| forget the wrong that i've done (kaecy) |
| | (#)Jeu 13 Oct 2016 - 7:15 | |
| kaecy & vittorio forget the wrong that i've doneWhen my time comes, forget the wrong that I've done, help me leave behind some reasons to be missed. Don't resent me, and when you're feeling empty, keep me in your memory, leave out all the rest, leave out all the rest. ☆☆☆ On n'avait rien sans rien, c'était un adage que Vittorio avait souvent eu l'occasion de vérifier par le passé, et c'était ce même adage qui terminait de lui faire admettre que concernant Kaecy aussi, il n'aurait rien sans rien. Il se savait en tort, l'italien, et si ses souvenirs de la jeune femme étaient aussi fidèles qu'il le pensait alors sortir les rames ne suffirait pas à plaider sa cause, il allait devoir se montrer un peu plus inventif, ingénieux. Il ne savait pas vraiment ce qu'il espérait, parfois il n'était même pas certain de savoir ce qu'il foutait ici, à Brisbane, alors ce serait mentir que de dire qu'il ne doutait pas, au pied de cet immeuble de Pine Rivers. Vitto doutait souvent, se remettait en question bien plus souvent qu'il ne le laissait paraitre, et tandis qu'il plaquait un sourire de circonstances sur son visage et entamait son petit numéro auprès de l'hôtesse d'accueil du rez-de-chaussée, personne ne pourrait deviner qu'en son for intérieur, il était mort de trouille. « Buongiorno, belle journée, hu ? » Il s'était accoudé au comptoir, réitérant son sourire « J'ai rendez-vous avec Kaecy Wilson, mais je crois que je suis un peu en avance ... » Sans se démonter, il avait fait mine de ne pas voir l'air dubitatif que lui avait adressé la jeune femme avant de baisser les yeux sur son registre et d'annoncer après quelques secondes « Je suis désolée, je ne trouve aucune trace d'un rendez-vous prévu pour ce matin dans le registre. Votre nom, vous m'avez dit ? » Non justement, il ne lui avait pas dit. Gardant malgré tout son air serein, il avait consenti à avouer « Giovinazzo, Vittorio. G-I-O-V-I-N-A-2Z-O. Appelez, si vous ne me croyez pas. » Avançant un air légèrement boudeur, il était presque certain de se l'être mis dans la poche lorsque la jeune femme avait semblé hésité, l'italien lui sachant très bien que composer le numéro la ligne directe qui mènerait au bureau de Kaecy ne serait d'aucune utilité. Elle n'arriverait à son bureau que dans un quart d'heure, comme tous les jours, il l'avait suffisamment observée ces dix derniers jours pour le savoir. « Bon, elle ne répond pas au téléphone ... » avait d'ailleurs fini par faire remarquer l'hôtesse, Vitto se gardant bien de faire remarquer que si elle faisait son travail consciencieusement elle aurait pu arriver à cette conclusion uniquement en prêtant attention à qui était arrivé ou non depuis qu'elle avait pris son poste derrière ce comptoir. « Comme je vous l'ai dit, je suis un peu en avance ... Mais ce n'est pas la première fois que je viens, je suis sûr que je saurais trouver son bureau. » Nouveau mensonge d'arracheur de dent, mais il fallait croire que c'était celui qui avait fait mouche, puisque quelques instants plus tard la jeune femme l'autorisait à avancer et emprunter l'un des deux ascenseurs menant aux étages supérieurs. Le numéro de comédie du jeune homme ne s'était pas arrêté là cependant, puisqu'il allait sans dire qu'il n'avait jamais mis les pieds dans le bureau de Kaecy auparavant et serait bien incapable de dire où il se situait dans les étages. Hasardant son doigt sur le bouton du troisième, il avait déambulé dans un couloir jusqu'à trouver la première âme qui vive, à qui il avait servi un nouveau mensonge en prétendant s'être perdu avant de demander l'étage où il trouverait le bureau qu'il convoitait, n'hésitant pas à insister sur son étourderie et son mauvais sens de l'orientation - totalement réel, lui - afin de crédibiliser ses dires. Le grand baratineur qu'il était avait donc finalement trouvé son chemin, pas mécontent de lui, mais conscient que ses ennuis ne faisaient que commencer rien qu'en imaginant la tête que ferait Kaecy lorsque, pensant bien faire, l'hôtesse du rez-de-chaussée lui annoncerait tout sourire « Un certain Vittorio Giovinazzo vous attend dans votre bureau, il est arrivé un peu en avance à votre rendez-vous. » Vittorio se sentait presque - presque - fautif pour elle, et espérait malgré tout que cette erreur de jugement ne ferait pas renvoyer la jeune femme. Reste que dans les faits, Vitto n'attendait pas réellement dans le bureau de Kaecy mais simplement sur l'un des fauteuils que comptait le palier de l'étage. Le nom de Kaecy était bien placardé près de la porte, aucun doute, mais celle-ci était fermée à clefs et l'italien ne pousserait tout de même pas le vice jusqu'à crocheter la serrure ... Bien que l'idée lui ait un temps traversé l'esprit, c'est vrai. Il aurait tué pour un café, bien serré, c'était la dernière chose qui lui avait traversé l'esprit lorsque la porte de l'ascenseur s'était ouverte et que ses yeux avaient glissé sur la silhouette agréable de celle qui occupait ses pensées depuis ... oh, un moment, maintenant. La vérité ? Maintenant qu'elle était là, il n'avait plus le moindre souvenir de tout ce qu'il avait pensé dire ou faire lorsqu'il la reverrait. Au lieu de cela il se contentait de la regarder, dans un silence dont la lourdeur était presque palpable. C'était Vittorio, il avait du bagou pour embobiner son petit monde, mais il perdait rapidement son trop-plein de confiance en lui dès que les choses prenaient une tournure sérieuse.
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| | | | (#)Lun 7 Nov 2016 - 0:46 | |
| Soupirant pour, au moins, la dixième fois depuis qu’elle était montée dans sa voiture, Kaecy vint se frotter les yeux. En règle générale, à cette heure là et sur cette route, il n’y avait pas de bouchons - ou s’il devait y en avoir Kaecy ne tombait jamais dedans puisqu’elle partait assez tôt de chez elle pour les éviter. Mais c’était sans compter les travaux de dernières minutes que la jeune femme ne s’était pas rappelée avoir été annoncés. Ce genre de début de journée promettait pour la suite en tous cas. Surtout qu’Elio lui avait annoncé qu’il devait se rendre au boulot plus tôt le soir même car un de ses collègues était malade. « Et si moi j’ai plus de boulot que prévu ? » Et ce fut en haussant les épaules qu’Elio avait fermé la porte de sa chambre. Elle allait donc devoir se débrouiller pour finir plus tôt et aller chercher les jumeaux. Mais vu qu’elle n’allait jamais arriver à l’heure au bureau… Ca allait compliquer les choses pour partir plus tôt. Dans le pire des cas, elle appellerait sa mère à la rescousse - elle se ferait un plaisir d’aller chercher les gamins. Au moins, trouver une solution pour la sortie d’école des jumeaux lui fit passer le temps du trajet plus rapidement. Et avant qu’elle ne s’en aperçoive, elle était déjà au pied de l’immeuble - et à l’heure, miracle. Aussitôt, un petit sourire vint reprendre sa place sur la visage de la jeune femme. Elle aimait son travail, contrairement à la majorité de la population, et venir en ces lieux lui donnait toujours le sourire. Ce dernier s’accentua d’ailleurs lorsqu’elle arriva près de la réceptionniste. « Bonjour Amanda. Comment allez-vous aujourd’hui ? J’adore votre collier, il est nouveau ? » Kaecy, c’était ce genre de femme qui remarquait toujours le moindre détail, que ce soit sur une personne qu’elle croisait tous les jours ou sur quelqu’un qu’elle n’avait pas vu depuis plusieurs années. Ayant eu l’habitude de se servir de sa vision pour tout - et surtout pour communiquer -, elle avait le sens du moindre détail. Alliez à ça un amour de l’humain sans limite et une envie de toujours rendre les gens heureux, elle arrivera à vous faire le moindre compliment juste pour vous faire sourire. « Bien vu ! C’est mon fiancé qui me l’a offert ce weekend, j’ai pas pu m’empêcher de le mettre aujourd’hui ! » « Vous avez eu raison. On se voit pour le déjeuner, vous m’appelez quand votre pause commence ? » Le sourire de Kaecy s’agrandit et alors qu’elle s’attendait à juste entendre l’habituel « Oui oui » de sa collègue, celle ci perdit légèrement son sourire. Kaecy força alors les sourcils. « Quelque-chose ne va pas Amanda ? » « Un certain Vittorio Giovinazzo vous attend dans votre bureau, il est arrivé un peu en avance à votre rendez-vous… Je l’ai laissé monté pour le faire patienter, j’espère que ça vous dérange pas ? » Kaecy, alors, n’en crut pas ses oreilles. Ou plutôt ses appareils - mais l’idée était la même. Un nom qu’elle n’avait pas entendu depuis un bout de temps - et qu’elle ne pensait pas entendre de si tôt. « Vittorio Giovinazzo ? Vous êtes sûre de vous ?» Amanda hocha vigoureusement la tête et Kaecy soupira. Vous vous rappelez la partie où Kaecy était une femme gentille avec autrui ? Toutes ses bonnes résolutions venaient de se faire la malle en attendant le nom de Vittorio. Avec lui, elle ne risquait pas réellement d’être gentille - après tout, il ne l’avait pas forcément était, mignon, avec elle. D’un pas déterminé et le regard noir, elle prit alors la direction de l’ascenseur, appuyant un peu trop fort sur le bouton de son étage. C’était pas possible, il ne pouvait pas se trouver là. Et puis surtout, comment aurait-il su qu’elle travaillait ici ? D’accord, des Kaecy Wilson, éditrice il ne devait pas y en avoir douze à Brisbane. Mais il aurait déjà fallu qu’il daigne bouger son derrière depuis Rome, en Italie pour trouver son cabinet en plein centre de Brisbane, en Australie. Soit une demi-planète qui séparait les deux villes. Kaecy se frotta de nouveau les yeux. Elle avait senti de toutes façons que la journée s’annonçait mal. Mais là, le niveau était passé à « foutage de gueule ». Ce fut le bruit des portes qui s’ouvrent de l’ascenseur qui la sortirent de ses pensées. Elle n’avait pas encore relevé le regard qu’elle savait qu’il se tenait au bout du couloir. Merde. Donc, il était bien là. Et vu qu’il se tenait pile devant son bureau, elle ne pouvait pas l’ignorer et faire comme si elle ne savait pas qu’il était là. Soupirant, Kaecy releva alors lentement son regard vers Vittorio. Son regard noir. Et elle le vit, là, debout comme un idiot à lui retourner son regard sans rien dire. La jeune femme parcourut alors - un peu trop rapidement à son goût - les quelques mètres qui les séparaient dans le couloir. Et arrivée devant lui, elle s’arrêta, ne cessant de le toiser du regard. Le silence persista pendant quelques instants, aucun des deux jeunes gens semblant décidé à parler. Et bien sur, ce fut Kaecy qui rompit le silence. « Donne moi une seule bonne réponse de ne pas te mettre une gifle monumentale comme tu n’as probablement jamais reçu de ta vie. » Elle parlait d’un ton sec mais sans crier. Comme lorsqu’elle était à bout avec les jumeaux, crier ne servait à rein à part à les rendre encore plus fous - là, c’était elle qui allait devenir folle à voir la belle gueule d’ange de Vittorio à pas un mètre d’elle. Elle lui en voulait, bordel qu’est-ce qu’elle pouvait lui en vouloir. Pas d’être là devant elle, non ça c’était plutôt plaisant. C’était d’avoir mis plus de deux ans avant de le faire qu’il lui donnait envie de le frapper. « Qu’est-ce que tu fais là, Vittorio ? »
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| | | | (#)Jeu 24 Nov 2016 - 1:05 | |
| Les fauteuils étaient trop confortables. Enfin, certains vous diraient qu'un fauteuil n'était jamais trop confortable et que s'il l'était vraiment beaucoup ce n'était en rien un reproche, mais tout dépendait de l'utilité que l'on en faisait. Vittorio se souvenait des chaises en plastique grinçantes et inconfortables qui habillaient les couloirs du palais de justice, à Rome, et sur lesquelles s'entassaient généralement les prévenus et leurs avocats, tandis qu'ils attendaient encadrés de policiers d'être reçus par le procureur ou l'un de ses adjoints. Lui-même s'y était assis avant de faire partie de la maison, et y avait senti croître son stress et son malaise avant d'oser, des semaines plus tard, en faire la remarque à son supérieur. Qui s'était fendu d'un éclat de rire avant de lui expliquer les choses comme au débutant qu'il était malgré son trop plein de certitudes. Moins quelqu'un était confortablement installé moins il était à son aise, moins il était à son aise et moins il était en confiance ... et moins il était en confiance moins il était capable de maitriser ce qui sortait de sa bouche, et pourrait le pousser à la faute. Ouais, rien n'était fait par hasard, tout était calculé. Et là, tandis qu'il attendait Kaecy pendant ce qui lui paraissait être des heures, Vittorio se demandait si ces fauteuils si confortables donnaient à la décoration plus d'importance qu'à ce qui sortait de la bouche de ceux qui s'y asseyaient. Divaguant sur tant de futilité l'esprit du blond en avait presque oublié le temps qui passait, et contre toute volonté de sa part il s'était laissé surprendre par le tintement annonçant l'arrivée de l'ascenseur, et avait bondi sur ses deux pieds avec trop d'énergie pour que son impatience en soit la seule raison. Les quelques secondes où tous les deux s'étaient dévisagés, observés, toisés semblaient s'être étirées sur une éternité, et réalisant un peu tard qu'il n'avait aucune idée de quoi dire maintenant qu'il se retrouvait face à elle, Vittorio avait tacitement accepté qu'elle mette le feu aux poudres. « Donne moi une seule bonne raison de ne pas te mettre une gifle monumentale comme tu n’as probablement jamais reçu de ta vie. » Chacun de ses mots claquait tel un fouet, mais loin de s'en laisser impressionner Vittorio avait retrouvé le demi-sourire moqueur qui lui servait pratiquement d'état naturel, et répondu avec toute la nonchalance dont il se sentait pourvu « La violence est la vengeance du pauvre. Et ça ne serait pas très hospitalier de ta part. » Levant un doigt, puis deux, il en avait levé un troisième en laissant échapper son dernier argument « Et ça ne me fera pas disparaitre, alors autant t'épargner cette peine. » Sans doute un peu moins de confiance en lui aurait évité ce sourire moqueur au coin de ses lèvres. Peut-être y'avait-il un fond de vérité dans cette histoire de confort de fauteuil. Tenté de faire un pas en avant pour se rapprocher d'elle, l'italien avait malgré tout décidé de rester à distance raisonnable, la distance nécessaire pour que tendre la main ne soit pas suffisant à Kaecy pour mettre sa menace à exécution. Avec une certaine impatience elle avait d'ailleurs questionné « Qu’est-ce que tu fais là, Vittorio ? » et troublé l'espace d'une seconde par la sensation que procurait le fait d'entendre son prénom sortir de sa bouche, le blond avait haussé les épaules en adoptant une attitude désinvolte « Oh tout un tas de choses, j'ai toujours rêvé d'un Noël en plein été, je n'ai encore jamais vu de kangourou autrement qu'en photo, et j'avais envie de prendre un peu de vacances ... » Foutaises, et il ne tentait même pas de le cacher, mais était-il réellement nécessaire qu'elle pose cette question « Tu sais pourquoi je suis là. » Elle n'avait pas besoin qu'il s'abaisse à le dire à voix haute, il n'y avait pas trente-six raisons qui puissent l'avoir poussé à choisir ce pays, et cette ville en particulier, lorsqu'il avait du s'exiler. « Mais j'te remercie de ton accueil, moi aussi je suis content de te voir en si bonne forme. » La voix teintée d'une ironie certaine, il avait finalement croisé les bras sans la quitter du regard, désireux de ne pas perdre la face devant celle détenait - du moins fut un temps - le pouvoir de craqueler une partie du vernis qui lissait les irrégularités de sa personne.
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| | | | (#)Jeu 29 Déc 2016 - 15:36 | |
| Vittorio commençait déjà à afficher son demi sourire à la fois moquer et satisfait alors que Kaecy n’avait même pas fini sa première phrase. Il l’énervait déjà et ils venaient à peine de nouveau se croiser après plus de deux ans de silence. « La violence est la vengeance du pauvre. Et ça ne serait pas très hospitalier de ta part. Et ça ne me fera pas disparaitre, alors autant t'épargner cette peine. » Comme pour bien qu’elle comprenne ce qu’il disait - et comme si elle était à moitié débile -, il avait pris soin de compter ses arguments sur ses doigts en même temps qui les énumérait, ce qui fit lever les yeux au ciel à Kaecy. Elle avait oublié combien, en parallèle de son côté ultra charmant, il pouvait être agaçant. Croisant les bras sur sa poitrine, elle lui posa alors la question. Parce-qu’elle avait pas envie de passer par les banalités comme s’ils s’étaient vus quelques semaines auparavant, qu’elle n’avait pas envie de perdre son temps et qu’elle n’avait pas envie d’être patiente, pas aujourd’hui. Sa patience elle l’avait perdu depuis les embouteillages le matin même, et ce n’était pas maintenant qu’elle allait revenir. Et bien sur, la première réaction physique de Vittorio fut de faire comme si la question ne l’atteignait pas, qu’il était détaché. Kaecy leva une nouvelle fois les yeux au ciel. « Oh tout un tas de choses, j'ai toujours rêvé d'un Noël en plein été, je n'ai encore jamais vu de kangourou autrement qu'en photo, et j'avais envie de prendre un peu de vacances ... » Un léger silence s’installa pendant quelques secondes entre les deux jeunes gens, alors qu’ils se toisaient du regard. Kaecy se maudissait d’avoir pu fondre pour un mec comme ça, de ceux qui ont la belle gueule d’ange mais qui ne savent pas être assez sérieux lorsqu’il le fallait. Surtout que ça déclenchait en elle des envies totalement contradictoires. Elle voulait en même temps autant le frapper que l’embrasser, parce-que bordel, elle savait que quand il pouvait il pouvait être divin - mais apparemment, aujourd’hui ce n’était pas la facette qu’il avait décidé de jouer. « Tu sais pourquoi je suis là. Mais j'te remercie de ton accueil, moi aussi je suis content de te voir en si bonne forme. » Elle soupira légèrement. « J’aurai aimé pouvoir en être sûre. Aujourd’hui, je sais pas si c’est le cas. Et arrête de faire l’idiot s’il te plait. » Des pas se firent entendre à l’autre bout du couloir, et Kaecy se rendit compte qu’elle avait déjà complètement oublié qu’elle était au travail, ce lieu où elle avait des affaires à régler qui n’étaient pas de l’ordre personnel. Prenant quelques instants de réflexion, elle finit par soupirer une nouvelle fois - elle s’auto-énervait - avant de venir ouvrir la porte de son bureau. Une fois qu’elle fut à l’intérieur, elle fit un petit signe de tête vers Vittorio pour lui faire comprendre qu’elle l’autorisait à entrer. C’était surement une grosse connerie, elle en était intimement convaincue, mais elle n’arrivait pas à lui dire non. « Je te jure que si mon chef débarque, t’as intérêt à très bien mentir sur ta potentielle envie de publier le bouquin de l’année. » Elle referma la porte derrière eux avant de venir poser ses affaires à son bureau, mettant son téléphone directement sur le répondeur. Au moins, ses collègues comprendront qu’elle ne voulait pas être dérangée - et dans le pire des cas, ils penseraient que la cause était un surplus de travail. « Je te propose pas de café, d’une parce-que j’ai pas envie, et puis tu risques de trouver celui d’Australie immonde comparé à celui chez toi. » Sans même lui prêter un regard, elle alla s’asseoir à son bureau, fermant les yeux, basculant sa tête en arrière sur le dossier. Il fallait qu’elle remette ses idées en place. Après tout, si elle fermait les yeux assez longtemps, peut-être qu’elle se rendrait comptes qu’elle avait juste eu des hallucinations et qu’il n’était finalement pas rentrer… Mais lorsqu’elle l’entendit s’asseoir à son tour, elle comprit qu’elle aurait beau faire l’autruche, il ne partirait pas - il l’avait dit lui même. « J’ai pas envie de passer par quatre chemins, et s’il te plait joue pas à l’imbécile heureux. Pourquoi ? Je veux dire, pourquoi maintenant ? Et ne me dis pas que je sais, parce-que j’ai beau tenter de comprendre, ça m’échappe. »
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| | | | (#)Mar 14 Fév 2017 - 13:09 | |
| Parfois – plus souvent qu'il n'était disposé à l'admettre en réalité – Vittorio admettait que sa part de responsabilité dans l'absence d'avenir qu'avait eu sa relation avec Kaecy était au moins aussi égale à celle de la jeune femme. Parfois au contraire, il se rappelait aussi que c'était elle qui, après lui avoir fait espérer dieu sait quoi, avait subitement décidé de retourner à l'autre bout du monde pour ne jamais en revenir. Que c'était elle qui avait décidé qu'il ne valait pas la peine qu'elle se pose ne serait-ce que deux minutes pour peser le pour et le contre ; Bien sûr qu'il ne faisait pas le poids. Et par conséquent bien sûr qu'il s'octroyait le droit de laisser son ego s'en offusquer et agir en conséquence. Reste qu'aujourd'hui c'était lui qui était là, à seize mille kilomètres de chez lui, pendant que mademoiselle semblait faire la fine bouche et agitait son nez comme si sa présence représentait un grain de sable insurmontable dans son emploi du temps de ministre. « J'aurais aimé pouvoir en être sûre. Aujourd’hui je sais pas si c'est le cas. Et arrête de faire l'idiot s'il te plaît. » Il avait vaguement levé les yeux au ciel, se retenant déjà de lui faire remarquer qu'à une certaine époque sa tendance à ''faire l'idiot'' ne semblait pas la déranger tant que ça … Non au contraire, cela semblait même plutôt lui plaire. « Ce que tu peux être mélodramatique. » Presque certain que sa pique ferait mouche, l'italien avait malgré tout été interrompu – et Kaecy aussi par la même occasion – par des bruits de pas à l'autre bout du couloir, leur coupant la parole à tous les deux et conférant à la jeune femme un regard ennuyé. A l'évidence c'était le fait de devoir potentiellement justifier sa présence à lui, qui l'ennuyait, suffisamment pour qu'elle ne se décide plus contrainte que forcée à lui offrir l'hospitalité dans son bureau. « Je te jure que si mon chef débarque, t'as intérêt à très bien mentir sur ta potentielle envie de publier le bouquin de l'année. » Si à elle le rire qui avait échappé à Vittorio n'aurait l'air de rien d'autre que d'un brin de moquerie, de son point de vue à lui c'était plutôt une manifestation de la douce ironie qui lui inspirait cette mise en garde. Si elle savait. Laissant à la jeune femme le soin de refermer derrière eux puis de rejoindre son bureau sans un regard pour lui, Vittorio s'était octroyé le droit d'observer la pièce avec un brin de curiosité, incapable de ne pas analyser les objets et leur disposition, et tentant de les associer à Kaecy. Pourquoi ces couleurs, pourquoi ces meubles, pourquoi dos à la fenêtre plutôt que de côté … Ce bureau la rendait sérieuse. Plus sérieuse que les souvenirs qu'il avait de la Kaecy dont les yeux pétillaient devant un monument romain, en tout cas. « Je te propose pas de café, d'une parce que j'ai pas envie, et puis tu risques de trouver celui d'Australie immonde comparé à celui de chez toi. » Laissant échapper un rire narquois, et reportant finalement son regard sur elle, il s'était laissé tomber sur l'un des deux fauteuils qui faisait face à celui dans lequel elle s'était installée, ne cherchant même pas à masquer la lassitude que l'italien lui inspirait. « C'est une insulte, ce que vous appelez café ici. » avait-il simplement fait remarquer d'un ton calme, comme si le café était véritablement le sujet brûlant du jour. Laissant ses doigts glisser jusqu'au coupe-papier posé sur le bureau, dont il s'était emparé sans la moindre gêne principalement pour occuper ses mains, il avait observé Kaecy en silence durant plusieurs secondes, se demandant au juste si sa manière de fermer les yeux et d'attendre le déluge était un nouveau stratagème pour le mettre mal à l'aise ou simplement un espoir naïf quant au fait qu'il pourrait avoir mystérieusement disparu lorsqu'elle les rouvrirait. Elle les avait rouverts, finalement. « J'ai pas envie de passer par quatre chemins, et s'il te plaît joue pas à l'imbécile heureux. » Pointant sa propre carcasse du doigt d'un air faussement étonné, comme s'il ne voyait pas du tout de quoi elle parlait, il l'avait laissée continuer « Pourquoi ? Je veux dire, pourquoi maintenant ? Et ne me dis pas que je sais, parce que j'ai beau tenter de comprendre, ça m'échappe. » Pourquoi pas ? La jaugeant du regard quelques instants, il avait fait tourner le coupe-papier entre ses doigts avec nonchalance. En toute honnêteté, se contenter de la stricte vérité ne lui semblait absolument pas être une option envisageable. D'une part parce qu'il y avait fort à parier que lui avouer qu'il était ici parce qu'on ne voulait plus de lui à Rome et qu'il ne savait pas où aller n'était probablement pas des plus flatteur pour elle … et d'autre part car cela impliquerait de faire preuve d'honnêteté sur d'autres sujets, que Vittorio avait jugé bon de garder sous silence vis-à-vis de la jeune femme trois ans plus tôt. Ses antécédents familiaux, par exemple, puisque c'était eux qui l'avaient mis dans cette situation. « C'est vraiment important ? » Probablement, oui. Et à en juger par le regard que venait de lui lancer Kaecy il ne fallait pas qu'il espère s'en tirer avec cette simple pirouette. « Moi aussi, je pourrais te demander pourquoi. » Haussant les épaules, il avait enfin consenti à reposer le coupe-papier à sa place « Tu n'es jamais revenue. » Inverser les rôles n'était pas la technique qu'il aurait pensé employer avec elle, mais il se laissait un peu submerger par ce qui lui passait par la tête « Et c'est moi qui suis là, alors … » Alors il ne savait pas trop, en fait, tout ce qu'il essayait de lui faire comprendre c'était que si le ''pourquoi'' l'intéressait agir comme s'il était en train de lui faire perdre son temps n'était pas la solution la plus logique … Mais au fond rien du tout dans cette situation n'était un tant soit peu logique. « Je ne sais pas, j'ai décidé de mettre les voiles, et au moment de choisir une destination tout ce qui m'est venu à l'esprit c'est la ville de cette fille qui m'a largué pour aller en retrouver un autre à l'autre bout du monde. Est-ce qu'on peut faire plus pathétique ? » Pure rhétorique, encore que si l'envie prenait à Kaecy de répondre à la question grand bien lui fasse. Ignorant royalement l'éventualité que cela soit interdit, l'italien avait fouillé au fond de la poche de son blouson et sorti une cigarette et son briquet, comme ça, par pure provocation, comme par envie que Kaecy ne vienne envahir son espace vital pour la lui retirer du bec. « Mais comme je ne suis pas un mec rancunier je me suis dit que j'allais profiter d'être là pour venir saluer celle qui a fait de moi un homme misérable. » Dire que quelques instants plus tôt c'était lui qui reprochait à Kaecy de trop tirer sur la corde mélodramatique. Mais enfin, chez lui en tout cas cela avait un côté tout à fait assumé. Pou ne pas dire diablement exagéré.
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| | | | (#)Lun 6 Mar 2017 - 2:05 | |
| « Ce que tu peux être mélodramatique. » Elle écarquilla les yeux, se retenant de vouloir le frapper. D’une, ce n’était pas le genre de geste qu’elle aimait employer, elle s’évertuait d’enseigner aux jumeaux tous les jours que la violence ne résolvait rien - même si, parfois, certaines personnes méritaient de bonnes paires de claques. Ce fut les bruits perceptibles au bout du couloir qui en vinrent à la contraindre de l’accepter dans son bureau. Bien sur, il fit comme chez lui, alors qu’elle déposait ses affaires et tentait de faire le point sur la situation - et dans sa tête. Vittorio tenait le coupe papier qui trainait sur le bureau de Kaecy lorsqu’elle reprit la parole, le regardant. Pas que ça ne lui plaisait pas, il faisait ce qu’il voulait et ce n’était pas un geste dérangeant, quoi qu’un peu stressant qu’il s’occupe les mains avec un objet tranchant de la sorte. C’était surtout qu’il commençait de nouveau à faire l’idiot, alors qu’elle lui avait explicitement dit qu’elle n’était pas humeur pour ça. Comme quoi, la provocation, il aimait ça. Elle finit alors par lui poser la question. Pourquoi sa venue. Pourquoi venir ici, en Australie, à des kilomètres et des kilomètres de chez lui. Pourquoi venir la voir alors que clairement, ils semblaient - plus de force que de gré, au moins du côté de Kaecy - avoir coupé les ponts. Et pourquoi après tout ce temps. Qu’il soit venu la voir quelques temps après qu’elle ait du partir d’Italie l’aurait étonné mais plutôt rendue heureuse, elle aurait pu passer l’éponge sur son manque de retour de nouvelles. Mais elle ne semblait pas saisir le pourquoi maintenant. « C'est vraiment important ? » Elle leva les yeux au ciel avant de finir par lui jeter un regard noir. Non, pour une fois, elle n’était pas patiente. A croire que toute sa patient pour Vittorio, pour le moment, était partie en vacances. « Moi aussi, je pourrais te demander pourquoi. » Celle là, elle ne s’y attendait pas. Elle savait que, quelques années auparavant, elle n’avait pas forcément agi au meilleur envers le jeune homme, perdant un peu ses moyens lorsqu’elle avait reçu l’appel d’Elio. Qu’elle avait agi au plus logique dans sa tête, et cette logique étant toujours de faire passer Elio avant tout. Qu’importe ce que les autres pourraient dire, qu’importe les personnes qu’elle pourrait fréquenter tout au long de sa vie - Vittorio n’étant, malheureusement pour lui, pas une exception -, Elio serait toujours l’homme de sa vie et quand il appelait parce-qu’il avait besoin d’elle, elle accourait. Même s’ils étaient en froid, ou qu’un demi-globe les séparaient, ça ne l’empêcherait jamais de venir le voir si c’était ce qu’il le rassurerait. « Tu n'es jamais revenue. » Pinçant les lèvres, elle finit par s’adosser, lentement, à son siège. C’était vrai, mais elle ne comprenait pas pourquoi il lui ressortait ça là, et surtout avec ce ton là. Elle l’avait prévenu. Elle lui avait donné des nouvelles, lui expliquant dans les limites de ce qui semblait le raisonnable comptes-tenus de la situation, ce qu’il se passait de son côté. Et lui, n’avait jamais donné signe de vie en contre-partie. Et là, il osait remettre sur le tapis tel un reproche qu’elle n’était jamais revenue. Il finit par reposer le coupe-papier, mais elle ne prit même pas le loisir de s’attarder sur ses gestes, préférant garder son regard sur lui, dans le sien quand il lui permettait. « Je te l’ai dit, Vittorio, je ne sais même pas si tu as lu mes messages d’ailleurs. » Après tout, s’il ne les avait jamais reçu ? « Et c'est moi qui suis là, alors … » Alors quoi, après tout, hein ? Elle avait envie de le prendre par le col et de le secouer pour qu’il lui sorte une réponse franche et qui serait une vraie réponse. Il ne faisait que tourner autour du pot et ça l’énervait car, malgré tout, elle voulait savoir. « Je ne sais pas, j'ai décidé de mettre les voiles, et au moment de choisir une destination tout ce qui m'est venu à l'esprit c'est la ville de cette fille qui m'a largué pour aller en retrouver un autre à l'autre bout du monde. Est-ce qu'on peut faire plus pathétique ? » Aoutch. Il l’avait fait exprès, elle pouvait le sentir, pensant ses mots et les raisons pour lesquelles il voulait les dire. Et ça faisait mal exactement à l’endroit où il voulait que ça touche. Le coeur, principalement, de Kaecy se trouva comme fissuré de nouveau et son égo - tellement minuscule par rapport à celui de Vitto, soit dit en passant - s’en trouva blessé aussi. Parce-qu’elle ne voulait pas qu’il la voit comme ça, la situation n’était pas réellement telle qu’il semblait la voir. En tous cas, elle avait eu raison sur un point: elle n’avait pas agi de la meilleure des façons avec lui. Et les remords, les regrets, semblaient avoir trouvé le moment opportun pour revenir au galop. Elle baissa son regard quelques instants, le temps de reprendre une certaines consistance. Car, même si elle tentait de faire la forte devant lui, ça la touchait plus qu’elle ne le voulait, ses paroles. Plus que ce qu’elle devrait s’autoriser à la vue des circonstances de leur relation - s’il en restait une, tout du moins, à l’heure actuelle. « Mais comme je ne suis pas un mec rancunier je me suis dit que j'allais profiter d'être là pour venir saluer celle qui a fait de moi un homme misérable. » Kaecy releva son regard lorsqu’il eut fini sa phrase, son regard empli de tristesse qu’il puisse agir de la sorte; mais ses yeux ne restèrent pas bien longtemps dans cette vague d’émotions puisqu’elle pouvait désormais voir que Vittorio avait sorti une cigarette et son briquet, comme si de rien n’était. Oh le con. Le sang de la jeune femme ne fit qu’un tour. « VITTO ! » Sous le coup de la surprise, elle s’était exprimée bien plus fortement qu’elle ne l’aurait voulu, trahissant son instabilité émotionnelle du moment - où du moins, son incapacité à contrôler réellement ce qui bouillonnait à l’intérieur d’elle en la présence du jeune homme. Comme il l’espérait - si elle se rendait compte de sa stupidité, Kaecy aurait envie de se tarter -, elle se leva rapidement de derrière son bureau pour venir lui arracher la cigarette des mains. Par la suite, ce fut un long frisson lui parcourant vilainement toute l’échine qui la stoppa à quelques centimètres, là, du jeune homme. Sa cigarette à lui dans la main, son regard à elle se plongeant dans le sien. Dieu, que c’était tellement bon et à la fois tellement malsain et déstabilisant de ressentir ce genre de chose en étant là, tellement près de lui. Elle devait se donner du mal pour ne pas que son regard glisse jusque ses lèvres et qu’elle veuille retrouver cette sensation de bien-être en se jetant à son cou. « Idiota. » Elle n’avait pas dit ça dans un murmure plein de colère, de rage, mais plutôt délicatement, presque comme si elle se contentait de faire une constatation. Elle pouvait presque directement se voir dessiner un petit sourire satisfait aux coins de ses lèvres - et ça, en revanche, ça allait l’énerver si elle restait comme ça à moitié penchée vers lui. Inspirant un grand bol d’air, comme pour se donner du courage, elle finit par se reculer pour venir jeter la cigarette dans la poubelle. « Et après tu dis que c’est moi qui me la joue mélodramatique ? » Elle eut un petit rire, à mi-chemin entre le rire coincé et le rire sarcastique. Tellement pas elle, mais elle avait l’impression de perdre tous ses moyens dans cette situation et ça l’énervait - pas autant que Vitto pouvait l’énerver, mais il pouvait y avoir complétion si ça continuait sur cette lancée. « Et je t’avais dit que j’étais désolée. J’ai pas eu le choix et… » Elle soupira, venant poser ses fesses sur le bord de son bureau, à la fois écartée de Vitto mais pas non plus à l’autre bout de la pièce, cette sensation électrisant d’être dans son aura l’empêchant de partir en courant. « C’était compliqué… C’est toujours compliqué, d’ailleurs. » Elle releva son regard vers le jeune homme. « Alors me dis pas que tu es venu jusque mon bureau pour des excuses alors que je t’en ai déjà donné. »
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| | | | (#)Ven 17 Mar 2017 - 21:07 | |
| Vittorio se savait un peu injuste en agissant ainsi, en jouant à son maximum la carte du mâle blessé dans son amour-propre et dans ses sentiments, à un niveau tel qu’il était presque surpris que Kaecy ne décèle pas le degré de comédie auquel il s’adonnait. Qu’on ne s’y trompe pas, le départ de la jeune femme et la manière dont s’était écourtée leur relation avait laissé chez lui un vide plus important qu’il ne voulait bien l’admettre … Mais Vittorio restait quelqu’un d’indépendant, et de profondément capable de se satisfaire de sa solitude s’il devait en être ainsi. Reste que faire le pitre lui semblait être la seule manière d’obtenir une discussion avec l’australienne, aussi avait-il continué dans cette voie sans grands scrupules. « Je te l’ai dit, Vittorio, je ne sais même pas si tu as lu mes messages d’ailleurs. » Bien sûr qu’il les avait lu. Les premiers un nombre déraisonnable de fois, les suivants un peu moins, et enfin, c’est vrai, les derniers pas du tout. Comme une tentative malheureuse pour tenter de se guérir graduellement de ce que Kaecy était parvenue à faire de lui en quelques semaines. Incapable de vouloir donner un ton sérieux à cette conversation l’italien s’était perdu en lamentations vaines avant de finalement dégainer la cigarette qui, il en était à peu près sûr, constituerait la goutte d’eau. « VITTO ! » Satisfait de sa manœuvre, il avait posé sur la jeune femme en regard et un sourire satisfaits tandis qu’elle bondissait de son fauteuil pour venir lui retirer elle-même la cigarette des mains. C'était à n'en pas douter le plus proche qu'ils n'aient jamais été depuis le soir où ils s'étaient quittés, dans ce hall d'aéroport … et c'était bien de la satisfaction que l'on pouvait voir dans le regard de l'italien en percevant le trouble palpable chez Kaecy. Un trouble probablement plus réciproque qu'il ne voulait l'admettre, mais qu'il avait à nouveau éludé d'un léger sourire, donnant plus de véracité à son « Idiota. » lorsqu'à peine la jeune femme sortie de son espace vital il s'était levé … pour récupérer la cigarette qu'elle venait de jeter à la poubelle. Elle ne s'imaginait tout de même pas qu'il allait la laisser gaspiller. « Et après tu dis que c'est moi qui me la joue mélodramatique ? » Il avait haussé les épaules, retournant s'asseoir à sa place, tandis que Kaecy souhaitait à l'évidence s'en tenir au bureau, contre lequel elle s'était appuyée. Évidemment qu'il était de mauvaise foi, même lui le savait, il n'avait juste aucunement envie de l'admettre à voix haute, et surtout pas au beau milieu de cette conversation. « Appelons ça un sens aiguisé de la mise en situation. » Ou appelons simplement cela jouer sur les mots, ce qui dans le cas présent revenait strictement au même. S'il prenait un plaisir non dissimulé à faire l'imbécile depuis tout à l'heure, bien malgré que la jeune femme lui ait demandé de s'abstenir, Vittorio n'en avait pas moins pris le temps de scruter les réactions et les expressions qui se succédaient sur le visage de Kaecy depuis qu'il était entré dans son champ de vision. L'ennui c'était qu'il ne savait pas vraiment quoi en conclure, la belle semblant tour à tour agacée, troublée, décontenancée, et tout un tas d'adjectifs en -éé qui soufflaient le chaud et le froid et empêchaient Vittorio de savoir véritablement sur quel pied danser. « Et je t'avais dit que j'étais désolée. » avait-elle repris en soupirant « J'ai pas eu le choix et … C'était compliqué … C'est toujours compliqué, d'ailleurs. » L'italien ne pouvait s'empêcher de se dire qu'heureusement pour lui il n'avait pas demandé de claires et véritables explications … Parce que cela n'aurait clairement pas fait l'affaire. « Alors me dis pas que tu es venu jusque dans mon bureau pour des excuses alors que je t'en ai déjà donné. » Son regard s'était ancré dans celui de la jeune femme presque avec l'envie de voir lequel oserait détourner les yeux le premier, et s'il prenait un malin plaisir à conserver son air malin pour ne pas trahir le fond de sa pensée sa réponse était pourtant arrivée de but en blanc « Peut-être que ce n'est pas pour obtenir tes excuses que je suis là. » Elle devait le détester, pour ménager ainsi le suspens. Le détester un peu plus que son fort intérieur ne devait déjà le faire, donc. « Peut-être que c'est pour te présenter les miennes. » Et il n'avait finalement même pas eu besoin de se faire violence ou de tourner sa langue sept fois dans sa bouche pour se décider, ce qui en disait long quand on connaissait son ego. « Je suis désolé. » Il donnait l'impression de prendre cela à la légère mais pourtant il pesait le poids de chacun de ses mots. « Mais tu ne serais jamais revenue, alors. C'est un peu comme retirer un pansement, c'est plus efficace de tirer d'un coup sec que d'essayer de le retirer tout doucement. » Se laissant doucement retomber contre le dossier de son propre fauteuil, il avait soutenu le regard de Kaecy encore un moment, ne la quittant pas des yeux tandis qu'il soupirait à son tour et faisait remarquer presque avec résignation « Mais ça ne veut rien dire, compliqué. Tout n'est que question de choix. » Choix en faveur ou choix en défaveur, mais choix, toujours. « Je ne suis pas là pour venir mettre mon nez dans ton couple, si c'est ce qui t'inquiète. » Tout comme il se garderait bien d'avouer que s'il savait qu'elle avait toujours ce mec dans le pattes c'était parce qu'il avait suffisamment surveillé ses allers et venus, et fatalement assisté à ces scènes de vie bien rangée qui les liaient lui, elle, et ces deux mômes. Mais non, il n'était pas là pour ça. L'ennui c'est qu'il ne savait plus trop pourquoi il était là. Pour faire le malin, peut-être, ou alléger sa conscience … peut-être pour se faire du mal et entendre une dernière fois la façon dont elle prononçait son prénom, Vi'ttorio, en faisant monter puis descendre les syllabes parce qu'elle était la seule à l'avoir prononcé ainsi avant qu'il ne débarque dans ce pays de malheur. Ouais, peut-être qu'il était là pour ça. « Mais si tu y tiens je peux toujours me mettre dans le personnage et tenter de te persuader que je compte sur toi pour éditer le futur best-seller caché dans mon attaché-case imaginaire. » A nouveau le vague air sérieux avait disparu de son visage pour laisser place à ce sourire insolent qu'il affectionnait tant.
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| | | | (#)Lun 3 Avr 2017 - 10:38 | |
| Le regard de Vittorio finit rapidement par venir à la rencontre de celui de la jeune femme. Aussi déterminé qu’était le sien, à en remarquer par la façon dont il insistait. Avec lui, tout était toujours sous forme de petits jeux. Même quand c’était sérieux, il ne pouvait s’empêcher d’y ajouter un grain de malice ou une touche d’humour. Et c’était donc presque tout naturellement que Kaecy avait l’impression - la très forte impression d’ailleurs - que leurs regards avaient rapidement entamé un jeu, ne pas lâcher sa proie à moins de perdre la partie. Kaecy eut d’ailleurs beaucoup de mal à ne pas trop ciller à la réponse de Vitto. « Peut-être que ce n'est pas pour obtenir tes excuses que je suis là. » Elle avait levé un sourcil en attendant qu’il avance un peu plus son idée. Elle aurait voulu pouvoir le frapper à la faire languir de la sorte - surtout qu’elle semblait avoir perdu toute patience qui la caractérisait pourtant en temps normal. Et surtout qu’elle savait qu’il en jouait. « Peut-être que c'est pour te présenter les miennes. » S’ils n’avaient pas entamé ce stupide jeu de regards, Kaecy aurait directement tourné la tête pour éviter de lui rire au nez. Par politesse plus que par envie. « Parce-que tu penses que je vais te croire, Vitto ? Sérieusement ? » Elle finit par secouer la tête, en soupirant. Il n’était pas possible. Et parce-qu’elle ne voulait pas y croire, elle finit quand même par détourner son regard. Elle aurait perdu la partie, tant pis, mais elle ne voulait plus se donner une once d’espoir concernant le jeune homme. elle avait déjà donné dans ce domaine et elle avait mis un bout de temps avant de s’avouer vaincue. Elle ne repartirait pas sur ce chemin une deuxième fois. Et pourtant, alors qu’elle pensait qu’il allait s’arrêter là, il continua de parler. « Je suis désolé. » Ce fut à ce moment là que Kaecy ne put s’empêcher de retenir un petit rire nerveux. Toute cette situation la rendait nerveuse, de toutes façons. Depuis le moment où la secrétaire de l’accueil du bâtiment lui avait dit que Vittorio l’attendait en haut, devant son bureau. Son regard regagna celui de Vittorio, comme si elle allait comprendre quelque-chose à tout ça en regardant à l’intérieur de sa tête, en regardant so regard et ce qu’il ressentait réellement. « Tu es désolé ? C’est nouveau ça ? » A s’entendre parler, elle s’en serait donnée des baffes. Elle n’aimait pas quand elle se sentait sur la défense de la sorte, qu’elle se sentait obligée de répondre dans la rapidité et la plupart du temps, dans ce genre de situation non préparée, dans un demi-sarcasme. Ce n’était pas dans ses habitudes, dans son éducation et même si elle aimait être taquine, ce n’était pas tout à fait avec ce sentiment qu’elle s’exprimait. « Mais tu ne serais jamais revenue, alors. C'est un peu comme retirer un pansement, c'est plus efficace de tirer d'un coup sec que d'essayer de le retirer tout doucement. » Son regard redevint noir pendant quelques instants, avant de lever les yeux au ciel. Elle avait réellement envie de le frapper. Il le faisait exprès, il la taquinait, et il adorait ça. C’était son passe-temps préféré. Et si fut une période où elle était tombée sous le charme de ce côté un peu rebelle et joueur, aujourd’hui c’était ce côté là qui l’énervait le plus. Parce-que c’était ce côté là qui renfermait aussi la partie trop fière de Vittorio - et qui lui avait empêché de donner des nouvelles en retour, quelques années plus tôt. « Mais ça ne veut rien dire, compliqué. Tout n'est que question de choix. Je ne suis pas là pour venir mettre mon nez dans ton couple, si c'est ce qui t'inquiète. Mais si tu y tiens je peux toujours me mettre dans le personnage et tenter de te persuader que je compte sur toi pour éditer le futur best-seller caché dans mon attaché-case imaginaire. » Un des mots que Vittorio venait de prononcer avait particulièrement attiré l’attention de Kaecy. Assez pour qu’elle n’ait même pas une esquisse de sourire à sa dernière - plus ou moins - blague. Mettre mon nez dans ton couple. C’était fort, ça. Parce-que ça voulait dire qu’il était toujours bloqué sur le fait qu’elle était partie pour Elio. Qu’il ne s’était pas remis du fait qu’elle avait eu mieux à faire, si l’on peut dire, de retour chez elle. Qu’une situation plus urgente s’était présentée à Brisbane. Même si elle n’avait jamais douté de la mauvaise fois certaines et de la probable jalousie du jeune homme, elle ne pensait pas qu’il resterait sur cette anecdote aussi longtemps. Et à l’époque même, elle l’avouait volontiers, elle pensait qu’une fois la déception de son départ passée, Vittorio finirait par reprendre contact avec elle, comprenant au fur et à mesure que le temps passait. Mais ça n’avait pas été le cas et c’était pourquoi le revoir aujourd’hui était une situation si déroutante. Et bien sur, ce qui l’était encore plus, c’était qu’il parle de ce couple qui n’avait jamais existé. « Je… » Elle s’arrêta dans sa phrase, fonçant les sourcils. Elle finit par se relever de sa position demi-assise, les fesses au bord du bureau. Relevant un regard plutôt énervé envers Vittorio. « Attends deux secondes. Mettre le nez dans mon couple, aujourd’hui tu veux dire ? » Ils ne s’étaient pas parlé depuis l’instant où Kaecy avait mis un pied dans l’avion qui la ramenait de Rome à Brisbane. Pas un mot de la part de Vittorio, et essentiellement des questions de la part de Kaecy. Savoir s’il allait bien. Quand est-ce qu’il comptait lui répondre. Et s’il avait prévu de venir la voir en retour. Dans son entourage, Kaecy savait qu’aucune personne n’avait été en contact avec lui - sinon, elle aurait été rapidement au courant. « Depuis quand t’es arrivé ici, à Brisbane, Vittorio ? » Sa voix était plus dure et en même temps - alors qu’elle tentait de réfléchir à une idée qu’elle espérait réellement être fausse - légèrement brisée. Elle espérait réellement penser trop vite, trop rapidement, se faisant des idées à force d’avoir pensé et repensé ses retrouvailles qui, de toutes évidences, ne se déroulaient pas comme elle aurait pu l’imaginer à l’époque.
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| | | | (#)Sam 22 Avr 2017 - 14:46 | |
| La mauvaise foi dont faisait parfois – souvent – preuve Vittorio l’empêchait d’admettre qu’à situation inversée sa réaction aurait probablement été similaire à celle de Kaecy … Voir même bien pire, plus froide, plus incisive. Et malgré cela il s’était agacée de l’entendre rétorquer « Parce que tu penses que je vais te croire, Vitto ? Sérieusement ? » en soupirant, comme si elle ne saisissait absolument pas le temps qu’il lui avait fallu pour oser se pointer ici et l’effort que représentait pour lui le fait de s’écraser ainsi devant elle. Vittorio ne s’excusait jamais, cela ne faisait pas partie de sa manière de fonctionner parce qu’il voyait cela comme une manière de tenter de se dédouaner et de ne pas assumer ses actes. Il venait de le faire pourtant, pour amadouer Kaecy plus que par entière sincérité mais c’était le mieux qu’il avait à lui proposer, et au lieu de s’en contenter la jeune femme avait décidé de se montrer contrariante « Tu es désolé ? C’est nouveau ça ? » Roulant des yeux sans même chercher à s’en cacher, l’italien l’avait défiée du regard sans plus rien répondre, misant sur le fait que n’obtenir que le silence en terme de réponse la mettrait peut-être au moins un peu mal à l’aise. Après quelques secondes malgré tout il avait fini par se justifier, ou plutôt par expliquer les raisons qui l’avaient poussé à enterrer leur relation plus vite qu’elle, parce qu’au fond à son départ ou bien des mois plus tard le résultat aurait été le même à ses yeux. La dose de souffrance potentielle en aurait simplement été plus élevée, d’autant plus que ce type pour lequel Kacy était partie elle vivait aujourd’hui avec, preuve qu’en définitive celui qui se serait fait jeter aurait forcément été Vittorio … Et son ego préférait mille fois être celui qui avait quitté la jeune femme, plutôt que celui qui se serait fait larguer. « Je … Attends deux secondes. Mettre le nez dans mon couple, aujourd’hui tu veux dire ? » Comment ça, aujourd’hui ? « Depuis quand t’es arrivé ici, à Brisbane, Vittorio ? » L’art de passer du coq à l’âne, du moins aux yeux de l’italien qui ne voyait pas bien quel était le rapport entre les deux questions successivement soulevées par la jeune femme. « Quelques jours. » avait-il d’abord répondu du tac-au-tac, mais voyant bien que la sauce ne prenait pas et qu’elle ne gobait pas ce mensonge il avait rectifié « Quelques semaines. » en haussant vaguement les épaules, signe qu’il ne voyait pas trop ce que cela changeait. Et puisqu’il s’agissait là aussi d’un mensonge – il fallait plutôt compter en mois, maintenant – il ne lui avait pas laissé vraiment le temps de répondre ou de faire le moindre commentaire avant d’ajouter « Et tu n’imagines pas l’énergie nécessaire pour retrouver quelqu’un dans cette ville, pire qu’une aiguille dans une botte de foin. D’ailleurs, au cas où cela t’intéresserait tu as deux homonymes en ville, mais la première a un compte facebook tellement mal protégé que le doute n’était pas permis, à la place de ses parents je m’intéresserais à ce que ma gamine de quatorze ans laisse en public sur sa page. Et la deuxième … Disons qu’elle était un peu plus vieille, et un peu plus moustachue que toi, hu. » C’est même de cette façon que Vittorio avait découvert que la jeune femme avait hérité d’un prénom mixte, de toute évidence. Mais il s’égarait, probablement parce qu’il se rendait peu à peu compte d’où voulait en venir Kaecy avec ses questions et de la situation glissante à laquelle il était en train de s’exposer. « C’est vraiment important ? » Depuis quand il était arrivé, donc. Il avait encore l’espoir de l’entendre répondre non. « De toute façon mon visa ne sera pas éternel … » Nouveau (demi) mensonge, l’offre d’emploi proposée par Cora lui assurait d’être tranquille pour un petit moment vis-à-vis de l’immigration. Pas à long terme, mais au moins à moyen terme, disons. « C’est le moment où tu me souhaites bon vent et où tu me demandes de débarrasser le plancher pour te laisser travailler, là, c’est ça ? » C’était tout bonnement ridicule, il lui avait fallu des semaines – après avoir trouvé l’adresse de son bureau, et même son adresse personnelle – pour se décider à sauter le pas et à venir se présenter devant elle, et finalement il ne voyait plus très bien pourquoi cela lui avait semblé aussi primordial. Pourquoi avoir pris le risque de venir se faire jeter en direct alors que le fait qu’elle vive avec un autre aurait dû lui suffire à comprendre qu’il ne serait qu’un chien au milieu d’un jeu de quilles, à ses yeux. Il n’osait même pas imaginer ce qu’il en serait de la fille Rossi, maintenant, Kaecy c’était supposé être la partie « facile » de sa présence à Brisbane, et Liviana la partie « difficile » … Pas que Vittorio n’ait l’intention de se vanter de classer Kaecy dans la catégorie « facile » - le double-sens était un peu trop vexant pour être tenté à voix haute, même s’il n’avait pas lieu d’être.
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| | | | (#)Mer 24 Mai 2017 - 10:30 | |
| Elle resta ainsi pendant quelques instants, les sourcils froncés, le regard perdu et un peu inquiet à la fois, à regarder Vittorio. Parce-qu’elle tentait de comprendre le sens de sa phrase - le sens réel. Ce qu’il insinuait en lui disant ça aujourd’hui. « Quelques jours. » La réponse de la part du jeune homme fut rapidement, trop rapide, comme s’il tentait d’expédier au plus vite la question sans qu’on ne s’y attarde de trop. Au fond, avant même qu’il ne prononce ces mots, Kaecy savait qu’il allait tenter d’enjoliver la réalité, pour la faire tomber dans un panneau où il serait, sur les bords, la victime. Mais apparemment, elle le connaissait toujours et il n’avait pas changé. Elle vint croiser les bras sous sa poitrine, les sourcils toujours arqués, attendant un réelle explication. « Quelques semaines. » Le visage de Kaecy se détendit quelque peu, passant d’un sentiment à cheval entre la colère et l’hésitation à un sentiment de tristesse. Peut-être même de dégoût, elle ne savait pas trop comment nommer ce tourbillon d’émotions qui prenait place en son sein, comme à chaque fois qu’elle avait pu se trouver aux côtés de l’italien. « Quelques semaines… » Elle avait répété la réponse de Vitto à demi-voix, comme pour se le confirmer à elle même. Cela faisait quelques semaines qu’il parcourrait la même ville qu’elle après des mois et des mois de silence, et c’était seulement maintenant qu’il venait à elle pour s’excuser - ou lui faire ce qui ressemblait de plus près à des excuses. « Et tu n’imagines pas l’énergie nécessaire pour retrouver quelqu’un dans cette ville, pire qu’une aiguille dans une botte de foin. D’ailleurs, au cas où cela t’intéresserait tu as deux homonymes en ville, mais la première a un compte facebook tellement mal protégé que le doute n’était pas permis, à la place de ses parents je m’intéresserais à ce que ma gamine de quatorze ans laisse en public sur sa page. Et la deuxième … Disons qu’elle était un peu plus vieille, et un peu plus moustachue que toi, hu. » Elle tourna un regard blasé vers son interlocuteur, comme pour lui montrer qu’elle n’en avait rien à faire du comment il l’avait retrouvé. Après tout, cette tâche ne demandait juste qu’un peu de motivation et d’efforts. En revanche le point sur lequel elle tiquait toujours, c’était ce soit-disant petit ami avec lequel elle était, selon les dires de l’italien, en couple avec actuellement. Sauf qu’elle n’avait personne ni dans ses bras ni dans son lit ces derniers temps. Elle ne voyait donc pas d’où il pouvait sortir cette information à laquelle même les personnes les plus proches de la jeune femme pouvaient rire au nez. A moins qu’il ne se soit renseigné par lui même. « C’est vraiment important ? » Elle hocha lentement la tête, tentant d’analyser les données qui étaient devant elle et que son cerveau nier en bloc. « De toute façon mon visa ne sera pas éternel … » « Depuis quand, Vittorio ? » Elle sentait sa voix franchir de plus en plus, elle n’aimait pas ça, aurait voulu garder le contrôle à toute épreuve face à ce jeune homme qui lui avait tant volé sans s’en apercevoir lorsqu’elle avait du rentrer de toutes urgences à Brisbane. « C’est le moment où tu me souhaites bon vent et où tu me demandes de débarrasser le plancher pour te laisser travailler, là, c’est ça ? » Plongeant sa tête dans ses mains, Kaecy secouait la tête. Pour être têtu, il l’avait toujours été. Elle l’avait toujours su, à l’époque où ils se côtoyaient. Et c’était même un trait de caractère de Vitto qui avait séduit Kaecy à l’époque, ça lui donnait un petit coté bad-boy qui était plus que sexy. Sauf que aujourd’hui, c’était ce trait de caractère là qu’elle était en train de haïr au fond d’elle. Parce-que c’était à cause de ça que l’égo du jeune homme n’allait jamais se faire et qu’il n’allait, pas conséquent, ne pas lui dire la vérité directement. « Non… » Elle releva un regard à la fois déterminé et toujours brisé, trahissant ses émotions internes qu’elle ne pouvait refouler, en direction du jeune homme. « Si tu t’es donné tant de mal, comme tu tentes de me faire croire, pourquoi tu te pousses toi même à la porte ? » Inspirant un bon coup, elle ne lâcherait pas l’affaire tant qu’elle n’aurait pas sa réponse. Certes, lorsqu’elle l’avait aperçu au bout de ce couloir, devant sa porte de bureau, elle aurait voulu le voir repartir directement. Maintenant, elle voulait des réponses. « C’est qui, mon couple pour toi, Vittorio ? Comment tu peux affirmer que je suis en couple alors que c’est la première fois que tu reviens vers moi ? » Elle n’allait pas le lâcher, et elle savait être têtue comme il fallait quand il fallait être aussi. Douce, aimante, elle savait faire. Mais nombreux pouvaient prouver qu’elle savait tenir tête quand il le fallait aussi.
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| | | | (#)Sam 22 Juil 2017 - 3:29 | |
| Il doutait que Kaecy puisse tirer la moindre conclusion de son simple aveu, au fond cela ne devait pas faire grande différence pour elle de savoir qu’il était en ville depuis plusieurs jours, plusieurs semaines ou plusieurs mois … Non ? Visiblement troublée, peut-être un brin contrariée, elle avait croisé ses bras contre sa poitrine et répété d’une voix incertaine « Quelques semaines … » en le faisant soudainement douter. Ou se méfier, au choix, parce qu’avec Kaecy il ne savait jamais très bien à quoi s’attendre et que ce fait-là ne semblait pas avoir changé malgré les années et la séparation. Tentant de noyer le poisson sous de nouvelles pitreries verbales, n’obtenant pour son plus grand désespoir que fort peu de réaction de la part de la jeune femme, il avait finalement décidé de jouer les résigné en évoquant la fin prochaine de la validité de son visa, qui d’une manière ou d’une autre mettrait fin à ce qu’il avait – ou n’avait pas – entrepris depuis son arrivée ici. « Depuis quand, Vittorio ? » Cela semblait être devenu son idée fixe, comme si elle espérait trouver dans cette question des réponses à d’autres qu’elle n’osait pas formuler. Après celle-ci viendrait probablement le « pourquoi tu n’es pas venu avant ? » auquel l’italien n’avait aucune envie de répondre avec franchise ; Celle qui le forcerait à admettre qu’il avait simplement manqué de courage, souvent, bien trop souvent. « Octobre. » avait-il pourtant fini par admettre, au pied du mur et sachant qu’un mensonge éhonté ne lui serait d’aucune utilité et ne pourrait que le desservir plus tard si Kaecy découvrait le pot aux roses. Impuissant et plus rempli de questionnements qu’avant de venir ici, Vittorio avait observé la jeune femme dont le visage était momentanément disparu entre la paume de ses mains. Agacement, lassitude, ou simplement le calme avant la tempête, il n’en avait pas la moindre idée mais s’était soudainement senti le devoir de jouer les courants d’air et de se donner une porte de sortie avant qu’elle ne décide de ne traîner dehors elle-même. « Non … » Non ? « Si tu t’es donné tant de mal, comme tu tentes de me faire croire, pourquoi tu te pousses toi-même à la porte ? » Il n’en savait rien. Il n’en avait pas la moindre idée, mais préférait bien avaler sa langue plutôt que d’admettre que son comportement et ses réactions n’avaient pas la moindre cohérence, même pour lui. « Je … » Sa bouche s’était articulée vers autre chose, mais aucun son supplémentaire n’était sorti. Cela lui arrivait rarement, de ne trouver ni parade ni réflexion qui fasse mouche, de ne pas avoir les mots pour compenser ses doutes, et Kaecy en avait profité « C’est qui, mon couple pour toi Vittorio ? Comment tu peux affirmer que je suis en couple alors que c’est la première fois que tu reviens vers moi ? » Se refermant plus durement sur la poignée de la porte, la main du jeune homme ne l’avait pas ouverte pour autant, ses yeux glissant à nouveau vers Kaecy pour croiser son regard sérieux, interrogateur. Le regard de quelqu’un qui ne lâcherait pas le morceau sans avoir eu de réponse à sa question, et pourtant dans une énième pirouette l’italien avait tenté de déplacer le problème ailleurs « Parce que j’ai tort ? » Bien sûr que non, il n’avait pas tort. Il le savait, il l’avait vu de ses propres yeux, et en refusant de l’admettre elle le torturait inutilement. « Et je le savais, tu vois … Depuis le début. Que les petites vacances en Europe finiraient au mieux par te lasser. » De la main qui ne tenait pas la porte, Vitto avait fait un geste pour désigner l’intérieur de la pièce « C’est pas le bureau de quelqu’un qui ne compte pas faire sa vie ici, y’a ton nom gravé sur une plaque collée à côté de la porte. Alors ne me fais pas croire que tout ce qu’il t’a manqué pour revenir c’est que je lève le petit doigt. » Dieu sait d’où Vittorio tenait cette capacité à retourner la situation pour la faire coller à ce qu’il avait en tête. Sa mère, peut-être ; Assurément pas son héritage le plus brillant. « J’étais juste curieux … est-ce que c’était rentrer en Australie par facilité, ou bien est-ce qu’il y avait de quoi te faire rester ici par envie. J’ai eu - j'ai vu - la réponse à ma question, fin de l’histoire. Me pointer ici en ayant déjà trouvé mes réponses tout seul c’était juste … j’sais pas, mon côté vaguement masochiste. » Et quelque part c’était plus facile à avaler pour lui, de se dire qu’elle ne l’avait pas laissé pour « rien ou presque » et que ce n’était pas en opposition à du vide qu’il avait un temps envisagé Kaecy comme quelque chose de vrai. Quelque chose de presque sérieux, quelque chose qui aurait pu le devenir au moins, si son herbe à elle ne s’était pas révélée plus verte là où elle l’avait laissée. « Faut croire que j’espérais juste un café en souvenir du bon vieux temps. Ou un baiser d’adieu, mais tu ne m’as proposé ni l’un ni l’autre. » Sourire narquois, remise en place du masque de petit crétin que rien n’éraflait jamais. Et il n’avait répondu à sa question qu'à demi-mot, en fin de compte. Juriste, ou l’art de savoir manier les mots pour ne rien leur faire dire. « Ce fut un plaisir, même non partagé. » Il avait ouvert la porte, cette fois-ci, presque déçu de n’y trouver qu’un couloir vide qui épargnerait à Kaecy l’obligation de devoir justifier – au minimum par un mensonge – sa présence à qui que ce soit.
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| | | | (#)Ven 11 Aoû 2017 - 19:00 | |
| « Octobre. » La date, la vraie, que venait enfin d’annoncer Vittorio à Kaecy résonnait dans ses oreilles - façon de parler -, dans sa tête à l’infini. Comme si l’écho était obligé de lui apporter la réponse à sa question plusieurs fois. Alors qu’une seule aurait été amplement suffisant. Elle sentait à la fois la colère et le chagrin monter en elle, grimper les échelons et elle dut laisser aller son visage dans ses mains pendant un instant. Il fallait qu’elle se reprenne, elle perdait constance au fur et à mesure que les minutes s’écoulaient. Elle n’aimait pas ça, ce n’était pas une situation où elle était en contrôle - et bien que ça avait pu lui plaire quelques années plus tôt, désormais son coeur avait du mal à supporter le surplus d’émotions qui lui faisait face. Et le voilà maintenant qu’il tentait de se mettre à la porte, seul, comme un grand, au moment où elle tentait de son côté de retenir le jeune homme comme elle le pouvait. Kaecy ne supportait pas qu’il tente de prendre la fuite de la sorte, il lui échappait une nouvelle fois, elle le sentait. Certes, ô oui, elle avait été énervée lorsqu’elle l’avait aperçu dans ce couloir, plus tôt, mais parce-qu’elle aurait préféré le voir dans d’autres circonstances. Pas ici, pas comme ça. Dans les bonnes circonstances. A Brisbane, peut-être - mais des mois plus tôt et surement pas sur son lieu de travail. Croisant ses bras sur sa poitrine, elle ne lâchait pas le jeune homme du regard, sentant les larmes, mélange de tristesse et de colère, commencer à se former dangereusement aux bords de ses paupières. « Parce que j’ai tort ? » Oh, que oui il avait tord. Plus tord qu’il ne pourrait le comprendre, l’admettre. Mais surtout, si Vittorio avait eu l’occasion de voir Kaecy en compagnie d’un autre homme, il s’agissait forcément d’Elio. Parce-que c’était le seul homme qui était présentement dans sa vie, et ils n’avaient rien à voir d’un couple. Mais surtout, s’il l’avait vu en cette compagnie, c’était qu’il était déjà venu vers elle. Qu’il avait déjà fait un pas, reculant de nouveau par la suite - et apparemment pas pour mieux sauter comme on peut dire, puisqu’il ne lâchait pas la poignée de porte. Lentement, Kaecy secoua la tête, laissant trainer une larme le long de sa joue - qu’elle tenta d’effacer d’un revers rapide de la main. « Et je le savais, tu vois … Depuis le début. Que les petites vacances en Europe finiraient au mieux par te lasser. C’est pas le bureau de quelqu’un qui ne compte pas faire sa vie ici, y’a ton nom gravé sur une plaque collée à côté de la porte. Alors ne me fais pas croire que tout ce qu’il t’a manqué pour revenir c’est que je lève le petit doigt. » Il avait fini par désigner le bureau autour d’eux, ce bureau que Kaecy avait mis des années à acquérir mais que, contrairement à ce qu’il pouvait bien dire, elle avait été prête à laisser tomber pour lui. Elle l’avait d’ailleurs laissé tomber, quand elle était revenue les premiers mois à Rome. Elle était partie en disant à son patron qu’elle n’avait pas de date de retour, et à l’époque ça ne lui avait pas fait peur. Elle n’avait jamais été du genre matérialiste et savait qu’il y avait des problèmes plus graves dans la vie que de perdre sa place au sein d’un seul bureau. Elle avait connu pire et elle était revenue dans ces locaux à la suite de son retour en Australie parce-qu’elle avait besoin d’argent, réellement besoin, et qu’ils la reprenaient ici à bras ouverts. « J’étais juste curieux … est-ce que c’était rentrer en Australie par facilité, ou bien est-ce qu’il y avait de quoi te faire rester ici par envie. J’ai eu - j'ai vu - la réponse à ma question, fin de l’histoire. Me pointer ici en ayant déjà trouvé mes réponses tout seul c’était juste … j’sais pas, mon côté vaguement masochiste. » Elle pouvait sentir quelques larmes venir s’ajouter à la première sur ses joues, ne se retenant plus et les laissant faire leur bout de chemin désormais. Il n’y allait pas de main morte - et en même temps, elle ne pouvait pas réellement se plaindre, c’était elle qui avait insisté pour avoir des réponses à ses questions. Elle ne pensait juste pas qu’il en avait si gros sur le coeur. De son côté aussi du moins. Elle avait toujours supposé que c’était lui qui n’en avait jamais rien eu à faire dans cette histoire, que c’était lui qui avait joué les connards jusqu’au bout juste pour regonfler son égo à bloc et ne pas perdre constance auprès de sa réputation. Mais même s’il tournait ses phrases au sarcasme, il n’en restait pas moins que ses paroles étaient blessantes - et surtout blessées. « Faut croire que j’espérais juste un café en souvenir du bon vieux temps. Ou un baiser d’adieu, mais tu ne m’as proposé ni l’un ni l’autre. Ce fut un plaisir, même non partagé. » Kaecy eut tout de même un petit rire, certes jaune mais elle ne put le retenir. C’était elle qui avait tenté de faire au mieux pour qu’aucun de leurs coeurs ne soit blessé, et au final le sien venait d’être réduit à néant en une simple conversation. Elle savait qu’à l’époque, elle n’avait pas forcément fait les meilleurs choix aux meilleurs moments. Elle l’avait dit, clamé, haut et fort et s’en était excusée des milliers de fois. Mais aucun retour, rien. Elle aurait parlé dans le vent que ça aurait surement eu le même effet, la même finalité. Et pourtant aujourd’hui, Vittorio trouvait le moyen de rejeter toute la faute sur elle. Et il ouvrait désormais la porte, prêt à partir. Devait-elle le retenir pour continuer dans la direction que son coeur, même les mois écoulés, lui indiquait ? Ou devait-elle garder le peu de fierté qui lui restait et le laisser se tirer, le perde de vue de nouveau et qui savait, pour toujours s’il décidait de rentrer chez lui entre temps ? La seconde solution était la solution la plus sage, juste faire comme si cet échange n’avait jamais été, remettre les larmes à leur place et reprendre sa journée, normalement. Ca aurait été aussi la solution qui lui aurait permis de garder sa petite vie actuelle rangée, en ordre, sans ouragan pour venir y foutre le bordel. Ca aurait pu. Mais ce n’était pas cette solution qu’elle voulait choisir, l’enfant sage ne semblait pas être de sortie pour aujourd’hui. Après tout, elle tenait le rôle de responsable avec les jumeaux - et Elio, malgré tout - toute l’année; pourquoi se priver aujourd’hui ? Elle avait déjà le coeur qui saignait - quel merdier ce truc là aussi -, elle ne craignait presque rien. « T’es qu’un idiot, Vittorio. » Secouant la tête, elle vint essayer les dernières larmes qui se faisaient encore présentes, ravalant celles qui menaçaient de sortir pour le moment. La voix tremblante, les mains moites. « Tu sautes sur les conclusions comme si c’était évident. » Elle finit par se relever du bord du bureau où son postérieur avait élu domicile pour réussir à bien se tenir, droite et non fragile. Comme elle aimait qu’on la voit et non comme elle était intérieurement en ce moment. Elle parcourut quelques pas la ramenant vers ce Vittorio fuyant, menaçant de s’évanouir dans la nature à la moindre seconde. « T’aurais eu les explications, la vérité, si tu m’avais rappelé. Je t’ai demandé douze millions de fois de le faire. J’ai jamais entendu le son de ta voix. Pas une seule fois. » Elle arrivait au niveau de la porte, le jeune homme à mi-chemin entre son bureau et le couloir. Elle savait qu’il y avait une chance pour que ce soit peine perdu et qu’il ne se tourne pas de nouveau, qu’il parte dans un mot, sans un bruit. Mais elle tentait - comme une désespérée, à ses yeux. « T’es vraiment un idiot, et pourtant c’est moi qu’ait l’air d’une conne à toujours te parler alors que t’es sur le pas de la porte et que t’attends qu’une chose, c’est de pouvoir partir. » Kaecy venait maintenant d’atteindre le jeune homme, qui lui était toujours de dos. Un pas de plus et elle était quasiment collé à son dos, se plaçant derrière lui comme une ombre, se retenant de ne pas être plus faible qu’elle ne pouvait l’être pour ne pas venir l’enlacer, sentir son odeur, son parfum - des choses qui elle savait d’avance lui feraient perdre la tête. « J’avais pas prévu tout ça, Vitto. Rentrer, c’était pas dans mes plans. Tu le sais. » Elle avait diminué son niveau sonore, car après tout des deux, c’était elle qui risquait de perdre un bout de la conversation à ne pas entendre. Son regard était fixé sur son dos, qu’elle semblait reconnaître comme une vieille chanson à travers les vêtements qu’il portait. Comme si elle connaissait parfaitement tous les creux que ses muscles pouvaient dessiner. « Pars, si tu veux, je te retiens pas. J’ai pas envie qu’on se prenne la tête plus que ça de toutes façons. » La jeune femme avait beau ressentir toute cette colère en elle, tout ce chagrin, elle entait en son sein le plus profond que continuer dans cette discussion, dans cette dispute, ça risquerait de la blesser encore plus, de l’abimer, l’arracher. Elle préférait en rester là, même si elle serait de nouveau déçue s’il passait la porte sans rien dire d’autre de nouveau. « Mais sache que j’avais pas prévu ça et que j’aurai préféré rester avec toi à l’époque. Et… J’ai pas changé de numéro de téléphone, si cette information t’intéresse. Et le café est pas bon ici, te fais pas autant mal en tentant de le gouter. » Et alors qu’elle était assez proche pour tenter n’importe quel contact physique qui ajouterait de la profondeur, de l’authenticité à ses paroles, elle se contenta de rester là, à quelques centimètres du corps de celui qui avait été son amant et qui lui avait volé une bonne partie de son coeur quelques mois plus tôt, sous un soleil italien.
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| | | | (#)Sam 9 Sep 2017 - 20:15 | |
| Il se demandait bien ce que cela changeait, au fond. Quelques jours, quelques semaines, octobre ou avril, le résultat n’aurait pas été bien différent de toute façon, si ? Elle n’avait pas nié, lorsqu’il avait demandé de façon purement rhétorique s’il avait tort elle n’avait pas cherché à le faire mentir, et au lieu de ça une larme sans doute lâchée contre son gré était venue rouler le long de la joue de Kaecy. Une larme que Vittorio avait prise comme un aveu silencieux. Mais il n’était pas surpris, à vrai dire il n’était même pas déçu, ou plus autant qu’il l’avait été lorsqu’il avait entraperçu la jeune femme avec l’autre la première fois ... Il n'attendait plus rien de la jeune femme, il n'espérait plus rien, cette visite ce n'était qu'un pied de nez à sa propre conscience qui l'accusait d'avoir trop d'égo pour oser se confronter à Kaecy alors qu'il était Vittorio bon sang, il ne craignait le jugement de personne, et surtout pas celui d'une femme. « T'es qu'un idiot, Vittorio. » C'était comme si elle l'avait entendu penser, tout en essuyant du revers de la main des larmes dont il avait senti la culpabilité creuser un trou dans son abdomen. « Tu sautes sur les conclusions comme si c'était évident. » Haussant les épaules, il n'avait pas eu besoin de la regarder pour la sentir qui quittait son bureau derrière lui, pour avancer dans sa direction « T'aurais eu les explications, la vérité, si tu m'avais rappelée. Je t'ai demandé douze millions de fois de le faire. J'ai jamais entendu le son de ta voix. Pas une seule fois. » Et que penserait-elle alors si elle savait, s'il lui disait qu'une bonne moitié de ses messages il ne les avait même pas écoutés, les supprimant directement en se répétant « allez, oublie cette fille, ça vaut mieux. » … « T'es vraiment un idiot, et pourtant c'est moi qu'ait l'air d'une conne à toujours te parler alors que t'es sur le pas de la porte et que t'attends qu'une chose, c'est de pouvoir partir. » Et les narines de l’italien de se pincer avec une pointe d’agacement, maintenant, parce qu’il entendait bien l'accusation en filigrane sous sa phrase, et cette façon silencieuse de le traiter de poule mouillée. « J’avais pas prévu tout ça, Vitto. Rentrer, c’était pas dans mes plans. Tu le sais. » Il ne savait plus rien, lui. Il avait cru, sans doute, comme si les dix-sept premières années de sa vie n’avaient pas suffit à lui faire retenir la leçon et à ne pas se laisser berner par les paroles pour n’accorder de crédit qu’aux actes. Mais le départ de Kaecy avait servi de leçon ultime et désormais il s’était promis qu’on ne l’y reprendrait plus, et qu’il avait fini de croire n’importe quoi sortant de la bouche de n’importe qui. « Alors mettons ça sur le dos de la fatalité, si tu préfères. » S’était-il alors contenté de susurrer avec ironie, pas certain que le volume sonore employé permette à la jeune femme de l’entendre sans lui faire face. Ce n’était pas vraiment l’épilogue dont il avait rêvé, pas non plus celui qu’il avait imaginé, mais faute d’alternative il allait bien devoir s’en contenter et faire avec le goût amer que lui laisserait cette entrevue pendant encore quelques temps. Il y avait un temps et un lieu pour chaque chose, et le pas de la porte d’un bureau élevé dans les étages d’un building d’affaires n’en était probablement pas un, alors … tant pis ? Défaitisme, fatalisme, quelle différence. « Pars, si tu veux, je te retiens pas. J’ai pas envie qu’on se prenne la tête plus que ça de toute façon. Mais sache que j’avais pas prévu ça et que j’aurai préféré rester avec toi à l’époque. Et … J'ai pas changé de numéro de téléphone, si cette information t’intéresse. Et le café est pas bon ici, te fais pas autant mal en tentant de le goûter. » Malgré lui et malgré la situation un rire lui avait échappé, amusé et en même temps un peu triste. Y’avait des gens doués pour ça, ravaler leur fierté pour se permettre de prendre un risque vis-à-vis des autres, d’une femme, d’un homme, peu importe … Ce n’était pas son cas, il n’avait pas envie que ce soit son cas. Il s’était retourné pourtant, son regard quittant le sol pour retrouver le regard défait de Kaecy et ses joues vaguement humides de larmes qu’elle avait tenté de faire disparaitre d’un revers de la main. « Je sais. » Que le café n’était pas bon, qu’elle avait toujours le même numéro, qu’elle n’avait pas prévu les choses de cette façon … Difficile de deviner ce que Vittorio savait, au juste, mais il n’avait rien ajouté de plus pourtant. Au lieu de cela il s’était autorisé un geste furtif dans sa direction, un effleurement du visage de la jeune femme du bout des doigts, chassant une larme moins coopérative que les autres et esquissant un sourire résigné « C’était pas des salades, ça m’a fait plaisir de te revoir, malgré tout. » Malgré le fait que toute cette discussion n’ait finalement mené qu’à une impasse de laquelle il ne semblait pas y avoir de moyen de se sortir. Reculant à nouveau d’un pas pour retrouver une distance respectable, la pointe de sérieux et de franchise qui s’était furtivement invitée sur son visage avait été remplacée par son air habituellement satisfait « Sois pas trop dure avec cette pauvre fille de l’accueil, parait que j’suis un gars convaincant. » Tirant sur l’une des manches de sa veste pour se donner une contenance, l’italien avait adressé un dernier clin d’œil à Kaecy, tourné les talons, et eu toutes les peines du monde à ne pas se retourner une ultime fois avant de traverser le couloir pour emprunter les escaliers – attendre l’ascenseur c’était avoir le temps d’hésiter, de faire demi-tour, de perdre la face. Sauter dans un avion pour l’autre bout du monde, avoir un but, puis reculer pour mieux sauter, et finalement terminer sur un tel sentiment d’inachevé. Tellement de gâchis.
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| | | | | | | | forget the wrong that i've done (kaecy) |
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