Il était tard quand Kael décida de rentrer chez lui. Il avait passé une bonne partie de sa soirée et de la nuit dans l'une des boites de la ville. Le genre de club où sa sœur avait réussi à le traîner pour une récente soirée caritative. C'était pour une cause qui lui tenait à cœur. Alors il n'avait pas été difficile de le convaincre. Seulement, il n'aimait pas se vêtir en pingouin. Malgré tout, il avait accompagné sa sœur et ils avaient même tous les deux fait un don pour la fondation. Alors ce soir quand il avait eu envie de boire un verre, ses pas l'avaient mené dans ce genre d'entrée alors que c'était clairement pas ce qu'il préférait le plus. Il préférait davantage passer du temps avec ses amis. Mais ce soir là, il n'était pas d'humeur à faire la conversation. Ni a imposer sa présence et son humeur à ses potes. Alors il était resté dans la boite pendant quelques heures. Il avait fini plus tôt le boulot et il n'était même pas rentré chez lui. De toute façon, il n'y avait personne. Kara était en voyage. Elle était en reportage en dehors de Brisbane. Donc il savait que cela ne servait à rien de rentrer puisque personne ne l'attendait. Depuis que sa jumelle était à Brisbane, il se sentait bien. Ils avaient retrouvé leur complicité d'antan. Et pour la première fois depuis son arrivée à Brisbane en mars dernier, il se sentait seul. Malgré le monde, malgré la musique, les verres, les femmes autour lui, il n'arrêtait pas d'entendre la même chose : les sanglots de sa mère. Cela raisonnait dans sa tête, encore et encore. Il n'arrivait pas à les faire taire. Et il avait commandé des verres, les uns après les autres. Au bout d'un moment, Kael avait fini par oublier ce terrible coup de fil. Il s'était laissé happer par l'ambiance de la soirée. Il avait porté son attention sur les autres. Sur les femmes qui étaient venues l'aborder. Et l'une d'elle avait capté l'attention plus qu'une autre. Ils avaient partagé des verres, un bout de conversation. Puis de fil en aiguille, ils étaient repartis ensemble. Ils étaient arrivés dans l'immeuble du cadreur vers les trois heures du matin. Kael avait eu du mal à trouver ses clefs alors que son invitée essayait déjà de lui ôter ses vêtements. « Attends... » Il esquissa un sourire, sentant les lèvres de la jolie blonde sur son cou. Le cadreur récupéra sa clef et appuya sur le bouton d'appel de l'ascenseur avant d'agripper les lèvres de la jeune femme avec les siennes. Arrivés sur le palier, Kael ne mettait pas longtemps à les faire entrer dans l'appartement qui était jusque là, plongé dans le noir. Sans prendre la peine d'allumer l'éclairage, Kael referma la porte derrière lui. Il s'empara ensuite de la jeune femme, la soulevant de terre. Leur baiser était plus passionné, plus fougueux. En moins de cinq minutes, la demoiselle se retrouver en jupe et soutien-gorge. « Fais-moi crier... » Ces mots faisaient sourire le cadreur. La jeune femme lui avaient déjà ôté son pull et son polo. Il se trouvait en jean quand le bras de la miss bouscula un vase tout proche. Ce dernier tomba, se brisant en plusieurs morceaux. « Oops. Désolée. » « Pas grave, c'était un vieux vase. » Kael allait reprendre là où ils s'étaient arrêtés quand du bruit se fit entendre. Le cadreur n'y fit pas trop attention jusqu'à ce qu'un rayon de lumière se projette sur le mur contre lequel il avait plaqué la jeune femme. Cette dernière releva la tête. Kael stoppa ses gestes et remarqua une silhouette familière. Il reposa la jeune femme sur le sol. Il ne s'attendait pas à ce que Kara soit présente. Aux dernières nouvelles, elle était sur la côte. « La petite sœur est revenue au bercail. » La jolie blonde l'observa. « Une petite sœur qui semble pas très heureuse de te voir. » Kael observa Kara. « On t'a réveillé ? » Bon oki, ils avaient peut-être fait un peu de bruit. Mais le cadreur pensait que l'appartement était vide. « Je te croyais à Goldcoast. »
Je revenais de mon voyage à Gold Coast. J'y avais passé deux jours afin de réaliser un reportage photo. J'en avais aussi profité pour visiter les environs. L'Australie était décidément un pays qui me plaisait beaucoup, riche en paysages magiques. Je regrettais de ne pas y avoir mis les pieds plus tôt. Mais maintenant que j'étais là, je comptais bien en profiter ! Comme j'avais terminé mon reportage plus tôt que prévu, j'avais décidé de rentrer sur Brisbane.
Lorsque j'étais enfin arrivé à l'appartement, il était vide. Kael était absent. J'imaginais qu'il avait des projets pour la soirée. Je ne l'avais pas prévenu de mon retour prématuré, alors je ne lui en voulait pas d'être absent. De toute façon, je n'allais pas faire long feu ce soir. J'étais exténuée. Je mangeais un truc rapide et je me mettais sur mon ordinateur. Je regardais un peu les photos que j'avais fait. Puis, j'allais finalement me coucher vers vingt-trois heures, incapable de résister plus longtemps à la fatigue. En quelques minutes à peine, j'étais tombée dans les bras de Morphée.
Un bruit d'éclat de verre me réveillait en sursaut. Je jetais un rapide coup d’œil à mon réveil. Il était trois heures du matin. Je me levais encore « comateuse ». Qu'est-ce que c'était que ce bordel ? Je sortais de ma chambre pour voir ce qui se passait. Je découvrais alors Kael en compagnie d'une bimbo blonde. Je restais silencieuse un instant. J'étais encore a moitié endormie et j'avais du mal à croire ce que je voyais. Je vivais avec Kael depuis longtemps. A Chicago nous partagions aussi le même appartement. Il n'avait jamais ramené de femmes à la maison. Alors, j'étais surprise de le surprendre dans cette situation et en plus, il n'avait pas l'air très frais.
« D'après toi ? »
Il était trois heures du matin bordel ! Il pensait que j'étais entrain de faire quoi ? La poupée Barbie ouvrait la bouche, mais j'ignorais ses paroles. Je détestais être réveillée comme ça et j'étais de très mauvaise humeur quand j'avais pas assez dormi. Il est vrai que Kael ne s'attendait pas à ce que je sois ici, mais cela ne m'empêchait pas d'être agacée.
« Ouais... et je vois que c'est la fête quand je suis pas là... »
Commentais-je agacée. Je laissais échapper un bâillement et plaçait ma main devant ma bouche, signe de ma fatigue. Qu'est-ce qui prenait à Kael ? Ce n'était pas son style de se comporter comme ça. Il était toujours si responsable et quand il ne l'était pas, c'est qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. J'étais partie deux jours, qu'est-ce qui c'était passé ?
Les événements s'étaient enchaînés pour lui. Il s'était laissé emporter par l'alcool, tous les verres qu'il avait bu. Et cette jolie femme qui était à ses côtés. Il avait eu envie, besoin de décompresser, de penser à autre chose. Et c'était ce qu'il avait fait. Cela faisait du bien. Il ne se souvenait plus de la dernière fois, où il avait réussi à occulter carrément tout ce qui se passait dans sa vie. C'était il y a longtemps, c'était certain. Et cela lui faisait du bien, oui. Bien sûr, ce n'était pas une façon convenable de se vider l'esprit. Mais c'était la sienne. Pour la première fois depuis son arrivée en Australie, il mettait un peu sa vie familiale de côté. Il avait simplement envie de passer un bon moment. Et la jeune femme qui se trouvait à ses côtés, l'aidait admirablement bien. Il répondait à ses baisers, laissant ses mains agiles parcourir son corps et découvrir chaque courbe de ce dernier. Ses lèvres traçaient des chemins invisibles sur sa peau douce et parfumée. C'était un moment agréables. Il oubliait un peu toutes ses choses qui lui trottaient à l'esprit, pour ne s'occupait que de son plaisir. Seulement, il était écrit que même là, il n'avait pas le droit d'avoir un moment de répit. Non même pas là. Parce que ses yeux mordorés s'étaient rapidement accrochés à la silhouette familière de sa sœur. Non il ne s'attendait pas à ça. Il pensait pouvoir profiter de sa soirée, de la nuit. Mais il se trompait. Voilà que sa jumelle se pointait à un moment, où il aurait préféré rester seule avec cette jolie blonde. Au lieu de ça, il devait faire face au regard noir de sa jumelle. Depuis le début de leur colocation, c'était bien la première fois qu'il se trouvait dans ce genre de situation. Et ce n'était pas très confortable. Heureusement que l'alcool permettait à Kael de garder une certaine contenance et nonchalance. Il gardait même un fin sourire sur les lèvres. « Désolé, je pensais que tu n'étais pas là. » D'ailleurs, il se demandait rapidement pourquoi elle était là, au final. « Kara... » Il était agacé à son tour par l’attitude de sa sœur. Il en avait marre parfois d'être toujours sérieux, de toujours tout porter sur ses épaules. Elle n'allait pas lui en vouloir que pour une fois, il pensait à autre chose qu'à leur famille et au chaos qu'était sa vie ? Il avait perdu son sourire. « Oh arrête de faire cette tête, j'ai tué personne. » Au même moment la demoiselle ouvrait la porte de la chambre. « Va te recoucher. » Lui demanda-t-il avant de suivre la jeune femme dans la chambre, refermant la porte derrière lui. Il n'avait franchement pas envie de parler ce soir-là.
Kael avait toujours été quelqu’un de responsable. Même lorsque nous étions adolescents. Comme notre père était toujours absent, il avait rapidement pris la place d’homme de la famille. Je disais tout le temps qui portait notre famille sur ses épaules. Il est vrai que Kael ne pensait pas assez à lui et je lui avais dit des centaines de fois. Seulement, il était comme ça. Il aimait prendre soin de nous toutes quitte à s’oublier lui-même. Alors, évidement, la scène de ce soir m’étonnait. J’étais pas très bien réveillée et je ne m’étais pas attendue à le retrouver saoule et accompagné d’une fille. Parce que oui, c’était évident qu’il avait bu un coup de trop. Il n’était pas dans son état normal et ça se voyait.
« Comme si j’allais réussir à me rendormir… surtout si vous continuez à foutre le bordel. »
Lâchais-je quelque peu énervée. Ce comportement ne ressemblait pas à Kael et ça ne me plaisait pas. Quand je lui disais de prendre du temps pour lui, cela ne voulait pas dire de se bourrer la gueule et d’emmener la première pouffiasse venue. Je soupirais alors que mon jumeau disparaissait dans sa chambre avec la blonde. Je me dirigeais dans la cuisine pour aller boire un verre d’eau et je regagnais ma chambre. J’eus un peu de mal à me rendormir, mais je parvenais finalement à retrouver Morphée.
Il était sept heures du matin lorsque j’ouvrais les yeux. J’avais malgré tout réussi à me reposer un peu. Comme je ne travaillais pas aujourd’hui, je traînais quelques minutes dans mon lit, avant de me lever. J’enfilais mes chaussons et je sortais de ma chambre, après avoir ouvert la fenêtre. J’allais dans la salle de bain pour passer un coup de peigne dans mes cheveux. Puis dans le salon, j’ouvrais les pièces pour aérer. Il faisait très chaud en cette période de l’année et on pouvait espérer à un peu de fraîcheur qu’avant dix heures du matin. Je me dirigerais ensuite dans la cuisine pour me préparer un petit déjeuner. J’imaginais que Kael était encore au fond de son lit. A mon avis il n’avait pas beaucoup dormi de la nuit, mais je ne voulais pas en savoir davantage. Le surprendre à moitié nu avec une femme tout autant dénudée avait été assez gênant comme ça. Kael était quand même mon frère et franchement, ce n’était pas le genre de truc auxquels j’avais envie d’assister.
La nuit avait été trop courte à son goût. Il avait eu du mal à émerger de son sommeil. Et c'est le soleil qui perçait à travers les stores de sa chambre qui venaient chatouiller sa peau. Il cligna des yeux, sentant la chaleur sur son visage qui le poussait de plus en plus vers un réveil qu'il savait d'avance, difficile. Il posa une main sur son visage avant d'entendre un soupire. Le cadreur ouvrit les yeux dans un effort colossal. Ses yeux mordorés se posait sur la jeune femme à ses côtés. Comme lui, elle se réveillait doucement. Ses longs cheveux blonds tombaient sur son dos nu. Kael grimaça en ressentant un vif mal de crâne. Il avait bu plus que de raison la veille et il avait le crane en compote. Il s'était redressé pour enfiler son caleçon et se diriger vers la salle de bain. Il avait besoin d'une bonne douche. Et surtout, de se rafraîchir un peu. L'eau lui fit du bien. Cela le réveilla un peu plus. Après ça, il proposa à la jeune femme de la reconduire, sauf que cette dernière ne lui en laissa pas le temps. Elle avait quitté la chambre quand il la regagna quelques minutes plus tard. Le cadreur avait avalé une aspirine avant d'enfiler un jogging et d'aller courir. Il avait encore besoin de s'aérer un peu l'esprit et de faire disparaître les dernières traces d'alcool qu'il avait encore dans le corps. Faire un peu d'exercice allait lui faire du bien. De plus, il avait encore l'estomac trop noué pour manger quoique ce soit. Alors cela ne le dérangeait pas de zapper le moment du petit déjeuner. Une heure plus tard, il revenait à l'appartement. Il en avait profité pour prendre le courrier qui était dans la boite à lettres. Quelques factures mais aussi une lettre de ses sœurs. Pourtant, il préféra l'ouvrir avec Kara. D'ailleurs, quand il repensa à la jeune femme, il se souvenait vaguement de ce qui s'était passé hoer soir. Mais il se souvenait que sa jumelle était sortie de sa chambre. Il soupira à ce rappel alors qu'il prenait l'ascenseur. Connaissant sa sœur, elle allait lui faire passer un interrogatoire en bonne et due forme. Ce dont il n'était pas pressé. D'ailleurs, à quoi bon lui parler de tout ça. Ce n'était pas comme s'ils pouvaient faire quelque chose tous les deux. Il était même trop tard pour faire quoique ce soit. Alors, une discussion sur ça, était inutile. Et puis, peut-être que finalement, Kara n'allait pas lui parler. Peut-être qu'elle allait lui faire la tronche et qu'il aurait au moins un répit de quelques heures. Malheureusement, quand il entra à nouveau dans l'appartement, sa sœur s'était levée et elle se trouvait dans la cuisine, entrain de déjeuner. C'était son jour de chance. Le cadreur se dirigea vers la cuisine pour se servir un jus d'orange, gardant le silence. Il n'avait franchement pas envie que sa sœur lui saute à la gorge à la moindre parole. Alors il préférait boire quelque chose. Même son jogging ne lui avait pas retiré toutes les pensées qui hantaient son esprit. Et encore moins ce foutu mal de crane qui lui donnait l'impression d'avoir le crane ouvert en deux.
J'étais entrain de prendre mon petit déjeuné lorsque j'entendis le bruit de la clef dans la serrure. J'aurais parié que Kael était encore au fond de son lit, mais apparemment je m'étais trompée. Il était levé et il avait même été faire un tour dehors. Il me rejoignais dans la cuisine sans me dire un mot. J'imaginais qu'il n'était pas d'humeur pour parler ou peut-être qu'il avait la gueule de bois. Il m'avait paru bien éméché cette nuit. J'avais rarement vu mon frère dans un tel état. Je devais admettre que je n'aimais pas cela. Parce que ça ne ressemblait pas à Kael et aussi parce que ça laissait penser qu'il allait mal. Mon jumeau n'était pas style à se taper une cuite et une gonzesse différente chaque soir. Encore moins a ramener n'importe qui chez nous et a foutre le bordel en pleine nuit. Alors oui, je me posais des questions. Même si Kael ne semblait pas disposé à parler, j'avais des choses à lui dire.
« Bonjour quand même. »
Commençais-je sur un ton neutre. Je n'étais pas là pour l'agresser. Même si cette nuit, il m'avait énervé. Il m'avait tiré de mon sommeil et ce que j'avais vu ne m'avait pas plu. Je laissais passer un instant de silence et je prenais quelques gorgées de mon jus d'oranges.
« T'es sorti ? Je croyais que tu dormais encore. »
Ajoutais-je. J'imaginais que sa conquête était déjà partie. Du moins je l'espérais. Je n'avais pas envie de la voir débarquer ici et qu'elle s'incruste au petit déjeuner. Je le quittais du regard pour farfouiller dans le tiroir de la cuisine. Je mettais rapidement la main sur une boite d'aspirine. Kael avait la tête d'un type avec une gueule de bois. J'en avais déjà eu aussi et je me souvenais des horribles maux de tête. Je tendais la boite à Kael, mais peut-être qu'il en avait déjà pris ? Le silence s'était encore installé entre nous. Quelques minutes passaient avant que je ne vienne le briser. C'était plus fort que moi, j'avais besoin de savoir ce qui se passait. Je ne pouvais pas rester là sans rien dire.
« Qu'est-ce qui se passe Kael ? Et ne me dit pas rien ou que tu voulais juste t'amuser un peu. Parce que ce que j'ai vu hier, ça ne te ressemble pas. »
Quand il buvait à ce point c'était qu'il s'était passé quelque chose. Je connaissais Kael par cœur et il ne pouvait rien me cacher. Je finissais toujours pas tout découvrir. C'était aussi le cas dans le sens inverse. Je ne pouvais pas faire de cachotteries à Kael. Il le remarquait tout de suite quand je n'allais pas bien.
Le cadreur s'était dirigé vers la cuisine ouverte. Il avait la gorge sèche. Non seulement à cause de sa beuverie de la veille mais aussi parce qu'il venait de courir plus d'une heure sans rien emporter avec lui. A vrai dire, il avait quitté l'appartement dès qu'il avait pu. Alors il avait laissé la douche de côté pour prendre une gorgée d'eau. Bien sûr et comme il s'y attendait. Sa sœur était là. Elle prenait son petit déjeuner. Il ouvrit la porte du frigo et s'empara d'une bouteille d'eau dont il but quelques gorgées alors que Kara prenait la parole. Il referma le frigo et soupira intérieurement. Il ne pouvait rien cacher à sa sœur, il le savait. Seulement parfois il aimerai que cette dernière soit moins intuitive. Parce qu'il y avait des choses qu'il ne voulait pas partager avec elle. En fait non. Ce n'était pas qu'il ne voulait pas, mais plutôt qu'il ne préférait pas. En général, c'était Kaleb le canalisateur. C'était lui qui emmagasinait. Lui qui gérait tout. Et ce n'était pas à sa sœur qu'il voulait donner ce rôle. Kael finit par s'asseoir à la table, observant sa sœur. « J'avais besoin de courir un peu. » Il avait essayé de retirer ce qu'il avait dans la tête mais sans résultat. Sa course à travers Brisbane ne l'avait pas calmé. Et plus il essayait de ne pas y penser et plus il y pensait. C'était un cercle vicieux. Il remercia ensuite sa jumelle quand elle lui donna la boite d'aspirine. Il but une nouvelle gorgée d'eau avant de mettre deux pastilles blanches dans la bouteille. Les aspirines ne lui faisaient pas grand chose, ou en tout cas, pas très longtemps. Il donna ensuite le courrier à la photographe. « Il y avait ça dans la boite à lettres. » Un courrier de Chicago. Et à voir le dessin en forme de lapin sur le devant de l'enveloppe, nul doute que Kiara avait glissé un mot à l'intérieur. Puis à la question de sa sœur, le cadreur reposa ses yeux sur elle. « J'ai eu une soirée compliquée, c'est tout. » Il n'avait pas vraiment envie d'en parler. Parce qu'il savait que cela allait blesser sa sœur. Alors il préférait garder le silence. Il ajouta ensuite en jetant à nouveau un œil sur le courrier. « Tu l'ouvres. Je voudrais savoir ce qu'elles racontent. » Ses sœurs lui manquaient. Et pas seulement ses sœurs. Kael n'avait jamais été éloigné aussi longtemps de sa famille et cela lui faisait bizarre. Et encore une fois, il se disait que c'était de sa faute tout ça. Qu'il avait pris une mauvaise décision. C'était compliqué. Kael savait qu'il ne pouvait pas fermer les yeux sur la double vie de leur géniteur. Mais en même temps, il ne voulait pas blesser sa famille. Et pourtant, c'était exactement ce qu'il avait fait en venant ici et en foutant le bordel dans leur vie. Il soupira à nouveau intérieurement avant de secouer doucement la bouteille pour que les aspirines se dissolvent un peu plus vite. Puis il ouvrit la bouteille et bu une nouvelle gorgée.
Je prenais l’enveloppe que me donnait Kael. Je souriais en la regardant, car je comprenait immédiatement que c'était une lettre de Chicago. Kiara avait même pris le temps de décorer l'enveloppe. Elle adorait dessiner. Je reportais cependant mon attention sur Kael. De toute évidence, il n'avait pas envie de me raconter ce qui c'était passé. Il me répondait brièvement que sa soirée avait été compliquée et il changeait de sujet. Mais ce n'était pas une réponse qui me convenait. D'ailleurs, Kael se doutait probablement que je n'allais pas en rester là. Pour le moment, j'ouvrais l'enveloppe pour y découvrir ce que les filles nous avaient écrit. Je venais m’asseoir à côté de Kael pour qu'on puisse la lire ensemble. C'est fou ce qu'elles me manquaient. J'avais beau voyager régulièrement, je ne partais jamais bien longtemps. C'était la première fois que Kael et moi nous trouvions aussi loin de notre famille. Je comprenais en lisant la lettre que nous aussi, on leur manquait beaucoup. Maman nous avait dit de rester à Brisbane, de vivre un peu pour nous, mais j'avais parfois envie de sauter dans un avion et d'aller les rejoindre. Avec tout ce qui c'était passé, je n'aimais pas la savoir si loin de nous. Elle vivait actuellement une période très difficile. On devrait être là-bas à la soutenir. Mais elle avait refusé qu'on fasse ça.
« Ça fait du bien de les lire et Kiara nous a fait un super dessin. Celui-là je vais l'épingler sur le frigo. »
Je souriais légèrement. Kiara avait aussi glissé un dessin dans l’enveloppe. Elle nous y avait tous représenté. Il y avait le soleil, la mer et un kangourou. Cela me faisait sourire et j'avais tellement hâte de les retrouver. Malheureusement les prochaines vacances étaient trop courtes pour qu'elles puissent venir. On ne les verrait qu'aux fêtes de noël. J'allais m'arranger pour ne prendre aucun contrat et j'étais persuadée que Kae en ferait autant. La famille était importante pour nous et on voulait passer les fêtes de fin d'année avec elles.
« Alors... tu ne veux pas me dire ce qui s'est passé pendant mon absence ? »
Demandais-je après avoir laisser passer quelques minutes de silence. Je reposais mes prunelles bleues sur Kael, bien déterminée à savoir ce qui le tourmentait.
Ce genre de courrier faisait toujours un bien fou. Kael ne s'en lassait pas. Et depuis qu'il était à Brisbane, il en recevait quasiment une toute les semaines. Et il les avait toutes gardées dans la table de chevet. D'ailleurs, d'autres dessins étaient épinglés sur la porte du frigo. Autant de petites choses qui faisaient que l'éloignement était un peu plus supportable. Ses sœurs lui manquaient bien sûr. Chaque jour à vrai dire. Mais il était là pour le travail et aussi pour essayer de souffler un peu. Parce que depuis el début de l'année, c'était assez compliqué pour lui. Il n'arrivait pas à se défaire de cette histoire qu'il portait sur les épaules. Il se rendait encore responsable pour tout ça. Alors qu'il n'y était pour rien. Et que c'était leur salopard de géniteur le seul responsable. Seulement, Kael avait toujours été là pour sa famille. C'était toujours lui qui veillait sur elle. Parce qu'il avait pris son rôle d’aîné au sérieux et aussi parce qu'il était le seul garçon de la fratrie. Forcément, il se disait qu'il devait les protégées. Encore plus maintenant. Et il avait eu du mal, quelques semaines plus tard, à repartir de Chicago. Mais leur mère avait été catégorique : ils devaient tous les deux repartir pour Brisbane là où ils avaient trouvé du travail... dans les faits, c'était plus compliqué. Même s'il savait sa mère entre de bonnes mains, entourée par le reste de sa famille, ses sœurs, ses tantes, et ses amis. Le cadreur ne pouvait s'empêcher de penser qu'il l'abandonnait à sa façon. Que c'était son rôle d'être là. Et le récent coup de fil qu'il avait eu de sa mère n'avait pas arrangé les choses, bien au contraire. Il s'en voulait. Mais même en essayant de refaire les choses d'une autre façon, il arrivait toujours à la même conclusion : sa mère devait savoir. Elle avait assez vécu dans le mensonge pendant tout ce temps. Cette comédie ne pouvait plus durer. Alors il avait parlé. Seulement, il portait également le poids de ses révélations sur les épaules. Et la veille avait été la goutte de trop. Alors oui, il avait bu. Il n'avait pas compter les verres et à vrai dire, il n'en avait même pas honte. Il regrettait juste que cette soirée ne lui avait pas retiré tous ses souvenirs. Cela aurait été plus simple. Mais il semblerait que la simplicité ne fasse plus vraiment parti de leur quotidien. Kael observa sa jumelle mettre le dessins sur le frigo, immobilisé par deux magnets. Ses sœurs lui manquaient encore plus quand les fêtes de fin d'années approchaient. Seulement, c'était compliqué d'aller les voir aussi régulièrement qu'il le voudrait. Parce qu'il n'avait pas l'argent pour ça, et parce qu'il ne pouvait pas physiquement le faire. Il serait épuisé. Alors pour l'instant, il se contentait de ses lettres en attendant de pouvoir les prendre dans ses bras plus tard. A la question de Kara, il reposa ses yeux mordorés sur elle. Comme il s'y attendait, elle ne voulait pas lâcher l'affaire. Et cela n'étonnait même pas le cadreur. Elle était têtue. Tout comme il l'était. Ils se ressemblaient trop pour ne pas savoir quand quelque chose ne tournait pas rond chez l'autre... « J'ai téléphoné hier à maman... et elle était en pleurs. » Il serra les dents avant d'ajouter : « Elle m'a dit qu'elle était enrhumée mais je sais bien que c'était pas ça. » Et une fois encore, il ne pouvait s'empêcher de penser que tout ça, c'était de sa faute.
Oui, ça faisait du bien de recevoir une lettre des filles. J'attendais avec impatience chacun de leurs courriers. Avec toute cette distance, je réalisais a quel point la famille était importante pour moi. Elle l'avait toujours été. Sauf qu'on avait jamais été séparés aussi longtemps d'elles. Heureusement qu'on était ensemble tous les deux. J'imaginais que ça avait été davantage difficile pour Kael lorsqu'il était seul à Brisbane. Je reportais mes prunelles bleues sur mon frère. C'était donc l'appel de notre mère qui l'avait mit dans cet état. Je comprenais mieux pourquoi il était rentré ivre au beau milieu de la nuit. Kael se sentait responsable de tout ce qui arrivait. Il culpabilisait de ne pas être près de notre mère, d'être venu jusqu'ici pour découvrir la vérité. Je ne savais pas quoi faire pour que cela change. Le seul responsable de tout ça, c'était notre géniteur. Il avait détruit notre famille. Il avait blessé notre mère. Kael n'avait fait que chercher la vérité. Même si je n'avais pas été d'accord au début. Je n'avais pas voulu qu'il vienne jusque ici. Mais, elle avait le droit de savoir. On avait le droit de savoir. Il est vrai que la vérité pouvait parfois être choquante et dévastatrice. Seulement, c'était toujours mieux que de vivre dans le mensonge.
Je posais ma main sur celle de Kael. Ça me brisait le cœur de savoir que notre mère n'allait pas bien. Elle avait toujours fait bonne figure devant nous. Mais je savais bien que ça n'allait pas. Elle ne voulait juste pas être un poids pour nous, ne pas nous empêcher de vivre nos vies. Pourtant, c'était aussi notre rôle de l'aider et d'être là pour l'épauler. Elle avait toujours été là pour nous. Heureusement qu'elle n'était pas seule et que nos sœurs étaient toujours près d'elle.
« Oui... C'est maman. Elle admettra jamais que ça ne va pas, même si c'est le cas... »
Ça me tuait que notre con de père lui fasse autant de mal. Cela ne faisait que grandir le dégoût que j’éprouvais à son égard. Il valait mieux pour lui que nos chemins ne se croisent plus jamais.
« Ce n'est pas de ta faute, Kae. C'est lui le seul responsable. »
Depuis que Kael avait découvert cette photographie, il se rendait responsable du chaos qui avait été engendré au sein de sa famille. S'il n'était pas tombé dessus, s'il n'avait rien vu. Peut-être que les choses auraient été différentes. Il se posait sans cesse la question. Est-ce qu'il avait bien fait ? Est-ce qu'il n'aurait pas du garder le silence ? Seulement Kael était un sanguin. Il était parfois impulsif et il écoutait ses émotions. Alors il avait été incapable de regarder sa mère et de lui mentir jour après jour. Ce n'était pas lui. Il n'était pas comme ça. Seulement sa franchise avait mit un terme à l'histoire de sa mère. Sa franchise avait abouti au départ définitif de leur géniteur. Oh pour lui, ce n'était pas une grande perte. Parce qu'il n'était pas proche de lui. Mais il pensait aux petites. A Kiara, qui du haut de ses cinq ans lui a demandé pourquoi son père ne l'aimait pas.... comment une petite fille peut arriver à se poser cette question. Et ça, ça rongeait Kael de l'intérieur. A chaque fois qu'il voyait le regard triste de Kiara ou de Kassy. Qu'il se rendait compte que cela blessait aussi Kléa ou Kat... C'était douloureux pour lui. Même si leur mère leur avait avoué connaître la vérité depuis six ans, c'était dur à accepter. Ce père qui n'en était pas vraiment un, avait fondé une famille et l'avait abandonné sans le moindre remord... comme si pendant toutes ces années, aucun d'eux n'avait eu de l'importance à ses yeux. Sa mère tenait le coup. Elle savait en fin de compte, mais cela ne rendait pas les choses plus faciles. Elle avait perdu l'homme qu'elle aimait. Et si elle avait supporté toutes ces absences, cette double vie, c'était bien parce qu'elle en était amoureuse. Et elle l'aimait toujours malgré tout. Kael était resté proche de sa mère, comme ses sœurs. Il l'appelait toutes les semaines. Il prenait de ses nouvelles et là, l'entendre à l'autre bout du fil, des sanglots plein la voix, cela l'avait anéanti. Lui qui disait qu'ils avaient tous surmonté le plus difficile. Il se rendait compte que la route était encore longue. Et il en venait à se dire que s'il n'avait rien dit, ils auraient continué à vivre dans cette illusion. Qui n'était pas réelle mais qui avait le mérite de ne pas faire souffrir. Et c'était peut-être ça au final, le plus important. Mais non, au lieu de ça Kael était venu jusqu'ici. Il avait confronté son géniteur et il l'avait même frappé. Il n'avait écouté que sa colère, sa peine, sa déception. Et maintenant toutes ses décisions, toutes ses actions lui revenaient en pleine figure. Oui leur mère faisait toujours tout pour les rassurer même quand cela n'allait pas. Déjà quand ils étaient gosses. Kael ne l'avait jamais vu pleurer. Et ce soir-là au téléphone, il n'avait pas su quoi dire. Il n'avait pas su la réconforter. Il se sentait inutile. « C'est peut-être lui le responsable, mais j'ai été son messager. Parfois je me dis que j'aurais du fermer les yeux... » Même si concrètement, ce n'était pas la solution. « Même dans cette situation, il a réussi à me faire endosser sa responsabilité. » Parce que c'était lui qui avait tout avoué à sa mère. C'est lui qui avait obligé cette dernière à faire face à quelque chose qu'elle refusait de voir depuis six ans. « Elle le savait Kara... depuis la naissance de Kiara. Mais elle ne voulait pas le perdre. Et je ne lui ai pas laissé le choix... »
Au début, j'en avais voulu à Kael. Il avait besoin de connaître la vérité, de voir notre père et son autre famille de ses yeux. Je ne voulais pas qu'il s'en aille et il était parti quand même. Mais je comprenais désormais pourquoi il l'avait fait. Nous ne pouvions pas ignorer cette photo et faire comme si de rien était. La vérité était parfois difficile à accepter, malgré tout, c'était mieux pire de vivre dans le mensonge. On ne pouvait pas laisser notre mère ainsi. On ne pouvait pas laisser notre père s'en sortir. Kael avait eu raison de confronter notre père. Il s'était finalement avéré que maman était déjà au courant. Seulement, pendant six longues années, elle avait été incapable de le quitter. Elle l'aimait et avait préféré fermer les yeux. J'avais du mal à comprendre comment elle avait pu faire cela. Mais je ne voulais pas la juger. Après tout, qu'est-ce que je connaissais de l'amour ? Rien. Quand je voyais la souffrance de notre mère, ça ne me donnait pas envie de connaître ça un jour. Maman avait finalement mit un terme à sa relation avec notre père. Je savais que c'était difficile pour elle. Mais j'étais persuadée qu'elle serait mieux sans lui. Même si ça allait être compliqué au début.
« Tu sais bien que fermer les yeux n'est pas une solution et maman, ne pouvait pas vivre éternellement dans le déni. Tu crois qu'elle était plus heureuse en restant avec lui tout en sachant qu'il avait une autre famille ? Je ne pense pas. »
En fait, ça avait dû être un sentiment horrible. Elle avait comprit que l'homme qu'elle aimait avait une autre famille et elle avait été incapable de le quitter. Elle l'aimait trop pour le perdre. Mais ça avait dût lui briser le cœur. Je détestais notre père pour ça. Maman ne méritait pas qu'on la traite de cette façon.
« Pour l'instant, c'est difficile pour elle. Mais c'est maman, c'est une guerrière. Je suis sûre qu'elle va s'en remettre et qu'elle va prendre un nouveau départ, vivre enfin pour elle. »
En tout cas c'était ce que je voulais croire. Je ne voulais pas penser de façon négative. Je voulais croire qu'on pourrait retirer quelque chose de positif de cette situation. Pour l'instant, c'est assez compliqué et elle allait encore en souffrir quelques temps. Mais on serait tous là pour l'aider, comme elle avait toujours été là pour nous.
Kael savait que sa sœur avait raison. Leur mère avait préféré vivre avec cette réalité sans rien en dévoiler. Peut-être qu'elle avait voulu les protéger tous les six. Oui c'était probablement ça. Leur mère avait toujours fait passer ses enfants avant son propre bonheur. Même si ces enfants étaient une partie importante de ce bonheur. Il n'empêche qu'elle avait gaspillé une partie de sa vie pour un type qui n'en valait pas la peine. Et ça, c'était ce qui énervait le cadreur. Leur mère avait sacrifié sa carrière pour eux. Dans un sens, il se sentait coupable de ça aussi. Même si ces enfants, elle les avait voulu. Il n'empêche que les naissances avaient aggravé la situation, déjà compliquée même à l'époque. « Je comprendrai jamais pourquoi il a fait ça.... » Leur géniteur avait quand même passé des mois avec leur mère avant qu'elle ne tombe enceinte. Pendant tout ce temps, il aurait pu arrêter la mascarade. Mais non. Au contraire, il avait continué ses conneries. Seulement leur mère avait fini par le savoir. Mais même après ça, elle avait gardé le silence. Ou alors peut-être qu'elle s'en doutait pendant toutes ces années. « Sauf s'il l'aimait vraiment... même si je doute qu'il arrive à aimer quelqu'un d'autre, que lui... » Même les plus petites avaient bien compris que leur père avait autre chose à faire, qu'à passer un peu de temps avec elles. Kael reprit une gorgée d'eau tout en reposant ses yeux sur sa jumelle. « J'espère. Parce que je n'aime pas la savoir dans cet état... » Et c'était la même chose pour Kara. Tous les deux n'aimaient pas voir leur mère, malheureuse. Puis après un silence, le cadreur reprit la parole. « J'aimerai qu'elle pense un peu à elle maintenant. Et je me disais que ce serait peut-être une bonne idée de lui proposer de garder les filles pendant quelques temps. Elles aimeraient peut-être venir ici. Ou alors on pourrait aller là-bas. » Même s'il ne savait pas trop s'il pourrait avoir d'autres congés. Il en avait déjà eu pour son hospitalisation, puis quand ils étaient repartis à Chicago. Cela allait faire beaucoup en fin de compte. Mais il pouvait toujours demander, ça ne couter rien. « Comme ça, elle aurait un peu de temps pour elle. Et elle pourrait même enfin accepter une invitation de John. » C'était leur voisin. Il était veuf depuis une dizaine d'années. Et il avait toujours un béguin pour leur mère. Même s'il avait toujours gardé ses distances parce qu'il la savait en couple. Maintenant, les choses étaient différentes. Quoique... « Enfin je doute qu'elle songe à ça en ce moment... »
Il n’y avait aucune chance que je parvienne à comprendre notre père. Il n’y avait aucune excuse pour le comportement qu’il avait eu. Il nous avait menti, trahi, blessé. Il avait brisé le cœur de notre mère et il avait gâché sa vie. Je ne voulais même pas essayer de m’expliquer son comportement. Est-ce qu’il avait vraiment aimé notre mère ? Je l’ignorais. Peut-être que son cœur avait été partagé entre deux femmes, mais peut importe. Jamais je ne pourrais lui pardonné son comportement. Ce n’était rien de plus que notre géniteur a mes yeux. Il n’avait rien d’un père. J’espérais bien ne plus jamais le croiser de ma vie. Ce qui était paradoxale, oui, parce que je m’étais installée à Brisbane. Mais ce n’était pas pour lui. J’étais là pour Kael.
« Si il l’avait vraiment aimé, il aurait pensé a elle avant tout. Il ne lui aurait pas menti. Mais il a été égoïste, il n’a pensé qu’a lui pendant toutes ces années. Ça lui plaisait peut-être de savoir que deux femmes l’attendaient. »
Maman l’aimait. Lui, il ne faisait penser qu’à son propre bien être a lui. Je doutais qu’il est un jour pensé à elle, qu’il se soit demandé si elle était heureuse. Elle avait quand même tout abandonné pour lui, pour nous. Tout ça pour se rendre compte que l’homme de sa vie n’était qu’un traître. Comme Kae, je n’aimais pas la savoir aussi triste. Mais j’étais convaincue qu’elle allait remonter la pente. On était toutes des battants dans notre famille. On tenait cette force de notre mère. C’était elle qui nous avait tout appris et elle pouvait être fière de ce qu’elle avait accompli.
« Ouais, ça serait une bonne idée. Tu as raison elle a besoin de prendre un peu de temps pour elle et si on peut l’y aider, alors on le fera. Elle a sacrifié toute sa vie pour nous. C’est a nous de l’aider maintenant. »
Cela me paraissait normal. Et puis, je serais ravie de m’occuper des filles. Je ne les avais pas revu depuis trop longtemps. Je gardais mes prunelles bleues sur Kae.
« Je pense que ça prendra du temps avant qu’elle puisse refaire confiance a un homme... »