Depuis mon trône et malgré ma couronne, il me reste trois maîtres ; mon Dieu, mon Roi et ma Princesse. Celle qui s’est imposée comme détentrice de mon cœur et de mon âme. Je ne peux pas supporter que nous nous quittions de cette manière la veille de notre mariage, il n’est pas question que notre union débute ainsi. Je dois faire comprendre à Grace que nous ne devons pas être conventionnels. Nos deux parcours ne le sont pas, notre manière d’accéder à ces titres ne l’est pas, alors rien ne le sera jamais. La jeune femme n’a pas à être comme n’importe quelle princesse qui se tait, se fait belle et enfante tous les ans. Elle a bien trop d’esprit pour être gâchée de cette manière, et un esprit des plus agréables. Elle a toujours su me tenir tête, me remettre à ma place, et je n’ai jamais été particulièrement humble. Pour certains les expériences et l’adversité les forcent à mettre leur vie en perspective ; chez moi, tout ce que j’ai été capable de surmonter a nourri ma fierté et m’a permis de croire en ma force. Une force qui n’est plus grand-chose lorsque je suis à genoux devant ma promise à l’implorer ainsi. Elle est la seule en qui je pourrai avoir confiance en toutes circonstances. Elle sera toujours mon point de repère, mon phare dans la nuit. L’expression de ma belle s’est radoucie alors qu’elle caresse tendrement ma joue. Chacun a sa promesse à faire la veille de notre mariage, comme des premiers vœux secrets avant l’heure, des vœux que nous ne pouvons dire à personne. Elle concède, entre les lignes, à tenir la promesse que je lui ai demandé de me faire. Je lui souris, plein de gratitude, soulagé. "Merci." Chaque minute de chaque jour, Grace ne fait que démontrer qu'elle est l'amour de ma vie, la femme qui a été mise sur cette terre pour moi. La seule et unique. Mise sur mon chemin pour être ma princesse, pour me comprendre et me compléter. Je réponds à ses baisers, ses sourires tendres, ses regards plein d'amour. « Je ne vous dérangerai jamais avec de la politique, vous détestez ça. » dis-je avec un petit rire. Non, elle sera mon ambassadrice auprès du peuple, c'est une tâche dans laquelle elle excellera. Maintenant qu'elle s'est installée sur mes cuisses, je peux la serrer contre moi fermement. Ma main traîne toujours sur son ventre. « Je vous aime aussi. » Alors à mon tour je dois promettre. Promettre de ne jamais m'oublier au profit de ma vengeance, de mon souhait d'avoir justice. Je ne peux tout simplement pas laisser un voleur s'en sortir aussi bien, et si je ne dois jamais avoir la couronne qui me revient, alors je mettrai son possesseur à ma merci, sous ma botte. Grace, loin d'être aveugle, a perçu cette volonté en moi. Je ne resterai pas humilié. Ce n'est pas que pour moi, plus maintenant ; c'est pour nous, pour les enfants que nous aurons. Je ne sais pas si la grandeur est une folie qui peut m’emporter, je suppose que oui, comme tout homme. Elle peut sûrement me faire oublier qui je suis, perdre mes valeurs, et me changer du tout au tout pour m'éloigner de celui que j'étais quand Grace est tombée amoureuse de moi. « Et si je l’oublie, rappelez-le-moi. » Ainsi elle tiendra sa promesse, et moi la mienne. Un pacte est scellé dans un baiser langoureux. Il peut l'être également dans une nuit d'amour. « Je ne sais pas, nous devrions peut-être nous préserver pour demain soir. » je réponds avec un rictus malicieux au coin des lèvres. Mais la manière dont Grace me regarde et me retire ma veste doucement fait comprendre que le refus ne sera pas une réponse acceptée. « Bon, d’accord… » je murmure avec un sourire avant que Grace n’attrape ma chemise et mon dessous pour les faire passer par-dessus mes bras et ainsi libérer le haut de mon corps de tout vêtement. J’en fais de même avec elle et lui ôte sa robe de nuit furtivement, ne voulant pas interrompre trop longtemps notre baiser. Ses jambes autour de moi, je me relève en la soulevant du sol, fait quelques pas et la dépose sur le lit. Je récupère ses lèvres dans la seconde alors que son buste se colle au mien, me faisant soupirer d’envie.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Au fond d'elle, Grace savait qu'elle était tout à fait capable d'avoir tout ce qu'elle désirait. Elle n'avait qu'à claquer les doigts, lui glisser un mot ou se déshabiller devant lui pour qu'il se mette à genoux et fasse tout son possible pour la convenir. On la traiterait d'opportuniste, certainement. On ne parle jamais de l'influence des femmes dans toutes ces histoires de politique. Aucun homme, à l'exception des homosexuels, ne pouvaient se passer de la chaleur d'une femme. Il n'y avait rien de plus agréable comme ivresse. Mais elle n'abuserait jamais de ce pouvoir-là, sauf si cela était indispensable. Celso ne cachait pas son soulagement en voyant sa belle à nouveau s'ouvrir à lui, à lui sourire et l'embrasser. Sa main était toujours déposée sur son ventre, qu'il caressait doucement. Grace se demandait s'il priait toujours pour qu'un enfant grandisse en son sein, ou s'il savait qu'il était peut-être déjà là et qu'il lui échangeait un quelconque geste d'affection. "Mais à qui vous adresserez-vous lorsque vous n'en pourrez plus de vos conseillers. Il se peut que je devienne très jalouse de cette personne, vous savez." dit-elle avec un petit rire. Grace que la soif de vengeance de son futur époux ne finisse par l'aveugler et le dévorer tout cru. Elle comprenait ses intentions, elle les avait comprises il y a bien longtemps. Mais il devait rester subtile, méticuleux dans le moindre de ses plans. A force d'alliance et de mariage, il deviendra un roi, peut-être même un empereur. Elle savait qu'il ne voulait pas cela que pour sa satisfaction personnelle. Il pourrait prolonger la dynastie Borgia et la faire entrer dans son âge d'or en possédant quasiment tout le bassin méditerranéen. Un futur assez prometteur pour les enfants que porteraient Grace si les intentions de Celso venaient à devenir réalité. "Vous pouvez compter sur moi, je ne me gênerai certainement pas pour vous remettre à votre place." dit-elle avec un sourire satisfait. C'était quelque chose qu'elle savait bien faire. Ayant soudainement envie de lui, elle réclama à ce qu'il lui fasse l'amour, la dernière fois en tant que simple amant. "Voyez plutôt ça comme des ébats préparatoires, pour la nuit que nous passerons demain soir." dit-elle tout bas, d'une voix suave. Elle lui retira sa veste, et Celso fit semblant de céder. La jeune femme finit par retirer tout ce qui recouvrait son torse alors que lui la débarrassa déjà de sa robe de chambre. Il la porta sans mal jusqu'au lit, où il se plaça entre ses jambes pour récupérer ses lèvres au plus vite. Elle inversa leur position pour qu'elle se retrouve sur lui. Cela lui laissait le loisir d'admirer le torse bien bâti de son prince. "Je suppose que vos précédentes conquêtes ne cessaient de compliment votre physique." dit-elle en passant délicatement ses doigts sur sa peau. Elle se repencha sensuellement sur lui. "Elles ont bien raison." Elle lui mordilla l'oreille et l'embrassa dans le cou. "Je suis presque sûre que certaines d'entre elles vont venir par ici dans l'espoir que vous leur accordiez quelques faveurs. J'espère qu'elles ne viendront pas avec l'espoir de coucher avec vous. Elles pourraient être déçues." Grace savait qu'il était fidèle, et elle appréciait qu'il ne porte son attention que sur elle, et que ce soit purement réciproque. Ils pouvaient se faire confiance, leur fidélité était bien trop forte pour que qui ce soit ne puisse les tenter avec quoi que ce soit. Toujours à califourchon sur lui, la jeune femme retira sa chemise de nuit avant de l'embrasser amoureusement. Son bassin trahissait déjà largement l'envie qu'elle avait pour lui. Elle lui retira ensuite les derniers vêtements de son prince pour qu'ils soient totalement à nu. Il lui restait juste le collier offert à Tricarico et celui qu'il avait emprunté à Grace autour du cou. Elle était touchée qu'il tienne à le garder toujours si près de lui. Elle lui tira sur le bras afin qu'il se redresse. Grace le prit alors dans ses bras et réconquérit ses lèvres avec amour. Sentir ses mains caresser la peau de son dos la faisait frissonner, même soupirer de plaisir tant elle aimait ce contact.
« J'espère bien que vous serez jalouse. » dis-je avec un petit sourire mutin. C'est une preuve d'amour que j'accepte tout à fait. Je ne sais pas si je serai jaloux vis-à-vis de Grace, je ne l'ai jamais été pour qui que ce soit. Et avec mon premier amour, cela m'a causé bien des mauvaises surprises. Possessif, je le suis. Je tiens à ce qui est à moi et je n'aime pas que l'on s'en approche de trop près, mais il y a une nuance avec la jalousie. L'on est jaloux lorsque l'on a peur de perdre quelque chose, qu'une personne nous échappe. Alors que l'évidence est telle entre la Lady et moi que je ne sais pas si j'aurai un jour la crainte qu'elle me tourne le dos ou me trompe. Avec qui, pourquoi faire ? Honnêtement, ce serait une folie inexplicable de sa part. Nous sommes heureux ensemble, nous sommes faits l'un pour l'autre, et ma confiance en elle, dans cette conviction, est totale. Elle n'aura ce que nous avons avec personne d'autre, alors il n'y a aucune raison qu'elle se détourne de moi. Tout comme je n'ai plus aucune raison de chercher à assouvir ma soif avec d'autres femmes ; j'ai là tout ce dont j'ai besoin, plus d'affection que ce qu'une centaine de demoiselles pourraient me donner, quand elles m'en donnaient. Je suis comblé, corps et âme. Alors quand Grace évoque ces conquêtes passées, je souris comme si nous parlions d'un temps bien plus lointain que cela n'est le cas. Ses doigts fins glissent sur mon torse, tout comme ses yeux bleus en regardent les détails. Des compliments, je n'ai eu que cela. Parfois ils étaient mon seul paiement. « Ca leur arrivait, oui. » je réponds donc avec ironie. La jeune femme se penche à mon oreille ; mes dents s’abattent sur ma lèvre inférieure lorsque les siennes s'attaquent au lobe de mon oreille, son souffle chaud venant frôler mon cou et m'arracher un frisson. Je doute que l'on fasse le voyage jusqu'au bout du sud de l'Italie pour venir me voir et réclamer mes faveurs. Surtout pour celles qui les ont déjà eues sans avoir la difficulté de soudoyer un Prince, elles n'ont plus qu'à caresser leurs ego avec cette information désormais. Et les jeunes femmes au sein même de la cour pourraient-elles tenter une approche ? C'est une chose qui n'est pas encore arrivée et laquelle je n'avais pas songé. « Pensez-vous ? Est-ce que tout monarque ne se doit pas d'avoir une ou plusieurs maîtresses ? » je demande en arquant un sourcil, faussement sérieux. Je ris légèrement en me redressant assis, sous l'impulsion de Grace. Je l'embrasse avec ardeur, cherche et trouve sa langue que je caresse délicatement, les mains saisissant son dos, ses reins, ses fesses, ses cuisses. « Aucune ne pourra me satisfaire autant que vous. » je murmure au bord des lèvres de ma promise. Et j'imagine que cela est un statut particulier, d'être celle qui suffit à celui qui n'a jamais été rassasié. Dire que ce n'est qu'une infime partie de son emprise sur moi… Nus l'un contre l'autre, nous poursuivons nos caresses de longues minutes. Les baisers se multiplient dans le cou, sur les épaules, les touchers s'infiltrent sur chaque parcelle de nos corps. Et pour rendre le moment plus parfait, Grace se surélève juste assez pour que je puisse introduire ma virilité en elle ; elle se laisse glisser dessus lentement pendant qu'un long soupir s'échappe de ma gorge. Au moment où la distance est nulle entre nos deux êtres, un léger gémissement s'infiltre également dans l'air. Avant que les mouvements débutent, lents et tendres, je dépose quelques délicats baisers le long du cou de Grace, remontant jusqu'à son oreille pour y susurrer ; « J'aime tellement être au plus près de toi. » Dans cette houle, son êtres démontrent à nouveau toute leur symbiose, chaque ondulation semble parfaitement coordonnée. Mon regard planté dans le sien, j'admire ses yeux bleus à l'éclat vitreux, brillants de désir. J'embrasse ses pommettes embrasées par les vagues de plaisir. Une main glissée dans ses cheveux, j'en serre les mèches blondes dès qu'un frisson remonte le long de mon échine. Je ne me lasse pas de l'admirer en soupirant à chaque va-et-vient, ni d'avaler son souffle chaud. J'inverse finalement nos positions, allongeant Grace sur le lit pour mieux me plonger entre ses jambes, réduire toujours plus l'espace nous séparant. Sans avoir besoin d'être rapides, les mouvements se font plus puissants. Au bord de ses lèvres, je cueille ses gémissements. Prisonnier de ses bras, je devine le plaisir s'infiltrant dans ses muscles, et qui s'infiltre également dans les miens. Le corps de plus en plus chaud, je pose mon front fiévreux sur celui de la jeune femme. Je devine sur son visage, à travers mes paupières entrouvertes, le plaisir sur son visage d'ange. Ses jambes se resserrent, me demandent un peu plus. Au bord de ses lèvres, je devine mon nom. Le sien se glisse dans un de mes soupirs. Au rythme de mon coeur frénétique, la cadence s'accélère cette fois, et les râles se multiplient. Je peux de moins en moins contenir cette volupté qui ne demande qu'à inonder mon esprit. Je crois d'ailleurs qu'il est le premier à craquer, et s'en suit mon corps qui ne résiste pas à cette jouissance. Alors que Grace libère un cri de plaisir, ses doigts plantés dans mon dos, je viens en elle. La houle cesse doucement, comme des vagues retrouvant leur calme après la marée, jusqu'à ce que nous ne bougions plus. Haletant, le pouce frôlant sa joue porcelaine, je lui souris.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Celso était un bel homme. Il tapait dans l'oeil de n'importe quelle femme, à n'en pas douter. Il n'était pas difficile de comprendre l'aisance et la facilité qu'il avait pour qu'une femme l'invite dans son lit pour une nuit de plaisir, sans lendemain. Il admettait qu'on le complimentait. Des femmes plus âgés devaient être satisfaites d'avoir un si bel Apollon sous ses draps. "Si vous comptez prendre la moindre maîtresse, ou même plusieurs, vous pouvez tirer un trait à ce que j'accepte que vous partagiez mon lit." lui répondit-elle. "D'ailleurs, je pense même que je refuserai le moindre contact physique de votre part." Et le prince devait savoir que sa douce en était parfaitement capable et qu'il ne valait pas mieux plaisanter avec genre de choses. Elle aussi, était possessive, surtout le concernant. Il répondit amoureusement à son baiser, lui assurant ensuite qu'il n'y aurait aucune femme qui puisse lui procurer autant de plaisir que sa princesse. "J'espère bien." dit-elle avec un large sourire au bord de ses lèvres. "Et je compte bien garder ce rôle là pour toujours." lui assura-t-elle pour toujours. Il suffisait à Celso de plonger son regard dans celui de Grace pour savoir qu'elle pensait la même chose le concernant. Qu'il n'y avait que lui qui comptait et qui parvenait à la satisfaire comme il se doit. Il s'embrassaient ensuite longuement. Ce n'était que des gestes tendres, des caresses. Tous leurs gestes concordaient, rendant le tout particulièrement symbiotiques. Elle adorait sentir les mains de Celso sur elle, à effleurer inlassablement son épiderme. Ses doigts frôlaient parfois son dos, où caressaient délicatement l'un de ses seins pendant que sa bouche continuait de chérir tout ce qu'il y avait à portée. Grace se redressa alors légèrement afin qu'il puisse venir doucement en elle, un plaisir commun et bien partagé avec un long soupir de satisfaction. Elle fermait les yeux en entendant ses murmures près de son oreille. Elle nota que c'était la première fois qu'il la tutoyait. Le rapprochement se faisait alors aussi par les mots. "Et j'aime te sentir en moi." répondit-elle tout bas spontanément, réalisant juste après qu'elle l'avait également tutoyé. Grace commença alors ses mouvements de rein qui faisaient à chaque fois fondre Celso comme neige au soleil. Celso continuait de l'embrasser de toute part, jusqu'à ce qu'il décide d'échanger leur position en allongeant délicatement sa belle sur le lit. Elle devinait que chaque coup de rein cherchait à être de plus en plus en elle, comme pour atteindre cet idéal, et endroit où ils ne feraient plus qu'un l'espace d'une seconde. Et à chaque fois, les gémissements de la jeune femme se faisaient de plus en plus intenses. Son corps répondait à ce plaisir procuré comme il le pouvant, en contractant ses muscles. Ainsi, ses jambes emprisonnèrent le corps de son amant alors que celui-ci accélérait de plus en plus la cadence. Son regard se mettait presque à le supplier de l'emmener jusqu'à cette phase de volupté. Elle sentait qu'il accélérait encore en entendant son nom sortir discrètement entre les lèvres de la jeune femme. Elle planta alors ses ongles dans la chair de son dos pendant son orgasme, et les spasmes de Grace eurent raison de lui, atteignant cette phase juste après elle. Il faisait encore quelques mouvements de rein, en decrescendo, jusqu'à ce qu'il arrête. Ils s'échangeaient des regards tendres. Sereine, elle le regardait avec tendresse. Un long moment de contemplation et de légères caresses. Ses doigts frôlaient doucement le dos qu'elle venait de blesser avec ses ongles. Et lorsqu'il comptait se retirer d'elle, elle effectua une légère pression au niveau de ses lombaires. "Restez encore un peu." lui chuchota-t-elle au bord de ses lèvres. "Reste encore au plus près de moi." Avant qu'il ne faille redescendre sur terre, songer à se revêtir et à s'endormir dans les bras de l'un l'autre. Ce qu'ils firent quelques minutes plus tard.
C'était la main de Jane sur son bras qui la réveilla, c'était assez matinal. Celso avait déjà quitté ses appartements. Ils avaient chacun à se préparer de son côté, ce n'était pas rien. On ressentait déjà l'effervescence dans tout le château, peut-être même dans tout Squillace. Et Jane ne cachait pas son impatience, elle était déjà toute vêtue pour le mariage. Elle semblait avoir hâte d'aider la Comtesse à se préparer. "Vous allez être si belle, Lady Grace." dit-elle à maintes reprises. Elle l'aida à l'habiller de sa robe de couleur blanche et perle. Il y avait au niveau de sa taille et de ses manches des broderies de couleurs or et rouges. Il y avait un discret rappel de ces couleurs sur le bas de sa robe. On y avait incrusté du grenat et des rubis au niveau du col. Jane peigna longuement ses cheveux pour les dresser en un chignon impeccable. Tous ses bijoux étaient ornés de perles, de diamant et de rubis. La future princesse était un petit peu nerveuse, elle n'avait guère d'appétit. Mais il y avait en même temps cette immense impatience que de s'unir à Celso, enfin. L'enthousiasme de Jane lui faisait oublier sa nervosité. Dès qu'elle voyait sa maîtresse avec ses boucles d'oreille en plus, ou son collier, ou son discret bijou de tête que se mêlait à ses nattes dans son chignon, elle esquissait un sourire de satisfaction. Si elle le pouvait, elle sauterait certainement sur place.
La nuit est courte, et la nervosité suffit à m’éveiller à l’aube. Je quitte le lit de ma belle sans faire de bruit, récupère mes vêtements au sol et rejoins mes appartements d’un pas feutré. Puisque les valets de chambre ne sont pas encore debout, j’attends un instant l’heure à laquelle ils viennent toujours me lever. La surprise passe furtivement sur leurs visages en constatant que je suis déjà debout et vivace, puis ils se mettent immédiatement au travail. A une longue toilette sèche s’en suit l’habillage, et pour une fois je suis bien heureux de ne pas faire tout ceci moi-même ; ma nervosité est telle que j’aurais certainement tout fait de travers. Je suis un cauchemar pour les messieurs qui tentent de me préparer ; incapable de tenir en place, je leur file constamment entre les doigts jusqu’à ce que le plus âgé d’entre eux ne m’attrape par les épaules pour me sermonner comme un enfant. Alors je ne bouge plus d’un pouce jusqu’à ce que tous aient terminé leur œuvre. L’on me fait arborer un ensemble beige aux détails dorés, les manches amples et le col haut. Par-dessus, une grande cape rouge ornée d’arabesques brodées en or, et aux pieds, des souliers blancs. Seul un large plastron incrusté de rubis m’est attaché d’une épaule à l’autre. Anatoli s’invite dans la chambre pour ajuster affectueusement quelques détails ici et là, sachant que cela satisferait et rassurerait le perfectionniste que je suis parfois. Il me sourit confiant, puis m’invite à le suivre jusqu’à mon cabinet où un fleuriste local a disposé ses plus beaux spécimens afin que je puisse confectionner moi-même le bouquet de Grace –comme le veut la tradition. J’opte uniquement pour des couleurs chaudes ; roses, callas, millepertuis rouges, oranges, jaunes, et quelques fleurs de citrus pour la chance. Une fois l’arrangement parfait, un ruban en satin est noué. « Voilà un bien beau bouquet. » interrompt une voix féminine inconnue. Mon regard tombe sur une grande jeune femme, élancée, les cheveux sombres arrangés en un chignon compliqué, les yeux noisette. Un physique de famille qui se sait de bouche à oreille. « Signora Sforza. » Nous échangeons une révérence courtoise, puis une bise. « Merci d’être présente aujourd’hui. » « Je ne voulais pas rater cela, nous serons bientôt de la même famille après tout, et ce genre d’événement se vit en famille. » Elle a un joli sourire, une voix douce, un brin grave. Ses yeux brillent de beaucoup trop d’intelligence pour une noble. « Mais je vous laisse finir de vous préparer, je dois en faire de même. » La Sforza s’en va avec une dernière courbette. Pour ma part, je reprends où je m’étais arrêté et confie les fleurs à un servant qui les manipule avec le plus grand soin. « Portez le bouquet à la mariée, je vous prie. » Il s’exécute et file sur le champ rejoindre Grace dans ses appartements pour lui offrir la touche finale à sa tenue. Je remercie le fleuriste qui, avec l’aide de quelques hommes, range son étale et le rapporte à sa boutique. Son sourire laisse deviner la hâte qu’il a d’entendre les cloches sonner lorsque le mariage aura lieu. Par mesure de sécurité, la cérémonie se déroulera non pas à l’église, en ville, mais au château. Néanmoins, nous serons en extérieur, dans la cour ; la population ne pourra pas pénétrer dans l’enceinte et se tiendra à bonne distance, mais certains auront la chance d’y assister s’ils se frayent un chemin jusqu’au premier rang. L’enthousiasme n’en semble pas trop entaché. « Vous savez, peut-être que Lady Grace changera d’avis. » lance un des hommes qui m’entourent. « Peut-être qu’elle vous laissera seul devant le prêtre. » renchérit même Anatoli. Je souris en coin. Je sais que jusqu’au moment où la cérémonie aura débuté, tous les hommes de la Cour ont pour devoir de me décourager ou de me rendre jaloux. C’est bien le seul jour où il leur sera autorisé de voler un baiser à la future princesse. « Je suis sûr que non. » je réponds, confiant. Nous nous apprêtons à tous quitter le cabinet pour aller dans la cour, un servant nous ouvre la porte, et soudain une femme, fort imposante, nous barre la route. « Nooooo ! No no no no ! La principessa è nel corridoio, non devi vedere! » s’exclame-t-elle. Cela porterait malheur si je posais mon regard sur ma promise avant la cérémonie. Brusquement, elle referme la porte. « Grace ! » j’hurle à travers le bois en frappant dessus pour attirer son attention. Je colle mon oreille dessus pour entendre ses pas qui approchent, jusqu’à ce qu’elle soit juste de l’autre côté. « J’ai hâte de vous voir. » Elle doit être magnifique. Seulement quelques minutes nous séparent du moment où je la conduirai jusqu’au prête. A cette idée, mon cœur part au galop, euphorique. « Te amo. »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Grace se laissait pomponner. Lorsqu'elle pensait en avoir fini, il y avait juste un détail supplémentaire à ajouter, quelque chose à réajuster, le temps lui semblait être interminable. Elle savait que sa suivante était particulièrement perfectionniste, le moindre détail lui sautait aux yeux et devait être immédiatement réajusté. Elle finit par lui mettre un voile, épinglé à son chignon. Un servant toqua à la porte. Timidement, il s'approcha de la Comtesse avec un magnifique bouquet en main. Avec un large sourire, elle le prit délicatement entre ses doigts et remercia le garçon avant que celui-ci ne retourne dans les appartements de son maître. "Regardez ce magnifique bouquet, Jane." dit-elle à sa servante, au regard émerveillé. Un chapelet en main, elle fit quelques prières jusqu'à ce qu'on vienne lui annoncer qu'il était temps. Une dame, d'allure assez imposante, invita la princesse à sortir de sa chambre pour la guider. Elle prit suffisamment les devants pour éviter le moindre incident qui pourrait porter malheur ou préjudice. Si bien qu'elle dut claquer la porte au nez de Celso pour qu'il ne la voit pas avant la cérémonie. Cela ne l'empêcha pas d'y frapper de toutes ses forces en l'appelant. Elle confia le bouquet à Jane pour pouvoir s'approcher de la porte en riant. Elle colla son oreille contre le bois. "Je t'aime aussi." dit-elle de sa voix douce. Elle passa ses dents sur sa lèvre inférieure. Quelques femmes nobles avaient tenu à accompagner la princesse et anticiper avec la femme forte pour éviter tout désagrément. L'une d'entre elle sollicita Grace, lui faisant comprendre qu'il fallait y aller. Il y avait déjà bien du bruit à l'extérieur, on y ressentait aisément l'effervescence. On avait disposé des bancs sur lesquels les nobles, politiciens et prêtres pouvaient s'asseoir pour assister au plus près à la cérémonie. Encore une fois le ciel italien était sans le moindre nuage, et il ne faisait pas trop chaud, les températures étaient tout à fait supportables. On la conduisit jusqu'au niveau de l'entrée du château. Elle était encore à l'intérieur, mais il n'y avait que quelques pas à faire pour aller à l'extérieur, où tout le monde les attendait. On lui expliqua que Celso allait l'accompagner de là jusqu'à devant le prêtre. Les traditions étaient sensiblement différentes à celles qu'elle connaissait d'Angleterre. Jane réajusta une dernière fois son voile avant de se décider à rejoindre la place qui lui était dédiée à l'endroit où se trouvait la cérémonie. Grace patientait, tenant fermement son bouquet. Elle était nerveuse, mais avait très hâte de le voir dans ses plus beaux vêtements. Le bel homme apparut soudainement par une porte que Grace n'avait jamais remarqué. Il semblait surexcité, terriblement impatient. Il y eut comme un long moment de flottement entre eux, comme si cela faisait une éternité qu'ils ne s'étaient pas vus alors qu'ils avaient passé la nuit ensemble. Mais tout était si différent, à ce moment-là. Grace le trouvait encore plus beau qu'il ne l'était déjà. Ses yeux brillaient de joie, on devinait aisément qu'il était un homme comblé et qui n'attendait qu'à épouser la femme qu'il aimait pour être heureux à tout jamais. La jeune femme eut un léger moment d'absence, avant de redescendre un tant soit peu les pieds sur terre. Il restait son prince, et elle s'inclina légèrement devant lui. Des formalités dont on pouvait bien se passer, mais il fallait que tout soit en ordre, que tout soit parfait. Ainsi, personne ne pouvait contester quoi que ce soit de ce mariage - qui était aussi quelque part l'élévation de Grace au titre de princesse. Celso lui tendit délicatement sa main, afin d'être celui qui l'accompagnera devant l'autel, et celui qui l'accompagnera pendant toute sa vie. Elle posa délicatement sa main dans la sienne, et, sans se quitter du regard, ils commencèrent à marcher lentement. Grace sentait son coeur battre à toute allure. Elle le trouvait tellement beau, elle savait que c'était l'homme de sa vie. Selon Grace, ils arrivèrent tout de même bien plus vite que prévu devant l'homme religieux. Tout le monde s'était levé et s'inclinait devant le couple princier. Il n'y avait pas un seul regard mauvais, tous étaient admiratifs, souriants, satisfaits. Il y avait un choeur d'enfants dont leur voix faisait écho aux alentours. Chacun avait mis ses plus beaux vêtements, ses plus beaux bijoux pour ce grand jour de fête. La promise de Francesco était là. Du moins, Grace supposa que c'était elle puisqu'elle se tenait aux côtés du cousin de Celso. Nerveuse comme tout, Grace ne voulait pas trop lâcher la main de Celso à leur arrivée devant le prêtre. Celui-ci bénit toute l'assembler et invita le Prince et sa promise à s'abaisser en se posant sur les agenouilloirs prévus à cet effet.
De l’autre côté de la porte, j’entends les suivantes de Grace lui demander de reprendre son chemin. Lorsque j’entends ses pas s’éloigner, je me décolle de la porte. L’impatience est à son comble ; maintenant, je sais qu’elle est là, qu’elle m’attend. Je n’ai plus qu’à la rejoindre et la conduire devant l’autel. Et une fois que les premiers chants auront résonné, il n’y aura plus rien ni personne pour arrêter la machine. Puisque je ne peux voir la mariée avant le début de la cérémonie, l’on me conduit de porte en porte par des détours dont je ne me doutais même pas de l’existence pour enfin arriver au bout du couloir. « Elle est là. » confirme Anatoli en jetant un rapide coup d’œil par l’entrebâillure de la porte. Juste là, juste derrière. L’on me laisse ouvrir moi-même cette dernière porte qui nous sépare et rejoindre ma promise. Je garde le regard bas jusqu’à ce que je me trouve près d’elle. Alors mes yeux glissent de bas en haut sur sa robe, les drapés, les broderies, les dorures, les pierres, jusqu’à son visage dissimulé par le voile qui me laisse deviner ses traits, ses iris pétillants. Je ne peux pas m’empêcher de sourire. Elle s'impose une révérence, même si cela n'est pas nécessaire. Je n'ai qu'une envie, c'est dévoiler son visage et capturer ses lèvres. Bientôt, bientôt… Sans un mot, je lui rends ma main, et elle y appose la sienne. Nous y sommes. On nous ouvre les portes, le chemin bordé de fleurs se dresse devant nous, jusqu'au prêtre. Coincé dans ma bulle avec Grace, j'avoue ne voir personne, ne rien entendre d'autre que mon coeur qui galope. Je me contente de me mettre à genoux devant l'homme d'église, le laisser lier nos poignets avec une fine corde, et d'attendre que l'heure vienne. Toutes ces prières, ces lectures et ces chants semblent durer une éternité. Nous sommes bénis une demi-douzaine de fois en latin et en italien avant que la parole ne nous soit donnée. Alors nous sommes autorisés à nous lever et nous mettre l'un face à l'autre, puis invités à échanger nos voeux. Nerveux, les mots s'emmêlent dans mon crâne, valsent quelques secondes avant de chacun reprendre leur place dans leurs phrases respectives. J'espère que ma promise en comprendra chaque mot. « Moi, Celso, je te prends toi, Grace, pour épouse, à partir de ce jour, pour rire avec toi dans la joie, pour partager avec toi les moments de tristesse, pour grandir avec toi dans l’amour et pour t’être fidèle, tous les jours de notre vie. Je promets de t'aimer, de te respecter, et de t’encourager à travers les triomphes et les embûches de notre vie à deux. Je m’engage avec Amour et loyauté à partager avec toi le reste de ma vie. » Ce n'est qu'une fois ces mots échangés que Dieu nous reconnaît comme mari et femme. Que toute l'assemblée peut témoigner de cette union. A partir de l'instant où Grace me prend pour époux, seule la mort pourra mettre fin à cette promesse. « Ce consentement que vous venez d'exprimer en présence de l'Eglise, que le Seigneur le confirme, qu'il vous comble de sa bénédiction. Ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas. » Cette fois, je peux ôter le voile qui couvre le visage de ma femme. Je peux contempler ses traits, son regard bleu qui se posera sur moi avec autant d'amour pour toujours. Je glisse délicatement une main sur sa nuque, puis approche mes lèvres des siennes. Ce baiser scelle cette promesse d'éternité, sous les applaudissements et les exclamations de joie de ce peuple décidément fort expressif. Un sourire complice échangé, je fais durer encore quelques secondes le baiser. Avec ce moment s'envole toute ma nervosité ; je suis là où je dois être, j'ai épousé l'amour de ma vie. C'est fait. Francesco, en charge des alliances, se lève et s’avance vers le prêtre. Le coussin entre nous, nous pouvons admirer les deux bagues qui ont été faites pour nous ; les deux anneaux fede se serrent habituellement la main, ceux-ci tiennent à deux, du bout des doigts, un cœur en rubis surmonté d’une couronne ornée d’émeraudes. Ils symbolisent tout à la fois le pacte entre la monarchie et l’église, et l’amour qui nous lie, Grace et moi. Signant, l’homme de foi reprend ; « Bénis, Seigneur, et sanctifie dans leur amour tes serviteurs Grace et Celso. Ces alliances sont pour eux signes de fidélité : qu’elles soient aussi le rappel de leur tendresse. Amen. » Ni nerveux, ni maladroit, je prends la main de Grace, l’alliance, et la glisse à son doigt. La voilà désormais mon épouse, ma Princesse.
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Dernière édition par Jamie Keynes le Mar 11 Oct 2016 - 22:42, édité 1 fois
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Grace en était émue aux larmes. Par chance, le voile qui recouvrait son visage dissimulait bien ses ses iris bien humides. Elle n'entendait que son coeur battre dans sa poitrine alors qu'ils commençaient doucement leur marche vers l'autel. Une fois agenouillée devant le prêtre, Jane s'empressa discrètement de bien repositionner son voile, afin que tout soit impeccable. Durant la cérémonie, Grace récitait chacune des prières qu'elle connaissait de tête. Le temps était assez long, mais le prêtre ne faisait que bénir leur couple, leur futur, les enfants que Grace porterait, le règne de Celso. Une liste de choses essentielles pour que règnent paix et prospérité au sein de leur couple et au sein de les régions sur lesquelles ils régnaient désormais. Vint enfin le moment des voeux. Le prince se lança, parlant en italien - c'était de rigueur. On voyait une pointe de sentiment désolé avant qu'il ne commence, il espérait certainement qu'elle parvienne à tout comprendre. Et ce fut en très grande partie le cas. Elle avait rédigé et appris par coeur son propre discours en italien, il y avait de nombreux mots qu'elle reconnaissait dans ce qu'il disait. Ce fut à son tour, là où tous les regards se posaient sur elle. Elle tremblait un petit peu, ayant peur d'oublier ce qu'elle avait appris. "Moi, Grace, je te prends toi, Celso, comme époux tel que tu es. Je promets de t'aimer, de te respecter, et de t’encourager à travers les triomphes et les embûches de notre vie à deux. Je m’engage avec Amour et loyauté à partager avec toi le reste de ma vie." Son accent était loin d'être exemplaire, mais Grace s'était pris beaucoup de temps pour prononcer au mieux les mots de la langue natale de Celso. Une fois les voeux prononcés, il put avoir la large satisfaction de découvrir le visage de son épouse. Celle-ci avait des larmes de joie qui coulaient le long de ses joues. La main de Celso se plaça sur sa nuque afin qu'il puisse l'embrasser. Le baiser était tendre, très amoureux. La jeune femme avait posé elle ses mains au niveau de sa taille, bien trop concentrée à l'embrasser. Chacun prolongeait volontiers le baiser sous les acclamations. Francesco finit par s'approcher pour l'échange des alliances. Le prêtre bénit les alliances avant que celles-ni ne soient échangés. Grace les trouvaient magnifiques. Une fois que Celso lui avait mis la sienne, elle prit délicatement sa main pour faire de même. Ca y est, c'était fait. La Princesse ne put s'empêcher de laisser échapper un petit rire. Elle passa ensuite subitement ses bras par-dessus les épaules de Celso pour pouvoir l'embrasser à nouveau. On entendait la foule exprimer leur joie en criant, en chantant, en souhaitant longue vie au couple princier ou en applaudissant. "Je t'aime, Celso." lui glissa-t-elle ensuite dans l'oreille en l'enlaçant. Elle restait de longues minutes ainsi, toute blottie contre lui. Certains nobles étaient déjà entrés pour se préparer à la suite des festivités. "Viens, allons saluer le peuple de loin." lui dit-elle ensuite. Elle savait bien qu'il était très peu recommandé de s'approcher d'eux à cause de cette rumeur de malaria, mais ils seraient tout de même ravis de voir le couple princier d'un peu plus près. Ils se rapprochèrent donc un peu plus de l'entrée de la cour, où de nombreux gardes surveillaient l'entrée afin que personne ne rentre. Ils crièrent de plus belle en les voyant d'un peu plus près. Grace et Celso firent quelques signes de mains. Et elle ne se gêna pas de l'embrasser devant eux - se disant que c'était ce qu'ils voulaient voir. Après ces quelques instants, ils finirent par entrer dans le château, main dans la main. Jane l'y attendait, afin d'enlever le voile. On attendait à ce que le couple rentre ensemble dans la salle, alors la suivante se hâte pour retirer les épingles qui maintenaient le voile en place. Certains allaient être certainement surpris que Grace n'ait pas de tiare ou de bijoux de tête plus imposant. Elle ne se serait jamais permise de porter de tels bijoux avant son mariage. Et jusqu'à l'échanges des voeux, elle n'était pas Princesse. Ce fut main dans la main qu'ils entrèrent dans la salle magnifiquement décorés. Du blanc et des couleurs chaudes. On avait sorti les plus beaux mobiliers, on avait richement décora les tables et les murs. Les yeux émerveillés de Grace tentaient de regarder les moindres détails. En plus des applaudissements, on pouvait entendre maintes fois "Viva il principe ! Viva la principessa !" dans la foule. Ils se dirigèrent dans un premier temps au niveau du trône, pour les cadeaux de mariage. Grace tint à être la première. L'un des servants s'approcha avec un coffre en main richement décoré de gravures, de peinture et de dorures. Elle fit signe de l'ouvrir. Il y avait un collier digne d'un Empereur à l'intérieur, tant il y avait le soucis du détail. Grace s'était même efforcée d'apprendre la description qu'elle voulait en faire en italien, afin que les conseillers et autres nobles qui s'intéressaient puissent tout comprendre. "Il s'agit d'un collier en or, serti de rubis, de grenat et de diamant, fait par ce bijoutier de Tricarico. Les pierres représentent à la fois les couleurs de notre pays, aux gens chaleureux et accueillants, mais aussi la chaleur de mon coeur maintenant que je sais que nos destins sont liés à jamais." Le bijoutier en question avait un délai très court pour réaliser pareil chef-d'oeuvre. Autant dire qu'il s'y était attelé nuit et jour pour que ce soit prêt à temps. "J'ai d'autres cadeaux pour vous, mais il y en a certains que je préférerais vous donner quand nous ne serons que tous les deux." lui dit-elle plus bas, en anglais cette fois-ci. Et elle ne pensait pas qu'à la nuit qu'ils allaient partager.
L'anneau glissé à mon doigt, me voilà pris pour époux. Grace et moi échangeons un rire avant qu'elle ne saute à mon cou pour se jeter sur mes lèvres. Je saisis son visage pour prolonger cet instant ; autour de nous, petit à petit le monde reprend sa place, alors j'entends les acclamations, des cris, les applaudissements, et lorsque je regarde enfin l'assemblée, j'aperçois toute la Cour présente et le peuple venu assister à la cérémonie tant bien que mal. Il semble évident d'aller au moins les saluer, nous montrer, eux qui ont été privés de grande cérémonie publique. L'intention semble leur convenir ; nous sommes juste à portée de lancer de riz et de fleurs, les dalles de la cour en sont bientôt complètement jonchées. Nous les saluons un long moment, leur offrons un baiser de plus près, et après un dernier signe de la main, nous rejoignons le château. Jane s'active pour retirer le voile de sa maîtresse. Cela fait, nous rejoignons tout le monde dans la grande salle richement décorée pour l'occasion. Les grandes tables sont prêtes à accueillir les treize mets différents qui seront servis pendant les prochaines heures -certains banquets de mariage durent tout l'après-midi. C'est sous une nouvelle pluie d'applaudissements et de bénédictions que nous traversions la salle pour atteindre les deux trônes côte à côte. Grace m'offre son cadeau de mariage en premier. Elle fait porter à ma vue un bijou d'une immense valeur, presque trop coûteux pour un Prince et de la part d'une Princesse sans dot. Mes yeux s'arrondissent alors que mes doigts effleurent les pierres qui ornent le collier. « Grazie. » je murmure, ému. « J'en ferai mon bijou pour les occasions officielles. » Il y a toujours Anatoli non loin de là, prêt à traduire tous les petits mots que la jeune femme ne comprendrait pas. Je prends toujours soin de parler plus lentement que d'habitude pour ne pas lui ajouter de la difficulté. Je fais signe à un de mes servants de troquer mon bijou actuel contre celui-ci. Il ne devrait absolument pas jurer avec le reste de la tenue. Le premier est défait, posé dans le coffret à la place du nouveau, et celui-ci attaché autour de mes épaules. C'est un collier lourd, mais à l'allure indéniable. Lorsque la Princesse ajoute plus bas qu'elle possède d'autres présents à m'offrir, j'arque un sourcil. « Vous m'intriguez. » D'ailleurs, ce n'est pas juste, je n'ai prévu qu'un cadeau. Néanmoins, pas des moindres. Le coffret avec le collier est porté à mes appartements, puis deux autres servants entrent en portant à bout de bras un coffre bien plus grand qu'ils déposent aux pieds de Grace. « Il est de tradition qu'un cassone de ce genre soit offert à la mariée. Il doit être placé au pied du lit. C'est un coffre unique qui doit vous suivre toute votre vie, récolter tous vos souvenirs. Vous pouvez y mettre les objets qui ont le plus de valeur à vos yeux. » C'est également dedans que seront disposés le nécessaire à l'accouchement quand la jeune femme sera enceinte. Le coffre est orné de quelques pierres et dorures sur les rebords, les pieds et la face avant. Les faces de droite et de gauche sont peintes. Sur le plateau, sous le couvercle, se cache la peinture secrète représentant bien souvent un nu. Elle reconnaîtra celui-ci bien rapidement, et comprendre certainement qui a donc peint l'ensemble de la caisse. « Et puisqu'il ne faut pas oublier de vous couronner... » A l'intérieur se trouvent une grande cape en velours rouge, semblable à la mienne, qui lui est posée sur les épaules. Au fond, une couronne. C'est le prêtre qui s'approche pour la saisir entre ses mains. Je prends place sur mon trône pour laisser la scène se dérouler sur les yeux de la Cour ; la Lady s'agenouille, reçoit la bénédiction de l'homme d'église, puis la couronne trouve sa place sur sa tête. Sous toujours plus d'acclamations et d'applaudissements, Grace se redresse en Princesse.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Celso était véritablement ému de voir un tel cadeau de mariage de la part de sa bien-aimée. Elle lui sourit avec tendresse et lui caressa affectueusement la joue. Il lui assura qu'il comptait mettre ce bijou pour les occasions officielles, ce qui était on ne peut plus honorifique pou Grace. "Je suis heureuse que cela vous plaise." lui dit-elle avec un regard tendre. Il mit le collier en question sans attendre, sous le regard admiratif de ceux qui observaient ce changement. Au tour du Prince de faire un présent à son épouse. Un énorme coffre richement décoré. Grace se pencha afin de pouvoir le voir de plus près, d'en admirer les détails. Elle effleurait du bout du doigt le bois. "C'est magnifique." dit-elle tout bas, regardant les différentes oeuvres peintes. La Princesse écouta avec attention les explications de cette autre tradition italienne. Elle se permit de l'ouvrir et vit une oeuvre qui lui sembla étrangement amusée. Grace esquiss un sourire en rabaissant un peu le coffre. Elle laissa échapper un petit rire et tourna sa tête en direction de son époux. "Il ne serait pas décent de montrer l'oeuvre qui se trouve à l'intérieur, n'est-ce pas ?" lui dit-elle en anglais. "C'est quelque chose dont vous êtes le seul à pouvoir contempler." La jeune femme devina rapidement que les restes des peintures décorants majestueusement le fameux cassone était faites par son époux. "C'est incroyable, votre Altesse." dit-elle en ne se lassant pas d'admirer le grand coffre. Il était certain qu'elle allait respecter à la lettre cette tradition, elle aurait bien du mal à vouloir se détacher d'un si bel objet. "Merci infiniment." dit-elle, pleine de reconnaissance. Elle le dévisagea lorsqu'il parlait de couronnement. Etrangement, elle ne s'attendait pas à cela. On réouvrit le coffre pour sortir une cape que l'on posa sur les épaules de la Princesse. Le prêtre, n'étant jamais bien loin, se chargea d'une nouvelle série de bénédiction avant qu'il ne pose délicatement une couronne sur la tête de la Princesse. Elle ne s'attendait pas à être aussi joyeusement acclamée par la cour italienne, comme si elle l'avait déjà conquise. Elle était arrivée en Italie il y a un peu plus d'une semaine à peine, et elle se sentait déjà bien chez elle. Grace resta un moment debout, avant de revenir s'asseoir aux côtés de son mari. Elle demanda à ce que les servants aillent déposer immédiatement le grand coffre au pied de son lit dans ses appartements, là où il devait être. Grace prit la main de Celso. "Tout le monde s'est donné tant de mal pour que tout soit parfait. La cérémonie, la décoration de la pièce, la gentillesse de chacun. Il me tarde de goûter ce que les cuisines nous ont préparées." s'enthousiasma-t-elle. Et Grace commença à avoir faim, elle n'avait rien avalé depuis le réveil et elle commençait à le ressentir. Francesco et sa promise s'approchèrent de leur Prince. "Toutes mes félicitations, votre Altesse." dit-il avec un signe de tête et un sourire amical. Grace était surprise de voir un sourire si sincère sur son visage. Puis il s'adressa à la Princesse. "Permettez-moi de vous présenter ma fiancée, Signora Sforza." Physiquement, elle était aux antipodes de Grace. Les cheveux plus foncés, les yeux aussi. Elle s'inclina gracieusement devant elle, et présenta également les félicitations aux jeunes mariés. "Bienvenue à Squillace." dit la Princesse, employant la langue du pays. Elle devina rapidement que la future épouse de Francesco avait de l'esprit, une intelligence certaine. Elle avait cet éclat particulier dans les yeux. Grace espérait qu'elle utilise cette intelligence dans le même sens des convictions de Celso et de Francesco. Elle pouvait être une puissante alliée comme une personne on ne peut plus dangereuse. Après quelques mots échangés, Celso et Grace se levaient. On les aida à retirer leur cape de grande valeur, portés pour des cérémonies officielles. Ils se rapprochèrent ensuite de la table, et tout le monde s'installa en même temps. Follement amoureuse, Grace tenait soit la main de son mari, soit elle l'embrassa ou l'admirait, tout simplement. Enfin, les servants en file arrivaient en une marche coordonnée pour déposer les premiers plats d'une longue série, n'annonçant que la suite des festivités.
Le coffre ravit la jeune femme qui s’empresse d’en admirer les détails. Ces meubles sont d’habitude offerts par le père de la mariée à sa fille, il y entrepose quelques objets chers à la jeune femme et sa dot. Faute de père ou de frère aux côtés de ma belle, je me suis fait un devoir de perpétuer la tradition moi-même, me disant que cela ferait un beau cadeau de mariage. D’autant plus si je me donnais la peine d’en peindre chaque face moi-même. Seul Grace le saura, le reconnaîtra. Ce sera comme un secret entre nous au sien d’un présent des plus intimes. Ainsi j’ai pris la liberté de reproduire le nu pour lequel elle avait posé l’autre soir sur la face intérieure du couvercle. Je souris, voyant que cela l’amuse. « Certes. » Nul n’est supposé avoir le droit d’ouvrir ce coffre sans la permission ou la présence de ma propriétaire. Il s’agit de ses secrets, de ses trésors. La seule occasion pour laquelle les servants en auront le droit sera le jour de son accouchement, pour en sortir le nécessaire. Du reste, c’est une malle quasiment sacrée pour toute mariée. Puisqu’à cet instant ce qu’il peut y avoir de plus important est son couronnement, le nécessaire se trouve à l’intérieur. La Princesse est sacrée par le prêtre et acclamée par sa Cour. Elle prend sa place à mes côtés, sur le trône. Là où nous siégerons aussi longtemps que Dieu ou le Roi le voudra. Nos successeurs en devenir s’avancent pour nous féliciter, Francesco et sa promise. Ils sont bien assortis, quel dommage que mon cousin ne puisse pas l’apprécier comme il se doit. Nous avançons tous les quatre pour nous installer à table, Grace à ma gauche, mon cousin à ma droite. « J’espère que vous avez faim. » je glisse à la jeune femme avec un petit rire. Nous avons treize plats à engloutir gloutonnement. « Votre italien est de mieux en mieux. Vous apprenez vraiment vite. » j’ajoute en anglais cette fois, très fier d’elle. Même les récitations par cœur participent à l’apprentissage de la langue si l’on sait ce que l’on dit. L’accent n’est pas au point, mais il y a du mieux, et l’on sent toute la bonne volonté que Grace y met. Après une énième prière, les premiers mets sont servis. Je me penche à l’oreille de mon épouse pour lui murmurer ; « Si un plat vous déplait, ne le montrez surtout pas. J’ai appris à mes dépends qu’il ne faut jamais vexer les cuisines. La première semaine après mon arrivée, j’ai renvoyé une assiette. Ils m’ont servi des horreurs pendant trois jours, j’étais affamé. » J’en ris bien sûr, il n’y a que dans une Cour du sud de l’Italie que l’on peut rencontrer pareil caractère, nulle part ailleurs oserait-on agir de la sorte. « Et ils se fichent bien que vous soyez Princesse ou même le Pape. » L’on pourrait facilement congédier le chef pour ce comportement, mais à vrai dire, je respecte bien trop l’audace pour ça. Tout au long du repas, entre les tables, se succèdent des artistes de la région appelés pour l’occasion. Des chants, des poésies, des mélodies, mais aussi des comédies ou d’autres numéros plus spectaculaires ponctuent les mets. Les applaudissements sont constamment de rigueur. Dans un coin du banquet, le peintre officiel de la Cour s’attèle à croquer quelques esquisses pour les futures estampes de cet événement. Les cadeaux de mariages sont présentés devant notre table ; des parures, des tissus, des fourrures, des livres, des toiles, des tapisseries hautes en couleur. « Vous allez avoir de quoi vous habiller à la mode italienne. Regardez-moi ces étoffes. » Grace aura de quoi se faire coudre des robes par dizaines. Au bout du septième plat, la traditionnelle soupe de Noces, j’avoue commencer à caler. Et dire que nous ne sommes qu’à mi-chemin. « C’est une bien belle bague. » fait remarquer la Sforza en indiquant ma main d’un signe de tête. Je la remercie, pendant qu’elle parle de l’alliance du mariage. « Non, l’autre. La Danse macabre. » Je la retire de mon doigt et la lui confie un court instant afin qu’elle puisse la voir de plus près. « C’est un présent d’une dame qui a beaucoup compté pour moi. » C’est avec Jane, grâce à elle, que j’ai pu parcourir l’europe. C’est en grande partie grâce à elle que je suis ici. Et je ne saurai jamais pourquoi elle s’est donné la mission d’être aussi bonne pour moi. « Memento mori. » Je souris. Cela est toujours une devise pour moi, plus que jamais. Je sais que le temps est compté et tout ce que je dois faire avant de quitter ce monde. Mais l’éclat du regard de la Sforza est particulier lorsqu’elle articule ces mots. Je ne saurais le déchiffrer. « Pardonnez-moi, Francesco ne m’a pas fait part de votre prénom. » Elle en a l’air aussi fière que moi à l’époque où je ne donnais le mien qu’aux plus méritants. « Ippolita. » « J’espère que mon cousin prendra soin de vous, Ippolita, et que vous vous sentirez ici chez vous. » Sur une table ronde, en retrait, une plie de gâteaux s’élève peu à peu, également des cadeaux des invités. Ils forment une pyramide qui poursuivra son ascension jusqu’au moment du dessert. Et une fois le repas terminé, Grace et moi sommes invoqués au centre de la piste. Anatoli dépose au sol un verre enveloppé dans un tissu. « Vous devez l’écraser, et le nombre de morceaux indiquera combien d’années de mariage heureux vous vivrez tous les deux. Ne ratez pas votre coup. » dit-il avec un clin d’œil complice.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
llés à table, Celso chuchota à sa belle qu'il espérait qu'elle avait de l'appétit. La Princesse avait effectivement entedu dire que les plats pour leur mariage était particulièrement nombreux. "Je n'ai rien réussi à manger depuis ce matin. J'étais si nerveuse." lui avoua-t-elle tout bas avec un large sourire. Elle était touchée qu'il prenne en compte les grand progrès dont elle avait preuve en s'améliorant en italien. Elle voyait qu'il était on ne peut plus fier d'elle. "Mon accent doit être horrible à entendre." dit-elle en riant d'un air amusé. Mais personne ne semblait lui en tenir rigueur, ils voyaient certainement plutôt les choses du bon côté, donc qu'en si peu de temps, elle ait pu déjà apprendre de bonnes bases en cette langue. Le Prince lui murmura également à l'oreille qu'il était vivement déconseillé de refuser un des plats servis. Le cuisinier était apparemment très susceptible. "Je ne suis pas difficile en matière de nourriture. Et puis, j'ai amplement été satisfaite des plats que l'on m'a servie jusqu'ici." lui dit-elle tout aussi bas. Elle en profita pour lui voler un baiser, après un regard complice. Par moment, elle peinait à réaliser qu'ils étaient enfin mariés. Les distractions s'alternaient avec les plats. Le vin coulait à flot. Tout le monde riait, chantait, ou dansait, il étaient tous si joyeux. Et les cadeaux continuaient d'être présentés devant eux avant d'êtres déposé parmi tous les autres. Il y avait des tissus, des parures, des objets décoratifs, tous d'une grande valeur. Grace s'émerveillait de chacun d'entre eux. "J'ai hâte. Chacun de ces tissus est magnifiques." dit-elle, les yeux pétillants. "Nous sommes tellement gâtés." ajouta-t-elle plus bas, en prenant sa main dans la sienne pendant quelques secondes. Les plats se poursuivaient, et le Prince eut une discussion avec la Sforza. Pendant ce temps, Grace mangeait tranquillement, elle ne faisait pas vraiment à leur conversation. Elle avait un petit moment d'absence, rien de plus. C'était aussi agréable lorsqu'on ne la sollicitait pas. Ce ne fut qu'à la fin du repas qu'elle redescendait un peu sur terre, lorsqu'on demanda aux jeunes mariés de se mettre au centre. Il suffisait qu'ils se lèvent pour qu'ils soient à nouveau applaudis. Mains dans la main, ils allèrent à l'endroit indiqué Le verre dans le tissu était posé devait être brisé. Ce qu'ils firent après les explications d'Anatoli. Une fois fait, ce dernier s'abaissa et ouvrir minutieusement le tissu afin de ne pas se couper. Il y avait de nombreux morceaux dans le verre. "Eh bien, cela va se compter en dizaines d'années !" s'exclama Anatoli en italien. Quelques rires s'élevèrent dans les airs. "Je vais aller compter ça un peu plus loin. Il faut bien que les festivités se poursuivent." dit-il en récupérant le tissu en main, et en s'éloignant du centre de la pièce. C'était certainement la meilleure occasion pour faire une première danse. D'un geste de main, Celso invité les musiciens à commencer un morceau. Ils étaient seuls pour le moment au centre de la salle. Tout le monde voulait les regarder avant de rejoindre la danse. Ces derniers jours avaient surtout été préparatoires pour Grace. Entre les leçons de langue et les leçons de danse, elle avait tout fait pour qu'elle ne fasse pas de mauvaises notes pendant les festivités. C'était à nouveau un de ces moments où ils n'étaient que tous les deux, où ils n'avaient cure du monde qui les entourait. Cela rappelait toutes ces danses faites ensemble lorsqu'ils étaient encore à Londres. Il suffisait que Celso plonge son regard dans le sien pour que son coeur batte la chamade. Ils n'avaient désormais plus aucune raison de cacher leurs sentiments l'un pour l'autre, ou de faire semblant de s'ignorer. Il avait raison, d'autres jeux étaient à prévoir, ils trouveront toujours de quoi se distraire à leur manière. Elle ne savait pas combien de temps ils les avait laissé dansé que tous les deux, mais il y avait plus d'un morceau qui était joué. Ils ne s'arrêtèrent que lorsque le souffle commençait à manquer. Les danses italiennes fatiguaient bien plus vite que les anglaises. A la fn de la dernière danse avant le dessert, Grace s'approcha de Celso pour l'embrasser longuement. Elle le gardait un certain moment dans ses bras avant de songer à aller se réinstaller pour le dessert. La pyramide de cadeaux de mariage ne cessait de s'agrandir, et sa base, de s'élargir. Grace savait qui'l y aurait des cadeaux, mais pas tant. "Alors, Anatoli, combien d'années ?" demanda Grace une fois à nouveau assise à table.
« Trente-deux, votre Altesse ! » lance Anatoli avec enthousiasme. C'est une explosion d'applaudissements qui fait trembler les murs de la grande salle. J’adresse un rempli débordant d’amour à mon épouse. Que l'on croit ou non à ces superstitions, jusqu'à présent, tout semble de notre côté et nous ouvrir une voie royale pour le reste de notre vie à deux. Je l'embrasse tendrement, une main sur sa joue porcelaine. Si ce n'est pas trente-deux ans, ce sera au moins autant. Et ensuite, à nous l'éternité. Après le dessert, je retourne danser. La tarentella a emporté tout le monde, l'on se tourne autour, tapote le sol avec les pieds, jour avec les mains, passe de partenaire en partenaire. La musique va de plus en plus vite, le but est de ne pas abandonner en cours de route. Et lorsque les musiciens ont terminé, ceux qui restent sont à court de souffle. Les courants d'air du château ne suffisent pas à refroidir la pièce qui s'est transformée en four au fil de la danse. Laissant Grace s'amuser encore, je me faufile pour ma part jusqu'à la grande porte. « Où allez-vous ? » demande Ippolita en me voyant passer près d'elle. « Je vais prendre un peu l’air. » Immédiatement, elle m'emboîte le pas. « Je vous accompagne. » N’y voyant pas d'inconvénient, je la laisse faire. Nous allons jusqu'au jardin, il surplombe la falaise mais un haut muret à été dressé pour éviter les chutes malheureuses. Nous marchons d'un pas lent un instant. « Qu’est-ce qui vous a poussé à donner votre main à mon cousin ? » je finis par demander, curieux de savoir comment cette alliance a eu lieu dans mon dos. « Sûrement pas son hétérosexualité. » pouffe-t-elle. Elle rit un peu plus en voyant les yeux ronds comme des billes. « Allons, bien sûr que je le sais, il suffit de le regarder. De le regarder me regarder aussi. » Certes, même s'il se donne du mal, en y regardant de plus près, on devine son désintérêt. Mais cela ne choquera jamais qui que ce soit, les mariages d'amour ne sont pas monnaie courante. Tant qu'ils ont des enfants. « Il nous a raconté votre histoire, à Père et moi. Je crois que cela a suffi. » reprend-t-elle plus sérieusement, mais toujours arborant un agréable et discret sourire. Un silence s'installe pendant lequel son expression change sensiblement. Un rictus satisfait, mutin et presque narquois passe furtivement au soin de ses lèvres. « Et le timing est excellent. Quand le roi aura mis fin au siège de Naples, il aura besoin d’un vice-roi. Puisque vous contrôlerez déjà la moitié du royaume de Naples, eh bien… son choix sera tout indiqué. » Mon coeur tressaille. Je n'avais pas songé à cela. Sûrement parce que cela n'arrivera pas. « Il ne fera pas ça, j’ai voulu prendre sa couronne. » Il serait idiot de me permettre de m'en rapprocher toujours plus. De toute manière, qu'il ne m'ait pas tout simplement jeté dans un cachot me dépasse. La Sforza pouffe à nouveau. « Bien sûr que si. Il est évident qu’il veut avoir le contrôle sur vous. Il ne l’aura pas, mais libre à lui d’en avoir l’illusion. Plus il vous donnera, plus il pensera que vous êtes redevable et que vous resterez docile. » Je cesse de marcher et dévisage la jeune femme. Cela se tient si bien que c'en est effrayant. Effrayant tant cela pourrait faire naître cet espoir. Un espoir qui pourrait être à nouveau brisé. Pourtant, dans cette peur, Ippolita devine la fascination et l'ambition. « Et ce n’est que la première étape. » ajoute-t-elle en approchant d'un pas félin. « Vous voulez récupérer ce qui est à vous, non ? » Des petits pas sur les gravillons me font sursauter. Mon regard se pose sur Grace qui m'a retrouvé. Sans se faire prier, la Sfozra s'incline et tourne les talons. « Votre Altesse. » Alors qu'elle s'éloigne, j’embrasse mon épouse en prenant délicatement son visage dans les mains. « Nous parlions politique. Rien qui ne puisse vous passionner. » Encore moins un jour comme celui-ci. Souriant, je contemple la jeune femme à la lueur de la lune. Ses iris semblent un peu plus translucides. Les pierres précieuses brillent au sommet de sa chevelure. « Vous êtes magnifique, avec votre couronne sur la tête, ma Princesse. » C'est un euphémisme. Elle est rayonnante. Je dépose un baiser sur sa joue, puis me penche à son oreille ; « J’espère que nous pourrons bientôt nous esquiver. » Il me tarde de partager avec elle cette première nuit en tant que mari et femme.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Tout le monde était si ravi de ce présage qui ne se basait que sur des morceaux de verre. Ravi, Celso approche son visage de celui de sa bien-aimé, afin de pouvoir l'embrasser avec amour. Après avoir mangé un peu de dessert, elle regarda Celso se mêler aux nobles pour danser la tarentelle. Grace restait assise, ayant l'estomac bien trop plein pour se lancer dans une chorégraphie aussi rapide et énergique. Elle buvait du vin et discutait un peu avec Anatoli. Il avait toujours une anecdote ou une quelconque histoire à raconter. Il était rapidement venu un allié pour Grace, pour mon comprendre ce peuple qui était désormais le sien. A côté de lui, il y avait Fabrizio, ce noble qui avait rapidement accordé une danse à la Comtesse après être arrivée à Squillace. Ils ne s'étaient pas beaucoup vus, mais il se montrait toujours particulièrement courtois et respectueux envers Grace. Au bout d'un moment, la jeune femme nota que son époux n'était plus dans la salle. Il n'était plus là à danser, ni à discuter avec quelques personnes de la cour. Son absence commençait à se faire remarquer durant les festivités. "Dois-je demander à un servant d'aller le chercher, votre Altesse ?" demanda Anatoli. "Non, il a du vouloir prendre l'air un petit peu. Il fait très chaud, ici." Il rit. "L'effervescence d'un mariage réchauffe tous les coeurs." La Princesse sirotait longuement son vin. Nombreux étaient ceux qui venaient la voir pour la félicité et pour échanger quelques mots avec elle, son italien s'étant nettement améliorer depuis la semaine précédente. Elle était touchée que l'on vienne ainsi s'intéresser un peu à elle. "Je vais aller le chercher." dit-elle tout bas à Anatoli avant qu'elle ne se lève. Elle fit le tour des tables jusqu'à rejoindre l'extérieur. L'air frais de la nuit était on ne peut plus agréable. L'intérieur était devenu étouffant, mais elle ne se permettrait pas de se plaindre de quoi que ce soit sur une journée qui était presque parfaite. La jeune femme fut surprise de voir que Celso était accompagnée de la Sforza. Il était pendu à ses lèvres et la distance entre eux deux était loin d'être correcte. Le visage impassible, elle regarda la dénommée Ippolita s'incliner la seconde où elle avait vu la Princesse. Sans attendre, Celso s'approcha d'elle pour l'embrasser. "Cela va-t-il devenir votre excuse, désormais ?" lui dit-elle tout de même tout bas. "Je vous ai dit que vous pouviez m'en parler, mais je suis contente pour vous que vous ayez trouvé une figure féminine pour pouvoir en discuter." Son ton n'était pas mauvais, il était même très neutre. Mais Grace était surtout désappointée du fait qu'il puisse évoquer pareil sujet le jour de son mariage. Que ce soit Ippolita ou n'importe qui d'autre, elle s'en fichait bien. Cela n'empêcha pas Celso d'admirer sa belle sous le clair de lune, ni à celle-ci de lui sourire avec tendresse, réouvant peu à peu son visage. Il ne cachait pas sa hâte de consumer sa nuit de noces. Elle laissait leur visage subtilement se caresser, puis elle feinta un baiser. "Etes-vous sûr que vous ne voulez pas parler davantage de politique avec Signora Sforza ?" lui demanda-t-elle tout bas, dans le seul but de le taquiner. Mais Grace se faisait déjà une idée de la femme avec qui il parlait un peu plus tôt. Elle devait effectivement être particulièrement futée et intelligente pour qu'il vienne à discuter politique avec elle. Elle l'embrassa ensuite longuement et langoureusement pour lui donner une vague idée de ce qui l'attendait plus tard. "Alors, que préférez-vous ?" lui susurra-t-elle à l'oreille en lui mordillant ensuite le lobe avant de s'éloigner de lui, malicieuse à souhait. L'air était devenu un peu trop frais pour elle, et elle prendrait bien encore quelques verres de vin. Elle jeta un regard derrière l'épaule, le regard on ne peut plus malicieux. Elle en tirait une sacrée satisfaction, de pouvoir le faire languir ainsi. Mais c'était une méthode particulièrement efficace. "Où est le Prince ?" demanda Francesco en voyant la jeune femme revenir. "Il était en train de discuter avec votre promise dehors." dit-elle simplement, avec un sourire, avant de s'asseoir à sa place et de réclamer un peu de vin. Quelques minutes plus tard, Celso fit son apparition, et la Sforza non loin de lui. Il rejoignit son épouse sans tarder, et, une fois installé, Grace lui demanda, avec un sourire en coin. "Encore un peu de vin, peut-être ? Juste un dernier." demanda-t-elle avec malice, fière de son sous-entedu, en tendant son verre plein.
La Princesse a les lèvres pincées, malgré son air impassible. Je souris, amusé. « Depuis quand ais-je besoin d'une excuse ? Je suis Prince, je fais ce qu'il me plaît. » je répond en haussant les épaules, me faisant désinvolte au plus haut point. Grace semble bien s'être un brin vexée que je puisse échanger à propos de la politique avec une autre femme alors qu'elle s'est dite prête à écouter et même donner son avis à son sujet. Attendri, je caresse sa joue. « Vous vous forceriez à vous y intéresser. Ippolita a amené le sujet d'elle-même. » Je ne veux pas forcer ma belle à échanger sur un thème qui la désintéresse profondément alors que je peux en parler avec une personne qui semble sincèrement captivée. Je préfère amplement parler d'art avec mon épouse, des livres qu'elle lit, des toiles que je peins. Cela nous ressemble plus. Mes compliments doucereux trouvent grâce aux yeux de la jeune femme qui se remet à sourire plus naturellement, son regard retrouve son pétillement naturel et toute sa malice. Jouant avec mon impatience, elle n'hésite pas à m'embrasser avec fougue et passer ses dents sur mon oreille. Grace devient la seule conquête que je souhaite faire ce soir. « Je préfère goûter les lèvres de mon épouse. » je réponds en approchant mon visage, mais elle m'échappe et tourne les talons pour retourner à l'intérieur. Je la suis de loin, d'un pas tranquille. L'air est frais, mais des plus agréables. Quand viendra l'été et sa chaleur étouffante, nous serons bien heureux d'avoir des soirées tièdes. Pendant cette période de l'année, l'Italie vit la nuit. Le ciel dégagé laisse voir une multitude d'étoiles, et en les observant, je me dis qu'il n'y a absolument rien à retirer à cette journée pour qu'elle soit parfaite. Me voilà marié, et heureux. Plus comblé que je n'aurais jamais pensé l'être en arrivant à Squillace. Le bruit des vagues me manquera. Je quitte la quiétude du jardin pour retourner dans la grande salle où la fête continue de battre son plein. Je retrouve ma place auprès de ma femme. Celle-ci me tend immédiatement une coupe de vin pleine. « Volontiers. » Je prends le verre entre mes doigts, mais plutôt que je le boire, je me lève et fait faire le silence dans la grande salle. Tous les regards se tournent vers moi ; j'invite alors Grace à se lever également, afin que je puisse parler en notre nom à tous les deux. Ce n'est qu'une fois l'écho fantomatique de la musique et des rires disparu que je prends la parole, sans me faire trop solennel. « Je vous remercie tous d'avoir contribué à la perfection qu'a été cette journée, la plus importante de nos vies. Notre mariage restera gravé dans nos mémoires comme un jour superbe de fête, de joie et d'amour grâce à chacun d'entre vous. Merci pour votre présence, votre chaleur, vos présents, vos bénédictions. Buvons une dernière fois à cette union et à la Princesse qui fait de moi le plus heureux des hommes. Mais buvons aussi une première fois pour mon cousin et sa promise, qui s'uniront dimanche prochain. Salute ! » Nous prenons tous une gorgée de vin avant que la musique ne reprenne, ainsi que les danses, les chants, les rires. Je contemple la scène un court instant, capture les détails de ce moment pour me souvenir d'absolument tout. De la manière dont les femmes font bouger leurs mains dans les airs jusqu'à la hauteur exacte de la pièce montée de gâteaux, et même l'intensité du bruit aussi assourdissant soit-il. Enfin, je me rassois. Je pense que le message sous-jacent était assez clair ; après ce verre, Grace et moi quitterons la salle pour profiter de notre nuit de noces comme il se doit.