Don't cry for me, next door neighbor. I get knocked down but I get up again, you're never gonna keep me down, I get knocked down but I get up again, you're never gonna keep me down. ☆☆☆
Se saisissant de l'enveloppe kraft, légèrement gondolée par l'épaisseur de feuillets qu'elle contenait, Vittorio avait fait mine de l'inspecter sous toutes les coutures avant de demander « J'ai le droit de le lire ? » Il surveillait Bob du coin de l'oeil ; Plus que de la curiosité, Vitto testait surtout son colocataire, une pratique courante chez lui pour tenter de déterminer à qui il avait affaire. « C'est ta nouvelle piste de reconversion ? J'te préviens d'avance, il te manque certains attributs non-négociables pour le rôle titre. » Comme s'il avait besoin d'une confirmation Vitto avait mimé des courbes féminines à l'aide de ses mains, un sourire narquois s'étirant sur son visage « Et ovviamente tu as pensé à Cora, hm ? » L'italien aimait bien taquiner Bob à ce sujet, principalement parce qu'il n'avait encore jamais eu l'occasion de rencontrer la rouquine mais qu'il avait déjà l'impression d'en entendre parler autant que si elle était leur troisième colocataire ... D'ailleurs c'était même indirectement le cas, si l'on considérait la poupée à l'effigie de Cora que possédait Bob comme un prolongement de cette dernière. « C'est elle qui l'a oublié ici, ça n'a rien à voir, et de toute façon ... oh, et puis tu m'embrouilles, tu y vas ? » Gardant l'enveloppe dans une main et prenant Bob de vitesse pour récupérer sa béquille et l'empêcher de quitter ce canapé, il avait argué avec un brin d'autorité « J'y vais, relax. Et toi tu ne bouges pas d'ici, j'ai pas envie de te retrouver une seconde fois à l'hôpital parce que tu te seras cassé le col du fémur en mon absence. » Le ton était un peu moqueur mais Vitto n'en était pas moins sérieux, et pour ne pas mentir Bob n'était pas le malade le plus facile à supporter alors il n'y avait réellement pas besoin d'en rajouter une couche supplémentaire.
Glissant l'enveloppe kraft dans son sac à dos avant de le charger sur son épaule, il avait enfourché le vélo acheté d'occasion quelques jours seulement après son arrivée à Brisbane, et avec lequel il se déplaçait presque exclusivement depuis lors. Il avait bien tenté le métro quelques fois, mais très vite compris que d'avoir changé de ville et même de continent n'avait absolument rien changé à son sens de l'orientation déplorable et à sa tendance à prendre une rame de métro dans le mauvais sens, voir même sur le mauvais quai. Sur son vélo, armé du GPS de son téléphone, il avait encore une chance d'arriver à bon port sans trop de difficulté ... Et pourtant. Les vingt-cinq minutes affichées par le GPS s'étaient malgré lui transformées en quarante minutes bien tassées, au point que Vitto en ait presque regretté de n'avoir pas troqué sa chemise pour quelque chose d'un peu plus confortable avant de partir. Il aurait pu se fondre dans la masse de touristes et d'expatriés qui ne quittaient plus leurs short-tee-shirt depuis que les beaux jours revenaient, mais c'était presque un principe pour lui. Il ne voulait pas perdre ses habitudes de boulot, pour rester dans le bain, il continuait de se lever à la même heure et de s'habiller de la même manière qu'avant de quitter son boulot, et tant pis si ce n'était que pour ouvrir son ordinateur et s'installer à la bibliothèque ou dans un coffee shop pour répondre à ses mails ; C'était une question de principe. Les manches de chemise remontées au niveau de ses coudes, c'était à peu près la seule "folie" vestimentaire qu'il s'autorisait, mais le jour où on le verrait déambuler dans Brisbane avec une paire de tongs et un débardeur n'était pas encore arrivé.
Arrivé au pied de l'immeuble et après avoir revérifié deux fois qu'l s'agissait bien de la bonne adresse, Vittorio avait inspecté les alentours d'un œil critique, cherchant à jauger quelles étaient les chances qu'il ne retrouve pas son vélo à son retour s'il l'attachait au lampadaire à côté de lui. Mais qu'on se le dise, la fameuse Cora ne vivait pas dans le quartier le plus dégueu de Brisbane. Enroulant dans l'antivol sans trop de crainte, il s'était engouffré dans l'immeuble à la suite d'un autre locataire et avait décrété avoir suffisamment pédalé pour venir pour avoir le droit de préférer l'ascenseur aux escaliers. Récupérant l'enveloppe contenant le scénario dans son sac à dos tout en traversant le couloir, il avait sonné sans même y regarder à deux fois. Sens de l'orientation déplorable, certes, mais il savait encore lire un nombre sur une porte. Pratiquement une minute, c'était le temps qu'il avait fallu pour que la porte s'ouvre finalement sur une cascade de cheveux roux, la silhouette soutenue par deux béquilles et l'air boudeur sur son visage difficile à ignorer « Oh, je comprends mieux pourquoi Bob avait besoin d'un coursier ... Séparés par vos paires de béquilles respectives, ça a presque un côté tragico-romantique, non ? » Sourire narquois sur son visage, Vittorio faisait comme souvent preuve d'une entrée en matière qui dépassait le simple "bonjour, enchanté" ordinairement de rigueur. Pour autant, il avait fini par se présenter de manière un peu plus formelle, adoptant un ton plus neutre en reprenant « Vittorio, le nouveau colocataire. Il était - parait-il - très urgent que je te rende ceci. » avant de lui tendre l'enveloppe. Parait-il car Bob faisait preuve d'un véritable caractère de cochon depuis qu'il s'était pris ce morceau de plafond sur la tête, et Vitto ne savait pas trop dans quelle mesure le "très urgent" l'était véritablement ... urgent.
Dernière édition par Vittorio Giovinazzo le Lun 13 Fév 2017 - 13:09, édité 2 fois
lle n’offre pas une vision d’elle-même que l’on qualifierait de charmante. En fait, c’est même tout l’opposé, Cora présente totalement différemment d’à son habitude. Elle reste là, devant la télévision à s’abrutir devant ce que la société a le mieux à proposer en matière de divertissement. Ce n’est pas glorieux. D’ordinaire si active, elle est totalement amorphe, et pour cause, depuis cette virée au cimetière qui lui avait valu de se casser la jambe, l’actrice était interdite de tournage, d’émission et de tout ce qui impliquait de faire un pas dehors sans être accompagnée. Si Eireen tentait tant bien que mal de rendre la situation vivable à la rousse en restant avec elle le soir, elle ne pouvait cependant pas ne pas aller travailler. Par conséquent, Cora reste tous les jours chez elle, en attendant d’aller mieux. Bien sûr, vu qu’elle ne voit personne, elle fait totalement l’impasse sur ce qui touche à sa présentation, elle qui offre toujours une image d’elle très soignée, elle ne cherche même plus à quitter son pyjama ou à se maquiller. Tout cela, c’est bien inutile quand on ne fait rien de ses journées. Cela faisait déjà une semaine qu’elle avait ce plâtre, et ça lui semble être une éternité. Résultat, elle se sent un peu comme en prison et à par grignoter et regarder la télé, elle fait un peu peur à voir. Sans oublier qu’elle ne serait pas elle-même si elle n’était pas sur les nerfs à chaque fois qu’elle recevait un texto de son agent, ou autres personnes liées ou non à sa carrière. Une telle situation est plus qu’invivable pour un bourreau de travail comme elle. Toutefois, un texto de Bob le matin même avait réveillé la jeune femme. Avant la tempête, elle avait oublié un scénario chez lui, une proposition de rôle qu’elle était en passe d’accepter avant qu’elle ne se retrouve en congé forcé. Elle ne l’avait pas lu, mais maintenant semblait le meilleur moment pour le faire puisque c’est une activité ne nécessitant pas deux jambes valides (enfin, pas pour l’instant) et surtout parce qu’elle risque de devoir donner une réponse assez rapidement, par exemple avant que les producteurs n’apprennent son accident et mettent un casting en route ou même avant que ça ne retarde tout et que l’on se décide de se passer d’elle. C’est un risque. Elle avait donc demandé à Bob de le lui faire envoyer par coursier assez rapidement, vu qu’il ne pouvait pas lui rapporter lui-même à cause qu’il avait été lui aussi blessé pendant la tempête et était rendu à la même sentence qu’elle soit une interdiction de se déplacer. Elle était en vacance et il n’y avait même pas moyen de passer du temps avec lui. Désopilant. Cora avait vraiment l’impression que le temps lui filait entre les doigts sans qu’elle ne puisse rien faire pour anticiper du retard, et qu’elle était condamnée à assister calmement à l’apparition de tout un tas de problème sans qu’elle ne puisse faire quoi que ce soit pour les résoudre à part attendre. La porte sonne. Elle éteint la télévision et empoigne ses béquilles pour aller répondre à la porte. Elle se demande alors si Bob a prévenu le coursier qu’elle risquerait d’être longue à répondre. Aujourd’hui, ce n’est pas possible pour elle de s’élancer pour ouvrir la porte et avec ses deux jambes en supp, l’affaire était compliquée. Parce qu’en plus, Cora n’arrive pas à choper le truc pour marcher avec ses machins là. De quoi la faire pester sur son chemin que plus jamais elle ne fera quoique ce soit pour Halloween et que ça la faisait désormais encore plus chier d’être là à se trainer comme une petite vieille. Aussitôt à la porte, elle prend une grande inspiration en se donnant pour ordre de ne pas être désagréable avec quelqu’un qui n’a rien demandé et de ne pas colporter ses problèmes sur quelqu’un d’autre. Elle ouvre la porte, visiblement aimable. Et tombe nez à nez avec quelqu’un … qui n’est pas en uniforme de coursier. « Oh, je comprends mieux pourquoi Bob avait besoin d'un coursier ... Séparés par vos paires de béquilles respectives, ça a presque un côté tragico-romantique, non ? » Elle aurait ri, oui. Mais sa remarque ne fait que rajouter une couche à la détresse que ressens Cora. Ce serait drôle, si elle n’était pas déjà en train de s’efforcer de cacher qu’elle pète légèrement un câble. Alors au lieu de répondre, elle toise le garçon, de haut en bas et sans lui répondre. Ce n’est pas le moment pour être désagréable et s’en vouloir juste après, comme elle en a l’habitude. Vraiment pas. « Vittorio, le nouveau colocataire. Il était - parait-il - très urgent que je te rende ceci. » Voilà qui explique au moins pourquoi il ne porte pas un uniforme de coursier. Cora continue de l’observer, tout en s’disant intérieurement qu’elle doit être aimable avec lui – vu qu’il est le colocataire de Bob – et qu’elle ne doit pas laisser les circonstances la laisser rendre une mauvaise impression. Elle finit par prendre la parole pendant un temps, en observant le script qu’il lui tend. « Excuse moi, j’ai un peu la tête ailleurs en ce moment. Tu veux bien le déposer à l’intérieur s’il te plait ? J’ai déjà les mains prises. » explique t-elle en montrant ses mains qui tiennent ses béquilles. D’un signe de tête, elle l’invite à entrer. « Ne fais pas attention au désordre, c’est un peu compliqué en ce moment. Je t’offre quelque chose pour te remercier de t’être déplacé ? » Elle réalise à ce moment, qu’elle n’a pas vraiment rendu les présentations. C’est un comble. On vient la voir et elle arrive à avoir la tête ailleurs. Elle le guide vers la cuisine, seule pièce de la maison à être rangée vu que Cora n’y met jamais les pieds. Elle s’empare du script, aussitôt qu’elle a trouvé où s’asseoir et le feuillète. « En tout cas, merci de me l’avoir ramené. Ce sera probablement ma seul source de distraction pendant les semaines à venir. J’aurais pensé que Bob nous présenterait dans de meilleures occasions. Tu viens d’Italie il m’a dit ? »
Probablement que Bob aurait pu faire envoyer l'enveloppe par quelqu'un d'autre, d'ailleurs il n'avait même pas eu besoin de demander à Vittorio de lui rendre ce service, l'italien s'était proposé lui-même, bien trop heureux d'avoir quelque chose pour occuper une partie de son après-midi. Il n'était pas habitué à cela, voir autant de temps libre dont il ne savait plus quoi faire, aucune contrainte, aucune obligation autre que celle de se démerder pour payer sa part de loyer en temps et en heure ... C'était une situation véritablement pesante pour lui qui, depuis aussi loin qu'il s'en souvienne, s'était toujours immergé presque intégralement dans les études puis dans le travail, comme s'il voyait là le seul et unique moyen d'être quelqu'un et de faire quelque chose. Et actuellement il ne faisait plus rien, et son statut de faux vacanciers risquait à terme de lui faire péter un plomb. Et dans ces conditions même une tâche aussi futile que celle de transmettre une enveloppe devenait un moyen de faire quelque chose de vaguement utile. Et puis, avoir autant entendu parler de Cora le rendait curieux, aussi n'allait-il pas laisser passer une occasion de se faire sa propre opinion de la jeune femme.
Sans doute était-ce la raison pour laquelle, un peu malgré lui, il n'avait pas pu s'empêcher de la détailler furtivement des pieds à la tête lorsqu'elle lui avait ouvert la porte. Mais, malgré tout désireux de ne pas paraitre impoli, il avait rapidement enchaîné sur la raison de sa venue et s'était vaguement présenté, pas entièrement certain que Bob avait pris le temps d'annoncer sa venue à la propriétaire de l'appartement. Le toisant d'ailleurs quelques instants elle aussi, Cora avait fini par ouvrir la bouche « Excuse moi, j’ai un peu la tête ailleurs en ce moment. Tu veux bien le déposer à l’intérieur s’il te plait ? J’ai déjà les mains prises. » C'était le moins que l'on puisse dire. Agitant doucement la tête il ne s'était pas fait prier une seconde fois et avait passé le seuil de l'appartement après y avoir été invité. « Ne fais pas attention au désordre, c’est un peu compliqué en ce moment. Je t’offre quelque chose pour te remercier de t’être déplacé ? » La suivant docilement jusqu'à la cuisine, où il avait déposé le script sur la table, Vittorio avait secoué doucement la tête en adressant un sourire à son hôte, et répondu avec une pointe d'amusement « Ta reconnaissance éternelle, ça sera bien assez. » Croisant les bras, inspectant un peu machinalement autour de lui sans pour autant adhérer à l'idée que l'on pouvait se faire une bonne idée de quelqu'un en voyant sa cuisine, il avait reporté son attention sur Cora lorsqu'elle avait repris « En tout cas, merci de me l’avoir ramené. Ce sera probablement ma seule source de distraction pendant les semaines à venir. J’aurais pensé que Bob nous présenterait dans de meilleures occasions. Tu viens d’Italie il m’a dit ? » Elle s'était assise, feuilletant nonchalamment le script que Vitto regrettait presque de ne pas avoir lu en fin de compte, et sa tendance à répondre à des questions par d'autres questions aidant il avait demandé « J'avais cru comprendre que tu ne vivais pas seule, pourtant ? » A moins qu'elle ne soit dotée d'un(e) colocataire incapable de la distraire, auquel cas Bob avait beaucoup plus de chance qu'elle à ce sujet (si peu).
Prenant la liberté de s'asseoir face à elle, jetant avec un peu de curiosité un œil au titre du script inscrit sur la couverture, il avait répondu à sa question avant de se laisser à nouveau déconcentrer par tout et n'importe quoi « Rome, oui. Et j'peux savoir ce que Bob a dit d'autre à mon sujet ? » Bien que demandé d'un air taquin, la réponse intéressait Vittorio plus qu'il ne voulait bien l'avouer. Inutile de préciser que Bob n'avait pas manqué de parler de Cora à son nouveau colocataire, suffisamment pour que ce dernier soit curieux de la rencontrer pour pouvoir se faire sa propre idée. Et en toute honnêteté, il était agréablement surpris. « Tu n'es pas du tout comme je l'imaginais. » avait-il d'ailleurs fait remarquer sur le ton de la conversation, pas du tout inquiet de ne pas tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler « J'veux dire, ne te vexe pas mais avec ton métier je m'attendais à tomber sur une diva qui m'aurait arraché l'enveloppe des mains avant de me claquer la porte au nez ... Et en même temps j'imaginais assez mal Bob être élogieux à propos d'une sorcière, donc je suppose que je n'ai pas vraiment de raison d'être surpris. » Qu'elle le croit ou non c'était plus ou moins un compliment qu'il venait de lui faire, malgré sa manière peu conventionnelle de le formuler.
Dernière édition par Vittorio Giovinazzo le Lun 13 Fév 2017 - 13:09, édité 1 fois
Elle tente de ne pas laisser sa mauvaise humeur gâcher cette première rencontre. Bon, c’est le colocataire de Bob et elle ne joue pas sa vie sur l’opinion qu’il aura d’elle mais, une première impression, c’est très important. Cora met toujours un point d’honneur à paraître irréprochable, même si cela veut dire qu’elle risque de devoir jouer la comédie pour le reste de sa vie. Elle n’aime pas qu’on la déteste, ou qu’on ait une mauvaise opinion. Un trait de caractère hérité de maman et de sa constante obsession des apparences dont Cora était victime lors de ses jeunes années. Elle tente donc de se faire agréable, malgré qu’intérieurement ce soit le pétage de câble général. « Ta reconnaissance éternelle, ça sera bien assez. » Soulagement. Cora ne se voyait pas lui servir quoi que ce soit sans accident, c’est déjà pas mal qu’elle arrive à marcher sans tomber tous les trois pas sans chuter. C’est déjà un bon point pour Vitto d’avoir répondu à sa politesse par de la praticité. « Ce sera ma reconnaissance éternelle alors ! » dit-elle avant de se laisser tomber sur une chaise, ce qu’elle n’aurait certainement pas fait d’ordinaire en ayant un invité presque inconnu à la maison, mais il faut croire qu’en ce moment il faut une première à tout et veiller à son confort avant celui d’un invité doit en faire partie. Sacré coup sur la première impression. « J'avais cru comprendre que tu ne vivais pas seule, pourtant ? » ajoute t-il après qu’elle l’eut remercié. « Non, en effet, mais ma colocataire est occupée par son emploi et devrait déménager dans les prochaines semaines. Elle reste avec moi le soir mais bon, je ne veux pas l’utiliser comme garde malade. » explique t-elle brièvement, sans pour autant mentionner l’agression qui a eu lieu le mois précèdent ou bien la situation émotionnelle d’Eireen. Elle préfère de loin tourner le sujet vers lui.
« Rome, oui. Et j'peux savoir ce que Bob a dit d'autre à mon sujet ? » Ah. Il est donc le genre à répondre aux questions par des questions. Elle espère sur le moment qu’il n’est pas trop curieux, vu que les personnes qui partagent cette manie le sont aussi souvent. « Pas grand-chose. Qu’il avait un nouveau coloc avec un accent fort amusant, que ça se passait bien et qu’il avait hâte qu’on se rencontre. C’était tout juste avant la tempête et on n’avait pas trop le temps de discuter. » Oui, parce qu’à ce moment là, elle avait quelque chose à faire de sa vie. Remarque maintenant, elle pourrait presque en profiter pour passer ses journées au téléphone avec Bob vu que son programme ne propose pas plus urgent. « Tu n'es pas du tout comme je l'imaginais. » dit-il à la grande surprise de Cora. Elle ne sait pas trop où il veut en venir, surtout qu’il n’est là que depuis cinq minutes, ce qui pour elle représente bien peu pour se forger une opinion d’une personne. « J'veux dire, ne te vexe pas mais avec ton métier je m'attendais à tomber sur une diva qui m'aurait arraché l'enveloppe des mains avant de me claquer la porte au nez ... Et en même temps j'imaginais assez mal Bob être élogieux à propos d'une sorcière, donc je suppose que je n'ai pas vraiment de raison d'être surpris. » très bien. Elle ne savait pas trop comment le prendre, mais vu que Bob n’aurait pas insisté pour lui présenter quelqu’un qui cherche à être désagréable, elle suppose que c’est un compliment. En tout cas, ça la fait rire. Nerveusement peut-être. Mais, elle aime bien. « On me le dit assez souvent en fait. » commente t-elle avant de se corriger. « Enfin, que je ne suis pas aussi diva que ce qu’on peut s’imaginer. Mais tu sais, je reste quand même difficile à vivre, surtout au travail, je stresse tout l’temps, surtout quand quelque chose n’est pas fait. » Elle bavarde. De son emploi. Ce qui n’est pas une habitude. Mais d’habitude, elle travaille, elle n’est pas là à rien faire et de l’être justement, elle a comme envie de s’expliquer, de faire comprendre qu’elle n’est pas une fainéante. « En tout cas merci, c’est gentil, fais attention à ne pas rechanger d’avis en apprenant à me connaitre. » Elle rit à nouveau. Pourtant, Bob aurait du lui dire, vu qu’il en fait souvent les frais. Cora est capricieuse. « Du coup, qu’est ce qui t’amène en Australie ? ça se passe bien l’intégration ? »
Vittorio pouvait se montrer des plus serviables autant qu'il pouvait faire sa tête de con et ne rien faire sans contrepartie, tout était vraiment question de feeling ou d'opportunité. Il s'était proposé sans rien demander en échange parce que c'était à Bob qu'il rendait un service, et que sans lui il se ruinerait toujours en créchant dans cette chambre d'hôtel miteuse quelque part à Redcliffe, et s'il n'avait pas sauté sur l'occasion de se rattraper en exigeant quoi que ce soit de Cora c'était probablement pour la même raison. Et parce qu'il n'avait pas envie de griller sa cartouche concernant cette occasion de satisfaire son brin de curiosité à l'egard de la rousse. Lorsqu'elle s'était exclamée « Ce sera ma reconnaissance éternelle alors ! » il s'était donc contenté d'un sourire satisfait et s'était permis de l'imiter en s'installant à son tour à table. Deux options : soit elle attendait ce script avec une impatience démesurée, soit elle s'ennuyait suffisamment pour que n'importe quelle occupation soit bonne à prendre, mais toujours est-il qu'elle avait saisi l'enveloppe à peine installée. Elle semblait s'ennuyer, comme si elle passait ses journées seule, Vittorio pourtant persuadé d'avoir comprid qu'elle vivait en colocation. « Non, en effet, mais ma colocataire est occupée par son emploi et devrait déménager dans les prochaines semaines. Elle reste avec moi le soir mais bon, je ne veux pas l’utiliser comme garde malade. » C'est vrai, l'italien oubliait un peu vite que c'était sa situation professionnelle un peu "en restructuration" qui lui donnait tellement de temps libre pour jouer au coursier ou écouter Bob maugréer comme le malade peu patient qu'il se révélait être. « Passe à la maison un de ces quatre, ça te tirera un peu de ton ennui, et je suis sûr que ça rendra Bob moins ronchon. » Et Vittorio, par la même occasion, qui lui se faisait garde-malade un peu par la force des choses et laissait donc forcément l'humeur de son colocataire déteindre un peu sur lui.
Et tant qu'il était question de Bob, et en l'occurrence de ce qu'il avait bien pu raconter à Cora le concernant, Vittorio n'y était pas allé par quatre chemins pour tenter de le savoir, bien que raisonnablement persuadé que le jeune homme ne se soit pas non plus répandu en éloges à son sujet durant des heures. « Pas grand-chose. » l'avait d'ailleurs coupé dans son élan la rouquine, avant de reprendre « Qu’il avait un nouveau coloc avec un accent fort amusant, que ça se passait bien et qu’il avait hâte qu’on se rencontre. C’était tout juste avant la tempête et on n’avait pas trop le temps de discuter. » La tempête, dont l'évocation venait d'arracher un rictus à Vittorio, et ce alors même que lui n'en avait pas directement subi les conséquences. Tout juste avait-il eu l'occasion de se comporter en colocataire modèle en remettant la maison en état avant le retour de Bob de l'hôpital, déblayant le jardin, colmatant la vitre cassée dans la buanderie, et grimpant sur le toit remplacer les trois tuiles endommagées. « Ouais, d'ailleurs hm ... cette tempête, c'est un truc récurrent par ici ? Parce que j'me sentais presque en sécurité loin des tremblements de terre qu'on a par chez moi, et en fait je ne suis plus aussi certain de mon coup, tu vois. » Il plaisantait, mais simplement à moitié. Ce n'était bien sûr pas pour fuir les tremblements de terre qu'il avait quitté son Italie natale, mais il est vrai qu'à entendre les informations parler des séismes à répétition Vitto aurait pu être tenté de se sentir plus en sécurité dans cette partie du globe. La tempête qui leur était tombée sur la tête allait totalement à l'encontre de ces certitudes.
Lassé de tenter d'en apprendre plus sur le scénario en déchiffrant à l'envers les quelques mots couchés sur la page de garde, l'italien avait observé son interlocutrice pendant quelques instants, et comme souvent été incapable de garder pour lui ce qui lui traversait l'esprit. La vérité c'est que Cora ne ressemblait pas à l'idée qu'il s'en était fait jusqu'à maintenant, et que sans s'en désoler Vittorio en était un eu dérouté. « On me le dit assez souvent en fait. Enfin, que je ne suis pas aussi diva que ce qu’on peut s’imaginer. Mais tu sais, je reste quand même difficile à vivre, surtout au travail, je stresse tout l’temps, surtout quand quelque chose n’est pas fait. » Il imaginait sans mal que cela puisse faire office de défaut aux yeux de beaucoup de monde, mais si Cora espérait avoir affaire à l'un de ces spécimens elle n'avait pas misé sur la bonne personne. En bon acharné du travail qu'il était Vittorio n'allait certainement pas la contredire. « Je ne suis pas certain que ce soit une mauvaise chose. D'être stressée, j'veux dire, un peu de stress ça permet de faire son boulot correctement et de ne pas prendre les mauvaises habitudes de la routine. » A moins que ce ne soit simplement sa vision des choses à lui ? Il ne savait pas trop, il n'avait pas l'habitude de se poser tant de questions et se contentait généralement de donner son avis sans se soucier qu'on le partage ou non. « En tout cas merci, c’est gentil, fais attention à ne pas rechanger d’avis en apprenant à me connaitre. » Elle avait rit, et de manière suffisamment communicative pour qu'il l'imite l'espace de quelques secondes, avec légèreté. « Je tâcherai de m'en souvenir, si tu m'en donnes l'occasion. » D'apprendre à la connaître. Le fond solitaire de sa conscience n'empêchait pas Vittorio d'être quelqu'un de relativement sociable, et qui savait se comporter comme tel. « Du coup, qu’est ce qui t’amène en Australie ? ça se passe bien l’intégration ? » Parfois Vitto se demandait si Bob avait réellement gobé son excuse, le fait qu'il ne soit là que par besoin de plage et d'ailleurs, qu'il s'octroie des vacances dont il n'avait simplement pas encore choisi la date de fin. Probablement pas, Bob n'était pas aussi naïf que ne le laissait supposer son air un peu juvénile, Vittorio avait appris à se méfier de ce genre d'apparences souvent trompeuses. « Ça va, je crois que je commence à comprendre certaines de vos manies, c'est intéressant à observer ... Bon, les voitures qui conduisent du mauvais côté et qui arrivent en sens inverse, j'avoue que j'ai encore un peu de mal à m'y faire. Et vos gratte-ciels, ça me donne un peu le tournis, ça n'existe pas en Italie, ce genre d'immeubles. » Et ce n'était pas vraiment un mal se disait-il, sans avoir le vertige l'italien peinait un peu à comprendre comment on pouvait rester perché là-haut ds journées entière lorsqu'on y possédait un bureau. « J'avais besoin de changer un peu d'air. » avait-il finalement prétexté en réalisant qu'il n'avait pas répondu à sa première question. « Tu voyages beaucoup ? » Le métier qu'elle exerçait le poussait à penser que oui, mais là encore il n'excluait pas l'éventualité que la vérité ne corresponde pas à ce qu'il s'était mis en tête.
Dernière édition par Vittorio Giovinazzo le Lun 13 Fév 2017 - 13:09, édité 1 fois
es premiers échanges vont de bon train, et Cora arrive à se féliciter intérieurement de si bien arriver cacher à quel point la situation la fatigue et la met méchamment sur les nerfs. Vittorio est après tout un peu comme tombé du ciel et c’est sans hésitation qu’elle l’invite à entrer à l’intérieur de son loft pour au moins le remercier de s’être déplacé et aussi un peu faire connaissance, vu qu’il semblerait qu’elle soit amenée à le rencontrer à nouveau. Bon, et raison plus officieuse, elle s’ennuie tellement, elle est ravie de perdre une heure à papoter plutôt qu’à regarder la télé. « Passe à la maison un de ces quatre, ça te tirera un peu de ton ennui, et je suis sûr que ça rendra Bob moins ronchon. » propose t-il après qu’elle l’ait remercié et expliqué qu’elle était un peu livrée à elle-même la journée parce qu’elle ne voulait pas dépendre de sa colocataire, une situation tout d’même chiante à vivre. Elle sourit à son invitation. Bien sûr, elle avait déjà pensé à venir rendre visite à Bob, mais son platre est assez imposant et elle n’arrive jamais à l’accorder avec quoi que ce soit de sa garde robe, ce détail un peu futil et sa coquetterie est probablement la seule chose qui retient Cora d’appeler un taxi et essayer de vivre normalement. Enfin, ça et le fait qu’elle ne sache pas se servir de ses béquilles. Mais, c’est trop honteux pour être dit devant Vittorio. « Et bien, j’y penserais. Ne serait-ce que pour t’éviter de vivre avec un compagnon si ronchon. » répond t-elle en riant, elle reconnait là Bob, tout aussi frustré qu’elle de ne rien faire. « Mais, il n’a pas des projets sur lesquels il peut travailler de chez vous ? » Elle lui demande ça, il en sait probablement pas plus qu’elle.
La conversation tourne tout d’même autour de ce cher ami commun. Bien que Cora n’ait pas foule d’information pour satisfaire la curiosité de l’italien concernant ce que son colocataire avait dit de lui. Après tout, tout ça est assez récent et forcément, il n’y a pas grand-chose à dire sur le sujet. La conversation tourne et fatidiquement, ils parlent tous les deux de la tempête qui a ravagé Brisbane il y’a quelques jours. C’est comme le sujet de conversation qui est sur toutes les lèvres et sur toutes les chaines de télévision si bien qu’il est difficile de faire autrement. . « Ouais, d'ailleurs hm ... cette tempête, c'est un truc récurrent par ici ? Parce que j'me sentais presque en sécurité loin des tremblements de terre qu'on a par chez moi, et en fait je ne suis plus aussi certain de mon coup, tu vois. » Cora fait une grimace pleine de sens, sensée faire comprendre à Vittorio qu’il n’a peut-être pas choisi le meilleur coin pour être tranquille. L’Australie, c’est quand même bien loin de la tranquilité de l’Europe. « De cette puissance, c’est rare. Mais tu sais, si tu déménages dans le nord est du pays, tu t’approches d’une barrière de volcan et c’est là que 90% des tremblements de terre mondiaux sont recensés, avec des dégâts moins important quand même. » temporise t-elle avant d’ajouter « Puis, tu ajoutes à ça la chaleur, les risques météorologiques selon les Etats et bien sûr tous nos insectes mortels. Vraiment, si tu voulais la tranquillité, il aurait fallu aller dans un pays où il ne se passe jamais rien, comme l’Allemagne par exemple. » Elle le taquine un peu dans son discours en essayant un peu de lui faire peur, ou de moins d’exposer ce qui faire peur à tant d’européen. Finalement, sans que Cora ne comprenne vraiment d’où ça venait et la raison d’un tel éloge, Vittorio avait fini par partager ce qu’il pensait d’elle. Ou du moins, de lui avouer sa surprise qu’elle soit bien différente de l’image qu’il avait en tête. Outre le soulagement qu’elle ressent de savoir qu’elle a finalement bien fait bonne impression, elle se pose tourne de même pas mal de question sur si les européens sont-ils tous aussi direct sur les gens qu’ils rencontrent. Cora ne s’y était pas attendue, du tout. Elle le remercie, avant de nuancer son propos. Tout d’un coup, elle est gênée de paraître aussi parfait « Je ne suis pas certain que ce soit une mauvaise chose. D'être stressée, j'veux dire, un peu de stress ça permet de faire son boulot correctement et de ne pas prendre les mauvaises habitudes de la routine. » Peut-être n’avait-elle pas été assez claire sur son explication. « Oooh tu sais, ça va au-delà de ça, ça m’étonne que Bob ne t’en ait pas parlé parce qu’il est tellement gentil qu’il subit un peu mais, je suis extrêmement lunatique et je peux être méchante pour rien. » A t’elle décidé de ruiner tout son travail de bonne impression ? Non, Cora n’aime juste pas tellement qu’on la perçoit trop positivement. Ça la gêne. Peut-être un travail d’estime de soi à faire ? On en sait rien, c’est juste comme ça. Enfin, toujours est-il qu’elle préfère le mettre en garde sur un éventuel changement d’avis. « Je tâcherai de m'en souvenir, si tu m'en donnes l'occasion. » « t’en fais pas, tu vis avec Bob. T’auras l’occasion. » Finalement, suffisamment parler d’elle. « Ça va, je crois que je commence à comprendre certaines de vos manies, c'est intéressant à observer ... Bon, les voitures qui conduisent du mauvais côté et qui arrivent en sens inverse, j'avoue que j'ai encore un peu de mal à m'y faire. Et vos gratte-ciels, ça me donne un peu le tournis, ça n'existe pas en Italie, ce genre d'immeubles. » hum. C’est vrai. Cora ne conduit jamais quand elle n’est pas en Australie, mais elle doit bien avouer que ça lui a fait bizarre la première fois qu’elle a occupé la place du mort à l’étranger. « ça t’aiderait peut-être un peu si on les construisait bancale nan ? » plaisante t-elle au sujet des grattes ciels. « Tu vas t’y faire, comme on est un pays relativement récent, ça se sent sur l’architecture. Et pour la conduite, fais juste gaffe aux priorités. » Elle hausse les épaules et tente d’être un peu amicale, c’est que c’est pas simple de s’intégrer à l’étranger. Elle le remarque quand elle passe aux Etats Unis pour d’éventuel rôle. Le regard est différent quand les gens songent qu’elle pourrait y faire carrière. « J'avais besoin de changer un peu d'air. » prétexte-t-il pour expliquer son expatriation, une excuse qui sonne juste aux oreilles de Cora. « Tu voyages beaucoup ? » « Huuum. Oui et non en fait. » dit-elle en réflechissant à si c’était plus l’un que l’autre. « En fait, je prends voyage beaucoup mais dans le pays. Ou quand une scène doit vraiment être tournée à l’étranger mais c’est pas si souvent. Et parfois, je vais à Los Angeles, mais le cinéma américain aime me garder dans des petits rôles alors je préfère rester en Australie.
D'ordinaire Vittorio était celui qui, le plus, subissait le vide et la solitude de la maison lorsque Bob - et les gens de manière générale - quittaient leur chez-eux tous les jours pour vaquer à leurs occupations, leur emploi, leurs obligations. Vitto, lui, n'avait ni contraintes ni obligations, même pas de véritable emploi, mais se sentait malgré tout presque l'obligation d'enfiler une chemise propre et repassée chaque jour avant d'ouvrir son ordinateur pour répondre à ses emails. Des conseils juridiques la plupart du temps sans intérêt, des informations qu'il faisait payer un prix un peu abusif à des italiens trop stupides pour chercher sur internet la réponse à leur question, trop effrayés sans doute par les pages entières de lois et de décrets à éplucher avant de trouver LA ligne qui les intéressait. Quand Bob ne rentrait pas de la journée l'italien finissait par se lasser du silence, et de parler tout seul, et on le retrouvait généralement attablé dans un coffee shop qvec son ordinateur, ou juché sur son vélo pour visiter la ville. Espionner un peu aussi, c'est vrai, Kaecy ou Liviana, l'une ou l'autre de ses obsessions maladives. Peut-être bien que Bob finirait par appeler les flics un jour, s'il découvrait cela ou s'il ne se satisfaisait plus du "ma fortune personnelle" que son colocataire lui lançait d'un air goguenard chaque fois qu'il tentait de savoir comment il parvenait à payer sa part de loyer et de pot commun sans avoir de "vrai" travail. Mais pour l'heure le metteur en scène semblait se satisfaire de ses réponses vaseuses. « Et bien, j’y penserais. Ne serait-ce que pour t’éviter de vivre avec un compagnon si ronchon. Mais, il n’a pas des projets sur lesquels il peut travailler de chez vous ? » avait de son côté questionné Cora à son sujet, et haussant vaguement les épaules pour signifier qu'il n'en savait rien, en réalité, il avait hasardé « J'crois que boulot ou pas il en a juste assez de ne pas pouvoir mettre le nez dehors. » et là-dessus il ne pouvait pas lui jeter la pierre.
Parce qu'elle était la cause indirecte de l'ennui qui liait Cora et Bob, la tempête était de son côté rapidement revenue au milieu de la conversation, Vittorio un peu surpris par la violence du phénomène climatique, lui qui était arrivé à Brisbane en pensant vivre un deuxième été, après avoir quitté Rome à la fin de celui qui avait réchauffé l'émisphère nord. « De cette puissance, c’est rare. Mais tu sais, si tu déménages dans le nord est du pays, tu t’approches d’une barrière de volcan et c’est là que 90% des tremblements de terre mondiaux sont recensés, avec des dégâts moins important quand même. » Est-ce qu'elle essayait de le rassurer ? Si oui cela ne fonctionnait pas du tout. « Puis, tu ajoutes à ça la chaleur, les risques météorologiques selon les Etats et bien sûr tous nos insectes mortels. Vraiment, si tu voulais la tranquillité, il aurait fallu aller dans un pays où il ne se passe jamais rien, comme l’Allemagne par exemple. » Grimaçant avec un légère exagération, l'italien avait vigoureusement secoué la tête « Les allemandes valent beaucoup moins le coup que les australiennes, j'veux dire, entre Angela Merkel et Nicole Kidman y'a pas photo ... » Et loin de lui l'idée de comparer ce qui n'était pas comparable, bien sûr ... « Et je ne parle pas un mot d'allemand, accessoirement. » D'autant plus que malgréson accent à couper au couteau il savait ne pas avoir à rougir de son niveau d'anglais, et remerciait chaque jour silencieusement ses profs de lycée et d'université pour avoir rabâché que la maîtrise de l'anglais représentait l'avenir.
Par habitude, mais dans le cas présent aussi par sincère curiosité, Vittorio avait saisi la première occasion pour tenter d'en savoir plus sur la jeune femme, partagé entre l'idée un peu clichée qu'il se faisait des actrices et des gens qui "showbiz" en géneral, et la certitude que Bob n'avait pas le caractère adéquat pour s'être lié d'amitié avec une harpie ... à moins qu'il ne soit du genre plus paillasson que l'italien ne le soupçonnait ? Il ne l'espérait pas plus qu'il ne lui souhaitait. « Oooh tu sais, ça va au-delà de ça, ça m’étonne que Bob ne t’en ait pas parlé parce qu’il est tellement gentil qu’il subit un peu mais, je suis extrêmement lunatique et je peux être méchante pour rien. » Ne quittant pas entièrement son air léger, il s'était permis de rétorquer d'un ton faussement sérieux (quoi que) « Tellement gentil qu'il m'a accepté comme colocataire, j'confirme. » La vérité c'est que Vittorio était à peu près certain que si Bob avait connaissance de tous les paramètres il aurait accepté un autre colocataire, n'importe lequel. « P'tèt que t'as besoin de tomber sur plus méchant ou plus coriace que toi, c'est jamais arrivé ? Ça remet les idées en place. » Il parlait en connaissance de cause. Et il n'avait aucune foutue idée de pourquoi il s'entêtait à lui parler sans filtre alors qu'elle s'évertuait à lui faire entendre son sale caractère. Généralement c'était le genre de comportement que l'on se permettait face aux personnes que l'on était assuré de ne jamais revoir ensuite ... et pourtant « T’en fais pas, tu vis avec Bob. T’auras l’occasion. » Ouais, c'était un peu l'idée. Mais ça le rendait curieux, en fin de compte, la dynamique qui pouvait lier son colocataire à la rouquine.
Lassée peut-être de se voir ainsi passée au rayon-X, Cora avait questionné quant à l'adaptation de Vittorio dans cette ville, ce dernier presque tenté de demander si c'était les confidences de Bob, son côté un peu paumé ou simplement son accent tranchant qui trahissaient sa perplexité face à Brisbane. Gardant pourtant ses questionnements pour lui il s'était contenté d'acquiescer succinctement et de ne donner qu'un ou deux contre-exemples, mais la vérité c'est qu'il n'avait pas encore vraiment cherché à s'adapter à Brisbane ... Son esprit continuait de se prendre pour un vacancier, de nier l'évidence d'un séjour qui s'éternisait. « Ça t’aiderait peut-être un peu si on les construisait bancale nan ? » Il avait laissé échapper un léger rire, appréciant la pointe d'humour « Tu vas t’y faire, comme on est un pays relativement récent, ça se sent sur l’architecture. Et pour la conduite, fais juste gaffe aux priorités. » Elle avait haussé les épaules, et lui avait cessé de faire glisser le bout de ses doigts contre le table de manière distraite, pour répondre en acquiesçant légèrement « Je ne roule qu'à vélo, de toute façon. Je n'ai pas le permis. » Ce qui ne signifiait pas qu'il ne s'était jamais retrouvé derrière un volant, cela dit, mais simplement que cela n'était jamais arrivé de manière légale. Son statut de touriste étranger lui donnait l'impression d'être un oisillon égaré, contrairement à elle qu'il imaginait - peut-être à tort - être toujours par monts et par vaux. « Huuum. Oui et non en fait. En fait, je prends voyage beaucoup mais dans le pays. Ou quand une scène doit vraiment être tournée à l’étranger mais c’est pas si souvent. Et parfois, je vais à Los Angeles, mais le cinéma américain aime me garder dans des petits rôles alors je préfère rester en Australie. » Elle préférait ne pas trop se mettre en danger, en somme. Ça aussi il avait failli le faire remarquer à voix haute, mais était parvenu à tenir sa langue au dernier moment, décrétant qu'il s'était montré suffisamment impertinent face à celle qui l'accueillait présentement sous son toit. « Je crois que je n'ai jamais vu de film australien. » avait-il malgré tout fait remarquer, et en se demandant s'il y avait une raison particulière au fait que leur cinéma s'importe aussi mal dans le reste du monde. « Il parle de quoi ? Tu vas l'accepter ? » Son regard avait migré sur le scénario abandonné entre eux, sur la table, par Cora. Il aurait pu le lire, comme il l'avait suggéré à Bob d'un air défiant tout à l'heure, mais en fin de compte il ne l'avait pas fait et c'était comme si c'était le fait de n'y avoir à nouveau plus accès qui attisait une nouvelle fois sa curiosité. Insatisfaction chronique.
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a visite de Vittorio, en dehors du fait de l’occuper une heure, c’est aussi l’occasion pour elle de prendre des nouvelles de Bob, qu’elle n’avait pas pu voir depuis sa sortie de l’hôpital, et de l’extérieur en général. Même si sa vie semble arrêtée pour le moment, elle n’oublie pas que dehors, tout un monde avance. Elle se le dit parfois qu’elle devrait mettre le nez dehors et profiter des vacances forcées pour passer du temps avec Bob, ou même aller voir Heidi à la boutique, mais elle finit à chaque fois par renoncer. Cela lui coûte trop d’effort, elle ne tient pas debout, même avec des béquilles, elle ne sait plus quoi mettre, sans compter qu’elle a l’impression de faire chier tout l’monde à être aussi dépendante. Et puis, y’a le moral qui tire vers le bas. C’est peut être ça qui joue le plus. « J'crois que boulot ou pas il en a juste assez de ne pas pouvoir mettre le nez dehors. » conclue Vittorio, sortant ainsi Cora de ses pensées. Elle n’ajoute rien, elle se dit juste qu’il faudrait vraiment qu’elle se re-mette à faire des choses. Elle balaye ses pensées afin de ne pas trop être bloquée dedans, en présence d’un invité, ça la fout plutôt mal, alors elle essaie de parler d’autres choses, même si avec la tempête, c’est bien compliquée de ne pas aborder ce sujet qui a autant chamboulé les habitudes des habitants de Brisbane. De plus, quand elle pense au timing d’arrivée de Vittorio, elle se dit qu’il n’a vraiment pas eu de bol pour ce qui est de se faire sa première impression. Elle en vient à lui partager les petites spécificités du pays en ce qui concerne les catastrophes naturelles, autant qu’il soit préparé, même si pour elle, tout ce qu’elle raconte n’est pas bien grave et ne sort pas de l’ordinaire. Il n’y a vraiment de quoi s’inquiéter, même si à l’expression changeante du visage du jeune homme, elle observe que ce dernier n’est pas du tout rassuré. Ça l’amuse un peu et elle en profite pour le taquiner sur son choix d’immigration, parce que tout d’même, y’a plus calme si c’est quelques araignées et tremblement de terre qui lui font peur. « Les allemandes valent beaucoup moins le coup que les australiennes, j'veux dire, entre Angela Merkel et Nicole Kidman y'a pas photo ... » explique-t-il, elle aurait pu s’attendre à ce genre d’explication concernant les femmes. « Mais, Heidi Klum ? » demande t-elle de manière un peu réthorique pour plaisanter. « Et je ne parle pas un mot d'allemand, accessoirement. » En effet, Cora ne peut rien ajouter à cette excuse. « Effectivement, c’est quelque peu dissuasif. » L’éloge de Vittorio – ou plutôt le partage de sa première impression sur elle – la met quelque peu mal à l’aise, et elle se défend un peu d’être autant contraire à ce qu’elle peut paraître. Elle essaie d’être agréable avec lui, c’est bien mauvais de se faire un avis sur ça. D’ailleurs, ce n’est jamais recommandé de se faire un avis sur Cora avant de la connaitre depuis assez longtemps, parce que la jeune femme ne se dévoile jamais vraiment. Elle se défend. Prend le nom de Bob à témoin – même s’il est absent – pour affirmer qu’elle sait être exécrable, et dieu sait que le pauvre garçon en a fait les frais. « Tellement gentil qu'il m'a accepté comme colocataire, j'confirme. » ajoute alors Vitto pour compléter les propos de Cora, elle ne sait pas ce qu’il sous-entend, mais il semble avoir compris ce qu’elle veut dire. Gentil au point d’être un peu naïf. « P'tèt que t'as besoin de tomber sur plus méchant ou plus coriace que toi, c'est jamais arrivé ? Ça remet les idées en place. » Le sourire de Cora s’efface un peu, le souvenir de sa mère vient juste de poper au beau milieu de cette conversation. Cela jette un froid, un peu. « Ne t’en fais pas, c’est déjà arrivé. » Elle finit par conclure la conversation en lui annonçant qu’il comprendra bien de quoi elle parle à un moment, il est juste encore trop nouveau. Elle change de sujet en s’intéressant à lui. Ils ont déjà bien assez parlé d’elle, beaucoup plus que ce qu’elle autorise à une personne fraichement rencontré en général. Elle l’écoute lui parler de Brisbane, de sa difficulté à attraper le rythme de vie australien. Elle s’amuse de la situation, proposant qu’on adapte peut être le pays à l’Italie. Puis, elle lui donne des conseils, au final pas si utile que ça. « Je ne roule qu'à vélo, de toute façon. Je n'ai pas le permis. » « C’est vrai ? » demande t-elle les yeux grands ouverts. Pour elle, ça semble un peu surprenant. Elle a l’impression que sans permis, c’est impossible de se déplacer dans la ville tant elle est grande. Mais peut-être que c’est juste là un point culturel hérité de ses racines anglo-saxonne. Elle a un peu honte de son interrogation, à la tête qu’elle faisait, on aurait dit que Vitto venait d’une autre planète. Il finit par conclure cette conversation sur son arrivée en prétextant avoir eu besoin d’air, et retourne la question à Cora, si elle aussi voyage beaucoup. Elle lui explique que, moins qu’on ne pourrait l’imaginer. « Je crois que je n'ai jamais vu de film australien. » admet-il quand elle aborde sa carrière. Elle n’est pas tellement surprise par cette révélation, consciente que le cinéma australien s’exporte très mal à l’étranger. « Alors là ! Je crois que tu vis avec la personne tout indiquée pour te faire découvrir certain de nos chefs-d’œuvre. » « Il parle de quoi ? Tu vas l'accepter ? » demande t-il en pointant le scénario resté sur la table de la cuisine, elle y pose son regard en s’demandant si elle devrait vraiment tout lui dire. « C’est un homme qui perd son fiancé, il se suicide, alors que ce dernier rendait visite à sa famille, et en allant à son enterrement, il apprend que tout l’monde n’était pas au courant de son existence. Il va rencontrer la sœur de son fiancé, ça c’est moi, et le film va montrer comment tous les deux arrive à faire le deuil et comprendre pourquoi le suicide, le film est posé sur leur relation. » explique t-elle sans trop entrer dans les détails. « Je pourrais t’en dire plus mais pour l’instant, je n’ai pas trop eu l’occasion de travailler sur le scénario et bon, sans la direction du réalisateur, c’est un peu dur de te dire ce que ça sera vraiment. » Autrement dit, pour l’instant, elle en sait trop rien. Elle n’est encore allée à aucune lecture et elle doit encore reporter des rendez vous. « Et sinon, Vittorio, tu fais quoi toi dans la vie ? Tu as trouvé du travail à Brisbane ? »
Parfois Vittorio se demandait s’il aurait un jour pris l’initiative de venir jusqu’en Australie si cette sorcière de journaliste ne lui avait pas forcé la main en foutant en l’air sa carrière. Après tout cela restait le pays de Kaecy, et celui de cette demi-sœur qu’il se contentait de suivre à la trace … Il aurait des ennuis à ce sujet un jour, sans doute, mais l’italien se pensait bien trop intelligent pour se faire pincer, en réalité. N’importe quoi, bien sûr qu’il ne serait jamais venu de son plein gré. C’était tellement plus facile de se persuader du contraire maintenant qu’il avait été chassé de son Italie et se retrouvait au pied du mur. Reste que s’il n’avait pas évoqué les véritables raisons de sa présence sur le continent auprès de Bob – soit ce qui se rapprochait le plus d’un allié pour lui ici – on se doutait bien qu’il ne comptait pas le faire avec Cora également, son côté baratineur le poussant donc à donner du grain à moudre à cette discussion où le sérieux n’avait pas sa place « Mais Heidi Klum ? » Il avait haussé les épaules, comme si elle marquait un point, et avancé la barrière de la langue comme justification implacable « Effectivement, c’est quelque peu dissuasif. » Sans compter que quitte à se mettre au vert loin des problèmes, l’Allemagne ne lui semblait clairement pas assez éloigné de Rome. Un visa, deux escales et un changement d’hémisphère, ça c’était ce qu’il appelait de l’efficacité.
Lassé de parler de lui, et se sentant sur une pente bien trop savonneuse à son goût, Vittorio avait préféré s’intéresser à la rouquine, un peu influencée c’est vrai par le fait que Bob soit intarissable sur le sujet. À écouter la principale concernée elle ne semblait pourtant pas être un cadeau, sans que l’italien ne soit en mesure de savoir s’il s’agissait de fausse modestie ou de réelle lucidité. « Ne t’en fais pas, c’est déjà arrivé. » Sa curiosité piquée au vif, le barbu avait attendu une suite que la jeune femme ne semblait pourtant pas décidée à dévoiler, comme s'il était supposé se contenter de cela. « Je vois, tu es le genre qui a besoin qu'on lui tire les vers du nez. » Avait-il fait remarquer d’un ton légèrement narquois. Face à son envie d’en savoir plus, le regard que lui avait lancé Cora l’avait malgré tout dissuadé de gratter plus en profondeur, et le ton faussement résigné Vitto s’était laissé retomber contre le dossier de sa chaise « J’comprends, on ne dévoile pas tous ses petits secrets au premier rendez-vous, fair enough. » Preuve qu'il s'aventurait en terrain marécageux, la jeune femme n'avait pas manqué de changer de sujet pour en revenir à nouveau à lui, le laissant un brin dubitatif quant à son réel intérêt pour ses difficultés d'intégration bien que la référence à la tour de Pise ait sincèrement trouvé son public avec lui. « C’est vrai ? » s'était-elle étonnée en apprenant qu'il n'avait jamais pris la peine de passer le permis de conduire, visiblement considéré ici comme un outil indispensable et non-négociable « C'est ce qui arrive, parfois, quand on a vécu dans une ville à taille humaine. » avait-il alors fait remarquer d'un ton amusé, conscient malgré tout que tout n'était qu'une question de point de vue ... Brisbane était grand par ses constructions, la largeur de ses routes, la hauteur de ses immeubles, là où dans les rues de Rome fourmillaient pourtant deux fois plus d'habitants. « Ça raffermit les cuissots, et ça coûte moins cher qu'un coach sportif personnalisé, tu sais. » Le vélo, donc, pas le fait de ne pas avoir son permis de conduire. « D'ailleurs si tu veux venir pédaler un peu avec moi, un de ces jours ... Enfin j'dis ça, c'est pour toi, avec une jambe dans le plâtre et les chips à portée de main, ça peut vite devenir fatal. » Bien que le conseil aurait pu partir d'un bon sentiment, c'était avant tout l'impertinence de la chose qui avait poussé Vittorio à ne pas tourner sa langue sept fois dans sa bouche ... ça, et une volonté inconsciente de tester les limites de la jeune femme maintenant qu'elle lui avait sous-entendu pouvoir se transformer en dragon.
Toujours intrigué par cette enveloppe pour laquelle il avait traversé la ville sur son cher vélo, l'italien n'avait pas non plus été capable de tenir sa langue lorsque Cora avait reporté son attention sur le script qu'elle contenait. C'était tout de même un drôle de métier quand on y réfléchissait, actrice ... Mentir toute la journée, et espérer être récompensé un jour pour l'avoir fait de manière suffisamment convaincante. Dire qu'avant de mettre les pieds ici il était presque persuadé que l'Australie était incapable de produire ses propres films « Alors là ! Je crois que tu vis avec la personne tout indiquée pour te faire découvrir certain de nos chefs-d’œuvre. » Ça, entre Bob et elle il se disait qu'il aurait de quoi devenir incollable sur le sujet, mais dans l'immédiat c'était surtout ce qu'elle tenait dans les mains qui intriguait le jeune homme « C’est un homme qui perd son fiancé, il se suicide, alors que ce dernier rendait visite à sa famille, et en allant à son enterrement, il apprend que tout l’monde n’était pas au courant de son existence. Il va rencontrer la sœur de son fiancé, ça c’est moi, et le film va montrer comment tous les deux arrive à faire le deuil et comprendre pourquoi le suicide, le film est posé sur leur relation. » Il ne savait pas trop à quoi il s'était attendu, mais certainement pas à ce genre de scénario « Je pourrais t’en dire plus mais pour l’instant, je n’ai pas trop eu l’occasion de travailler sur le scénario et bon, sans la direction du réalisateur, c’est un peu dur de te dire ce que ça sera vraiment. » Un peu surpris, et en même temps se sentant un peu inculte pour ce qui était de ce domaine-là, il avait froncé légèrement les sourcils et osé questionner « C'est pas ce qui est écrit là-dedans, qui compte ? » Quel intérêt de s'être cassé la tête à rédiger un tel pavé, dans ce cas ? C'était un peu comme s'il s'était cassé la tête à apprendre des centaines de textes de lois durant ses études pour s'entendre dire une fois diplômé que la justice se rendait à la tête du client. « Et sinon, Vittorio, tu fais quoi toi dans la vie ? Tu as trouvé du travail à Brisbane ? » Oh, le sujet qui fâchait. « J'ai pris une sorte de congé sabbatique. Mais c'est temporaire. » Du moins essayait-il encore de s'en persuader, incapable de s'imaginer faire autre chose que ce pourquoi il avait trimé durant toute sa vie étudiante ... Et dieu sait pourtant que tout ne lui était pas tombé tout cuit dans le bec. « Avocat. » avait-il menti sans la moindre hésitation, pour la simple raison qu'on demandait rarement des précisions sur le métier d'avocat, et beaucoup plus sur celui de procureur et par extension sur celui de ses assistants. « Je donne des conseils juridiques sur le net en attendant, pour ne pas perdre la main. » avait-il malgré tout rajouté, ayant à coeur de ne pas passer aux yeux de Cora - ou de qui que ce soit, d'ailleurs - comme un branleur qui passait ses journées à se tourner les pouces en attendant le retour de Bob.
n ne saurait dire si c’est vraiment de la fausse modestie qui pousse Cora à détromper Vitto sur l’opinion d’elle qu’il partage. Bien qu’habituée à recevoir tout un tas de compliments et d’éloges, la jeune femme n’en est pas moins mal à l’aise lorsqu’elle en reçoit, surtout provenant d’un complet inconnu. La réflexion que ce genre de mot ne vient pas sans une faveur à donner est naturelle pour elle. Et puis, parce que de tout manière, elle n’aime pas se sentir obligée de rendre les compliments ou même de parler d’elle, elle tente de la détromper et de changer peu à peu le ton de la conversation, ce à quoi elle parvient dans un sous-entendu qui laisse deviner que Cora n’a pas l’intention d’en dire plus. Autant le savoir tout d’suite, elle partage peu. « Je vois, tu es le genre qui a besoin qu'on lui tire les vers du nez. » Sa manière de le dire l’irrite, mais plutôt que de répliquer, ce qui semble être chose inutile avec lui, elle se contente de ne rien ajouter, il peut être le colocataire de la reine d’Angleterre, ce n’est pas une raison pour qu’ils se mettent à s’raconter leur secrets tout en se tressant les cheveux. « J’comprends, on ne dévoile pas tous ses petits secrets au premier rendez-vous, fair enough. » avait-il ajouté, signe qu’il est capable de comprendre les signaux qu’elle envoie, mais plutôt que de continuer à laisser les anges passer, Cora reprend la conversation en cherchant à en savoir plus sur lui. C’est très étrange, mais elle a toujours préféré entendre les autres parler d’eux même si ça n’est pas toujours très intéressant. Cela dit, de savoir s’il s’intègre bien en ville lui semble être le minimum de politesse à lui demander. Cette conversation semble bien plus plaisante aux yeux de la rousse. « C'est ce qui arrive, parfois, quand on a vécu dans une ville à taille humaine. » Elle hausse les épaules, elle doit bien avouer que si Brisbane n’était pas aussi grand – et si elle n’était pas connue et donc ne risquait pas d’être arrêtée toutes les deux minutes – elle pourrait utiliser ce moyen de locomotion. « Ça raffermit les cuissots, et ça coûte moins cher qu'un coach sportif personnalisé, tu sais. » ajoute t-il, comme s’il essayait de la convaincre de sauter sur un vélo, argumentation un peu vaine vu son état. « D'ailleurs si tu veux venir pédaler un peu avec moi, un de ces jours ... Enfin j'dis ça, c'est pour toi, avec une jambe dans le plâtre et les chips à portée de main, ça peut vite devenir fatal. » Un sourire se dresse sur le visage de la jeune femme, mais c’est bien parce qu’il changera sûrement d’avis sur elle en découvrant ses expressions faciales hypocrites. Le rappel qu’il est le colocataire de Bob lui revient en mémoire et lui évite de perdre son tempérament. « C’est drôle, je pensais qu’en Italie, on vous lavait la bouche au savon pour vous apprendre à tourner sept fois votre langue dans votre bouche avant de parler, d’où le fait que vous rouliez le « r ». Je suis déçue. » réplique t-elle, d’un calme qui contraste beaucoup avec son expression faciale. Elle lui donne là l’occasion de ne plus jamais parler de son poids. Again.
La curiosité pousse le jeune homme à poser d’autres questions, cette fois, sur une pente beaucoup moins glissante. Elle avait remarqué depuis tout à l’heure ses regards insistants sur l’enveloppe qu’il lui avait amenée. Ce n’était sûrement qu’une question de temps avant qu’il ne l’interroge sur son contenu, bien que, vu la curiosité irritante qu’il montre depuis le début de leur entrevue, elle s’étonne qu’il l’ait pas ouverte de lui-même. Du coup, elle lui raconte l’histoire du film, du moins ce qu’elle en a retenu de sa première lecture du scénario parce que là, elle n’a pas forcément l’envie d’expliquer tous les tenants et aboutissants du film, et puis si il en demande plus, au pire elle lui paiera sa place de cinéma. Il semble toutefois surpris de ce qu’elle avance qu’elle ne sait pas encore si le film sera bon ou non, elle n’a jamais travaillé avec le réalisateur en question. « C'est pas ce qui est écrit là-dedans, qui compte ? » dit-il en montrant l’enveloppe, elle hoche la tête. « Non, c’est juste du texte dedans, ainsi que des annotations venant du réalisateur sur ce qu’il veut. J’ai le droit de discuter avec lui de comment je vois les choses, mais c’est son film et c’est lui le maître à danser. C’est juste que s’il me dit page unetelle, on avait dit ça et maintenant tu fais ça, je suis tenue de savoir exactement de quoi il parle. Enfin, en principe. » explique t-elle en sachant que là, ça dépendait aussi du professionnalisme de chacun, toujours est-il qu’à ce stade, sans lecture de groupe du scénario ou de discussion avec la réalisation, elle ne peut pas en dire grand-chose.
Mais d’expliquer cette partie de son travail la pousse à s’interroger sur la manière dont lui gagne sa vie à Brisbane. Après tout, c’est légitime. « J'ai pris une sorte de congé sabbatique. Mais c'est temporaire. » dit-il, la rendant quelque peu suspicieuse parce que bon, une installation à l’autre bout du monde ne se fait pas sans frais et pour avoir visiter l’Europe, elle sait que le niveau de vie n’est pas le même. « Avocat. » Désormais, elle se demande ce qui amène une personne à prendre déjà un congé sabbatique dans un corps de métier très prometteur, mais ayant de la retenu, elle se décide à ne pas poser de question sur des raisons qui seraient autre à l’envie de changer d’air. « Je donne des conseils juridiques sur le net en attendant, pour ne pas perdre la main. » « Oh… » lâche t-elle, un peu comme s’il lui avait dit qu’il balayait la rue pour s’occuper. « Et ça paye bien ? Je suppose que c’est pas possible d’exercer chez nous, tu comptes faire quoi quand ça ne sera plus "temporaire" » demande t-elle avant de se dire que, demander la rémunération de quelqu’un, c’est pas poli. Quoique, il a presque insinué qu’elle était grosse. « Enfin, je demande par curiosité. Tu n’es pas obligé de répondre. » se rattrape t-elle
Vittorio pouvait donner l’impression de ne pas être capable de percevoir la limite en taquinerie sans gravité et risque véritable de vexation, mais en réalité il en avait pleinement conscience : il n’était simplement pas du genre à s’embarrasser pour si peu. Brosser les gens dans le sens du poil lui avait toujours semblé d’un ennui mortel, raison probablement pour laquelle il s’était tout de suite senti à sa place dans les souliers d’assistant du procureur, exemple même de l’empêcheur de tourner en rond professionnel. Et puis non, ce qui l’intéressait c’était la limite des gens, et il lui semblait avoir franchi celle de Cora à la manière dont elle lui avait répondu « C’est drôle, je pensais qu’en Italie, on vous lavait la bouche au savon pour vous apprendre à tourner sept fois votre langue dans votre bouche avant de parler, d’où le fait que vous rouliez le « r ». Je suis déçue. » Sourire narquois ou air satisfait, reste que le ton et l’expression de la jeune femme ne le persuadaient qu’assez peu de remettre en question le potentiel de vexation de ce qu’il venait de dire, et plutôt que de songer à s’en excuser il avait simplement secoué la tête « Huhu, on appelle seulement ça arrrticuler. Ce n’est tout de même pas notre faute si vous anglophones donnez toujours l’impression d’avoir un truc trop chaud dans la bouche quand vous parlez. » Pour ce qui était de se laver la bouche au savon, en revanche, inutile de préciser que ce n’était pas en ayant grandi là ou il avait grandi que Vitto avait acquis ses bonnes manières. Laissant-là le sujet visiblement sensible du poids de la jeune femme – que l’italien mettait, en bon récepteur de clichés, sur le dos de sa mentalité d’actrice – il avait alors tenté de satisfaire sa curiosité concernant le paquet qu’il avait mené à bon port, avouant sans mal être totalement ignorant de la manière dont se construisait un film et se contentant généralement d’être bon public sans trop se poser de questions sur « l’avant ». « Non, c’est juste du texte dedans, ainsi que des annotations venant du réalisateur sur ce qu’il veut. J’ai le droit de discuter avec lui de comment je vois les choses, mais c’est son film et c'est lui le maître à danser. C’est juste que s’il me dit page unetelle, on avait dit ça et maintenant tu fais ça, je suis tenue de savoir exactement de quoi il parle. Enfin, en principe. » Sans trop savoir pourquoi – la déformation professionnelle sans doute – tout cela lui avait fait penser à ces textes de loi qui, tant qu'ils n'étaient pas mis en application, ne permettaient pas de se rendre véritablement compte du résultat. « Mais du coup … ça arrive qu'un film s'éloigne totalement du script de base ? Si en cours de route le réalisateur décide que finalement il veut changer la fin, il peut ? » Vittorio avait presque l'air suspicieux, cela lui semblait être beaucoup de travail un peu jeté par les fenêtres. A moins que ce ne soit que son pragmatisme exacerbé qui l'empêche de voir les choses autrement.
Un peu malgré lui, et bien qu'il ait un temps cherché à éviter que la conversation ne dérive à son sujet, il avait néanmoins consenti à répondre aux questions de la jeune femme concernant son métier, ou plutôt ancien métier, lui-même ne savait pas trop comment il était supposé considérer sa carrière sur un long terme … Reste que sa situation actuelle n'était pas glorieuse, et que son occupation n'y changeait pas grand-chose. « Oh … » avait-elle d'ailleurs répondu avec une pointe de dédain à peine dissimulée « Et ça paye bien ? Je suppose que c'est pas possible d'exercer chez nous, tu comptes faire quoi quand ça ne sera plus ''temporaire'' ? Enfin, je demande par curiosité. Tu n'es pas obligé de répondre. » Elle avait plus de considération que lui pour ses états d'âmes, c'était le moins que l'on puisse dire, ce qui n'avait cela dit rien changé à l'air un peu dépité de Vittorio tandis qu'il avouait « Je ne conseille que des italiens, oui. Et non, ça ne paye pas des masses … Mais comme j'ai de toute façon aucune certitude concernant le renouvellement de mon visa, pour le moment ce n'est pas ce qui m'inquiète le plus. J'avais quelques économies de côté. » Non, ce qui l'inquiétait le plus c'était que pour faire renouveler son visa il faudrait éventuellement qu'il se trouve un travail, parce que le statut de touriste avait ses limites, et surtout sa durée de validité. « Mais pas un mot à Bob, uh ? Ça va lui briser le cœur si tu lui dis qu'il risque de perdre son colocataire préféré. Je lui annoncerai en bonnes et dues formes, avec le solo de violon larmoyant en fond sonore, tout ça … et quand j'en saurais un peu plus, accessoirement. » Il lui restait encore un bon mois pour trouver une solution, et il extérieurement il donnait sans doute un peu l'impression de ne pas avoir conscience qu'on ne trouvait pas un boulot sous un rocher ou au pied d'un arbre. Pourtant il avait conscience que plus les jours passaient plus la probabilité de se faire virer du continent avec un coup de pied aux fesses grandissait … Un comble quand on savait qu'il n'avait encore confronté ni Liviana ni Kaecy, autrement dit pas encore accompli ce pourquoi il avait parcouru seize mille kilomètres en premier lieu. « A moins que tu connaisse un secteur qui recrute – autre que vendeur de beignets sur la plage, j'ai quand même un demi-loyer à payer et un demi-frigo à remplir – et qui pourrait me tirer d'affaire, auquel cas je suis toute ouïe. » Avec un peu de chance elle lui éviterait également le cliché du pizzaiolo, et aurait une véritable idée à lui soumettre … Quoi qu'étant actrice, Vittorio doutait qu'elle soit du genre à éplucher les offres d'emploi durant son temps libre, même avec une jambe dans le plâtre.
Elle ne déroge pas aux autres femmes. Une remarque sur son poids et elle peut se montrer très agressive. Déjà, parce que ça touche à son orgueil, et enfin parce que ce genre de réflexion atteint un niveau de muflerie qu’elle a du mal à supporter. Et si jamais un jour il se prenait à faire la réflexion à quelqu’un qui a un problème avec la nourriture ? Elle ne peut s’empêcher de penser à Mia, la petite sœur de Priam, et se dire que c’est probablement à cause de ce genre de garçon qu’elle en est arrivée au point où elle était quelques années auparavant. Décidément, Vitto vient de franchir une limite, et sans être agressive parce qu’elle est son hôte, elle ne se prive pas pour lui répondre. « Huhu, on appelle seulement ça arrrticuler. Ce n’est tout de même pas notre faute si vous anglophones donnez toujours l’impression d’avoir un truc trop chaud dans la bouche quand vous parlez. » Visiblement, admettre qu’il avait eu un mot de trop n’est pas dans ses habitudes. Elle ne l’écoute qu’à moitié, sûrement pas désireuse de se lancer un débat sur celui des deux qui a le plus le sens du patriotisme. Tant qu’il retient à l’avenir qu’il doit faire attention à ce qu’il dit devant elle. « Je ne suis pas de cet avis. » lâche t-elle, simplement pour couper court au débat avant de rester silencieuse, d’essayer de ne pas se faire une opinion trop négative au premiers coup d’œil, et de s’empêcher de donner intérieurement raison à tous les clichés qu’elle a pu entendre sur les italiens. Un silence rapidement interrompu par lui-même et sa curiosité au sujet de l’enveloppe qu’il est venu lui apporter. Et bien, voilà un point dont Cora devrait se rappeler pour ne pas trop le juger, il a été serviable. Ne voulant pas paraitre trop susceptible, elle accepte de répondre à ses questions, sur le film, la réalisation, tout ce qui entoure la production. Evidemment, elle ne peut s’empêcher de penser que Bob serait mieux placer pour répondre à ses questions. « Mais du coup … ça arrive qu'un film s'éloigne totalement du script de base ? Si en cours de route le réalisateur décide que finalement il veut changer la fin, il peut ? » Oui, les intentions de réalisation sont un domaine qui concerne plus Bob qu’elle. « Oui, ça peut arriver. Après, ça ne fait pas toujours sens parce que ça peut changer la scénographie, demander plus d’heure de technique et coûter plus cher. Un film a un coût et le producteur doit malgré tout s’y tenir. Donc oui, il peut, mais ça n’est pas forcément dans son intérêt. De plus, la production a également ce pouvoir. Admettons qu’un producteur est remplacé, ou un réal, le script peut changer. Ce sont ces deux personnes qui font le film. Disons qu’il y’a des voix qui nous ont impénétrable à nous acteurs. » Bon après, elle espère l’avoir suffisamment souligné, ces cas sont rares. Un changement et c’est le budget qui prend tout.
Néanmoins lassée d’avoir à parler d’elle, elle parvient à dériver la conversation sur lui. Elle n’a jamais été vraiment du genre à raconter des détails de ses journées. Il faut avouer que, dans cette conversation, Vittorio lui donne un peu de fil à tordre, il n’a pas l’air de ces personnes qui ne pensent qu’à parler d’elles. Tout de même, elle peut bien lui demander ce qu’il fait à Brisbane pour vivre, à sa tête ça semble délicat, mais elle n’y voit aucun mal. « Je ne conseille que des italiens, oui. Et non, ça ne paye pas des masses … Mais comme j'ai de toute façon aucune certitude concernant le renouvellement de mon visa, pour le moment ce n'est pas ce qui m'inquiète le plus. J'avais quelques économies de côté. » Hum … Elle se retient de poser une question quant à l’utilisation de l’imparfait en ce qui concerne ses ressources financières. « Mais pas un mot à Bob, uh ? Ça va lui briser le cœur si tu lui dis qu'il risque de perdre son colocataire préféré. Je lui annoncerai en bonnes et dues formes, avec le solo de violon larmoyant en fond sonore, tout ça … et quand j'en saurais un peu plus, accessoirement. » Elle se prend à sourire en imaginant la scène, malheureusement, Bob ne rentre que trop bien dans le décor. Elle s’évite également de partager cette pensée. « Promis, je ne dirais rien. » « A moins que tu connaisses un secteur qui recrute – autre que vendeur de beignets sur la plage, j'ai quand même un demi-loyer à payer et un demi-frigo à remplir – et qui pourrait me tirer d'affaire, auquel cas je suis toute ouïe. » « Mais c’est sûr au moins ? L’immigration t’a contacté ? » demande t-elle, avant de s’alarmer pour lui. Après, elle se dit que si l’immigration prend contact avec lui, il sera de toute évidence trop tard. « Et bien, tout dépend de ce que tu serais prêt à faire. En général, les européens viennent pour travailler dans des fermes ou le tourisme. » Puis, elle jette un coup d’œil à Vitto, c’est sûrement petit mais, elle ne le voit pas être assez aimable pour accompagner des touristes, elle se dit déjà que c’est une chance pour ses clients d’avoir contact avec lui à travers un écran d’ordinateur. Elle se redresse sur sa chaise, pour parler plus sérieusement. « Mon agent me cherche un assistant en ce moment, quelqu’un qui serait capable de gérer mon emploi du temps, mes relations de travail et juste pour être là si j’ai besoin. J’imagine que ce n’est trop dans tes qualifications mais, c’est payé plus que le salaire minimum et tu l’as sous-entendu, j’ai l’air sympa. »
Contrairement à Bob, qui avait tendance à partir rapidement dans des termes et des explications beaucoup trop techniques pour être comprises d’un non-professionnel, Cora parvenait à apporter à Vittorio quelques réponses aux questionnements que lui inspiraient le cinéma et ses méandres. Ce n’était pas un domaine d’activité auquel il se soit un jour intéressé, mais l’italien était le genre de personne à ne jamais passer à côté d’une occasion de satisfaire sa curiosité. « Oui, ça peut arriver. » avait-elle finalement repris tandis qu’il tentait de comprendre l’importance décisionnaire du réalisateur sur un script qui semblait à Vittorio s’apparenter de plus en plus à un bout de pâte à modeler modulable à souhait. « Après, ça ne fait pas toujours sens parce que ça peut changer la scénographie, demander plus d’heure de technique et coûter plus cher. Un film a un coût et le producteur doit malgré tout s’y tenir. Donc oui, il peut, mais ça n’est pas forcément dans son intérêt. De plus, la production a également ce pouvoir. Admettons qu’un producteur est remplacé, ou un réal, le script peut changer. Ce sont ces deux personnes qui font le film. Disons qu’il y a des voix qui nous sont impénétrables à nous acteurs. » Malgré lui l’italien avait affiché un air un peu dubitatif. Non pas parce qu’il n’accordait pas tout crédit à ce qu’était en train de dire la jeune femme, mais plutôt parce que tout cela le laissait un peu songeur … A cet instant la place de scénariste ne lui semblait pas très enviable. A quoi bon se casser la tête à écrire quelque chose si ceux qui avaient les gros sous et le pouvoir charcutaient gentiment cela selon leur bon vouloir ensuite. Il n’y avait rien que Vittorio déteste plus que le fait que quelqu’un repasse derrière lui. Presque rien. Lassée de sa curiosité ou de l’impression de faire la classe à un enfant en voyage de découverte, la rouquine avait laissé là le sujet de son propre métier pour questionner Vittorio à propos de ce que lui faisait dans la vie. Et si l’objectivité la plus totale lui aurait fait admettre qu’il ne faisait pour ainsi dire pas grand-chose, son ego lui refusait catégoriquement de risquer de se faire passer pour un feignant, ou pire un assisté. Pour autant, peu importe la façon dont il formulait les choses sa situation restait précaire, et étroitement liée à son statut d’immigré. Un fait qu’il n’avait pas encore véritablement abordé avec Bob, maintenant qu’il y réfléchissait. « Promis, je ne dirai rien. Mais c’est sûr au moins ? L’immigration t’a contacté ? » Contacté était un bien grand-mot, Vittorio était tenté de faire remarquer que comme n’importe quelle administration elle prenait son temps … Une fatalité qui ne se limitait donc pas aux frontières italiennes. « Si il finissent par me contacter ça sera probablement pour me mettre dans le premier avion vers l’Europe. Le truc c’est que je suis censé avoir un visa vacances-travail valable un an, mais il y a un âge limite pour pouvoir en bénéficier, et il se trouve que l’anniversaire fatidique approche à grands pas. » Et il était bien incapable de savoir si oui ou non le fait de dépasser la barre des trente-et-un ans allait remettre en cause la validité de son visa. Plus par taquinerie que parce qu’il s’attendait à une véritable réponse de sa part, il n’avait néanmoins pas hésité à la mettre à contribution concernant les éventuels plans professionnels de secours qu’elle pouvait avoir sous le coude. Comme si les acteurs en avaient à la pelle. « Et bien, tout dépend de ce que tu serais prêt à faire. En général, les européens viennent pour travailler dans des fermes ou dans le tourisme. » Malgré lui une légère grimace lui avait échappé. Le tourisme était plus que compromis avec son sens de l’orientation déplorable, il ne ferait même pas illusion deux minutes. Et travailler dans une ferme … Quel intérêt ? Cela voudrait dire quitter Brisbane, et toutes les raisons de sa venue dans ce pays étaient réunies dans cette ville. « Mon agent me chercher un assistant en ce moment, quelqu’un qui serait capable de gérer mon emploi du temps, mes relations de travail et juste pour être là si j’ai besoin. J’imagine que ce n’est pas trop dans tes qualifications mais, c’est payé plus que le salaire minimum et tu l’as sous-entendu, j’ai l’air sympa. » Il avait également sous-entendu que la taille de ses cuisses dépassait un peu la moyenne, et pourtant elle ne l’avait pas foutu à la porte. Bon point. « Est-ce que c’est un piège … ? » n’avait-il malgré tout pas pu s’empêcher de demander, presque certain qu’elle allait éclater de rire la seconde suivante « Ça me tue de devoir l’admettre mais … Mes qualifications ne me servent à rien, ici. » Et dieu sait que c’en était frustrant, après s’être ainsi saigné aux quatre veines pour avoir la vie professionnelle qu’il souhaitait. « Mais j’ai bien compris que tu avais ton petit caractère, et j’ai le mien aussi alors j’espère que tu as une idée de ce dans quoi tu t’embarques, si je disais oui ? » Sans vouloir l’avouer il essayait de gagner un peu de temps, tandis que son cerveau s’occupait à toute vitesse de réfléchir à la question et de peser le pour et le contre : outre être hors qualifications il fallait bien avouer que ce n’était probablement pas le boulot le plus gratifiant qui existe. Aux yeux de Vittorio du moins que l’idée d’être au bon vouloir d’une femme n’enchantait qu’à moitié. Mais il avait besoin d’argent, et d’un boulot réglo pour pouvoir rester dans les parages un peu plus longtemps à défaut d’avoir trouvé le courage suffisant pour confronter les deux personnes qui l’avaient menées sur ce continent. Et au fond travailler pour Cora et son supposé caractère difficile – il attendait toujours de voir – paraissait beaucoup moins difficile à envisager que d’aller se pointer devant Kaecy, à cet instant. « Organiser ton emploi du temps et envoyer sur les roses les gens à qui tu n’as pas envie de parler, donc … Je crois que je devrais pouvoir faire ça, oui. » avait-il finalement admis. « Mais je ne prends pas racine à l’entrée des magasins pendant que tu fais du shopping, par contre, hein ! C’bien un truc de gonzesses, ça. » Cliché, vous avez dit cliché ?
lle aurait certainement pu lui parler des petites choses injustes et drôle du monde du cinéma pendant un long moment, mais elle doute vraiment que ça soit vraiment un sujet passionnant pour Vitto, surtout qu’elle reste au final assez pessimiste sur le sujet. Il y’a toujours quelqu’un au-dessus pour foutre en l’air le meilleur des projets, c’est ce qui faisait de ce monde un domaine très difficile où faire son chemin, et même si ça ne parait pas possible à l’heure d’aujourd’hui, Cora garde bien en tête qu’elle n’est pas irremplaçable et que de se plaindre de ces sujets là (même si Vitto n’y changera rien) n’est pas une habitude qu’elle devrait prendre. C’est pourquoi, comme depuis le début de cette entrevue, elle détourne l’attention sur lui, sur ses projets en Australie. L’idée qu’il puisse être à tout moment attrapé par les services d’immigrations australiennes l’inquiète sur le moment, alors que c’est en rien ses affaires. L’envie de rendre service accompagne la suite de son interrogatoire. « Si il finissent par me contacter ça sera probablement pour me mettre dans le premier avion vers l’Europe. Le truc c’est que je suis censé avoir un visa vacances-travail valable un an, mais il y a un âge limite pour pouvoir en bénéficier, et il se trouve que l’anniversaire fatidique approche à grands pas. » Elle n’y connait pas grand-chose en immigration mais la remarque qui lui vient à l’esprit ne semble pas manquer de pertinence pour elle. « Oui, mais ils vont prendre en compte la date à laquelle tu le demande, assure toi donc de le demander avant ton anniversaire. » Parce que forcément, il n’est responsable si après l’administration tarde. Enfin, à un moment, elle imagine que s’il a un problème, Bob cherchera bien un moyen de l’aider et règlera tout ça, ou il ira lui en parler. Elle ne sait pas trop, mais elle se refuse à s’inquiéter. Il en vient tout de même à lui demandé si elle a connaissance de secteur qui pourrait recruter des étrangers. Alors là, elle se retient un peu de lui signaler qu’il est face à une personne qui a longtemps été très assisté et qui ne reste dans le cinéma faute de savoir faire autre chose. Elle voudrait pas non plus qu’il la trouve stupide alors qu’elle est juste très peu organisée. Et puis, le souvenir de son agent lui annonçant qu’il allait embaucher quelqu’un pour l’aider dans son emploi du temps fait surface et sans réfléchir au pour, au contre ou même si l’offre irait à Vitto, elle le propose. « Est-ce que c’est un piège … ? » Elle incline la tête. Pourquoi ce serait un piège ? Elle ne comprend sa question et y répond en hochant la tête, prêt à écouter ses questionnements parce qu’évidemment, on n’accepte pas un job comme ça. « Ça me tue de devoir l’admettre mais … Mes qualifications ne me servent à rien, ici. » Effectivement, s’il voulait exercer en tant qu’avocat, un passage par l’examen du barreau ( et éventuellement l’université) allait s’imposer. Elle le laisse réfléchir à voix haute, prête à intervenir quand ce sera nécessité. « Mais j’ai bien compris que tu avais ton petit caractère, et j’ai le mien aussi alors j’espère que tu as une idée de ce dans quoi tu t’embarques, si je disais oui ? » Elle ricane, avant de lui faire remarquer avec beaucoup de sérieux, parce que bon, son amitié avec Bob n’influera pas son travail. « Si tu me poses problème, je te vire. C’est à toi que tu dois poser la question. » Elle hausse les épaules. La question ne se pose même pas, elle rend service mais elle ne compte pas changer son comportement professionnel non plus. Elle continue de le regarder alors qu’il semble en plein réflexion. Les minutes passent ainsi jusqu’à ce qu’il reprenne la parole. « Organiser ton emploi du temps et envoyer sur les roses les gens à qui tu n’as pas envie de parler, donc … Je crois que je devrais pouvoir faire ça, oui. » Elle incline la tête à nouveau, cherchant à savoir s’il veut dire oui ou non. « Mais je ne prends pas racine à l’entrée des magasins pendant que tu fais du shopping, par contre, hein ! C’bien un truc de gonzesses, ça. » Elle lève les yeux au ciel. « Et tu veux pas que non plus cinq jours de congé la semaine, ou que j’embauche quelqu'un d'autre pour t’assister ? » lâche t-elle sarcastiquement. Elle avait conscience que y’avait plus gratifiant, mais il y’a sûrement plus humiliant. « C’est un travail d’assistant, donc tu m’accompagnerais partout, peut-être importe ce que je fais, ce qui inclus les heures que je passe au maquillage et à l’habillage. Mon agent t’expliquera ça en détail. Après, si tu t’estimes trop bien pour ça, je te laisse le soin d’aller postuler chez McDonalds. » Peut-être avait t-elle été agacée par sa mine un peu pinailleur ? Oui, elle n’avait jamais compris les gens difficiles quand on leur propose une porte de sortie. « Enfin, je vais t’écrire son numéro, t’auras qu’à l’appeler en lui disant que c’est moi qui te recommande. Je ferais le reste. »
A première vue l’idée pouvait sembler un peu folle, et en réalité elle l’était sans doute, autant pour Cora que pour lui. Elle ne le connaissait pas après tout, il n’était que le colocataire de Bob et pour autant qu’elle sache cela ne suffisait pas à en faire un employé modèle ; Quant à lui il le savait bien, que d’avoir trimé pendant autant d’années lui mettait en horreur l’idée de retourner à un boulot qui n’était pas à la hauteur de ce qu’il estimait être ses compétences. Travailler pour Cora, être « assistant » ce n’était bien sûr pas à mettre au même niveau que les boulots ingrats qu’il avait pu exercer pour garder un toit sur sa tête durant la période de ses études, mais cela restait un accroc à son ego de type pas peu fier d’avoir réussi dans la vie. Du moins jusqu’à ce que cette putain de journaliste vienne fourrer son museau dans ses affaires. « Si tu me poses problème, je te vire. C’est à toi que tu dois poser la question. » qu’elle lui avait finalement fait remarquer, et au fond elle avait raison, la balle était dans son camp à lui. C’était ça ou repartir. Repartir où ? La grande inconnue, ni Rome ni Naples, juste le chapitre suivant de sa fuite en avant et les deux échecs cuisants qu’étaient Kaecy et Liviana. Un échec c’était déjà le genre de choses que Vittorio avalait avec difficultés, alors deux ? « J’devrais pouvoir réussir à tenir le choc. » Sourire un brin narquois pour donner le change, l’italien se payait malgré tout le luxe de jouer à la fine bouche quand en réalité sa décision était déjà prise. Travailler pour Cora, rester à Brisbane : lot groupé. Mais c’était plus fort que lui, impossible de s’en empêcher. « Et tu veux pas non plus cinq jours de congé la semaine, ou que j’embauche quelqu’un d’autre pour t’assister ? » L’idée lui avait arraché un rire furtif, sans qu’il ne pousse cela dit sa chance plus loin, par peur de la perdre. « C’est un travail d’assistant, donc tu m’accompagnerais partout, peu importe ce que je fais, ce qui inclus les heures que je passe au maquillage et à l’habillage. » Les HEURES ? Dio mio. Espérons qu’il ait au moins l’autorisation de tenter de battre son record à ce jeu débile qu’il avait téléchargé sur son smartphone un jour d’ennui profond. « Mon agent t'expliquera ça en détail. Après, si tu t’estimes trop bien pour ça, je te laisse le soin d’aller postuler chez McDonald’s. » Ses dents s’étaient refermées sur sa lèvre inférieure juste à temps pour l’empêcher de rétorquer, son ego piqué au vif, que travailler chez McDo était déjà rayé su sa bucket list personnelle. Mais non, hors de question qu’il s’abaisse à cette révélation ; Il restait moins désespéré à trente ans qu’à dix-huit. « Ça va, je blaguais, pas la peine de monter sur tes grands chevaux. » s’était-il de ce fait simplement contenté de marmonner, s’avouant ainsi vaincu par la même occasion. « Assistant, j’ai compris le principe. » Il allait simplement devoir s’entraîner à se répéter intérieurement qu’il n’y avait qu’un mot de différence entre ce boulot là et son précédent. Comme si cela avait la moindre chance de soigner son ego. « Enfin, je vais t’écrire son numéro, t’auras qu’à l'appeler en lui disant que c'est moi qui te recommande. Je ferai le reste. » Résistant tant bien que mal à l’envie de s'autoriser une dernière remarque, Vittorio s’était contenté d'acquiescer tandis que la rousse se saisissait d’un stylo et griffonnait le dit numéro sur un vieux bout d'enveloppe vide. « J’vais te laisser à ton scénario et à … ton scénario, ahem. » On ne pouvait pas franchement dire qu’elle avait l'air occupée, jusqu’à son arrivée. Probablement autant que Bob, qui virait barjo sur leur canapé depuis que sa jambe l’empêchait d’aller et venir comme un cabri. « J’dois rien ramener à Bob en échange, une autre enveloppe secrète, un billet doux, j’sais pas ? » Eh, jouer les coursiers c’était presque commencer à bosser pour elle, elle n’allait pas pouvoir l'accuser de mauvaise volonté après ça. Espérons juste que Bob n’était pas mort d'ennui en son absence, ou pire, mort d’avoir chuté dans l’escalier alors que son colocataire lui avait formellement interdit d’essayer de monter à l’étage en absence.