« Les garçons dépêchez vous s’il vous plait on va être en retard après ! » Tous les samedis matins, c’était la même galère. Les jumeaux peinaient à sortir de leurs lits et Kaecy passait son temps à leur de dire de se dépêcher. Mais d’un autre côté, c’était eux qui avaient décidé de commencer des cours de piscine, et vu le prix que ça coutait, il était hors de question pour Kaecy qu’ils en loupent un seul. Et puis, il fallait qu’ils commencent à grandir un peu et à arrêter de faire des choses seulement par caprices ou pour les tourner en bourrique, Elio et elle. Quelques minutes plus tard, ils avaient fini leur petit-déjeuner et dans la demi-heure, Kaecy pouvait enfin les déposer à la piscine. « Je viendrai vous chercher à la fin du cours, et n’oubliez pas de prendre une douche surtout ! » Ils l’écoutaient à peine, à déjà courir se changer, ce qui la fit sourire. Une fois de retour dans la voiture, Kaecy alluma le contact, mais hésita avant de prendre la route de l’appartement. Ca faisait des jours qu’elle voulait se laisser guider par son instinct, mais à chaque fois elle se retenait. Après tout, ce n’étaient pas ses histoires et ils faisaient ce qu’ils voulaient. Mais ce qu’elle ne comprenait pas, c’était la réaction qu’avait eu Elio. Et elle savait qu’il ne lui en parlerait pas, même si elle l’amenait sur cette voie là. Alors forcément, Heidi était une meilleure solution pour avoir des réponses. Elle appuya alors sur l’accélérateur, direction le centre de créations d’Heidi. Ca faisait un bon moment qu’elle n’était pas passé là-bas, qui plus est, voir où le travail de son amie en était. Elle ne m’y pas longtemps avant de l’atteindre et ce fut une de ses employées qui l’accueillit. Kaecy lui indiqua qu’elle était venue voir Heidi et la jeune femme partit la chercher. « Kaecy ? » La jeune femme releva la tête en entendant son nom, et elle rendit rapidement le sourire qu’Heidi avait sur son visage. « Qu’est-ce qui t’amène ici ? » Kaecy lui rendit rapidement son étreinte. Elle ne s’en était pas vraiment rendu comptes, ayant l’impression qu’elle était quand même là tout le temps - et elle n’avait pas totalement tord, vu qu’apparemment elle passait plus souvent qu’elle ne le pensait à l’appartement. « En tous les cas, ça fait du bien de te voir. Tu as quelques minutes pour rester, boire un café ? J’ai l’impression que ça fait une éternité qu’on s’est vues toutes les deux » « C’est justement pour ça que je suis passée, ça fait beaucoup trop longtemps qu’on s’est pas vues. Et puis, les jumeaux sont à la piscine alors oui, j’ai largement quelques minutes pour un café. Ca fera pas de mal en plus ! » Parcourant la pièce du regard, Kaecy ne put s’empêcher d’être impressionnée. La dernière fois qu’elle était venue ici, Heidi venait juste d’ouvrir et cette pièce était beaucoup moins vivante qu’elle ne pouvait l’être désormais. « Je vois que tu n’as pas chaumé ! C’est magnifique ce qu’on peut voir là, Heidi ! » Son amie revint avec deux cafés en mains et lui indiqua rapidement deux fauteuils un peu excentrés de la pièce où elles seraient plus à l’aise pour discuter. Kaecy enleva rapidement sa veste, il faisait bon à l’intérieur. « Je t’aurais bien dit de passer à la maison, mais comme je sais que nos horaires s’accordent jamais, c’était plus simple de passer directement ici pour te voir. » Elle lui fit un petit sourire. Elle ne voulait pas lancer un sujet qui pourrait fâcher de suite. Après tout, Kaecy était réellement contente de voir Heidi, car elle restait une personne très proche d’elle même si elles avaient été plus ou moins brouillées pendant un temps.

« La piscine ? Il n’a qu’à espérer que ça les fatiguera un peu » Kaecy eut un petit rire. « Si seulement ça pouvait marcher, malheureusement c’est pas encore ça ! Mais ça leur fait un peu les pieds. » Il en fallait davantage aux jumeaux pour qu’ils soient réellement calmés. Et en général, ça ne durait qu’un temps puisqu’ils récupéraient très vite leurs forces - malheureusement pour Elio et elle surtout. Mais c’était aussi pour ça qu’ils étaient si attachants, ils étaient tellement plein de vie que ça redonnait parfois même de l’énergie à Kaecy - jusqu’au moment où elle les envoyait dans leur chambre à être trop énergiques justement. Heidi lui expliqua rapidement par la suite son parcours pour arriver au résultat final de sa boutique, et elle avait cette petite étincelle qui faisait chaud au coeur quand elle en parlait. Kaecy était heureuse qu’elle ait pu finaliser son projet, et même si travailler avec elle lui manquait parfois - surtout pour les petites poses potins et cafés, il fallait avouer -, ça se voyait directement qu’elle était plus épanouie ici. « Tiens, on va s’installer là » Kaecy et Heidi s’assirent confortablement dans les fauteuils, cafés à la main. La jeune femme notifia ensuite à son amie qu’elle lui aurait bien dit de passer chez elle, mais que ça n’aurait été que partie remise avec leurs horaires ne s’accordant pas. Kaecy voulait aussi, en posant cette question, voir la réaction qu’aurait Heidi. Est-ce que le fait qu’elle lui dise de passer à l’appartement, après le presque-incident qui s’était déroulé pas plus tard qu’une dizaine de jours plus tôt, l’aurait-elle fait détourner le regard ? Mais sur le moment, rien de se passa. Elle se dit alors qu’elle n’avait peut-être pas saisi la profondeur de sa phrase, mais que c’était pas très important. De toutes façons, Kaecy savait qu’elle pourrait aborder le sujet directement avec elle - en y mettant les formes tout de même, elle ne savait pas comment Heidi pourrait réagir. « De toute façon, avec Elio, vu comme c’est compliqué en ce moment, je pense qu’il vaut mieux se voir en terrain neutre » Un petit sourire se glissa alors sur le visage de Kaecy. Elle savait que les choses n’étaient pas forcément au beau fixe entre eux depuis qu’Heidi était revenue à Brisbane, mais elle était aussi indirectement au courant qu’ils se revoyaient plutôt régulièrement ses derniers temps. Ouvrant alors son sac à main, elle hésita quelques secondes avant de prendre la parole. « En parlant d’Elio et toi… » Elle en sortit un petit sac, contenant un débardeur qu’Heidi avait oublié chez eux, ce fameux soir justement. Il avait atterri sous un des meubles de la salle de bain, et Kaecy l’avait retrouvé le lendemain en rangeant les affaires des jumeaux après leurs douches. Bien sûr, elle n’avait rien dit à Elio, car elle savait que ce n’était pas par lui qu’elle obtiendrait des informations. « Il est propre, je l’ai passé à la machine à laver cette semaine. » Le sourire qu’abordait Kaecy maintenant était tendre. En effet, elle n’en voulait pas à Heidi, pour quoi que ce soit. S’il y avait une personne à qui elle devrait éventuellement en vouloir pour ne pas avoir été mise au courant de ce changement de situation, après c’était Elio. Ils vivaient ensemble dans le même apparement, et il est vrai qu’elle aurait apprécié savoir qu’Heidi s’y était trouvée plus d’une fois pendant son absence - ou non -, même si le jeune homme ne voulait pas la mettre au courant de la nature de leur relation. « Avant que tu te poses la question du comment je sais, ton sac à main était dans le salon quand je suis rentrée et j’ai senti ton parfum dans l’appartement. L’avantage d’être sourde, c’est que mes autres sens fonctionnent bien. » Elle s’était adressée sur un ton un peu joueur. Elle voulait surtout qu’Heidi comprenne qu’il ne fallait pas s’en vouloir, mais vu la tête que la jeune femme abordait maintenant, c’était l’effet de surprise qui frappait.

« Kaecy… » Le regard d’Heidi en disait long, et Kaecy balaya toute l’inquiétude et autre émotion plutôt négative qu’elle pouvait trouver dans le regard de son amie d’un petit sourire tendre. Parce-qu’après tout, rien qu’à la façon dont elle venait de prononcer son prénom, Kaecy savait qu’Heidi s’en voulait. Et elle n’était pas la pour la blamer, juste pour la prévenir que de toutes façons elle savait, et que ça ne servait plus de faire comme si de rien n’était. Le petit commentaire que rajouta Kaecy par la suite fit rire Heidi et l’atmosphère se détendit très rapidement. « Je suis vraiment soulagée de savoir que tu sais. J’imagine que les détails t’intéressent ? » Kaecy eut un petit rire. « Pas trop non plus, j’ai pas besoin de tout savoir je pense, mais je veux bien des explications oui. » Et alors Heidi se mit à lui raconter. A tout lui raconter, et Kaecy écoutait attentivement chaque scène que la jeune femme pouvait lui décrire. Le point sur lequel Kaecy fut étonnée, c’était que leur histoire prenait racines bien plus tôt qu’elle ne l’aurait pensé, lorsqu’ils n’étaient encore que de jeunes adultes en devenir. Elle s’était doutée à l’époque qu’Heidi éprouvait quelque-chose envers Elio - et elle ne pouvait pas lui en vouloir, ils avaient déjà des atouts très convaincants à l’époque qui faisait déjà lever les yeux au ciel à Kaecy lorsqu’elle voyait ses filles papillonner autour de lui -, mais elle n’aurait pas pensé que ça puisse perdurer et que ce fusse réciproque déjà à l’époque. « En fait, ça me fatigue. Parce que d’un côté quand on est ensemble parfois c’est vraiment merveilleux. Et puis après on gâche tout, à chaque fois. J’ai l’impression qu’il a honte de ce qu’il ressent. Quand on fait un pas en avant, le lendemain, il en fait trois en arrière. C’est pesant. Vraiment. Je suis totalement perdue à cause de lui » Reposant sa tasse de café maintenant vide, Kaecy eut un nouveau petit sourire tendre. « C’est normal que ça te fatigue: il est fatiguant. Je suis étonnée que tu n’aies pas déjà eu envie de l’emplafonner quelque-part. Ca pourrait lui faire du bien d’ailleurs, que ça vienne de quelqu’un comme toi. » Sous entendu quelqu’un pour qui il pouvait ressentir quelque-chose et qui pourrait le faire douter un peu. Kaecy vint ensuite prendre doucement le visage d’Heidi entre ses mains, l’observant attentivement. « Mais te laisse pas bouffer par lui. Il a toujours gardé ce côté enfantin sur ce qu’il ressent, mais je suis sure que ça doit lui faire du bien de t’avoir dans sa vie ces derniers temps. » Elle fit un petit sourire avant de lâcher le visage d’Heidi. Etonnement, elle prenait l’histoire de l’aventure entre Heidi et Elio vraiment bien. Même, ça faisait du bien d’imaginer qu’ils puissent s’être trouvés au milieu de toutes les merdes qui avaient pu leur arriver ces dernières années. Ca ne pouvait, normalement, leur faire que du bien. Kaecy finit cependant par prendre un visage plus sérieux, plissant légèrement les yeux, ne laissant pas tomber son travail d’observation de la jeune femme. « Et toi, tu voudrais quoi pour vous ? T’en es où dans ta tête ? Dans ton coeur ? » Elle avait eu quelques fractions de secondes d’hésitation avant de poser la dernière question, car elle ne savait pas à quel point Heidi était tombée sous le charme d’Elio - mais vu comment elle en parlait, ça ne pouvait que prévoir quelque-chose de bien plus ancré que prévu.

Un petit silence s’était rapidement installé entre les deux jeunes femmes, après que Kaecy eut posé sa question. Elle espérant qu’Heidi en était à un point où elle pourrait autant se confier sur sa relation avec Elio - après tout, c’était la première fois qu’elle lui en parlait, elle pourrait tout à fait se braquer. « Je t’avoue que c’est un peu confus dans ma tête, à moi aussi. Je ne suis pas certaine de savoir ce que je veux vraiment, par contre je sais exactement ce que je ne veux pas. Et je ne veux pas d’une relation où l’on doit se cacher, mentir à nos proches uniquement parce qu’on a peur. Je suis pas sûre que lui et moi ça soit du solide, du sérieux, que ça puisse durer dans le temps, mais j’aurai été d’avis d’essayer, de voir au jour le jour, mais sans mentir à tout le monde et à nous-même. » Kaecy eut un petit sourire. A vrai dire, elle ne pouvait s’empêcher de directement s’imaginer des repas de famille, comme elle les appelait - même si Elio, les jumeaux et elle n’étaient pas une vraie famille -, où Heidi viendrait se joindre comme si de rien n’était, comme si tout était normal dans le meilleur des mondes. Et rien que d’imaginer ça, à Kaecy, ça lui faisait du bien. Elle s’était beaucoup inquiétée pour Elio. Elle s’inquiétait toujours, pour sûr, mais il avait eu une période où Kaecy en était arrivée à ne plus dormir la nuit pour être sur que lui puisse trouver le sommeil. A surveiller ses faits et gestes pour être sûre que tout allait de mieux en mieux, et justement qu’il ne se laissait plus trop aller sur cette pente glissante. Syrah avait définitivement brisé quelque-chose en lui, elle le sentait. Et savoir que ça pourrait être Heidi, la personne qui viendrait panser les plaies, ça lui redonnait du baume au coeur. « C’est déjà assez sérieux pour que tu finisses par m’en parler. Et puis, assez aussi pour qu’il retrouve un peu le sourire. » Et Dieu merci, c’était Heidi qui était responsable de ce sourire. « Par contre, j’ai un peu peur que toute cette histoire de mensonges ait sérieusement gâché nos chances de pouvoir tenter réellement quelque chose. » Finissant d’une grande gorgée sa tasse de café qui commençait à refroidir, Kaecy fronça légèrement les sourcils. « D’autres personnes n’étaient pas au courant ? Parce-que sinon, ça ne va rien changer. Enfin, je veux dire, si ça va changer des choses mais de mon côté ça ne changera pas le fait que je sois heureuse pour vous. » Parce-que pour Kaecy, le mensonge s’arrêtait au fait qu’Elio et Heidi n’aient pas voulu dévoiler leur relation jusque maintenant. Elle pensait que c’était juste pour tenter, pour être sûrs, une petite amourette en développement. Elle ne se doutait pas pour le moment qu’il y avait beaucoup plus derrière tout ça - et elle allait le savoir assez rapidement. Heidi finit par rebondir sur la conversation en changeant tout à fait de sujet. « Mais assez parlé de moi ! Tu en es où toi ? Tu as des nouvelles de ce bel italien ? » Avec un petit rire, Kaecy finit par secouer la tête, levant les yeux au ciel. Vittorio. Bordel, même quand elle essayait de ne pas y penser, il finissait par revenir sur le tapis, redevenir le sujet de conversation. Il avait vraiment un don, même à distance, pour venir la faire chier. « Au risque de te décevoir, non, aucune nouvelle. Il pourrait être n’importe où dans le monde, même ici à Brisbane, que j’en saurais rien. Il ne m’a toujours pas donné de nouvelles depuis que je suis rentrée de Rome. Et… Je sais pas, des fois je me dis que c’est mieux comme ça et que s’il avait vraiment voulu de mes nouvelles, il en aurait pris depuis longtemps. » Elle fit une petite moue. « C’est dommage, tu le verrais en vrai, Heidi, t’aurais envie d’en manger un bout aussi. »

« Kaecy, personne n’est au courant. C’est justement ça le problème, on n’est pas réellement ensemble parce que tout ce qui nous concerne tous les deux est toujours tu. Je suis sa maîtresse cachée, alors qu’il n’est même pas en couple… Quand on est partis pour Paris il y a quelques temps, j’ai dû faire croire à Matteo et à ma mère que j’y allais seule. » Sur le moment, Kaecy ne fit pas réellement attention à l’information que Heidi venait de lui donner, et puis cette dernière enchaina sur un sujet qui avait toujours fait tourner la tête à Kaecy: Vittorio. Alors forcément, sur le moment, à en parler ses pensées partirent vers le jeune homme et comment elle n’avait aucune nouvelle de lui depuis qu’elle avait quitté l’Italie. Elle s’en mordait les doigts, parfois, parce-qu’elle avait vraiment passé de bons moments avec lui, elle était vraiment bien avec lui quand elle était en Italie. Mais elle ne regretterait jamais son choix d’avoir fait passer Elio avant ses sentiments - quand elle regardait sa vie aujourd’hui, elle était à cent-pour-cent sure de ça. Elle ferait tout pour Elio de toutes façons, ça avait toujours été comme ça. « Et si tu prenais les devants en lui envoyant toi-même un message ? Parce que j’ai cru comprendre qu’il valait le détour, non ? » Kaecy eut un petit rire avant de confirmer à Heidi que, oui, il en valait vraiment le détour. Même si c’était une vraie tête à claques - mais qu’il l’avait fait plus rire et sourire que n’importe quel autre homme - il était plus que charmant; et il savait en jouer le petit con surtout. « Et bien raison de plus de prendre toi-même les devants non ? Regard ce que ça donne quand on laisse les hommes gérer les choses. » Kaecy secoua la tête, demi-sourire aux lèvres. « Pense tu, je l’ai déjà fait. Lorsque je suis revenue en Australie, quand… Pour Leah, j’ai tenté de reprendre directement contact avec lui. Des mails et des mails auxquels il n’a jamais répondu. Et bon, avec la situation ici ce n’était pas le moment de me permettre un aller-retour en Italie. C’est comme Paris, c’est pas la porte d’à côté… » Kaecy s’arrêta de parler, fronçant légèrement les sourcils. Paris. C’était comme si son cerveau analysait la conversation, mais à contre courant. Comme si certaines choses, certains détails se mettaient en place dans sa tête pour qu’elle puisse comprendre toute la situation - mais à retardement. Elle leva le regard vers Heidi, les sourcils toujours froncés. « Attends, tu disais quoi par rapport à Paris tout à l’heure ? Enfin, là, y’a quelques instants ? » Comme si elle avait besoin que la jeune femme lui répète la phrase pour être sûre désormais d’avoir bien entendu. Parce-qu’elle ne voulait surtout pas y croire. D’accord, il n’avait pas voulu lui avouer le moindre détail sur sa liaison avec Heidi. Kaecy était au courant maintenant, même si elle aurait préféré que ce soit lui qui lui en parle, mais soit, passons. Sauf que cet élément était nouveau et ne faisait pas partie des pièces du puzzle qui rentrait dans le grand tableau. « Paris c’était… Avec toi alors ? » Elle ferma les yeux, secouant la tête. C’était comme si son coeur s’était de nouveau brisé lorsque son cerveau avait fini par comprendre la phrase d’Heidi. Bordel. Il s’était, en fait, beaucoup plus foutu de sa gueule qu’elle n’aurait voulu le croire. Kaecy se retint sérieusement de ne pas verser une petite larme, parce-que la situation n’avait jamais été autant délicate. Bien qu’elle n’en voulait pas à Heidi, elle ressentait très clairement cette espèce de colère monter en elle, en réaction aux paroles de la jeune femme. Sauf que ce sentiment, cette émotion était censée être dirigée vers la tiers personne de l’histoire, personne d’autre qu’Elio. Qui n’était jamais là quand il fallait, il fallait croire. « Je… Ne sais même plus quoi dire. » Elle finit par secouer la tête tout en ouvrant de nouveau les yeux. Elle regard Heidi, lui faisait un demi-petit sourire triste. « Je vais y aller. Les jumeaux vont attendre après moi sinon. » Il restait du temps, certes, mais Kaecy avait surtout besoin de prendre l’air et d’être seule. Couper ses oreilles et se laisser aller dans les rues de Brisbane, perdue dans ses pensées, comme elle le faisait dès que quelque-chose n’allait pas ou qu’elle avait besoin de réfléchir - les deux étaient à l’honneur aujourd’hui. « Merci pour le café… Je t’appelle plus tard, ok ? » Elle avait tenté de garder bonne figure et surtout de ne pas trop brusquer Heidi. La jeune femme n’y était pour rien, au contraire, elle était celle qui apportait le positif dans cette histoire, celle qui osait enfin véritablement lui parler. Ce n’était pas beaucoup demandé pourtant. Kaecy finit par sortir de la boutique, le soleil venant réchauffer sa peau et le vent venant lui fouetter le visage, comme tentant de balayer tous le problèmes qui venaient de s’ajouter à la liste du jour.