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 jamissan + karma police

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Message(#)jamissan + karma police EmptyDim 23 Oct - 20:06


☙ karma police


« Qu'est-ce que vous avez tous à vouloir partir en ce moment ? » s'exclame Théa, aux ressources humaines, avec une petite moue décidément bien déçue. J'arque un sourcil. « Comment ça ? » Il ne me semble pas avoir remarqué la moindre désertion de la part d'employés en ce moment. Nul besoin d'avoir des yeux partout pour être au courant de la moindre information circulant dans le bâtiment d'ABC. Après tout, c'est une fourmilière peuplée de journalistes à la langue bien pendue. Je dirais d'ailleurs que les seules personnes pour lesquelles le secret des sources si précieux à notre déontologie ne sont absolument pas appliquées, c'est lorsqu'un journaliste parle de l'un de ses confrères. Tout se sait ici, rien ne peut rester secret. C'est peine perdue. Par exemple, la rumeur concernant les entailles sur mes avant-bras s'est répandue comme une traînée de poudre. En quelques jours, je me suis retrouvé assailli par des centaines de regards compatissants , si bien que j'étais on ne peut plus heureux de pouvoir m'enfermer dans mon bureau afin de leur échapper. Après ma dispute avec Joanne sur le parking, là encore, les rares témoins ont fait passer le mot. Ainsi, dans l'enceinte d'ABC, plus personne ne sait qu'il faut me plaindre ou me craindre. Bien heureusement, tout cela ne dépasse jamais les portes du bâtiment. Tout ça pour dire que s'il avait été question de perdre de nombreux bons éléments, j'en aurai forcément eu vent.  « Oh bah j'en ai une qui a posé sa dem' ce matin, Hassan qui s'en va à Téhéran pour je-ne-sais combien de temps, maintenant toi, et puis avec cette floraison de congés maternité, je te dis pas le bazar que c'est. » J'acquiesce d'un signe de tête, comme si je pouvais comprendre pourquoi cela provoquait pareil cataclysme aux yeux de Théa alors que ce n'est absolument pas le cas. Après tout, c'est son domaine, et c'est la raison pour laquelle elle est aux ressources humaines et moi non. J'ai fièrement réussi à ne pas tiquer au moment où elle articula le nom de l'ex-mari de Joanne. Je me porte parfaitement bien en ignorant son existence, voire même, en la niant complètement et en vivant comme si cet individu n'avait jamais foulé la terre de cette planète. Qu'on se le dise, il n'est pas toujours aisé d'être sujet à une jalousie et une possessivité aussi maladives. Au point ou même le premier mariage de celle que l'on aime est une donnée qui fait du mal. Est-ce que la situation actuelle de notre couple est parvenue à me rendre indifférent face à la réalité de cette première union ? Absolument pas. Parce que ce qui est à moi l'est pour toujours, même ce qui ne l'est plus le reste, et le demeure à jamais. Et parce que ce qui m'appartient ne peut avoir d'autres maîtres passés, présents ou futurs. C'est un dédale dont personne ne sort. Quoi qu'il en soit, je mentirais si je disais que je ne suis pas ravi d'apprendre que Hassan quitte l'Australie. Téhéran, cela me semble raisonnablement loin. Je pourrais me contenter de pareille distance, et de ne plus avoir à redouter de croiser son visage au carrefour de chaque couloir. Je prends tout de même un air désolé face à Théa. Désolé qu'elle soit confrontée à autant de paperasse, dieu sait que cela est un enfer. « Je ne fais que… explorer toutes les pistes qui me sont données. Rien n'est acté. » Ses yeux noirs roulent comme deux mûres au sommet du coulis chocolaté de son double menton. Franchement, elle ressemble à un cupcake. « Tu peux me le dire si on te propose mieux ailleurs. » Si seulement. « Non, ce n'est pas ça. Ma vie est juste… chaotique, en ce moment. » Je me sens à la fois coupable et victime de la situation. Un comble diront certains. Comme si je n'avais pas le droit de me sentir également blessé par tout ceci. Joanne m'a brisé le coeur. Hannah m'a brisé le coeur. Mes points de repère s'envolent. Je ne trouve personne vers qui me tourner pour me confier. Parfois je me demande comment il est possible d'avoir des milliers de followers sur instagram et de se sentir malgré tout aussi profondément seul. « Parfois j'ai l'impression que c'est la seule chose à faire. » Partir. Pour un mois, deux, un an, ou pour toujours. Je ne saurais dire. Juste partir. Encore partir. Je soupire, puis me force un sourire, histoire de cesser d'avoir l'air aussi mélodramatique. Je tapote sur la table de Théa puis me lève, ne comptant pas m'éterniser plus longtemps. « Nous verrons bien ce qu'il en est. Merci pour ton écoute en tout cas. » « Pas de quoi. » dit-elle avec un large sourire offrant une vue imprenable sur la mastication de son chewing-gum devenu incolore. Il y aurait encore de l'espoir pour elle si tous les cadres sur son bureau ne comportaient pas des photographies de chats. Et mieux vaut ne jamais l'interroger sur ses chats. Sauf si vous ne voyez pas d’inconvénient à être coincé dans ce bureau pour les deux prochaines heures. De l'autre côté de la porte se tient le genre de mauvaise surprise dont je me passe volontiers. Mon regard passe au travers d'Hassan. Puis je le frôle comme un courant d'air pour m'enfoncer dans le couloir.
 
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Message(#)jamissan + karma police EmptyJeu 27 Oct - 0:55

Hassan était un peu frileux à l'idée de laisser à ABC les coordonnées nécessaires pour pouvoir le joindre durant son séjour à Téhéran. Le dernier séjour du brun dans son pays d'origine avait eu lieu dans une époque depuis longtemps révolue, une époque où le onze septembre n'était pas encore venu creuser le fossé aujourd'hui sans fond entre l'Orient et l'Occident, et totalement incertain quant à la manière dont il parviendrait (ou pas) à se fondre dans le décor, il ne souhaitait pas se mettre plus de bâtons dans les roues que nécessaire. Sa longue discussion avec Wyatt s'était donc faite sous le signe du compromis, un compromis de dernière minute compte tenu du fait que le brun prenait l'avion dans quarante-huit heures, et parvenus à un accord les deux hommes s'étaient salués, le brun rejoignant l'ascenseur pour passer déposer une enveloppe au service des ressources humaines. Machinalement il avait jeté un coup d'oeil à sa montre, il devait encore repasser par l'université pour récupérer le cadeau d'anniversaire de Yasmine, resté dans le tiroir de son bureau. Il ne l'avouerait jamais mais plus le moment de son départ approchait plus il se laissait gagner par l'incertitude, Yasmine, Joanne et même son frère Qasim s'ajoutant à d'autres craintes plus personnelles. Sortant de l'ascenseur en secouant la tête comme pour chasser ces pensées qui parasitaient son esprit depuis des jours, il avait traversé le couloir et trouvé le bureau de la RH fermé. Un peu dubitatif compte tenu de l'heure, et ayant encore l'espoir que les services administratifs d'ABC ne soient pas aussi irrécupérables que ceux de l'université, il s'était décidé à frapper, ouvrant la porte après avoir cru entendre une réponse.

D'abord simplement pris au dépourvu de trouver une personne de chaque côté du bureau, et soudainement incertain qu'on l'ait véritablement invité à entrer, il avait manqué s'excuser lorsqu'un bout de conversation probablement privée lui était parvenu « ... l'impression que c'est la seule chose à faire. » Au lieu de cela il avait gardé le silence. Le silence d'une phrase restée coincée au milieu de la gorge, et d'une voix à l'accent trop reconnaissable pour qu'il ne passe à côté. Sentant ses muscles se raidir d'un seul coup Hassan n'avait même pas eu besoin de se forcer pour ne pas écouter un traitre mot de la fin de la conversation, ses doigts se resserrant avec une rage muette autour de l'enveloppe qu'il tenait à la main tandis que le fiancé de Joanne passait à côté de lui. Dieu sait qu'il n'en méritait ni le titre, ni les honneurs. Hassan ? Les poings serrés, le bruit du papier froissé, le brun avait ravalé sa salive en prenant sur lui de ne pas faire le scandale qui envenimerait les choses. « Hassan ? » Ramené à la réalité par la voix de Théa, le brun avait secoué la tête « Pardon, oui ? » S'avançant de quelques pas il lui avait tendu l'enveloppe en tendant d'ignorer le regard dubitatif qu'elle lui avait lancé devant l'état de cette dernière. « Encore un qui s'en va. Vous allez finir par me rendre chèvre. » Incertain, Hassan avait désigné la porte comme pour s'assurer qu'elle parlait bien du dernier occupant de la pièce. Il s'en allait ? Évidemment. Devant le silence glaçant d'Hassan l'administrative avait repris « Quand est-ce qu'on te revoit, du coup ? » Elle semblait d'humeur à faire la conversation, c'était bien sa veine. Haussant vaguement les épaules, le brun avait tenté de donner le change « Je t'enverrai une carte postale, va. » La plaisanterie sonnait faux, le clin d’œil aussi, mais pas forcément pour les raisons que l'on croyait. Se dérobant avant d'être forcé de se soumettre à un nouveau sujet de conversation, Hassan avait refermé derrière lui la porte du bureau et tracé jusqu'au bout du couloir. Il était là, lui tournant le dos et appuyant de manière excédée sur le bouton d'appel de l'ascenseur.

Par faiblesse sans doute, Hassan avait songé emprunter les escaliers et s'éviter ainsi une contrariété de taille, mais la donne avait changé. Il n'y avait plus de raison de chercher à s'écraser devant cet homme, plus de raison de continuer de gober les salades et le piédestal sur lequel Joanne l'avait mis et dont Hassan s'était laissé convaincre par fatalisme. Terminé le bonheur factice que Joanne avait eu tellement à cœur de lui jeter au visage et qu'il avait gobé sans se poser la moindre question ... le prince charmant des temps modernes qu'elle lui avait vendu n'était finalement rien d'autre qu'un individu méprisable. Avec une lenteur calculée, l'australien s'était posté à sa hauteur, l’œil rivé sur le compteur lumineux indiquant les étages au-dessus de l'ascenseur. Calculée également, sa prise de parole tandis que les portes de la cabine s'ouvraient et qu'il commentait d'un ton grinçant « La seule chose à faire serait de ne pas revenir. » avant de s'engouffrer le premier dans l'ascenseur. L'anglais pouvait bien monter à son tour, désormais, Hassan ne lui aurait cette fois-ci pas fait le plaisir de préférer l'éviter. Au lieu de cela il s'était octroyé le droit de le fixer de cet air glacial qu'on lui connaissait si peu, tant il tranchait avec sa nature profonde.
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Message(#)jamissan + karma police EmptyVen 28 Oct - 1:49


☙ karma police


Nul besoin de faire demi-tour ou même de jeter un coup d'oeil par dessus mon épaule pour sentir la putride présence d'Hassan. A peine a-t-il fermé la porte du bureau de Théa que cette pestilence me chatouille les narines. Ses pas résonnant dans le couloir et marquant son avancée me hérissent peu à peu le poil d'un épiderme me démangeant de plus en plus. Foutu ascenseur. Ces machines sont forcément programmées pour vous trahir au pire moment. Il tombe en panne, ralentit, prend son temps, se fait capricieux lorsque vous êtes en tête-à-tête avec ce collègue que vous ne supportez pas. Ce collègue qui est en l’occurrence l'ex-mari de votre ex-fiancée. Je rappuie sur le bouton d'appel de la machine comme si cela pourrait changer quoi que ce soit à sa vitesse. A ce stade, même s'il me tombait sous le nez à la vitesse du son, je n'aurai d'autre choix que de le partager avec cet homme que je n'ai nul besoin de connaître pour ressentir de la haine à sa simple évocation abstraite. Je n'aurais jamais eu besoin d'un visage, d'un nom ou d'une voix à mettre sur ce statut d'ex-mari qui m'horripile tant que j'aurais détesté cet homme de tout mon coeur pour on unique existence sans oublier l'état dans lequel j'ai rencontré Joanne. Néanoins, la vie a voulu que je fasse face à cet individu, que je connaisse son visage, son nom, sa voix, afin d'avoir quelque chose de concret dans laquelle placer cette aigreur viscérale. Car je ne connais pas l'homme si ce n'est son cynisme et cette forme de spleen qui s'échappe de son regard et que j'ai pu constater lors de notre première rencontre fortuite. Je ne sais de lui que je le que j'ai accepté d'entendre de la bouche de notre petite blonde commune, à savoir les circonstances obscures de leur divorce. Les faits concrets que j'ai pu expérimenter pour justifier mon rejet physique de ce personnage, c'est la peur des hommes de Joanne à l'époque, sa méfiance maladive, et l’annihilation totale de sa confiance en elle qu'avaient causés cet événement. Qu'il avait causés. Il est désormais à mes côtés, s'efforçant sûrement avec la même ferveur à m'ignorer royalement et poursuivre son chemin. Partager un ascenseur, personne n'en mourra. La machine arrive enfin et tinte sa sonnerie si spécifique alors que les portes s'ouvrent sur une cabine vide. Avant de s'y engouffrer, Hassan ouvre la bouche. Et bien entendu son pic ne me laisse pas de marbre. Mes yeux ronds le dévisagent. A-t-il écouté toute ma conversation avec Théa ? Vraiment ? Mais la question serait plutôt de qu'est-ce qui lui prend ? Nous sommes parfaitement parvenus à cohabiter dans le même bâtiment pendant des mois, le voilà qui ruine tout. Mon temps de réaction laisse l'ascenseur croire qu'il peut repartir ; d'une main, je m'interpose entre les portes sur le point de se refermer et entre à mon tour dans la cabine. « Excusez-moi ? » Mystère de la rhétorique, car à vrai dire, je me fiche qu'il m'excuse de quoi que ce soit et je me fiche de m'imposer dans son espace vital lorsque je fais un pas de trop vers lui afin de lui faire comprendre qu'il s'est permis une remarque déplacée face à la plus mauvaise personne sur les nerfs de laquelle il pouvait avoir subitement envie de courir. « Je crois que vous ne devriez pas donner de conseils que vous ne sauriez suivre vous-même. » je reprends en toisant cet ersatz de rival. « Après tout vous êtes un expert en matière de retours inopportuns. Alors gardez vos remarques bien senties pour votre personne. » Machinalement, puisqu'il est des gestes que l'on ne peut s'empêcher de faire en absolument toutes situations, comme touiller son café ou tripoter un stylo à portée de main, j'appuie sur le bouton de mon étage. La machine fait route vers le haut du bâtiment. « C'est quoi votre problème ? » je demande, sourcils froncés, le regard baissé sur Hassan. Plus que le fait que cet homme ait pu s'amuser à écouter aux portes pour je ne sais quelle raison, plus que le contenu même de sa phrase, c'est tout ce que celle-ci implique qui me fait réagir au quart de tour. Et mon esprit refuse de comprendre ce qu'il envisage pourtant tout à fait, à savoir que l'ex-mari sait quelque chose qu'il ne devrait pas savoir qui a motivé son intervention.
 
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Message(#)jamissan + karma police EmptyJeu 3 Nov - 10:52

Ce n'était pas ainsi qu'Hassan agissait, ce n'était pas sa manière de faire, sa manière d'être. Alors c'était peut-être lui, Jamie, qui réveillait chez le brun les mauvais instincts qu'il ne laissait pas s'exprimer le reste du temps. Il y avait presque cru pourtant, il avait bu les paroles de Joanne à son sujet sans se poser de questions parce qu'il n'avait jamais trouvé de raisons de le faire, pas même lorsqu'elle avait répété, rabâché comme pour enfoncer le clou, et lui avait donné l'impression de piétiner volontairement et sans remords dix ans de vie commune pour les beaux yeux du premier venu … Il n'avait pas bronché et suivi la naïveté qui caractérisait la relation qu'il avait toujours eu avec la blonde : si ce Jamie avait su toucher le cœur de Joanne alors sans doute n'était-il pas un mauvais bougre. Hassan s'était effacé du tableau sans que personne n'ait à le lui demander en se contentant de ce simple fait, et aujourd'hui il prenait la mesure de sa propre bêtise. Comme si par ses aveux la jeune femme avait gratté la surface trop lisse de ce prince charmant pour en découvrir le crapaud qui se cachait en-dessous, colérique, possessif, violent. Surtout violent. Et ce qui aux yeux de l'australien n'était qu'une fatalité était devenu un crève-cœur doublé d'une injustice, de celles qui provoquaient chez lui une colère muette. « Excusez-moi ? » Suivant le britannique des yeux tandis qu'il imposait aux portes de l'ascenseur de rester ouvertes quelques instants supplémentaires pour s'y glisser à son tour, Hassan avait gardé le silence. Il l'avait très bien entendu, inutile de tenter de faire croire le contraire. Il n'avait pas cillé non plus lorsque, espérant sans doute lui faire peur, Jamie s'était planté devant lui l’œil menaçant. Mais peur ? Celui des deux qui avait le plus à perdre n'était pas forcément celui que l'on pensait. « Je crois que vous ne devriez pas donner de conseils que vous ne sauriez suivre vous-même. Après tout vous êtes un expert en matière de retours inopportuns. Alors gardez vos remarques bien senties pour votre personne. » En guise de geste menaçant, l'homme s'était contenté d'appuyer rageusement sur le bouton de son étage, et le toisant quelques instants Hassan s'était presque étonné de ce gaillard qui montrait les crocs mais ne mordait pas, sans doute en espérant que cela suffise à dissuader. « Je ne crois pas au hasard. » Plantant son regard dans celui de son interlocuteur, le brun avait repris avec un calme maîtrisé « Pas plus à celui de votre situation actuelle qu'à celui de mon ''retour inopportun''. » Et par situation actuelle il comprendrait bien ce qu'il aurait envie de comprendre, tout dépendrait probablement de sa conscience et de ce qu'elle était capable d'admettre. Mais rien n'était jamais histoire de hasard, et surtout pas les instants et les circonstances ayant remis Joanne sur sa route, et sur lesquelles même Jamie et la veine qui palpitait sur sa tempe n'avaient pas d'emprise.

Se décalant d'un pas, Hassan avait à son tour tendu le bras pour appuyer sur le bouton de l'étage au-dessus de celui de Jamie, pas décidé à mâcher le travail de son interlocuteur s'il se complaisait ainsi à jouer à celui qui ne comprenait pas. « C'est quoi votre problème ? » l'avait-il pourtant alpagué quelques instants plus tard, le brun soudainement tiraillé entre l'agacement que lui inspirait cet homme qui jouait à moins malin qu'il ne l'était et l'amertume qui le prenait en imaginant Joanne au bras de l'individu tel qu'il le voyait désormais. « Oh je pense que vous devriez en avoir une vague idée, en cherchant bien. » Ou bien allait-il avoir l'audace de jouer à celui qui pensait n'avoir rien à se reprocher, attendant patiemment qu'Hassan verbalise ce que l'un et l'autre savaient déjà, l'un parce qu'il en était l'auteur et l'autre parce qu'il avait suffisamment foi en la parole de leur bonde commune pour ne pas songer à la remettre en cause. « Vous ne m'impressionnez pas. Et soyez certain que si vous persévériez dans votre manière d'agir, je serais le premier à m'assurer que vous ne nuisez plus à qui que ce soit. Je ne vous apprends rien en vous rappelant que je n'ai rien à perdre. » Contrairement à lui. Jamie ne le méritait probablement pas, l'amour aveugle et inconditionnel de Joanne, mais il l'avait malgré tout, malgré sa manière de la traiter visiblement à des années lumières que ce que la blonde, elle, méritait. Il l'avait et le perdre semblait ne tenir qu'à un fil, un cheveux, un presque-rien.
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Message(#)jamissan + karma police EmptyJeu 3 Nov - 23:56


☙ karma police


Le hasard n'a rien à faire là-dedans. Je n'y crois pas non plus, je n'y ai jamais cru. J'ai toujours été persuadé que tout événement a lieu pour une raison dépendant de tenants et d'aboutissants ayant également une raison d'être. Comme si la vie était à l'image d'une longue chaîne se construisant maillon après maillon, chacun dépendant des précédents. Néanmoins, c'est une image bien moins plaisante soudainement lorsque Hassan insinue que cette logique s'applique à sa réapparition dans la vie de son ex-femme, qui sonne à cet instant plus vive qu'il y a quelques mois de cela, quand Joanne m'expliquait qu'il souhaitait garder ses distances avec elle. Le ton, aujourd'hui, laisse penser tout autre chose. Quelque chose que je ne laisserai pas avoir lieu ; lui, faisant partie intégrante de l'entourage de la petite blonde. Je ne réponds rien, mais mon regard se fait plus sombre sous es sourcils froncés par la contrariété. Je dévisage le brun, cherchant dans ses traits et dans l'éclat de ses yeux la raison de sa soudaine intervention dans le couloir. Faute de don d’ubiquité, les pensées d'Hassan demeurent un mystère pour moi ; je lui demande concrètement de m'avouer ce qu'il me reproche, et plutôt que de recevoir une réponse claire et concise, l'homme me lance l'équivalent d'un haïku iranien. Je soupire d'exaspération. Il n'y a pas assez d'étages dans ce bâtiment pour poursuivre cette conversation correctement. Cette fois, mon doigt enclenche l'arrêt de la machine. Personne ne devrait s'en inquiéter, nous n'en avons pas pour longtemps. « Écoutez, l'homme des sables, arrêtez donc de vous la jouer mystérieux à coups de belles phrases vagues. Vous entendez des violons ? Non, parce que vous n'êtes pas dans un film. Si vous avez quelque chose à dire, dites-le sans prendre de détours, parce que je n'ai pas de temps à perdre en charades. » A quoi bon passer par quatre chemins alors qu'Hassan pourrait simplement se faire clair ? Quitte à utiliser des mots, autant en faire des phrases pleines de sens, et cesser de brasser de l'air. Le brun se fait plus éclairant lorsqu'il me menace d'agir afin de m'empêcher de faire du mal. Il est aisé de comprendre qu'il fait référence à Joanne. Sûrement a-t-il entendu la rumeur qui enfle dans les studios. J'arbore un rictus narquois en écoutant Hassan se montrer si brave devant moi car il n'a plus rien à perdre selon son propre avoeu. Un instant, en silence, je regarde autour de nous, fait mine de tendre l'oreille, à la recherche d'un quelque chose invisible. « Toujours pas de violons. » Autrement dit, je me fiche ce qu'il a à perdre ou non, son existence ne m'intéresse pas, ses motivations non plus. Savoir qu'il respire m'insupporte, et à mes yeux, cette capacité à user de chacun de ses organes vitaux est une chose que le brun peut encore perdre et un privilège de trop en sa possession. Je ne vois en lui que le plus grand élan d'hypocrisie qui soit, lui, l'ex-mari ayant demandé le divorce sans jamais donner d'explication, se montrant soudainement si protecteur envers celle qu'il a abandonnée. « Qui est-ce que vous pensez menacer comme ça, hm ? » je demande avec un petit rire. Mais ce rictus amusé disparaît bien vite. Je ne joue pas avec un homme pareil, et je ne vais certainement pas tourner autour du pot. Nous ne sommes pas faits pour respirer le même air plus d'une poignée de secondes. « Ce qu'il se passe entre Joanne et moi ne vous regarde plus ni de près, ni de loin. N'espérez pas être crédible dans le rôle du chevalier blanc après la manière dont vous l'avez lâchée. Vous lui avez nui bien plus que moi, et j'étais là pour ramasser les dégâts que vous avez laissés derrière vous après l'avoir jetée dans raison. Vous avez détruit son estime et sa confiance en elle-même ainsi qu'en qui que ce soit. » Encore aujourd'hui, le travail à effectuer pour reconstruire ces morceaux d'elle constitue une tâche titanesque à l'origine de bon nombre de nos désaccords. Hassan, son frère, sa sœur, ses parents, tous ont fait d'elle le pauvre animal blessé qu'elle est aujourd'hui, et aussi condamnable mon comportement puisse-t-il être, Dieu sait à quel point je me suis investi dans la reconstruction d'une jeune femme qui n'est que l'ombre de celle qu'elle pourrait être. « Pour qui vous vous prenez exactement ? Vous n'êtes pas un exemple de vertu. Ne faites pas comme si sa vie et son moral vous importent désormais, parce que ce n'était pas le cas il y a quelques années. Est-ce que vous aviez seulement une bonne raison de divorcer si brutalement ? » J'en doute. Il a rejeté Joanne. Il s'est montré complaisant dans le partage des biens, certainement pour se défaire d'une partie de la culpabilité sur ses épaules, mais cela n'empêche qu'il s'est pas retourné, qu'il ne s'est pas expliqué, et qu'il a laissé son ex-femme face à la pensée qui l'a rongée pendant des mois, cette voix lui répétant que tout était de sa faute. J'ai rencontré une enveloppe de chair vide, création d'Hassan. Et de cela, il ne s'est jamais soucié. Ce que je pense, c'est que ce retournement de veste prouve qu'il ne peut pas supporter l'idée qu'elle puisse vivre sans lui, tourner la page. L'oublier. L'on ne fait pas pire que l'indifférence et l'oubli après tout. « Alors nous avons peut-être nos mauvais jours et nos disputes, mais n'oubliez pas votre place. Et elle ne vous permet certainement pas d'émettre le moindre commentaire. »
 
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Message(#)jamissan + karma police EmptyDim 6 Nov - 4:01

Le stoïcisme d'Hassan tranchait avec l'agitation palpable de Jamie, que le brun pouvait presque voir bouillir de l'intérieur, en s'attendant presque à voir de la fumée s'échapper de ses oreilles. Et, paradoxalement, plus le britannique semblait fulminer plus Hassan s'enfonçait dans son - apparente - impassibilité. Un rictus mauvais s'était malgré tout étiré furtivement sur ses lèvres lorsque le journaliste avait enclenché l'arrêt d'urgence de l'ascenseur, immobilisant la cabine entre deux étages, le brun presque tenté de le croire encore moins malin qu'il ne l'imaginait s'il espérait régler la situation à l'aide de ses poings ... Comme si ce n'était pas déjà le cœur du problème. « Écoutez, l'homme des sables, arrêtez donc de vous la jouer mystérieux à coups de belles phrases vagues. Vous entendez des violons ? Non, parce que vous n'êtes pas dans un film. Si vous avez quelque chose à dire, dites-le sans prendre de détours, parce que je n'ai pas de temps à perdre en charades. » Passant sur le vieux relent de racisme qui émanait de sa première réflexion, preuve supplémentaire s'il en fallait une que la liste des défauts de l'individu n'en finissait jamais de s'allonger si l'on grattait la surface, Hassan avait vaguement levé les yeux au ciel et sifflé avec une pointe d'agacement « Ne vous faites pas plus bête que vous ne l'êtes. » La bêtise le rendrait probablement moins dangereux, et ses vaines tentatives de théâtraliser la situation pour tenter d'en inverser les rôles, son numéro de clown qui minaudait « Toujours pas de violons. » presque en mesure d'inspirer un brin de pitié à Hassan si l'homme ne lui inspirait pas déjà un mépris sans bornes, suffisaient à prouver que l'oiseau savait très bien de quoi il était question. Ne manquaient plus au journaliste que les couilles pour oser le verbaliser, mais rien n'était venu ... Le bourreau ne s'assumait à l'évidence que face à sa victime.

L'agitation teintée d'agacement de l'un et le stoïcisme de l'autre s'enlisaient à tel point que la situation en devenait presque cartoonesque. Mais privé de la certitude qu'Hassan se lançait à l'aveugle sans savoir de quoi il parlait, Jamie avait envisagé la menace avec une légèreté factice, son ton moqueur abandonné à peine avait-il sifflé « Qui est-ce que vous pensez menacer comme ça, hm ? » pour tenter sans grande surprise de noyer le poisson en espérant pouvoir comparer ses actions présentes à celles, passées, du brun. Comparer l'incomparable, la défense était tellement grossière qu'Hassan n'aurait pas imaginé que son interlocuteur en userait, et le voilà pourtant qui crachait « Ce qu'il se passe entre Joanne et moi ne vous regarde plus ni de près, ni de loin. N'espérez pas être crédible dans le rôle du chevalier blanc après la manière dont vous l'avez lâchée. Vous lui avez nui bien plus que moi, et j'étais là pour ramasser les dégâts que vous avez laissés derrière vous après l'avoir jetée dans raison. Vous avez détruit son estime et sa confiance en elle-même ainsi qu'en qui que ce soit. » en ne moquant le pseudo-statut de chevalier qu'il croyait percevoir en Hassan simplement pour mieux l'endosser ensuite. Jamie Keynes "sauveur de ces dames", offrez-lui un doigt et il vous prendra le bras (et vous le cassera). La mauvaise foi l'australien ne s'en étonnait pas, pas beaucoup plus qu'il ne s'étonnait des tentatives de Jamie pour tenter de se donner le beau rôle en oubliant que violence et intimidation ne faisaient pas partie de la panoplie du sauveur qu'il souhaitait s'auto-attribuer. Qu'il ose se permettre de remettre en cause la dévotion et l'attachement d'Hassan envers Joanne en aboyant « Pour qui vous vous prenez exactement ? Vous n'êtes pas un exemple de vertu. Ne faites pas comme si sa vie et son moral vous importent désormais, parce que ce n'était pas le cas il y a quelques années. Est-ce que vous aviez seulement une bonne raison de divorcer si brutalement ? » en revanche, provoquait chez l'intéressé colère, amertume, et mépris. « Alors nous avons peut-être nos mauvais jours et nos disputes, mais n'oubliez pas votre place. Et elle ne vous permet certainement pas d'émettre le moindre commentaire. » Cette fois-ci c'était de la bouche d'Hassan que s'était échappé ce rire mauvais, jaune, la réaction face à une situation qui aurait pu être risible si elle n'était pas si dramatique.

Le britannique semblait encore espérer, croire que ses actions ne porteraient jamais à conséquences, croire que la justice - celle des hommes ou celle d'Au-Dessus - resterait indéfiniment muette et sourde. Orgueilleux, à ajouter à la liste également. « "Mauvais jours" ... c'est comme ça que vous les appelez ? Les jours où vous la menacez ? Où vous l'insultez ? Où vous la frappez ? Ou bien est-ce que vous allez aussi avoir l'audace de nier et de la traiter de menteuse ? » A en juger par ce que lui avait avoué Joanne, Hassan n'en serait même pas réellement étonné, bien que là où la parole de la blonde avait toute valeur à ses yeux la parole de Jamie Keynes, en revanche, ne valait absolument rien. « Si vous la pensez suffisamment crédule et naïve pour se tourner vers moi sans que je n'ai eu l'occasion de lui avouer les raisons qui m'ont forcé à divorcer, et donc de lui prouver l'affection et la dévotion que je n'ai pas cessé une minute d'avoir à son égard, alors vous ne la méritez pas. Mais vous êtes bien trop bouffi d'orgueil pour envisager qu'elle ne veuille plus se contenter de la manière misérable dont vous la traitez. » Peut-être même qu'il vivait suffisamment en dehors des réalités pour se penser grand prince, pour se dire que des bijoux, une jolie robe ou une belle maison valaient bien le fait que Joanne souffre en silence et se montre docile en retour, comme si l'abnégation se monnayait. « Peut-être même que ça vous rend toute chose, l'idée qu'elle soit terrorisée par vous. » Ce n'étaient pas comme ça que fonctionnaient les détraqués dans son genre, à la peur ? S'écartant de Jamie presque avec dégoût, Hassan avait appuyé à son tour sur le bouton d'urgence de l'ascenseur pour le remettre en fonction, se souciant bien peu de l'éventuelle volonté de son interlocuteur de poursuivre cette parodie de conversation. « J'ai tout sacrifié pour Joanne. Même le fait de pouvoir rester avec elle, et si c'était à refaire je le referai sans hésiter parce que notre bonheur à deux ne valait pas que je sacrifie son bonheur à elle ... et bon dieu je vous jure qu'on l'était, heureux. Alors oui, si vous l'aimiez vraiment plutôt que de vous satisfaire de l'idée écœurante qu'elle vous appartient ou vous doit quoi que ce soit vous partiriez, et vous ne reviendriez pas. Vous penseriez à ce qu'elle pourrait être sans vous, plutôt qu'à ce que vous seriez sans elle. » Est-ce que tout cela tomberait dans l'oreille d'un sourd ? Probablement. Est-ce que Jamie l'emporterait au paradis pour autant ? Probablement pas. Parce qu'encore une fois Hassan ne croyait pas au hasard, jamais, ni celui du retour de Joanne dans son existence, ni celui de la tour d'ivoire de Keynes qui s'écroulait, ni même celui qui un jour où l'autre rendrait au centuple à cet homme le mal qu'il aurait fait autour de lui.
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Message(#)jamissan + karma police EmptyJeu 17 Nov - 18:48


☙ karma police


Nul ne saurait être plus mal placé pour me faire la leçon que l’homme qui a brisé le cœur de Joanne en premier lieu et d’une manière aussi abjecte que l’on m’en a fait le récit ; sans coup de sommation, sans explication, sans signe de vie par la suite, rien. Certes le mal est tout autre et n’excuse en rien la violence des échanges que nous avons eu la jeune femme et moi. Rien ne peut l’excuser. Néanmoins je peux au moins me défendre des véhémences de cet ex-mari soudainement si impliqué dans la vie de celle qu’il avait réduit en miettes quelques années plus tôt. Il n’est pas question que je me laisse faire, pris de haut par cet individu dont les piques bien sentis ne font qu’alimenter mon mépris. Il est si simple et si suffisant d’intervenir de la sorte, d’émettre foule de jugements et de déblatérer sur un sujet dont le brun ne sait rien. Ma mâchoire se serre, l’émail de mes dents subit la pression de l’aversion qui nourrit ma colère à son égard. C’est à croire que l’homme cherche à me faire sortir de mes gonds afin de se donner raison, songeant que ce bâtiment où nous travaillons tous deux forme autour de lui une protection suffisante contre cette violence qui m’échappe trop souvent. Et cela doit se deviner, mon regard, avec qu’elle volonté j’appuie sur la tête de ces démons afin de les maintenir sous l’eau. Sans quoi Hassan ne quitterait pas cette cabine d’ascenseur en un morceau. Mais il y a une goutte d’eau, un commentaire de trop qui me fait céder juste une seconde, la seconde suffisante pour que la rage s’infiltre dans cet espace réduit, et plutôt que d’abattre mon poing sur la figure de l’universitaire, mes phalanges s’écrasent sur la paroi métallique proche des boutons des étages. Que l’on puisse penser que je me complais dans la peur que j’insuffle à celle que j’aime me met hors de moi. « Comment osez-vous dire une chose pareille ? » je crache avec dégoût à l’insecte qui a définitivement perdu tout statut d’homme à mes yeux. « Comment osez-vous ? » Mes jambes effectuent un pas en arrière, évitant toute avancée fatale vers Hassan. Qu’importe s’il se donne raison de me penser dangereux, grand bien lui fasse. N’étais-ce pas ce qu’il souhaitait dans le fond, et la seule chose que ses œillères lui auraient permis de voir en moi ? « Je donnerais ma vie pour elle et notre fils, je ferais absolument tout. Et vous ne pouvez pas imaginer une seule seconde la moitié de ce que j'ai déjà pu faire pour eux. » Entre ce traitement m’ayant désincarné pendant des mois, justement pour ne plus voir la peur dans le regard de Joanne tous les jours, mais aussi la ruine que j’ai connu en payant la rançon de l’enlèvement de Daniel. J’ai enterré mon père, j’ai enfermé ma mère afin qu’elle ne soit plus une menace pour nous. J’ai quasiment laissé pour mort l’homme qui nous harcelait depuis des mois dans les toilettes d’un hôtel en faisant fi des conséquences. Joanne seule sait que mes limites concernant la sécurité de notre famille sont inconnues et certainement inexistantes. « Vous ne me connaissez pas, et vous vous permettez de prétendre le contraire en prenant de grands airs, mais vous n'avez pas la moindre idée de ce dont vous parlez. Votre orgueil transparaît aussi, Hassan. Vous ne savez pas qui je suis, vous ne connaissez rien de l'histoire qui nous lie Joanne et moi, et cela vous dépasserait totalement. » Nous avons d’ailleurs depuis longtemps abandonné l’idée que qui que ce soit puisse comprendre que les sentiments si beaux pour lesquels certains écrivent des chansons et d’autres peignent des toiles puisse être aussi violent et déraisonnable. Nous seuls voyons la beauté dans notre chaos, la force incommensurable de cet amour qui fait souvent autant de bien que de mal, si superbe dans les hauts, si terrible dans les bas. Hassan ne fait guère exception. Ce qu’il voit, c’est un homme trop grand, trop fort, qui bat une jeune femme trop frêle, trop innocente. Son orgueil repose dans le fait qu’il puisse penser que tout est aussi simple, et que cette histoire de ne se résume qu’à cela. Bien évidemment, dans sa complète ignorance, Hassan s’érige en héros. « Et vous pensez savoir ce qu'elle sera sans moi, n'est-ce pas ? » je demande avec un petit rire. Pourtant, ces paroles-là ne tombent pas dans l’oreille d’un sourd. Oui, que serait-elle sans moi ? Néanmoins, ce n’est pas le moment d’admettre que mon rival a mis le doigt sur une hypothèse qui mérite son temps de réflexion. « Avez-vous songé ou vu ce qu'elle a été sans vous, grâce à votre immense magnanimité ? Oh, non, c'est vrai. Vous n'en avez rien eu à faire pendant plus d'un an. » Mais le revoilà, sur son cheval blanc. Enfin mon pouls a repris un rythme normal, et ma voix un ton plus calme, me rendant une allure plus civilisée. Dieu sait pour combien de temps si je dois encore souffrir de cette conversation. Heureusement que ce voyage en ascenseur est trop court pour que nous déblatérions plus longtemps sur nos points de vue opposés ou que nous continuions à nous cracher notre mépris. La sonnerie annonce notre arrivée à notre premier arrêt. « Vous êtes un misérable petit homme à la recherche d'une attention et d'une rédemption que vous ne méritez pas. » dis-je alors que les portes s’ouvrent en effet sur mon étage. Je quitte la cabine ; mon pied bloque la machine encore un court instant. « Une dernière chose, le sauveur de ces dames. Puisque vous étiez si éperdument amoureux et incroyablement heureux, pourquoi avoir divorcé ? » Une partie de moi ne s'attend pas à recevoir une réponse claire, cela ne me regarde pas après tout, et l'autre pense que Hassan ne manquerait pas une occasion en or de me jeter à la figure, une dernière fois, son amour et ses sacrifices pour Joanne.
 
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Message(#)jamissan + karma police EmptyVen 20 Jan - 21:04

On avait peine à croire qu'une si petite boite puisse contenir autant de rancœur et de ressenti, que cet ascenseur suffise à les contenir tous les deux, et finalement il n'y avait pas plus de surprise dans le regard d'Hassan que dans celui de Jamie, quand le poing de ce dernier s'était abattu lourdement contre la paroi métallique, écrasant avec véhémence les boutons permettant de choisir sa destination. Pas de surprise, mais pas de satisfaction non plus, malgré une réaction à la mesure de ce qu'Hassan pensait devoir attendre de l'homme dernièrement décrit par Joanne. Une curiosité presque malsaine le poussait à se demander s'il parvenait toujours aisément à cacher son jeu, ou si inlassablement le vernis finissait par se craqueler et dévoiler ce qui ne pouvait pas se deviner au premier abord. Si Joanne était la première à connaître le revers de la médaille, ou si elle n'était que le dernier nom d'une longue liste de personnes qui auraient juré qu'on ne les y reprendrait (peut-être) plus ? « Comment osez-vous dire une chose pareille ? Comment osez-vous ? » avait-il pourtant vociféré avec véhémence. « Je donnerais ma vie pour elle et notre fils, je ferais absolument tout. Et vous ne pouvez pas imaginer une seule seconde la moitié de ce que j'ai déjà pu faire pour eux. » Probablement pas, non, mais au fond cela lui importait assez peu, il n'était pas question d'équilibre ou de bonnes actions pour tenter de racheter les mauvaises ... Il n'était question que de sécurité et d'intégrité physique, deux choses auxquelles, chez Joanne, cet homme s'était permis de porter atteinte en gageant que ses déclarations enflammées et ses cadeaux onéreux suffiraient à l'excuser. « Vous ne me connaissez pas, et vous vous permettez de prétendre le contraire en prenant de grands airs, mais vous n'avez pas la moindre idée de ce dont vous parlez. Votre orgueil transparaît aussi, Hassan. Vous ne savez pas qui je suis, vous ne connaissez rien de l'histoire qui nous lie Joanne et moi, et cela vous dépasserait totalement. » Avançant d'un pas, puis deux, en direction des portes coulissantes qui fermaient l'ascenseur, Hassan s'était contenté d'un vague sourire entendu, relevant les yeux vers l'affichage de l'étage plutôt que d'accorder un énième regard à son interlocuteur, vraisemblablement désireux d'avoir un public « Je me fous bien de qui vous êtes. » Son nom, son titre, ou même ses intentions ... ? A d'autres. Keynes n'était qu'un homme parmi d'autres, ne lui en déplaise, et son caractère violent ne le rendait pas spécial, tout juste le rapprochait-il plus que la moyenne de l'animal. « Et je me fous bien de l'histoire qui vous lie, comme vous dites, ça ne justifie pas vos actions. Je vous défends de lever à nouveau la main sur elle ou de proférer des menaces à son égard, n'imaginez pas que j'hésiterais un seul instant à vous le faire payer. » Et l'autre chose dont il se foutait bien, c'était que Jamie continue de se croire intouchable. Hassan savait bien, lui, que le karma finissait toujours par vous revenir en pleine face ; Il attendait simplement le moment opportun.

Avec toute la lourdeur qui caractérisait son enveloppe de métal, la cabine d'ascenseur s'était remise en route, et avec elle le grésillement sourd supposé les mener jusqu'à leurs étages respectifs. Les phalanges rougies par son accès de colère, Jamie semblait lutter pour ne pas s'emporter à nouveau tandis qu'Hassan sous-entendait qu'il devrait être en mesure de se rendre compte par lui-même qu'il n'apportait plus rien de bon à Joanne, désormais. « Et vous pensez savoir ce qu'elle sera sans moi, n'est-ce pas ? Avez-vous songé ou vu ce qu'elle a été sans vous, grâce à votre immense magnanimité ? Oh, non, c'est vrai. Vous n'en avez rien eu à faire pendant plus d'un an. » Il semblait ne se raccrocher qu'à cela, en définitive. Jamie s'accrochait à l'idée qu'Hassan avait totalement cessé de se préoccuper du sort de Joanne, comme si l'idée que la réalité puisse être toute autre l'inquiétait trop pour qu'il ose la prendre en compte ... Il n'avait rien compris, au fond, et rien appris. « Au fond c'est tout ce qui vous importe, j'me trompe ? Vous voyez ça comme une putain de compétition, et ça vous rend malade l'idée que je ne sois pas le parfait connard à côté de qui vous pourriez vous comparer en étant certain de conserver le beau rôle. » Mais c'était aussi tellement facile  de se déclarer vainqueur face à quelqu'un qui avait abandonné la compétition, aucun challenge. « Joanne est capable de s'en sortir seule, elle-même a tendance à l'oublier, mais je sais qu'elle en est capable ... Elle n'a pas besoin de vous, et pas besoin de moi non plus. La seule personne que vous essayez de protéger en vous persuadant du contraire c'est vous-même. » Ponctuant la fin de sa phrase l'ascenseur avait teinté pour indiqué l'ouverture des portes, Jamie quittant la cabine tandis qu'Hassan faisait un pas de côté pour occuper le milieu de l'espace. « Vous êtes un misérable petit homme à la recherche d'une attention et d'une rédemption que vous ne méritez pas. » N'estimant pas qu'une réponse soit nécessaire, Hassan s'était contenté d'un fin sourire entendu, et avant glissé les mains dans les poches de son jean. La rédemption se réservait à ceux qui regrettaient leurs actions, et malgré les dommages collatéraux dont Jamie était l'exemple parfait, Hassan ne regrettait rien. « Une dernière chose, le sauveur de ces dames. Puisque vous étiez si éperdument amoureux et incroyablement heureux, pourquoi avoir divorcé ? » Alors Joanne n'avait rien dit, pas à ses parents, pas à lui, sans qu'il sache si elle se sentait gardienne d'un secret qui ne devait pas être révélé ou si elle préférait qu'Hassan reste aux yeux des autres l'homme qui l'avait quittée sans raison valable. Peu importe, si ce n'était plus un secret pour Joanne alors ce n'était plus un secret tout court. « Ça vous intéresse, tout à coup ? » Probablement pas, mais à la façon dont il venait de bloquer la fermeture de l’ascenseur avec son pied l'homme attendait une réponse, et ne questionnait pas de façon rhétorique. « Parce que j'avais un cancer. Et que le seul conseil qu'a su me donner celui qui me l'a annoncé c'était de profiter de ma famille "tant que je le pouvais" ... et si vous connaissez Joanne aussi bien que vous le dites, alors vous savez comment elle est. Elle s'en serait rendue malade. Et devenir veuve ? Elle ne s'en serait jamais remise. » Sans rien dire Jamie avait retiré son pied, et sans plus attendre les portes de l'ascenseur s'étaient refermées, mettant ainsi fin à la conversation et leur évitant à tous les deux de devoir y trouver une quelconque conclusion.
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