La journée s'annonçait superbe et la plupart des pensionnaires profitaient du jardin et du soleil. Même ce grincheux Félix qui avait décidé de quitter son panier dans le bâtiment pour s'allonger sur l'herbe. Ce chat avait perdu une jambe et il commençait tout juste à s'adapter à son handicap. Par contre, il restait un peu farouche. Il n'hésitait pas à donner quelques coups de pattes bien placés pour décourager les autres pensionnaires de venir l'ennuyer un peu trop prêt. C'était bien d'avoir du caractère. C'étaient les chats caractériels qui s'en sortaient le mieux quand ils étaient amputés. Cela avait été le cas pour le chat de Célia. Octave s'était battu pour avoir une existence normale et elle ne doutait pas que Félix allait faire la même chose. Enfin cela rassurait la jeune femme qui en profitait aujourd'hui, d'un peu de temps libre, pour s'occuper des pensionnaires. Depuis la soirée caritative, les dons avaient afflué et les adoptions aussi. Sept chats et neuf chiens avaient déjà été adoptés. Et Célia espérait que cela n'allait pas s'arrêter. D'autres pensionnaires avaient encore le bonheur d'être adopté. Certains allaient finir leur jours ici, parce qu'ils étaient déjà très vieux, comme Monsieur Muffin. Ce chien approchait des seize ans. Autant dire qu'il était en fin de vie. Il avait des problèmes rhumatologiques, gastriques et beaucoup de mal à se mouvoir comme il le voulait. Mais il avait un traitement et pour l'instant, il ne souffrait pas. Pour Célia, c'était le principal. Malgré tout, la fondation avait déjà perdue quelques pensionnaires. La dernière en date, était Zina, la belle chatte norvégienne. Son cancer avait eu raison et elle s'était éteinte trois jours plus tôt, sans ses bras. Célia se consolait en se disant que la minette avait eu une vie de vie agréable et qu'elle n'avait pas manqué d'attention, à aucun moment. Elle avait été aimé et choyée. Et de toute façon, l'antiquaire savait bien qu'elle allait vivre ce genre de moments. Même si c'était toujours un peu difficile de voir un des pensionnaires partir...
Célia passa une bonne partie de la matinée à brosser les animaux, leur donner leur vermifuge et leur faire quelques caresses. En ce moment, elle avait beaucoup de travail administratif. Surtout depuis les retombés de la soirée caritative. Mais c'était une bonne chose bien sûr, parce qu'elle confiait ses bébés à des adoptants qui leur offraient la possibilité de vivre hors de la pension. Et c'était le but de la fondation. Sauf que voilà, tout ce travail de paperasse ne lui avait pas permis de s'occuper elle même de ses bébés, ni même de s'amuser avec eux. Alors aujourd'hui, elle voulait en profiter. Et c'était ce qu'elle faisait. Elle donnait du temps à chacun d'entre eux. En plus de les bichonner, elle s'assurait que ceux qui étaient soignés, étaient en bonne voie de guérison. Déformation professionnelle. Bien que la fondation avait un vétérinaire, Célia aimait bien faire quelques soins ici et là. Et puis parfois, c'était un peu le seul moyen de les soigner en l'absence de Rory qui continuait encore ses études. L'antiquaire ne voulait pas trop le surcharger de travail. Et donc quand elle pouvait s'occuper des pensionnaires, sans faire appel à l'étudiant, elle le faisait. Célia venait de faire la toilette de Manny, un vieux bichon maltais quand elle vit Duncan venir vers elle. « Hey ! » Elle savait qu'il devait passer mais elle pensait que le médecin passerai plus tard. Elle se leva de l'herbe où elle s'était assise et alla l'accueillir. Elle l'embrassa avant de reprendre la parole. « Bonjour, tu arrives tôt. Tu as emporté le petit dej' avec toi ? ».
Duncan ne voulait pas perdre une seconde de cette journée qu'il allait passé avec Célia. En plus de l'aider, ils allaient pouvoir parler et passer du temps ensemble. Chose plutôt compliquer ces derniers temps en vu de leur emploi du temps respectif. Le jeune homme avait donc mit son réveil à sonner assez tôt malgré sa garde de la veille, de toute façon, il n'avait jamais été un lève tard. Depuis que sa meilleure amie avait ouvert son refuge, il s'était mit en tête de l'aider d'une quelconque manière et au bout de quelques jours, il avait trouvé. A chaque fois qu'il allait faire des courses, que se soit pour une baguette ou un cadi plein, il prenait quelque chose en plus pour le refuge. Du coup, il avait un stock plutôt considérable de nourriture pour chats et chiens en plus du paquet pour Shadow.
Après s'être laver et habiller, il chargea le tout dans sa voiture. Ce n'était plus la voiture qu'il avait avant l'accident. Non, celle-ci était bien trop abîmer et même si Duncan ne voulait pas s'en séparer et bien son mécanicien ne lui laissa pas trop le choix m'envoyant directement à la casse. Du coup, Duncan avait opté pour une voiture d'occasion qui avait déjà quelques kilomètres au compteur. Pour aller en ville, il n'avait pas besoin du dernier modèle sorti. Avant de partir, il attrapa sa veste, son porte-feuille puis il donna une dernière caresse à son chat.
- Tu connais les règles. Pas le droit d'aller sur la route et pas le droit de faire tes griffes sur le mur. Je te confiance, maintenant rentre.
Le petit chat se redressa pour rentrer dans la maison, puis il referma la porte ensuite. Comme quoi, certains diront que c'est ridicule de parler à un animal mais d'autres comme Duncan sont convaincus qu'ils comprennent très bien. Une fois dans sa voiture, il prit le chemin de la boulangerie la plus proche. Vu l'heure, un petit déjeuner ne serait pas de refus. Quelques viennoiseries dans un sac en papier et il était reparti. Il ne mit pas longtemps à arriver. Célia l'interpella une fois qu'elle le vit et il secoua le petit sac entre ses mains.
- Comment tu as deviné ? Mais j'ai aussi autre chose dans ma voiture.
Duncan s'approcha de Célia pour la serrer contre lui un bref instant. Cette journée allait vraiment lui faire du bien, loin de la ville et surtout loin de l'hôpital. Il prit un instant pour regarder autours de lui, un doux sourire sur les lèvres. Y avait pas à dire, depuis la dernière fois qu'il était venu ça avait beaucoup changé, c'était super.
- Whaaaaao, tu as fait un magnifique travail ici !
Célia était également ravie à l'idée de passer la journée avec son meilleur ami. Il lui manquait mine de rien. Et leurs emplois du temps respectifs étaient plus que chargés. Alors quand ils arrivaient à s'octroyer une journée, ils en profitaient. Et puis depuis qu'Axel était parti, Célia avait encore plus besoin d'avoir Duncan à ses côtés. Et elle, elle voulait aussi que le médecin puisse penser un peu à autre chose, qu'à son travail ou qu'à son dispensaire. Oui c'était bien ce qu'il faisait. Célia était fière de lui mais elle s'inquiétait aussi. Parce qu'il ne prenait jamais une minute pour lui. Or, il fallait bien qu'il se ménage de temps en temps, histoire de rester en forme et de penser un peu à lui, pour une fois. C'était aussi très important. Et la jeune femme voulait le lui rappeler à l'occasion de cette journée. L'antiquaire esquissa un sourire aux paroles du médecin. Prendre son petit dej' avec lui, lui avait manqué également. En plus, elle avait une faim de loup. Elle n'avait pas déjeuner ce matin. D'habitude, elle prenait son repas en même temps qu'Emily et Axel. Axel étant parti, elle se retrouvait en tête à tête avec la petite, sauf que la petite était avec sa marraine pour le week-end, donc elle était seule. Et forcément, comme souvent quand c'était le cas, elle faisait l'impasse sur le premier repas de la journée. « Parce que je te connais trop bien. » Célia esquissa un sourire aux propos du médecin. Et la jeune femme avait effectivement faim alors le paquet que Duncan secouait devant ses yeux lui faisait envie. « T'es un amour. » Répondait-elle en souriant un peu plus quand il lui avoua qu'il avait une fois encore, pensé aux animaux. Le médecin avait toujours une petite attention quand il venait à la pension et mine de rien, cela était toujours très utile. La jeune antiquaire jeta un œil autour d'elle aux paroles de son meilleur ami. « Merci. Je suis ravie que ça te plaise. Mais tu sais, je n'en ai pas tout le mérite. Beaucoup de personnes ont travaillé ici pour qu'on en arrive à ce résultat. » Beaucoup de personnes qui avaient donné de leur temps pour faire de cette ancienne ferme, un petit paradis terrestre pour les animaux dans un endroit où ils allaient pouvoir être choyés et aimés. « D'ailleurs, toi-même tu as contribué à tout ça. » Duncan avait travaillé parfois ici, surtout pour aménager les « dortoirs ». Quant aux extérieurs, ils avaient eu le droit à quelques aménagements florales et végétales. Cora et Célia avaient toutefois demandé conseil auprès d'un vétérinaire afin de s'assurer que leurs choix en matières de plantes n'allaient pas s'avérer toxiques pour les animaux. Les deux femmes avaient attention à tout ce qui entrait en contact avec leurs petits pensionnaires. Et on pouvait dire qu'elles étaient fières du résultat. Quelques chats étaient venus jusqu'à Duncan. Certains étaient très sociables et ils aimaient les caresses. L'un d'eux Mino se mettait à tourner autour des jambes de Duncan. « On dirait que tu t'es fais un nouvel ami. » Le chat était l'un des derniers arrivés. Célia l'avait trouvé devant la pension quelques jours plus tôt, quand elle était venue avec Kara. Les deux femmes l'avait trouvé dans un carton avec un frère et une sœur, tous les deux adoptés à présent. Il ne restait que Mino.
Un large sourire se dessina sur les lèvres de Duncan lorsque Célia attrapa le petit paquet qu'il avait entre les mains. Il était toujours ravi de pouvoir lui faire plaisir par ce genre de petites attentions. Elle lui avait brièvement parler du départ d'Axel par sms et il se doutait donc que son moral n'était pas au plus haut. Même si son coté protecteur avait eu une légère appréhension en rencontrant le jeune homme, tout s'était envoler très rapidement. Axel était quelqu'un de bien qui ne cessait de monter dans l'estime de Duncan et encore plus de savoir qu'il défendait en ce moment même son pays. Duncan avait une admiration profonde pour tous ces gens qui s'engageaient dans l'armée. Célia parla du fait que beaucoup de gens avaient contribué à la rénovation de ce bâtiment en superbe centre de vacances pour animaux et il était très fier d'avoir pu y participer ne serais-ce qu'un peu. Puisque à l'époque, il ne pouvait plus travailler à cause de son bras.
- Je suis vraiment vraiment très content d'avoir pu donner un peu de mon temps. Les bonnes causes, ça me rend heureux.
Un des petits pensionnaires de Célia vint se glisser contre les jambes de Duncan. Se baissant immédiatement pour le caresser, le petit animal se mit à ronronner. Franchement, est ce qu'il avait quelque chose de plus agréable que le ronronnement d'un chat ? Il leva la tête vers son amie quand elle lui fit part qu'il avait un nouvel ami.
- Attends de voir ce qu'il y a dans mon coffre, je vais me faire un paquet d'ami.
Il se mit à rire un bref instant avant de se redresser pour prendre un pain au chocolat dans la poche en carton que tenait Lia entre ses mains. Duncan lui fit signe de le suivre jusqu'à sa voiture qui n'était pas garer bien loin. Pendant ce bref trajet, il lui posa la première question qui lui passa par la tête.
- Au fait, as-tu des nouvelles d'Axel ? Pas qu'il me manque tu vois… Mais je lui dois une bière...
Un léger sourire en coin se dessina sur ses lèvres, dur d'avouer qu'il était sur la bonne voie pour se faire un nouvel ami. En arrivant prêt de la voiture, il ouvrit le coffre laissant apercevoir à Célia les quelques paquets de croquettes, jouets et pattés qu'il avait pu récolter depuis la dernière fois où il était venu lui rendre visite.
Oh que ça faisait du bien de le voir. De voir son sourire de charmeur, auquel aucune femme ne pouvait résister. Célia avait l'impression que cela faisait une éternité qu'ils ne s'étaient pas vus. Et elle était ravie à l'aidée de passer du temps avec lui. On ne pouvait pas dire qu'ils se voyaient beaucoup ces derniers temps. Non seulement parce que Duncan était très occupé ces dernières semaines avec le dispensaire, mais aussi parce que c'était compliqué pour trouver un créneau horaire où ils étaient libres tous les deux. Et là, c'était le cas aujourd'hui alors Célia voulait en profiter. Elle esquissa un sourire quand Mino se lova contre le médecin à la recherche de quelques caresses. Et Duncan ne se fit pas prier pour offrir ce moment à la boule de poils qui ronronna de plaisir. Célia esquissa un sourire encore plus, quand son meilleur ami lui expliqua qu'il avait rapporté quelque chose pour la fondation. « Tu sais, tu n'es pas obligé d'apporter quelque chose à chaque fois que tu viens. » Bon d'accord cela lui faisait plaisir bien sûr et puis c'était clairement plus qu'utile. Mais l'antiquaire ne voulait pas non plus qu'il se ruine avec tous ces achats. « Tu peux venir sans ramener un paquet de croquettes ou de nouveaux jouets. » Elle l'observa avant qu'il ne lui fasse signe de le suivre jusqu'à sa voiture garée sur le parking privée de la fondation. A la question de Duncan, Célia secoua doucement la tête. « Non pas depuis six semaines... » Et il ne se passait pas un jour sans qu'elle ne pense pas à lui. C'était très difficile ces derniers temps. Surtout sans savoir si tout allait bien ou pas... Elle savait qu'il n'était pas dans une zone très accessible. Et elle essayait d'être patiente et de penser à lui, à ce qu'il revienne sain et sauf. Pour Emily aussi, c'était compliqué mais Célia arrivait facilement à la rassurer. Et c'était une bonne chose. « Ça me fait plaisir que vous vous entendez bien tous les deux. Même si c'était limite votre rencontre. » Oui, parce que Duncan avait été carrément le voir dans son club. Mais Célia comprenait. Son meilleur ami avait eu besoin de le connaître et elle ne le jugeait pas pour ça. Elle savait qu'il veillait sur elle. Même s'il avait du comprendre qu'Axel était quelqu'un de bien. Malgré l'image qu'il pouvait parfois donner de lui. Il aimait passer pour un petit diable. Et bizarrement ce petit côté de sa personnalité plaisait à l'antiquaire. Une fois le coffre ouvert, Célia remarqua tous les paquets. « Tu es fou ! » Le coffre était plein. « Je ne sais même pas si on pourra tout mettre dans la réserve. » Elle esquissa un sourire avant de déposer un baiser sur la joue de Duncan. « Merci. ». Elle prit un paquet de croquettes et elle ajouta en souriant : « Bon c'est parce que tu es très gentil, que je t'aide à tout ranger. Et après, on se pose devant un café. Ça te va ? » Un fois Duncan d'accord, les deux meilleurs amis déchargeaient rapidement la voiture avant de se retrouver sur la terrasse, devant une bonne tasse de café.
C'était plus fort que Duncan, à chaque fois qu'il franchissait les portes d'un magasin alimentaire, il pensait tout de suite à Célia et sa fondation pour les animaux. Il aimait prendre à chaque fois quelque chose en se disant qu'ainsi il prendrait aussi du temps pour s'y rendre et passer du temps avec Célia. Et puis voir un sourire sur son visage c'était comme voir le soleil brillait en plein été. Il adorait ça, la rendre heureuse constituait une grande partie de son temps même si Axel y contribuait également désormais. D'ailleurs le sujet en vint à lui et il laissa quelques instants de coté celui du refuge affichant une légère moue. Ça ne devait pas être facile pour elle mais encore moi pour sa petite fille, de savoir que son papa se trouvait en zone de guerre.
- Limite… Mais non enfin si, au début c'était même bizarre. Au final, c'était plutôt intéressant, il pensait que je le jugeais et je pensais qu'il me jugeait, tu vois le tableau ? Je suis persuadé que tu aurais adoré voir ça.
Un large sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu'elle vit la contenance du coffre.
- N'exagère pas, c'est trois fois rien. Je vais tout mettre dans la réserve en un rien de temps.
Duncan prit un instant Célia dans ses bras puis ils se mirent à décharger tout le contenu du coffre. Ce fut fait en quelques minutes comme l'avait prévu le jeune homme. Après ça, Duncan verrouilla sa voiture et prit Mino dans ses bras, ce petit chat l'avait suivi partout même durant ses allers-retours au coffre.
- Après l'effort, le réconfort. Allons-y pour ce café, t'es pas d'accord Mino ?
Célia avait raison, il s'était fait un nouvel ami. En même temps, ce n'était pas bien compliquer. Les animaux sentaient ces choses là, lorsqu'un humain les aimer naturellement. C'était à coup sûr la raison du succès de Célia parmi tous ces animaux. En entrant à l'intérieur, Duncan découvrit pour la première fois les lieux entièrement refaits. Il était venu repeindre les murs, c'était la seule chose qu'il pouvait faire lorsqu'il avait encore son bras dans le plâtre, ça lui avait permis de bien occupé de longs après-midis.
Un sourire aux lèvres, Célia écoutait les propos de son meilleur ami. Celui-ci avait bravé la foule, les bulles de champagne et la musique afin de rencontrer Axel. Et même si elle était étonnée par la façon dont cela s'était fait, parce que Duncan ne lui avait rien dit, elle était contente de savoir que les deux hommes de sa vie s'entendaient bien. Apparemment tous les deux avaient même quelques points communs. Ce qui l'amusait. Duncan n'était pas un mauvais garçon, pareil pour Axel alors elles étaient ravis de savoir qu'ils avaient réussi à établir la communication entre eux. A la fin de sa phrase, l'antiquaire fit une petite et ajouta, amusée : « Oui, j'aurais bien aimé voir ça. » Sous-entendant que Duncan avait fait son solitaire ce soir-là. « Et si tu ne l'avais pas apprécié, tu me l'aurais dis ? » Demanda-t-elle, soudainement curieuse. Bien qu'elle ne doutait pas de la sincérité et de la franchise de son meilleur ami. Célia aida ensuite Duncan à ranger tous les paquets dans la réserve après avoir partagé une étreinte avec ce dernier. C'était chouette ce qu'il faisait mine de rien. A toujours penser au refuge. Mais pas seulement, le médecin pensait souvent aux autres. Et elle retrouvait ce trait de caractère quand elle le voyait à chaque fois venir à la pension, les bras chargés. Mino s'était joins à eux. Il semblait apprécier Duncan. Il le suivait partout et il réclamait sans cesse, une petite caresse de sa part. « On dirait qu'elle t'apprécie beaucoup cette petite terreur. » Célia esquissa un sourire. Mino était un tout nouveau pensionnaire. Et même s'il était haut comme trois pommes, il essayait de faire sa loi ici et là. Il imposait aux plus âgés des séances de jeu, ce qui n'était pas toujours apprécié. Mais le chaton ne se décourageait pas. Au contraire. Il laissait tomber quelques heures et il revenait à la charge et en général, ça finissait par fonctionner. C'était un petit rusé. Mais il était facile à vivre malgré tout. Il était juste un peu jeune et forcément, il avait besoin de se dépenser. Ils entraient à nouveau dans la fondation et la jeune femme présenta au médecin, les derniers travaux qui avaient été réalisés dans le lieu. Tout était pratiquement fini à présent. Il ne restait que quelques petites choses, comme des raccordements électriques. Mais sinon tout était terminé. Cela changeait de la première fois où le médecin était venu. Où il n'y avait pratiquement rien, à part une grande bâtisse abandonné à la nature. Maintenant, elle pouvait accueillir les petits blessés de la vie. Ensuite, ils allaient ensuite prendre un bon café. Célia avait laisser Duncan qui s'installait à table avant d'aller chercher le nectar noir. L'antiquaire lava ses mains puis elle donna une tasse fumante au médecin puis elle en déposa une autre pour elle-même. Elle posa ensuite le café sur la table. Ils allaient pouvoir déjeuner ensemble. Et cela n'était pas arrivé depuis un moment. « Ce genre de moment partagé avec toi m'avait manqué. On a un peu de mal à se voir ces derniers temps. » Et comme Célia n'habitait plus sur Logan City, c'était encore plus compliqué.
Le jeune homme avait déjà pensé à cette éventualité où il n'aurait pas forcément apprécier Axel. Mais cela n'aurait sûrement pas été sans raison alors oui, il en aurait probablement parler à Célia. De toute façon, est ce qu'il aurait pu réellement tenir sa langue alors que ce soir là en sortant du club d'Axel, la première chose qu'il avait faite, c'était lui envoyé un message pour lui dire ce qu'il avait fait dans son dos. Les secrets, ce n'était pas son truc puisque un secret amené souvent à un mensonge et ensuite à des problèmes qui devenaient difficiles à régler et il n'avait pas vraiment besoin de ça dans sa vie.
- Il y a des chances mais je pense que je t'aurais juste donner les raisons qui m'auraient amené à ne pas l'apprécier après tu en aurais fait ce que tu veux… Bon, admettons que j'aurais observé quelque chose de louche, j'aurais probablement insisté mais c'est un homme vraiment super derrière cette image de mauvais garçon qu'il se donne.
Ils étaient tous les deux maintenant à l'intérieur du bâtiment et effectivement Mino les suivait de très prêt. Pour Duncan, n'importe quel chaton était adorable. C'est vrai, comment résister à ces toutes petites boules de poils ? Il se baissa pour lui faire une caresse et encore une autre. Dommage qu'il n'avait pas de quoi fabriquer un jouet pour chat car il aurait pu s'amuser des heures avec simplement une ficelle et quelques plumes au bout.
- Il doit sentir que je suis faible face à lui et que je suis donc à deux doigts de le mettre dans ma poche discrètement pour le ramener chez moi.
Un large sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'il prit place autours d'une table avec Célia. Il la remercia pour le café en ouvrant le sac en papier pour en sortir des viennoiseries qu'il avait acheté un peu plus tôt dans la mâtiné. Lorsque Célia se mit à parler de nouveau, Duncan ne pu s'empêcher de faire la moue un instant. Elle lui manquait aussi mais désormais quand il traversait la route, il ne trouvait qu'une maison vide et c'était bien triste pour lui aussi.
- Tu me manques aussi. Tu as déserté Logan City… Je dois le prendre comment ? J'étais un voisin si horrible que ça ?
Bien sûr, il disait cela sous le ton de la plaisanterie. Il n'en voulait en rien à sa meilleure amie pour son déménagement. Au contraire, il était heureux pour elle. Après avoir eu, trop de fois à son goût, peur pour elle, Duncan sentait qu'elle était vraiment en sécurité avec Axel.
Célia avait gardé son regard sur Duncan alors qu'il parlait d'Axel et de leur récente rencontre. Cela rassurait la jeune femme de savoir que les deux hommes de sa vie s'entendaient bien. Elle était rassurée, un poids avait quitté ses épaules. Pendant toutes ces semaines où elle avait pensé à les mettre en contact, elle avait pensé à l'infime possibilité qu'ils ne s'apprécient pas. Ce qui aurait été compliqué à gérer au quotidien. Et puis, elle pouvait comprendre Duncan. Pendant des années, ils n'avaient été que deux. Toujours ensemble, à partager quasiment tout. Plus que des frères et sœurs, moins que des amants mais plus comme des âmes sœurs. Ils avaient besoin l'un de l'autre. Et Célia ne voulait pas perdre tout ça. Elle ne pouvait pas vivre sans l'un ou l'autre. Et au final, l'avis de Duncan tout comme celui d'Axel l'un envers l'autre, comptait beaucoup. Axel l'appréciait. Il avait été amusé par le comportement du médecin lors de leur rencontre. Le militaire était plutôt du genre direct. Et s'il avait quelque chose à dire, il le disait. Quant à Duncan, il n'était pas non plus du genre à faire preuve de langue de bois. Alors l'antiquaire était heureuse de constater que tous les deux avaient réussi à s'apprécier. Célia esquissa un léger sourire aux propos de son meilleur ami. « Il est quelqu'un de bien. Mais peu de gens le lui ont dit par le passé, alors il n'a pas forcément une bonne opinion de lui... » Et cela attristait parfois la jeune femme. Elle savait que l'enfance et l'adolescence d'Axel avait été difficile. Il s'était construit une armure et il apprenait seulement à laisser parler son cœur. Et elle était avec Emily, les seules personnes avec qui, Axel s'autorisait cette « faiblesse ». Mais Célia voyait le changement. Axel avait trouvé un équilibre auprès d'elle. Et peut-être qu'il finira par arrêter de se comparer au diable. Célia jeta un œil à Mino qui quémandait pour avoir des caresses. Et cela fonctionnait bien avec Duncan. « Je crois qu'il ne serait pas contre le fait que tu le glisses dans ta poche. » Ce chaton était très en demande de câlins et d'attention. Mais c'était normal. Il était encore petit. Il avait besoin qu'on s'occupe de lui. Célia prit un croissant. Elle avait une faim de loup. Puis aux propos de Duncan, elle reporta son attention sur lui. « Au contraire. Tu es le meilleur voisin que je puisse avoir. » Elle esquissa un sourire. A une époque, elle passait plus de temps chez lui, que chez elle. Il lui arrivait même de dormir chez lui, même si elle n'avait que le rue à traverser. Preuve qu'elle se sentait bien chez le médecin. « Tout s'est enchaîné très vite ces derniers temps. » Célia avait « déménagé » après sa sortie d'hôpital. Axel l'avait accueilli chez elle. A ce moment-là, elle ne voulait pas revenir chez elle. Rester seule lui faisait peur. Elle ne voulait pas importuner ses parents qui se seraient encore plus inquiétés pour elle. Et elle savait que Duncan était souvent à l'hôpital. Et que forcément, si elle avait été chez elle, elle se serait retrouvée seule, à passer son temps à réfléchir à ce qui s'était passé. Alors la proposition d'Axel avait été la bienvenue. Elle ne s'était pas attendue à ce que cette colocation s'éternise et que les choses changent entre eux. « Mais j'en suis très heureuse. » Ajouta la jeune femme avec un léger sourire. Elle n'arrivait pas à croire qu'elle disait ce genre de choses. Elle qui refusait de s'engager. Elle qui ne voulait pas tomber amoureuse. Elle, qui ne croyait finalement pas à l'amour. Elle avait été prise au piège. Et elle n'en était pas mécontente. « Même si cela ne nous permet plus de nous voir comme on aimerai. Tu sais où je vis maintenant, tu pourrais passer. Je suis sûre qu'Emily va t'adorer. Tu fais craquer tous les gosses. » Duncan les aimait, comme elle. « Tu es toujours le bienvenu où que je sois. » Et elle savait qu'Axel ne serait pas contre la venue du médecin chez eux.
Lorsque Célia reprit la parole pour parler d'Axel, cela fit légèrement froncer les sourcils de Duncan. Il trouvait ça étrange que personne n'est pu apprécier le jeune homme à sa juste valeur. Peut-être qu'il avait fait des mauvais choix mais qui n'en faisait pas ? Qui pouvait prétendre n'en avoir jamais fait ? Pour Duncan, c'était un homme bien qui en plus, n'hésitait pas à risquer sa vie pour son pays. Après, il aurait aimé plus le connaître, peut-être qu'ils auraient l'occasion de se revoir. Il y avait de fortes chances pour que cela arrive si Célia et Axel s'aimaient vraiment.
- C'est dommage… Mais il aurait au moins rencontrer deux personnes qui dans l'avenir pourront lui dire combien c'est un mec sympa qui a fait de bons choix dans la vie. Il n'y a cas voir son choix en matière de femmes, il a choisi la meilleure on est d'accord ?
Il fit un clin d’œil tout en souriant à Célia. Il adorait Célia, il ne pouvait pas vraiment expliquer pourquoi. Ils s'étaient tous les deux rencontrer à l'internat et ça avait carrément changer sa vie à lui. Ils ne se jugeaient jamais et étaient toujours francs l'un envers l'autre. Comme quoi l'amitié entre un homme et une femme était possible. Ils en étaient la preuve vivante tous les deux. Duncan avait fini par craquer en prenant le petit chat sur ses genoux. Il avait bien de la place pour un autre chat chez lui mais il ne savait pas vraiment comment Shadow le prendrait. Il n'avait pas vraiment envie que son chat se sente moins aimer s'il en ramenait un autre à la maison.
- Je ne sais pas si mon bébé chat tout noir apprécierait que je ramène un autre bébé à la maison…
Duncan afficha une légère moue sur son visage tandis qu'il caressait Mino. Shadow n'était plus vraiment un bébé, il avait presque un an et demi. Sa vision des choses étaient un peu flouter comme si son chat ne grandirait jamais. Peut-être qu'il aurait dû l'appeler Peter Pan. Il se mit ensuite à sourire une nouvelle fois en relevant son visage vers Célia. Bien sûr, il la taquinait pour ce qui était du voisinage. Elle avait raison dans les choix qu'elle faisait et rester vivre à coté de Duncan ne lui permettrait en aucun cas de fonder une vraie famille. Elle se mit ensuite à dire qu'il pouvait venir quand il voulait alors il acquiesça pas très sûr qu'il aimerait débarquer à l'improviste chez Axel mais il n'en parla pas vraiment. Il était vraiment heureux pour Célia mais un peu triste de voir que finalement il n'avait pas réussi à refermer le creux qu'il avait laissé lorsqu'il était parti au Mali. Ils n'étaient plus aussi jeunes que lorsqu'ils avaient débuté l'internat, les choses changent et ils avaient grandit mais Duncan avait un gros problème avec ça. Le fait de grandir ne lui avait jamais vraiment plus et même s'il était quelqu'un de responsable, il préférait vivre avec une bande de copains qu'avec une femme et des enfants.
« Là, tu n'es pas objectif. » Célia ne pouvait s'empêcher de sourire aux propos de son meilleur ami même si elle savait qu'il ne pouvait pas être objectif sur ce point. Elle était sa meilleure amie alors forcément, il ne voyait que ses qualités. C'était un peu la même chose avec Axel. Il était amoureux alors il ne prêtait que des qualités à l'antiquaire. Ce qui n'était pas désagréable bien sur mais qui était ô combien, loin de la vérité. Célia avait pas mal de défauts et pas des moindres. Elle n'en était pas fière bien sûr mais depuis quelques mois, elle faisait un gros travail sur elle. Elle avançait peu à peu même si certains jours était plus difficile que d'autres. Cette vie où elle faisait confiance à son instinct, était toute nouvelle pour elle. Mais elle essayait de mettre ses peurs de côté, parce qu'elle savait qu'elle pouvait compter sur des personnes qui l'aimaient. C'était agréable. Et elle se disait à chaque fois qu'elle avait perdu un temps fou à rester enfermer chez elle, à fuir les gens. Pourtant, à cette époque là, elle n'avait pas remis en question sa façon de vivre, simplement parce qu'elle ne pouvait pas vivre autrement. Seul Duncan arrivait à comprendre ses peurs, à la rassurer sans toutefois l'obliger à changer. Célia savait bien qu'il avait du apprendre ce qui s'était passé des années plus tôt alors qu'il était encore en Afrique. Mais il n'en avait rien dit. Et Célia avait donc pu faire son deuil ou tout au moins vivre avec ce drame sans se sentir enchaîner. Et puis Axel et Emily avaient fait le reste et encore aujourd'hui, elle leur en était reconnaissante. Axel était un homme bien, même s'il se cachait sous un masque d'homme peu recommandable. Elle avait fait sa connaissance peu à peu et elle avait découvert à quel point, c'était un homme bon, ayant le cœur sur la main, attentif aux autres, papa poule et un patriote qui se battait pour défendre son pays et la liberté en laquelle il croyait. Et parfois cela faisait de la peine à Célia de savoir que des gens n'avaient pas compris quel être exceptionnel, il pouvait être. Elle pensait notamment à ses parents. A sa mère qui avait été absente. A son père qui le frappait et qui ne lui avait accordé aucune importance. L'antiquaire comprenait alors pourquoi il ne voulait pas être ce genre de père avec Emily. Avec elle, il était bien tout le contraire. Il était à l'écoute, tendre, protecteur. Elle ne manquait de rien avec lui. Axel ne voulait pas faire les mêmes erreurs que ses parents. « Je suis contente que tu l'aimes bien. » Oui, elle était ravie de voir que les deux hommes de sa vie avaient eu le contact facile et qu'ils s'appréciaient. « Tu lui as fait la même impression. Mais si vous décidez de sortir à deux, ne rentrez pas trop tard, d'accord ? » Ajoutait la jeune femme avec un sourire aux lèvres. Elle prit une bouchée d'un petit pain puis une gorgée de thé avant de reporter son attention sur Duncan. Ce dernier parlait de Mino. Ce chaton semblait l'avoir adopté. Mais Célia ne voulait pas pousser le médecin à prendre ce bébé. Ce n'était pas une décision à prendre à la légère. Même si elle savait que Mino serait entre deux bonnes mains avec Duncan. Quant à Shadow, c'était une tout autre affaire. « Ooh Shadow est un amour. Il s'entend bien avec Octave. Et tu sais comme moi à quel point, mon pirate a un sale caractère. » Et c'était peu dire. Célia avait adopté Octave dans un refuge. Il avait été récupéré dans la rue, une jambe en piteux état, qui finalement lui avait été enlevé. Et forcément, il avait été très difficile au début. Puis à force de patience et d'amour, Célia avait fini par s'en faire un ami et elle l'avait même adopté. Maintenant ses séquelles étaient derrière lui mais Octave gardait son sale caractère. Puis aux derniers mots de Duncan, elle fronça un peu les sourcils. « Fier pourquoi ? »
Leur échange continua comme ça encore un moment. Célia le pria de ne pas rentrer trop tard lorsqu'il sortait avec Axel et bien sur il acquiesça en souriant. Les soirs où il rentrait tard était rare même si la dernière fois et bien c'était en partie à cause d'Axel. En fait non, c'était plus à cause de sa curiosité incontrôlable. Ensuite, ils parlèrent des animaux du refuge, de ce petit chat qui l'avait adopté et qu'il hésitait vraiment à ramener chez lui. En attendant de se décider, il savait qu'il pourrait venir le voir autant qu'il voulait ici. Après tout, Célia leur avait offert à tout quelque chose proche d'un foyer. Célia lui demanda pourquoi il était fier et Duncan répondit sans réfléchir. La réponse était évidente pour lui.
- Tu es comme ma petite sœur. Je suis fier de tout ce que tu as accomplit dans ta vie et tout ce que tu accomplis encore aujourd'hui. Au lieu de rester comme toi tête baisser dans la médecine, tu t'es ouverte au monde qui t'entoure et c'est beau à voir c'est tout.
Duncan lui fit un large sourire avant de lui tendre ses bras pour la prendre contre lui. Après cette brève étreinte, ils décidèrent tous les deux de se remettre au boulot, histoire de n'être pas venu simplement pour boire du café. Duncan retourna à sa voiture pour en sortir tout ce qu'il avait acheté ces dernières semaines puis il aida Célia à fixer quelques petits trucs qui n'allaient pas. A deux, tout était plus facile.