changes on our hands and on our faces. memories are mapped out by the lines we'll trace.
(☆☆☆)
Copenhague. L'une des rares capitales européennes que Saul n'avait pas découvertes au gré de ses nombreux déplacements professionnels, qui l'avaient pourtant conduit aux quatre coins du monde, et du coté de cultures et de civilisations aussi variées que lointaines. Il n'avait pour ainsi dire découvert le Danemark qu'à travers les souvenirs de Patty, qui quant à elle y avait noué quelques contacts, ainsi que par le biais des nombreux clichés qui avaient immortalisé son associée, posant droite comme un « i » devant la place Kongens Nytorv. Et pourtant, aujourd'hui, c'est bien Saul qui avait quitté le siège qu'il avait occupé pendant presque vingt-quatre heures, lors d'un vol qu'il avait partagé avec sa chorégraphe préférée, Deepika, qui découvrirait elle aussi Copenhague pour la toute première fois. Il était courant que leur soif de découvertes commune les conduise à l'autre bout du monde, là où l'inspiration se faisait plus percutante, plus symbolique, et où chacun trouvait toujours une nouvelle raison de faire ce qu'ils faisaient, et de vivre d'une passion qui les accompagnait où qu'ils aillent. En l'occurrence, Deepika était surtout d'une compagnie agréable, et l'une des rares personnes avec qui il pouvait décider de s'envoler sur un coup de tête, sans savoir où ni pour combien de temps. Entre eux, le courant passait depuis le premier instant, et leur connexion se faisait d'autant plus flagrante lorsqu'ils se retrouvaient loin de Brisbane, de leur univers, et qu'ils étaient l'un pour l'autre l'unique repère auxquels ils pouvaient encore se raccrocher. Et même aujourd'hui, alors qu'ils avaient partagé le même avion pendant presque une journée, ils donnaient l'impression de pouvoir rester accrochés l'un à l'autre sans jamais risquer de se lasser. Saul, en l'occurrence, quitta l'appareil avec la sensation d'avoir comme chaque fois fait le meilleur choix qui soit en s'entourant de la danseuse, vers qui il se tourna bientôt. « Laisse, je vais la porter. » Il souffla au moment d'empoigner la valise de la jeune femme, tout en saisissant ses propres bagages, avant de balayer le hall du regard pour tenter de repérer la sortie. Le fait de ne rien comprendre à ce qui était inscrit sur les différents panneaux n'était pas pour le rassurer – lui qui ne comptait logiquement pas le danois parmi les langues avec lesquelles il s'était familiarisé – pour autant Saul garda la tête froide, persuadé qu'ils sauraient se débrouiller en dépit de cette première difficulté. « D'après mon père, il fait assez frais en ville à cette période de l'année, surtout en soirée. » Il reprit bientôt, lorsque Deepika et lui marchèrent finalement en direction de la sortie de l'aéroport, et qu'il constata que la nuit commençait déjà à tomber. « Je peux te donner ma veste, si tu veux. Je ne voudrais pas que tu t'enrhumes avant que j'ai pu t'emmener dans "l'un des meilleurs restaurants du monde". » Et tandis que ses lèvres dessinèrent un sourire plus malicieux et qu'il mima cette idée à l'aide de ses doigts, il repensa à la façon dont ses associés lui avaient précisément vendu Le Noma, et au fait qu'ils s’arracheraient probablement les cheveux si Deepika et lui omettaient d'y faire une escale gustative. « Mais avant ça, je propose qu'on aille déposer nos valises à l'hôtel. Ma secrétaire nous a réservé deux chambres à l'Absalon. C'est celui qui est en photo, ça a l'air chouette non ? » Il ajouta, tout en lui tendant la petite brochure qu'il avait récupéré en chemin. Là encore, il semblerait que son staff se soit employé à leur concocter un programme de choix, songeant sans doute que Saul mettrait autant de temps à revenir à Copenhague qu'il en avait mis à s'y rendre la première fois. Rejoignant en tout cas l'extérieur, leurs bagages toujours en mains, il gagna le trottoir et fit signe au premier taxi qu'il aperçut. « Taxi ! » Il aimait pour le coup espérer que le langage corporel qui s'exprimait dans ce genre de situations était le même partout, et qu'ainsi Deepika et lui n'auraient pas à attendre trois-quarts d'heure qu'un chauffeur daigne les comprendre. Celui-ci, en tout cas, ne tarda pas à se rapprocher, garant le véhicule à quelques mètres de là avant d’apparaître et de les inviter à monter. « Après toi. » Laissant Deepika prendra place tandis qu'il aida l'homme à charger le coffre, Saul rejoignit ensuite la jeune femme à l'arrière du véhicule, attendant que le chauffeur reprenne place derrière le volant. « Du går hvor ? » Ce dernier demanda alors, forçant Saul à relever la tête et à écarquiller les yeux, lui qui pendant un instant avait presque oublié qu'il leur faudrait probablement ruser pour se faire comprendre dans une ville où le pourcentage de bilingues n'atteignait peut être pas leurs espérances. « Hm … Absalon Hotel. Heldo... Helgolandsgade. » Il tenta ainsi de formuler, gommant approximativement le mélange de ses deux accents, qui n'était pas nécessairement la meilleure combinaison pour espérer formuler une requête aussi limpide que possible. « Det virker. » Le chauffeur mit alors le contact, et Saul tourna son visage vers celui de la brune, un sourire à demi amusé sur les lèvres. « J'imagine que ça veut dire qu'il a compris ce que je lui demandais. Au pire, s'il nous abandonne au bord d'une route déserte, il doit me rester une barre de céréales au fond de mon sac. » Bien sûr, il préférait penser qu'ils auraient plutôt l'occasion de découvrir leur hôtel puis de profiter d'un savoureux repas, mais Saul savait rester pragmatique lorsqu'une situation s'annonçait difficile, et c'était sans doute la raison pour laquelle Deepika acceptait encore de l'accompagner dans ses déplacements.
Dernière édition par Saul Masterson le Lun 10 Oct 2016 - 21:35, édité 2 fois
où allons-nous? où allons-nous? c'est la carte, c'est la carte, c'est la carte, c'est la caaaarte...
Certes l'indienne avait voyagé pour faire de nombreux stages en tant que prof, mais jamais elle n'avait posé ses pieds dans la ville de Copenhague au Danemark. Elle ne connaissait cette ville que par photographies et par la Petite Sirène, un de ses contes et disney préféré. Même si elle l'avoue elle préfère la variante de Disney où tout est bien qui finit bien. Honnêtement son disney est préféré n'est autre qu'Aladdin. La princesse dans cette histoire n'était pas un cucul la praline, mais une femme rebelle et ça a bouleversé Deepika. Mais bon la jeune femme pouvait bien rêvé, elle n'allait pas dans un pays arabe où il fait chaud mais dans un pays nordique où il fait froid. Dimpy n'était pas enchantée de cette nouvelle, étant habituée au climat de l’Australie. Elle avait même renouveler sa liste de souhaits dans son fameux caret qui était bien-sur dans son sac à main. Elle avait ajouter: Danser sur le vieux port de Nyhavn en tenue hippie et elle comptait bien le réaliser quitte à foutre la honte à Saul, l'ami avec qui elle voyageait. Son ami depuis des années déjà, il l'avait rencontré pour la première fois alors qu'elle n'était qu'une danseuse en formation. Elle se rappelait encore des quelques mots qu'ils lui avaient dit après avoir vu une chorégraphie qu'elle avait préparé toute seule. Il lui avait dit que dès qu'il ferait son propre projet de comédies musicales, ce serait elle la chorégraphe. Cette opportunité lui avait permise de rayer deux de ses souhaits: se faire remarquer, et devenir chorégraphe. Il était devenu bien plus que celui qui lui avait donné sa chance, il était un ami en or, un collègue du tonnerre, c'était son binôme, si elle se mettait à parler en jeun's. Les heures de vols avaient été longues. Elle avait passé la plupart du vol soit à dormir, ah bah oui, faut qu'une danseuse se repose, elle en a bien besoin. Soit à embêter son voisin par des petites blagues débiles dont elle a le secret. La première fois où elle a pris l'avion fut le jour de sa fuite de son pays natal, un jour gravé dans sa mémoire. Elle se rappelait encore sa tête lorsque l'avion était passé dans une zone de turbulences, la rebelle Dimpy n'en menait pas large, maintenant elle était habituée à prendre l'avion et elle aimait bien. Leur amitié était flagrante, loin de leur maison, ils étaient chacun un pilier pour l'autre, l'unique tête qu'ils connaissaient. Certaines personnes devaient même surement penser qu'ils étaient en couple. « Merci mon choux. J'en suis sure que tu as tellement peur de moi, que tu te sens obligé de prendre ma valise, de peur de passer pour un macho. » La jeune femme se mit à rire bruyamment en taquinant son ami de longue date, tout en lui laissant sa valise dans la main. Elle faisait souvent des peites réflexions humoristes comme celle-ci, c'était sa façon de montrer son côté décalé et son affection. La vitesse de marche de Saul la sortit de ses pensées pour avancer plus vite, c'était la plus lente et pourtant elle ne portait rien à part son sac à main. Elle tentait de déchiffrer les différents panneaux, mon dieu, elle ne savait pas comment elle allait faire durant ce séjour à Copenhague, ils avaient intérêt à tous parler anglais. La sortie se dessina devant eux, elle n'avait qu'une envie prendre une bonne douche, se faire belle et sortir dehors. « Tu peux me rappeler pourquoi je t'ai suivi dans un pays où il fait environ annuellement une température de 9°. ». Elle frissonna rien que d'y penser. Elle allait devoir oublier son port quotidien en maillot de bain, de short, de débardeur et de robe courte. Elle souffla bruyamment en râlant dans sa tête. « Mes trucs chauds sont au fond de ma valise et je ne pense pas que tu aie envie de rester dans le froid pendant que je déballe tout pour trouver un pull. ». A l'entente du mot "restaurant" son ventre se mit à gargouiller ce qui fit la fit rire. Elle avait faim mais ne voulait pas grignoter. « Mon ventre a parlé pour moi, j'ai hâte de manger. ». Elle reçut dans les mains de la part de Saul une brochure où figurait la photo de leur hôtel, elle espérait simplement que ce n'était pas une arnaque et qu'ils n'allaient se retrouver dans une piteuse cabane. « Ouep et je file sous la douche avant d'enfiler ma plus belle tenue pour ce soir au restaurant. ». Les deux amis sortis, ils firent s'arrêter un taxi devant eux, quand ce dernier se mit à parler en danois, Deepika sortit son plus sourire et fit un coucou avec sa main. Dimpy se forçait pour ne pas rire, la situation était comique entre elle qui ne parlait pas un mot de danois et lui qui galérait à les dire. Ils n'étaient pas sortis de l'auberge. Elle trouvait en plus cette langue étrange. « Merci mon choux, mais ne nous porte pas la poisse, je ne veux aucune panne, aucun hôtel fantome et aucune chambre mal réservée, alors chut. ». Le trajet se déroula sans encombres comme par miracle et l'hôtel sur les photos se présentaient bien à eux. Elle était rassurée.
Voyager, découvrir de lointaines contrées et de nouvelles cultures, c'était assurément l'un des aspects les plus agréables du métier de Saul, qui avait toujours vu en ces nombreux déplacements une chance inouïe de vivre son art de la plus belle des façons. Il avait rencontré tant d'artistes, d'univers et d'horizons si différents du sien, qu'il avait aujourd'hui une vision d'autant plus globale de ce qu'était sa passion. De Séoul à Abu Dhabi, en passant par Bogota et Athènes, il avait été témoin de différentes manières de vivre du théâtre, avait assisté à des représentations uniques, côtoyé des troupes aussi nombreuses que variées, et en était chaque fois revenu avec une envie encore plus grande de continuer dans la voie qu'il s'était très tôt choisi, sans jamais compter ni les heures qu'il destinait à sa vocation, ni les kilomètres qu'il était prêt à parcourir pour se rapprocher d'âmes aussi passionnées que la sienne. Et pourtant, chaque fois qu'il découvrait un endroit pour la toute première fois, il était pris d'une même angoisse, d'un même sentiment d'égarement, qui heureusement ne durait jamais bien longtemps. Ici, par exemple, et alors qu'il découvrirait Copenhague en compagnie de Deepika, Saul était forcé d'admettre qu'il se posait déjà beaucoup de questions. Mais parce que la compagnie de la jolie chorégraphe parvenait comme toujours à chasser ses pensées les plus contraignantes, Saul ne mit pas longtemps à recouvrer ses esprits, au moment où ils récupèrent leurs bagages. C'est même un rire franc qu'il laissa échapper à la façon dont Deepika s'amusa du fait qu'il ait souhaité porter sa valise. « Exactement. Je te soupçonne de cogner sur les machos avec autant d'énergie que lorsque tu danses, et ça ne me rend pas vraiment curieux de jouer les cobayes. » Mais si quelqu'un était bien placé pour savoir que Saul n'avait rien d'un misogyne, c'était elle. Autrement, leur collaboration aurait certainement fait quelques étincelles, étant donné qu'il n'avait jamais ignoré l'importance que Deepika accordait à l'idée de défendre l'indépendance féminine, quitte à s'affranchir des codes de sa propre culture. Deepika et lui reprirent finalement leur route et ne tardèrent pas à rejoindre la sortie de l'aéroport. L'occasion de constater que le climat danois était plus imprévisible encore que ce qu'il avait retenu des avertissements de son père, et qu'en l'occurrence ils risquaient de vivre un véritable choc thermique au moment de sortir. « Parce que tu me suivrais jusque sur les banquises de l’Antarctique rien que pour pouvoir profiter de la chaleur de mes bras ? » Saul souffla en tout cas, d'un ton toujours amusé, et en lui adressant un regard rieur. Deepika devait savoir qu'il ne la laisserait pas mourir de froid, ce qui de toute façon n'était pas l'unique raison qui pouvait justifier le fait qu'il ressente parfois l'envie de l'étreindre contre lui, d'autant plus dans cet environnement où cette présence familière agissait sur lui comme un véritable pilier. Lui proposant finalement sa veste, c'est d'un air faussement résigné qu'il soupira ensuite. « Maintenant que j'y pense, on aurait peut être du se douter de quelque chose lorsque les autres passagers ont commencé à enfiler leurs manteaux et leurs foulards. » Il exagérait un peu, ne serait-ce que parce qu'il n'avait pas vraiment pris le temps de détailler les autres passagers à la sortie de l'avion, mais c'était une manière comme une autre d'insinuer qu'ils ne s'étaient peut être pas suffisamment préparés à ce qu'ils vivraient à leur arrivée à Copenhague. Souriant ensuite à sa prochaine remarque – lui aussi rêvait déjà du repas dont ils auraient bientôt la chance de profiter – c'est ensuite d'un ton faussement inquiet qu'il reprit. « Et dire que je n'ai emporté que quelques vestes un peu habillées. J'ai intérêt à en profiter pour me raser si je ne veux pas trop souffrir de la comparaison. » Pourtant dieu sait qu'il préférait une barbe de trois jours à un menton dénudé. Mais son père lui avait si souvent répété qu'un homme paraissait toujours plus débraillé lorsqu'il sautait l'étape du rasage qu'il avait malgré lui adopté cette idée reçue. Rejoignant finalement le premier taxi qui prêta attention à leurs gesticulations, c'est un Saul encore un peu perdu qui entama un drôle d'échange avec le chauffeur, n'ayant aucune notion de la langue danoise. Il parvint heureusement à se faire comprendre, et tandis que la réflexion de Deepika l'amusa au point de le décrisper un petit peu, c'est bientôt une mine beaucoup plus détendue qu'arbora le brun, au moment où leur hôtel leur apparut enfin. « Regarde ça, ça a encore plus de cachet qu'en photo. On peut dire que Kayla s'est bien débrouillée. » Kayla, son assistante, autrement dit celle à qui ils devaient une réservation dans cet hôtel apparemment très réputé. Ce n'était pas son genre de laisser son équipe traiter de ce genre de détails, mais ce voyage s'était improvisé si rapidement qu'il avait à peine trouvé le temps de boucler sa valise dans les temps. Quittant le véhicule, il remercia le chauffeur et paya leur course avec la monnaie qu'il avait préalablement convertie, avant de s'avancer puis de rejoindre le hall de l'hôtel. Face à eux, plusieurs comptoirs. C'est l'un d'eux qu'ils rejoignirent alors, tandis que Saul n'attendit pas plus longtemps pour questionner l'hôtesse d'accueil. « Bonsoir, hm, vous parlez notre langue ? » C'était un détail non négligeable à ce stade de leur épopée, étant donné qu'un minimum de compréhension était nécessaire s'ils voulaient avoir une chance d'occuper leurs chambres avant le lendemain matin. « Tout à fait, monsieur. Vous avez une réservation ? » Rassuré de l'entendre s'exprimer dans un anglais à peine écorché par un accent tout juste perceptible, il se tourna un instant vers Deepika, un sourire accroché aux lèvres, puis reprit. « Oui, deux chambres aux noms de Rajadi et Masterson. » L'hôtesse adopta une mine plus sérieuse, ajoutant aussitôt. « Un moment, je vérifie ça. » Persuadé que quelques minutes seulement les séparaient désormais du moment où ils découvriraient leur chambre respective, et donc que le plus dur était déjà derrière eux, Saul fut alors bien loin de s'attendre à ce qu'il entendit ensuite. « Je suis désolée, il doit y avoir une petite erreur, il est marqué ici qu'une seule chambre a été réservée, à la date du 10 septembre. » Figé par la surprise, Saul écarquilla les yeux, cherchant le regard de Deepika comme s'il espérait y lire une preuve que tout ça n'était bien évidemment qu'une plaisanterie, orchestrée à distance par des collègues au sens de l'humour décidément particulier. « Non, c'est … enfin, on m'a confirmé que nous aurions deux chambres, alors je ne comprends pas ce qui a pu se passer. » Ou plutôt si, il en avait maintenant une vague idée, mais s'énerver n'était probablement pas le meilleur service qu'il puisse se rendre dans l'immédiat. « Une seule chambre a pourtant été réglée. Vous pouvez bien évidemment en réserver une autre, mais nous ne pourrons pas vous proposer une chambre du même standing, toutes celles qui sont dans cette tranche de prix ont malheureusement déjà été attribuées. » Partagé entre l'envie d'en rire et celle de laisser parler l'exaspération qui grandissait en lui, Saul se tourna à nouveau vers Deepika, la questionnant du regard comme s'il était persuadé qu'elle était à cet instant la mieux placée pour prendre une décision. Qu'allaient-ils faire, alors ? Prendre leurs bagages sous le bras et se dégoter un autre endroit où dormir ? Ou bien s’accommoder de la situation et mettre leur embarras de coté le temps de ce séjour ? « La prochaine fois, rappelle-moi d'y réfléchir à deux fois avant de congratuler ma secrétaire. » Saul reprit finalement, à défaut d'être capable de trancher, et d'un ton qui tentait certainement de détendre l'atmosphère, lui qui au moins était forcé de reconnaître qu'après cet imprévu, la suite de leur voyage leur paraîtrait incroyablement évidente, et prévisible.
où allons-nous? où allons-nous? c'est la carte, c'est la carte, c'est la carte, c'est la caaaarte...
Deepika aimait être chaque jour surprise par la vie, découvrir de nouvelles choses. Ce séjour à Copenhague lui faisait énormément plaisir. Elle allait découvrir un nouvelle culture, une langue étrangère et des décors bien loin de ce dont elle est habituée à voir. Ici, il n'y avait pas la façade habituelle de son école de danses, elle ne reconnaissait pas la grande enseigne "DRDarea" et ne reconnaissait pas l'énorme bâtisse. L'école qu’elle avait créé ressemblait étrangement à l'école Carmen Arranz de la série espagnole Un dos Tres. Ceci avait été un choix de sa part, cette série l'a profondément marqué au point de s'inspirer de cette dernière pour sa propre école. Mais bon elle n'était pas à Brisbane, et même sans elle l'école marchait très bien, elle avait engagée une remplaçante dans ses cours pour la durée du séjour et même ici, ses cours, ses élèves, ses chorégraphies lui manquaient. Mais elle pouvait compter sur Saul pour et ce voyage pour lui changer els esprits. « T'es sur que tu ne veux pas servir de cobaye? J'espère juste que je ne croiserais pas de machos ici. » La jeune femme se mit à soupirer. Elle s'était affranchi des codes de sa propre culture pour dénoncer ce mode de vie et attitude en Inde et voir que ce comportement de supériorité était en rigueur dans le monde entier l'énervait. Sa culture et la religion dans laquelle elle était éduquée lui avaient fourni des règles à suivre et une attitude à adopter: être la poutre d'un homme, appartenir à un homme à totu moment de sa vie. Mais dans de nombreux pays: la culture ou le religion n'étaient pas en cause,c 'était juste la débilité qui agissait. « Comment tu as deviné? Faut juste ne pas le dire à Elsie, sinon couic la chorégraphe je crois. ». Elle se mit à rire. Elle connaissait la femme de Saul depuis des années maintenant, elle lui avait même donner des cours après ces grossesses pour se réapproprier son corps. Les épaules recouvertes de la veste de Saul, Deepiak continuait de marcher, Saul à ses côtés, comme un homme exploité qui portait leurs bagages à tous les deux. Furtivement Deepika le prit en photo et sourit lorsque la photo se développa dans ses mains, il avait une tête de rêveur après une journée de vol. « T'es sur que tu les as vu? Je pensais, vois-tu que tu faisais la marmotte. ». Elle avait même profité de sa "marmotisation" pour prendre une photo de lui somnolant dans l'avion, une photo qu’elle s'était empressée de poster sur son compte instagram. Photo déjà aimée par la plupart de ses abonnés. « Tu sais que je préfère la barbe, donc si tu te rases je sors pas ce soir. ». Deepika était émerveillée par la beauté de l'hôtel, qu'elle ne répondit même pas à son ami. Elle allait adoré l'endroit. Comme une gamine, elle sauta sur ses pieds, en prenant une rapide photo qu'elle rangea dans sa poche puis alla chercher sa valise dans le coffre du taxi. L'hôtel était impressionnant, elle en était déjà amoureuse. Seulement la discussion entre Saul et la femme à l'accueil ne se déroula pas comme prévu. Elle avait l'impression d'être une caméra cachée. Une chambre réservée, c'était la cerise sur la gâteau. La poisse était tombée sur eux. Le regard de Saul se tourna de plus en plus vers elle tandis que Dimpy essayait de se retenir de rire et pleurer en même temps. La force n'était pas avec eux. Elle s'adressa alors à la femme: « A quel nom est réservé la chambre: Rajadi ou Masterson? Qu'on sache lequel de nous deux dort dehors?... Non je plaisante, peut-on avoir la clé?, s'il vous plait. ». Deepika s'empara de la clef et suivit le chemin que la dame lui avait indiqué. Puis elle se tourna vers Saul qui s'était retrouvé spectateur de l'action. Deepika avait décidé toute seule comme une grande. « Nous ne sommes pas des bêtes, on peut bien dormir cette nuit dans le même lit. On verra si une autre solution s'offre à nous. Allons vite nous préparer pour ce soir. On règlera ça demain. ». Arrivés devant la porte, Deepika entra de suite dans la chambre pressée de voir l'ambiance et la disposition. Elle se dirigea de suite vers le lit, sur lequel elle s'effondra en étoile de mer. Avant de saisir rapidement de sa valise, des sous vêtements, une tenue chic et sa trousse de toilettes. « Honneur aux femmes dans la douche... je vois ton regard, oui je suis une femme. Enfin je crois. ». Puis elle rentra vite dans la douche. Le contact de l'eau contre sa peau lui fit le plus grand bien, elle prit rapidement sa douche. Après être sèche elle enfila, sa combinaison beige très chic manches longues, pantalon fluide, d’ôté d'un décolleté des plus saillants. En quinze minutes elle fut prête et sortit de la salle de bain. « A toi, mon choux, ça te plait? ».
Qu'on se le dise, quand bien même Saul n'aurait pas été d'un naturel galant, et du genre à débarrasser une jeune femme de sa valise lorsque lui était encore suffisamment robuste pour en porter deux, il est probable qu'il se serait malgré tout arrangé pour ne pas se confronter au caractère de Deepika, qu'il savait particulièrement piquant lorsqu'il était question de remettre un macho à sa place. Et pourtant, ce petit coté affranchie et cette tendance à réclamer l'égalité des droits et des chances, c'était précisément ce qui avait tant plu à Saul lorsque leurs routes s'étaient croisées pour la première fois. Mais ayant assez à faire de la femme légèrement caractérielle à laquelle il était marié depuis onze ans, le brun évitait généralement de s'attirer les foudres de son amie, comme il le laissait ici entendre d'un ton amusé. « Sûr et certain, oui. Et pour ce qui est des éventuels machos qui pourraient croiser ta route, tu devrais peut être apprendre deux ou trois insultes en danois histoire de te tenir prête. » Là encore, son ton ne se voulait pas très sérieux, bien que Saul verrait déjà moins d'inconvénient à ce que Deepika sorte de ses gonds si c'était pour s'en prendre à un goujat qui l'aurait bien mérité. Une chose était en tout cas certaine, si bien des obstacles pourraient se dresser devant eux durant leur séjour, le climat serait la première difficulté qu'ils auraient à surmonter, eux qui n'étaient pas spécialement préparés à un changement aussi rude. Pour autant, Deepika n'arriverait pas à lui faire croire qu'elle regrettait de l'avoir suivi jusqu'ici, et surtout pas alors qu'elle aurait un libre accès à ses étreintes chaleureuses. « Pourquoi crois-tu que je lui ai dit que je partais en voyage avec un collègue bedonnant ? » Saul répliqua en tout cas, d'un ton là encore faussement sérieux, avant d'émettre un léger rire. « Je plaisante. Si elle avait du nourrir des soupçons, j'imagine qu'on serait tous les deux six pieds sous terre depuis déjà un moment. » Et s'il s'amusait si facilement de la situation, Saul cachait en vérité une certaine fébrilité, due au fait que cette idée n'était pas sans lui rappeler qu'il mentait malgré tout à sa femme, depuis des années, et notamment au sujet de certains de ses déplacements professionnels. Elsie savait qu'il s'était absenté en compagnie de Deepika, tout comme elle savait qu'il s'absentait parfois avec Patty, et plusieurs autres de ses collaboratrices. Mais ces petites vérités n'effaceraient jamais les gros mensonges qui lui servaient si souvent de prétextes, les soirs où il disait prendre l'avion mais ne quittait même pas la ville … Reprenant ses esprits, Saul fronça doucement les sourcils à la prochaine remarque de Deepika, l'air faussement boudeur. « Eh, tu dis ça simplement parce que j'étais trop crevé pour regarder un film avec toi. Mais je t'ai déjà promis qu'au retour, je lutterai férocement contre le sommeil histoire de me rattraper. » Lui qui s'infligeait bien souvent un rythme effréné profitait régulièrement de ses vols en avion pour récupérer quelques heures de sommeil, mais il avait bien conscience que Deepika était à un âge où l'on redoublait encore d'énergie, et qu'il avait tout intérêt à s'adapter s'il ne voulait pas qu'elle lui fasse la tête au retour. « Tu serais prête à m'abandonner aux griffes de nos amis danois dès notre premier soir en ville ? » Saul s'offusqua par la suite, non sans se faire la réflexion qu'il avait au moins une bonne excuse pour ne pas toucher à sa barbe à présent, qui plus est alors que son père ne serait de toute façon pas là pour lui faire la moindre remarque. Rejoignant en tout cas l'intérieur de l'hôtel, c'est confiant que Saul initia un échange avec l’hôtesse d'accueil, loin de s'attendre à ce moment-là à vivre un véritable ascenseur émotionnel. Car alors qu'il fut d'abord rassuré de l'entendre s'exprimer en anglais, il crut ensuite à une blague quand elle lui fit savoir qu'une seule chambre avait été réservée, sur les deux qui étaient initialement prévues. De quoi lui faire perdre le sourire, car non seulement les contre-temps n'étaient jamais pour lui plaire, mais en plus l'idée de contraindre Deepika à partager sa couche était des plus embarrassantes. La jeune femme, pourtant, semblait prendre les choses avec beaucoup plus de philosophie, et de second degré, elle qui s’accommoda de la situation et parvint même à le dérider légèrement. « D'accord, mais j'aime autant te prévenir, j'ai toujours entendu dire qu'une seule nuit suffisait parfois à ce que deux personnes qui se connaissent depuis des années ne se voient plus du tout de la même manière. » Un peu comme une épreuve du feu qui viendrait remettre en question une amitié qu'on pensait inébranlable. Bien sûr, Saul exagérait ici volontairement, comme le laissait facilement penser le fin sourire qui trônait sur ses lèvres. Parce qu'il est vrai que dormir pour la première fois avec quelqu'un n'était jamais sans risque, mais il doutait que Deepika puisse lui apparaître autrement en l'espace d'une seule nuit. « Mais tu as de la chance, je ne ronfle pas. Et je ne suis pas non plus somnambule, ni pris de spasmes meurtriers dès que je ferme l’œil … Alors de mon coté, je dirais qu'il y a de grandes chances pour que je sois toujours ton ami demain matin. » Décidément beaucoup plus détendu maintenant que les choses lui apparaissaient un peu autrement, Saul se laissa bientôt guidé jusqu'à la chambre qu'ils partageraient, et constata au moment d'entrer qu'ils n'étaient tout de même pas à plaindre. Observant Deepika alors qu'elle se jeta sur le lit, Saul émit un léger rire, balayant la chambre du regard avant de reporter son attention sur la brune, qui s'apprêtait à se préparer. « Ça, tu vois, c'est le genre de détails que j'aurai aucun mal à vérifier lorsque tu dormiras à coté de moi. » Il sous-entendit, un sourire malicieux accroché aux lèvres, avant qu'elle ne disparaisse dans la salle de bain et le laisse à la découverte des lieux. Saul s'assit à son tour sur le lit, et constata que si quelque chose les empêchait ce soir de fermer l’œil, ce ne serait pas le matelas. Quelques instants plus tard, Deepika réapparut finalement, sublimée par une tenue qui semblait avoir été faite pour elle. « Eh ben, on est attendus à un gala et je n'ai pas été mis au courant ? » Quittant le lit pour s'approcher d'elle et la détailler davantage, Saul se départit de son sourire amusé pour reprendre un ton un peu plus sérieux. « Tu es ravissante. J'espère juste que je n'aurai pas à céder ma place à un amoureux transi, une fois revenu du restaurant. » Parce qu'il ne doutait pas que Deepika ferait tourner quelques têtes, elle qui passait déjà rarement inaperçue chaque fois qu'ils sortaient ensemble – et qui ce soir risquait de faire sensation avec un tel décolleté. Gagnant en tout cas la salle de bain après avoir pris de quoi se changer, il passa à son tour sous la douche, puis entreprit de passer les vêtements qu'il s'était choisi. Un costume qui ne se voulait pas formel, mais qui pour autant donnait l'impression qu'il prenait cette soirée suffisamment au sérieux pour faire un effort. Revenant près de Deepika après avoir arrangé ses cheveux, il réclama l'avis de la brune. « Qu'est-ce que t'en dis, c'est assez habillé ? » La question était risquée, il le savait, mais Saul voulait que Deepika se sente libre de lui dire qu'il risquait de faire pale figure face à la tenue pour laquelle elle avait opté. « Je devrais peut être boutonner la veste. De toute façon, ces temps-ci je me fais tellement de souci que j'ai du perdre un ou deux kilos rien qu'en me triturant l'esprit, alors ces boutons ne devraient pas trop me résister. » Saul lâcha un rire un peu nerveux, conscient qu'ironiser sur les problèmes qu'il pouvait rencontrer ne l'aiderait pas à retrouver sa sérénité d'esprit. Mais parce qu'il ne comptait pas plomber l'ambiance avant même qu'ils aient mis un pied au restaurant, ni inquiéter Deepika alors qu'il la préservait volontairement d'une partie de sa vie à laquelle il ne souhaitait pas la mêler, le sarcasme restait sa meilleure arme face à ce qui le tourmentait, même ici.
où allons-nous? où allons-nous? c'est la carte, c'est la carte, c'est la carte, c'est la caaaarte...
Deepika ne l'avouera surement jamais mais quoiqu'elle dise quoiqu'elle fasse. L'Inde lui manquait, que ce soit pour ses rues colorées, ces vêtements typiques, ces plats si bons, ces monuments si beaux. Son pays lui manquait, sa ville aussi. Dire le contraire serait faux pourtant c'est bien ce qu'elle disait chaque jour. Certes elle avait quitté son pays, mais il lui manquait aussi. Les rares fois où elle était allée en Inde était pour faire des discours féministes. Et même certains la voyaient comme une héroïne, d'autres bannissaient son nom. Un vrai paradoxe. Mais même Deepika était un paradoxe à elle toute seule. Ce qui lui manquait le plus était sa petite sœur, Karishma. Cette petite Karu était après tout la sœur de Dimpy et même si elles s'engueulaient fréquemment, elles s'aiment énormément. « Ah merde, oui je vais devoir en apprendre quelques unes effectivement, quoique ça servira à un rien, quand je m'énerve je parle en hindi. L’avantage c'est qu'en Inde on me comprenait, pas ici ni en Australie. » Peut-être ce n'était rien pour Saul, mais pour Deepika c'était beaucoup, elle venait de parler de sa vie en Inde en disant que quand elle insultait là-bas tout le monde la comprenait, qu'ici et en Australie non. Elle n'en parlait que très rarement de l'Inde, mise à part la bouffe et la danse, elle en disait pas grand chose sur sa vie d'avant à par les grands lignes de sa fuite. « Faut pas qu'on prenne des photos ensemble alors, sinon elle verra que le collègue bedonnant s'est transformé en danseuse indienne. ». Elle lui répondit sur le ton de l'humour. Elle connaissait Elsie et savait que cette dernière pouvait lui faire confiance, ce n'est pas elle qui allait essayer de lui piquer son mari. Peut-être que Dimpy avait provoqué des ruptures mais elle était bien contente de ne pas le savoir,c ertes elle aimait plaire mais pas au point de briser des couples. le moment le plus gênant qu'elle ait vécu fut quand un homme vint la draguer avec sa petite-amie à ses côtés. Ce furent les minutes les plus longues de sa vie avant qu'elle n'intervienne et qu'elle remette les pendules à l'heure du gars vu la manière dont il traitait sa copine. « Tu sais ça m'a donné de belles photos alors tu pourras dormir au retour aussi pour que j'en prenne d'autres. mes amis instagram ont beaucoup aimé. ». Elle sortit alors son portable de sa poche pour lui montrer le selfie qu'elle avait pris où on la voyait elle sourire comme une bécasse et lui dormir à côté. Une photo qu'elle trouvait très drôle. « Oui j'en serais capable, tu me connais. ». Deepika plaisantait voyant, elle n'était pas si immature pour abandonner son ami et rester à l'hôtel juste pour une barbe. Certes elle boudait fréquemment mais pas pour ce genre de broutilles. En tout cas, cette histoire de chambres non réservées étaient une grosse blague. Elle ne s'attendait pas à ça, rien qu'en avoir parler en riant dans le taxi avait porter préjudice aux deux amis Voici la sorcière Deepika ou le chat noir. « Mais ça fait longtemps mon choux que tu fantasmes sur moi, je le sais. t'inquiète ça fait longtemps que j'ai pas joué les maracas, je suis toute à toi ce soir pour assouvir tes envies. ». Deepika de son regard séducteur vint murmurer a à l'oreille de son ami avant de lui tirer la langue en souriant. Manqueraient plus qu'ils se sautent dessus. Ça ferait un beau bordel. Elles e voyait mal faire ça avec son ami et partenaire de longue date. Certes il était beau, mais elle avait un problème avec l'infidélité. Elle en comprenait pas ça, autant choisir. « Heureusement que tu fais rien de tout ça... Je peux te montrer tout de suite mon appartenance au genre féminin. Tu me tripotes cette nuit je te la coupe tu le sais. ». Puis elle se mit à rire en allant dans la salle de bain, elle savait bien que Saul était respectueux, ça ne venait même pas à l'esprit de Dimpy de penser qu'il ferait autre chose que la respecter. Sortant de sa plus jolie tenue, elle voulait marquer le coup ce soir pour sa première soirée à Copenhague. « Tu savais pas qu'on avait un gala? T'es bête, je veux juste marquer le coup ce soir, après j'irais en jogging là-bas. Laisse moi être belle et désirable juste ce soir. ». Deepika était lucide, elle était belle et elle le savait. Mais elle n'en était pas devenue hautaine se croyant parfaite, loin de là. Elle était belle mais ne le répétait pas à tous les coins de rue. Ce n'était pas son genre. Lorsque Saul sortit de la salle de bain habillé elle lui sourit, sa tenue lui allait bien, elle était un peu décalé mais était bien représentative de lui et c'était l'important pour elle. « Pas mal le Saul! Comme ça tu me feras pas d'ombre. » ponctua-t-elle d'un clin d’œil, il savait que Deepika avait du mal à faire de vrais compliments, il devait se contenter de ça mais elle savait qu'il allait comprendre. « De toute on va tellement manger que tu vas prendre trois kilos ce soir ne t'inquiète pas pour ton poids. ». Quelques minutes plus tard, Dimpy fut fin prête à sortir manger, elle attendit devant la porte en toussotant pour que tel un gentleman Saul lui ouvre la porte. Oui madame était capricieuse.
Parions que la collaboration de Saul et Deepika n'aurait pas connu le même succès si les deux amis avaient du s'affronter sur un terrain aussi glissant que la prétendue domination masculine face au sexe féminin, une idée qui semblait avoir toujours particulièrement rebutée la brune, et qui heureusement ne correspondait pas du tout aux idéologies de Saul. Ce dernier se réjouissait donc d'échapper aux possibles remontrances de la jeune femme, qui à défaut de s'en prendre à lui pourrait sans nul doute se dégoter quelques cibles de choix si leur route croisait celle de danois machistes et prétentieux. A la remarque de Deepika, en tout cas, c'est un fin sourire que le brun esquissa. « J'adorerais t'entendre parler hindi, mais je crois que je suis prêt à attendre encore quelques temps si ça peut m'éviter de n'avoir droit qu'à un flot d'insultes. » Il souffla d'un ton léger mais qui se voulait aussi bienveillant, énonçant ici une vérité certaine : sa curiosité au sujet de la culture de Deepika remontait aux prémices de leur amitié, et s'il en avait déjà eu quelques aperçus au gré de leurs collaborations, rien ne remplaçait l'idée qu'il émergerait peut être un jour complètement dans son univers. « Je n'aurai qu'à lui raconter que je vous ai confondus et échangés à ma sortie de l'avion. Le seul risque, finalement, c'est qu'elle te reconnaisse. » Saul reprit par la suite, au sujet d'Elsie et de ses hypothétiques soupçons, cette fois d'une voix qui pouvait laisser penser qu'il n'avait aucun mal à s'amuser de la situation mais qui pourtant masquait une certaine gêne. Évitant toutefois de trop y penser – ses problèmes de conscience se chargeraient bien assez tôt de le rattraper – il préféra enchaîner, marquant bientôt une expression partagée entre la surprise et l'effroi lorsqu'il découvrit la photo que Deepika avait manifestement prise alors qu'il dormait insoucieusement pendant toute une partie de leur voyage. « Alors c'est à ça que t'occupais ton temps pendant le vol ? » Il adoptait ici un ton faussement offusqué, n'étant pas du genre à faire une maladie de ce genre de choses, et sachant pertinemment que Deepika n'avait pas pensé à mal. « Et moi qui m'en voulais de m'être endormi et qui t'imaginais déjà entrain de noyer ta peine dans ton plateau-repas. » Deepika n'avait visiblement pas été traumatisée par son refus de visionner un film en sa compagnie, et Saul ne pouvait maintenant s'en prendre qu'à lui-même de s'être endormi alors qu'une fétichiste des réseaux sociaux œuvrait non loin de là. « Juste comme ça, rappelle-moi combien de personnes ont pu me voir au sommet de ma grandeur ? » Il ajouta dans un rire, cherchant à savoir combien d'abonnés avaient pu profiter de cette vision, lorsqu'il lui semblait avoir déjà entendu que la jeune femme jouissait d'une véritable popularité sur internet. Sur cette idée pour le moins troublante, Saul esquissa par la suite une légère grimace à l'idée que Deepika serait véritablement prête à l'abandonner dès leur premier soir à Copenhague – une raison décidément suffisante pour que sa barbe ne bouge pas d'un millimètre – avant que la jeune femme et lui ne doivent bientôt affronter une situation inattendue. C'est ainsi qu'ils se retrouvèrent bientôt à devoir se partager une seule et unique chambre, et ce pour la première fois depuis qu'ils s'étaient liés d'amitié, ce qui représentait mine de rien un cap qu'il ne fallait pas nécessairement prendre à la légère. C'est pourquoi Saul se montra prévoyant, au même titre que Deepika qui quant à elle se risqua à un humour pour le moins imagé, ce qui l'amusa de plus belle. « Et dire que je suis le seul à cinq-cent mètres à la ronde à avoir pu profiter de cette troublante déclaration. J'aurais du t'enregistrer et garder ça sous le coude pour le jour où tu voudras m'abandonner pour un autre metteur en scène. » Chose qu'il préférerait ne pas voir arriver avant plusieurs années, car bien que conscient que Deepika pourrait à long terme se voir ouvrir de nouvelles portes et se laisser porter par d'autres collaborations, il avait malgré tout l'espoir que ce qui était devenu une sincère amitié ne disparaîtrait pas du jour au lendemain. Que Deepika se rassure, en tout cas, Saul ne comptait pas profiter de la nuit qu'ils passeraient l'un à coté de l'autre pour s'assurer d'un détail dont il n'avait jamais eu à douter. Et encore moins maintenant qu'elle le menaçait d'émasculation. « Non merci, si tu dois repartir d'ici avec un souvenir, j'aimerais autant que ce soit un produit local. » Et non pas son organe reproducteur, auquel Saul tenait quand même dans une certaine mesure, disons. C'est en tout cas sans plus tarder que Deepika rejoignit la salle de bain, avant d'en ressortir quelques instants plus tard, dans une tenue qui pourrait difficilement la mettre plus en valeur. Saul, lui, fut forcé d'admettre que la brune avait décidément plus d'une arme en sa possession. « Tu sais bien que tu n'as jamais eu besoin de ma permission pour l'être, ça n'est pas pour rien que je te demande d'opter pour une valise un peu plus grande à chaque fois qu'on part tous les deux, histoire de pouvoir y loger tous tes nouveaux prétendants. » Des prétendants qui se faisaient de plus en plus nombreux au fil de leurs déplacements, c'était en tout cas l'impression qu'il avait parfois lorsque la brune était sollicitée par un tas d'étrangers probablement plus intéressés par les atouts qu'elle savait mettre en valeur que par son background culturel. Saul, à son tour, gagna la salle de bain pour s'y changer, avant d'en ressortir vêtu d'un costume qu'il espérait à la hauteur des attentes de son amie, qui pouvait se permettre d'être difficile dans une tenue comme la sienne. Et il semblerait qu'elle se satisfasse justement de son choix, ce qu'elle formula à sa manière, tandis qu'il esquissa un nouveau sourire. « Tu noteras en tout cas que je n'ai pas pris de risque : ma barbe est restée intacte. » Dans l'hypothèse où Deepika serait véritablement tentée de le laisser profiter seul du restaurant. Une idée heureusement peu probable quand on la connaissait, et sachant que Saul ne sortirait probablement pas non plus si la brune préférait rester enfermée dans leur chambre. Cette dernière n'avait toutefois pas tort dans ce qu'elle avança ensuite, au sujet des kilos qu'ils auraient vite fait de prendre s'ils ne se refusaient rien dès le premier soir. « Sauf que là où c'est moins drôle, c'est que je me les coltinerai pendant six mois, alors que tu mettras une journée à perdre les tiens. » C'était le prix à payer lorsqu'on dirigeait des comédiens dans le confort d'un théâtre plutôt que de suer devant les miroirs d'une salle de danse. Finissant en tout cas par rejoindre l'entrée de la chambre, Saul se tourna vers la jeune femme après avoir entrouvert la porte. « Après vous, mademoiselle. » Et la suivant tandis qu'elle quitta la chambre, il referma la porte derrière eux, prit avec elle la direction de l'ascenseur puis du rez-de-chaussée, avant de quitter l'hôtel et d’atterrir dans la rue où ils se trouvaient déjà quelques instants plus tôt. « Qu'est-ce que tu dirais de prendre le metro, cette fois ? Je sais qu'on n'est pas vraiment habillés pour, mais j'ai entendu dire que le Noma se trouvait sur une petite île rattachée à Copenhague. Alors à mon avis, on aura plus vite fait de prendre les transports en commun plutôt que d'essayer de nous faire comprendre par un autre chauffeur. » Il ne prétendait pas connaître le meilleur moyen de rejoindre un endroit où il n'était après tout jamais allé, mais il supposait qu'ils pouvaient tout aussi bien compter sur leur propre sens de l'observation. Faisant quelques nouveaux pas à travers la rue, Saul reprit. « Il y a une station juste ici. » Et entreprenant de descendre les premières marches des escaliers qui les conduiraient jusqu'au métropolitain, il tendit bientôt une main à Deepika pour l'inciter à le rejoindre. « Accroche-toi bien à ton sac, moi je me charge de vous surveiller tous les deux. » Parce qu'il n'oubliait pas qu'ils se trouvaient dans une ville qui leur était totalement inconnue, à une heure où les transports en commun n'étaient peut être plus aussi bien fréquentés qu'en journée. Saul n'avait rien contre l'aventure, pour autant si ce début de voyage leur avait déjà appris une chose, c'est qu'ils n'étaient jamais à l'abri d'un retournement de situation, et pas forcément favorable.
où allons-nous? où allons-nous? c'est la carte, c'est la carte, c'est la carte, c'est la caaaarte...
Deepika ne parlait hindi que dans sa maison lorsqu'elle était seule et qu'elle réfléchissait à voix haute ou simplement lorsqu'elle parlait toute seule. Oui comme quasiment tout le monde pour ne pas faire de généralité, elle parlait toute seule, dans sa langue natale. Même si elle avait maintenant un accent australien, son envie de parler avec l'accent indien la prenait lorsqu'elle était fatiguée ou excédée. Chassez le naturel il revient au galop, n'est-ce pas? « Main tumse pyar karthee hoon » Ce qu'elle venait de lui dire était très très loin de l'insulte, elle venait de lui dire simplement "je t'aime" en hindi, comme ça il pourra ressorti cette phrase à Elsie pour se la péter en changeant en karthee par kartha puisque c'était un homme. « Au pire je me teins en blonde, elle me reconnaitra pas. ». Elle lui répondit sur le ton de l'humour. Elle avait déjà tester les perruques blondes pour des spectacles de danse et des clips mais bon elle était brune et typée donc le blond était un peu à bannir. Elle s'imaginait mal avec un blond platine ou bébé. « Tu sais pas ce que tu as loupé j'ai regardé le film Dilwale de Bollywood, la réalisatrice Sonal Rathod est toute jeune, et le film a ultra bien marché, c'est fou. ». Elle avait adoré le film, elle était en admiration devant la talent d'écriture et de réalisation de la jeune femme de vingt six ans. Quel fabuleux destin, puis elle avait embauché son père dans le film, King Rathod, juste le roi du Bollywood. Un des fantasmes de Deepika. Il était beau, mon dieu. « Des millions, choux. ». Deepika avait beaucoup d'abonnés, l'Inde, la Pakistan, le Sri-Lanka était peuplé de monde et la suivait sur instagram puis les australiens aussi ainsi que d'autres étrangers et ça faisait du monde tout ça. Dimpy était une star de la danse. « Trop tard tu n'as aucune preuve maintenant. Quelle déclaration?. Ne t'inquiète nul metteur en scène ne peut te dépasser. ». Deepika était honnête, c'était Saul et personne d'autre. Oui elle avait déjà fait des petites chorégraphies pour des personnes, mais Saul était son unique collaboration poussé. Personne ne pouvait lui arriver à la cheville, Dimpy était bien trop attaché à Saul pour lui être infidèle. « On va surtout se rappeler de ce séjour vu le bordel. ». Deepika était à moitié morte de rire et excédée, ils avaient vraiment la poisse, manquerait plus qu'elle s'étouffe dans sa valise pour compléter ce tableau, ens s'imaginant mourir dans sa valise, Dimpy fut prise d'un rire ultra sonore, elle espérait que les murs étaient insonorisés. « I'm sexy and I know it, haha, mouais j'en ai ramené aucun jusqu'à présent des prétendants, c'était juste des petits plans comme ça. A part Anis et Vikram, y a eu personne de sérieux » ponctua-t-elle d'un clin d’œil, après sa rupture avec Anis, le chanteur algérien, elle n'avait rien eu de sérieux. elle était quand même resté sept ans avec Anis, alors qu'ils n'étaient pas réellement amoureux juste remplis d'affection l'un pour l'autre. Vikram, merde, elle n'en avait jamais parlé à Saul, bien trop secret et enfoui en elle et elle venait de le dire comme ça, elle espérait sincèrement qu'il ne poserait aucune question sur ce dernier.« La vie est dure mon cher! Puis je suis végétarienne donc je risque pas de prendre trop de kilos.. ». Bien que loin de L'inde, elle gardait son végétarisme comme atout, elle l'assumait complètement. Ils sortirent alors de la chambre pour sortir manger au Noma, restaurant auquel Saul voulait allée avec elle. En quittant la chambre, elle se surprit à adresser une prière pour pas qu'ils perdent les clés de la chambre ou autre. « Prenons le métro oui, on va se faire repérer direct mais bon ça peut être sympa. j'espère au moins qu'ici les gens sont souriants » Elle s'accrocha au bras de Saul en descendant les marches, elle voulait éviter de se péter la figure et de se casser quelque chose, si elle se blessait, elle ne s’en remettrait pas je crois. Elle se voyait mal revenir avec des béquilles à Brisbane, devoir aller l’hôpital ici, autant perdre les clés de la chambre. « J'espère bien que tu vas veiller sur moi, tu laisseras personne embêter ta chorégraphe. » Ils montèrent alors dans le métropolitain danois. Malheureusement pas de places assises pour eux. Elle sentait les regards sur elle, elle était bien trop apprêtée pour passer inaperçue. A peine le métro eut-il démarré qu'un homme vint l'accoster sous le nez de Saul. « Je ne parle pas danois et je crois comprendre ce que vous voulez, filez avant que je m'énerve. » Puis dans un anglais parfait il importuna Deepika, chose à ne pas faire. Elle ne donnera surement pas son numéro et ne se montrera pas courtoise bien longtemps, sa main dans sa figure sera plus vite. La main de l'homme vint agripper au bras de l'indienne, si ses yeux pouvaient tuer, il sera déjà mort. elle n'allait pas lui dire deux fois.
Si la culture de Deepika l'avait effectivement toujours fasciné, Saul n'avait en revanche jamais véritablement osé demander à la jeune femme de le familiariser avec ce qui lui rappelait probablement un pays qu'elle n'avait pas fui de bon cœur. Pourtant, ici, ses lèvres dessinaient un sourire tandis que la jeune femme lui soufflait quelques mots dont il ignorait certes la signification, mais qui lui donnaient l'agréable impression d'accéder à une petite partie de sa vie qui l'avait toujours rendu curieux. « Je ne sais pas si tu viens de me faire un reproche, mais si c'est le cas c'était de loin le plus mélodieux que j'ai jamais entendu. » Il répliqua, dans un léger rire, conscient qu'il était assez peu probable que Deepika lui ait fait remarquer qu'il avait une mine atroce, et supposant donc qu'elle lui avait peut être soufflé quelques mois gentils, ce qui lui ressemblerait bien. Au sujet d'Elsie, en tout cas, il était probable que l'excuse du collègue bedonnant qui se serait miraculeusement transformé en danseuse séduisante ne passerait pas particulièrement bien. Ainsi Deepika disait songer à se teindre les cheveux, une idée qui amusa inévitablement le brun, qui pourtant reprit d'un ton faussement sérieux. « Pour le coup, c'est moi qui risquerais de te confondre avec Patty à notre retour à Brisbane. Et elle, elle serait bien capable de se persuader qu'elle a lancé une mode. » Patty, ou la papesse des décolorations. Saul l'avait connu alors que son associée avait une vingtaine d'années, et tandis qu'elle arborait des cheveux châtains qui contrastaient nettement avec son look d'aujourd'hui, qui n'était pas nécessairement celui qui la mettait en valeur, mais dont la jeune femme était assurément très fière. Comprenant en tout cas que Deepika n'avait pas chômé pendant que lui s'était lamentablement endormi durant leur voyage en avion, c'est dans un sourire que Saul accueillit l'idée qu'elle en ait profité pour visionner un film qui, visiblement, lui avait beaucoup plu. « Et alors, toi qui me connais bien, tu penses qu'il aurait pu me plaire ? » Il demanda d'un air malicieux, curieux de savoir si d'après Deepika ce film aurait trouvé grâce à ses yeux, lui qui sans être particulièrement difficile avait toujours un peu de mal à se satisfaire d'un film s'il n'y trouvait pas un tant soit peu de profondeur – fait plutôt rare par les temps qui couraient. Quant à cette photo prise alors qu'il était insoucieusement endormi, Saul ne put même pas espérer que la liste des personnes l'ayant aperçu ne soit pas trop longue, sachant la popularité de Deepika sur les réseaux sociaux. Et en effet, « des millions », ça faisait beaucoup de témoins. Ainsi Saul arbora-t-il une expression faussement choquée, avant de reprendre. « Dans ce cas, j'espère que tu comptes te rattraper et me montrer sous un jour un peu meilleur la prochaine fois que tu me donneras en pâture à tes followers. » A ses millions de followers, qu'il aurait du dire. Car c'était là un détail peu négligeable que de savoir qu'autant de monde avait pu l'admirer dans une posture pas forcément avantageuse. Deepika nia par la suite lui avait fait une déclaration enflammée, après des propos qu'il aurait décidément du enregistrer, ce qui l'amusa avant qu'il n'adopte un air un peu plus sérieux. « Tu dis ça aujourd'hui, mais plus les années passeront et plus les opportunités seront nombreuses pour toi. Pour moi, ce sera certainement l'inverse, et la dernière chose que je souhaiterais c'est que tu te sentes obligée de m'être fidèle même lorsque tu pourras prétendre à mieux. » Saul savait que leur collaboration comptait autant aux yeux de Deepika qu'aux siens, et que c'était pour cette raison qu'ils étaient toujours aussi fusionnels même après plusieurs années à se suivre jusque dans leurs déplacements professionnels. Mais il mentirait s'il disait être sûr que jamais leurs routes n'auraient à se séparer, professionnellement parlant. Et finalement, le plus précieux dans tout ça, c'était d'être certain qu'elle resterait son amie même après ça. « Au moins, vu comment ça démarre, ça pourra difficilement être pire ensuite. » Saul ajouta finalement, cette fois d'un ton bien plus léger mais qui laissait néanmoins transparaître l'agacement qui était né en lui lorsqu'il avait compris que par la faute de son assistante, Deepika et lui devraient supporter un changement de programme pour le moins drastique. Heureusement ils ne mirent pas longtemps à se faire à l'idée qu'ils partageraient une seule et unique chambre, et encore moins après que Deepika ait enfilé une tenue qui la mettait plus qu'en valeur. Si bien que Saul, lui, supposait qu'elle ferait quelques ravages du coté de ces messieurs. Mais alors que la jeune femme répliqua, celle-ci formula deux noms, dont un qui lui était a priori inconnu. « Vikram ? » Saul réagit alors aussitôt, lançant à son amie un regard entendu et chargé d'un peu de malice. « Je n'ai pas le souvenir que tu m'aies déjà parlé de lui. Est-ce que ça s'est mal terminé entre vous ? » C'était l'une des raisons qui pourraient expliquer qu'elle n'ait pas voulu se confier à ce sujet, et bien que cette perspective ne soit évidemment pas réjouissante, dans un sens Saul préférerait que Deepika n'ait pas simplement pensé qu'il n'avait pas à être au courant. Émettant par la suite un rire à l'idée que la jeune femme soit décidément mieux partie que lui pour garder la ligne, Saul s'assura que sa propre tenue ne le rendait lui-même pas trop ridicule, et ils finirent par quitter la chambre qu'ils avaient investis quelques instants plus tôt, désormais prêts à se rendre au restaurant. Puis, pensant que ça les changerait des voyages en taxi, Saul proposa à la brune d'user des transports en commun, souriant bientôt à l'enthousiasme manifesté par l'indienne. « Ce n'est l'affaire que de quelques minutes, de toute façon. Et puis, j'imagine qu'on ne doit pas être les seuls à nous rendre là-bas. Si ça se trouve, la rame sera remplie de couples s'étant mis sur leur 31. » Au moins, dans ces conditions, Deepika et lui ne détoneraient pas outre mesure au milieu des autres passagers, ce qui devrait déjà limiter les risques que le voyage se passe mal. Mais parce qu'on n'était jamais trop prudent, Saul lui assura bientôt qu'il comptait veiller sur elle, préférant ne pas se convaincre que tout se passerait au mieux alors qu'ils allaient s'aventurer en terres inconnues, à une heure pas forcément recommandée. « Promis, personne ne t'atteindra avant de m'être d'abord passé sur le corps. J'ai du sang latin, n'oublie pas. » Amusé, Saul la suivit tandis que Deepika monta à bord du métro, constatant malheureusement dès cet instant que les couples qu'il s'était imaginer n'étaient pas vraiment au rendez-vous, et que la rame était surtout peuplée de personnes visiblement étonnées par leurs accoutrements. Mais alors que la situation était encore sous contrôle, celle-ci bascula en l'espace d'une seconde, lors d'une rencontre dont ils se seraient bien passés. Un homme accosta en effet Deepika et se montra un peu trop entreprenant aux yeux du brun. Celui-ci, d'abord témoin d'un échange qui eut le don d'aiguiser son agacement, le poussa alors vivement en arrière après qu'il ait osé saisir la jeune femme par le bras. « Eh, t'as entendu, tu ferais mieux de te tirer tant que tu le peux encore. » Son ton se voulait étonnamment agressif, et pour cause, Saul n'avait pas l'habitude de s'emporter en public, encore moins avec un inconnu qui aurait vite fait de lui faire regretter son audace. Mais c'était plus fort que lui, il y avait des choses qui lui étaient intolérables, et notamment que l'on s'en prenne à ceux à qui il tenait. « Qu'est-ce que t'as toi, tu veux pas me la prêter ta copine ? » L'homme répliqua, dans un anglais qui pour le coup aida à ce que chaque parti se comprenne, mais valut à Saul de serrer instantanément les poings. « Entre étrangers, 'faut se serrer les coudes, je te promets que j'en prendrai soin ... » Et alors que leur interlocuteur revint à la charge en tentant cette fois d'attirer Deepika contre lui, c'est un Saul dépourvu de tout contrôle et de tout scrupule qui dirigea brusquement son poing dans la figure de l'individu, dans un coup dont il ne mesura pas la force. « Tu la touches pas, connard, t'as compris ? » Pris de court par son propre comportement, il lui fallut alors quelques instants pour réaliser qu'il était toujours à bord d'un wagon rempli de passagers qui visiblement n'approuvaient pas la violence dont il avait fait preuve. Mais alors que l'incident aurait pu s'arrêter là, Saul sentit bientôt un bras se refermer autour de son cou tandis que l'homme qu'il pensait avoir étourdi le fit basculer en arrière, lui coupant la respiration avant de l'atteindre au visage. Plusieurs passagers s'empressèrent d'intervenir afin de les séparer, mais Saul se trouvait déjà dans un épais brouillard où le visage de Deepika, apeurée, était l'une des seules choses qu'il pouvait encore distinguer.
OÙ ALLONS-NOUS? OÙ ALLONS-NOUS? C'EST LA CARTE, C'EST LA CARTE, C'EST LA CARTE, C'EST LA CAAAARTE...
C'était bien la première fois qu'elle disait je t'aime dans sa langue maternelle. Elle n'avait jamais eu l'occasion de le dire en Inde. Elle ne l'avait jamais dit à ses parents, déjà car sa famille était pudique, on ne dévoilait pas ses sentiments comme ça, mais surtout qu'elle parlait d'amour amour, pas d'amour fraternel, amical ou familial. Et ça elle ne 'avait jamais prononcé, pas même pour Vikram, elle n'avait même pas eu le temps. Elle était partie avant de le faire car elle savait que si elle lui avait dit elle serait restée là-bas, et elle n'aurait pas la même vie aujourd'hui. Elle serait en Inde, et surement mariée de force à un autre homme que celui qu'elle aimait vraiment. Fin la joie de vivre dans une famille stricte, conservatrice et indienne. Il fallait respecter les castes et les cultures. Un penjabi ne se marie pas avec un tamil par exemple. Et encore moins s'ils viennent de castes différentes. L'endogamie est un fait rel dans toute l'Inde. On se marie dans la même communauté. Vikram et Deepika n'appartenaient pas à la même caste de toute façon. Jamais les parents du jeune homme et de la jeune ne les auraient laissé se marier ensemble. Alors avant de s'enraciner auprès de lui en Inde. Depika est partie. Dire ces mots à Saul avait provoqué une sensation étrange en elle, entendre et sortir ses mots lui avaient fait bizarre. Elle avait l'impression de faire un bon dans le passé et de se revoir quinze en arrière, en balade avec Vikram. Ils se cachaient pour se voir même, il venait la chercher en moto, et elle se camouflait comme elle le pouvait pour ne pas qu'on la reconnaisse: voile et lunettes de soleil. « Je t'ai dit la plus belle chose qu'on puisse entendre: la bouffe est à côté de toi.. non je déconne je t'ai dit "je t'aime". » Si la personne à ses côtés n'était pas Saul, cette personne aurait pu croire à une déclaration, mais non, il était un de ses plus proches amis et c'est tout, elle n'était pas une voleuse de mari et le rôle de maîtresse ne lui aurait jamais convenue et elle se demandait comment ce rôle pouvait convenir à quelqu'un. « Bon par contre si tu veux le dire à Elsie, tu changes le Karthee en Kartha car tu es homme, du moins je crois. » Dit-elle tout en adressant un clin d'oeil à Saul. De toute façon il ne devait pas avoir retenu la phrase en hindi, cette langue était difficile, sauf pour ceux qui étaient élevés dans cette langue comme Deepika. Elle avait de la chance d'avoir été élevé dans la langue hindi et anglaise.Elle n'avait pas eu à opérer à beaucoup de changements, simplement gommer son accent ultra prononcé en anglais. Mais encore aujourd'hui si on l'énervait trop, le naturel revenait au galop, et son accent revenait et c'était comique. « Pas la meilleure mode qu'il soit surtout sur une brune aussi typée que moi. Après j'ai bien eu des mèches rouges donc, y a des photos de moi partout dans l'école avec mes mèches. » Ah elle se rendait alors compte comment le temps passait vite, elle avait eu ses mèches il y a bien neuf ans surement. L'indienne avait pris neuf ans dans la tronche d'un coup. Elle se souvenait encore comme si c'était hier de sa première rencontre avec Saul, de leur petite discussion et des rêves qu'il avait mis dans la tête de la jeune femme à l'époque. Rêves réalisés grâce à lui. Elle lui devait beaucoup sur le plan professionnel mais surtout sur le plan personnel. Il avait été d'un soutien sans faille envers elle depuis des années d'amitié et de collaboration. Elle se demandait comme elle ferait s'ils étaient amenés à se disputer. « Attends c'est un bollywood, donc musique et danse, amour, pleurs, frustration, câlins, histoire de famille, King Rathod, de la bombe. En plus les deux actrices principales sont des bombes et les deux acteurs aussi du coup, heureusement pour moi. » Ah Bollywood et ces schémas de films. Ces histoires d'amour, ses moments de danse et de chant, cette fin toujours belle et larmoyante où tout finit bien en général. Elle trouvait en plus ce film magique d'autant que les deux couples dans ce film ne s'embrassaient jamais. « Excuse moi mais vu que t'es pas photogénique, ça va être dur aussi! T'as qu'à avoir une meilleure tête. » dit-elle à Saul taquine. Elle était loin de le trouver pas beau, Saul avait été bien gâtée par la nature, il aurait un succès fou auprès des jeunes femmes indiennes. Elle en était sure la Dimpy. Il suffisait de voir qu'il était déjà mariée et combien de jeune femmes venaient le rencontrer pour juste le séduire ou pour travailler avec lui dans le but de le corrompre tiens. Deepika n'était pas aveugle et ça la faisait toujours rire. Mais ce que venait de dire Saul à l'indienne n'avait pas enchantée la demoiselle. Non elle en voulait pas lâcher leur collaboration. Elle se secoua la tête vivement d'une moue boudeuse, déterminée à lui faire comprendre que leur collaboration était vitale pour elle. Oui elle avait travailler pour un film et pour des spectacles populaires retransmis à la télé, mais ce n'était pas la même chose. Ce n'était pas des collaborations. « On dirait qu'on va divorcer là. Oublie je te laisserais pas me quitter. Nous deux c'est pour la vie. Ad vitam aeternam. » Elle ponctua sa phrase en mettant sa main sur son coeur en signe de promesse. Elle n'allait pas renoncer à sa collaboration avec Saul et encore moins à son amitié. « Ne dis rien trop rapidement. On est pas au bout de nos surprises, on a emmené la poisse dans nos valises, j'en suis sure, ou c'est toi le chat noir. ». Quand même le Destin s'acharnait sur eux, ils galèrent à se faire comprendre, les chambre mal réservés, ça allait être quoi la suite? Une intoxication alimentaire au restaurant? Non merci. Manquerait plus que Saul et Deepka couchent ensemble pour ce soit la fin des haricots là. Bonjour le bordel. En entendant son ami tiqué sur Vikram, Deepika ne sut comment rattraper la chose. Prise au dépourvue, ses talents de comédienne étaient inexistants alors rien ne servait de s'humilier en faisant genre. Autant lui dire vaguement avec l'espoir qu'il ne pose pas trop de questions sur cette histoire qui lui faisait encore du mal. A part Ava qui avait connu Vikram, personne n'était au courant, mais bon après treize ans sans en avoir parler, le lapsus a été commis. Dommage pour Deepika, mais d'un côté peut-être que ça lui ferait du bien d'en parler après tout. Elle souflla bruyamment, rien que d'y penser un peu trop lui faisait revenir tout en pleine tronche, les yeux de la brune s'humidifiaient. « Vikram. Ami d'enfance en Inde. Malgré nos castes différentes, on est devenu ami et voilà j'étais amoureuse de lui mais j'ai été lâche, et j'ai quitté l'Inde avant d'avoir pu lui dire. Voila ça fait treize ans donc ça s'est terminé avant même d'avoir pu commencé. ». Elle sentait la crise de larmes arrivée, elle n'en avait jamais parlé de tout ça, jamais. Elle se tourna donc vite faite faire sa valise en faisant mine de chercher quelque chose mais ses reniflements n'étaient pas silencieux. Elle pleurait, et elle se sentait ridicule. Elle se demandait ce qu'il était devenu mais jamais elle n'avait pu taper son nom et prénom dans une barre de recherche ou un réseau social. Elle avait trop peur de découvrir la vérité.« A part Ava, ma meilleure amie indienne que je viens juste de retrouver et qui a connu Vikram en Inde, c'est la première fois que j'en parle. » Elle venait de lui prouver qu'elle avait une totale confiance en lui, elle lui avait dit quelque chose de si secret et personnel, qu'elle espérait que Saul allait comprendre son importance auprès de Deepika. C’est comme ci elle allait lui parler de sa famille. C'était rare et perturbant. Une fois remise sur pied, ils prirent la direction du métro en tenue de gala. « Ah alors on y va en tant que couple ce soir? Fais attention à ce que tu dis hein. » Dit-elle en riant tout en pinçant la joue droite de Saul. Mais d'un côté rien que pour de la tranquillité, elle espérait qu'il avait raison et que des couples apprêtés seraient dans le métro. Elle espérait même qu'il y aurait une fille en robe de mariée comme ça Saul et Dimpy passerait totalement inaperçus. Lorsque Saul lui promit que personne ne la toucherait, elle lui envoya un baiser, elle savait qu'elle pouvait compter sur lui, mais elle espérait que rien n'arriverait. Pourtant ce qui devait arriver arriva bien trop tôt. Lorsque que cet homme, venu importuner Dimpy, se montra un peu trop entreprenant avec cette dernière, elle vit Saul réagir au quart de tour sans qu'elle ne puise faire quelque chose. Comment pouvait-elle se mettre en eux et essayer de calmer le jeu alors la discussion entre les deux hommes partaient en cacahuète. C'était un cauchemar pour l’indienne. A part répéter de plus en plus fort des « Arrêtez »» Son ami et ce connard ne semblaient pas l'entendre. La bagarre intervint lorsque cette fois-ci le connard voulut attiré contre lui l'indienne. Saul bondit tel un lion sur l'homme. Deepika ne sut quoi faire, cette dispute lui rappelait étrangement Vikram et un un même type de connard. Plongée dans ses pensées et bouleversée par la bagarre, Dimpy demeurait choquée. Elle se revoyait presque quinze ans auparavant se faire défendre par un Vikram amoureux. Saul n'était certes pas amoureux d'elle mais il la défendait avec beaucoup d'ardeur. Devant les gestes de l'homme qui l'avait importuné, elle lâcha une insulte en hindi. « Moorkh ! »» Enfin les passagers écartèrent Deepika complètement chamboulée et séparèrent les deux hommes. L'état dans lequel était Saul eut une incidence sur le visage et l'expression de Saul, il était blessé, à cause d'elle, pour elle. Apeurée et choquée, elle courut vers Saul, bien déterminée à le soigner du mieux qu'elle pouvait. « Quelque'un a une boîte à pharmacie s'il vous plait?! »» Elle espérait sincèrement que quelqu'un pourrait la dépanner, elle savait soigner ce genre de blessure mais il lui fallait des produits. Une dame anglaise la dépanna et Deepika fut reconnaissante. Elle ne savait pas même où le connard était passé mais elle n'avait d'attention que pour Saul qui paraissait à côté de la plaque. Elle claqua doucement ses joues pour le maintenir avec elle. Deepika pleurait de voir son ami dans cet état mais elle fit son mieux. Elle avait soigner plusieurs fois Vikram, elle savait comment faire maintenant. « Saul...Merci et pardon. ». Elle noua ses bras autour de lui puis elle resta comme ça longtemps avant de se détacher. Ils allaient bientôt arriver. En espérant que rien d'autre ne leur arrive.
Si Saul s'était évidemment douté que Deepika n'avait pas attendu de lui souffler quelques mots en hindi pour lui faire des reproches qu'elle aurait gardé pour elle depuis tout ce temps, c'est néanmoins un sourire à demi surpris – et teinté d'une émotion qu'il eut du mal à cacher – que le brun esquissa au moment où la jeune femme lui révéla la signification des quelques mots qu'elle avait formulé. « Je t'aime », c'était des mots forts et au symbolisme si grand que Saul ne les avait lui-même jamais soufflé sans être sûr de leur donner un véritable sens. Chaque fois qu'il les avait murmuré à l'oreille d'Elsie, c'est parce que son cœur s'était rempli d'un amour véritable, né d'une amitié sincère lorsqu'ils étaient encore jeunes et loin d'être les parents qu'ils étaient aujourd'hui. Et tandis que ces derniers mois il s'était laissé emporter par une nouvelle histoire, c'est ces mêmes mots qu'il avait soufflé à Meg, lorsqu'il avait ouvert les yeux sur l'importance que la jeune femme avait pu prendre à ses yeux et qu'il avait ressenti le besoin de lui signifier de la plus belle façon qui soit qu'elle n'était ni une passade, ni quelqu'un qu'il s'empresserait d'oublier. Au sein de sa famille, ces quelques mots avaient toujours été échangés avec beaucoup plus de parcimonie, notamment entre son père, son demi-frère et lui. Et à une époque, tandis qu'il avait enchaîné les amours à sens unique, il aurait certainement voulu s'en libérer plus d'une fois. Alors les entendre de la bouche de Deepika, sachant combien la jeune femme pouvait importer à ses yeux, ça ne pouvait définitivement pas le laisser indifférent. « Reste à savoir si tu me l'as dit parce que tu le penses, ou bien parce que c'est la première chose qui t'est venue à l'esprit au moment de me faire découvrir ta langue. » Le brun souffla pourtant, d'un ton qui se voulait taquin, et sans mettre un seul instant en doute la sincérité de l'indienne. « Je plaisante. » Il reprit alors aussitôt, tout en se penchant vers elle pour venir déposer un baiser sur sa joue, l'enlaçant un court instant avant de se reculer. « Yo tambien te quiero, mi dulce. » C'était sa manière de rendre ses propres confessions aussi symboliques que celles de la brune, en usant de sa propre langue maternelle, qui elle aussi aurait toujours sa préférence. Et parce qu'il supposait qu'elle parlait mieux espagnol qu'il ne parlait hindi, il lui épargnerait la traduction, surtout sachant qu'elle paraissait plus qu'évidente. « J'essaierai de le lui souffler de mémoire. Mais si elle me demande d'où je tiens cette phrase, je risque d'avoir du mal à lui cacher que c'est toi qui me l'a apprise. » Et s'il disait ça, un large sourire accroché aux lèvres, c'est parce qu'il s'amusait là encore du fait qu'Elsie puisse hypothétiquement se faire des idées si elle comprenait que Deepika lui avait « déclaré son amour » dans l'optique de lui apprendre quelques mots d'hindi. Sur cette idée légèrement cocasse, Saul s'amusa bientôt du fait que Deepika dise justement songer à se teindre en blonde afin d'éviter d'être reconnue par sa femme. Et tandis que cette image lui fit déjà de l'effet, c'est un rire spontané que Saul lâcha après sa prochaine confession. « C'est donc ça que j'ai aperçu la dernière fois que je suis passé à ton école ? Tu as bien du mérite d'assumer ces clichés, parce que moi ça ne me viendrait pas à l'idée d'exposer des photos de l'époque où mes cheveux n'étaient pas vraiment mes meilleurs amis. » Et encore moins là où il recevait tous ses artistes et collaborateurs. Saul n'avait pas toujours su domestiquer la tignasse qu'il avait sur la tête, et il n'avait aucunement besoin qu'on lui rafraîchisse la mémoire pour que cette époque lui reste bien à l'esprit. Comprenant en tout cas que Deepika avait plus qu'apprécié le film qu'elle avait eu l'occasion de regarder pendant le voyage, c'est un Saul des plus curieux qui souhaita savoir si d'après son amie ce dernier lui aurait plu à lui aussi. Et à l'entendre, il semblerait qu'elle n'en doute pas une seconde. « N'en dis pas plus, si les actrices sont jolies, alors c'est forcément un film pour moi. » Saul énonça alors, cette fois dans un sourire exagérément malicieux, faisant mine de n'avoir retenu de son plaidoyer que la partie la plus intéressante pour tout homme qui se respecte. « Mais j'admets que tu m'as convaincu, ou en tout cas rendu suffisamment curieux pour que je veuille tenter l'expérience à l'occasion. Alors maintenant, tu sais quoi m'offrir à Noël. » Et lui adressant un clin d’œil, Saul supposa en effet qu'il ne perdrait rien à se laisser tenter par un film qui par bien des aspects semblait se rapprocher du genre théâtral, et donc de ce à quoi il était facilement sensible. Fronçant par la suite les sourcils à l'idée que Deepika ne lui trouve aucune photogénie, c'est d'un ton faussement outré que Saul reprit cette fois, les bras croisés comme s'il était prêt à lui tenir rigueur de son audace, alors qu'un fin sourire trahissait facilement son véritable état d'esprit. « Tu sais que beaucoup m'ont vexé pour moins que ça. Tu as de la chance que je ne sois pas capable d'utiliser un réseau social sans l'aide de mon assistante, sinon j'aurais profité de ce voyage pour mettre au point ma vengeance. » Il ne fallait effectivement pas être particulièrement observateur pour noter que Saul se faisait relativement discret sur Instagram et même ailleurs, n'étant tout bonnement pas qualifié pour alimenter ce genre de choses au quotidien. Et bien que prendre des photos soit cependant dans ses cordes, il était peu probable qu'il ose réellement se venger de Deepika en la photographiant à son issue dans un moment où elle n'était pas nécessairement à son avantage – ce qui de toute façon demeurait rare. Finalement, le ton de la conversation se fit peut être un peu moins léger au moment où Saul en vint à supposer – à contre cœur – qu'un jour viendrait sans doute où Deepika ressentirait le besoin de saisir de nouvelles opportunités professionnelles, loin de leur collaboration et de ce qu'ils partageaient à ce niveau-là. Peut être était-il pour le coup un peu fataliste, mais ce métier lui avait déjà appris qu'il n'était pas rare que deux routes se séparent, même lorsqu'on les pensait fermement rattachées l'une à l'autre. La façon dont l'indienne reprit la parole tendit toutefois à apaiser certains de ses doutes, tandis qu'il souffla. « Tu le penses vraiment ? » Et bien qu'il esquisse ici un doux sourire, son ton se voulait malgré tout légèrement soucieux. Et pour cause. « Je veux dire … comment peux-tu être sûre que je ne te donnerai jamais de raisons de prendre tes distances avec moi, en tant que collègue et en tant qu'amie ? » Baissant légèrement la tête, Saul dut se faire violence pour ne pas avouer, même à demi-mot, ce qu'il redoutait tant de confesser à celle qu'il ne voulait en aucun cas décevoir. Le moment semblait pourtant bien choisi pour lui parler de Meg, de cette double vie qu'il menait dans le dos de tous – ou presque – depuis deux ans. Mais sa crainte de perdre l'estime et la confiance de Deepika était hautement plus forte que son besoin de se libérer de son secret, ainsi se contenta-t-il d'ajouter. « Parfois j'ai le sentiment que tu m'idéalises. » Et poussant un soupire, il tenta aussitôt de noyer le poisson, pensant qu'il n'était décidément pas dans son intérêt de lâcher sa petite bombe, alors qu'il comptait justement sur ce voyage pour s'évader de la vie qu'il menait à Brisbane, de ses doutes et de ses tracas, en compagnie de celle qui savait si bien lui vider la tête et lui changer les idées. Cette dernière parvint justement à le faire sourire de nouveau à sa prochaine remarque, à laquelle le brun répliqua par une petite moue faussement outrée. « D'abord je ne suis pas photogénique, maintenant je porte malheur … bientôt, tu vas me reprocher d'avoir comploté avec la réceptionniste pour pouvoir me retrouver dans la même chambre que toi. » Et lui lançant un regard entendu, il laissa planer le doute quelques instants, comme si Deepika allait sérieusement s'imaginer qu'il en était réduit à ce genre de stratagèmes si son idée était réellement de franchir la ligne implicite qui avait toujours existé entre eux. Qu'elle se rassure, Saul avait assez de soucis pour ne pas vouloir s'en rajouter, ainsi il était peu probable qu'il se transforme en prédateur simplement sous l'effet de l'air danois. Mais alors que par la suite Deepika évoqua un prénom qui attira tout particulièrement son attention – puisqu'il ne lui semblait pas qu'elle lui ait déjà parlé de ce dénommé Vikram – c'est bientôt un Saul complètement désarçonné qui vit les yeux de la brune se remplir de larmes, tandis qu'elle évoqua celui qu'elle disait avoir longtemps aimé en secret. « Eh. » Il souffla tout doucement, posant une main sur son épaule tandis que Deepika faisait mine de fouiller dans sa valise. L'enveloppant d'une étreinte qui se voulut chaleureuse et réconfortante, Saul ajouta aussitôt. « Je suis sûr qu'il le savait. Et peut être que lui aussi ressentait pour toi plus que des sentiments amicaux, mais que pour les mêmes raisons il ne l'a jamais avoué. » Saul était bien placé pour savoir que les femmes n'étaient pas les seules à pouvoir expérimenter ce genre de choses, ayant lui-même longtemps aimé en secret celle qu'il avait considéré comme l'une de ses meilleures amies durant ses années lycée. « S'il y a encore la moindre chance pour que vous repreniez contact, et pour que tu puisses te libérer de ce que tu as sur le cœur … il faut que tu la saisisses, Deepika. » Saul reprit, s'arrangeant cette fois pour croiser son regard, avant d'esquisser un doux sourire suite à sa confession. « Ça me touche que tu m'en parles, même si j'aurais aimé que tu ne gardes pas ça pour toi aussi longtemps. » Parce que même s'il n'était peut être pas toujours si évident de se confier sur sa vie sentimentale avec quelqu'un qui nous connaissait si bien – il était malheureusement bien placé pour le savoir – Saul s'attristait ici du fait que Deepika ait pu souvent repenser à cet épisode et souffrir dans son coin. La suite, elle, se fit un peu plus légère alors qu'ils s'amusèrent ensemble de l'idée de peut être croiser moult couples en tenues de soirée lorsqu'ils monteraient dans le métro pour se rendre au restaurant. « Ça dépend, tu te sentirais prête à assumer si on nous prenait pour deux amoureux venus partager un rendez-vous galant ? » Saul se faisait taquin, peut être pour lui changer les idées après que Deepika ait du se confier sur quelque chose d'intime et qui visiblement la faisait encore beaucoup souffrir. Une chose était en tout cas certaine, couples ou pas couples, Saul ne comptait pas laisser le premier venu s'approcher de Deepika sans réagir. Mais alors qu'il le lui avait surtout fait savoir pour que la brune se sente protégée, la suite des événements força malheureusement Saul à lui prouver qu'il était décidément prêt à se battre contre quiconque oserait lui manquer de respect. Ce fut ainsi le cas après qu'un type ait tenté de l'attirer contre lui, un geste qui eut le don de mettre Saul dans un état d'énervement et d'impulsivité presque jamais atteints. Ainsi sortit-il de ses gonds pour attaquer l'homme qui aurait décidément mieux fait de continuer sa route sans oser les importuner. Lui assénant un puissant coup de poing, il crut alors l'avoir calmé mais se retrouva rapidement dominé par un gabarit plus important que le sien, qui eut vite fait de renverser la tendance et de lui faire payer son geste. Étourdi et blessé au visage, Saul crut perdre conscience lorsqu’autour de lui s’agitaient des passagers affolés. Mais la seule présence qui importait ici était celle de Deepika, qu'il chercha du regard au moment où il rouvrit difficilement les yeux. Dans tous ses états, la brune implorait les passagers de lui tendre de quoi soigner ses plaies, et c'est un sourire crispé que Saul parvint à esquisser. « Je vais bien, je … je me sens bien, je t'assure. » Il avait mal, sa tête tournait encore à moitié et il était pratiquement certain de se découvrir plusieurs dizaines d’hématomes lorsqu'il examinerait son torse. Mais ici il voulait la rassurer, c'était la seule idée qui importait. « C'est plus impressionnant que ça en a l'air, je te jure, ça ne me fait même pas mal. » Il lui assura à nouveau, tandis que le simple fait de parler suffisait à lui rappeler qu'il venait de passer un sale quart d'heure. Sentant les bras de la brune se nouer autour de lui tandis qu'il se redressa doucement, Saul entendit ses sanglots résonner tout contre sa veste, et la serra fermement contre lui, le cœur lourd. « S'il te plaît, Deepika ... ne pleure pas. » Parce qu'il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même, et que même si elle se plaisait ici à le remercier, Saul savait pertinemment qu'il n'avait pas agi intelligemment en attaquant cet homme. Parions d'ailleurs que peu de gens dans son entourage le croiraient lorsqu'il raconterait cet épisode de leur voyage. Délogeant doucement Deepika, Saul parvint finalement à se relever, non sans difficulté au départ. « Tu vois, je tiens encore debout. Il y a juste ma veste et … mon visage qui trahissent ce qui vient de se passer. Mais on ne va pas se laisser gâcher la soirée, pas vrai ? » Et chassant du bout des doigts les dernières larmes qui venaient perler les joues de la jeune femme, Saul se laissa finalement faire lorsque plusieurs passagers s'approchèrent pour nettoyer ses plaies. A présent un peu plus présentable – son œil droit restait rouge et gonflé et le bas de son visage égratigné, mais il s'en tirait à bon compte – le brun laissa sa main trouver celle de son amie tandis que la rame s'arrêta finalement à leur station. « Viens. » Quittant le wagon d'un pas encore un peu hésitant, il conduisit Deepika jusqu'à l'adresse qu'il avait préalablement retenue, et à laquelle ils purent bientôt apercevoir la façade du Noma. « Si on me refoule à l'entrée parce que j'ai l'air d'un voyou, promets-moi que tu auras une pensée émue pour ton vieux copain lorsque tu dîneras comme une reine. » Et déposant un baiser sur sa tempe après avoir lâché un léger rire, il l'invita finalement à entrer, non sans espérer passer inaperçu en dépit de ce qui décorait allégrement son visage. Heureusement que sa tenue sauvait les apparences, c'était peut être ce qui lui éviterait ici d'être jeté dehors comme un vaurien.
OÙ ALLONS-NOUS? OÙ ALLONS-NOUS? C'EST LA CARTE, C'EST LA CARTE, C'EST LA CARTE, C'EST LA CAAAARTE...
Lorsqu'elle était dans l'avion, treize ans auparavant, en direction de Brisbane. Elle avait ce je t'aime sur la langue en suspension, elle aurait pu revenir en arrière et lui dire. Mais elle était partie et avait eu le malheur d'écouter la musique présente sur son mmp3 à l'époque. Des musiques, certaines plus tristes que d'autres qui lui rappelait ce qu'elle venait de faire. Bien sur que les sentiments de Vikram, elle le savait mais la fuite lui avait semblé être la meilleure solution pour ses problèmes. Deepika leva les yeux au ciel à la remarque de Saul, elle lui avait dit en toute amitié mais elle le pensait évidemment. « Non tu sais bien que la première c'est une insulte qui me vient à l'esprit. » avait-elle en riant. Il le savait elle insultait dans sa langue natale ce qui rendait les disputes incompréhensibles avec elle.La personne en face ne comprenait jamais ce que racontait Deepika lorsqu'elle se transformait en furie. « Tu diras que tu as pris des cours sur internet au pire comme ça aucun doute sur moi » Dit-elle tout en adressant un clin d’œil à Saul. Il existait même de bons programmes mais rien ne valait de vivre là-bas ou alors apprendre auprès d'une personne indienne, comme Deepika. Elle pouvait faire apprendre sa langue, mais bon elle n'était pas trop utile dans le coin à part pour regarder des films indiens. « il y en a partout, des anciennes, des récentes, de stage, de gala et donc mes mèches rouges aussi. » Deepika devait se faire à toutes ses photos placardées partout,il y avait des affiches de spectacle même, et ceux dont ceux de Saul puisqu’elle gérait les chorégraphies. Il y avait même dans une des salles, une photo d'elle et de Saul côte à côte souriants et fiers de leur projet commun. Mais il y avait aussi des photos moins flatteuses comme ses mèches rouges par exemple. Mais après trois ans à vagabonder dans son école, elle s'était habituée à voir toutes ces photos.« Promis t'as Dilwale à Noël. » Noël et toutes ces fêtes auxquelles elle avait du s'habituer en arrivant à Brisbane, hindoue de culture par ses parents, on fêtait plus le holi ou diwali que Noël. Mais elle aimait beaucoup cette fête, s'offrir des cadeaux tout ça après un bon repas. Le sapin de Noël pour décorer la maison, une ambiance enfantine et chaleureuse. Comme si ce sapin faisait office de colocataire. Elle avait juste à la regarder pour sourir comme un bécasse. « Tu peux toujours essayer, je suis toujours à mon avantage. » dit-elle à Saul taquine. Évidemment que non, Deepika avait également ses moments de mochitude absolue. Le réveil était fatidique, sans maquillage, avec des cernes, et la bouche pâteuse, elle était loin d'être sexy et jolie. Hassan pouvait en témoigner lorsqu'elle vécut deux ans avec lui et son frère. Mais bon autant faire rêver Saul, lui faire croire quelque chose qu'ils avait déjà faux et qu'il verra encore plus le lendemain en espérant que dans la nuit elle ne lui file pas de coups de pieds de danse. « Je t'idéalises pas, je suis lucide sur ta personne. J'ai perdu des personnes dans le passé, je perdrais jamais celles d'ici sache lui. Encore moins toi. » Elle était convaincue de la durabilité de leur amitié et collaboration. Pour elle, Saul-Deepika ne se terminerait jamais. Elle ne voulait même pas imaginer une querelle entre eux et plus aucuns projets communs. Qu'est-ce qu'elle ferait à côté? Par quoi remplacerait-elle Saul et le talent de ce dernier dans sa vie?« Ah voilà, tu avoues le complot pour pouvoir domir avec moi. t'aurais pu m'en parler de suite, j'aurais surement dit oui ». Comme si il existait une personne aussi fourbe pour concevoir tout ce fichu bordel de leur séjour au Danemark. Puis connaissant Saul, il n'en aurait pas été capable. Pour Deepika il n'était capable de rien de mal, en fait que si elle l’idéalisait peut-être trop. Tout humain faisait des erreurs et il devait aussi en faire. « Mais bien sur qu'il m'aimait aussi. Mais aucun de nous n'a su retenir l'autre pour lui dire. J'aurais pu le mettre au courant de ma fuite et là il aurait pu m'avouer ses sentiments, mais s'il me les avait avoué, je serais restée là-bas, et je n'aurais pas eu cette vie-là, je serais déjà mère de six enfants, mariée à quelqu'un d'autre que lui, à ne pas en branler une chez moi à part faire à manger et laver tout. Si perdre mon premier est le prix à payer de ma vie actuelle. Alors c'est bon j'accepte. ». Elle avait sorti ça d'un coup, les larmes coulant sur ses joues,s a respiration difficile, sa colère et sa peine avaient jailli de sa gorge. Elle souffrait encore de cela, c'était indéniable. Parler de Vikram lui faisait du mal car elle avait des remords, des remords qui ne partiraient surement jamais du fait qu'elle ne reverrait jamais son ancien amour. Pourquoi le reverrait-elle, ça lui ferait surement encore plus mal qu'avant. L'imginer embrasser une autre femme, alors qu'elle n'avait jamais été embrassé par lui. Rien que d'y penser ça la rendait malade. « C'est trop tard Saul, qui sait ce qu'il est devenu, et je n'ai pas envie de découvrir qu'il est marié, heureux et papa. » Elle venait prouver encore une fois à son ami, qu'elle ne voulait avoir aucune nouvelle de Vikram mais inconsciemment évidemment qu'elle en voulait sans qu'elle en sache se l'avouer. L'étreinte de Saul lui fit le plus grand bien, elle avait l'impression qu'il la comprenait, qu'il la réconfortait du mieux qu'il pouvait. Quand Deepika pleurait c'est que vraiment quelque chose de grave s'était passé. « J'étais convaincue que parler de lui me ferait plus de mal que de bien, et je voulais absolumment l'oublier alors j'ai enfoui ça. Preuve étant que ça n'a pas marché. » Dit-elle en se détachant de Saul. En passant devant le miroir, elle vit que son maquillage avait un peu coulé, pourtant elle n'avait mis que du mascara, mais rien ne pouvait rivaliser avec les larmes. elles étaient plus fortes que tout. Après s'être rapidement remaquillée avec cette fois-ci du waterproof, elle suivit Saul. « Prête oui, je vais pas me plaindre, on m'a pas filé un moche et bossu »» Elle était évidemment prête à jouer le couple s'il le fallait, mais ils n'en auraient pas besoin. Puis c'était pour rire, Deepika n'allait pas piquer le mari d'un autre, quelle idée ça. Elle se demandait comment une femme ayant le statut de maîtrise pouvait y trouver sa place et se sentir bien. La scène qui s'était déroulée dans le métro lui avait coupé la chique à l'indienne. Saul l'avait protégée et défendue avec force et courage. Il lui avait encore prouvé qu'il était là constamment pour elle. Comment pouvait-elle restée stoïque devant cet affreux spectacles, les larmes coulaient toutes seules, elle était bouleversée. Elle était même tout bonnement incapable de répondre à Saul, elle pleurait et serrait juste son ami dans les bras, c'est tout. Au bout 'un moment il lâcha la jeune femme pour se laisser soigner, Deepika tremblait légèrement mais parvint à l'aide de passagers à soigner parfaitement Saul. Il sécha les dernières larmes perlant sur les joues de Deepika puis ils prirent le chemin de la sortie main dans la main. Ils se dirigèrent vers le restaurant, Deepika reniflait encore de par ses larmes récemment séchées. Ils étaient un duo de choc: le blessée, et la chouineuse. En riant légèrement, remise de tout ça du moins en apparence, elle secoua la tête. « T'es bête on te refoulera pas! Sinon je jure que j'y mange pas ! »» Ils entrèrent à l'intérieur et laissèrent le serveur, beau garçon de surcroit, les conduire à leur table réservée. Une fois attablée, et le nez dans le menu, Deepika prit la parole en souriant. « En espérant que nos plats ne soient pas empoisonnés »»
Bien sûr, Saul n'ignorait pas que ces quelques mots soufflés de la bouche de Deepika étaient riches de sens, et qu'il ne s'agissait certainement pas de paroles en l'air ou d'une phrase débitée par défaut, ou parce qu'elle n'avait rien trouvé de plus spontané à lui souffler sur le moment. Et parce qu'il croyait deviner le symbolisme de ces quelques mots aux yeux de la brune – un symbolisme sans doute égal à celui qu'ils avaient aussi toujours eu à ses yeux – Saul n'était ici que d'autant plus touché d'avoir eu droit à cette douce déclaration d'amitié. La taquinant toutefois comme il en avait pris l'habitude, c'est bientôt dans un sourire légèrement amusé qu'il reprit. « Dans ce cas, je me réjouis que dans ces moments-là tes amis soient l'exception qui confirment la règle. » Parce que lui préférait évidemment s'entendre souffler « je t'aime » plutôt qu'une insulte, quand bien même il ne pouvait de toute façon se fier qu'à l'honnêteté de la jeune femme, n'ayant pas la moindre notion d'hindi et donc en aucun cas la capacité de traduire directement ses paroles. Saul, en tout cas, pourrait bien se risquer à souffler ces mêmes mots à Elsie lorsqu'il serait de retour à Brisbane, et la théorie de Deepika quant à la façon dont il aurait pu les apprendre le fit sourire de nouveau. « C'est pas bête, en plus ce serait plutôt crédible vu que je n'aurais de toute façon pas eu le temps de prendre des cours avec un professeur particulier. C'est tout juste si je pense à rentrer chez moi une fois ma journée de travail terminée, alors Elsie n'aurait pas été dupe. » Il est certain qu'Elsie émettrait quelques réserves si son mari prétendait avoir pris des cours de langue étrangère auprès d'un professeur spécialisé, lui qui enchaînait les longues journées au travail et se déplaçait fréquemment. « Et si elle me demande d'où me vient cet engouement soudain pour la langue hindi, je n'aurais qu'à lui dire que je trouvais ça plus original que d'apprendre à lui dire des mots doux en français ou en italien. » Il reprit bientôt, dans un sourire plus malicieux, ajoutant aussitôt. « C'est tout aussi romantique comme langue, non ? » Il comptait sur Deepika pour approuver ses propos, supposant qu'elle n'irait pas avancer le contraire, étant donné que la jeune femme semblait toujours pratiquer sa langue maternelle avec plaisir, même alors qu'elle avait du fuir son pays quelques temps auparavant. Romantique ou pas, la langue hindi avait au moins le mérite d'être moins loufoque que les images qu'il avait maintenant en tête lorsqu'il imaginait Deepika avec des cheveux rouges. Le fait qu'elle n'ait pas honte de cette époque ne l'étonna toutefois pas, la jeune femme avait toujours eu beaucoup d'auto-dérision, elle qui disait d'ailleurs être placardée sous toutes ses coutures sur les murs de son école. « C'est parfait, il n'y a plus qu'à attendre le jour où un petit veinard te passera la bague au doigt. A ce moment-là, moi j'aurai déjà tout le matériel nécessaire pour te préparer un joli petit diaporama. Tu sais, le genre de choses qu'on diffuse à la fin du banquet, quand tout le monde est pompette et que les photos les moins flatteuses provoquent l'hilarité générale. » C'est lui-même dans un léger rire qu'il avait cette fois reprit la parole, imaginant d'ici la scène, tandis qu'il se sentit obligé de lui préciser, comme pour en rajouter une petite couche. « J'ai donné, je sais de quoi je parle. » Ou disons qu'il savait combien des amis prétendument bien intentionnés pouvaient à eux seuls vous placer dans un immense embarras lorsqu'ils vous préparaient ce genre de surprises. Il s'était peut être marié relativement jeune, mais à l'époque déjà il n'était pas forcément difficile de déterrer certaines antiquités le concernant. Quant au film évoqué par Deepika, il est vrai que Saul se verrait bien le visionner, ne serait-ce que parce qu'il la croyait sur parole lorsqu'elle lui en parlait comme d'un film qui avait tout pour lui plaire. « Super, comme ça si jamais Elsie et moi on décidait de donner un petit frère ou une petite sœur à Caleb, Eliott et Lexie, ça lui ferait aussi un super film à regarder pendant son congé maternité. » Difficile de dire si Saul était à présent sérieux lorsqu'il laissait entendre qu'il n'excluait pas l'idée de faire un jour un quatrième enfant, lui qui de toute façon laissa tout juste le temps à Deepika de s'interroger à ce sujet, reprenant bien vite la parole. « Tu sais comment est Elsie dans ces cas-là, elle a besoin de s'occuper. » Il conclut, dans un sourire à nouveau partiellement amusé, avant qu'il ne soit bientôt question de leur photogénie respective. Car si Saul devait visiblement accepter l'idée qu'aucune photo ne lui rendrait jamais vraiment justice, Deepika en revanche affirmait qu'elle était toujours à son avantage, même photographiée au dépourvu. « Si c'est vrai, être photographiée au saut du lit ne devrait pas te faire peur. » Le brun souffla alors, en lui lançant un petit regard entendu, l'air de sous-entendre qu'il pourrait du coup être tenté de changer d'avis et mettre finalement au point une petite vengeance – ne serait-ce que pour vérifier la théorie de la jeune femme, qu'évidemment il n'avait pas pris au sérieux. La suite eut néanmoins le mérite de tracasser Saul, tandis que Deepika semblait dire que rien au monde ne pourrait décemment altérer l'estime qu'elle lui portait. C'était une idée à laquelle il voulait évidemment croire, mais il était pourtant forcé d'être lucide : lorsque la vérité éclaterait sur sa situation, son amie pourrait comme les autres condamner son comportement. C'est pour ça qu'il avait ici un peu de mal à partager ses certitudes. « Si demain tu apprenais que je n'ai pas nécessairement autant de qualités que tu aimes m'en trouver, tu penses vraiment que ton regard sur moi ne changerait pas ? » Sans doute avait-il ici besoin de se rassurer, car parmi toutes les personnes que Saul avait toujours eu peur de décevoir, Deepika avait bien évidemment une place de choix. Il savait que son cœur était pur, que ses valeurs étaient authentiques, et que pour toutes ces raisons elle ne pourrait en aucun cas cautionner ses choix, sa duplicité, et bien évidemment ses mensonges. Alors peut être qu'une partie de lui essayait ici de préparer le terrain, pour le jour où il aurait enfin le courage d'assumer, auprès de tous, celui qu'il était réellement. Sur une note heureusement un peu plus gaie, le brun prétendit bientôt s'être potentiellement arrangé avec la standardiste de l'hôtel afin de pouvoir profiter de cette chambre en compagnie de la jeune femme, et celle-ci ne manqua pas d'entrer dans son jeu. « Et puisque tu mérites de connaître toute la vérité, ce voyage était aussi un prétexte pour me retrouver seul avec toi. Je comptais beaucoup sur le dépaysement pour nous rapprocher, c'est pour ça que j'ai expressément choisi un pays où ni toi ni moi ne nous sentirions à l'aise. » Là encore, bien sûr, son ton et son expression trahissaient aisément le fait qu'il ne soit pas du tout sérieux. Douze ans plus tôt, certainement que l'adolescent romantique qu'il avait été aurait saisi ce genre d'occasions pour tenter de se rapprocher d'une jeune femme qui lui plaisait, mais ici il était question d'un Saul adulte – dont la situation était bien assez compliquée comme ça – ainsi que de l'une de ses meilleures amies. C'est en tout cas le cœur lourd que Saul apprit par la suite que le dénommé Vikram, évoqué un peu plus tôt par la jeune femme, était en fait un jeune homme qu'elle avait longtemps aimé en secret, et à qui elle regrettait aujourd'hui amèrement de ne pas avoir ouvert son cœur. Connaissant bien ce genre de situations, et détestant par dessus tout la voir dans cet état, c'est alors un Saul particulièrement empathique qui tenta de consoler son amie. « Moi je pense que rien ni personne n'aurait pu t'imposer une vie dont tu ne voulais pas. Tu es la personne la plus forte et déterminée que je connaisse, si tu avais voulu faire ta vie avec cet homme en dépit des lois et de l'opinion, je suis sûr que tu aurais pu être heureuse. » Il murmura alors, après s'être approché d'elle et avoir initié une étreinte qu'il espérait réconfortante, quand tout son être espérait apaiser son petit cœur visiblement encore très éprouvé par cette déception sentimentale. « Je ne suis pas entrain de dire que tu as pris la mauvaise décision, mais ce que tu fais ici, vivre de ta passion et assumer tes envies et tes ambitions … je suis certain que tu aurais trouvé la force de le faire là-bas. Parce que la Deepika que je connais ne se serait jamais laissée dicter sa conduite, par qui que ce soit. » Peut être parlait-il sans vraiment savoir de quoi il était précisément question dans un pays comme le sien, mais il ne l'imaginait pas une seule seconde se soumettre à la volonté de qui que ce soit. Non, définitivement, Deepika n'était pas de ces femmes qu'on pouvait enfermer entre les quatre murs d'une cuisine ou faire taire selon son bon vouloir. « Peut être qu'il se dit la même chose, qu'il t'imagine heureuse en ménage avec un australien. Et si c'est le cas, tu ne crois pas qu'il serait touché de savoir que tu ne l'as jamais oublié, et que quelque part il est le seul homme avec qui tu t'imaginerais faire ta vie ? » Parce que c'est ce que Saul croyait comprendre à la façon dont Deepika parlait aujourd'hui encore de ce grand amour qu'elle n'avait jamais oublié, qu'il était encore à ses yeux le seul et l'unique. « Il n'a pas pu tourner la page, pas s'il t'a un jour aimé autant que tu mérites de l'être. » Et déposant un baiser sur son front, il lui assura de sa sincérité à travers un regard chargé de tendresse, alors qu'à ses yeux il était tout simplement impossible d'oublier une femme aussi attachante que Deepika. La laissant finalement s'arranger devant le miroir après que cette parenthèse l'ait véritablement bouleversée, c'est par un léger rire que Saul répliqua à sa prochaine remarque, tandis qu'ils s'étaient mis en route pour le restaurant où ils espéraient pouvoir passer une agréable soirée. Mais celle-ci débuta malheureusement sur une note assez contrariante, tandis que leur passage dans le métro tourna rapidement à l'esclandre après qu'un jeune homme ait eu la mauvaise idée de se frotter d'un peu trop près à Deepika. Quelques minutes et une bagarre plus tard, Saul – qui s'était découvert des talents de bagarreur – se retrouva alors amoché, toutefois conscient qu'il avait eu une certaine chance dans son malheur et que le type qu'il avait cru bon d'attaquer aurait pu le laisser dans un état plus critique encore. Sonné mais sain et sauf, le plus dur fut finalement pour lui de supporter la vision des larmes qui dévalaient le long des joues de Deepika, tandis qu'il avait honte, bien sûr, de s'être adonné à un spectacle aussi pitoyable. La tension redescendit heureusement par la suite, après qu'il ait été soigné par quelques passagers et qu'il ait entreprit de se remettre en route avec la jeune femme, à qui il tenait maintenant d'autant plus à changer les idées, après cet épisode pour le moins traumatisant. Voyant en effet que Deepika restait chamboulée, il se permit un petit trait d'humour au moment où ils arrivèrent finalement devant l'entrée du restaurant. Refoulé ou pas, Saul était en tout cas rassuré de voir que la brune retrouvait peu à peu sa contenance et sa joie de vivre. Ainsi entrèrent-ils à l'intérieur de l'établissement, rapidement conduits jusqu'à leur table. Et tandis que la voix de Deepika s’éleva à nouveau, Saul ne tarda pas à répliquer. « Si ça se trouve, le type du métro a le bras long et il s'est déjà arrangé avec le chef pour m'achever en bonne et due forme. » Mais conscient qu'il était peut être encore un peu tôt pour plaisanter sur le sujet – du moins de cette façon – il ne tarda pas à reprendre. « Désolé … je crois juste qu'il vaut mieux en rire. » Et déposant sa main sur la sienne comme pour éviter de la replonger plus longtemps dans l'angoisse qu'ils venaient de vivre, Saul fut loin de s'attendre à ce que ce geste bref attire immédiatement l'attention d'un vendeur de roses rôdant à travers la salle, qui s'approcha rapidement pour lui mettre ses fleurs sous le nez. « En rose til din kone, sir? » Saul ne parlait toujours pas le danois, mais il croyait ici comprendre que l'homme espérait lui vendre l'une de ses roses, sans doute parce qu'il imaginait avoir à faire à un couple. Et parce qu'il comptait décidément poursuivre cette soirée sur une note plus légère, c'est sans hésiter que Saul lui tendit un billet, réceptionnant une jolie rose blanche qu'il tendit aussitôt à la jeune femme. « Pour me faire pardonner de t'avoir fait peur, tout à l'heure. J'ai été stupide, même si je ne regrette rien. » Et certainement pas de l'avoir défendue contre cet homme parfaitement abjecte, qu'importe que ça lui ait valu quelques hématomes. Mais parce qu'il est vrai qu'il aurait pu agir plus intelligemment, et surtout éviter à Deepika de s'en faire autant pour lui, cette rose était comme sa façon de se rattraper, et de laisser cet épisode derrière eux.
OÙ ALLONS-NOUS? OÙ ALLONS-NOUS? C'EST LA CARTE, C'EST LA CARTE, C'EST LA CARTE, C'EST LA CAAAARTE...
La langue maternelle de Deepika était énormément parlée mais c'était avant tout normal, lorsqu'on voyait le nombre d'habitants en Inde, et encore certains de ne parlait pas hindi, mais tamoul ou telugu ou autre langue indienne. Deepika parlait avant tout marathi, langue officielle de l'état Maharashtra. Deepika était de parler plusieurs langues indiennes, même si ça ne lui servait plus depuis treize ans, à part pour ne pas être comprise. « Original, beau mais super compliqué à apprendre lorsqu'on ne nait pas dedans. Tu vas devoir beaucoup travailler si tu veux pouvoir parler un peu. » avait-elle dit avec un air de professeur stricte. Elle devait reconnaitre que sa langue était difficile, les phrases se reconstruisaient à l'envers des fois, le mélange constant avec l'anglais. Des amis étrangers avaient même abandonné l'apprentissage de la langue, Deepika était donc heureuse de connaitre cette langue depuis le ventre de sa mère. Mais la langue était une des rares choses qu'elle aimait en Inde, la plupart des coutumes et de sa religion lui hérissaient le poil. « C'est super romantique, écoute certaines chansons comme Tum hi ho ou Janam Janam et tu verras à quel point c'est romantique. » Dit-elle sérieusement à Saul. Il s'agissait pour elle fes deux chansons les plus magnifiques d'amour dans la langue hindi. Deux chansons de deux films indiens qu'elle adorait: Aashiqui 2 et Dilwale. « Faut-il déjà qu'un petit veinard me passe la bague au doigt, c'est pas gagné, moi je te le dis. » Deepika n'était alors pas trop motivée, elle était toujours célibataire et heureuse d'une certaine manière même si elle avait toujours cette pensée nostalgique et pleine de remords pour Vikram Sanera, son premier amour. Mais il n'était pas prêt de lui passer la bague au doigt non plus, il n'était plus dans la vie de Dimpy depuis longtemps maintenant. « Faut que je vois tous ces dossiers de toi alors! » Elle s'imaginait déjà Saul dans des situations gênantes, des photos plus épouvantables les unes que les autres, elle ne put s'empêcher de rire en s'imaginant Saul avec un slip éléphant. Mon dieu, ce sketch. Elle espérait secrètement le voit dans cette tneue rien que pour se moquer de lui encore plus. « Je viendrais vous filer tous mes dvd de Bolllywood. » dit-elle à Saul. Elle en avait bien une cinquantaine de films de l’industrie bollywoodiennes sans compter d'autres films indiens, d'autres industries. Elle regardait encore fréquemment certaines films comme le film encore au cinéma en Inde alors qu'il date de 1995: Dilwale Dulhania La Jayenge. Ou le spendide Goliyon ki Raasleela Ram-Leela ou le surprenant Tamasha. Des superbes films que Deepika pourra aisément prêter, surtout qu'il est toujours question d'amour. « Arrête de dire des trucs comme ça. Mon regard changerait si j'apprends un truc grave, mais on ne peut rien prédire, puis honnêtement toi faire du mal? Pas possible. Tuer quelqu'un? Non. Kidnapper ta belle-mère? Non plus. Tromper ta femme. Non. Voilà donc tranquille. » répondit-elle en riant. Elle était convaincue de la droiture de son ami dans tout. Elle ne voulait pas le voir sous un autre angle en fait et n'aimait pas ce que son ami lui disait, pour elle c'était sur c'était un homme bien et leur amitié était durable. Elle secoua la tête en riant lorsqu'elle l'entendit dire que c'était son plan pour se rapprocher d'elle, leur petit voyage ici au Danemark. « Ah oui quand même, en fait le "tromper ta femme" est juste juste. Comment tu me fais du gringue. ». Elle aimait bien taquiner son ami, c'était un petit jeu entre eux. Ils aimaient rire ensemble et passer du temps ensemble, sinon jamais ils seraient partis tous les deux pour un voyage dans un pays inconnu. Il fallait bien qu'ils s'apprécient énormément et c'était évidemment le cas. « Je me suis certes rebellée, mais j'ai failli ne jamais partir, j'ai longtemps hésité même quelques minutes avant le décollage de l'avion. Mon père était si dur et froid, si conservateur, une horreur. T'imagine, j'ai du avoir les derniers ritesles connaissant. Ils n'ont plus qu'une fille. Ma sœur doit avoir sa vie dictée par eux. ». Elle avait sorti ça d'un coup, elle en avait même dit plus qu'elle n'aurait voulu, on touchait un point sensible dans la vie de Deepika même encore treize ans plus tard. Entre Vikram, Karishma et ses parents, elle avait tourner une page et même fermer le bouquin définitivement, et même si elle n'aimait pas y penser, elle en souffrait toujours un peu. « Je ne sais pas. Peut-être. Mais s'il est mariée et a un gosse ça change rien. » Elle n'arrivait pas l'imaginer avec une autre femme, jamais il ne pourra avoir cette complicité qu’elle avait elle-même avec lui. Elle se mit à se trouver jalouse, d'un garçon qu’elle a abandonné treize ans plus tôt et qu'elle n'a jamais revu. Elle ne voulait pas se comporter comme ça et pourtant elle le faisait. Elle était égoïste et était sure qu'il pensait ça d'elle. « Ou peut-être l'a-t-il tourné? En croyant l'avoir moi-même tourné avec Anis. » Dit-elle en soupirant et en répondant à l'étreinte de Saul, il était là pour la câliner, l'embrasser sur le front et ne cherchait même pas à lui faire tout dire. Elle avait encore des choses bien cachées en elle. Elle venait de dévoiler qu'elle avait une sœur, qu'elle aimait Vikram... Des choses que personne ne sait quasiment car elle voulait gommer cette partie de sa vie. La bagarre dans le métro n'avait pas apaisé ses pleurs et ses rechutes ans la tristesse, elle avait eu peur pour son ami et s'en voulait d'avoir malgré elle provoquer cette bagarre. Elle trouvait son attention au restaurant touchante même si elle n'en avait pas besoin. « T'as pas à te faire pardonner. C’est de ma faute ce coup si, je suis trop belle écoute. » admit-elle en souriant légèrement. Heureusement ce restaurant avait été super, bons plats, bonne ambiance, jolie déco. Le bonheur quoi, et les deux amis s'étaient rapprochés avant de retourner à l'hôtel pour dormir ensemble malgré eux.