Encore perdue dans les pensées troubles qui envahissaient son esprit, Camber n’avait prêté aucune attention aux employés médicaux qui l’entouraient. Les yeux fixés sur le sol, elle voyait encore les images de sa soirée défiler. Du noir, du sang, de la poussière. Des odeurs et des visions qu’elle ne pourrait effacer de si tôt de sa mémoire. Autour d’elle, le mouvement incessant des médecins et des infirmières ne semblait pas exister. La succession des événements avait été si rapide qu’elle ne parvenait plus réellement à savoir si tout cela était vrai, si elle était bel et bien ici, à une heure de la nuit qu’elle ne saurait capable de donner. « Madame, vous m’entendez ? » Coupée dans l’étourdissement provoqué par l’afflux d’images, Camber revint sur Terre, ouvrant et fermant ses paupières rapidement. L’infirmière qui lui faisait face avait l’air bien affolée, rien d’étonnant lorsqu’elle balaya la salle du regard. Des blessés, partout, les draps étaient recouverts de sang. Des cris, partout. « Je vous ai mis un bandage compressif à la cheville, tâchez de ne plus marcher dessus jusqu’à nouvel ordre. Vous avez beaucoup trop tirer dessus, les ligaments sont déchirés. » Les mots entraient et sortaient de son cerveau sans qu’une information ne reste encrée dans sa mémoire. Sa présence au service des urgences ne lui rappelait que de mauvaises choses et son désir le plus fort était désormais de quitter cet endroit.
Alors qu’elle était parvenue à se débarrasser de l’infirmière, gagnant par la même occasion le droit de signer quelques papiers qu’elle jugeait inutiles compte tenu de son état d’esprit, Camber tenta de prendre appui sur les béquilles qu’on lui avait données. Encore une chose qu’elle aurait souhaité ne plus jamais utiliser. La mâchoire serrée, elle se résigna néanmoins à s’en servir et se souleva pour quitter la pièce qu’elle qualifiait de cauchemardesque. Maintenant qu’on s’était occupée d’elle, il fallait se soucier des autres. Et par les autres, elle entendait son amie Lene. Déambulant du mieux qu’elle le pouvait dans les couloirs de l’hôpital, elle s’arrêtait parfois pour demander de l’aide à un membre du personnel qui ne pouvait lui répondre et repartait à une vitesse impressionnante, probablement débordé par l’urgence de la situation. Une vingtaine de minute eut le temps de s’écouler avant que la notaire ne puisse mettre la main sur une personne capable de la renseigner. Un peu fatiguée par tant de marche, Camber arriva dans la chambre où Lene était allongée. Dans un pincement au cœur, elle s’avança à son niveau et se laissa tomber d'épuisement dans la chaise à ses côtés. « J’ai cru que je n’allais jamais te retrouver, c’est de la folie ici… » dit-elle en reprenant son souffle. « Comment tu te sens ? Je dois dire que je suis soulagée de te voir réveillée » lui demanda-t-elle finalement avec une réelle inquiétude dans la voix.
Son premier instant de calme depuis la tempête, Lene ne peut s’empêcher de penser à ce qui vient d’arriver. Elle en a besoin, pour se dire que c’est réel, qu’elle a failli mourir et que c’est bien arrivé. Elle a encore tellement de mal à le croire, alors qu’après la discussion qu’elle vient d’avoir avec Nathan et Myrrdin, lui a appris que plusieurs scènes d’horreur du même genre avait eu lieu dans plusieurs endroits de la ville. Ce scénario est presque sorti d’un film. Elle a bien besoin d’un moment à elle, pour temporiser et se remettre un peu de ses émotions parce qu’elle n’arrive toujours pas à dépasser la peur qu’elle a lorsqu’elle était prise au piège sous la nacelle et surtout, elle n’arrive pas à oublier l’homme en morceau qui gisait à ses côtés. Les infirmières étaient venu chercher Nathan, pour l’examiner, et Myr avait suivi pour lui laisser un peu de repos. Mais dormir semble être une tâche bien compliqué pour elle ce soir. De plus, elle n’a aucune nouvelle de Tony, et elle ne sait pas comment réagir. Doit elle s’inquiéter parce qu’il serait blessé ? Ou doit elle être en colère, parce qu’il n’a pas daigné répondre au téléphone quand l’hôpital a appelé pour prévenir ? Elle ne sait pas. Et, ça ne fait que faire grimper l’énervement qu’elle ne puisse pas savoir comment elle doit réagir à tout ce qui se passe. Ce manque d’information, ça la met hors d’elle. Et dès qu’elle tente de ne plus y penser, c’est à nouveau l’image de la grande roue s’écrasant sur elle et d’autres personnes qui revient et son regard qui se perd dans le vague pendant qu’elle se repète que c’était vrai, comme un cercle vicieux. Seulement, tout ceci est bien vite coupé quand Camber entre dans la pièce, à la grande surprise de Lene qui ne le montre pas vraiment tant elle se sent amorphe. « J’ai cru que je n’allais jamais te retrouver, c’est de la folie ici… » dit-elle en s’approchant du lit « Comment tu te sens ? Je dois dire que je suis soulagée de te voir réveillée » C’est une première pour Lene de ne pas être bavarde. Elle se contete d’observer Camber en souriant, bien heureuse d’avoir sa visite assez rapidement. Elle s rappelle, qu’ils étaient plusieurs là bas. « ça va. Les infirmières m’ont donné des anti-douleurs, j’arrive juste pas à m’endormir. » explique t-elle avant de changer de sujet. « Et toi ? Tu vas bien ? Les infirmières m’ont dit que tu étais rentrée, mais je suis contente que tu sois là. Tu sais comment vont les autres ? » Par les autres, elle entend ceux qui étaient coincés avec elle, et celle qui ont aidé. « Et Tony ? Tu as des nouvelles de Tony ? »
Voir Lene dans ce lit d’hôpital, vivante et consciente était pour Camber un soulagement profond. Aussi étonnant que cela pouvait paraitre, ses pensées et ses inquiétudes s’étaient d’abord orientées vers elle avant sa propre famille. Lene n’était que la petite sœur de son meilleur ami et ancien amour d’enfance après tout, il était difficile d’imaginer qu’elle puisse passer avant Cleo. Et pourtant. Depuis qu’elle la connaissait, la notaire avait développé cet instinct protecteur envers la brune, pourtant pas beaucoup plus jeune qu’elle et encore moins plus fragile. Evidemment, cela ne signifiait pas qu’elle n’avait aucunement peur pour sa grande sœur et sa nièce, mais chaque chose devait être réglée en son temps. Contrairement à Cleo, Lene avait été écrasée violement par une grande roue et l’idée qu’elle puisse ne pas y survivre la rongeait de l’intérieur. Ses nombreuses égratignures et pansements lui rappelèrent aussitôt la vision qu’elle avait eu d’elle, sortant difficilement de sous les décombres, le corps en sang et le visage livide de peur.
« Ça va. Les infirmières m’ont donné des anti-douleurs, j’arrive juste pas à m’endormir. » Bien plus calme que d’ordinaire, Lene ne semblait pas vouloir s’attarder sur le sujet, probablement aussi traumatisée que Camber par le drame qui s’était produit dans la soirée. « Et toi ? Tu vas bien ? Les infirmières m’ont dit que tu étais rentrée, mais je suis contente que tu sois là. Tu sais comment vont les autres ? » Dans un léger rire nerveux, la notaire descendit son regard en direction de son pied. Toute proportion gardée, elle allait bien oui. Elle allait bien mieux qu’elle, bien mieux que tous les autres innocents qui avaient péris cette nuit. « Je vais bien, ne t’en fais pas pour moi, tu sais j’ai vu pire. Pour les autres j’aurais aimé te répondre … » marquant une petite pause, Camber posa ses béquilles à côté de sa chaise et reporta son attention sur Lene. « Les médecins sont débordés, je suis même étonnée qu’ils aient pris la peine de me soigner alors que d’autres ont sûrement plus besoin de secours que moi » Se sacrifier pour les autres, c’était tout Camber, d’autant plus lorsqu’il s’agissait de renforcer sa carapace de femme forte et courageuse.
« Et Tony ? Tu as des nouvelles de Tony ? » Un sentiment de culpabilité envahit l’esprit de Camber. Contrairement à Lene, elle n’avait pas encore pris le temps de se soucier de son meilleur ami. Penser à la réalité semblait presque impossible à cet instant, c’était comme si le reste du monde n’existait plus en dehors des gens avec qui elle avait vécu la tempête. Dans un reflexe, elle tenta d’attraper son téléphone portable mais se souvint rapidement qu’elle l’avait perdu dans la précipitation. « Non, aucune, et je n’ai même pas de quoi l’appeler. J’espère qu’il ne lui est rien arrivé, à lui ou à Eleanor d’ailleurs » Le prénom de sa fiancée lui avait échappé. De ce qu’elle savait, Tony n’avait pas encore annoncé à sa sœur la bonne nouvelle. Ne souhaitant pas aggraver la situation, Camber tenta de masquer son erreur et alluma la télévision à l’aide de la télécommande posée à ses côtés. « L’identité des morts va sûrement être rapidement dévoilée, il faut attendre et croiser les doigts. » avait-elle finit par ajouter, les yeux rivés sur l’écran, désireuse de cacher ses émotions.
Dès qu’elle aperçoit Camber, c’est plus fort qu’elle, il faut qu’elle pose des questions. Elle doit en savoir plus, sur ce qu’ils s’est passé, sur comment la situation a été géré, sur les survivants, parce que ce n’est que en entendant Camber en parler que Lene sent qu’elle va vraiment pouvoir arrêter de se poser mille et une question sur la possibilité et la réalité de comment elles ont terminé leur soirée. Lene, elle a besoin qu’on en parle pour extérioriser tout ça et se dire qu’elle n’était pas seule et que même en danger, on est venu la sauver. Au-delà de ça, Lene parle quand même un peu, pour rassurer Camber et effacer la pâleur de son visage dès qu’elle la regarde, comme si elle revenait d’entre les morts, ce qui n’est pas si loin de la réalité quand on y pense. « Je vais bien, ne t’en fais pas pour moi, tu sais j’ai vu pire. Pour les autres j’aurais aimé te répondre … » Le coup d’œil vers le sol de Camber indique à Lene qu’il y’a quelque chose, ce qui est confirmé par les béquilles de la jeune femme. Lene se sent si lente à comprendre, si elle n’était pas dans cet état, elle s’insulterait de tous les noms. « Les médecins sont débordés, je suis même étonnée qu’ils aient pris la peine de me soigner alors que d’autres ont sûrement plus besoin de secours que moi » Elle saisit la main de Camber, pour l’empêcher de culpabiliser. « S’ils se sont occupés de toi, c’est que c’était ton tour. Tu n’allais pas attendre la semaine pour te faire soigner quand même. » plaisante t-elle doucement, après tout si Lene avait eu le temps de se faire opérer et de se réveiller, c’est que Camber devait avoir déjà bien attendu. D'ailleurs à ce propos, elle aimerait bien savoir l’heure qu’il est. Mais au lieu de poser la question, Lene repense à Tony, au fait qu’il ne soit pas là, ce qui visiblement lui fait beaucoup de peine. Elle se dit bien vite que si quelque chose est arrivé, Camber serait prévenue. Camber réagit en cherchant quelque chose qu’elle n’a pas l’air de trouver, avant de répondre. « Non, aucune, et je n’ai même pas de quoi l’appeler. J’espère qu’il ne lui est rien arrivé, à lui ou à Eleanor d’ailleurs » Eleanor… Ce prénom suffisait pour que Lene commence à espérer qu’il se soit quand même passé quelque chose. Elle n’avait pas encore rencontré la jeune femme et rien de ce que Tony lui avait dit ne lui en donnait l’envie. Lene fait une gimace, mais n’ajoute rien d’autre qu’un « C’est pas grave. J’en aurais sûrement plus tard. » « L’identité des morts va sûrement être rapidement dévoilée, il faut attendre et croiser les doigts. » dit alors Camber en observant la télévision, ce qui provoque un gros nœud d’estomac dans le ventre de Lene. Elle ne sait pas si elle vraiment en savoir plus pour l’instant. « Tu crois qu’ils peuvent faire ça ?C’est horrible d’apprendre ça à la télévision ! » Et c’est un commentaire venant de Lene Adams, la fille qu’il est difficile de choquer. Alors que le reportage commence, Lene commence à râler. « Arf, j’aime pas ces journalistes qui sautent sur l’info à la première occasion quitte à interroger une personne sous le choc. » Oui parce qu’en plus, elle a aussi un sens e ce qui se fait ou non.
MARQUEUR POUR LE COMPTAGE DES POINTS MERCI DE NE PAS ENLEVER
« S’ils se sont occupés de toi, c’est que c’était ton tour. Tu n’allais pas attendre la semaine pour te faire soigner quand même. » Si il y avait bien une chose que Camber appréciait chez Lene, c’était cette façon si naturelle qu’elle avait de dire ce qui lui passait par la tête. Cette façon si désinvolte qu’elle avait de balancer son avis sans réellement se soucier des conséquences que ce dernier pouvait avoir. A un moment où elle ne l’aurait jamais pensé possible, la notaire laissa échapper un petit rire, réellement amusée par sa réflexion. Dans un regard attendri, elle observa la main de son amie enlacer la sienne puis esquissa un léger sourire. Un peu de tendresse ne faisait pas de mal après la nuit terrible qu’elles avaient vécue. Néanmoins ce sentiment d’apaisement ne fut que de courte durée puisque bien assez vite, Lene la ramena sur Terre en évoquant le prénom de son grand-frère, accessoirement meilleur ami de Camber. Lui répondre que tout allait bien de son côté était son souhait le plus cher, mais elle n’en était malheureusement pas capable. Tout comme son amie, la notaire n’avait pas la moindre idée d’où se trouvait l’homme. Le cœur serré dans la poitrine, elle redouta la réaction de Lene à ce manque d’informations. « C’est pas grave. J’en aurais sûrement plus tard. » avait-elle répondu tout simplement. Rassurée de la voir prendre la nouvelle de cette façon, Camber hocha dynamiquement la tête avant de tenter de dévier l’attention de son amie.
Allumer la télévision avait été en réalité une bien horrible décision. Les images qui défilaient sous leurs yeux étaient d’une violence qu’elle n’aurait pas envisagée. Plusieurs endroits de la ville étaient décrits et s’enchainaient sans fin, entre décombres et attroupements de secours. Lorsque l’image afficha la fête foraine de Redcliffe et plus particulièrement l’image choquante de la grande roue à terre, Camber sentit son cœur bondir. Incapable de contrôler ses gestes, elle serra aussitôt la main de Lene qu’elle tenait toujours. Il était encore beaucoup trop tôt pour affronter une telle réalité. Pour affronter l’endroit où elle avait vécu un aperçu de l’enfer. « Tu crois qu’ils peuvent faire ça ? C’est horrible d’apprendre ça à la télévision ! » Contente d’avoir une bonne raison de détourner le regard de l’écran, Camber afficha un air désolé. « Je crois que oui… Je me dis que ça doit aider les gens qui n’arrivent pas à joindre leurs proches, non ? » Sa question était quasi rhétorique dans la mesure où elle se doutait que Lene n’irait pas dans son sens. Et dans le fond, Camber réalisait qu’elle cherchait avant tout à se soulager elle-même. Si elle ne voyait pas le nom des gens qu’elle connaissait alors ça voulait dire qu’ils étaient toujours vivants. Elle l’espérait. « Arf, j’aime pas ces journalistes qui sautent sur l’info à la première occasion quitte à interroger une personne sous le choc. » Alors que Lene pestait contre ce qu’elle voyait, Camber reporta son attention sur les images, curieuse de savoir ce qu’elle critiquait avec tant de virulence. Une femme visiblement encore en état de choc était interrogée dans une couverture de survie avec derrière elle un paysage urbain dévasté. Le simple fait de l’observer répondre aux questions donnait à la notaire l’envie de pleurer. Parce qu’elle comprenait ce qu’elle ressentait. Parce qu’elle aussi avait vécu une horreur. « La pauvre, qu’ils la laissent tranquille, elle n’arrive même pas à aligner trois mots et ils insistent avec leurs questions morbides » Tout aussi agacée que son amie, Camber fronça les sourcils et reprit en main la télécommande afin de changer la chaine qui ne lui apportait rien de positif. Alors qu’elle allait de chaines en chaines, elle réalisa que toutes parlaient de la même chose. « Je crois que ça va être difficile d’oublier ce qui s’est passé… » dit-elle en se résignant à lâcher la télécommande sur le bord du lit. « Tu sais ce qui me ferait du bien là ? Un bon verre de Chardonnay. Non. Une bouteille de Chardonnay » Les yeux dans le vide, elle rit alors nerveusement avant de poser son regard sur Lene, le sourire encore aux lèvres. « Je pense pas que les machines de l’hôpital en vendent malheureusement. D’ailleurs, est-ce que tu veux que je te ramène quelque chose ? » demanda-t-elle, pleine de bonnes intentions à son amie.
De voir les images à travers le poste de télévision lui fait comprendre que tout ceci était réel. Que c’est bien arrivé, qu’il y’a bien eu une tempête et qu’elle en regarde les dégâts allongée dans un lit d’hôpital après avoir subie une opération. C’est un choc. Jamais le quotidien de Lene n’avait été réellement bousculé par une nouvelle de ce genre. Ou du moins, jamais elle n’avait laissé une mauvaise nouvelle bousculer son quotidien. Mais là, c’est bien trop fort. Et chaque fois qu’elle regarde autour d’elle, elle se rappelle qu’elle vraiment cru mourir sous cette grande roue et que c’est un vrai miracle qu’elle en soit réchappé. Elle n’était pas trop certaine de vouloir regarder la télévision, plus tôt, elle a empêché Myrddin de le faire parce qu’elle ne se sentait pas d’en savoir plus. Et là, c’est juste le cas. Des images d’une autoroute, du cinemapark où Nathan avait manqué de se noyer et enfin, dreamworld, dont le nom ne sonne plus trop correct aux oreilles de Lene, et sa grande roue au sol. D’entendre les journalistes parler de victime la crispe dans son lit. A quelques heures près, il aurait pu être là, à l’interroger alors qu’elle venait de réchapper à la mort. De voir les infos, ça l’énerve et lui fait bien plus de mal qu’autre chose. « Je crois que oui… Je me dis que ça doit aider les gens qui n’arrivent pas à joindre leurs proches, non ? » répond Camber alors que Lene est choquée de voir des noms de victimes à l’écran. « Aider ? ça n’aide personne d’apprendre la mort d’un proche à la télé. C’est stupide. On peut donner ce rôle là à un stupide écran. » Elle s’agace. Probablement parce qu’elle a peur d’y voir apparaître le nom de Tony. Ce qui n’arrive pas. Et y’a bien intérêt, parce qu’elle n’en a pas fini avec lui. Lene ne peut pas s’empêcher de râler à chaque geste des journalistes. Est-ce qu’il faut vraiment se jet sur l’info comme ça ? Est-ce qu’ils pensent vraiment que Brisbane n’a que ça à faire, de regarder la télé. De voir une femme se faire harcelée de question alors qu’elle n’est visiblement pas en état, ça fout Lene en l’air. Même si dans les faits, elle est bien trop faible et fatiguée pour ne serait que se lever de son lit. « La pauvre, qu’ils la laissent tranquille, elle n’arrive même pas à aligner trois mots et ils insistent avec leurs questions morbides » Finalement, Camber semble aussi en avoir et se décide à arrêter cette fenêtre ouverte sur le pire de la nature humaine. Seulement, sur toutes les chaines qui défilent, c’est la même chose. Ruine. Pleurs. Couverture de survie. Et sirène de pompiers. « Je crois que ça va être difficile d’oublier ce qui s’est passé… » « Je le crois aussi. » dit-elle toujours sans arrêter d’y penser. « Je suppose qu’il faudra du temps. Mes amis sont en sécurité et toi aussi, je suppose que je vais arriver à me remettre rapidement. » assure t-elle sans en être pourtant convaincue. Elle ne peut s’empêcher de penser qu’un type est mort à ses côtés et qu’elle est sortie de ce trou couverte de son sang. « Tu sais ce qui me ferait du bien là ? Un bon verre de Chardonnay. Non. Une bouteille de Chardonnay » Lene échappe un rire, qu’elle tait rapidement parce qu’il remue la douleur dans ses côtes. « Je crois que j’opterais pour une bière au McTavish mais, je te suis sur ce coup là. J’irais boire au moins trois fut de bière, puis j’irais faire pipi. C’est tellement la meilleure sensation au monde. Y’a rien qui me ferait plus plaisir. » raconte t-elle à Camber, bien consciente du côté risible de la situation, mais c’est pourtant la vérité. « Je pense pas que les machines de l’hôpital en vendent malheureusement. D’ailleurs, est-ce que tu veux que je te ramène quelque chose ? » Elle hoche la tête. « Non non, je sens que ça me fera plus mal qu’autre chose d’avaler à manger. Et puis, je n’ai pas vraiment faim. Juste un peu fatiguée. Mais, si tu veux aller te chercher quelque chose à manger, ne te gêne pas. C’est pas comme si j’avais un choix infini de chose à faire à part rester couchée. » ajoute t-elle ironiquement. « Est-ce que tu pourrais juste demander si un Adams autre que moi a été admis ? » Ouais, bizarrement elle se sent d’humeur à entendre parler du reste de sa famille. « Enfin, bien sûr, si t’entend les mots « Eva » et « morgue » dans la même phrase. Là, je trouve le moyen de nous dégoter du chardonnay pour fêter ça. »
La colère de Lene se lisait bien rapidement sur son visage, et déjà Camber souhaitait revenir sur ses mots. Dans un moment pareil, elle n’avait pas besoin d’attiser son agacement. « Aider ? Ça n’aide personne d’apprendre la mort d’un proche à la télé. C’est stupide. On peut donner ce rôle-là à un stupide écran. » Bien que pas entièrement d’accord avec son point de vue, la notaire s’affaissa sur sa chaise, fuyant avant tout le regard électrique de la jeune femme. Elle n’avait pas le courage de débattre à ce sujet, pas la force d’aller contre elle et de risquer de créer un froid. Plus que jamais elle avait besoin de calme et d’affection. D’un air abattu, elle était donc restée silencieuse, cherchant à s’échapper des horreurs qui ne cessaient d’affluer face à elle. Force était de constater qu’il était impossible d’éviter ce qui s’était passé. Malgré toute la volonté dont son esprit pouvait faire preuve, elle ne parviendrait pas à fermer les yeux sur la nuit d’horreur qu’elle avait vécue. « Je le crois aussi. Je suppose qu’il faudra du temps. Mes amis sont en sécurité et toi aussi, je suppose que je vais arriver à me remettre rapidement. » Une moue peu convaincue s’afficha sur le visage encore blanchâtre de Camber. Elle ne croyait pas en ce que Lene venait d’affirmer et semblait persuadée que son interlocutrice n’en était pas certaine non plus. Une fois de plus cependant, la notaire ne se risqua pas à la contredire, espérant qu’approuver ses dires l’aiderait peut-être à y croire un peu plus. « Oui, c’est vrai » marmonna-t-elle avant de reposer son regard sur la blessée.
Pour la première fois sûrement depuis qu’elle connaissait Lene, la notaire s’autorisa à parler de son amour infini pour le vin, d’ordinaire trop préoccupée à conserver une image sérieuse capable de montrer l’exemple à celle qu’elle considérait comme sa petite sœur. « Je crois que j’opterais pour une bière au McTavish mais, je te suis sur ce coup-là. J’irais boire au moins trois fut de bière, puis j’irais faire pipi. C’est tellement la meilleure sensation au monde. Y’a rien qui me ferait plus plaisir. » Contrairement à la jeune femme, Camber était loin d’apprécier la bière et encore moins d’en boire une si grande quantité. Elle ne manqua pas pour autant de rigoler joyeusement à l’idée de voir son amie se soulager dans les toilettes du pub McTavish. « Le ventre gonflé qui va avec c’est par contre moins sympa comme sensation » ajouta-t-elle pour taquiner Lene, consciente que ce n’était sûrement pas ce qui allait l’arrêter et l’empêcher de boire de la bière. Un peu plus à l’aise et dans un élan d’amusement, elle continua sur sa lancée, plaisantant sur les machines peu attrayantes que proposaient l’hôpital. On ne pouvait accorder à leur café que la qualité de réchauffer, concernant le goût, mieux valait ne pas s’y attarder. « Non non, je sens que ça me fera plus mal qu’autre chose d’avaler à manger. Et puis, je n’ai pas vraiment faim. Juste un peu fatiguée. Mais, si tu veux aller te chercher quelque chose à manger, ne te gêne pas. C’est pas comme si j’avais un choix infini de chose à faire à part rester couchée. » Camber n’avait jamais été une grande mangeuse et il paraissait presque évident que la situation n’arrangeait pas son cas. Secouant vivement la tête en signe de négation, la brune répondit finalement. « Ça ira aussi, de toute façon je préfère mourir de faim qu’avaler leur nourriture » Ses yeux se levèrent vers le plafond dans un air moqueur. « Est-ce que tu pourrais juste demander si un Adams autre que moi a été admis ? Enfin, bien sûr, si t’entend les mots « Eva » et « morgue » dans la même phrase. Là, je trouve le moyen de nous dégoter du chardonnay pour fêter ça. » Tout de suite, la notaire se trouvait bien moins apte à rigoler. Si d’ordinaire elle tentait de suivre Lene dans ses blagues sur Eva, elle n’approuva pas cette fois-ci. Quand il était question de mort, les choses étaient tout de suite moins amusantes. « Ne sois pas mauvaise ! » cria-t-elle, fronçant les sourcils d’un air réprobateur. « Je suis sûre que sa mort t’affecterait plus que tu ne le crois » avait-elle finalement ajouté sur son ton sage et confiant. « Je vais aller demander quand même, j’essaie de faire au plus vite » Armée de sa béquille, Camber leva les épaules pour souligner tout le paradoxe de ses mots. Comme si marcher avec cela pouvait être considéré comme rapide.
Dans un dernier sourire, elle quitta la chambre à une vitesse de tortue, de nouveau à la recherche d’une infirmière. Après un temps qui lui parut une éternité dans la douleur et l’impatience, Camber se fit entendre à l’accueil de l’étage où une infirmière dénia répondre à sa question. « La seule Adams que nous avons enregistrée s’appelle Lene, c’est tout ce que je peux vous dire » Soulagée, la notaire détendit ses muscles avant de reprendre sa route dans le sens inverse. Fatiguée, elle manqua de rater le couloir qui était celui de son amie et arriva finalement bien longtemps plus tard. Presque paniquée à l’idée que Lene ait pu s’endormir entre temps, elle pénétra dans la chambre, absolument essoufflée par les efforts qu’elle venait de produire. « Bonne ou mauvaise nouvelle, tu es la seule Adams à avoir été hospitalisée. » Sans aucune grâce, la brune s’engouffra dans le fauteuil, laissant un instant son corps se reposer, vaquant à ses pensées encore bien sombres. « Lene » commença-t-elle le regard dans le vide. « Je sais bien que tu m’as dit tout à l’heure que tu t’en remettrais vite mais… j’ai entendu parler d’une cellule psychologique dans les couloirs en revenant ici et… ça serait tout à fait compréhensible que tu aies besoin d’aide pour oublier l’homme qui est mort à côté de toi. » continua Camber d’une toute petite voix. « Je veux dire, ça n’a rien d’honteux » Son cœur se crispa aussitôt, redoutant la réaction de son amie.
La télé ? Mauvaise idée. Lene s’offusque vite de tout cet étalage de misère humaine. C’est bon, tout le monde à Brisbane s’est rendu compte de la tempête. Y’a des survivants. Y’a des morts. Elle ne voit pas l’intérêt d’un tel étalage et plus elles regardent la télé avec Camber, plus l’agacement grimpe. Peut-être à cause de la piqûre de rappel. Peut-être aussi parce que Lene est incapable de penser correctement à cet instant. Elle part du principe que si elle va bien, alors tout l’monde doit aller bien aussi. Ça parait comme une évidence. Camber semble avoir une opinion plus discrète à ce sujet. Et à vrai dire, l’opinion de Lene est sûrement très erronée. Le débat ne reste cependant pas ouvert bien longtemps car la notaire plutôt que de l’alimenter préfère appuyer les paroles de Lene, qui pas très attentive à son amie ne remarque pas que celle-ci ne le fait que par courtoisie. Pour le moment, les deux jeunes femmes essaient de parler d’autres choses, de ce qu’il faudrait pour se détendre, de ce qu’elles feraient en premier à leur sortie. C’est alors que Camber confesse son amour du vin, un penchant pour l’alcool dont Lene n’était pas au courant et dont elle s’amuse avant de confier à Camber que ses ambitions sont porches des siennes et que si elle le pouvait, maintenant, elle irait se rincer au milieu de dizaine de pinte de bière. Elle en rêve, mais elle est lucide, c’est pas pour le moment. . « Le ventre gonflé qui va avec c’est par contre moins sympa comme sensation » Elle hausse les épaules, avant de temporiser. « Ouais, mais tu sais, c’est le petit truc négatif qui rend l’expérience très agréable, comme porter des chaussures trop petites. » Elle n’est pas sûre que la comparaison soit pertinente ou qu’elle fasse mouche, mais peu importe. Au moins, elles s’amusaient un peu. De papoter en plaisantant légèrement reste riche en réconfort. D’avoir Camber à ses côté est aussi riche en réconfort. Lene ne le dira probablement jamais, mais elle se sent bien à ne pas être seule et d’être avec quelqu’un qui cherche à changer les idées. C’est alors que la jeune femme se propose à aller chercher des snacks, si Lene aurait accepté bien volontiers dans son état normal, là, ça ne passera pas et vu la douleur qu’elle ressent à chacune de ses respirations, elle ne risque pas de le faire avant un très long moment. Néanmoins, elle veut bien savoir si un de ses proches a été hospitalisé. Elle pense à Tony, mais il reste Simon aussi qui pourrait là, et dans une éventualité qui réjouirait beaucoup la taxi, si Eva pouvait y être dans un sac en polyester. « Ne sois pas mauvaise ! » lui dit-Camber dans un grondement qui amuse plus Lene que ça ne l’effraie. Elle sait que c’est sérieux, mais elle pense vraiment que ça une bonne nouvelle. . « Je suis sûre que sa mort t’affecterait plus que tu ne le crois » Ah, Camber. C’est adorable la manière dont personne ne soupçonne à quel point Lene peut être mauvaise et souhaiter des choses terribles. Elle n’ajoute rien. Elle n’a pas l’énergie de se lancer dans un débat. « Je vais aller demander quand même, j’essaie de faire au plus vite » dit-elle en partant. « Okaaaay. Si tu me cherches, je serais là. » répond t-elle avec un peu d’ironie. Pendant l’absence de Camber, Lene commence à rassembler ses pensées. Ce n’est pas vraiment la chose à faire, mais en observant le plafond, elle ne peut s’empêcher de se dire qu’elle est bien foutue, que ce qui est arrivé à terrible et elle ne cesse de se répéter qu’elle est en vie. Elle se demande aussi ce qui va bien pouvoir advenir d’elle. Elle aimerait bien qu’un médecin finisse par arriver pour faire le point sur la situation, mais la seule personne qui apparait à la porte, c’est Camber qui revient. « Bonne ou mauvaise nouvelle, tu es la seule Adams à avoir été hospitalisée. » Elle se rassure en s’disant qu’au moins ses frères n’ont rien, et que bon, elle s’en fout un peu d’Eva. « Je suppose qu’on va s’en réjouir. » répond t-elle tandis que Camber revient à son chevet. « Je sais bien que tu m’as dit tout à l’heure que tu t’en remettrais vite mais… j’ai entendu parler d’une cellule psychologique dans les couloirs en revenant ici et… ça serait tout à fait compréhensible que tu aies besoin d’aide pour oublier l’homme qui est mort à côté de toi. » Lene se tait, surprise. Ses sourcils sont froncés, le temps qu’elle réalise de quoi Camber lui parle, et elle n’est pas vraiment sûre de comprendre de quoi il s’agit. Cela dure un moment, où Lene ne dit rien, elle cherche à comprendre ce qui dans son attitude ait bien pu lui faire penser qu’elle ait besoin d’aide. « Je veux dire, ça n’a rien d’honteux »Effectivement, ça n’a rien d’honteux. Mais on parle de Lene et de sa fierté, de son incapacité à accepter n’importe quel type d’aide. Elle sort de son immobilisme en hochant la tête. « Je vais très bien. C’est bon, un type est mort à côté de moi mais je ne suis pas en sucre. Je ne m’en rappellerais sûrement pas demain, dont j’irais pas en causer avec une bonne de gens fragile qui ont besoin qu’on les plaigne pour se sentir bien. » Elle s’offusque, avant de se dire que Camber, elle veut son bien là dedans. Après s’être coupée et calmée, elle ajoute. « Je vais très bien, je t’assure. »
Parler d’alcool avec Lene était probablement la dernière chose que Camber se serait imaginé faire durant cette nuit désastreuse. Plus encore, le dernier sujet qu’elle aurait pensé aborder tout court avec elle. Pour une raison stupide, montrer l’exemple à la jeune femme consistait à lui faire croire qu’elle n’avait aucun penchant pour l’alcool. Si ce principe avait pu s’avérer utile lorsqu’elles étaient plus jeunes, il n’avait aucun sens aujourd’hui. La brune avait vingt-huit ans maintenant et n’avait certainement pas besoin de Camber pour contrôler sa consommation d’alcool. Alors pour une fois, la notaire s’autorisa à plaisanter sur le sujet, exposant au grand jour son amour presque addictif pour le vin. « Ouais, mais tu sais, c’est le petit truc négatif qui rend l’expérience très agréable, comme porter des chaussures trop petites. » Le sourcil droit arqué, la trentenaire observa un instant son interlocutrice, sceptique. Son argument avait peut-être beaucoup de sens dans l’esprit de Lene, mais la concernant, il n’avait rien de convaincant. En réalité Camber n’avait jamais compris ces femmes qui s’obstinaient à souffrir pour paraître plus belles et le fait que Lene puisse soutenir ce fait l’étonna d’autant plus. « Si tu le dis » avait-elle répondu sans cacher son incompréhension et l’amusement qui s’en découlait. A défaut de pouvoir aller leur chercher de quoi noyer leur expérience dans l’alcool, la brune proposa d’apporter à manger, pourtant bien conscience de la médiocrité des snacks proposés par l’hôpital. Cependant l’intérêt de Lene se porta bien rapidement sur le reste de sa famille, et tout particulièrement sur sa grande sœur tant aimée. Défendre Eva ne servait jamais à rien et plutôt que de contrarier Camber, son interlocutrice resta muette. « Okaaaay. Si tu me cherches, je serais là. » Dans le fond, la notaire préférait un silence diplomate plutôt qu’un débat sur le sujet beaucoup trop houleux qu’était la grande sœur Adams.
C’est donc sans broncher que la notaire avait suivi la demande de son amie, cherchant à se rassurer par la même occasion. Ayant appris de bonnes nouvelles dans la mesure où ni Tony ni Eva n’avait été admis suite à la tempête, elle s’était de nouveau rendue dans la chambre où Lene l’attendait, bien éveillée. « Je suppose qu’on va s’en réjouir. » La réponse qu’elle lui donna concernant l’annonce ne l’étonna guère compte tenu des propos qu’elle avait portés avant son départ de la chambre, mais au moins, elle n’ajouta rien de plus. La jeune femme devait se douter qu’être méchante envers Eva en compagnie de Camber était une perte d’énergie inutile. Et dans le cas où l’envie lui prendrait finalement, la trentenaire se permit de reprendre la parole pour un sujet pas beaucoup plus joyeux pour autant. Elle connaissait Lene depuis très longtemps désormais et savait qu’elle n’était pas le genre de personne à quémander de l’aide, mais elle ne pouvait se résigner à la laisser ainsi. Elle pouvait toujours lui répéter ce qu’elle voulait, se retrouver face à un homme mort était une expérience des plus traumatisantes. Plutôt que de lui proposer son propre groupe de parole, Camber lui parla alors d’un groupe mis en place par l’hôpital. « Je vais très bien. C’est bon, un type est mort à côté de moi mais je ne suis pas en sucre. Je ne m’en rappellerais sûrement pas demain, dont j’irais pas en causer avec une bonne de gens fragile qui ont besoin qu’on les plaigne pour se sentir bien. » Son ton froid ne manqua pas de braquer la notaire qui afficha aussitôt un visage vexé. Si elle s’était doutée que son idée ne lui plairait pas, elle ne s’attendait pas à tant de froideur. Néanmoins Lene se ravisa rapidement et ajouta autre chose plus calmement. « Je vais très bien, je t’assure. » Camber savait le combat perdu d’avance. Un peu déçue face à son entêtement, elle soupira. « D’accord... je te fais confiance » Sa voix n’avait rien de convaincant, mais une fois de plus, la brune savait qu’il fallait s’arrêter ici. Sans qu’aucune d’elles n’ait le temps d’ajouter quoi que ce soit par dessus le silence qui s’était installé, la porte de la chambre s’ouvrit sur un médecin qui les salua. « Est-ce que je peux m’entretenir seul avec Madame Adams s’il vous plait ? » demanda-t-il poliment à l’adresse de Camber. Obéissante, la trentenaire se leva aussitôt, oubliant de prendre appui sur la béquille qu’elle avait posé à côté d’elle. Dans une petite grimace, elle s’approcha de Lene et déposa un baiser sur son front. « Je t’appelle dès que je rentre à la maison pour prendre de tes nouvelles et te tenir au courant si j’ai des informations au sujet de Tony, d’accord ? » Puis sentant le regard impatient du médecin qui avait probablement mieux à faire que d’attendre, elle s’empressa de quitter la pièce en souriant tendrement à la blessée.