You're gonna want this back, you're gonna wish these days hadn't gone by so fast, these are some good times so take a good look around. You may not know it now but you're gonna miss this
Yasmine relève la tête pour observer son reflet dans le miroir, elle se reconnait à peine. Elle a l’air malade, trop blanche, trop triste. Elle entend au loin sa mère qui parle - sa voix plus forte et plus assurée que toutes les autres alors qu’elle réussit à convaincre Hassan de reprendre un peu de dessert. Elle est contente de ne pas être là-bas - la boule qui grandit dans son ventre depuis des jours lui coupe l’appétit et elle ne fait que de devenir plus grosse tandis que les minutes défilent. D’ailleurs, à la simple idée que dans quelques heures Hassan sera dans un avion pour l’Iran un frisson de panique lui parcourt le corps. Elle n’a pas voulu voir et pourtant c’est ce soir - dans quelques heures et à nouveau les larmes lui montent aux yeux. « Yasmine ? » La voix de sa mère au loin, l’a sort de sa contemplation, ça fait trop longtemps qu’elle a quitté la table pour que son absence n’alerte pas la mère de famille. Elle secoue la tête pour empêcher les larmes de monter. Elle s’est promise de ne pas montrer cette façade ce soir, c’est sa dernière soirée avec Hassan et elle voudrait qu’elle soit heureuse, et non pas qu’il culpabilise parce qu’elle est triste et inquiète. Faisant renaitre un sourire sur ses lèvres elle tapote légèrement ses joues comme pour tenter de se donner une meilleure mine et retrouve la table avec bon humeur. « … Tu pourrais aussi rencontrer une nouvelle femme. » Elle arrive en plein milieu d’une conversation qu’ils avaient réussi à éviter tout le long du repas, échangeant directement un regard avec Hassan l’air de dire ‘c’est ton tour cette fois’ . Si la mère de famille a attendu plusieurs mois après le divorce d’Hassan, il est de toute évidence temps pour elle de revenir à la charge et de jeter son dévolu sur la vie amoureuse Hassan. « Tu n’es pas si vieux est plutôt bel homme, qui ne craquerait pas ? » Ce n’est pas la jeune algérienne qui va la contredire. « Je vais aller nous faire un peu de thé ! » Plutôt que de tenter de stopper sa mère elle préfère détourner la conversation jetant un regard vers Hassan. « Tu m’aides ? » Elle ne va quand même pas le laisser ici. Sa mère sans doute le ventre plein et sentant que l’heure de dormir est sur le point d’arriver n’émet aucune protestation alors que les deux amis se retrouvent dans la cuisine. Il vient se placer à côté d’elle alors qu’elle sort un casserole et qu’elle lui donne un petit coup de hanche en le regardant amusée. « Tu m’en dois une ! » Elle rit un peu avant de remplir la casserole alors qu’Hassan s’occupe d’attraper le thé.
Pour le dernier soir d’Hassan, Yasmine a fait un effort, troquant ses habits trop larges contre une robe, bien qu’elle aussi un peu ample après sa récente perte de poids. Elle a enfilé d’épais collants opaques dessous mais l’effort est tout de même là. Evidement quand elle a mis un pied dans la rue un frisson de peur l’a saisi, comme si cette simple tenue allait attirer à nouveau l’homme a elle. Comme si le simple contact d’une robe faisait remonter les souvenirs des mains de l’étranger sur sa poitrine, sur ses cuisses. Elle l’a fait pourtant, espérant peut-être, faire fuir ses démons par la même occasion. Parce qu’Hassan ne serait plus là pour lui venir en aide si tout ça devait arriver à nouveau, et elle avait bien conscience que c’était un chemin qu’elle devait emprunter seule de toute façon… A peine la casserole sur le feu elle en profite pour venir se blottir dans les bras d’Hassan posant sa tête sur son épaule, à l’abri du regard de ses parents. « J’ai le droit de t’attacher à une de ces chaises pour t’empêcher de partir ? » Elle rigole un peu, préférant aborder son départ avec le sourire que dans les larmes. Rapidement l’eau se met à bouillir et ils retrouvent les parents Khadji avec la théière. Le père comme à son habitude est resté silencieux pendant la soirée, ne prononçant que quelques phrases bien pensées gardant un regard bienveillant sur sa femme et sa fille. « Au faite Hassan, Amjad et moi nous avons quelque chose pour toi. » La jeune femme fronce les sourcils alors que son père se lève pour aller chercher une petite boite et la tendre au jeune homme. « Ouvre là ! » Pressée, la mère de Yasmine ne peut cacher son enthousiasme alors qu’Hassan laisse ses doigts courir sur le boite avant de délicatement l’ouvrir pour découvrir une montre. Elle semble plutôt âgée mais en bon état. « C’était la montre de mon père - elle est vieille mais elle marche encore bien et elle a de la valeur. Je tenais à te la donner, mais tu n’es pas obligé de la porter… C’est une sorte d’héritage. » Le ventre de la jeune femme se tord quand le mot héritage sort de la bouche de son père - c’est un beau cadeau - assez beau pour faire comprendre à Hassan que peu importe ses erreurs ou son sang il fait parti de leur famille à part entière. Mais son émotion du moment est gâchée par ses pensées qui s’envolent vers Sohan, comme si en offrant ce cadeau à Hassan leur père - qui était souvent resté silencieux face à ce que Fatima appelait les déviances de Sohan - venait de condamner son fils, à son tour. Laissant entendre qu’Hassan était le fils qu’ils n’avaient jamais eux… Le seul qui valait la peine qu’on lui lègue quelque chose - qu’on l’aime et que l’on s’inquiète pour lui.
Hassan avait beau se dire qu'il devait profiter au maximum de cette soirée, il avait l'esprit ailleurs. Sa tête était déjà dans l'avion, et pourtant depuis le début de la journée il était pris de cette angoisse de dernière minute qui lui faisait se répéter sans cesse que peut-être il faisait une bêtise, peut-être c'était une mauvaise idée, peut-être il devrait rester ici. Le genre d'angoisse qui prenait forcément lorsque l'on s'apprêtait à se jeter dans l'inconnu, tête la première. Cela pouvait paraitre un peu excessif pour certains, Hassan lui-même avait suffisamment répété à ceux qui en doutaient qu'il ne s'agissait que de quelques semaines, quelques mois tout au plus, mais la vérité c'est qu'il ne se sentait plus vraiment lui-même dès qu'il mettait les pieds hors de Brisbane, comme si cette ville avait sur lui un pouvoir presque magnétique, rassurant. Fatima tenait la conversation à elle seule, comme souvent désormais, c'était comme si son énergie à elle était inébranlable, constante malgré les événements. Hassan avait sursauté lorsqu'elle s'était interrompue pour héler Yasmine, disparue à la salle de bain depuis plusieurs minutes, mais n'avait pas réellement réussi à reprendre le fil de la discussion ensuite, se contentant de hocher vaguement la tête jusqu'à ce que le retour de la jeune femme ne le sorte de sa torpeur « ... tu pourrais aussi rencontrer une nouvelle femme. Tu n’es pas si vieux est plutôt bel homme, qui ne craquerait pas ? » Hassan avait secoué la tête, se demandant comment au juste la discussion en était arrivée là, et avait croisé le regard presque compatissant d'Amjad en face de lui. Il semblait avoir compris que la paix sous ce toit passait par le fait de ne pas chercher à interrompre les extrapolations de sa femme, peu importe sa propre opinion à ce sujet. « Je vais aller nous faire un peu de thé ! Tu m’aides ? » Sautant littéralement sur l'occasion, Hassan s'était levé d'un bond et avait emporté avec lui le sel et le poivre restés sur la table.
Les sous-entendus de Fatima lui donnant l'air soucieux, il s'était occupé de ranger le sel et de sortir le thé en silence, sursautant même légèrement lorsque la hanche de Yasmine était venue cogner contre la sienne « Tu m’en dois une ! » Il avait laissé échapper un léger rire, et déposé un baiser sur sa tempe avant de remplir le réservoir de la théière et de refermer la boite de thé. « T'inquiètes, j'te revaudrai ça. » Il avait de toute façon la certitude que Fatima n'était pas prête à entendre l'avis d'Hassan à ce sujet, et même s'il le lui exposait elle chasserait cela d'un signe de la main en lui assurant qu'il changerait d'avis. Rangeant la boite de thé dans le placard où elle avait sa place, il avait accueilli dans un souffle la présence de Yasmine contre lui et refermé ses bras autour de ses épaules, sans doute avec un peu plus de force que d'habitude. Comme pour se rassurer sur le fait qu'elle était encore bien là, pour l'instant, et non pas à des milliers de kilomètres. « J’ai le droit de t’attacher à une de ces chaises pour t’empêcher de partir ?! » Laissant échapper un léger rire, il avait embrassé son front avant de secouer légèrement la tête et de prendre un air hésitant « Bien que l'idée de te laisser essayer soit assez tentante, tu me connais, j'suis un gars raisonnable. » Cela ne l'avait pas empêché pourtant de garder la jeune femme contre lui jusqu'à ce que l'eau ne se mette à bouillir et les rappelle à l'ordre, ni de passer furtivement une main autour de sa taille pour déposer un dernier baiser sur sa joue en murmurant « Allez, ça passera vite. T'auras à peine le temps de t'habituer à ne plus m'avoir dans les pattes que je serais revenu. » avant de la lâcher pour s'occuper de sortir les tasses d'un autre placard. La vérité c'est qu'il avait envie de lui demander de venir à l'aéroport avec lui, juste pour profiter d'elle un peu plus longtemps, mais qu'il n'osait pas. C'était lui qui choisissait de partir, ce n'était pas le moment pour flancher ou donner l'impression qu'il avait des remords.
De retour à la salle à manger ils avaient servi le thé et laisser à nouveau Fatima animer la discussion, chose pour laquelle elle était bien plus doué qu'eux, de toute manière. Hassan priait simplement en silence pour qu'elle ne remette pas sur le tapis sa vie amoureuse ou celle de Yasmine, mais l'algérienne semblait être provisoirement passée à autre chose. « Au fait Hassan, Amjad et moi nous avons quelque chose pour toi. » Fronçant les sourcils, croisant le regard de Yasmine comme pour chercher une explication mais voyant qu'elle ne semblait pas plus au courant que lui, Hassan avait suivi le père de la jeune femme des yeux tandis qu'il saisissait une petite boite et la posait sur la table devant lui. « Ouvre là ! » Il avait fini par s'exécuter, non sans une seconde ou deux d'hésitation supplémentaires, et avait découvert une montre dont on devinait tout de suite qu'elle avait déjà vécu. « C’était la montre de mon père - elle est vieille mais elle marche encore bien et elle a de la valeur. Je tenais à te la donner, mais tu n’es pas obligé de la porter … C’est une sorte d’héritage. » Fébrile, Hassan avait observé la montre pendant plusieurs secondes, des papillons dans le ventre en écoutant Amjad « Je ne sais pas quoi dire, je … » Il était troublé. Touché, bien sûr, parce que même s'il n'avait pas la prétention de considérer les parents Khadji comme ses parents ils restaient à ses yeux ce qui s'en rapprochait le plus, mais troublé malgré tout. « Je ne sais pas si je peux accepter … » Il comprenait la démarche et s'en émouvait, elle était bien plus précieuse que la montre à ses yeux, mais la légitimité lui manquait, en revanche. Ce n'était pas à lui qu'aurait du revenir cette montre. « Bien sûr que tu peux. Fatima et moi y tenons beaucoup … » Déglutissant, peinant un peu à cacher son émotion, il s'était senti un peu lâche de ne pas oser insister plus, et s'était contenté de refermer la petite boite avec fébrilité « Merci … ça me touche vraiment. » Quittant sa chaise, il avait laissé Fatima l'étreindre quelques instants, et n'osait pas vraiment en faire de même avec son époux avant de se rappeler qu'il s'apprêtait à s'absenter pour une longue période, et que cela valait bien une exception.
Chacun avait ensuite terminé son thé dans un silence relatif, Fatima préférant à quelques reprises laisser tinter le bruit de sa tasse vide plutôt que de lancer un énième sujet de conversation. Si bien que ce fut finalement Amjad qui, terminant sa tasse, avant poussé un léger soupir de fatigue avant de commenter « Les jeunes, il commence à se faire tard pour mes vieux os. » et de pousser gentiment tout ce petit monde à prendre congé. Hassan lui-même n'avait pas remarqué l'heure déjà un peu tardive, le temps semblait filer plus vite en sachant qu'avant le lendemain matin il aurait quitté le continent. Les aux revoir s'étaient d'ailleurs un peu éternisés, Hassan promettant bien évidemment de téléphoner régulièrement, de faire attention à lui. Et s'il était ensuite resté un moment silencieux tandis que Yasmine et lui rejoignaient finalement la rue, c'était parce que sa gorge un peu serrée l'empêchait provisoirement de parler. Remontant le col de son blouson et tirant sur ses manches, il avait passé son bras autour de celui de Yasmine pour la garder près de lui tandis qu'ils marchaient. « Je ne vais pas la porter, tu sais. » avait-il finalement fait savoir, brisant le silence comme s'il craignait qu'elle en doute « Tu ne diras rien à Sohan … ? » Hassan se sentait coupable vis-à-vis de lui, si ses relations avec ses parents avaient été différentes il n'y avait aucun doute sur le fait que c'était à lui que serait revenue cette montre. Il craignait de causer indirectement de la peine à Sohan, s'il l'apprenait. « Tu as un peu de temps ? Je dois toujours te donner ton cadeau d'anniversaire. » Il tournait autour du pot, n'osant toujours pas demander à ce qu'elle reste avec lui pour attendre le taxi, l'avion, l'heure du départ. Il n'avait pas envie de rester seul, d'attendre assis sur son canapé, dans le noir, que vienne l'heure de se mettre en route. Il n'avait pas envie de se séparer d'elle, non plus.
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Un sourire tendu était figé sur les lèvres de la jeune Algérienne alors qu’elle reconnaissait la montre. Ce n’était pas la première fois que le père de famille évoquait cet héritage devant elle - elle savait donc à quel point cette montre avait de la valeur pour lui sentimentalement parlant et ce que ce présent à Hassan signifiait à ses yeux. Si une partie d’elle en était émue, tentant de sourire à Hassan alors qu’il relevait les yeux sur elle, une blessure l’avait aussi transpercée alors qu’elle se souvenait du regard que Sohan posait sur cette montre étant petit - une montre qui aurait du lui revenir à lui. « Je ne sais pas quoi dire, je … Je ne sais pas si je peux accepter … » Quelque part Yasmine aurait sans doute voulu qu’il refuse, mais ça n’aurait probablement rien changé à la donne. Hassan n’était pas le fautif dans cette histoire - juste l’objet que ses parents utilisaient pour remplacer le fils qu’ils avaient eu même renié. « Bien sûr que tu peux. Fatima et moi y tenons beaucoup … » Baissant cette fois les yeux, la jeune femme s’était concentrée sur son thé pour ne pas montrer son trouble dans un moment qui était supposé être heureux. « Merci … ça me touche vraiment. » A n’en pas douter l’émotion d’Hassan était réelle et elle ne pouvait pas lui en vouloir - une partie d’elle se sentait aussi émue par ce geste de la part de ses parents qui avait mérité quelques étreintes presque trop rares entre eux. Finalement le père de famille avait lancé avec peu de subtilité un message pour les mettre dehors alors que tout le monde avait fini son thé. Yasmine avait aidé sa mère à débarrasser la table avant d’embrasser ses parents et de sortir de la maison familiale avec Hassan, heureuse de se retrouver un peu seule avec lui - incapable d’imaginer que l’heure de la séparation approchait à grands pas.
Tous deux silencieux Hassan était venu se rapprocher d’elle et induire un contact qu’elle trouvait toujours aussi rassurant et dont elle aurait voulu ne jamais se séparer. Pour autant elle n’avait pas parlé sans doute encore un peu bouleversée par le cadeau de ses parents et son ventre toujours tordu à la perspective du départ d’Hassan. « Je ne vais pas la porter, tu sais. » Son regard avait croisé furtivement le sien alors qu’elle haussait un peu les épaules. « T’en as le droit Hassan… Elle est à toi maintenant. » Elle ne voulait pas qu’il se sente coupable - si quelqu’un devait s’en vouloir c’était bien son père - même si elle le soupçonnait d’avoir été bien encouragé par la mère de famille. « Tu ne diras rien à Sohan … ? » Cette fois elle avait ralenti un peu pour remonter sa main le long du bras d’Hassan et le serrer un peu plus fort contre elle. « Ca lui ferait plus de mal qu’autre chose… Mon père lui avait promis cette montre quand il était jeune. » Elle se demandait si Hassan le savait - Sohan avait été excité pendant des semaines à l’idée qu’un jour elle lui reviendrait et il lui semblait même qu’il ne parlait plus que de ça. « Je peux pas croire que mon père ait fait ça… » Serrant un peu les lèvres elle avait de la peine à savoir comment aborder les sentiments contradictoires qui l’envahissaient. « Mais puisque c’était impensable pour mon père de la donner à Sohan… Je n’aurais souhaité qu’elle n’ait à personne d’autre que toi. » Déposant un rapide baiser sur sa joue elle avait ensuite légèrement penché sa tête pour l’appuyer contre l’épaule d’Hassan alors qu’ils marchaient l’un à côté de l’autre.
« Tu as un peu de temps ? Je dois toujours te donner ton cadeau d'anniversaire. » Ses yeux s’étaient mis à pétiller en entendant sa question. « J’ai le droit à un cadeau ? » Non pas qu’il ne lui en ait pas toujours fait - même alors qu’il était au plus mal Hassan avait toujours trouvé moyen d’avoir une attention pour elle lors de son anniversaire. Mais avec son déménagement et ses préparatifs pour le voyage elle ne lui en aurait pas voulu de ne rien avoir cette fois. Et le simple fait de revoir un sourire sur son visage de temps à autre était le plus beau des cadeaux qu’il pouvait lui faire, même si il ne le savait pas. « Tu n’étais pas obligé tu sais, je sais que ces dernières semaines ont été assez chargées pour toi… » Après lui avoir offert un petit sourire un peu coquin elle avait pourtant ajouté. « Mais bon puisque tu en as un… Je dois bien pouvoir trouver du temps pour le recevoir. » Riant un peu, elle n’avait pas osé lui dire qu’elle avait en fait toute la nuit devant elle et aucune envie de le quitter. Elle ne voulait pas forcer sa présence et en même temps elle espérait profiter de chaque minute qu’il lui restait.
Alors que la nouvelle maison d’Hassan se dessinait au loin elle avait repris la parole. « Au fait j’en ai pas encore parlé à mes parents, j’attends la confirmation de mon travail mais normalement je pars pour l’Algérie dans une dizaine de jours. J’ai réussi à m’arranger avec mes collègues pour prendre 3 semaines de vacances. Et je me disais que… Si tu as le temps… Tu pourrais venir me voir quand je serais là bas ? Peut-être à la fin du mois quand tu seras installé et que tu auras pris un peu le rythme. » Elle avait posé la question d’une voix un peu fluette comme si elle n’osait pas vraiment. Quelque part elle avait l’impression que Hassan partait en partie pour la fuir elle et les regards inquiets qu’elle posait parfois sur lui et qu’il détestait tant. Alors elle ne voulait pas l’obliger à la voir - venir casser ses plans avec son propre voyage. Pour autant son envie de lui faire visite son pays d’origine était tellement grande, qu’elle était bien obligée de lui poser la question. « Enfin si tu as envie bien sûr. » Le sourire un peu timide elle avait relevé le regard vers lui avant de s’arrêter devant l’entrée de chez lui attendant sa réponse avant de pénétrer dans la propriété.
Bien que sincèrement ému de la marque d'affection que cela représentait vis-à-vis des époux Khadji, qu'Hassan considérait avec autant de respect qu'il en aurait eu pour ses propres parents, il leur en voulait malgré tout un peu de le mettre dans une telle position. De l'utiliser - sans doute inconsciemment - pour se venger de la déception que représentait Sohan à leurs yeux, simplement parce qu'il avait le tort de ne pas correspondre aux standards du fils qu'ils auraient aimé avoir. « T’en as le droit Hassan … Elle est à toi maintenant. » avait malgré tout mollement protesté Yasmine, le son de sa voix trahissant la déception que provoquait chez elle la situation. « Bien sûr que non. » Il avait murmuré, et secoué doucement la tête en soupirant. Disons qu'il garderait la montre en gage, pour ne pas perdre la face si un jour Fatima ou Amjad lui demandaient de la sortir ... mais jamais il ne la porterait, et encore moins s'en considérerait propriétaire. À vrai dire il serait même plus rassuré d'être certain que jamais Sohan n'aurait vent de cet échange. « Ça lui ferait plus de mal qu’autre chose … Mon père lui avait promis cette montre quand il était jeune. Je peux pas croire que mon père ait fait ça … » Le brun avait baissé les yeux avec dépit, et resserré son bras autour de celui de Yasmine. Il était toujours peiné lorsqu'il était question de a tournure qu'avait pris la relation des Khadji avec leue fils. Ils ne se rendaient pas compte de la chance qu'ils avaient, d'avoir une famille au grand complet. « Mais puisque c’était impensable pour mon père de la donner à Sohan … Je n’aurais souhaité qu’elle n’aille à personne d’autre que toi. » Répondant par un vague sourire, il n'avait pas eu le coeur à rajouter quoi que ce soit d'autre, mais avait senti son coeur s'alléger un peu tandis que Yasmine déposait un baiser sur sa joue.
Laissant passer quelques minutes, tergiversant toujours sur l'éventualité de lui demander d'aller à l'àeroport avec lui, il avait gagné du temps en évoquant le cadeau d'anniversaire qu'il n'avait toujours pas eu le temps de lui donner, se l'étant procuré avec un peu de retard. « J’ai le droit à un cadeau ? » Il avait agité doucement la tête ; Comme si la question se posait. Elle en avait un tous les ans, et cette année plus particulièrement il lui devait bien cela, pour avoir continué de se préoccuper de lui même lorsqu'il ne le méritait pas forcément. « Tu n’étais pas obligé tu sais, je sais que ces dernières semaines ont été assez chargées pour toi … Mais bon puisque tu en as un … Je dois bien pouvoir trouver du temps pour le recevoir. » Il avait laissé échapper un léger rire, en réponse à celui de Yasmine, et posé un instant sa tête contre celle de la jeune femme, ralentissant un peu le rythme de leur marche. « Semaines chargées ou pas, je connais encore le sens de mes priorités. » avait-il alors fait remarquer avec un brin de malice, parce qu'une priorité Yasmine en était assurément une à ses yeux, depuis toujours. « Bon, ça n'a pas la même valeur sentimentale que mon vélo, mais ... enfin tu verras. » Préférant garder un brin de surprise malgré tout, il avait à son tour déposé un baiser, sur sa tempe, tandis qu'ils passaient le coin de la rue et arrivaient dans la sienne. « Au fait j’en ai pas encore parlé à mes parents, j’attends la confirmation de mon travail mais normalement je pars pour l’Algérie dans une dizaine de jours. J’ai réussi à m’arranger avec mes collègues pour prendre 3 semaines de vacances. Et je me disais que … Si tu as le temps … Tu pourrais venir me voir quand je serais là bas ? Peut-être à la fin du mois quand tu seras installé et que tu auras pris un peu le rythme. Enfin si tu as envie bien sûr. » S'immobilisant à l'entrée du jardin, devant la boîte aux lettres, Yasmine lui avait offert un regard hésitant, auquel Hassan avait répondu avec candeur « Bien sûr que j'ai envie ... ! » C'était lui après tout, qui la dernière fois avait fait valoir qu'il se trouverait, à ce moment-là, plus proche de l'Algérie que de leur Australie natale « Mais tu es sûre que ... enfin, c'est ton voyage, je ne voudrais pas chambouler tes plans, tu dois avoir prévu plein de choses ? » Il donnait l'impression de souffler le chaud et le froid, tiraillé entre la volonté de ne pas déranger, et l'enthousiame que lui inspirait le projet de Yasmine d'enfin faire ce voyage dont elle parlait sans jamais se jeter à l'eau depuis des années.
L'attrapant par la main pour traverser la pelouse et atteindre la porte, il l'avait lâchée pour fouiller dans ses poches à la recherche de ses clefs, et avait passé une main contre le mur intérieur une fois ouverte, allumantla lumière de l'entrée et laissant Yasmine passer la première avant de fermer la marche et de refermer derrière lui. Son sac de voyage et son sac à dos semblaient attendre le moment fatidique, posés près de la porte, et comme à chaque fois qu'il renrrait ces derniers jours Hassan se faisait la même réflexion « Ça me fait bizarre, de ne pas avoir Spike pour me faire la fête quand je rentre. » Preuve qu'il s'était définitivement habitué, et attaché, à l'animal. Il avait eu un petit pincement au coeur de le laisser repartir avec Qasim en début de semaine, comme s'il craignait que d'ici à son retour son compagnon à quatre pattes l'ait oublié. Laissant à Yasmine le soin de faire comme chez elle, il avait retiré son blouson et l'avait laissé tomber sur son sac, comme prêt à partir lui aussi. Disparaissant un instant, il était réapparu presque aussitôt et avait avancé jusqu'au canapé où s'était installée la jeune femme, s'appuyant contre le dossier derrière elle et déposant sur ses genoux un écrin à bijou bleu nuit. « Comme je disais, ça n'a pas autant de valeur sentimentale que le vélo ... mais j'ai pensé à toi quand je l'ai vu dans la vitrine, alors. » avait-il expliqué un peu timidement, tandis qu'elle ouvrait l'écrin cachant un bracelet en argent. Outre la date de naissance de Yasmine, qu'il avait fait graver sur la petite plaque, Hassan avait également fait rajouter deux breloques qui s'entrechoquaient mollement lorsque l'on manipulait le bijou : un croissant de lune et une khamsa.
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« Semaines chargées ou pas, je connais encore le sens de mes priorités. » C’était une chose que Yasmine avait toujours particulièrement apprécié chez Hassan, cette impression que peu importe ses galères personnelles et son état d’esprit, il y avait toujours une petite place pour elle dans son esprit. C’était un peu égoïste mais ça lui faisait surtout beaucoup de bien au morale et encore plus aujourd’hui qu’il s’apprêtait à partir à des kilomètres d’elle. Souriant un peu elle s’était serrée un peu plus contre lui alors qu’il ajoutait. « Bon, ça n'a pas la même valeur sentimentale que mon vélo, mais ... enfin tu verras. » « Je suis sûr que ça sera très bien. » Hassan était de ceux qui ne visaient jamais à coté, il la connaissait mieux que quiconque, mieux encore que ses parents qui continuaient de lui offrir des bibelots qu’elle trouvait horrible mais qui décoraient quand même son appartement pour ne pas les froisser. Sa mère avait beaucoup de qualités, mais pas celle d’avoir cerné les goûts et les besoins de sa fille. Restant un instant silencieuse, comme pour profiter du baiser qu’il venait de poser sur sa tempe Yasmine s’était finalement mise à lui parler de son voyage en Algérie et plus particulièrement de son envie de l’y retrouver, si il le voulait lui aussi. « Bien sûr que j'ai envie ... ! » Un nouveau sourire s’était dessiné sur le visage de Yasmine qui commençait déjà à faire des plans dans sa tête. « Mais tu es sûre que ... enfin, c'est ton voyage, je ne voudrais pas chambouler tes plans, tu dois avoir prévu plein de choses ? » Secouant un peu la tête en levant les yeux au ciel elle était venue déposer ses deux mains dans celles d’Hassan pour les serrer fortement. « C’est vrai j’ai prévu pleins de choses, et entre autre de faire visiter l’Algérie à mon plus vieil ami. » Déposant un rapide baiser sur sa joue elle avait lâché ses mains quelques secondes avant qu’Hassan ne vienne récupérer l’une d’elle pour l’accompagner jusqu’à la porte. « Et évidement quand je parle de vieux, ce n’est pas de notre amitié que je parle. » Lui adressant un sourire amusé elle le taquinait un peu sur les quelques années de différences qui les séparaient mais qui n’avait jamais été un obstacle à leur amitié.
Pénétrant dans la maison d’Hassan, Yasmine avait eu un pincement au coeur quand son regard s’était posé sur les valises qui semblaient n’attendre plus que le grand départ, rapidement elle avait alors détourné les yeux pour les poser sur le rester de la maison. « Ça me fait bizarre, de ne pas avoir Spike pour me faire la fête quand je rentre. » Elle n’avait pas de suite notifié l’absence du chien mais maintenant qu’il le disait elle trouvait aussi ça étrange. Alors que le brun disparaissait dans une autre pièce Yasmine était allée s’assoir sur le canapé, attrapant le livre qui trainait sur la table pour l’observer un instant, se faisant surprendre par le geste d’Hassan quand il avait déposé un écrin bleu sur ses genoux. Sa tête s’était tournée un instant vers lui un peu surprise. « Comme je disais, ça n'a pas autant de valeur sentimentale que le vélo ... mais j'ai pensé à toi quand je l'ai vu dans la vitrine, alors. » délicatement Yasmine avait ouvert l’écrin ses yeux se posant sur le bijou qu’il renfermait. « Mon dieu Hassan. » Elle avait senti une nouvelle vague d’émotion la saisir, alors qu’elle passait délicatement le doigt sur le bracelet en argent. « Il est magnifique. » Elle le pensait vraiment, son regard se posant sur sa date de naissance gravée, puis sur les deux breloques qu’il avait choisi, l’une désignant un croissant de lune symbole de son pays natal mais aussi de sa religion qui - bien qu’elle n’en suive pas tous les préceptes - avait une grande importance dans sa vie et dans son coeur. Ainsi que une khamsa qu’elle détaillait plus particulièrement, le symbole derrière cette simple pièce étant plus fort que ce qu’un bout de métal semblait pouvoir dire. Se retournant pour mettre les genoux sur le canapé elle était venue sauter au cou de son ami, retenant des larmes d’émotions. « T’es fou… C’est beaucoup trop… Merci. » Elle n’osait même pas imaginer combien il avait du le payer, même si au final ce n’était pas tant l’argent qui donnait de la valeur à cet objet. Le serrant fort contre elle, elle avait déposé un baiser sur sa joue puis eu un petit rire étouffé dans les sanglots d’émotions alors qu’elle le lâchait pour venir à nouveau observer le bracelet. « Je l’adore…Vraiment. Tu veux bien me le mettre ? » Sortant le bracelet de son écrin, elle l’avait délicatement tendu à Hassan, lui donnant son poignet par la même occasion. Le contact de ses doigts contre sa peau lui avait arraché un léger frisson alors qu’Hassan venait fermer le bracelet et finissait par libérer son poignet pour qu’elle puisse observer son cadeau sur elle. « Il est parfait… » Ses doigts parcouraient encore l’argent du bijou les yeux pétillants. C’était tout ce qu’elle aimait dans un bijou et Hassan avait eu l’intelligence de le personnaliser juste pour elle. Plus tendrement elle avait ensuite fait glisser sa main sur la joue d’Hassan avant de déposer un nouveau baiser plus doux et plus proche de ses lèvres, qu’elle désirait ardument frôler.
Pendant encore quelques instants, Yasmine était restée à observer l’objet dans le silence sous l’oeil protecteur d’Hassan avant qu’elle ne finisse par se laisser à nouveau glisser dans le canapé pour reprendre le livre qu’elle était entrain d’observer avant de recevoir son cadeau. « J’étais entrain de me dire que… Je crois que c’est ici que j’ai mon plus vieux souvenir. Si je remonte le fil de ma vie et que je cherche le tout premier il est dans cette maison. Avec toi… Et un livre. » Elle brandissait le livre un peu émue, même si ce n’était évidement pas le même, alors qu’Hassan venait prendre place à côté d’elle sur le canapé. « C’est pas si net comme souvenir mais je te revois assis par terre avec ton livre à la main, et moi couché à côté à t’écouter… Je me souviens que tu me lisais une histoire. Quelque chose avec un singe je crois… » Après un petit rire elle avait reposé le livre de son ami sur la table basse. « C’est drôle que je me souvienne de quelque chose d’aussi anodin et lointain non ? » Ce n’était pourtant pas si anodin, comme chaque minute de sa vie qu’elle avait pu passer avec Hassan… Parce qu’il y apportait quelque chose que les autres n’avaient jamais su lui donner. Sans demander son avis à Hassan elle était venue se glisser contre lui, attrapant son bras pour se faire une place entre ses bras et appuyer son dos contre le torse d’Hassan tout et calant sa tête contre le sienne alors qu’il prenait appuie sur le repos coude du canapé. « Hassan ? » Il avait memommé à son oreille comme pour lui dire qu’il était bien là et sans avoir à le regarder dans les yeux ça semblait bien plus simple de lui dire ce qu’elle avait sur le coeur. « J’ai pas envie de te quitter tout de suite je peux... Reste encore un peu ? » Se mordant un peu la lèvre elle avait posé le question d’un ton presque incertain - sans vouloir s’imposer mais avec aucune envie de le quitter avant qu’une voix d’aéroport ne l’y oblige.
Parfois Hassan s'attristait de ne pas pouvoir parler de son pays d'origine avec autant d'aisance que le faisaient les Khadji, et de devoir bien souvent se brider en sachant que la situation internationale actuelle ne lui permettait pas de pouvoir s'exprimer librement à ce sujet. Pas sans risquer que l'on se méprenne automatiquement sur ses opinions et sur ses intentions, aussi même face à Yasmine il préférait ne rien dire. Lui n'en connaissait pas que ce que la télévision voulait bien montrer pourtant, petit il se souvenait d'avoir écouté avec fascination les récits de sa mère à propos des années qu'elle avait passé dans l'Iran d'avant-révolution, la seule dont elle tentait de conserver des souvenirs, mais qu'elle n'évoquait plus qu'à demi-mot quand le père d'Hassan n'était pas là pour l'entendre et la dissuader de poursuivre. Et pour cette autre raison, sans doute, accepter ce poste temporaire à Téhéran ne s'était pas fait sans arrières-pensées. Mais tout cela il se sentait l'obligation de devoir le garder pour lui, et à défaut de pouvoir partager à ce sujet il était touché que Yasmine veuille lui laisser une petite place dans l'exploration de ses propres origines. « C’est vrai j’ai prévu pleins de choses, et entre autres de faire visiter l’Algérie à mon plus vieil ami. Et évidement quand je parle de vieux, ce n’est pas de notre amitié que je parle. » Grommelant un peu par principe, il n'avait pas été en mesure de chasser le sourire qui s'était dessiné sur ses lèvres lorsqu'elle était venue l'embrasser sur la joue, et s'était donc passablement assis sur sa possibilité d'avoir l'air crédible en jouant les grincheux. Encore moins en attrapant la main de Yasmine avec candeur pour parcourir les derniers mètres qui les séparaient de la porte d'entrée de la maison.
Hassan ne savait pas très bien si c'était réel ou bien simplement dans sa tête, mais même la maison lui donnait l'impression d'avoir noté le fait qu'il s'en allait. L'ambiance était un peu lourde, les pièces semblaient résonner autrement, et un frisson lui avait parcouru l'échine avant qu'il ne rejoigne Yasmine, comme si elle représentait la seule source de chaleur de la maison. S'accoudant au dossier du canapé, il lui avait tendu l'écrin contenant le bracelet qu'il avait décidé de lui offrir pour son anniversaire, oscillant entre impatience et appréhension tandis qu'elle l'ouvrait. « Mon dieu Hassan. Il est magnifique. » Vraiment ? Il lui avait lancé un regard presque incertain tandis qu'elle relevait les yeux vers lui et grimpait finalement à genoux sur le canapé pour venir se pendre à son cou « T’es fou … C’est beaucoup trop … Merci. » Un sourire s'était invité sur son visage tandis qu'elle embrassait sa joue, et il l'avait gardée contre lui quelques instants supplémentaires avant de la lâcher. « Je suis content qu'il te plaise. » Sortant le bijou de sa boite la brune l'avait observé encore un instant, avant de le lui tendre ainsi que son poignet « Je l’adore … Vraiment. Tu veux bien me le mettre ? » Acquiesçant d'un signe de tête, il avait saisi le bracelet et pris la main de Yasmine entre les siennes pour l'attacher, laissant son pouce glisser contre son poignets quelques instants avant de relever les yeux vers elle « Il est parfait … » Il avait souri à nouveau, tandis qu'elle laissait glisser ses doigts contre sa joue et y déposait un nouveau baiser, et laissant sa propre main glisser jusqu'à la nuque de Yasmine il avait embrassé sa tempe et murmuré à son oreille « C'est sa propriétaire, qui est parfaite. » laissant son visage reposer contre celui de Yasmine quelques instants avec tendresse.
La laissant finalement reprendre sa place initiale sur le canapé, il était venu s'installer à côté d'elle tandis qu'elle récupérait le livre qu'elle semblait inspecter avant son arrivée. Un polar à la couverture cornée qu'il avait retrouvé dans un carton en vidant son garde-meubles ; Il ne se souvenait pas l'avoir acheté un jour, peut-être même était-il à Joanne et s'était-il perdu dans le déménagement express qui avait suivi sa demande de divorce. Reste que happé dans sa lecture Hassan avait terminé le livre la veille au soir, et du en choisir un autre à mettre dans son bagage à mains pour le voyage. « J’étais entrain de me dire que … Je crois que c’est ici que j’ai mon plus vieux souvenir. Si je remonte le fil de ma vie et que je cherche le tout premier il est dans cette maison. Avec toi … Et un livre. » Sa curiosité piquée, il l'avait laissée continuer « C’est pas si net comme souvenir mais je te revois assis par terre avec ton livre à la main, et moi couché à côté à t’écouter … Je me souviens que tu me lisais une histoire. Quelque chose avec un singe je crois … C’est drôle que je me souvienne de quelque chose d’aussi anodin et lointain non ? » Il avait souri avec douceur, se calant un peu mieux sur le canapé tandis qu'elle venait se blottir contre lui. « Je ne me rappelle pas de ça ... » avait-il avoué d'un ton pensif, ses doigts glissant de manière régulière contre le bras de la jeune femme « Mais je me rappelle de mon premier souvenir de toi, par contre. » Attendri, il avait marqué une légère pause avant de reprendre « C'était une semaine ou deux après ta naissance, quelue chose comme ça ... Ma mère nous avait emmené Qasim et moi pour choisir une peluche pour toi, c'était le lapin avec les oreilles bleues. Même en me mettant sur la pointe des pieds j'étais encore trop petit pour voir ce qui se passait dans ton berceau, c'est ton père qui m'a porté pour que je puisse déposer le lapin à tes pieds, et c'était la première fois que je voyais un bébé d'aussi près ... Je me souviens t'avoir trouvée vraiment minuscule. » Il avait laissé échapper un léger rire, et piqué un baiser au milieu de ses cheveux « Ce que je ne savais pas, par contre, c'était que cette petite chose minuscule finirait par avoir autant d'importance. » Bon, il y avait eu ce court laps de temps où Hassan donnait entièrement raison à Sohan, qui se plaignait que sa petite sœur ne faisait que dormir, pleurer ou manger, et qu'il aurait préféré avoir un nouveau vélo ... mais cela n'avait pas duré bien longtemps.
Pensif, il laissait ses doigts courir le long du bras de Yasmine avec douceur, profitant de sa présence et de la simple sensation d'apaisement que la jeune femme avait sur lui. Il ne savait pas trop où et pourquoi les choses avaient changé, comment un jour la place de pilier et de personne de confiance ultime était passée de Sohan à Yasmine, à ses yeux ... Il ne se souvenait plus du moment où il avait cessé de voir Yasmine comme la "petite dernière" et où son regard vis-à-vis d'elle avait cessé d'être à sens unique : ce n'était plus uniquement qu'elle pouvait compter sur lui pour n'importe quoi, c'était que lui aussi pouvait compter sur elle de la même manière. Peut-être que c'était ses ennuis de santé finalement, qui lui avaient permis de prendre conscience de cela. « Hassan ? » Sans cesser de caresser son bras, il avait marmonné un vague « Hm ? » pour lui signifier qu'elle avait son attention, et l'avait laissée reprendre « J’ai pas envie de te quitter tout de suite je peux ... Rester encore un peu ? » Resserrant son bras autour d'elle, il avait posé son menton contre son épaule, et au lieu de répondre il avait questionné à son tour « Tu m'accompagnerais à l'aéroport ? » L'un comme l'autre cherchaient à l'évidence à repousser l'inévitable, et Hassan craignait même un peu que Yasmine finisse par croire qu'il regrettait finalement sa décision, car il n'en était rien. Malgré le brin d'angoisse qui venait toujours avec ce genre de départs aussi lointains, Hassan savait qu'il prenait la bonne décision. Tendant son bras pour faire remonter un peu la manche de son pull, il avait vérifié l'heure sur sa montre « Le taxi n'arrive que dans deux heures et demi ... on met un film en attendant ? Un truc drôle, ou qui finit bien. » Tout sauf quelque chose qui risquerait d'aggraver le brin de mélancolie qui semblait les atteindre tous les deux.
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Même après toutes ces années, tous ces contacts déjà échangés, son cœur s’emballait toujours quand les mains d’Hassan la touchaient, quand elles se posaient dans sa nuque et quand ses lèvres rentraient en contact avec sa peau, ne serait-ce que pour embrasser sa tempe. Là, tout contre lui, elle se sentait bien, étrangement à sa place. « C'est sa propriétaire, qui est parfaite. » Un sourire s’était glissé sur les lèvres de la jeune femme alors qu’elle avait resserré un peu plus son étreinte, même pas capable de protester. Se séparant finalement de lui, elle avait attrapé le livre sur la table pour se lance un peu maladroitement dans le récit de son premier souvenir. Pourquoi cette scène plutôt qu’une autre ? Elle n’en avait aucune idée, mais quelque part ce moment l’avait marqué, peut-être parce qu’elle était vraiment heureuse. Parce que déjà à l’époque Hassan avait une place importante dans sa vie, évidement elle ne connaissait rien des sentiments qu’elle avait développé avec le temps mais Hassan avait toujours fait parti de sa vie, une part de bonheur qu’elle avait parfois peur de gâcher en tentant de dévoiler des sentiments qu’il ne partageait sans doute pas.
Rapidement pourtant elle était venue se blottir contre lui, ne lui laissant pas vraiment le choix. « Je ne me rappelle pas de ça ... Mais je me rappelle de mon premier souvenir de toi, par contre.» Tournant légèrement la tête elle avait tenté de le regarder, attendant qu’Hassan lui raconte ce souvenir. « C'était une semaine ou deux après ta naissance, quelque chose comme ça ... Ma mère nous avait emmené Qasim et moi pour choisir une peluche pour toi, c'était le lapin avec les oreilles bleues. » Un léger soupire amusé était sorti de la bouche de Yasmine, alors qu’elle repensait à cette peluche qui devait sans doute trainer quelque part dans les affaires que sa mère gardait. « Même en me mettant sur la pointe des pieds j'étais encore trop petit pour voir ce qui se passait dans ton berceau, c'est ton père qui m'a porté pour que je puisse déposer le lapin à tes pieds, et c'était la première fois que je voyais un bébé d'aussi près ... Je me souviens t'avoir trouvée vraiment minuscule. » Attendrie, le rire de la jeune femme s’était mêlé à celui d’Hassan. « Ce que je ne savais pas, par contre, c'était que cette petite chose minuscule finirait par avoir autant d'importance. » Au dernière parole d’Hassan les yeux de Yasmine s’étaient légèrement embués alors qu’elle resserrait ses bras un peu plus autour des siens. « Et je suis plus si minuscule aujourd’hui. » La voix un peu tremblante elle avait laissé un léger rire sortir de sa bouche.
Finalement pas prête à se libérer de son étreinte Yasmine avait osé prononcer les mots qu’elle gardait pour elle jusque là. Son envie de rester encore un peu, de repousser le moment des au revoir qui arriveraient fatidiquement. « Tu m'accompagnerais à l'aéroport ? » Un sourire un peu stupide avait fait son apparition sur le visage de Yasmine alors qu’elle se mordait légèrement la lèvre. « J’ai cru que tu me le proposerais jamais. » Elle n’était d’ailleurs avant sa question, pas si sûre qu’il en avait envie, mais préférait jouer la carte de la fille sur d’elle, qui lui collait sans doute très mal à la peau. « Le taxi n'arrive que dans deux heures et demi ... on met un film en attendant ? Un truc drôle, ou qui finit bien. » Hochant la tête de haut en bas pour confirmer Yasmine n’avait pourtant pas bougé d’un poil pendant encore plusieurs secondes, peut-être même minutes elle était restée tout contre lui à juste profiter de sa présence avant de finalement reprendre. « Je sais ce qu’on pourrait regarder ! » Se retournant pour lui faire face le regard un peu mutin elle avait attendu de voir si cette simple affirmation allait faire réagir Hassan. Il y avait bien un film qu’elle lui avait fait au moins regarder une bonne centaine de fois dans sa jeunesse, si ce n’est plus. « Jumanji ! » La mine réjouie et un peu amusée elle avait repris. « Alleeez dit oui ! Ca fait longtemps que je l’ai pas vu ! » La dernière fois devait remonter un plus d’une année, ce qui était peut-être un record dans la vie de Yasmine. Si avec les années, son regard sur le film avait évidement changé, il faisait toujours naitre en elle un sentiment heureux. « Et promis après je ne t’obligerai pas à jouer avec moi et à être Alan… Enfin… pas cette fois. » Riant un peu, de nouveaux souvenirs de son enfance faisaient leur apparition. « Dire que j’avais supplié mes parents de m’acheter le jeu. » Evidement il avait été difficile pour Yasmine d’entendre que ce n’était qu’un film et que donc le jeu Jumanji tel qu’elle le voyait à la télévision, n’hésitait pas. « Je devais pas être très nette quand même pour vouloir y jouer. » Parce que détruire toute une ville à coup d’animaux sauvages c’est tout de même un peu violent. Riant à nouveau elle s’était cette fois éloignée d’Hassan pour lui laisser la place de bouger et de leur mettre le film.
Cela pouvait sembler un peu bête, d'être si peu enthousiaste à l'idée de rejoindre l'aéroport seul, comme s'il avait soudainement besoin d'être tenu par la main pour faire quelque chose qu'il avait pourtant décidé sans l'aide de personne (et contre l'avis de tout le monde). Il ne voulait pas que sa demande ne passe pour de l'incertitude aux yeux de Yasmine, qu'elle s'imagine qu'il lui avait fait de la peine en décidant de ne pas suivre ce qu'elld aurait souhaité, pour ensuite lui donner l'impression de ne même pas être sûr de son choix. Il était sûr, certain. Mais elle allait lui manquer, et ça aussi c'était certain. « J’ai cru que tu me le proposerais jamais. » Réprimant presque un soupir de soulagement, un sourire franc s'était étiré sur son visage bien vite nuancé par des constatations plus raisonnables « Ça ne fait pas trop tard ? Tu vas rentrer chez toi à l'aube ... » Il avait l'impression d'abuser un peu ... et en même temps il avait égoïstement très envie de rester avec elle jusqu'au dernier moment. Ils avaient encore le temps pourtant, comme le brun n'avait pas tardé à le faire remarquer son taxi n'arrivait que deux heures et demi plus tard, largement le temps de buller donc ... ou de regarder un film. Il avait lancé l'idée, l'avait laissé décanter dans l'esprit de la jeune femme, et finalement ce fut elle qui après quelques minutes s'était exclamée « Je sais ce qu’on pourrait regarder ! Jumanji ! » Plissant le nez avec suspicion tandis qu'elle adoptait son air d'enfant boudeuse, il avait objecté par simple esprit de contradiction, pour la taquiner « Mais tu le connais par coeur ! Tu l'as vu au moins mille fois. » Mille fois oui, au moins, aucune exagération là-dedans, hm. « Alleeez dit oui ! Ca fait longtemps que je l’ai pas vu ! Et promis après je ne t’obligerai pas à jouer avec moi et à être Alan … Enfin … pas cette fois. » Cédant comme on s'en doute sans trop de mal, Hassan s'était détaché de Yasmine pour s'extirper du canapé, profitant au passage pour faire remarquer d'un ton amusé « Pourtant j'ai gagné un accessoire important pour le rôle, depuis. » tout en passant le bout de ses doigts sur la barbe qu'il laissait à nouveau pousser. Plus vraie que nature, et sans avoir besoin de se badigeonner les joues avec la suie du barbecue pour "faire plus vrai".
Fouillant un peu en se demandant ce qu'il avait bien pu faire de la télécommande, il l'avait finalement retrouvée coincée entre deux coussins du canapé, derrière Yasmine dont il avait vaguement ébouriffé les cheveux au passage, un sourire presque victorieux tandis qu'elle lui lançait un regard furibond sans avoir le temps de lui rendre la pareille. « Dire que j’avais supplié mes parents de m’acheter le jeu. » avait-elle repris d'un air pensif, pendant qu'il allumait la télévision, lançait Netflix et éteignait la lumière du salon. « Je devais pas être très nette quand même pour vouloir y jouer. » Rejoignant à nouveau le canapé, il avait retrouvé sa place initiale et laissé la brune se lover à nouveau contre lui, et fait remarquer d'un ton narquois « J'ose même pas imaginer quelle idée t'aurais traversé l'esprit si Hunger Games était sorti à cette époque-là. » Lançant le film, il avait déposé la télécommande sur le sommet du dossier du canapé pour ne pas la perdre à nouveau, et s'était calé un peu mieux à la fois contre l'accoudoir et contre Yasmine. La fatigue aidant sans doute un peu le silence s'était rapidement installé, chacun au choix absorbé par le film ou bien somnolant à moitié, la seconde option beaucoup plus probable que la première concernant Hassan. Il avait probablement loupé quelques scènes, et rouvert les yeux juste à temps pour la fin, mais lorsque le générique s'était mis à défiler ni l'un ni l'autre n'avait bougé, pas plus lorsque l'écran était redevenu noir et la pièce silencieuse. Tout juste Hassan avait-il laisser sa tête glisser un peu plus contre celle de Yasmine avant de fermer à nouveau les yeux en se laissant bercer par le bruit régulier de sa respiration. Ils s'étaient endormis, aucun doute à en juger par le léger sursaut qu'il les avait tiré du sommeil tous les deux lorsque l'alarme du téléphone d'Hassan s'était mise à sonner. Se contorsionnant pour récupérer l'objet dans la poche de son jean sans totalement lâcher Yasmine, le brun avait vérifié l'heure « Le taxi arrive dans dix minutes. » La voix encore ensommeillée, il avait soupiré en reposant son menton sur l'épaule de la jeune femme et déposé un baiser dans son cou avec douceur.
Et pile à l'heure le taxi s'était en effet arrêté devant la maison dix minutes plus tard, l'un et l'autre ayant remis leur manteau et patientant dans l'entrée puisque la pluie s'était invitée dehors. Les deux sacs d'Hassan chargés dans le coffre, Yasmine et lui avaient pris place à l'arrière de la voiture, non sans que le brun ne vérifie une dernière fois que la porte de sa maison était bien fermée. Sans doute parce qu'il était tard, le chauffeur de taxi s'était épargnée l'obligation de leur faire la conversation, et le regard d'Hassan passait donc silencieusement et régulièrement du paysage nocturne et pluvieux à travers la vitre au regard de Yasmine, à côté de lui. Ses doigts avaient glissé sur la main de l'infirmière tandis qu'un sourire rassurant se dessinait sur ses lèvres. Si elle ne l'avait pas accompagné il aurait probablement passé tout le trajet en taxi à se ronger les ongles avec un brin d'angoisse, mais pour l'heure son appréhension s'était tapie dans un coin de sa tête.
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« Ça ne fait pas trop tard ? Tu vas rentrer chez toi à l'aube ... » Il y avait toujours eu une dynamique spéciale entre Hassan et Yasmine, comme si avant toutes choses, ils étaient prêts à faire passer les besoins et les envies de l’autre, répriment même les leurs parfois. C’était quelque fois tellement vrai qu’il était difficile de définir ce qu’eux même voulaient, et encore plus de prendre une décision ensemble sans que l’un s’inquiète pour l’autre. Mais aujourd’hui, ils semblaient être en accord, ils ne voulaient pas se quitter de suite. Voulaient étendre cette soirée encore au maximum jusqu’à ce que ça ne soit plus possible. Jusqu’à ce qu’Hassan ne monte dans son avion pour s’envoler loin de l’Australie. « Ca va aller. » C’était elle alors contentée d’ajouter sur un ton rassurant alors qu’Hassan s’était quelques secondes séparé d’elle pour lancer le film. Rapidement pourtant Yasmine était venue retrouver sa place entre ses bras calant sa tête contre lui alors qu’elle se laissait bercer par le son de la télé, fermant de temps à autre les yeux pour les rouvrir quelques minutes plus tard et constater qu’elle avait loupé une bonne partie du film. Heureusement Yasmine le connaissait assez bien pour que ces quelques trous ne lui manque pas et qu’elle profite tout de même de l’histoire. Quand le film s’était fini elle n’avait pas bougé, profitant encore et toujours de la présence d’Hassan, de cet apaisement qu’elle ressentait là entre ses bras, en oubliant presque les raisons de sa présence chez lui, ce départ qui se rapprochait si rapidement. Elle s’était assoupie quelques minutes avant de se faire tirer du sommeil par le téléphone d’Hassan, sentant d’un coup son ventre se nouer. « Le taxi arrive dans dix minutes. » Elle n’avait rien répondu sentant une tristesse latente s’emparer d’elle, que même le baiser qu’il venait de déposer dans son cou n’avait pu faire fuir. Resserrant ses bras autour des siens elle l’avait gardé encore quelques instant contre elle avait de le lâcher pour qu’il finisse de préparer ses affaires et soit prêt quand le taxi était arrivé devant la maison.
Rapidement, pour échapper à la pluie Yasmine s’était engouffrée dans le taxi. Le silence de cet instant laissant deviner sa mélancolie, son regard fixé sur la fenêtre où quelques gouttes de pluies dégoulinaient elle avait laissé quelques instants son esprit divaguer comme pour échapper à ce moment avant de sentir la main d’Hassan sur la sienne l’attirer dans la réalité à nouveau. Tournant son regard vers lui, elle avait répondu à son sourire, sans doute un peu moins convaincante que lui, puis finalement elle s’était rapprochée un peu pour laisser sa tête aller contre son épaule mêlant ses doigts aux siens. Pas un mot n’avait été échangé pendant le trajet - et même le chauffeur avait accepté ce silence. Une fois arrivés à l’aéroport, ni Hassan ni Yasmine ne s’étaient vraiment fait plus loquace, récupérant les bagages d’Hassan pour aller les faire enregistrer. L’aéroport était presque vide peu d’avion décollant dans ces heures là. L’enregistrement avait alors été vite fait leur laissant le temps d’aller boire un café, la conversation entre eux restant assez superficielle alors qu’elle tentait d’oublier les raisons de sa présence dans cet aéroport. Finalement Hassan avait jeté un regard à sa montre puis alors qu’il relevait le regard vers Yasmine il ne lui avait pas fallu plus pour comprendre. « C’est l’heure ? » Hochant la tête, tous deux avaient abandonné leur tasse vide pour se diriger vers le contrôle de sécurité, l’endroit où ils devraient se dire au revoir. Un peu timidement Yasmine était venue attraper le bras d’Hassan alors qu’ils déambulaient tous deux dans l’aéroport.
Une fois devant la porte qui allait les séparer, elle était venue se positionner face à lui, laissant ses deux mains reposer sur son torse, ne relevant pas de suite les yeux. « C’est ici qu’on se dit… A bientôt. » Elle avait eu envie de dire au revoir, mais ça semblait bien trop encré dans le temps, et elle se raccrochait à l’idée que dans quelques semaines à peine ils seraient à nouveau réunis et si cette séparation la rendait triste elle avait fini par comprendre l’importance que ce voyage avait aux yeux d’Hassan. « Tu prends soin de toi d’accord ? Tu fais rien de stupide ou de dangereux et surtout tu me donnes des nouvelles ! Tous les jours ! Au minimum. » Abordant un sourire amusé elle sentait ses yeux s’embuer légèrement mais comptait bien tenir la promesse qu’elle s’était faite de ne pas pleurer en sa présence. Pas tout de suite, pas tant qu’il n’aurait pas passé le portique et qu’il serait réellement hors de vu. Là, elle ne pouvait pas se promettre de savoir se retenir.