatisme était conséquent. La dernière fois, c'était plus de peur que de mal. Cette fois-ci, la douleur était on ne peut plus présente. Sa joue lui brûlait encore et ses poignets avaient de sérieuses marques bleues. On pour presque deviner la forme de ses doigts. Il avait fait autant de mal au corps à l'esprit, et il n'y avait personne pour recoller les morceaux. Mais Joanne voyait qu'il était sincère, qu'il semblait profondément regretter son acte. Si bien qu'il avait décidé de reprendre son traitement. Encore une fois, Joanne n'arrivait pas à penser. Elle doutait même du mot d'amour qu'il glissa avant de monter les escaliers. La jeune femme restait quelques minutes dans la pénombre. Elle remplissait le verre avec ce qui restait de la bouteille et le but cul-sec, avant de monter. Jamie n'était pas dans la chambre. La jeune femme se mit en nuisettes, chacun de ses gestes n'était qu'un automatisme. Ca lui faisait soudainement bizarre, de ne pas voir Jamie se déshabiller et filer sous la couette, prêt à la prendre dans ses bras. Elle restait longuement plantée là, à regarder le lit vide, avec le silence total. Joanne finit par monter les escaliers de l'atelier, le regard toujours bien bas. Jamie était assis sur le canapé. "Ne fais pas ça." dit-elle tout bas, sa voix étouffée par une gorge serrée. "Les médicaments." Cela pourrait en surprendre plus d'un. "Daniel ne te reconnaîtrait plus, et moi non plus." Il serait à nouveau comme un zombie. "Si tu rentres à nouveau tard le soir, je ferai un peu plus veiller Daniel, que tu puisses au moins le coucher." Il fallait qu'ils pensent à Daniel, il y avait systématiquement un terrain d'entente. Joanne trouverait des solutions en matière d'organisation, mais elle ne voulait pas que son fiancé reprenne un médicament. Elle jouait nerveusement avec ses doigts, et constata l'état de ses poignets. Elle n'avait rien pour les dissimuler, et regretta amèrement de ne pas avoir mis son gilet. "Je sais tout ce que tu penses de moi désormais, et... Je me demande comment tu fais pour parvenir à me dire je t'aime après tout ça." Joanne ne comprenait pas, elle ne savait plus vraiment où elle en était, et quelle était sa place désormais. Jamie avait brisé une promesse, et elle était incapable de lui pardonner quoi que ce soit. "Je me demande comment tu fais pour aimer une personne aussi détestable." Sur le coup, Joanne se dit qu'il serait bien mieux s'il n'y avait qu'Hannah dans sa vie. Il n'irait jamais lui cracher autant d'insultes et de mots péjoratifs, elle en était certaine. La jeune femme était à nouveau en larmes, ne se remettant décidément pas de toute cette journée. "Bonne nuit, Jamie." dit-elle en hoquetant, puis en tournant les talons afin de descendre se coucher. Sous la couette, elle était toute recroquevillée sur elle-même, quasiment en position foetale. Elle n'avait pas dormi de la nuit, elle l'avait passé à pleurer, encore et encore. Elle avait hâte que Daniel se réveille, qu'elle puisse le prendre dans ses bras.