Quelques signatures peuvent tout changer. Une vie, ou l'avenir d'un pays. Les épées font des ravages mais tout repose sur l'encre. C'est pourquoi je ne me suis jamais mis en guerre contre le roi, mais je me suis évertué à rassembler des lettres et des traités pour m'armer. Néanmoins, les conflits ne fonctionnent pas en ne choisissant qu'un seul revers de la médaille, et cela doit faire partie des choses qui m'ont desservies. Je n'ai pas à me plaindre de ma condition. A commencer par le fait d'être envie. L’Église aurait très bien pu se contenter de me mettre à mort. Et pourtant, j'ai non seulement une seconde chance, mais un trône. Pas celui que j'espérais, mais je suppose que cela est bien mieux que rien. De toute manière, je m'en contenterai. Je n'ai pas d'autre choix. Après des années à n'être personne, un obscur bâtard dissimulé aux yeux du monde, puis un peintre s'infiltrant dans les Cours d'Europe pour y faire des ravages, toujours discret et dans l'ombre; après toute ce temps, voilà que l'on m'appelle Votre Altesse. Même ma promise le doit alors qu'elle m'a connu lorsque je n'avais même pas de nom. C'est aussi un temps de transition pour nous, les rapports ne sont plus les mêmes malgré les sentiments qui n'ont pas changés. « Nous aurons d'autres jeux. » j'assure à Grace avec un sourire. Il n'y a pas de raison pour la vie devienne trop sérieuse. Elle me connaît, elle sait que je suis frivole. Je n'ai pas besoin d'offenser l'église pour l'être. Il est assez angoissant de se sentir autant épié, de savoir que toute une horde de nobles vous attendent au quart de tour. Je me dois d'être irréprochable et aussi pieux qu'eux tous. C'est une hypocrisie à laquelle je dois me plier. Moi qui ait toujours été un esprit libre, presque sauvage, me voilà forcé de respecter l'étiquette de ce titre que je convoitais. Jongler avec les impératifs, les obligations, les imprévus qui me tiendront parfois éloignés de Grace. Quand on y pense, la jeune femme a bien plus d'expérience que moi concernant ce monde que je n'ai toujours que survolé. La vie des dames est solitaire. C'est une fatalité à laquelle elle semble tout à fait préparée. Elle sait que je ferai toujours de mon mieux pour être avec elle. A ce sujet, je serai toujours incorrigible, comme l'amour l'est. Néanmoins, je prends son conseil et ne promettrai plus rien que je ne sois pas sûr et certain de tenir. « D'accord. » je souffle avec un petit sourire, désolé malgré tout, mais soulagé qu'elle ne me tienne pas rigueur de lui faire faux bond. Je sais qu'elle déteste cela. Toujours sûre d'elle, la jeune femme est encourageante au sujet du couronnement auquel nous sommes invités. Malgré ma gratitude concernant les terres que j'ai gagnées, j'ai le coeur lourd à l'idée de voir cet homme ajouter un titre à sa collection alors que tous devraient m'appartenir. Et sans conquête, uniquement par les liens du sang. Charles, lui, est tout bonnement avide. J'accueille chaque baiser que me donne Grace avec joie. Toutes ses paroles me mettent du baume au coeur. « Vous êtes si gentille avec moi. » J'ai tant de chance de l'avoir près de moi. Une promise qui ne me laissera jamais sur le bas côté. « Ca me fait au moins une chose qu'il n'aura jamais. Une merveilleuse épouse. » Je la serre dans mes bras en répondant à ses baisers, profitant d'un moment de tendresse avant de retourner à mes fonctions sans envie. « A plus tard, mon amour. » je lui souffle avant de passer la porte et retourner dans la grande salle. Je devine les heures qui défilent et celles à venir qui m'empêcheront encore une fois de passer le moment que je souhaitais avec Grace. Je suppose que ce premier jour aura été pour elle un bon aperçu de ce que sera sa vie avec moi ici. Une vie de princesse en somme. Le conseil prend fin tard, me laissant à peine le temps de prendre une pause avant le banquet. Nous aurons aujourd'hui une soirée plus longue que la veille et plus festive. Alors je m'accorde un moment de calme dans mes appartements, où un feu a été allumé dans la cheminée pour le plaisir de la contemplation plus que pour la chaleur ; les grandes fenêtres sont ouvertes pour créer un agréable courant d'air. Et au dehors, la symphonie des insectes résonne sur fond de vagues qui s'écrasent en bas de la jetée. Ce sont ce genre de moments qui sont les plus reposants. Somnolant, je remarque à peine la présence de Grace, jusqu'à ce qu'elle s'assied par terre et prenne ma main. Je lui souris tendrement. « La politique tourne en rond. » Rien n'avance jamais vraiment. Le propre de toute politique est d'effectuer deux pas en arrière pour chaque pas en avant. Je passe ma main libre sur mon visage et mes cheveux un peu plus longs. Je pense que je pourrai bientôt les attacher. Mon regard se pose sur le feu un court instant. « Eh bien, le Roi souhaite mener une campagne sur le long terme contre les turcs, donc nous serons en première ligne, et il faut nous y préparer. Il faut former des hommes, construire des navires. Cela coûte cher… » Il faut amputer d'autres projets pour financer ceux du roi. Ainsi vont les priorités. Les églises ne seront pas restaurées. Néanmoins, je tiens bien trop à mon projet de cathédrale pour l'avorter ; s'il faut faire digérer au peuple l'annonce d'une nouvelle guerre et d'une augmentation de leurs taxes, un bien beau et prestigieux lieu de culte sera une première compensation pour leurs efforts. « Je voulais apporter un peu de paix en arrivant sur le trône, je n'affectionne pas particulièrement les batailles. Mais j'ai été mis à la tête des régions qui sont souvent en guerre, je dois m'y faire. » Et je m'y ferai. Je serai chef de guerre s'il je le dois. Qu'importe si cela me crève le coeur. J'aurai Grace pour le panser. « Et vous, que pensez-vous de votre nouvelle demeure ? »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Avec un tel statut, Grace n'avait que deux missions à accomplir. Satisfaire le plaisir du roi et garantir la descendance. La prestance était de rigueur, les manières aussi. Mais tomber enceinte devenait rapidement une priorité, voire même une obsession. Grace avait pour parfait exemple son Roi, qui, las de voir que Catherine d'Aragon ne parvienne pas à concevoir, a accueilli de nombreuses femmes dans son lit. La Comtesse ne voulait pas s'arrêter à ce rôle. Elle savait que Celso était bien novice en la matière, et qu'elle avait plus d'expérience en terme de manière et de savoir comment se tenir parmi les nobles. Elle en était une, après tout. Elle pouvait lui apporter en plus les encouragements nécessaires, du réconfort, et avant tout, de l'amour. Celso l'acceptait volontiers, surtout après une longue journée de travail. Derrière son sourire tendre, Grace voyait qu'il y avait déjà bien des choses qui le travaillaient. Il savait qu'elle avait horreur de la politique, alors il résumait les divers sujets de discussion abordés dans la journée. Elle l'écoutait avec attention. Et Charles Quint semblait être encore plus mégalomane qu'il n'y parait. Ce n'était jamais assez à ses yeux. La belle blonde soupira face à toutes ces histoires. "Votre peuple sait bien que ce genre de décision ne vient pas vous. Oui, peut-être que les reproches vous tomberont rapidement dessus parce que vous êtes plus... local." Elle haussa les épaules. "Vous trouverez certainement des choses pour remonter leur moral et faire en sorte qu'ils ne vivent pas dans la peur. Si vous vous souciez un minimum de leur bien-être, ils comprendront bien que vous n'avez pas de pouvoir décisionnel dans cette guerre, et ils regretteront de vous avoir reproché quoi que ce soit." Charles Quint était roi, il devait être le premier à assumer les conséquences de ses choix. "J'ose espérer que si leur Prince ait un jour un enfant, cela les touche et remonte leur moral. Et si c'est une clé parmi d'autre, alors je vous donnerai autant d'enfants que je le peux." Elle savait que cette simple idée allait lui donner le sourire. Qu'il s'imagine voir le ventre de sa femme s'arrondir de semaine en semaine, qu'il puisse un jour tenir dans ses bras le fruit de leur amour. "Et j'irai à leur rencontre, de ton peuple. Leur montrer que leur Princesse est là et s'intéresse à leur culture. Que des petites choses qui devraient leur faire plaisir. Je trouverai quoi faire pour leur faire oublier un peu leur tracas." lui assura-t-elle. "Et je leur ferai comprendre que leur Prince se soucie d'eux, le message devrait bien passer." Elle embrassa à nouveau ses doigts. "Et notre nouvelle demeure me convient parfaitement. Je crois que je me perdrais encore si je me promenais seule dans le château." Elle ne pouvait pas s'adapter à tout en une journée. Là où elle avait fait beaucoup de progrès, c'était sur la langue, et elle ne comptait pas lâcher l'affaire. "Tant que je suis avec vous, je me sens chez moi." Grace se redressa et s'installa sur ses genoux afin de pouvoir l'embrasser. "Allons dîner, et danser, vous avez besoin de vous changer les idées, et de boire un peu de vin aussi. Tout ceci vous fera le plus grand bien." Grace se redressa et prit la main de Celso afin de l'entraîner avec elle. Grace l'embrassa langoureusement avant qu'ils ne franchissent la porte et qu'il n'aillent rejoindre le reste des nobles. La salle lui semblait plus comble que la veille. Le message du mariage avait certainement du passer et plus de nobles avaient pris la peine de se déplacer. L'ambiance y était spontanément bien plus chaleureuse, bien que tous les regards étaient rivés sur elle. Ils devaient tous apprendre à la connaître comme elle devait passer du temps avec eux. Grace avait l'habitude de ce genre de rapport. Comme la veille, tout le monde attendait que Celso ne se manifeste pour que l'on puisse s'asseoir, discuter, jouer de la musique ou danser. Il gardait la main de Grace dans la sienne, pendant qu'il jugeait très certainement le regard des autres. La jeune femme prêtait attention à certains regards qu'on lui lançait. Des bons, des mauvais. Ca ne l'atteignait pas. Elle était en revanche ravie de voir qu'Anatoli avait été placé à côté d'elle. Elle savait que ses conseils seraient précieux pour le reste de la soirée. Celso finit par s'installer, et tout le monde suivait le mouvement. En ce même instant, les musiciens commençaient à jouer et certains se plaçaient déjà pour danser. Une ambiance bien plus chaleureuse que la veille.
Les reproches m’effraient un peu, quand cela concerne des décisions qui ne sont pas les miennes. Le roi n’a que faire des politiques locales et pense avant tout à agrandir son empire. Je me demande pour quelle raison il existe autant d’hommes qui souhaitent conquérir le monde et le mettre sous leur botte, ce qu’ils recherchent dans ces campagnes. Cela fait peut-être de moi un drôle de souverain de ne pas avoir la pulsion d’aller envahir mon voisin. Je ne suis pas certain que le peuple saura tout à fait que les décisions que je fais appliquer ne sont pas réellement les miennes. S’ils savent faire la différence entre ce que j’ordonne et ce qui m’est ordonné. Je pourrai toujours essayer de trouver des compensations, le jour où les femmes compteront le nombre de leurs fils morts, cela ne sera pas suffisant. Je me souviens de la peine de Lucrèce lorsqu’elle a appris le décès de son premier fils, ses larmes et ses cris, les jours passés enfermés dans sa chambre. Il devrait suffire d’assister à ça pour ôter toute volonté de créer des guerres inutiles. Je me demande comment la venue d’un enfant princier pourrait remonter le moral de qui que ce soit, mais je souris tout de même à cette idée. J’espère que cela ne tardera pas, et que nous serons bientôt trois, quatre, cinq… J’arque un sourcil en écoutant Grace décrire tout ce qu’elle souhaite faire pour m’épauler à sa manière. S’impliquer dans la vie de nos terres et nous faire aimer de toutes ces personnes. Je l’observe le regard plein de tendresse. Elle sait trouver les mots qui réconfortent. Lorsqu’elle s’installe sur mes genoux, je glisse mon visage au creux de son cou. Avant que nous n’allions rejoindre la Cour pour le dîner, je la retiens dans mes bras quelques minutes supplémentaires. “Juste un instant.” je souffle en fermant les yeux. Juste le temps d‘humer son parfum, absorber sa chaleur. “Je suis bien content que vous n’ayez pas tapé dans l’oeil de votre roi. Et je me sens un peu désolé pour lui aussi. Parce que vous auriez fait une reine incroyable.” Elle aurait été adorée de tous. Elle sait y faire, autant avec la Cour qu’avec le peuple. Et qu’avec son époux. Je redresse la tête et l’embrasse délicatement, une main sur sa joue pâle. “Vous êtes parfaite, Grace. Je ne pourrais pas rêver d’une meilleure princesse à mes côtés.” Je l’embrasse une dernière fois pour terminer de reprendre des forces, et nous nous levons pour quitter la chambre et rejoindre la salle du banquet. Je garde la main de la jeune femme dans la mienne, jauge rapidement les convives présents autour de la table, salue Francesco et Anatoli, puis prend place. En dehors de la présence de Grace, rien ne semble me mettre du baume au cœur concernant le couronnement supplémentaire du roi et les batailles à venir. Soucieux, je ne prends que quelques bouchées de mon plat avant de l’abandonner pour quelques grands verres de vin. “Vous ne mangez pas, vous êtes souffrant?” demande mon cousin dont je ne parviens pas à deviner s’il s’en soucie réellement ou non. Lui comme moi avons plus intérêt à nous tirer dans les pattes, et il se peut que je sois le seul de nous deux à vouloir jouer franc jeu. “Non, je n’ai simplement pas grand appétit ce soir.” Je reprends une gorgée de vin en observant les quelques duos qui dansent à l’intérieur du carré formé par les grandes tables. “Pourtant, c’est délicieux.” insiste-t-il. “Je n’en doute pas.” Mais puisqu’il ne sait décidément pas rester à sa place, il ajoute ; “Vous allez vexer les cuisines.” Et l’on apprend vite, au château, qu’il ne faut pas vexer les cuisines. “Bien, bien! D’accord!” Puisqu’il le faut, je terminerai cette assiette. Après avoir terminé ce verre de vin. Ne souhaitant plus avoir affaire à Francesco, je me tourne vers Grace et Anatoli. “Alors, quels sont vos premiers mots d’italien? Est-ce une bonne élève ?” je demande à la première puis au second. La langue est bien différente de l’anglais, et je pense que lorsque l’on passe de l’une à l’autre, il est impossible de ne pas garder un accent assez prononcé. Mais ça, personne ne lui en tiendra rigueur.
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Grace était heureuse de savoir qu'il trouvait un certain réconfort dans ses mains. Elle savait ce qu'il y avait de mieux à faire pour lui faire oublier un peu tous ses tracas, mais cela devait attendre un peu plus tard dans la soirée, à une heure où personne ne pourrait venir les déranger. Il réclamait même davantage d'affection de la part de sa Princesse en logeant son visage dans son cou, juste pour sentir la douceur de sa peau et humer son parfum. Cela semblait le détendre, alors Grace le laissait faire, tout en lui caressant affectueusement les cheveux. "Mon père était un ami du roi, il le respectait beaucoup. Et j'ai été mariée à un homme qu'il appréciait tout autant, il s'était donc limité à une relation amicale, aussi surprenant cela pouvait-il être. Et maintenant, il y a Anne Boleyn, et il paraît qu'il se montre particulièrement fidèle." commenta-t-elle avec un petit rire. "Mais je suis certaine que vous me trouverez un jour une liste incroyable de défauts qui me rendrait moins parfaite à vos yeux." Elle répondit avec amour à son baiser. Ce n'était pas seulement pour augmenter sa cote de popularité qu'elle voulait se rapprocher des italiens. Mais aussi pour apprendre à les connaître, montrer qu'elle était là pour eux et pas uniquement pour faire bonne figure sur un trône. Elle allait passer des journées entières seules, elle allait bien pouvoir en consacrer quelques unes à se promener en ville et aller à leur rencontre. Lorsqu'ils étaient à table, Grace remarqua que son bien-aimé n'avait pas grand appétit. Son cousin se chargea assez lourdement de l'inciter à vider son assiette. Pendant ce temps, Grace discutait beaucoup avec Anatoli, qui ne manquait pas une occasion pour enrichir son vocabulaire en lui apprenant en italien ce qu'il pouvait voir sur la table. Celso s'immisça rapidement dans la conversation pour se renseigner des premiers progrès de sa dame. "C'est une excellente élève, votre Altesse. Difficile de l'arrêter une fois qu'elle commence." s'enthousiasme Anatoli. "Je sais par exemple que nous vivons dans un castello, que je serais bientôt una principessa." Grace rit, se doutant bien que son accent devait être horrible à entendre. "Et je peux également dire que non parlo molto bene l'italiano pour le moment. Mais je compte m'améliorer. Et je sais compter jusqu'à dix." "Je crains que je ne vais pas être son professeur pour très longtemps, votre Altesse, elle apprend vite." ajouta-t-a Anatoli d'un air faussement navré. Cela fit rire Grace. C'était un homme bien, il était très gentil avec elle. "Je pense qu'il y a bien d'autres choses que vous devrez m'apprendre en plus de la langue." Les coutumes, les traditions, Grace tenait à tout savoir. Le dîner se poursuivait, les discussions allaient bon train. Elle continuait de discuter avec Anatoli, jusqu'à ce que celui-ci ne discute avec son autre voisin. Grace se penche un peu vers Celso. "Vous me semblez bien songeur, Votre Altesse." lui dit-elle tout bas avant de boire une gorgée de vin. "Anatoli m'a dit ne pas oser m'inviter à danser de peur que vous vous offusquiez que ma première danse dans cette cour ne soit pas avec vous." dit-elle avec un sourire amusé. "Je ne me permettrais pas de vous y inviter, il faut respecter certaines traditions, n'est-ce pas ?" Grace était bien tentée de l'embrasser à ce moment là, mais elle savait qu'elle ne le pouvait pas. Cette histoire de pudeur en public avait parfois tendance à l'agacer un peu. Mais pour eux, ce n'était que partie remise, une fois qu'ils auront droit à leur intimité. "J'ai hâte que vous montriez toute cette région sous laquelle vous régnez. Je dois vous avouer que le temps dehors donne envie de rester à l'extérieur. Cela change beaucoup, de Londres." Grace avait surtout hâte de voir les campagnes, les paysages durant le trajet.
Lassé des affronts de mon cousin, je me suis tourné vers Grace et Anatoli. Celui-ci est très enthousiaste concernant l'apprentissage à peine débuté de la future princesse. Je souris, presque attendri par l'incapacité totale de la jeune femme à rouler les r comme il le faudrait. Mais ce n’est pas de sa faute, la prononciation anglaise est bien difficile à s'ôter de la bouche. Cette consonne sera toujours trop ronde chez elle et trahira ses origines. Mis à part ce détail, Grace est également ravie de ses rapides progrès, tout comme moi. Pour Anatoli, ses services ne seront pas nécessaires longtemps. “Je vois ça, je pense que nous n’aurons plus besoin de vous la semaine prochaine.” je réponds pour plaisanter. Mais comme le dit la Lady, il n'est pas seulement question d'apprendre la langue, mais tout le reste, afin de se fondre dans le décor, dans son nouveau chez elle. “Vous lui raconterez la légende des amants du château de Squillace, Anatoli.” lui dis-je avec un regard complice. “Personne ne la raconte aussi bien que lui.” C'est une de ces histoires à la fois romantiques et macabres que les enfants aiment entendre ou se raconter entre eux. Une simple légende locale qui hante ces murs depuis quelques siècles. Appelé par dessus son épaule, l'interprète quitte la conversation. Grâce remarque que je ne suis pas vraiment dans mon assiette, si on peut dire. “La journée a été riche en émotions.” dis-je pour résumer, haussant les épaules. Et rien de particulièrement positif. J'ai bien du mal à avoir la tête à la fête, mais Grace me fait comprendre à sa manière qu'elle irait volontiers danser. J’avoue que ma partenaire de danse me manque. “Eh bien, j’étais sur le point de vous y inviter, justement.” J'attendais simplement le bon moment. Et puisque ma promise le réclame, je lui tend la main afin de rejoindre les autres danseurs sur la piste. Faisant le tour de la tablée, la jeune femme me confie son impatience à l'idée de découvrir la région. Le paysage ici, montagneux, en bord de mer, plein de vie, de couleurs, de senteurs, n'a strictement rien à voir avoir la platitude grise de son île“Je vous l’avais dit que l’Angleterre était morose par rapport à l’Italie.” J'affiche un petit air vainqueur. Je n'ai jamais trouvé de paysage plus beau que celui de mon pays natal. Quoique la Suède était était séduisante, mais bien trop froide à mon goût. “Je suis certain que vous adorerez.” Les villes pentues bâties sur les flancs des collines et les bords des jetées respirent la chaleur du soleil et de l'âme italienne. Et dans les forêts, même ce peuple bruyant se fait oublier. Grâce et moi profitons de la fin d'une musique pour nous mettre en place parmi les autres danseurs. Cette première danse est particulièrement épiée. “Vous devez apprendre comment nous dansons ici également. Nos danses sont les plus difficiles du continent à ce qu’il paraît.” Mais elles n'en ont pas l'air. C'est que tous ces petits pas et petits bonds sont épuisants. La musique est plus vive, alors la chorégraphie l'est aussi. Il est plus simple de danser pendant des heures en Angleterre, il faut leur accorder ça. “Ne vous en faites pas, je ne suis plus très au point non plus.” En dix ans, on oublie bien des choses, même celles que l'on pensait bien ancrées. Je crois avoir passé mes soirées de banquet sur la piste de danse depuis toujours, ne tenant pas en place. Il me reste donc les pas de ces danses en tête, mais la fluidité est à revoir, question de coordination. J'ai eu le temps de largement m'améliorer en un mois à la Cour. Grave est une bonne élève à l'esprit vif dans tous les domaines. Il lui faut un temps record pour assimiler les bases, les petits pas de côté, les moments où la cheville est jetée, quand aller vers l'avant ou l'arrière. Si bien qu'au bout de quelques morceaux de musique, nous pouvons aisément nous suivre l'un l'autre, même si nous n'usons pas de pas compliqués, et oublier l'apprentissage. Nous pouvons simplement rester dans le regard l'un de l'autre, et rire.
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Celso n'arrivait pas à décompresser et se détacher de cette longue journée pendant les festivités. Sa fiancée l'avait bien constaté, et s'efforçait de le tirer vers le haut comme elle le pouvait. Comme en lui montrant ses premiers progrès en italien, l'enthousiasme qu'elle avait à apprendre la langue et les diverses coutumes. Cela lui donnait le sourire, mais ça ne lui permettait pas d'oublier. Alors Grace embraya sur la danse. Ils avaient tous les deux beaucoup aimé danser ensemble jusqu'ici, c'était quelque chose qui n'allait certainement pas changer. Le Prince finit par l'inviter à se lever. Grace déposa sa main dans la sienne et se leva de sa chaise avec un sourire ravi. Elle rit à son commentaire, encore plus en voyant l'expression fière de son visage."Ca n'en reste pas moins le pays où je suis née et j'ai grandi. Cela devrait être un argument de taille pour le trouver un peu moins morose. Vous ne trouvez pas ?" Ses yeux pétillaient d'amusement. Ils ne manquaient jamais de faire quelques joutes verbales, et Grace prit la perche qu'il venait de lui tendre. Tous les regards se posèrent sur eux lorsqu'ils se rapprochèrent des autres danseurs. Tout le monde voulait voir comme la jeune femme se débrouiller, tout autant que leur nouveau Prince. Encore une étape obligée pour convaincre et faire taire certaines rumeurs. Ils se positionnèrent. Des cours de danse étaient de rigueur. "Ce n'est vraiment pas le genre de cours qui m'ennuierait." Surtout que la petite blonde adorait danser, elle acceptait volontiers qu'on lui apprenne de nouvelles chorégraphies sur le rythme de la musique italienne. Elle suivait avec attention les bases que lui montraient Celso et les répétait comme elle le pouvait. Il y avait quelques erreurs ici et là qu'elle corrigeait rapidement. Ce genre d'apprentissage l'amusait beaucoup, et le résultat finit par être assez plaisant bien que ce ne fusse pas la danse la plus compliquée qui soit. Elle riait et le sourire ne quittait pas son visage. A la fin de l'un des morceaux, alors que tout le monde applaudissait, un noble s'inclina devant Celso et demanda s'il pouvait être le cavalier de la Comtesse pendant quelques morceaux. Il avait des yeux incroyablement clairs, pour un Italien. Il ne parlait pas la langue natale de Grace mais il se faisait extrêmement bien comprendre, et semblait vouloir apprendre une autre danse à Grace. C'était un peu plus complexe que les précédentes, mais il se montrait patient pour réajuster quelques petits défauts. Mais encore une fois, la petite blonde s'amusait beaucoup malgré les nombreux regards posés sur elle. A la fin de la danse, le noble lui fit un baisemain et s'empressa d'applaudir l'apprentissage rapide de la jeune femme. D'autres applaudirent également et Grace s'inclina légèrement en signe de reconnaissance avant de retourner auprès de Celso, qui était resté sur le côté pour l'observer. Il était temps d'aller à nouveau à table, car le dessert n'allait pas tarder d'être servi. Elle prit doucement sa main et lui sourit amoureusement. Oui, elle était si heureuse d'être à ses côtés. "Quand allons-nous partir, demain ?" finit-elle par demander, curieuse de savoir si elle allait devoir être matinale ou non. Elle avait hâte de ce voyage, de voir un peu plus de la région. Elle caressait sa main de ses doigts, juste pour lui rappeler qu'elle était là, et qu'il pouvait s'appuyer sur elle dès qu'il en ressentait le besoin. Grace avait bien conscience de la lourdeur de son rôle qui pesait quotidiennement sur ses épaules. C'était aussi son rôle de future épouse, que de le soulager. Elle se pencha sur lui pour parler bien plus bas. "Dois-je rejoindre vos appartements ce soir ? Ou viendrez-voir les miens d'un peu plus près ?" Elle sourit malicieusement. "A moins que vous ne préféreriez vous reposer seul pour ce soir." Ce dont elle doutait fortement, elle savait qu'il était rapidement devenu dépendant de sa présence. Et il y avait de nombreuses sorties d'annulées sur la journée à cause de son rôle de Prince. Il voudrait certainement rattraper ce temps perdu en passant la nuit avec elle.
Mettant de côté toute possessivité, j'abandonne Grace aux bons soins d'un noble de la Cour souhaitant danser avec elle. L'homme est marié, et même si cela n'empêche rien, je sais que je peux avoir confiance en ma promise ; je sais qu'il n'y a qu'elle pour moi, et que moi pour elle. Je sais que même si elle danse avec d'autres, je serais toujours son partenaire. Je sais que si je m'amuse à charmer une autre dame, cela ne sera strictement rien d'autre que du divertissement. Je n'ai pas peur, je n'ai pas de doutes. Ce qui nous lie est au-delà de ce genre d'inquiétudes. Plus fort que les peurs qui engendrent d'habitude la jalousie. Elle est ma princesse, et personne ne peut me la prendre. D mon côté, j'accorde également une danse à une jeune femme, puisque je ne compte pas rester planté au milieu de la piste. Je souriant, ce sont dans ces pas et dans la musique que je peux faire abstraction du reste. De temps en temps, je jette un coup d'oeil du côté de Grace ; elle semble s'amuser, prendre du plaisir à apprendre ces nouvelles chorégraphies. Je suis certain que toutes ses découvertes dans ce pays et dans cette région lui donneront ce même sourire et cet éclat dans le regard. Elle saura aimer ces terres et ce peuple comme s'il avait toujours été le sien. La musique prend fin et chacun retrouve son partenaire ; la Lady revient vers moi et je me permets de l'embrasser sur la joue pour marquer mon affection malgré tout. Nous retournons à table pour la fin du repas -et du banquet. « En fin de matinée. » je réponds à sa question à propos de notre voyage du lendemain. « Le trajet peut être long alors il vaut mieux ne pas traîner. » Sas pour autant avoir à être trop matinaux. Les affaires qui m'attendent ne s'envoleront pas en une demie-journée après tout. Je serre légèrement la fin de Grace dans la mienne pour répondre à ses fines caresses. Je lui adresse un sourire tendre également. Il me suffit de me dire qu'elle est là pour me sentir soulagé de je-ne-sais quel poids. Tout bas, malicieuse à souhait, la jeune femme propose que nous nous rejoignons dans une chambre pour la nuit -sauf si la fatigue me pousse à préférer rester seul. « Certainement pas. » Mais elle s'en doutait. Cela ne devrait pas offusquer qui que ce soit que la Lady et moi dormions fréquemment ensemble. Cela ne fera qu'étendre les rumeurs de la future conception d'un petit Borgia dans le château. « Je vous rejoindrai. » Pour voir ses appartements de plus près, comme elle le dit si bien. Et essayer ce lit qui a intérêt à être aussi confortable que le mien. Une fois le dîner terminé, chacun rejoint ses appartements. Je ne prendrai pas le temps de déshabiller moi-même Grace ce soir. Il y a bien des jours où je n'ai pas l'envie de me donner cette peine. Ce n'est qu'après m'être accordé un petit moment seul que je frappe à sa porte. Avant quoi que ce soit, je l'approche et prend son visage pour lui donner un long baiser, un brin fougueux et frustré par cette distance pudique que nous sommes obligés d respecter en société. « Venez. J'aimerais vous montrer quelque chose. » Je prends la main de Grace et l'attire hors de ses appartements, puis un peu plus loin dans le couloir. J'ouvre une épaisse porte en bois ; celle-ci donne sur la salle qui me sert d'atelier. J'y viens lorsque je ne trouve pas le sommeil ou lorsque l'envie de peindre se fait pressante. Je troque certaines balades contre quelques heures entre ces murs. Ils sont entièrement tapis de toiles et de cadres. Des travaux achevés et d'autres qui attendent que je retrouve l'inspiration afin de les finir. Des matériaux éparpillés un peu partout, sur des étagères ou sur le sol. Des études, ds croquis. Tout ce qui a pu occuper mon esprit pendant ce premier mois passé à Squillace. Il y a bien sûr le portrait que j'ai fait de Grace, entre autres. Il s'agit de mon petit monde, mon espace, mon secret, la rare part d'intimité exclusive à laquelle j'ai droit. Ainsi, si un jour la Cour me dit introuvable, la jeune femme saura que je me trouve ici.
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Sans grande surprise, Celso comptait rejoindre sa belle dans ses appartements. Hors de question pour lui de se séparer d'elle pour la nuit, déjà qu'il la voyait à peine en journée. A la fin du banquet, Grace rejoint ses appartements, où le feu crépitait dans la cheminée. Jane l'aida à se débarrasser de ses vêtements, et de ses bijoux. Ses cheveux étaient lâchés. La suivante l'aida à enfiler une robe de chambre qu'elle laissa ouverte. La Comtesse congédia ensuite sa suivante. Assise près du feu, elle l'attendait. Il arriva quelques minutes plus tard en entrant après avoir toqué à la porte. Grace se leva et il se jeta sur ses lèvres pour l'embrasser longuement en prenant son visage entre ses mains. Elle y répondit avec tout autant d'amour. Il tenait à lui montrer quelque chose. Celso prit sa main et l'emmena en dehors de ses appartements pour l'emmener dans une pièce derrière une grande porte en bois. Grace devina rapidement qu'il avait désigné cet endroit comme étant son atelier. Il n'avait pas oublié sa passion pour autant. C'était un peu bordélique, elle le reconnaissait bien. Il y avait déjà de nombreuses toiles, des croquis qui traînaient sur les tables, les chaises, parfois même par terre. La petite blonde remarqua son portrait, un peu plus mis en évidence que les autres. Grace se permit de faire quelques pas dans la pièce, ramassant parfois un croquis commencé qu'elle redéposait sur la table. Il y avait de nombreuses bougies allumées, afin que la luminosité soit suffisante pour qu'il puisse peindre en pleine nuit. "C'est votre monde à vous." dit-elle tout bas, songeuse. "Vous avez refait votre atelier ici." Elle lui souriait. Il ne s'était pas complètement oublié en endossant son rôle de Prince. "C'est pour cela que vous devriez être fier de vous-même, Celso." lui dit-elle avec tendresse."Parce que vous n'avez pas oublié qui vous êtes. Vous ne l'oubliez pas lorsque vous vouliez récupérer ce qui vous revenait de droit. Vous voilà Prince, et vous n'avez pas oublié ce que vous étiez en attendant votre ascension." Grace s'approcha de lui pour l'embrasser tendrement. "Mais... N'auriez-vous pas préféré garder cet endroit rien que pour vous ? Je veux dire... C'est votre monde à vous, Celso." Elle comprenait autant qu'il voulait lui montrer cet endroit, tout autant qu'il ne l'aurait pas voulu. "Vous vous ouvrez entièrement à moi..." finit-elle par dire en plongeant son regard dans le sien. Elle effleura ses lèvres avant de les embrasser plus passionnément. Son regard devint subitement malin. "A moins que... vous ne soyez inspiré ce soir." dit-elle tout bas au bout de ses lèvres. "Il paraît que certains artistes italiens se plaisent à dessiner des silhouettes." Elle s'éloigna de lui et fit quelque pas dans la pièce. Grace retira lentement sa robe de chambre qu'elle laissa tomber par terre. La jeune femme lui lança un regard par-dessus l'épaule, un sourire en coin. "Il paraît... Que malgré la pudeur de la cour, où toute forme d'intimité est proscrite..." Grace s'approcha à nouveau de lui, et, une fois toute proche de lui, laissa tomber le dernier vêtement qu'elle avait sur elle. "Il paraît que ces artistes ont un réel intérêt pour les corps nus. Ils ne se gênent pas à les sculpter, mais peut-être ont-ils des difficultés à dessiner ce qu'ils ne peuvent toucher." Grace prit la main de son amant pour la faire glisser le long de sa taille. Elle colla son corps contre le sien, son visage effleurant le sien. "Auriez-vous envie de me dessiner, votre Altesse ?" lui demanda-t-elle entre deux baisers. "Le temps que je ne sois pas trop grosses et fatiguée de concevoir et de veiller tous ces mois à votre enfant. Je ne serais plus vraiment un bon modèle à ce moment-là." Elle lui sourit puis passa ses bras par-dessus ses épaules pour l'embrasser longuement et langoureusement.
Restant en retrait, je laisse Grace déambuler dans atelier. Je ne cherche pas à ranger quoi que ce soit, tout est exactement à sa place, même les croquis sur le sol, même les tâches de peinture et les pinceaux secs. On pourrait croire qu'un courant d'air a tout fait voler dans la pièce, mais le seul ouragan qui serait passé par ici n'est que moi. Je ne suis ni ordonné ni méticuleux lorsqu'il s'agit de peinture. C'est la facette de moi ou règne une certaine anarchie. L'inspiration, disons, qui n'est pas faite pour avoir de maître. Je crois que cet endroit reflète tout ce que je suis réellement, derrière le Prince, derrière le bâtard au sang bleu, derrière le charmeur allant de Cour en Cour. Lorsque je suis devant une toile, je suis face à moi-même, et ainsi je ne me perds jamais de vue. Il serait absolument impensable de m'en passer. Je souris à Grace qui le comprend bien. Je réalise qu'elle n'a jamais eu le moindre mal à lire en moi. Je suis sans secrets pour la jeune femme, du fait de cette connexion entre nous. Elle lit mon âme. “Vous faites partie de mon monde. De ce monde là.” lui dis-je. Elle sait qui je suis. Non seulement toute l'histoire, d'où je viens, tout ce que j'ai fait, mais elle m'a surtout rencontré quand je n'étais personne, elle est tombée amoureuse de cette personne là. Le Celso authentique si l'on peut dire. “Je voulais que vous sachiez où me chercher quand personne ne le peut” j'ajoute avec un petit rire. “Je garde cet endroit aussi secret que possible… Mais il n'est pas rare que je vienne quand je veux faire une pause. Alors je fais dire que je suis à la chapelle, mais je suis ici.” Je me sens un peu clandestin dans mon propre château lorsque je peins ici. Je ne sais pas comment un Prince à la fibre artistique serait vu, et je ne veux pas risquer de le découvrir. Je garde mon monde pour moi seul, et maintenant pour Grace. Son regard bleu se met à briller d'une manière que je connais pas. Malicieuse, elle se défait de sa robe de chambre, puis de sa robe de nuit. J'arque un sourcil. La jeune femme n'a pas froid aux yeux. “Je ne crois pas que “dessiner” soit le bon terme à cet instant.” je murmure au bord de ses lèvres avant de répondre avec la même intensité à son baiser. Mes bras passent autour de sa taille pour la serrer tendrement. Persuadée qu'une fois enceinte je ne voudrai plus la dessiner, je secoue négativement la tête. “Sarai sempre bella” Mes doigts frôlent délicatement la courbe de ses hanches. “Ca veut dire que vous serez toujours magnifique à mes yeux.” Je capture une nouvelle fois ses lèvres, un long moment. Lorsque le baiser se fait plus intense, je m'arrache à elle, à contrecœur, mais préférant languir un peu. Après tout, elle m'offre de la dessiner une, je ne vais pas le refuser. C'est un genre que je suis certain d'apprécier. Délicatement, j'indique à Grace le grand canapé qui se trouve là. “Bien, sedersi, installez-vous.” J'attrape une grande feuille rigide que je dispose sur un carton, sur le chevalet, et glisse celui-ci jusqu'au bon endroit. Ce n'est pas quelque chose qu'un portraitiste est habitué à faire, l'idée est de ne pas complétement rendre la jeune femme difforme. Je prend un peu de temps pour l'observer, un rictus ravi au coin des lèvres. La vue est des plus agréables. Je prend ensuite un crayon et débute quelques traits en silence. Légers, ceux dont je suis sûr sont un peu plus noircis au second passage. Je jette régulièrement un coup d'oeil a Grace pour poursuivre, et me surprend à me perdre de longues secondes dans la contemplation de ses courbes. “Et dire que votre visage suffisait à me déconcentrer.” je murmure avec un léger rire amusé. Il faut désormais ajouter toutes ces zones que je parcourerais avec mes mains si ce n'était pas du bout du crayon. Ma belle sait très bien adopter une posture sensuelle, mais peu provocante. La seule provocation est dans son regard bleu qui me dit ce qui aura lieu ensuite, et auquel je réponds avec le même désir. “Vous êtes là première à poser de cette manière pour moi.” je fais remarquer. “Vous serez la seule, soyez-en assurée.” Je ne me vois pas laisser qui que ce soit d'autre entrer ici, ni mes crayons former les courbes d'une autre femme que celle que je chéris.
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Celso voulait l'inclure dans la moindre parcelle de sa vie. Il voulait qu'elle sache absolument tout de lui, dans tous les détails. Elle peut s'y immiscer n'importe quand. Désormais, Grace savait où le chercher lorsqu'il était introuvable. "Un secret que nous partagerons ensemble dans ce cas-là." lui dit-elle avec un sourire complice. Elle ne savait pas si le reste de la cour était informé que leur Prince était un artiste talentueux. Il voulait peut-être garder cette occupation là rien que pour lui. "Je ne voudrais pas vous perturber pendant vos occupations. Il paraît que je vous distrais facilement lorsque je suis dans votre champ de vision." ajouta-t-elle pour le taquiner, pendant qu'elle continuait de regarder cette petite pièce. Grace se dévêtit sensuellement devant lui, avant de s'approcher de lui pour l'embrasser. Celso passait ses mains autour de sa taille pendant qu'il caressait ses lèvres. Elle aimait tellement sentir ses mains sur elle. Elles étaient douces et fermes à la fois. La jeune femme lui sourit lorsqu'il lui parlait en italien et qu'il lui traduisait juste après. "Parler votre langue natal vous particulièrement séduisant." dit-elle tout bas avec un petit rire, avant qu'il n'attrape de plus belle ses lèvres pour l'embrasser. Lorsque le baiser se fit bien trop fougueux, il interrompit subitement le baiser, créant en elle une certaine frustration. Mais il comptait véritablement la dessiner sans le moindre vêtement. Celso l'invita à s'installer sur le canapé. Elle était à moitié allongée, son regard plongé dans le sien. Celso avait un petit regard satisfait en la voyant ainsi poser pour lui. Il prit un certain temps avant de commencer à crayonner quoi que ce soit. "J'avoue aimer vous déconcentrer." lui répondit-elle en riant également. "A croire que vous n'êtes pas le seul à avoir l'entière attention de la personne aimée." Grace aimait qu'il la regarde elle. Elle se fichait bien du regard des autres hommes, tant qu'elle avait l'attention de Celso. Cela avait été le cas bien avant qu'il ne soit couronné, sauf qu'elle ne le montrait pas de la même manière que lui. Grace était plutôt du genre à se vexer plutôt que de courir vers lui. Chacun avait sa technique et il s'avérait qu'elles étaient assez complémentaires. Celso lui confia que c'était la première fois qu'il dessinait une femme nue. Grace ne cachait pas sa surprise. "Je pensais que l'une de vos nombreuses conquêtes vous l'auraient demandé." lui dit-elle. "Je me suis dit qu'elles seraient du genre à vouloir se mettre en valeur à vos yeux par tous les moyens. Avoir un regard attentif et désireux pendant de longues minutes avant de passer à l'acte." Qui ne voudrait pas qu'on la regarde comme Celso était en train de regarder sa bien-aimé ? Il s'échangeait bien des mots ainsi. Un désir certain, elle le narguait de loin avec son corps dénudé qu'il ne pouvait pas encore toucher. Ca ne gênait pas pour Grace de rester longuement dans la même position. De nombreux portraitistes étaient déjà passés chez elle pour la représenter. Son mari aimait énormément son visage et ne cessait de vouloir qu'on la peigne. Ainsi, rester statique faisait partie de son quotidien. Elle faisait en sorte qu'à chaque fois qu'il lève les yeux, il se plonge quelques instants dans son regard bleu. Ca l'amusait assez de le distraire ainsi, même si ce n'était l'affaire qu'une poignée de secondes. Elle voyait ses yeux verts devenir vitreux, ses joues légèrement rosir à la simple idée de savoir ce qui allait se faire dès qu'il en aura terminé avec son croquis. "Vous vous en sortez ?" lui demanda-t-elle. "Suis-je un modèle qui vous inspire ?" Elle connaissait déjà la réponse, mais elle appréciait l'entendre de sa bouche. Au bout de quelques minutes, Celso déposa son croquis et s'approcha d'elle. "Auriez-vous besoin de voir quelques détails de plus près ?" Elle avait le sourire mutin, le regard particulièrement charmeur. "J'aime la manière dont vous me regardez, dans ces moments là. Même à chaque fois que vous me regardez, à vrai dire." ajouta-t-elle d'un ton doux et plus sérieux."Les autres hommes ne me regardaient que comme si je n'étais qu'un bout de viande que l'on adorerait avoir dans son lit, ou un bijou supplémentaire pour rendre tous les autres jaloux à en mourir. Vous... c'est de l'amour. Le genre de regard qui me donne l'impression d'être spéciale, différente. On ne m'a jamais regardé avec autant de passion et de dévotion."
Sans précipitation, les traits se forment les uns après les autres sur le papier. Le poignet souple, le crayon au bout des doigts, les courbes fines donnent peu à peu naissance à un visage et un corps. Une silhouette sans détails, mais dont l’aspect me semble fidèle au modèle. Ni plus enrobée, ni plus maigre, ni trop petite, ni trop grande. Ce sont des règles de proportions apprises depuis bien longtemps que je dois appliquer. Pas de vêtements pour masquer les erreurs ; un modèle nu, en réalité et sur le papier, n’a rien à cacher. Il faudrait que je sois bien plus concentré qu’actuellement afin de ne pas faire la moindre erreur, mais j’avoue être légèrement distrait à chaque fois que mon regard se pose sur Grace, et cela semble bien lui plaire. « Vous avez tout le temps toute mon attention. » je réponds avec un sourire. Même lorsque ma bien aimée n’est pas près de moi, nous restons liés d’une autre manière que par la vision et la parole. C’est une chose plus puissante que le monde physique. C’est son âme et la mienne qui sont en résonnance, lisent l’une en l’autre, et savent, tout simplement. « Rien que vos petites apparitions à la Cour suffisent à me détourner de mon devoir. Je dois apprendre à vous résister un peu plus. » Bien sûr, je n’en ai pas l’intention. Ma relation avec Grace est ce qu’elle est, que cela plaise ou non. J’ai connu des reines et des princesses délaissées ; la mienne ne s’ajoutera pas à la liste. Alors je n’empêcherai jamais mon regard de se poser sur elle lorsqu’elle sera dans la même pièce, si ma bouche de lui sourire. S’il faut de la pudeur, soit. C’est tout ce qu’il y aura de ma part, dans le cadre publique. Et en privé, ce sera une toute autre histoire qui ne regardera que moi et ma belle. L’atelier n’est pas que mon monde, il sera sûrement comme un sanctuaire pour nous. Les chambres ne laissent pas de réelle intimité, alors qu’ici, il n’y a que nous. La porte est verrouillée, personne ne nous dérangera. Je peux dessiner Grace nue si je le veux sans scandaliser qui que ce soit. Je lui avoue que jamais personne n’a posé pour moi ainsi. Aucune conquête, pas une fois. « Non, ce n’est que l’acte qui les intéressaient. Je suppose que c’est un juste retour des choses vis-à-vis de la manière dont elles sont elles-mêmes usées. » Les maris se fichent bien d’elles dans le fond. Ils font leur affaire et en sont bien contents. C’est un manque de considération auquel je palliais volontiers. « Ca ne me dérangeait pas, c’était aussi tout ce qui importait à mes yeux. » j’ajoute en haussant les épaules. « Et puis, elles n’auraient jamais de la vie accepté de poser entièrement nues. » Il y avait celles qui refusaient que je les déshabille moi-même, celles qui refusaient d’être nues, ou n’importe quelle autre fantaisie. Je n’en ai jamais forcée une à faire quelque chose qu’elle ne voudrait pas. J’ai toujours trouvé amusantes leurs petites limitations ; un rapport sexuel hors mariage, un adultère, tout ce que cette aventure d’un soir impliquait comme risques pour elles pouvaient les mener au couvent, à la prison, à la mort, alors autant aller jusqu’au bout de la provocation. Non, elles gardaient quelques limitations. Grace n’a pas ce problème-là, je me demande pourquoi. J’imagine que le manque de contact avec son mari a pu la rendre quelque peu avide de chaleur humaine. Sans oublier la soif d’amour, presque insatiable après des années d’obligations sans sentiments. Sans rien de comparable en tout cas. Cela donne des ailes. Je poursuis mes traits avec soin, et toujours Grace trouve le moyen de me déstabiliser un peu plus. Quoi que certaines courbes sur le papier suffisent à éveiller quelques papillonnements dans mon ventre. « Enormément. Néanmoins, un dessin ne vaut jamais l’orignal. » je lui réponds avec un sourire complice. Je pourrais la dessiner pendant des heures avec toujours autant d’application. Une fois le croquis assez avancé, je pose mon crayon et m’approche de Grace. Je m’accroupis devant elle, à côté du canapé, et laisse mes doigts glisser entre ses cheveux pendant que je l’écoute m’avouer ses pensées à propos du regard des hommes en général comparé au mien. Je ne peux pas l’observer autrement que comme une œuvre d’art, ou un ange tombé du ciel. Sans elle je serais seul ici. Seul et malheureux. « Et on ne m’a jamais regardé avec autant d’affection et d’estime. » je lui réponds, le sourire tendre, en caressant sa joue. « Je sais ce que c’est d’être de la chair fraîche. Mais je l’avais bien cherché. » j’ajoute avec un petit rire. Je n’ai pas honte, pas plus que je ne me plains. « Maintenant vous serez regardée comme vous le méritez, et avec respect. Vous êtes ma princesse. » Je me penche vers elle pour l’embrasser, d’abord délicatement, puis de plus en plus langoureusement. Mes doigts glissent le long de son cou sur son corps, sa poitrine que je caresse furtivement, son ventre, sa cuisse, et remonte à l’intérieur pour atteindre son entrejambe. J’absorbe les quelques soupirs qui échappent à ma promise à cause de ces frôlements. Pendant quelques longues minutes, la jeune femme peut se laisser aller dans les frissons liés à chaque sensation. Sa peau devient de plus en plus chaude. Sans cesser de l’embrasser, je finis par me redresser et me glisser entre ses jambes. « Est-ce que vous savez dire "je vous aime" en italien ? » je demande au bord de ses lèvres avec un petit sourire, le regard vitreux et débordant d’envie.
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Pendant qu'il dessinait avec minutie et précision, Celso lui disait qu'elle avait toujours son attention. Il devait savoir ce qu'il disait, même malgré la journée qui venait de s'écouler. Un premier baptême, une première idée de ce que sera le future de Grace dans ce château. Les affaires resteront primordiales avant elle, même si en lui, ce serait l'inverse. L'amour n'avait pas de réelle importance en ce monde, mais la politique, oui. Celso n'était certainement pas de cette avis mais il se gardait bien de le dire. Mais il était évident qu'il préférerait consacrer bien plus de son temps à sa dulcinée qu'au reste. Bien sûr qu'il ne comptait pas faire en sorte de lui résister davantage. Ils appréciaient tous les deux cette dépendance qu'ils avaient pour l'un l'autre, et ne comptaient pas s'en passer. Grace rit doucement à cette remarque. Elle avait l'impression de cacher un secret, en restant enfermé dans cet atelier. Il n'y avait personne pour les déranger, ils pouvaient faire ce que bon leur semblait. C'était peut-être ça désormais, leur petit jeu. Ils créaient leur propre monde dans cette pièce, un univers qui n'était pas acceptable pour la société. Celso admettait sans regret que ses relations précédentes ne se limitaient qu'au sexe. L'une voulait ressentir ce plaisir singulier, et il leur procurait sans penser au sien. Des allures de prostitution qu'il semblait parfaitement accepter. "Il n'y en a jamais eu une qui ne vous voulait que pour avoir votre attention, le regard d'un bel homme posé sur elle et qui la charmait avec son langage ?" Certaines femmes s'arrêtaient à ces petits plaisirs là. Grace se demandait avec combien il avait couché. Le nombre devait être inimaginable. La Comtesse prenait tout de lui. Autant l'affection de ses mots, que de ses geste, et lorsqu'ils couchaient ensemble. Son mari ne s'était jamais montré aussi attentionné que lui. Il ne se limitait qu'à son propre orgasme, ne se rendant pas compte de son indélicatesse ni de la douleur qu'il provoquait parfois chez la jeune femme. Celso avait une telle expérience qu'il faisait absolument attention à tout. Il continuait de s'appliquer sur son croquis pendant de longues minutes avant de laisser tomber son matériel pour s'approcher. Grace sentit son coeur s'accélérer à ce moment-là, lorsqu'il lui caressa avec tendresse la joue. Il ne souhait que le meilleur pour elle, et exigerait de toute façon à ce qu'on la respecte et regarde comme il se doit. Il l'embrassa, le baiser devint de plus en plus fougueux. L'une des mains de Celso parcourait délicatement son corps, jusqu'à se retrouver jusqu'à son entrejambe. Un peu surprise, Grace interrompit brièvement le baiser, perplexe, et échangea un regard avec lui. Il semblait être confiant et sûr de ce qu'il faisait. Et elle se jeta à nouveau sur ses lèvres lorsqu'elle ressentit les premières sensations qu'il lui procurait ainsi. Elle soupirait, gémissait même parfois sous ses caresses. Celso se redressa alors afin de pouvoir se mettre sur elle. "Je l'ai su oui, mais je crois avoir oublié." lui répondit-elle avec un air malicieux. Bien sûr qu'elle le savait. "Je crois avoir besoin que vous me le répétiez avec votre voix particulièrement sensuelle pour être sûre de bien retenir cette phrase." Elle rit, puis l'embrassa en entourant son cou de ses bras. Grace finit par l'inviter à se redresser et s'asseoir au bout de quelques minutes. Elle interrompit brièvement le baiser afin de pouvoir lui retirer son chemisier. Sans plus attendre, elle se mit à califourchon sur lui pour reprendre le baiser, son visage entre ses deux mains. Parfois, ils arrêtaient de s'embrasser juste pour effleurer la peau du visage de l'autre, ou coller son front contre le sien et échanger quelques regards envieux. "Qu'est-ce que vous savez faire d'autre, en plus de... ce que vous venez faire avec votre main ?" demanda-t-elle timidement. C'était ce qu'il savait faire, après tout, il avait certainement de nombreux outils en main pour satisfaire une femme. Il n'avait pas vraiment de raison à ne pas vouloir le faire sur celle qu'elle aimait, à moins que cela n'aille au-delà de certains de ces principes. Elle se pencha sur lui pour l'embrasser avec tendresse. Elle caressa avec minutie chacune de ses lèvres. Elles lui avaient bien manqué, sur la journée.
Peu de personnes osent mettre un nom sur mon train de vie avant d'arriver ici. Il est plus aisé de dire que je ne suis qu'un charmeur, un séducteur, plutôt que tout autre mot. Pourtant il n'y en a qu'un, et il ne me fait pas honte. Séduire a toujours été un jeu que j'apprécie, et il y a bien trop de portraitistes en circulation pour pouvoir vivre des commandes de tableaux. La vente d'une toile suffit souvent uniquement à payer le matériel de la suivante, mais pas à s'acheter de beaux habits pour être présentable à la Cour. Les bâtards sans nom n’ont pas d'héritage, n’ont rien du tout. Autant mettre d'autres talents à profit. C'est un travail facile et discret. Aucune femme n’avouera avoir entretenu un homme pour ses faveurs. Seuls les époux en ont le droit. Seules les femmes peuvent se vendre. Tout n'était pas qu’échange de bons procédés de ce genre néanmoins. Ayant reçu de Jane tout ce dont j'avais besoin, les conquêtes anglaises n'étaient que des distractions. Je suppose que toutes les femmes qui ne m'ont jamais demandé dans leurs appartements font partie de celles qui se contentaient d'apprécier un simple jeu de séduction.“Si, sûrement.” je réponds donc en haussant les épaules. Puis une anecdote me revient en mémoire ; “Une vieille femme, mais une belle femme, veuve, avait une fois payé pour converser dans sa chambre. Elle voulait simplement que je lui fasse du charme. Cela la faisait sentir jeune à nouveau disait-elle.” C'était une femme agréable. J'aurais bien des petits récits de ce genre à raconter, mais je doute que cela intéresse Grace. Il y a plus de chances qu'elle s'en offusque, aussi difficilement choquée soit-elle. De toute manière, c'est une vie qui appartient désormais au passé. Elle comme moi n'avons plus à nous sentir en deçà de ce que nous méritons. Je ne serai jamais empereur, mais j'ai un nom et un titre. Je suis enfin quelqu'un. Et Grace, à mes côtés, méritera le même respect. Elle semble née pour le rôle de princesse. Et de Muse. Sa silhouette pâle est un délice à dessiner et à parcourir. Je ne me lasse pas de caresser ses lèvres avec les miennes. Elle me laisse la toucher de cette manière à laquelle elle est visiblement peu ou pas du tout habituée. Les hommes pensent à tort que l'acte se suffit à lui-même. J'ai appris avec le temps que tout est important. Entre les jambes de Grace, mon corps s'est collé au sien. Je souris, l’entendant feinter de ne plus savoir la formule la plus connue en italien. “Te amo.” lui dis-je tout bas avant que ses lèvres atteignent les miennes. Elle me redresse petit à petit pour me retirer ma chemise de nuit. Et elle se colle immédiatement à moi pour absorber directement cette chaleur qu'elle désire. Curieuse, sa question me fait discrètement sourire. Mon regard dans le sien, je frôle délicatement sa bouche et le bout de son nez. “Vous voulez vraiment le savoir?” je murmure. Je la rallonge tout doucement sur le canapé, les doigts suivant la courbe de sa silhouette. “Je vais vous montrer.” Avec un sourire malicieux, je quitte ses lèvres et goûte, baiser après baiser, sa peau délicate. Je m'attarde un instant sur sa poitrine, juste sur l'extrémité de ses mamelons. Puis je descends sur son ventre jusqu'à retrouver son intimité. D'un coup d'oeil furtif, je la rassure ; elle appréciera. Elle appréciera forcément. Ma bouche s’appose à son anatomie, et avec application, la caresse. Une caresse chaude et tendre qui flatte les parties les plus sensibles de ce petit corps adoré. Crispée au départ, ses membres parviennent à se détendre et laisser les frissons de plaisir les traverser. Enfin, elle laisse un gémissement lui échapper, pour ma plus grande satisfaction.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Celso assumait pleinement ce qu'il était avant cette vie là, avant peut-être qu'il ne rencontre Grace. Elle ne dirait pas qu'elle a perturbé le cours de sa vie, mais il y avait certainement eu un déclic qui l'avait radicalement changé, au point de ne vouloir être fidèle qu'à une seule femme. Elle se mentirait si elle disait ne pas apprécier cette exclusivité. Certaines de ses précédentes conquêtes rageraient certainement en sachant ce qu'il est devenu. Et son coeur n'était ouvert à plus personne mis à part Grace, où elle régnait largement. Il se rappelait d'une soirée passée chez une vieille dame, qui ne demandait pas de partager son lit avec lui, mais plutôt de converser. Qu'il lui fasse du charme. Il n'avait plus vraiment à charmer Grace, mais Celso ne voulait que l'aimer davantage chaque jour. Après ces mois de retard, ils avaient bien des choses à rattraper, bien des nuits à passer nus l'un contre lautre. Logé entre ses jambes, ils s'embrassaient longuement avant qu'elle ne le fasse se redressa afin qu'elle puisse lui retirer son dernier vêtement. Grace adorait retrouver sa chaleur. Son corps était toujours plus chaud que le sien, et elle s'en imprégnait avec joie. Elle posa ensuite timidement une question à laquelle il devait forcément s'attendre un jour. Cela le faisait sourire. La Comtesse savait qu'il ne chercherait jamais à lui faire du mal, d'aucune sorte. C'est pourquoi elle se laissa faire lorsqu'il l'allongea à nouveau sur le canapé, déterminé à montrer ce qu'il savait faire. Grace, un peu nerveuse, sentait son coeur battre à toute allure. Elle frissonna à chaque fois qu'elle sentit ses lèvres posées sur elles. Elle fut déjà surprise que ses lèvres et sa langue passe autant de temps au niveau de ses seins. C'était largemement appréciable. Puis elle le sentit descender doucement le long de son ventre. Jusqu'à ce que ses lèvres atteigne son intimité. Grace se redressa en s'appuyant sur ses coudes. Celso lui lança un regard, dans le seul but de la rassurer. La jeune femme était surtout nerveuse d'abord. Il fallut quelques secondes pour qu'elle comprenne à quel point c'était agréable. Celso y allait doucement, avec application. Et lorsqu'il sentit sa belle se détendre et se laisser aller, ses caresses devinrent plus prononcées. Grace se laissa tomber sur le dos dès qu'elle eut ses premiers frissons. Sa respiration devenait rapidement décadente, et elle avait de vives bouffées de chaleur lorsqu'il titillait certains endroit en particulier. Les soupirs furent rapidement remplacés par des gémissements, et cela semblait inciter Celso à intensifier ses caresses. Grace glissa l'une de ses mains dans ses cheveux, pour y serrer les mèches dès que le plaisir venait l'électriser. Tout ceci était nouveau pour elle, elle ignorait qu'un tel plaisir était possible. Ses gémissements se multpliaient jusqu'à ce qu'elle appelle son nom à plusieurs reprises. Jusqu'à ce que son échine se courbe au maximum et que sa respiration se coupe. Elle poussa un long cri qui l'essouffla et qui lui donnait extrêmement chaud. Il poursuivit quelques secondes, beaucoup plus délicatement et déposa un dernier baiser avant de se laisser glisser le long de son corps. Grace captura ses lèvres dès qu'elle le put. Oui, elle avait beaucoup aimé. Il lui faisait découvrir beaucoup de choses, elle se demandait s'il s'en rendait compte. Qu'elle était finalement vierge de beaucoup de choses. Ils s'embrassaient longuement et langoureusement avant que Grace ne l'incite à échanger leur place. Elle allait parfois déposer déposer des baisers dans son cou, ou sur le haut de son torse. Elle introduisit doucement sa virilité en elle, dans un soupir commun. La jeune femme se redressa, ayant rapidement compris qu'il aimait bien la voir sous cet angle là. Elle le regardait avec amour, un léger sourire mutin aucun de sa bouche. Elle commença alors de longs mouvements de rein sensuels.
Ce gémissement n'est que le début d'une succession d'autres petits sons, des souffles, des soupirs que Grace abandonne dans l'air sans pouvoir les étouffer, submergée par chaque frisson. Ce genre de plaisir est complètement nouveau pour elle, cela se devine rapidement. Elle n'ose pas. D'abord elle n'ose pas se détendre et simplement profiter des caresses auxquelles elle a droit, puis elle hésite à émettre le moindre bruit pouvant signifier qu'elle prend en effet du plaisir dans cette pratique. Elle glisse timidement ses doigts entre mes cheveux alors qu'elle n'a pas besoin de se retenir de les serrer quand son corps s'électrise. Il faut que les minutes passent et que les sensations prennent le dessus pour que la jeune femme se laisse complètement aller. Alors elle peut pleinement profiter de chaque passage de mes lèvres et de ma langue son son intimité, elle peut accueillir chaque sensation en elle et accepter que ces gémissements résonnent dans sa gorge pour évacuer cet air brûlant trop plein d'envie. Elle saisit véritablement mes mèches brunes, et, sans s'en rendre compte, laisse son bassin effectuer quelques ondulations naturelles. Mon nom s'expire à travers les soupirs de sa respiration profond et décadente. De nouveau, ses membres se crispent, néanmoins plus pour la même raison ; et finalement, Grace cède à une ultime vague de plaisir. Le corps brûlant, ses cordes vocales vibrent dans un dernier cri. En effet, elle aura apprécié. C'est satisfait de la manœuvre que je remonte le long du corps de la jeune femme pour retrouver ses lèvres -ou plutôt, la laisser se jeter dessus. Elle n'est pas rebutée. Elle a certainement compris qu'il n'existe de plaisir coupable, pas lorsque cela fait autant de bien. J'appuie légèrement sur sa nuque pour garder longuement son visage près du mien. Puis, docile, je la laisse prendre le dessus en inversant nos places ; elle introduit ma virilité en elle sans plus attendre. L'effet est toujours le même, toujours aussi vif ; cette sensation de retrouver le bout de moi manquant, l'autre partie d'un tout qui me permet d'être épanoui et heureux. Complet. Redressée, me surplombant de toute sa hauteur, Grace entreprend ces mouvements qui savent si bien m'envoûter et me faire perdre la tête. Son regard planté dans le mien me garde prisonnier bien volontiers. La bouche entrouverte, des souffles gorgés de désir traversent mes lèvres, puis des soupirs plus sonores, et au bout d'un moment, des gémissements incontrôlés. Les frissons brûlants courbent mon échine et plantent par réflexe mes doigts dans ses cuisses. Dire que j'aime lorsqu'elle danse si sensuellement sur moi serait un euphémisme ; ces ondulations me font perdre la raison et me rappellent que désormais je n'appartiens qu'à elle. Je finis par me redresser et garde Grace bien à califourchon sur moi, nos deux corps collés au possible, nos lèvres scellées et nos souffles unis dans leur totale anarchie. Oui, ici, il n'y a que nous ; pas ceux que qui que ce soit attendent que nous soyons, mais uniquement ceux que l'autre a su aimer tel quel. Ce genre d'émotion est nouvelle pour moi. Faire l'amour avec cette intensité m'était inconnu. Mon coeur ne sait pas quoi en faire et tambourine à toute allure. Mon regard vitreux et avide reste plongé dans les iris d'une Grace à la sensualité irrésistible. Mes gémissements se multiplient, si bien que pour l'embrasser, je dois m'attaquer à ses joues, son cou ou ses épaules. La cadence prend de l'ampleur sur la dernière ligne droite ; je me retrouve à chaque va-et-vient au plus profond de ma bien aimée, et cela ne tarde pas à avoir raison de moi. Tout mon corps cherchant à retarder l'échéance finir par être terrassé par une vive secousse, tout ce plaisir se déverse en moi, et se traduit par cette exquise libération qui mêle encore un peu plus nos êtres. Je me rallonge en emportant Grace avec moi, hors de question de m'en arracher. Je la serre dans mes bras un moment, puis redresse délicatement sa tête pour retrouver ses iris bleus. « J'ai si hâte que vous portiez notre enfant. » je lui murmure avec un sourire, mon visage frôlant tendrement le sien. « Il sera… parfait, j'en suis certain. Tout comme vous. » Vite, je récupère ses lèvres avant qu'elles ne puissent commencer à me manquer. « Je vous aime. »