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Message(#)seamless - event (camber) EmptyMar 25 Oct 2016 - 0:39


you're right by my side whenever i need you, through the hardest times, i'll be there for you. at the crack of dawn when the moon is gone, i won't be hard to find, 'cause you and me, oh yeah we're seamless.

(☆☆☆)


Il ne saurait dire depuis combien de temps il était assis dans ce fauteuil, bercé par le « bip » incessant des machines qui meublaient presque exclusivement cette chambre froide et angoissante. Les yeux dans le vague, la mine inexpressive, Saul était comme spectateur de sa propre impuissance, tandis qu'il croyait voir une même scène se répéter depuis maintenant plusieurs heures. Il y avait ces médecins qui enchaînaient les allers-retours à travers le couloir, dépassés par le nombre incalculable de patients qu'on conduisait aux urgences après que la tempête ait fait d’innombrables dégâts, et dont les pas venaient parfois rompre le pesant silence qui régnait tout autour de lui. Il y avait aussi tous ces écrans qu'il était incapable de déchiffrer mais auxquels ses yeux se raccrochaient parfois, peut être dans l'espoir d'y lire quelque chose qui viendrait le rassurer. Et puis il y avait son père, allongé dans ce lit, l'air paisible et serein. Son père qui ne réagissait ni au contact de sa main sur la sienne, ni aux quelques mots que Saul trouvait parfois le courage de lui souffler. L'entendait-il seulement, lui dont le corps demeurait enfermé entre les quatre murs de cette chambre d'hôpital mais dont l'esprit lui semblait déjà appartenir à un autre monde ? Savait-il que son fils avait passé la nuit à son chevet, qu'il avait désespéré pendant de longues heures de ne pas pouvoir joindre Abel, de ne rien pouvoir lui dire de l'état de son beau-père ni s'assurer qu'il était indemne de son coté ? Sentait-il cette main qui tentait désespérément de se raccrocher à lui, comme à l'époque où il le voyait passer le pas de la porte de leur maison sans même se retourner, et s'envoler vers une vie qui ne l'incluait pas ? Saul en doutait, car autour de lui l'espoir s'en allait peu à peu. « Monsieur Masterson. » Une voix résonna finalement à travers la chambre, et ce ne fut évidemment pas celle qu'il aurait espéré entendre. Dans l'encadrement de la porte se tenait une jeune médecin, et sa mine grave ne fut pas pour apaiser son inquiétude. « Mon collègue est-il passé pour vous expliquer la situation ? » Saul resta sans réponse, ne pouvant à cet instant se rappeler d'autre chose que des longues heures qu'il avait passé seul avec son père, à n'écouter que d'une oreille les discours alarmistes des médecins. « Votre père … est actuellement en état de mort cérébrale. Cela signifie que seuls les appareils respiratoires le maintiennent encore en vie, car son cerveau lui n'est plus fonctionnel. L'accident a malheureusement provoqué des lésions irréversibles, c'est ce qui explique que malgré toutes nos tentatives votre père n'ait pas repris conscience après son transfert à l'hôpital. Et nous savons aujourd'hui que … qu'il n'y a aucun espoir pour qu'il se réveille. » Ainsi, lorsque l'évidence lui éclata en pleine figure, il resta à nouveau stoïque, incapable de la moindre réaction alors qu'il jurerait pourtant sentir le sol se dérober sous ses pieds. Sa gorge se serra, ses yeux gonflèrent sous le poids de larmes qui ne demandaient qu'à couler, mais Saul ne broncha pas. Seule sa main se resserra plus fermement autour de la sienne, comme pour le retenir une dernière fois. Une partie de lui continuait de se convaincre que son père serait aux premières loges s'il s’effondrait, s'il ordonnait à cette femme de la fermer et d'aller distribuer ses mauvaises nouvelles en dehors de cette chambre, alors inconsciemment Saul ne s'autorisait pas à flancher. « Je suis sincèrement désolée. La question de l'arrêt de l'assistance respiratoire va malheureusement se poser … Est-ce qu'il y a quelqu'un qui pourrait vous épauler dans cette prise de décision ? » Cette fois, pourtant, la coupe était pleine. Saul ne pouvait plus entendre un seul mot sans avoir l'insupportable impression que son cœur exploserait et viendrait bientôt repeindre les murs de cette chambre. Alors il se leva, d'un bond, et dut se faire violence pour ne pas hurler la première chose qui lui traversa l'esprit. « Fichez le camp. » Il souffla, d'un ton plus désespéré qu'il n'était réellement hargneux, car c'est bien sa peine qui ici devenait son plus grand fardeau. Le médecin ne se fit heureusement pas prier pour disparaître, et Saul s'accorda quelques secondes pour simplement encaisser le choc. Il resta ainsi debout entre la porte et le lit, le corps raidit et les jambes flageolantes. Et quand finalement il trouva à nouveau la force d'aligner quelques pas, ce fut pour quitter cette pièce où tout son être se sentait à présent oppressé. Il marcha ainsi le long du couloir, l'air perdu, puis se remémora les dernières paroles du médecin. Et c'est précisément à ce moment-là qu'il sentit son portable vibrer à l'intérieur de la poche de son pantalon, puis qu'il reconnut bientôt la voix Camber, qui justement était à ses yeux la seule personne à pouvoir le comprendre dans un moment comme celui-ci, à l'autre bout du fil. Celle-ci eut pour effet d'adoucir légèrement son chagrin, tandis qu'il mit bientôt des mots hésitants sur le drame qu'il était entrain de vivre. Il ne voulait pas le lui annoncer par téléphone, pas alors qu'il s'agissait aussi de son oncle et que son but avait toujours été d'épargner à Camber de nouvelles peines. Ainsi, au moment où sa cousine lui fit savoir qu'elle était elle aussi à l'hôpital et que c'était justement depuis celui-ci qu'elle le contactait, c'est sans réfléchir que Saul entreprit d'aller la retrouver, tenant quoi qu'il arrive à s'assurer qu'elle allait bien. Il déambula alors au sein du bâtiment, et c'est après quelques minutes que sa silhouette lui apparut, assise à quelques mètres de là. « Camber. » Il souffla au moment où il capta son regard, entreprenant aussitôt de marcher jusqu'à sa cousine pour venir l'enlacer. Il lui fallut ensuite quelques instants pour se détacher d'elle, affichant à ce moment-là un sourire rassuré, mais teinté d'une mélancolie qui ne lui ressemblait pas. « Je me suis fait beaucoup de souci lorsque tu m'as dit que tu te trouvais aussi à l'hôpital. » Parce qu'il avait immédiatement redouté que quelque chose de grave lui soit arrivé, quand tant de gens autour d'eux avaient été directement touchés par la tempête. Mais tandis qu'il la détailla comme pour s'assurer qu'elle était indemne, il nota que la jeune femme avait été blessée. « Comment va ta cheville ? Comment ... est-ce que tu te sens ? » S'enquérir de son état, c'était un moyen d'évacuer ses dernières angoisses mais aussi de retarder le moment où il lui annoncerait ce qu'il s'était lui-même pris en pleine figure quelques instants plus tôt. Une vérité qu'il n'était même pas encore certain de pouvoir affronter, alors qu'il se sentait tout juste la force de contenir plus longtemps son chagrin. Alors, comme une manière de formuler silencieusement des mots qu'il ne parvenait pas à souffler, Saul attrapa fébrilement sa main, et laissa son regard le trahir comme chaque fois qu'il était question de lui, de Camber, et de ces moments où ils se comprenaient sans même avoir à se parler.


Dernière édition par Saul Masterson le Sam 12 Nov 2016 - 2:12, édité 1 fois
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Message(#)seamless - event (camber) EmptyMer 26 Oct 2016 - 10:52

Saul & Camber
“you're right by my side whenever i need you, through the hardest times, i'll be there for you. at the crack of dawn when the moon is gone, i won't be hard to find, 'cause you and me, oh yeah we're seamless.”
Rester au chevet de Lene toute la journée était totalement envisageable aux yeux de Camber. La quitter était comme l’abandonner à sa solitude et à sa douleur, comme fuir ce rôle qu’elle s’était donné il y a bien des années. La faim et la fatigue ne l’effrayaient pas, pas plus que sa cheville qui ne cessait de lui rappeler que la nuit avait été difficile. Le choix ne lui revint malheureusement pas, et impuissante, elle écouta les instructions de l’infirmière qui pénétra dans la chambre. Elle ne remettait pas en question son jugement médical, mais cette femme ne savait rien. Sa présence aux côtés de sa petite sœur de substitution ne pouvait lui causer plus de mal, bien au contraire. Le débat s’avérait néanmoins sans fin et la notaire dû se résigner à sortir, sous le regard désormais agacé et autoritaire d’une jeune fille tout droit sortie de l’école. Dans une tentative de déposer un baiser réconfortant sur le front égratigné de son amie, Camber se vit recevoir de nouvelles menaces et abandonna une dernière fois. Elle n’avait plus le courage de se battre ce soir.

Déambulant du mieux qu’elle le pouvait, la jeune femme arriva d’une démarche lasse à l’accueil de l’étage où se trouvait la chambre de son amie. Un étage qu’elle ne connaissait même pas et qui semblait si commun à tous les autres. Ces murs blancs avaient le don de lui donner des frissons, quels qu’ils étaient. Sa conversation avec Lene avait eu le pouvoir de l’inquiéter plus qu’elle ne l’était déjà, évoquant toutes ces personnes qui leur étaient proches et dont l’état de santé était inconnu. Dans l’incapacité totale de communiquer avec le monde extérieur, privée de son téléphone portable, Camber fit les cent pas avant d’entendre un téléphone sonner. La standardiste en face d’elle parlait à une vitesse folle, si bien qu’elle manqua de perdre le fil de ses mots. Cependant, elle se fichait bien de ce qu’elle pouvait raconter, ce qui l’intéressait était entre ses mains. Avec son air le plus courtois, elle s’approcha d’elle et s’appuya au comptoir. « Excusez-moi ? J’ai perdu mon téléphone pendant la tempête et j’aurais besoin de joindre quelqu’un, je peux vous emprunter le vôtre ? » D’abord sceptique, l’employée la toisa du regard, vérifiant sûrement si son argument tenait la route. La terre et le sang sur ses vêtements devaient être suffisants, dans le cas contraire, il y avait toujours les égratignures sur les parties découvertes de son corps, le néant dans son regard. Après une minute qui lui parut une éternité, elle accepta finalement. Maintenant, il fallait prier pour que Saul décroche. Le cœur battant à un rythme insoutenable, elle écoutait chaque bip sonore comme une torture, une attente sans fin. Puis ce fut la lumière, il était vivant. Tous deux réalisèrent avec soulagement qu’ils se trouvaient au même endroit et l’idée de se retrouver fut immédiatement proposée. Voilà qui avait de quoi illuminer un tant soit peu sa nuit.

Assise, privée de toute force physique, la notaire attendait l’arrivée – bien trop longue dans ce silence pesant – de son cousin, quand des pas se firent entendre. C’était lui. Tandis qu’il s’avançait vers elle, Camber se redressa et se laissa enlacer sans broncher. La chaleur de cette étreinte la rassura, tout comme elle lui donna l’envie de se laisser aller à ses émotions en s’autorisant à pleurer. Ce qu’elle ne fit pas, bien trop fière pour se montrer faible, même face à lui. « Je me suis fait beaucoup de souci lorsque tu m'as dit que tu te trouvais aussi à l'hôpital. » Un sourire presque coupable s’était dessiné sur son visage de porcelaine. Se soucier des autres c’était son rôle à elle, qu’on s’inquiète pour elle ne lui plaisait pas, d’autant plus lorsqu’il s’agissait de sa famille. « Comment va ta cheville ? Comment ... est-ce que tu te sens ? » A l’instar de Saul, Camber jeta un coup d’œil à sa cheville, soigneusement recouverte d’un bandage dont elle avait déjà oublié le nom. « Ça va aller, plus de peur que de mal. Et toi, qu’est-ce que tu fais ici ? Tu as été blessé ? » Posant sa question d’un ton soucieux, la jeune femme se mit à la recherche d’un signe extérieur pouvant lui indiquer l’état de son cousin. Une blessure, du sang, quelque chose qui elle l’espérait, allait la rassurer. Elle ne vit cependant rien de tout ça, mais remarqua sans difficulté l’air anxieux de Saul. Elle sentit alors le contact de sa main autour de la sienne, une main qui ne lui apporta qu'une certaine appréhension. Elle connaissait assez Saul pour comprendre, pour le comprendre. Cette façon qu’il avait de la regarder n’annonçait rien de bon, et de nouveau, Camber sentit son cœur s’alarmer. « Saul ? Qu’est-ce qu’il se passe… ? » avait-elle réussi à demander, la voix fébrile. « Dis-moi qu’Elsie et les enfants vont bien… » Inconsciemment, sa main libre s’était posée sur le bras de son cousin, serrant son emprise au fur et à mesure que les mots sortaient. « Est-ce que c’est Margaret ? Mon Dieu Saul, dis-moi moi que rien de grave n’est arrivé » conclut-elle difficilement, le regard plongé dans les yeux sombre de son cousin.


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Message(#)seamless - event (camber) EmptyLun 31 Oct 2016 - 16:02

Saul ne connaissait que trop bien l'atmosphère étouffante des hôpitaux, et le sentiment d'impuissance qu'on ressentait systématiquement lorsqu'un médecin nous plaçait face à une réalité qu'on ne se sentait pas prêts à accepter. Il en avait déjà fait l'expérience avec sa mère, lorsque son état avait nécessité qu'elle soit placée dans un centre hospitalier spécialisé dans les maladies à évolution démentielle, qu'elle ne quittait qu'à de rares occasions, ce qui lui donnait en quelques sortes l'impression que le personnel médical faisait déjà partie de sa famille depuis quelques années. Et pourtant, rien ne l'avait jamais préparé au drame qu'il vivait aujourd'hui, alors que cette fois c'était son père qui lui était arraché. Son père avec qui tout n'avait pas toujours été extrêmement simple, mais dont il s'était considérablement rapproché depuis qu'il était en âge de comprendre et d'assimiler les choix que celui-ci avait pu faire lorsqu'il était plus jeune. Sa tendance à faire passer son travail avant tout le reste, à disparaître de bon matin pour ne revenir qu'après plusieurs jours, et à confier son fils à une tante, une nourrisse ou quiconque consentirait à jouer le rôle que lui avait longtemps rechigné à assumer, tout du moins durant les quelques années qui avaient suivi son divorce. Saul avait appris à lui pardonner ses absences, il s'était efforcé de rétablir le contact entre son père et lui, et le temps avait fait le reste. Il s'était marié à son tour, avait fondé sa propre famille, et ces petits bonheurs avaient achevé de les réunir son père et lui. Et pourtant, à cet instant où il réalisait que tout avait maintenant pris fin, Saul se retrouvait hanté par d'intenses regrets, et rongé par l'insoutenable impression que cette seconde chance leur avait été accordée trop tard, alors qu'ils auraient pu partager beaucoup d'autres choses et s'avouer tout ce qu'ils avaient longtemps gardé pour eux. C'est pour cette raison que le discours du médecin lui fit l'effet d'un couperet s'abattant brusquement sur sa nuque, quand déjà l'image de son père inerte au milieu de cette chambre lui était insupportable. Saul comprenait à présent qu'espérer était inutile, parce qu'il y avait des choses contre lesquelles on ne pouvait plus rien. Il ne pouvait pas sauver son père, pas plus qu'il ne pouvait rendre à sa mère les souvenirs qu'elle avait perdu ou forcer son demi-frère à suivre un chemin moins périlleux que celui auquel il se destinait. Il était parfaitement impuissant, et c'est cette idée qu'il tenta d'accepter tandis qu'il ressentit l'irrépressible besoin de quitter cette chambre où tout lui rappelait que l'homme qu'il avait longtemps érigé en modèle n'était déjà plus là. Malmené par une peine immense, Saul trouva malgré tout le courage de décrocher son téléphone lorsque celui-ci vibra depuis l'intérieur de sa poche, alors même qu'il savait qu'une mauvaise nouvelle n'arrivait jamais seule et que cet appel pourrait sonner la fin d'un nouvel espoir pour lui. Mais lorsque la voix de Camber retentit à l'autre bout du fil, c'est envahi d'un profond soulagement que Saul comprit que la chance ne l'avait peut être pas encore tout à fait abandonné, ce matin. Sa cousine allait bien, et l'idée qu'elle se trouve elle aussi à l'hôpital incita rapidement Saul à la rejoindre, lui qui ne pouvait concevoir de lui parler autrement que de vive voix, alors qu'il lui faudrait mettre des mots sur ce qu'une partie de lui refusait toujours d'accepter. Arrivé face à la brune, c'est alors sans plus tarder qu'il tomba dans ses bras, éreinté par le flot d'émotions qui l'avait traversé en l'espace de quelques minutes. « Mais tu te sens bien ? Les médecins t'ont dit que tu n'avais rien d'autre ? » Saul, décidément inquiet depuis qu'il la savait ici, continuait d'examiner Camber comme s'il craignait que le soulagement qui l'avait envahi lorsqu'il avait su qu'elle se portait bien laisse maintenant place à un nouveau désenchantement. « Non, je … je n'ai rien, j'ai déjà fait une batterie d'examens mais ils n'ont rien vu. » Il reprit par la suite, apaisant à son tour l'inquiétude qu'il sentait naître chez la jeune femme, avant que son expression ne laisse clairement penser que quelque chose, pourtant, n'allait pas. Sa main, elle, s'était resserrée autour de la sienne avec le besoin de s'y raccrocher, mais aussi et surtout de lui faire comprendre à travers ce geste tout ce qu'il ne se sentait pas capable de formuler. Il voulait lui dire, il en ressentait même l'intense besoin, mais ses mots demeuraient comprimés au fond de sa gorge, le paralysant des pieds à la tête comme si parler lui paraissait être un effort insurmontable. Pourtant, face aux appréhensions de Camber qui désormais redoutait le pire, il ne put garder plus longtemps le silence. « Ils vont bien, je te le promets, c'est ... » Saul énonça, sans plus détacher son regard du sien ni briser le contact de leurs deux mains. « C'est mon père, Camber. » Et sentant qu'il soufflerait bientôt des mots qu'il ne pouvait décemment pas laisser raisonner aux quatre coins de ce couloir, le brun reprit aussitôt. « Viens avec moi. » Là, sa main toujours glissée dans la sienne, il marcha quelques mètres et la conduisit bientôt jusqu'à la porte de la chambre qu'il avait précédemment quittée, là où tout demeurait figé depuis la veille au soir. Il n'y avait toujours que ce fauteuil sur lequel il était resté assis des heures durant, ces machines qui donnaient l'illusion que tout n'était pas encore complètement terminé … et ce lit, où son père demeurerait éternellement immobile. S'approchant de lui d'un pas fébrile, il se retourna bientôt vers Camber, ses yeux libérant peu à peu l'émotion qu'il s'était donné tant de mal à canaliser. « Ils disent … qu'un arbre est tombé sur sa voiture alors qu'il s'apprêtait à en sortir. Il s'était garé sur le parking de la clinique où est hospitalisée ma mère … je suppose ... qu'il espérait la mettre à l'abri lorsque tout ça a commencé. » Parce que son père aurait donné sa vie pour elle, Saul en était intimement convaincu et une partie de lui se consolait probablement en se disant qu'au moins il était parti comme il l'aurait probablement voulu : en dédiant ses dernières forces à la femme qu'il avait toujours aimé. « D'après eux, il n'y a aucune chance pour qu'il se réveille. » Sa voix s'éleva à nouveau, troublée par des sanglots qu'il n'avait désormais plus la force de retenir. « Aucune. » L'admettre devant Camber, c'était comme l'accepter une bonne fois pour toutes, et rien ne l'avait décidément préparé à devoir dire adieu à l'homme qui importait le plus à ses yeux, alors qu'hier encore il se permettait de croire que la vie les réunirait toujours, qu'ils auraient toujours le temps. Aujourd'hui l'espoir s'était envolé, et au déni succéderait bientôt la colère.


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Dernière édition par Saul Masterson le Sam 12 Nov 2016 - 2:13, édité 1 fois
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Message(#)seamless - event (camber) EmptyMer 9 Nov 2016 - 17:59

Saul & Camber
“you're right by my side whenever i need you, through the hardest times, i'll be there for you. at the crack of dawn when the moon is gone, i won't be hard to find, 'cause you and me, oh yeah we're seamless.”
Le soulagement d’avoir retrouvé son cousin n’était que de trop courte durée. Le savoir en vie était une libération, mais ça ne suffisait pas. Saul n’était qu’une personne parmi tous les membres de sa famille et de ses proches dont elle ignorait toujours l’état. Cette obsession devenait presque oppressante et aucune information ne semblait s’inscrire dans sa mémoire. « Mais tu te sens bien ? Les médecins t'ont dit que tu n'avais rien d'autre ? » Camber resta interdite, étonnée de n’avoir aucune réponse à lui fournir. La douleur morale était bien trop importante pour qu’une quelconque peine physique ne se fasse ressentir. Pire encore, la notaire n’avait pas la moindre idée des détails qui concernaient son propre état. L’infirmière lui avait bien dit, mais elle avait déjà oublié, bien trop concernée par les autres. Elle savait inutile de mentir à son cousin qui la connaissait maintenant trop bien pour avaler ses mensonges, elle se contenta alors d’un haussement d'épaules lent et dépourvu de force. « Non, je … je n'ai rien, j'ai déjà fait une batterie d'examens mais ils n'ont rien vu. » Tandis que ses paupières se fermèrent doucement, un soupir de soulagement s’échappa de sa bouche. « Dieu merci » souffla-t-elle, plus pour elle qu’à l’intention de Saul.

Néanmoins l’apaisement que lui procura cette nouvelle ne fut pas long. A un tel rythme, le cœur de la jeune femme ne tiendrait probablement pas la journée. Depuis le déclenchement de la tempête la veille au soir, Camber avait été soumise à un ascenseur émotionnel éreintant et particulièrement insupportable et quelque chose lui disait que l’expression de son cousin allait la pousser sur le même chemin. Prise d’une grande inquiétude, elle ne put se retenir de l’assaillir de questions, émettant toutes les hypothèses possibles, ou presque tout du moins. « Ils vont bien, je te le promets, c'est ... » Rassurée qu’Elsie et les enfants se portent bien, Camber resta néanmoins sur sa soif de réponse. « C'est mon père, Camber. Viens avec moi. » Les yeux immobiles, le souffle coupé, Camber eut l’impression désagréable qu’on tentait de lui arracher le cœur. Le ton de Saul ne lui plaisait pas, et l’idée qu’un membre de sa famille soit concerné encore moins. Muette, elle suivit son indication et marcha difficilement à ses côtés. Le blanc des murs l’étourdissait, tout comme la lumière crue l’aveuglait. Une vague d’hésitation s’empara d’elle à leur arrivée devant la porte qui les séparait de la chambre de son oncle. Son corps refusait d’entrer là où elle savait qu’une mauvaise nouvelle l’attendait. Il le fallait, pourtant. Serrant son poing pour refréner ses peurs, Camber emboîta le pas de son cousin et pénétra dans la pièce où son oncle était allongé, inerte. « Ils disent … qu'un arbre est tombé sur sa voiture alors qu'il s'apprêtait à en sortir. Il s'était garé sur le parking de la clinique où est hospitalisée ma mère … je suppose ... qu'il espérait la mettre à l'abri lorsque tout ça a commencé. » Les mots de Saul l’avaient frappée avec une violence extrême. Debout dans la chambre d’hôpital, elle put ressentir la douleur qui avait dû le frapper pendant son accident, imaginant la peur qu’il avait dû avoir, pour sa femme, pour sa tante. « D'après eux, il n'y a aucune chance pour qu'il se réveille. Aucune. » Ses derniers mots arrivèrent comme un coup de grâce. La bile lui remonta aussitôt dans la gorge, rongeant sa bouche desséchée. Ses yeux bouffis par la fatigue brûlaient s’y intensément que Camber se résigna à abandonner. Il n’était plus possible de se contenir. Dans un flot permanent, les larmes se mirent à couler le long de ses joues. Puis sans pouvoir cacher sa peine plus longtemps, se fut un sanglot qu’elle laissa échapper. Peu habituée à pleurer de la sorte, la jeune femme ne perdit pas une seconde avant d’emmitoufler son visage dans le pull de Saul, le tâchant pas la même occasion de ses larmes teintées d’un reste de mascara. « C’est trop injuste » parvint-elle à répondre entre plusieurs pleurs. Laissant tomber ses béquilles dans un bruit sourd, elle s’agrippa à son torse, évacuant sans contrôle toute la peur et la souffrance qu’elle avait accumulée depuis la tempête. « Pardon » Les yeux remplis de larmes, Camber releva la tête et essuya machinalement son nez avec la manche de sa veste. « Pardon de pleurer. Ça ne va pas t’aider à aller mieux… » Un peu honteuse vis-à-vis de son cousin, elle s’éloigna de lui, quittant l’emprise qu’elle avait sur son torse. « Je suis tellement désolée Saul, je sais que votre relation s’était améliorée ces derniers temps et voilà que … » Prononcer ces mots était encore inenvisageable, laissant sa phrase sans fin. La force dans ses muscles s’amincissait au fur et à mesure que le temps avançait et bientôt, la notaire se trouva contrainte de s’asseoir sur le fauteuil à ses côtés. Le visage enfouit dans les mains, elle sentit les larmes revenir à la charge. « Comment on va dire ça à ma mère… Elle va être si dévastée » finit-elle par ajouter dans un nouveau sanglot.


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Message(#)seamless - event (camber) EmptyDim 13 Nov 2016 - 1:24

Saul avait à peine attendu de se retrouver à hauteur de Camber pour se laisser tomber dans les bras de sa cousine. La nuit avait été courte, mais ici ça n'était pas tant son corps que son être tout entier qui ressentait le besoin de se reposer un instant sur quelqu'un. Parce que des heures durant, il avait été livré à lui-même, oppressé par une réalité qui s'était doucement imposée à lui et qu'il s'était finalement prise en pleine figurine, sans pouvoir partager son angoisse et son chagrin avec qui que ce soit. C'était sa faute, Saul avait expressément demandé à Elsie de veiller sur leurs enfants et ne surtout pas le rejoindre à l'hôpital tant qu'il se sentirait incapable d'affronter l'obstacle qui se dressait droit devant lui. Face à sa famille, il ne voulait pas défaillir. Son rôle était de les soutenir à chaque instant de leur vie, et certainement pas de se reposer sur eux. Alors oui, maintenant qu'il retrouvait Camber et qu'il pouvait pleinement réaliser que sa cousine était saine et sauve, tout ce qui l'avait jusqu'ici accablé lui sembla disparaître l'espace d'une seconde. Une seconde durant laquelle il la serra simplement contre lui, profitant d'une des personnes les plus importantes dans sa vie, comme si les dernières heures n'avaient jamais existé. Mais la réalité s'en rappela bientôt à lui lorsque l'état de Camber tendit à le préoccuper. La jeune femme était blessée, il le voyait bien, et tout ce qu'il espérait maintenant était que sa cheville ait été la seule à pâtir des derniers événements. Camber, toutefois, laissa sa question en suspend et le confronta à une nouvelle incertitude. Ses yeux cherchèrent alors les siens tandis qu'il tenta de se rassurer, lui assurant de son coté qu'il était indemne. Mais par la suite, ce fut à son tour de chercher ses mots tandis qu'il peina à formuler ce qu'il avait tant besoin de lui dire. Ses gestes parlèrent alors pour lui, et il n'en fallut pas davantage à Camber pour s'inquiéter du sort des personnes qui avaient une place privilégiée dans la vie du brun. Celles-ci, toutefois, se portaient bien, ainsi c'est dans un souffle qu'il vint lui ôter ses doutes. Seulement voilà, si ses enfants avaient été épargnés par la tempête, ce n'était malheureusement pas le cas d'une personne qui comptait énormément à ses yeux et à ceux de sa cousine. Son père. Là, c'est alors envahi d'une intense fébrilité et accablé d'une peine toujours plus oppressante qu'il l'invita à le suivre, tandis qu'il jugea préférable de la conduire directement jusqu'à la chambre où il avait lui-même passé les dernières heures. Une chambre qui confronterait Camber à l'intenable à son tour, il le savait, ainsi c'est avec difficulté qu'ils y pénétrèrent ensemble, puis qu'il dut la laisser comprendre par elle-même, l'espace d'une seconde, ce qui se jouait juste sous ses yeux. Et quand finalement il osa formuler des mots qu'il lui était encore insupportable de prononcer, la peine bientôt ressentie par sa cousine s'ajouta à celle que lui supportait depuis la veille au soir. Ses larmes lui firent l'effet d'une lame enfoncée au plus profond de son cœur, dans un geste d'une douleur implacable. L'enserrant alors tout contre lui lorsque Camber évacua son chagrin contre son pull, c'est lui-même ravagé par la tristesse qu'il soupira quelques mots. « Ça l'est, oui. » Injuste, oui, ça l'était. Qu'une vie puisse s'arrêter si brusquement, probablement par un invraisemblable concours de circonstances. Tout comme le fait qu'il ne leur était déjà plus permis d'espérer, de croire que les choses avaient encore la moindre chance de s'arranger. Offrant tout le poids de son corps à sa cousine lorsque celle-ci ressentit le besoin d'être soutenue, c'est avec douceur qu'il la maintint contre lui. « Ne t'excuse pas, je … je sais que c'est un moment extrêmement difficile pour toi aussi. » Il ajouta, d'une voix malmenée par ses propres pleurs, qu'il lui était à présent impossible de canaliser alors qu'il se sentait déjà noyé par une peine et une douleur viscérales. Sentant finalement Camber échapper à son emprise et se détacher légèrement de lui, il accueillit ses prochaines paroles avec un sourire véritablement triste, l'observant s'approcher du fauteuil en se tenant prêt à l'aider à tout instant. « Il y a encore tellement de choses que j'aurais aimé lui dire. » Saul soupira, tout en avançant de quelques pas jusqu'à s'accroupir face à la jeune femme, séchant ses propres larmes avant de lui souffler. « J'aurais du être là. Je sais que c'était impossible, même si j'avais su … mais c'était mon rôle de veiller à ce qu'il ne lui arrive rien. De veiller à ce qu'il n'arrive rien à personne. » Parce qu'en tant que père, mari, fils, frère ou cousin, il y avait beaucoup de personnes qu'il avait la responsabilité de protéger de ce genre de drames. Saul avait passé la soirée d'Halloween à venir en aide à des inconnus, et même s'il ne regrettait rien de ce qu'il avait entrepris au Cinepark, une partie de lui se sentait affreusement coupable de n'avoir pas été présent pour sa famille quand celle-ci en avait le plus besoin. Une main posée sur l'épaule de sa cousine, Saul laissa la seconde se frayer un chemin jusqu'à ses cheveux, dans un geste qu'il espérait apaisant. « On le lui annoncera ensemble, quand tu seras prête. Et je serai là pour elle comme je serai toujours là pour toi. » La mère de Camber était aussi sa tante, la sœur de son père, quelqu'un qu'il estimait beaucoup et qui aurait certainement besoin de son soutien lorsque la terrible réalité la frapperait elle aussi de plein fouet. « On reste une famille, même s'il ne sera bientôt plus là. » Il souffla ces quelques mots avec une sincérité particulière, mais aussi une émotion sans pareil. Son père n'était pas le lien entre sa famille et celle de Camber, il était en vérité la pièce qui avait toujours fait d'eux une seule et même famille. Et si aujourd'hui il leur faudrait lui dire adieu, ça ne signifiait pas pour autant que quoi que ce soit changerait. « Maintenant que je le vois comme ça … je réalise que j'ignorais beaucoup de choses sur mon père. » Sa voix s'éleva à nouveau tandis qu'il s'autorisa un regard en direction du lit où son père demeurait immobile. A cet instant, sa gorge se serra de nouveau et ses yeux lui implorèrent de se vider de leur lourd chagrin. « Je ne sais pas s'il aurait voulu être … donneur d'organes, ou de quelle façon il aurait aimé que nous lui disions adieu. » Il n'y avait jamais vraiment réfléchi, et pourtant aujourd'hui ce genre de détails paraissaient essentiels. Comment pouvait-il ignorer les dernières volontés de son père ? Comment pouvait-il se trouver aussi démuni qu'un parfait inconnu face à ce genre d'interrogations ? « On ne parlait jamais de ce genre de choses entre nous. » Peut être parce qu'ils avaient mis du temps à se construire une véritable relation et que le temps ne leur avait pas permis de se connaître aussi bien qu'ils l'auraient voulu. Peut être aussi parce qu'inconsciemment, son père et lui s'étaient peu à peu préparés à l'idée que sa mère finirait par partir, elle, sans doute plus tôt qu'ils l'avaient tous espéré, et que c'était cette fatalité-là qui avait occupé la plupart de leurs pensées pendant des années. « Je m'en veux tellement de t’infliger ça. » Il finit par ajouter, les yeux encore remplis de larmes, en se penchant vers sa cousine pour déposer un délicat baiser sur sa joue. Il était désolé, parce qu'il l'avait conduite jusqu'à cette chambre où l'horreur s'était imposée à elle, alors que c'est vers un oncle bien portant et tout sourire qu'il aurait aimé la conduire. Désolé aussi parce que Camber était déjà passée par des moments difficiles et qu'il aurait tout donné pour que la peine l'oublie au moins pour quelques temps.
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Message(#)seamless - event (camber) EmptyLun 21 Nov 2016 - 0:40

Saul & Camber
“you're right by my side whenever i need you, through the hardest times, i'll be there for you. at the crack of dawn when the moon is gone, i won't be hard to find, 'cause you and me, oh yeah we're seamless.”
Saul et son père n’étaient arrivés dans la vie de Camber qu’à ses cinq ans. Petite, sa mère lui avait toujours parlé de ce frère qu’elle avait, qu’elle chérissait tant mais qui vivait pourtant si loin. Bien qu’elle possédait des cousins du côté de son père, la petite fille n’avait jamais ressenti pareille alchimie que celle qu’elle avait vécue en rencontrant Saul. A ses yeux d’enfant innocente, il représentait la sécurité, l’amusement, le confort. Elle l’avait aimé tout de suite, comme elle avait aimé cet oncle dont sa mère parlait tant. Elle ne l’avait jamais exprimée très clairement, mais Camber avait toujours su que le retour de son oncle à Brisbane était pour sa mère un soulagement. Avec le temps, elle avait compris ce que l’absence d’une personne si chère pouvait représenter. Très proche de sa grande sœur Cleo, la notaire ne pouvait l’imaginer disparaitre au bout du monde. Comme elle ne pouvait imaginer sa vie sans Saul. Les années n’avaient en rien nuit à leur relation et jamais leur différence d’âge ou d’intérêt ne les avaient séparés. Bien au contraire, leur relation n’avait cessé de se bonifier avec l’âge. Il n’était pas son frère, mais c’était tout comme. La place qu’il occupait dans son cœur était précieuse, indélébile. Il arrivait souvent que Camber bénisse son oncle d’être revenu à Brisbane, de lui avoir permis de rencontrer cet homme qui était sa famille, ce pilier de sa vie. Il lui arrivait si souvent de réaliser la chance qu’elle possédait.

La vie lui avait cependant appris qu’un bonheur n’était jamais sans fin. Pour la première fois de sa vie, la notaire se retrouvait confrontée à l’épreuve que représentait la perte d’un proche. La chance l’avait toujours touchée jusqu’à alors, et personne n’avait périt dans sa famille. Comment pouvait-elle imaginer que son oncle serait le premier. Jamais elle n’avait vu les larmes couler sur le visage de son cousin. Jamais elle n’avait lu tant de douleur dans ses yeux. « Ça l'est, oui. » Jamais les bras de Saul ne s’étaient montrés si insuffisants face à une peine, lui si protecteur envers elle. Emmitouflée contre sa poitrine, Camber ne parvenait pas à se calmer au regard de la situation et pour la première fois, l’étreinte de son cousin ne la rassura pas. Le voir pleurer était une douleur si atroce que rien ne pourrait l’en détacher. « Ne t'excuse pas, je … je sais que c'est un moment extrêmement difficile pour toi aussi. » Ses mots étaient toujours si justes, même dans un moment pareil. Il était la première victime de la mort prochaine de son père mais l’attitude de Camber l’obligeait à se montrer fort. Ces mots qu’il prononça la firent réagir aussitôt, réalisant l’égoïsme dont elle faisait preuve. C’était à elle de le réconforter, et non à lui. Dans un moment où ses sanglots paraissaient avoir disparus, la brune tenta de riposter quelques mots mais rien ne sortit de sa bouche, si ce n’"tait le bruit vague d’un étouffement mêlé de larmes. Tandis qu’elle se laissa tomber sur le fauteuil qui se tenait près d’elle, Camber accepta sans broncher l’aide que lui porta son cousin, probablement consciente de la faiblesse de son corps. Les yeux humides, elle porta son attention sur lui, sur ce visage dévoré par la tristesse qui l’observait. « Il y a encore tellement de choses que j'aurais aimé lui dire. J'aurais du être là. Je sais que c'était impossible, même si j'avais su … mais c'était mon rôle de veiller à ce qu'il ne lui arrive rien. De veiller à ce qu'il n'arrive rien à personne. » Dans un reniflement peu discret, la brune se mit à secouer son visage vigoureusement, signifiant à Saul qu’elle n’était pas d’accord avec lui. « Ce n’est pas ta faute. Je t’interdis de penser ça ! » répondit-elle un peu plus fermement qu’elle n’avait parlé jusqu’à maintenant. « Tu ne pouvais pas savoir. Tu ne dois pas t’en vouloir Saul, promets-moi que tu vas retirer cette idée folle de ta tête » Ses mains délicates s’étaient posées simultanément sur chacune des joues de son cousin, alors que ses yeux noisette fixaient intensément le regard sombre de Saul. Puis alors qu’elle retirait son emprise, Camber fut tourmentée par un détail qui l’assaillit soudain. Saul et elle n’allaient pas être les seuls à souffrir de la mort de son oncle, il y avait également sa mère. Sentant de nouveau les larmes lui monter aux yeux, la notaire fit part de son inquiétude à son cousin et sentit sa main douce lui caresser les cheveux. « On le lui annoncera ensemble, quand tu seras prête. Et je serai là pour elle comme je serai toujours là pour toi. On reste une famille, même s'il ne sera bientôt plus là. » Troublée par la sagesse dont il faisait toujours preuve, Camber oublia l’espace d’un instant sa tristesse et sentit la chaleur rassurante des paroles de Saul lui réchauffer le cœur. « Toujours. Il en faudra bien plus pour qu’on me sépare de toi. » Dans un élan sentimental, la notaire enlaça Saul, frottant tendrement son dos du bout de ses doigts.

Lorsque leur étreinte fut terminée, Camber fut rapidement ramenée à la réalité lorsque Saul tourna son regard vers le lit où son oncle demeurait encore. Sans réfléchir, elle en fit de même, regrettant presqu’aussitôt son action. Voir ainsi le corps inerte de son oncle était bien trop difficile à affronter, bien trop compliqué à admettre. Il était là, sans vraiment l’être. « Maintenant que je le vois comme ça … je réalise que j'ignorais beaucoup de choses sur mon père.  Je ne sais pas s'il aurait voulu être … donneur d'organes, ou de quelle façon il aurait aimé que nous lui disions adieu. On ne parlait jamais de ce genre de choses entre nous. » Le regard posé dans le vide, la brune réfléchit un instant à ce qu’il venait de dire. Pour être honnête, elle n’avait jamais songé à ce genre de choses non plus, pour son oncle, comme pour le reste de ses proches. La mort était un événement si lointain à ses yeux qu’elle n’avait pas idée de la façon dont agir. « Ma mère pourra peut-être te répondre. Organisée comme elle est, ça ne m’étonnerait même pas qu’elle ait déjà des idées bien précises... » rétorqua Camber dont le regard revint alors dans le monde réel. « On va lui organiser un adieu digne, je te le promets. Il le mérite. Et je pense qu’on en a tous besoin. » De nouveau, sa main avait trouvé le chemin vers le visage du péruvien, encore accroupi face à elle. Les larmes avaient cessé de couler le long de ses joues de porcelaine, néanmoins sa peau luisait encore sous la lumière blanche de la chambre. Ils ne devaient pas être beaux à voir tous les deux, les yeux bouffis, le teint blanchâtre. « Je m'en veux tellement de t’infliger ça. » Sans avoir le temps de réagir à cette idiotie qu’il osa prononcer, Camber reçut un baiser aussi consolateur qu’accablant. L’eau qui perlait au coin de son œil l’emplissait d’affliction. « Ne dis pas de bêtises. Tu n’as pas à être désolé, de rien, ce n’est pas de ta faute » Sans lui laisser vraiment le choix, Camber glissa ses bras sous ses aisselles puis tenta difficilement de le soulever afin de l’aider à s’asseoir à côté d’elle. Ils n’avaient pas énormément de place sur ce fauteuil, mais le laisser au sol devenait inenvisageable. « On va traverser cette épreuve ensemble, plus soudés que jamais. D'accord ? »  Bouleversée de chagrin, elle pleura de nouveau quelques secondes avant de continuer. « Je t’aiderais à organiser tout ça, je ne sais pas trop quelle genre de paperasse tu devras remplir mais je le ferai, parce que toi tu dois te focaliser sur la façon dont tu veux lui dire au revoir. Dis-moi tout ce qui pourrait te soulager, et je le ferai. » Sur ces mots, Camber déposa sa tête contre l’épaule de Saul.  


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Message(#)seamless - event (camber) EmptySam 26 Nov 2016 - 3:11

Si Saul perdrait ce soir l'une des personnes les plus chères à son cœur, il n'oubliait cependant pas que Camber aussi vivait là des moments très compliqués. Parce qu'elle aussi verrait la mort s'inviter au plus profond de son intimité, au sein de cette famille qui aujourd'hui perdrait une figure des plus symboliques : celle grâce à qui leurs routes s'étaient rejointes des années plus tôt. Finalement, elle non plus n'avait peut être pas eu suffisamment d'occasions d'apprendre à connaître cet oncle un brin distant, qui longtemps s'était coupé des autres pour s'imposer une vie où son travail avait tenu une place de choix, mais Camber était comme lui, elle chérissait avec la même nostalgie l'idée d'être entourée d'une famille soudée, unie, même alors que pour l'un comme pour l'autre certains mots restaient difficiles à prononcer face à une pudeur qu'ils avaient souvent en commun. Alors oui, à présent que ses bras l'enserraient avec le besoin irrépressible de lui apporter un peu de réconfort, Saul prenait définitivement conscience que pour elle comme pour lui le chemin vers l'apaisement serait long. Camber peinait à se tenir debout, blessée à la cheville mais aussi probablement au plus profond de son être, et c'est un Saul soucieux de lui épargner une peine supplémentaire qui l'aida à rejoindre le fauteuil où sa cousine s'installa. Et lui, dont le regard finissait toujours par retrouver le lit où son père demeurait allongé, immobile, réalisait brusquement que tout ça aurait peut être pu être évité. Pourtant il le savait, même si les choses s'étaient déroulées autrement, il n'aurait pas pu veiller sur tout le monde. Sur sa femme, ses enfants, ses parents, ses amis. Non, il n'aurait probablement pas pu. Mais Saul se sentait responsable, et une partie de lui désespérait de n'avoir pas pu les préserver. Les mots bientôt soufflés par Camber eurent pourtant pour effet d'apaiser légèrement la douleur qu'il s'infligeait à lui-même, et le contact de ses mains sur ses joues parvint même à lui arracher un sourire teinté de douceur. « Je te promets d'essayer. » Il souffla doucement, les yeux rougis par une émotion qu'il ne pouvait ni ne voulait plus contenir. Parce que sa culpabilité resterait probablement ancrée à son cœur tant qu'il s'acharnerait à chercher un coupable, un responsable à cette situation qu'il refusait pour le moment d'attribuer entièrement au destin, au hasard. Aujourd'hui l'impuissance lui faisait horreur et une partie de lui préférait certainement penser qu'il aurait pu intervenir, d'une manière ou d'une autre, même si ça ne faisait qu'intensifier la peine qu'il devait déjà supporter. Une peine que partagerait malheureusement sa tante, lorsque celle-ci apprendrait la disparition de son frère. Et si ce détail le tourmenta un peu plus, il ne changeait cependant rien à ses yeux. Car même sans son père, sans cette figure qui était souvent au centre des réunions familiales, Camber, sa tante et lui appartiendraient toujours à une seule et même famille, unie dans les bons comme dans les mauvais moments. Les douces paroles prononcées par la brune lui valurent cette fois d'esquisser un sourire plus triste. « Tu sais que ce ne sera pas toujours évident d'être à mes cotés. » Ses lèvres soufflèrent, à voix basse, tandis qu'il ferma un instant les yeux pour profiter simplement de la chaleur de son étreinte. « Aujourd'hui nous avons besoin l'un de l'autre, mais un jour … un jour on te regardera peut être de travers pour m'avoir soutenu comme tu le fais. Et ce jour-là je ne t'en voudrai pas de vouloir prendre tes distances. » Cette simple idée lui serrait définitivement le cœur, mais il voulait lui offrir aujourd'hui une occasion de se préserver par la suite. Camber comprendrait sans mal à quoi il faisait allusion, parce qu'il s'était confié à elle comme à la personne à qui il accordait la plus grande confiance, et ce n'était pas sans raison si ses appréhensions se réveillaient en ce triste jour. « C'est ce qu'il aurait probablement fait, lui. » Et se détachant lentement de sa cousine pour repose les yeux sur le lit où se trouvait son père, Saul soupira. C'était maintenant que son père lui semblait si loin de lui qu'il réalisait combien d'occasions il avait perdu d'être parfaitement honnête avec lui, simplement de peur que son père ne le voit que comme une déception. Son avis avait toujours eu plus d'impact que n'importe quel autre, il l'avait toujours fait souffrir avec une force particulière, ainsi Saul se retrouvait à présent partagé entre ses regrets et le soulagement d'être resté en bons termes avec lui jusqu'à la fin. Ce qu'il réalisait aussi, c'est combien son père et lui avaient pu discuter sans jamais réellement apprendre à se connaître. Saul ignorait beaucoup de choses sur l'homme qui avait pourtant tant compté à ses yeux, à commencer par la façon dont son père aurait voulu quitter ce monde. Et si ce constat pesait sur son cœur, une fois de plus les mots prononcés par Camber parvinrent à en adoucir la saveur. « Je lui fais entièrement confiance pour ça. Elle est la mieux placée pour savoir ce qu'il aurait voulu. » Parce que sa tante n'ignorait assurément rien du frère avec qui elle avait grandi, et que s'il y avait bien une personne à laquelle il se fierait aveuglément s'agissant de son père, c'était elle. Déposant sa main sur celle de Camber lorsque celle-ci se posa sur son visage, c'est doucement qu'il reprit. « J'aimerais qu'il n'y ait que nous, que ceux qui l'aimaient vraiment. » Elle avait raison, son père méritait des adieux qui représenteraient l'homme qu'il avait été, et c'est pour cette raison que Saul tenait à ce que cela se fasse dans l'intimité de leur famille. Pour une fois dans sa vie, il aimerait que son père soit d'abord un homme à part entière, et pas un chef d'entreprise que ses semblables respectaient autant qu'ils le craignaient. C'était la seule chose dont il était certain au sujet de ces adieux : il ne voulait pas en faire une attraction pour tous ceux qui ne l'avaient jamais connu comme le père, l'époux, l'oncle et le grand-père qu'il avait été. C'est en tout cas avec une fébrilité palpable que Saul formula bientôt des mots qui ravivèrent à eux seuls l'émotion sur laquelle il tentait jusqu'ici de garder un certain contrôle. Oui, il s'en voulait d'infliger cette épreuve à Camber, parce qu'il la savait fragile et qu'il aurait aimé lui épargner des tourments dont elle n'avait pas besoin. Sentant alors les mains de sa cousine entreprendre de le redresser, c'est docilement qu'il se laissa faire, accablé par une détresse qui l'aurait de toute façon privé de toute résistance. « J'aurais voulu t'apporter une bonne nouvelle après la nuit que tu as du passer. Je … je n'ose imaginer ce que ça a pu raviver en toi. » Il glissa d'une voix préoccupée, après l'avoir rejointe sur le fauteuil et avoir retrouvé son regard. Il n'osait imaginer ce que Camber avait pu traverser au cours des dernières heures, et combien cette situation avait certainement réveillé le traumatisme de son accident. La brune avait eu beaucoup de chance, et ça n'était pas la première fois. Alors, glissant doucement sa main dans la sienne, c'est par la suite de nouveau bouleversé par l'émotion qui accabla la jeune femme que Saul reprit. « C'est promis. » Cette fois c'était une promesse, car lui-même savait qu'il n'y avait qu'auprès de Camber qu'il trouverait la force de traverser cette épreuve. Il ne voulait pas craquer devant Elsie, encore moins devant ses enfants, et savait que sa cousine saurait mieux que quiconque combien sa douleur pouvait être implacable et combien certains jours il lui serait difficile de poursuivre le cours de sa vie comme si rien n'avait changé. A ses prochaines paroles, Saul mouva doucement la tête. « Non, je … je ne peux pas te demander ça. Il y aura beaucoup trop de choses à régler, beaucoup trop de formalités, de détails … ce n'est pas à toi de t'en occuper. » Il souffla, passant délicatement un bras autour de ses épaules pour la rapprocher de lui. « Il va être question du testament qu'il avait probablement établi, et de son entreprise. Ça va représenter des millions de dollars, sans compter les actions qu'il faudra répartir et les milliers de postes qui seront menacés dès lors que l'avenir de sa société sera incertain ... » Incertain, parce que quoi qu'ait pu décider son père dans l'hypothèse où il lui arriverait quelque chose, son empire resterait certainement sans dirigeant pendant plusieurs semaines, tant que les différentes procédures suivraient leur cours et que ses volontés seraient étudiées. Et Saul, lui, ne savait pas vraiment comment se positionner vis à vis de tout ça, n'ayant aucune ambition de reprendre les rennes de l'empire bâti par son père mais s'étant souvent demandé si celui-ci oserait placer une telle confiance entre ses mains. « Ça va être des mois de procédures et ce sera certainement difficile et éprouvant. Mon père ne s'était probablement pas fait que des amis, et certains profiteront peut être de la situation pour régler leurs comptes, alors je … je refuse de me reposer sur toi et de te laisser tout gérer. Tu n'as pas moins besoin que moi d'être épargnée. » Parce qu'elle aussi l'avait perdue et qu'il ne voulait pas qu'elle se retrouve prise au piège entre des concurrents à la rancune tenace et toutes sortes de personnes plus ou moins intéressées dès lors qu'il sera étrangement question de la fortune de son père. « Camber. » C'est cette fois plus pensif, et d'une voix teintée d'une certaine angoisse qu'il reprit la parole. « Promets-moi de m'en parler si … si un jour on tente de t’extorquer de l'argent ou quoi que ce soit d'autre. Même si ça n'a rien à voir avec mon père et sa fortune. » Gardant le silence quelques secondes, il hésita à poursuivre, son regard témoignant des appréhensions qui avaient germé au sein de son esprit. « Même si c'est mon secret qui est en jeu. » C'était la première fois qu'il évoquait le sujet, auprès de Camber comme auprès de n'importe qui d'autre. La première fois qu'il s'autorisait à faire indirectement allusion au chantage qu'il subissait depuis des mois, aux sommes astronomiques qu'il avait reversé à son maitre-chanteur en échange de sa tranquillité, et à sa peur constante que celui-ci remonte jusqu'à ses proches pour utiliser leur loyauté à leurs dépends. Cette situation lui faisait honte depuis le départ et il avait préféré enterrer sa détresse quelque part où personne n'aurait de chance de la percevoir. Mais à présent Saul se mettait à craindre que ses erreurs et sa soumission finissent par retomber sur celle qui le soutenait depuis le départ et qui ferait probablement n'importe quoi pour lui éviter de tout perdre. L'inverse était tout aussi vrai, et il n'hésiterait pas un seul instant à sacrifier ce qu'il avait, y compris tout ce qu'il tentait précisément de préserver depuis des mois, si Camber se retrouvait à son tour mêlée à cette histoire.
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Message(#)seamless - event (camber) EmptyLun 12 Déc 2016 - 23:27

Saul & Camber
“you're right by my side whenever i need you, through the hardest times, i'll be there for you. at the crack of dawn when the moon is gone, i won't be hard to find, 'cause you and me, oh yeah we're seamless.”
La culpabilité était un sentiment que Camber ne connaissait que trop bien. Coupable d’une inattention. Coupable d’avoir dédiée sa vie à son travail plutôt qu’à sa famille ou à un amour qu’elle aurait pu connaître. Sûrement un peu coupable d’avoir survécu, deux fois. Tandis que ses conseils virulents avaient quitté sa bouche, la notaire ne put que réaliser l’ironie de son attitude. Dire aux gens comment se comporter alors qu’elle n’appliquait pas ses propres règles devenait sa plus grande spécialité. C’était pourtant plus fort qu’elle. Imaginer que la vie de son cousin puisse être tâchée, gâchée par cette colère que le regret pouvait engendrer la mettait hors d’elle. Parce qu’elle savait ce qu’une telle sensation pouvait créer, elle ne le souhaitait à personne et encore moins à Saul. « Je te promets d'essayer. » Ses sourcils s’étaient froncés, renforçant le mécontentement que son regard noisette imposait à son interlocuteur. Essayer n’était pas suffisant. Camber devait avoir la certitude que son cousin n’allait pas sombrer dans le chaos émotionnel qu’elle vivait chaque jour un peu plus. Plus que pour n’importe qui, la jeune femme était à prête à se battre, à donner la moindre source d’énergie de son corps. Saul était un homme bien et méritait d’être heureux, rien de ce qui pouvait lui dire ne pourrait changer l’image si positive qu’elle avait de lui. « Tu sais que ce ne sera pas toujours évident d'être à mes cotés. Aujourd'hui nous avons besoin l'un de l'autre, mais un jour … un jour on te regardera peut être de travers pour m'avoir soutenu comme tu le fais. Et ce jour-là je ne t'en voudrai pas de vouloir prendre tes distances. C'est ce qu'il aurait probablement fait, lui. » La colère avait pris le dessus sur la tristesse. Camber n’en revenait pas. La mâchoire serrée, elle tenta de contenir ses émotions, bien trop indignée par ce qu’il osait lui raconter. « Comment est-ce que tu peux croire que je pourrais faire ça. Quoi que tu fasses, je resterais à tes côtés Saul. Ne redis jamais ça. Jamais » Son ton autoritaire s’était imposé naturellement, écrasant sans difficulté la petite voix qui s’était installée dès lors qu’elle avait appris l’état de santé de son oncle. Le droit avait renforcé son caractère, aggravé sa tendance dominatrice et son besoin de se faire entendre. Donner des directives ne lui faisait pas peur et à ses yeux, froisser l’égo de son cousin semblait bien préférable à l’entendre vociférer pareilles idioties. Saul la connaissait maintenant, elle espérait donc qu’il comprenne. Qu’il comprenne que ses craintes n’étaient pas justifiées et que d’autres choses devaient le préoccuper à cet instant.

Presque aussi rationnel que Camber ne pouvait l’être, Saul aborda un sujet délicat et particulièrement inconnu dans l’expérience de la jeune femme. Bien que notaire et vivant majoritairement grâce aux décès des gens, elle n’avait jamais connu d’enterrements, ou ne s’en souvenait pas à cause de son jeune âge. Néanmoins, l’idée de ne pas être en mesure de soulager son cousin dans l’épreuve que cela impliquait ne manquait pas de la déranger. Contrairement à elle, Saul avec une femme et des enfants, une vie bien plus chargée que la sienne qui ne demandait pas à être perturbé par les conséquences matérielles d’un décès. L’aider dans l’organisation de la cérémonie allait au delà de la générosité familiale à ses yeux, c’était une obligation, une évidence qui ne méritait pas réellement d’être négociée. « Je lui fais entièrement confiance pour ça. Elle est la mieux placée pour savoir ce qu'il aurait voulu. J'aimerais qu'il n'y ait que nous, que ceux qui l'aimaient vraiment. » Comme pour approuver ses paroles, Camber hocha calmement de la tête avant d’esquisser un sourire tendre. « Ça me parait être une bonne idée, tu as raison » répondit-elle dans une voix qui avait soudain retrouvé son calme, probablement pour le plaisir de Saul. « J'aurais voulu t'apporter une bonne nouvelle après la nuit que tu as du passer. Je … je n'ose imaginer ce que ça a pu raviver en toi. » Dans un léger rire sarcastique, la brune détourna le regard de son cousin. Étrangement, une certaine sérénité s’était installée en elle. Après la tempête, les morts, ce noir si brutal et la vision de ses proches meurtris, c’était comme si plus rien ne pouvait plus l’atteindre. Maintenant son oncle allait quitter ce monde. Rien d’autre ne pouvait plus lui arriver. Il devait bien y avoir une sorte de justice dans son karma, quelque chose qui contrôlait sa vie et qui estimait que maintenant elle avait assez souffert. Que maintenant les choses allaient mieux, devaient aller mieux. Lui demandant une nouvelle fois de cesser de raconter des bêtises sous peine de raviver sa colère, Camber le rassura, insistant encore sur le lien si fort qui les unissait et qui leur permettait de tout traverser ensemble. Et bientôt, son désir de son montrer utile refit surface. Quoi que son cousin pouvait en dire, elle n’avait en aucun cas l’intention de l’abandonner. « Non, je … je ne peux pas te demander ça. Il y aura beaucoup trop de choses à régler, beaucoup trop de formalités, de détails … ce n'est pas à toi de t'en occuper. » Tandis qu’elle se laissa enlacer silencieusement par Saul, Camber plongea son regard dans le siens, cherchant à lui montrer toute la volonté dont elle faisait preuve. « Il va être question du testament qu'il avait probablement établi, et de son entreprise. Ça va représenter des millions de dollars, sans compter les actions qu'il faudra répartir et les milliers de postes qui seront menacés dès lors que l'avenir de sa société sera incertain ... Ça va être des mois de procédures et ce sera certainement difficile et éprouvant. Mon père ne s'était probablement pas fait que des amis, et certains profiteront peut être de la situation pour régler leurs comptes, alors je … je refuse de me reposer sur toi et de te laisser tout gérer. Tu n'as pas moins besoin que moi d'être épargnée. » Camber leva les yeux au ciel, balayant toutes les inquiétudes dont il venait de lui faire part. Elle ne pouvait imaginer à quel point la perte de son père pouvait l’affecter, mais il était certain que le caractère têtu de son cousin l’agaçait. Ou alors était-ce inconscient. Comment ne pouvait-il pas réaliser ce qu’il disait. « Saul, tu plaisantes j’espère ? » demanda-t-elle avec toute l’ironie du monde. « C’est mon métier. Si il y a bien une chose que je réussis dans la vie, c’est gérer un héritage. » Et ce n’était pas peu dire. Première de sa promotion durant chaque année de ses études à l’université, notaire la plus brillante de son cabinet et dévouée corps et âme pour la succession de ce dernier, rien n’effrayait la jeune femme de ce côté-là. Pas même des millions de dollars. « C’est non négociable, je n’ai pas envie de me battre avec toi » De sa main délicate, elle vint attraper le menton de son interlocuteur, soulevant son visage vers le siens. « Laisse-moi faire ça. Pour lui. Pour toi… Laisse moi me sentir utile, pour une fois que je peux faire quelque chose. » Sa salive s’écoula lentement et difficilement le long de sa gorge, ponctuant l’amertume de ses mots. C’était tout ce qu’il lui restait, se sentir utile pour exister.

L’expression qui s’était affichée sur le visage de Saul ne présageait rien de bon et très attentive à ses mouvements, Camber attendit. « Camber. » Entendre son prénom de façon aussi abrupte ne fit que renforcer le mauvais pressentiment qui avait pris part en elle, et avant qu’elle n’ait le temps de l’interroger, son cousin reprit la parole. « Promets-moi de m'en parler si … si un jour on tente de t’extorquer de l'argent ou quoi que ce soit d'autre. Même si ça n'a rien à voir avec mon père et sa fortune. » Complètement perdue par cette déclaration qui semblait sortir de nulle part, la notaire resta bouche bée. « Quoi ? » Sans qu’elle n’ait besoin de poser une question supplémentaire, son cousin comprit qu’il allait falloir être plus précis. « Même si c'est mon secret qui est en jeu. » Il fallut quelques secondes avant que tout ne soit clair, liant chaque élément à l’autre pour que les paroles de Saul prennent enfin un sens dans son esprit. Et sans pouvoir se retenir, Camber quitta l’étreinte de l’homme pour se lever brutalement, manquant par la même occasion d’accentuer la douleur à sa cheville dans son mouvement. Son premier réflexe fut de s’éloigner légèrement, comme si la distance qui la séparait de lui pouvait l’aider à comprendre, à encaisser ce qu’il venait de lui dire. « C’est quoi cette histoire ? » Son rythme cardiaque s’était accéléré en un rien de temps et sa sérénité passée semblait désormais s’être dissipée. Le karma était visiblement bien décidé à lui compliquer la vie. « Saul s’il te plait ne me dis pas que quelqu’un te fait chanter. Je … » Encore perturbée par la nouvelle dissimulée, Camber peina à trouver ses mots. « J’ai toujours essayé de rester neutre dans cette histoire, tu le sais. Je ne t’ai jamais jugé, mais là ça va trop loin. » finit-elle par ajouter, la voix tremblante. « Depuis combien de temps ça dure ? Saul il faut que tu y mettes un terme. » Mettre un terme au chantage ou à sa liaison adultère, elle ne le savait pas bien. Les deux, sûrement.  


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Dernière édition par Camber Huntington le Lun 26 Déc 2016 - 21:40, édité 2 fois
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Message(#)seamless - event (camber) EmptyJeu 22 Déc 2016 - 20:55

C'est vrai, il n'aurait probablement rien pu faire pour éviter à son père de finir dans cette chambre d'hôpital. S'il avait été à ses cotés dans cette voiture, sans doute serait-il mort lui aussi. Et s'il avait pu le joindre une dernière fois avant de perdre sa trace, sans doute n'aurait-il eu aucun moyen de l'éloigner d'un danger qu'il n'aurait pu prévoir. Mais Saul, pourtant, était rempli d'une culpabilité inévitable. Celle d'un fils qui aurait voulu protéger son père, mais qui ne pouvait plus compter que sur ses regrets. Se reprocher incessamment le déroulé des événements n'était pas la solution, pourtant, et il le savait. C'est pourquoi une partie de lui voudrait véritablement pouvoir promettre à Camber qu'il s'efforcerait de s'accorder une plus grande indulgence, qui plus est alors qu'il savait que sa cousine voulait son bien, sans doute plus que n'importe qui d'autre. Mais c'était trop dur, trop tôt, et prendre le recul nécessaire lui paraissait encore inenvisageable. Ainsi esquissa-t-il un sourire des plus tendres face à la mine légèrement contrariée de la jeune femme. Il la connaissait, il savait que Camber ne se contenterait pas de cette demi promesse, et pour elle il est certain qu'il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour remonter la pente qu'il venait de dégringoler, et pour ressortir de cette épreuve un peu plus fort. La suite, toutefois, lui valut bientôt d'afficher une mine plus attristée. Car Camber semblait pleine de certitudes quant à ce qui les attendait, mais Saul, lui, était forcé d'être plus fataliste. Il savait, pour y réfléchir fréquemment, que l'avenir ne serait certainement pas tout rose et que toutes les personnes qui pourraient vouloir se ranger de son coté lorsque les choses iraient le plus mal pour lui en souffriraient directement. Et parmi ces personnes, il pensait tout particulièrement à Camber, qui sans doute ne pourrait se résoudre à se détourner de lui à ce moment-là, ce qui risquerait de lui valoir quelques regards en biais et des jugements qu'il tenait à tout prix à lui épargner. Alors oui, il comprendrait qu'elle ressente elle aussi le besoin de s'éloigner, pas nécessairement pour le condamner lui, mais surtout pour se protéger elle. Mais cette idée valut bientôt à la jeune femme de manifester son incompréhension, elle qui brusquement usa d'un ton catégorique qui le fit se sentir idiot. « Je suis désolé, je … je ne voulais pas être insultant. » Il souffla alors, les yeux rivés vers ceux de sa cousine, désormais inquiet à l'idée d'avoir pu la blesser en évoquant cette idée. « Je sais bien que je pourrai toujours compter sur toi, que contrairement à beaucoup de personnes tu me connais suffisamment pour savoir que la vie que je mène depuis plus de deux, ça ne ressemble pas à l'homme que j'ai longtemps été … et encore moins à l'homme que j'aimerais être demain. » Parce qu'elle le connaissait depuis ce qui ressemblait à une éternité, qu'elle et sa sœur faisaient partie de sa vie depuis tant d'années qu'elle était l'une des personnes les mieux placées pour savoir qui il était lorsqu'on ne s'arrêtait pas à ses frasques. « Mais je sais aussi que la seule chose qui m'horrifie plus que de décevoir mes enfants, c'est que toute cette histoire entache aussi ta relation avec eux. Je sais que tu tiens à eux, ainsi qu'à Elsie, et je ne voudrais pas que ça vous éloigne ou que tu doives un jour faire un choix. » Un choix qui fragiliserait leur relation, ou celle que Camber partageait avec Elsie et leurs enfants. C'était vis à vis d'eux que sa position serait certainement la plus difficile à tenir, car tout le monde ne comprendrait assurément pas qu'elle continue de lui accorder son soutien même alors que ses actes étaient clairement réprimandables et qu'il s'était délibérément embourbé dans une histoire qui n'avait aucune chance de trouver une issue heureuse. Évoquant par la suite l'enterrement qu'il leur faudrait malheureusement organiser lorsque l'heure viendrait de dire une dernière fois adieu à son père, c'est le cœur serré qu'il émit l'idée d'organiser des obsèques en petit comité, pensant que leur famille n'avait aucunement besoin qu'une bande de vautours rodent autour d'eux lorsqu'ils vivraient ces moments particulièrement difficiles. Saul le savait, son père était peut être un homme puissant et respecté, mais il ne comptait pas beaucoup d'amis et de soutiens en dehors de ses proches. Ainsi lui paraissait-il normal que son père puisse partir entouré des êtres qui comptaient le plus à ses yeux, lors d'une cérémonie qui le célébrerait en tant qu'homme, mari, père, grand-père, et oncle. Et uniquement ça. Retrouvant alors un léger sourire lorsque Camber approuva cette idée, Saul se sentit néanmoins à nouveau coupable vis à vis de sa cousine, à qui il aurait voulu épargner cette difficile épreuve après les instants qu'elle avait du passer – et qui dans une certaine mesure avaient peut être ravivé certains souvenirs chez la brune. Saul trouva alors bientôt place aux cotés de la brune, et celle-ci se proposa de l'aider à organiser tout ce qui devrait faire, notamment au sujet de la succession de son père. Mais Saul, qui ne voulait pas se reposer sur elle alors que Camber n'était pas moins à plaindre que lui dans cette histoire, laissa entendre qu'il ne comptait pas se décharger des responsabilités qui lui incombaient et la laisser se débattre avec toutes ces procédures si longues et compliquées. Mais, une fois encore, c'était sans compter sur la détermination de la jeune femme, qui ne sembla pas l'entendre de cette oreille. « Tu sais bien que cette fois c'est différent. » Saul reprit alors, dans un souffle, après qu'elle ait légitimement mis en avant sa qualité de notaire et le fait qu'elle soit plus que qualifiée pour traiter ce genre de dossiers, aussi ardus soient-ils. C'était assurément le cas, il serait bien le dernier à en douter, mais cette fois il était question d'une affaire qui la touchait directement. Mais constatant qu'il ne la ferait pas céder, Saul esquissa à nouveau un petit sourire, forcé d'admettre que Camber n'était pas femme à se laisser dicter sa conduite. « Bien. Mais je serai là, tu ne géreras pas ça toute seule. » Parce qu'au même titre qu'elle ne voulait pas qu'il ait à affronter cette pile de complications sans la moindre aide, lui ne comptait pas se reposer entièrement sur sa cousine sous prétexte qu'elle se disait prête à l'épauler. Ils ne seraient certainement pas trop de deux pour gérer les procédures qui les attendaient, et tout ça ne ferait probablement que les souder encore davantage. C'est en tout cas d'un ton nettement plus inquiet que Saul finit par reprendre la parole, brusquement envahi d'une angoisse qu'il ne put contenir. Évoquer la fortune de son père et les êtres qu'elle pourrait tout particulièrement intéresser, ça avait fait directement écho à l'une de ses plus grandes frayeurs : que quelqu'un tente de profiter de sa cousine, notamment pour l'atteindre lui. Parce que si quelqu'un était bien placé pour savoir que l'argent motivait parfois les plus bas instincts, c'était lui. Lui, qu'on faisait chanter depuis un certain temps. Lui, qui avait préféré se soumettre à l'influence d'un homme sans foi ni loi plutôt que d'assumer publiquement ses erreurs. Lui, qui maintenant devait composer avec la stupéfaction de Camber, qui brusquement se leva pour s'agiter à travers la pièce. « Camber, fais attention, tu ne devrais pas ... » Appuyer sur sa cheville et prendre le risque de se faire plus mal encore. Non, c'est certain, il vaudrait mieux qu'elle se rassoit près de lui et se donne toutes les chances de guérir dans les meilleures conditions. Mais Saul en avait bien conscience, à présent que sa cousine commençait à comprendre ce qu'il lui avait si longtemps caché, plus rien ne pourrait la détourner de ses interrogations. Ainsi baissa-t-il légèrement la tête, se reprochant de lui ajouter ici une source de préoccupations supplémentaire. « Depuis plusieurs mois maintenant. » Il souffla par la suite, en osant cette fois croiser son regard, bien qu'il soit presque certain qu'il n'y lirait qu'une profonde incompréhension, ce qui fut bientôt le cas. « Camber, ce n'est rien, c'est juste ... un voyou, probablement incapable de gagner sa vie autrement. Mais je contrôle la situation, je ... » Sa voix se brisa sur la fin de sa phrase, tandis qu'il sentit une émotion implacable s'emparer de lui. Une émotion qui se rapprochait le plus de la colère. Une colère qu'il se destinait entièrement. « Non, c'est faux. Je ne contrôle plus rien. Plus rien du tout. J'ai … j'ai cédé dès le départ alors que je n'aurai pas du. Mais il connaissait mon secret et menaçait de le révéler, d'aller voir Elsie, mes parents, mes amis, tous ceux que je voulais préserver ... alors ça me semblait être mon unique issue. » Céder à ce chantage, concéder à cet homme une influence et un pouvoir qu'il devait uniquement au fait qu'il possédait sur lui des informations compromettantes et que Saul ne tenait pas à voir étalées n'importe où, ou crachées à la figure de ses proches. « Au départ il me réclamait des petites sommes, puis de plus en plus d'argent, jusqu'à ce que je me retrouve à devoir lui céder plusieurs milliers de dollars. Tout ça sans même savoir s'il tiendrait parole et garderait pour lui ce qu'il savait. » Parce qu'il n'avait jamais eu de véritable garantie que ce petit marché ne se retournerait pas contre lui si Vidal décidait brusquement que son argent ne suffisait plus à acheter son silence, ou si un jour il passait une journée suffisamment mauvaise pour que tout soit subitement remis en question. « L'autre jour, il a débarqué devant l'école lorsque je m'apprêtais à y donner cours. Il savait qu'il m'y trouverait, et que je ne pourrai pas lui refuser une petite escale à la banque. » Ses poings se serrèrent brusquement tandis qu'il repensa à ce jour particulier où Vidal avait franchi des limites inacceptables à ses yeux. « Et il y a pire. » Passant fébrilement une main contre son front, il soupira, puis ajouta. « J'ai appris ce jour-là qu'il connaissait mon adresse. » Et il savait, bien sûr, que c'était le genre d'informations que Camber lui reprocherait tout particulièrement d'avoir gardé pour lui. Mais il s'était senti si coupable d'avoir laissé cet homme gagner suffisamment en confiance pour oser franchir cette nouvelle limite qu'il avait enfoui cette information au plus profond de son esprit, se promettant simplement d'agir sans se poser la moindre question s'il prenait l'envie à Vidal de s'approcher de sa famille. « Camber, je ... » Saul reprit après quelques instants, quittant lui aussi sa place pour se rapprocher de la jeune femme, vers il qui avança toutefois d'un pas un peu hésitant. « Je sais qu'il faut que je dise la vérité, que ça ne pourra pas s'arranger autrement. Je le sais, et je te jure que je passerai le restant de mes jours à racheter mes nombreuses erreurs … Y compris auprès de toi. » Parce qu'il aurait du savoir qu'il pouvait tout lui dire, y compris qu'un homme profitait de sa situation pour le faire copieusement chanter. Ça lui tenait à cœur que Camber sache qu'à défaut d'être irréprochable, il avait conscience qu'il récolterait tôt ou tard les fruits de ces années de mensonges, et qu'il s'efforcerait à ce moment-là de rattraper ce qui pourrait l'être, même si ça devait lui prendre des années.
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Message(#)seamless - event (camber) EmptyLun 26 Déc 2016 - 23:07

Saul & Camber
“you're right by my side whenever i need you, through the hardest times, i'll be there for you. at the crack of dawn when the moon is gone, i won't be hard to find, 'cause you and me, oh yeah we're seamless.”
« Je suis désolé, je … je ne voulais pas être insultant. » S’il s’étaient trouvés dans un tout autre endroit, dans une toute autre situation, Camber aurait probablement été satisfaite et comblée par l’attitude docile de son cousin, peut-être même s’en serait-elle vantée par amusement. Néanmoins la plaisanterie n’était pas ici au goût du jour et le voir accepter d’être moins têtu s’avérait bien moins satisfaisant qu’elle n’en avait l’habitude. Son air peiné devait y être pour beaucoup, tout comme le corps de son oncle encore allongé à quelques mètres d’elle. « Je sais bien que je pourrai toujours compter sur toi, que contrairement à beaucoup de personnes tu me connais suffisamment pour savoir que la vie que je mène depuis plus de deux ans, ça ne ressemble pas à l'homme que j'ai longtemps été … et encore moins à l'homme que j'aimerais être demain. » Le chagrin de Saul semblait puiser sa source bien plus profondément encore que le décès de son père, la notaire ne pouvait se voiler la face. La vie de son cousin ne paraissait pas le rendre heureux et le voir ainsi la bouleversait. Il n’allait pas bien et elle ne s’était pas rendu compte jusqu’à maintenant. « Mais je sais aussi que la seule chose qui m'horrifie plus que de décevoir mes enfants, c'est que toute cette histoire entache aussi ta relation avec eux. Je sais que tu tiens à eux, ainsi qu'à Elsie, et je ne voudrais pas que ça vous éloigne ou que tu doives un jour faire un choix. » Maintenant que le péruvien avait fait mention de sa femme et de ses enfants, Camber ne pouvait plus douter de son état. Saul était rongé par la culpabilité, rongé par un poids encore plus lourd que la perte de son paternel. Interdite, la notaire prit un instant de réflexion, cherchant avant tout à trouver les bons mots. Saul avait raison, la position qu’elle entretenait entre lui et Elsie n’était en rien évidente. Plus les jours passaient et plus mentir à Elsie devenait difficile. Toutes deux s’étaient rapidement liées d’une amitié forte, assez semblables et très portées sur la famille qui les avaient unies. Voir la femme de son cousin était toujours un réel plaisir tant elle l’appréciait, mais aujourd’hui cela n’était plus possible. A contre cœur, Camber avait choisit de s’éloigner de celle qui était son amie, préférant un tel sacrifice à la peur de trahir le secret de Saul.  Compte tenu de ses paroles, son cousin n’en avait eut certainement pas conscience puisqu’il ne réalisait pas que son choix avait déjà été fait. Camber l’avait choisit lui, son sang, sa famille. Et comme elle ne cessait de lui répéter, il serait toujours son choix. Cependant lui faire remarquer n’était pas la solution la plus pertinente en cet instant et ne risquait pas de rassurer Saul sur sa situation, bien au contraire. Alors pour une fois, la brune mentit. Ou détourna la vérité, voilà qui était plus agréable à penser. « Tes enfants t’aimeront toujours Saul, parce que tu es un bon père. Et rien ne pourra détruire cette relation que tu as avec eux, ou celle que je partage avec eux. C’est ça la famille » Son ton était si assuré et doux que Camber elle-même se laissa convaincre par ses belles paroles, oubliant un peu la gravité de la situation.

Il y avait d’autant plus de problèmes importants à régler et ce dans l’immédiat. Des problèmes qui ne pouvaient attendre et qui allaient demander à chacun bien du courage et de la force. Qu’elle soit physique, ou mentale. Camber avait beau affirmer qu’elle était imbattable et que défendre l’héritage de son oncle était pour elle un jeu d’enfant, elle ne pouvait cependant pas nier une once de peur. Cette fois elle jouait gros car si elle perdait, ce n’était pas seulement professionnel, c’était aussi personnel. Gagner ce dossier allait être le plus grand défi qu’elle n’ait eu à affronter jusqu’à maintenant et un poids important sembla s’abattre sur ses épaules. Un poids qu’elle ne devait afficher aux yeux de Saul, toujours pas totalement convaincu par cette décision. « Bien. Mais je serai là, tu ne géreras pas ça toute seule. » Une esquissa de sourire prit place sur son visage pâle et fatigué. Maintenant elle savait que la seule issue possible était de préserver la mémoire de son oncle et de ne pas décevoir son cousin. C’était en réalité ce qui lui importait le plus ici, être forte pour lui et préserver cette estime qu’elle désirait toujours plus de lui. Car plus que quiconque, le regard qu’il portait sur elle comptait. Mais avant de pouvoir se satisfaire d’avoir finalement réussi à le convaincre, Camber se retrouva de nouveau confrontée à un visage qu’elle n’aimait pas. Saul avait retrouvé une expression grave et inquiète. Une expression à glacer le sang. Ce qui lui annonça l’était plus encore et provoqua chez la jeune femme un réflexe de rejet. « Camber, fais attention, tu ne devrais pas ... » Il était trop tard pour la retenir et déjà sa cheville lui lançait, provoquant un afflux de larmes au coin de ses yeux. Il était néanmoins inenvisageable de pleurer pour une raison si ridicule et la mâchoire crispée, la brune prit sur elle avant de sermonner son cousin, demandant de plus amples explications. « Depuis plusieurs mois maintenant. Camber, ce n'est rien, c'est juste ... un voyou, probablement incapable de gagner sa vie autrement. Mais je contrôle la situation, je ... » Saul avait beau travailler avec des comédiens, jouer la comédie n’était pas son fort. Rien de ce qui sortait de sa bouche ne parvenait à convaincre Camber qui le toisait d’un œil méfiant. « Non, c'est faux. Je ne contrôle plus rien. Plus rien du tout. J'ai … j'ai cédé dès le départ alors que je n'aurai pas du. Mais il connaissait mon secret et menaçait de le révéler, d'aller voir Elsie, mes parents, mes amis, tous ceux que je voulais préserver ... alors ça me semblait être mon unique issue. Au départ il me réclamait des petites sommes, puis de plus en plus d'argent, jusqu'à ce que je me retrouve à devoir lui céder plusieurs milliers de dollars. Tout ça sans même savoir s'il tiendrait parole et garderait pour lui ce qu'il savait. » Bien plus touchée par son histoire que par sa douleur à la cheville, la brune se laissa glisser contre la commode à ses côtés, le souffle coupé. La colère dans ses yeux était mêlée d’effroi, d’incompréhension. « L'autre jour, il a débarqué devant l'école lorsque je m'apprêtais à y donner cours. Il savait qu'il m'y trouverait, et que je ne pourrai pas lui refuser une petite escale à la banque. Et il y a pire. » Déjà dans un état de choc immense, Camber manqua de s’étouffer. Pire que ça. Le suspens devint alors insoutenable. « J'ai appris ce jour-là qu'il connaissait mon adresse. » Une envie presque irrépressible de venir mettre une claque à son cousin s’empara de son corps. Une envie qui arriva aussi rapidement qu’elle ne partit. La notaire était d’une fureur qu’elle n’aurait jamais cru possible, mais c’était la peur qui la dominait dès à présent. « Saul mon Dieu comment tu as pu garder ça pour toi ! » L’idée même que quelque chose de grave aurait pu lui arriver sans que personne n’en soit au courant lui brisait le cœur en mille éclats. Oui elle lui en voulait de lui avoir caché de telles informations. Oui elle lui en voulait d’avoir mis en danger Elsie et les enfants. Oui elle lui en voulait d’avoir été aussi stupide pour donner des sommes astronomiques à son maitre chanteur. Mais ce qui lui importait le plus était de savoir dans quel danger il s’était mis. « Camber, je ...Je sais qu'il faut que je dise la vérité, que ça ne pourra pas s'arranger autrement. Je le sais, et je te jure que je passerai le restant de mes jours à racheter mes nombreuses erreurs … Y compris auprès de toi. » Alors qu’il s’approchait doucement vers elle, Camber laissa des larmes acides perler le long de sa joue. Ignorant une fois de plus sa blessure, elle s’avança si près de lui que ses pieds manquèrent d’écraser les siens. « Saul tu n’es qu’un idiot. » balança-t-elle avant qu’un sanglot ne puisse sortir de sa bouche. « Cesses donc de ressasser tes erreurs et prends le temps de penser à toi et à ce bordel dans lequel tu te retrouves. Je t’interdis de continuer à donner de l’argent à cet homme et tu vas même me donner toutes les informations que tu possèdes sur lui. Il est absolument hors de question que cet homme brise ton mariage, brise ta famille. Alors tu vas me promettre de te réveiller et d’arrêter toutes ces bêtises. Tu vas me promettre de ne plus rien me cacher, de ne plus jamais faire quelque chose d’aussi risqué. Tu ne sais pas ce que cet homme est capable de faire ! Il aurait pu te blesser, toi ou les enfants. Est-ce que tu réalises ? » Au fur et à mesure de son sermon, sa voix devenait chancelante, coupée par les larmes qui continuaient d’affluer sur son visage. « Tu as compris ? » demanda-t-elle en haussant le ton du mieux qu’elle le pouvait, tandis que ses yeux se plongeaient intensément dans le regard de son cousin. « Je ne supporterais pas que quelque chose t’arrive… Je ne supporterai pas… » Puis alors que sa voix s’éteignit, la tête de Camber tomba sur le torse de Saul, pleurant une fois de plus à chaudes larmes.  


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Dernière édition par Camber Huntington le Dim 8 Jan 2017 - 17:24, édité 1 fois
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Message(#)seamless - event (camber) EmptyLun 2 Jan 2017 - 21:21

Saul avait été maladroit, il en prenait à présent conscience. Son intention n'avait pourtant jamais été de blesser sa cousine en insinuant que celle-ci pourrait tôt ou tard vouloir se détourner de lui, mais il comprenait qu'elle ait pris tout particulièrement à cœur le fait qu'il ait laissé entendre qu'il ne lui reprocherait pas de vouloir s'éviter les conséquences qu’impliquerait certainement le fait de rester à ses cotés lorsque les choses tourneraient mal pour lui. Il savait, pourtant, que Camber n'était pas le genre de personnes à se détourner facilement de ses proches, et encore moins dans l'adversité. La jeune femme était depuis des années l'un des piliers de son existence, certainement la personne qui à ce jour le connaissait le mieux et savait tout de lui, ou presque. Ils avaient déjà partagé énormément de choses, de bons comme de moins bons moments, et étaient à nouveau réunis ce soir, alors qu'ils vivaient un drame commun qui certainement les rapprocherait d'autant plus. Alors oui, c'avait été particulièrement maladroit de sa part d'insinuer qu'elle pourrait un beau jour vouloir se protéger en mettant un peu de distance entre eux, car il aurait du savoir qu'elle ne pourrait pas s'y résoudre. Pourtant ce serait son droit, parce qu'elle n'avait pas à payer pour des erreurs que lui avait commises et encore moins à en supporter les retombées, mais sa loyauté n'avait d'égal que son sens de la famille, et il le savait. La seule chose qui tendait alors véritablement à l'inquiéter, encore plus que de risquer de décevoir ses proches, de laisser s'envoler onze ans de mariage et de perdre la confiance et l'admiration de ses enfants, c'était que Camber voit sa relation avec ces derniers se dégrader dès lors que les choses se compliqueraient. Parce qu'il savait combien elle pouvait tenir à eux, combien elle aimait certainement l'idée qu'ils forment tous ensemble une belle et grande famille, et il ne voudrait pas qu'elle ait un jour à faire un choix qu'elle regretterait aussitôt. Un choix qu'elle se reprocherait ensuite toute sa vie, et dont elle lui tiendrait aussi certainement rigueur. L'idée d'être un jour peut être responsable d'une cassure entre Camber et ses enfants l'angoissait véritablement, et si les paroles de la brune se voulaient naturellement réconfortantes, elles ne parvenaient pas totalement à gommer l'appréhension qui grandissait en lui. « Ils finiront par comprendre, tu le sais aussi bien que moi. Caleb est déjà à un âge où il pose toutes sortes de questions, et Elsie … elle n'aura aucune raison de ne pas lui dire la vérité. » A savoir que son père avait agi comme un salaud et un égoïste, car c'était le cas et sans doute Elsie ne manquerait-elle pas de le penser elle aussi. Sa femme ne lui devrait plus rien dès lors qu'elle aurait connaissance de sa situation, et aurait parfaitement le droit d'estimer que leurs enfants méritaient de savoir quel individu était précisément leur père et combien sa lâcheté avait pu faire des dégâts. « Mais toi, tu n'y es pour rien. Tu as plus d'une fois tenté de me faire entendre raison mais je ne t'ai pas écoutée. » Camber avait été un soutien indéfectible pour lui depuis qu'il s'était placé dans cette situation impossible et lui avait toujours prodigué des conseils sans pour autant chercher à se montrer moralisatrice. Abel avait été d'une franchise souvent blessante, lui, mais Camber avait toujours allié son bon sens et sa bienveillance pour le conseiller comme une cousine et non pas comme une femme qui aurait pu facilement condamner la lâcheté d'un homme dont on dirait certainement bien assez tôt qu'il n'avait pas simplement pas su garder son pantalon fermé. Et lui, pourtant, ne l'avait pas écouté quand il aurait du, s'étant longtemps répété qu'il trouverait tôt ou tard le courage de tout dire et d'assumer les conséquences de ses choix. Et où tout ça l'avait-il mené ? Dans cette chambre d'hôpital, à se morfondre sur ce qu'était devenue sa vie et sur l'hypothèse selon laquelle il perdrait certainement bientôt tous ceux qui comptaient à ses yeux, ou presque. Son père, lui, semblait déjà appartenir à l'autre monde et demeurait immobile sur ce lit depuis de longues heures maintenant, alors que l'espoir de le voir se réveiller avait peu à peu quitté Saul, qui désormais ne se faisait plus la moindre illusion. La question de sa succession et de tout ce qu'elle impliquerait se posa alors, et Camber manifesta l'envie de l'épauler dans ce qui serait certainement l'une des choses les plus difficiles qu'il aurait à faire. Elle était sans nul doute plus qualifiée que lui pour prendre en main ce genre de dossiers, néanmoins Saul ne comptait pas entièrement se reposer sur elle. C'est ensemble qu'ils s'occuperaient de tout ça. Ensemble qu'ils avanceraient. Pourtant, la suite incita bientôt Camber à s'éloigner brusquement de lui, tandis qu'il n'eut même pas le temps de la retenir pour lui éviter d'empirer sa douleur à la cheville. La jeune femme s'était braquée dès l'instant où elle avait compris qu'il ne lui avait pas tout dit, et que cette histoire de chantage était bel et bien réelle. Saul le savait, s'il y avait pourtant bien une personne qui aurait pu comprendre et l'aider à se sortir de ce pétrin, c'était elle. Mais il avait eu honte, honte de s'être ainsi laissé influencer par un homme sans vergogne qui avait certainement flairé en lui un gros poisson à qui on pouvait facilement soutirer un maximum d'argent. C'avait été le cas, après tout, et de ça aussi il n'était pas fier. Alors oui il avait gardé le silence, durant des mois, ainsi aujourd'hui la réaction de sa cousine était plus que légitime, et plus encore au moment où il lui avoua toute la vérité. Le fait qu'il ne contrôlait plus rien à une situation qui lui avait complètement échappé, le fait qu'il avait été assez idiot pour céder à cet homme des sommes astronomiques sans pour autant avoir la moindre garantie qu'il ne parlerait pas … Et puis, pire encore, le fait qu'il ait indirectement mis sa famille en danger lorsque Vidal lui avait appris qu'il connaissait son adresse, en plus de savoir où se situait l'école de ses enfants. Et rien que de le dire le plongeait à nouveau en plein effroi, tandis qu'il revivait l'angoisse qui l'avait envahi lorsqu'il avait compris que tout ça était allé beaucoup trop loin. Camber, elle, demeurait adossée à la commode et c'est lentement qu'il réduisit la distance qui la séparait de lui. La voix de la jeune femme brisa le silence de la chambre, et c'est envahi d'une peine et d'une culpabilité irrépressibles qu'il sentit son regard s'embrumer. « Pardonne-moi, Camber. Je sais que j'aurais du t'en parler, je le sais ... » Et il n'avait rien à dire pour sa défense, si ce n'est qu'il n'avait pas voulu l'impliquer ni l'inquiéter alors qu'il n'avait désormais plus aucun moyen de revenir en arrière et d'empêcher cet homme d'entrer dans sa vie et d'atteindre un jour les personnes qui comptaient le plus pour lui. Camber avait alors raison, il lui fallait remédier à cette situation, c'était là sa seule chance d'éviter de se mettre plus en difficulté. La brune s'approcha alors à son tour, et c'est dans un geste fébrile et hésitant qu'il tenta de la soutenir lorsque sa cousine arriva tout près de lui. Ses paroles, plus que n'importe lesquelles, lui oppressèrent le cœur tandis qu'il baissa doucement la tête. Il l'écouta, silencieusement, prononcer des mots toujours incroyablement censés. Pourtant, il finit par recroiser son regard, l'air plus inquiet. « Qu'est-ce que … qu'est-ce que tu comptes faire ? » Il demanda, sondant ses yeux comme s'il tentait d'y lire une réponse avant même qu'elle ne l'ait prononcée. « Je te préviens, je ne te laisserai pas aller le voir, ni entrer en contact avec cet homme. Et quoi que tu aies derrière la tête, je ne veux pas que tu te retrouves mêlée à cette histoire. C'est moi qui me suis mis dans ce pétrin, c'est à moi de m'en sortir. » Ça n'avait pas été particulièrement glorieux jusqu'ici, mais il ne voulait pas prendre le risque que Camber se retrouve elle aussi dans la ligne de mire de Vidal. Il ne savait pas encore exactement à quel point cet homme pouvait être fourbe, mais s'agissant de sa cousine il n'était pas prêt à prendre le moindre risque. « Tu l'as dit toi-même, on ne sait pas de quoi il est capable et je ne pourrais pas me le pardonner s'il t'arrivait quoi que ce soit par ma faute. » Doucement, Saul vint alors coller son front à celui de la jeune femme et laissa ses pouces sécher avec tendresse les larmes qui étaient venues perler ses joues. La voir dans cet état lui était insupportable, et il aimerait être en mesure de trouver les mots pour la rassurer et calmer cette peine qu'il avait malgré lui provoqué. « Parce que moi non plus je ne supporterais pas de te perdre. » Et c'est lui même envahi par l'émotion qu'il se laissa aller à cette confidence, réalisant à ce moment-là qu'elle était l'une des rares personnes au monde à pouvoir obtenir de lui une telle transparence. Saul avait toujours été beaucoup plus pudique avec son père, son demi-frère et la plupart des personnes qui pourtant comptaient énormément à ses yeux. Avec Camber, ouvrir son cœur était toujours plus facile, et même étonnamment naturel. « Je me suis déjà promis qu'il ne s'en tirerait pas aussi facilement et crois-moi, si je dois payer pour mes erreurs, lui finira par regretter d'avoir été cupide. » Ça ne la rassurerait peut être pas, mais c'était l'une des seules choses qui l'avaient fait tenir depuis que ce chantage avait débuté. Savoir qu'un jour, il n'aurait plus rien à perdre et pourrait ainsi faire regretter à Vidal d'avoir croisé sa route. « Je te promets qu'à l'avenir je te dirai tout, même ce qui n'est pas facile à entendre. Je ne supporterais pas de te décevoir à nouveau. » C'était une promesse, qu'il scella sans plus tarder en laissant ses bras enserrer délicatement Camber et la rapprocher de lui dans une étreinte symbolisant son envie de lui prouver qu'elle comptait infiniment à ses yeux, et qu'à l'avenir il ne lui cacherait plus rien. Réalisant alors qu'il y avait justement un détail dont il ne lui avait pas encore parlé et qui cette fois ne concernait plus ni sa vie sentimentale tumultueuse ni ses conséquences, Saul s'écarta légèrement pour retrouver le regard de sa cousine, dans lequel il plongea le sien. « Ils m'ont … proposé d'arrêter l'assistance respiratoire. Selon eux il est temps de le laisser partir, et insister reviendrait simplement à retarder l'inévitable. » L'inévitable, ils savaient tous les deux ce que ça voulait dire, et que l'issue ne pouvait maintenant plus être changée. Cette réalité, décidément insupportable quand comme lui on s'était accroché à l'espoir pendant plusieurs heures avant de se le voir brusquement arracher, noya alors son regard dans une tristesse infinie, sous le poids de nouvelles larmes devenues trop lourdes pour être contenues. « Tu … tu as ton mot à dire, tu sais. Je suis sûr qu'il aurait voulu qu'on prenne cette décision ensemble. Cleo et toi, vous avez toujours été comme les filles que mes parents n'ont jamais eu. » Et il le pensait, aussi sincèrement que ses parents avaient du le penser avant lui. Aujourd'hui son père était sur le point de s'en aller et sa mère n'était malheureusement plus en état de reconnaître qui que ce soit, mais il savait, au plus profond de lui, combien l'un et l'autre avaient pu chérir la présence de ces deux jeunes femmes dans leur vie. « Et comme mes sœurs. » Car si ses parents avaient pu déplorer de n'avoir eu que des fils, lui avait longtemps subi sa condition d'enfant unique, et s'était attaché à ses cousines comme s'ils étaient tous les trois nés d'une même mère. Sa relation avec Camber était sans égal, et il se surprenait parfois à penser qu'il n'aimerait jamais une femme autant qu'il pouvait l'aimer elle, avec cette dévotion implacable et ce besoin irrépressible de la protéger au péril de tout le reste.
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Message(#)seamless - event (camber) EmptyDim 8 Jan 2017 - 18:54

Saul & Camber
“you're right by my side whenever i need you, through the hardest times, i'll be there for you. at the crack of dawn when the moon is gone, i won't be hard to find, 'cause you and me, oh yeah we're seamless.”
Écouter Saul évoquer l’éventualité d’une faille dans la famille mettait Camber dans un état de détresse. Très attachée aux valeurs et traditions familiales, la jeune femme ne parvenait pas à admettre qu’une quelconque rupture puisse avoir lieu. Qu’elle soit entre Saul et Elsie, entre les enfants et Saul, entre les enfants et elle ; pire encore, entre Saul et elle. Elle si seule se retenait plus que tous à ces personnes qui partageaient son sang et sa vie quotidienne. Sans sa famille Camber n’était vouée qu’à être l’ombre d’elle-même, seule et abandonnée. Elle avait eut l’occasion d’avoir un avant goût de ce qu’une discorde au sein de son cocon pouvait engendrer. Sa relation fusionnelle avec sa grande sœur avait été mise à l’épreuve depuis la mort de Matteo, et encore aujourd’hui, cette perte de complicité lui déchirait le cœur. Il était alors impensable, inimaginable que sa relation avec son cousin puisse souffrir de la sorte à cause de ses erreurs. « Ils finiront par comprendre, tu le sais aussi bien que moi. Caleb est déjà à un âge où il pose toutes sortes de questions, et Elsie … elle n'aura aucune raison de ne pas lui dire la vérité. » Dans une telle situation, il ne faisait aucun doute que la notaire aurait agit de la sorte à la place d’Elsie. L’adultère était une chose qu’elle méprisait, mais qu’elle avait appris à accepter de la part son cousin. Parce qu’il était lui et que l’amour qu’elle lui portait était bien trop fort pour qu’un détail de la sorte ne vienne l’entacher. Pourtant malgré tout, Camber se rattachait à l’espoir que les choses finiraient par s’arranger. Qu’un jour, chacun se réveillerait et que toutes les erreurs de son cousin seraient pardonnées, comme effacées. Parce que si Saul avait raison, si Elsie ne lui pardonnait pas, c’était la fin. La fin d’une famille unie. « Dans l’hypothèse où elle lui dit un jour, il est assez grand pour se faire son propre avis. C’est à toi de lui prouver ta valeur, lui montrer que ton erreur face à Elsie n’a pas de raison de détruire le lien de père qui t’unit à lui. » Et sans qu’elle n’ait besoin de le souligner, la brune espérait que son cousin était conscient de tout le soutien qu’elle pouvait lui apporter. Camber s’était toujours parfaitement entendu avec les enfants et son rôle ne pouvait être que bénéfique. Elle croyait en l’intelligence de Caleb, tout comme elle croyait en l’unité de cette famille qu’elle refusait de voir éclater. « Mais toi, tu n'y es pour rien. Tu as plus d'une fois tenté de me faire entendre raison mais je ne t'ai pas écoutée. » Une nouvelle fois, la notaire laissa son égo de côté, bien que touchée par la reconnaissance qu’il lui portait. Tout ce qui lui importait pour le moment était d’être une épaule où son cousin pouvait s’appuyer, un réconfort où son cœur pouvait se reposer. « On discutera de qui avait raison plus tard, ce n’est pas le plus important. » Pour le rassurer, sa main vint caresser délicatement la sienne. Puis tout deux finirent par convenir de la suite des choses sur un sujet au moins, celui de la succession de son oncle.

Alors que Camber ne pensait plus qu’autre chose puisse de nouveau l’atteindre, Saul en vint à lui annoncer un secret pesant. Un secret qu’elle aurait probablement préféré connaître plus tôt. Un secret si lourd qu’elle s’en retrouva projetée loin de lui, blessée et attristée que son cousin si proche d’elle ait pu lui cacher quelque chose d’aussi important. « Pardonne-moi, Camber. Je sais que j'aurais du t'en parler, je le sais ... » Le plus incroyable était son incapacité de ressentir quelque colère que ce soit contre Saul. Aussitôt qu’il l’énervait, son admiration et son amour pour lui l’aveuglait désespérément et tout était pardonné. Plutôt que de lui en vouloir pour ses erreurs indéniables, ses émotions devenaient guidées par sa peur de le voir souffrir, lui ou le reste de sa famille. Elle lui hurla dessus, bien sûr, mais parce qu’elle réalisa que l’idée même que quelque chose ait pu lui arriver lui faisait perdre la tête. « Qu'est-ce que … qu'est-ce que tu comptes faire ?  Je te préviens, je ne te laisserai pas aller le voir, ni entrer en contact avec cet homme. Et quoi que tu aies derrière la tête, je ne veux pas que tu te retrouves mêlée à cette histoire. C'est moi qui me suis mis dans ce pétrin, c'est à moi de m'en sortir. » Pour une fois depuis le début de leur conversation, les mots de son cousin étaient les plus raisonnables. Aller à la rencontre de son maitre-chanteur n’était probablement pas la meilleure idée du monde et cela revenait à faire ce qu’elle-même avait reproché à son cousin. « Tu l'as dit toi-même, on ne sait pas de quoi il est capable et je ne pourrais pas me le pardonner s'il t'arrivait quoi que ce soit par ma faute. » Relevant doucement la tête, Saul mesurant facilement une tête de plus qu’elle, Camber acquiesça, forcée de constater qu’il avait raison. « Promis, je n’irai pas le voir. Mais je veux quand même que tu me donnes tous les détails, on ne sait jamais. Je veux pouvoir t’aider à descendre ce type quand le moment viendra, et je veux m’y préparer comme il faut. » répondit-elle avec une force qu’elle puisa aux tréfonds de ses tripes. La colère qu’elle portait à cet homme déclenchait une adrénaline qu’elle ne connaissait que très peu, cependant, elle ressentait cette force et cette volonté que rien ne semblait pouvoir arrêter. Puis surprise, elle se laissa adoucir par les actes de tendresse de Saul, qui délicatement vint appuyer son front contre le siens. Son cœur se réchauffa au contact de ses pouces sur sa peau. « Parce que moi non plus je ne supporterais pas de te perdre. » Son cœur manqua un battement. Connaissant Saul et son comportement face aux autres, Camber ne pouvait rester de marbre face à une telle déclaration. Après de tels mots, tout semblait plus facile, parce qu’il était là pour elle. « Je me suis déjà promis qu'il ne s'en tirerait pas aussi facilement et crois-moi, si je dois payer pour mes erreurs, lui finira par regretter d'avoir été cupide. » Bien que contente de voir que Saul avait décidé de ne plus se laisser faire, sa détermination l’effraya quelque peu. L’expression dans les yeux du péruvien ne lui plaisait guère et la peur qu’il puisse agir avec inconscience l’envahit. « Saul, ne fais rien de stupide. Il y a des façons légales de te venger, alors oublies tout le reste, même si tu penses qu’il le mérite. Il ne faut pas que cela puisse se retourner contre toi » Sur un ton presque d’ordre, Camber l’avait fixé droit dans les yeux, espérant sincèrement que le message était clair. Il ne faisait nul doute qu’il allait désormais falloir surveiller les aller et venues de son cousin. « Je te promets qu'à l'avenir je te dirai tout, même ce qui n'est pas facile à entendre. Je ne supporterais pas de te décevoir à nouveau. » Finalement satisfaite de clore cette conversation sur une note qu’elle estimait positive en comparaison du reste, la notaire sourit chaleureusement. « Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, je compte sur toi » avait-elle répliqué avec un léger ton de plaisanterie, un peu désireuse de se détendre après tant d’émotions. Puis c’est sans broncher qu’elle se laissa finalement enlacer dans les bras si chauds et réconfortants de son cousin, souhaitant presque que le temps s’arrête un instant pour profiter du bonheur qu’un tel acte pouvait lui procurer.

Son souhait ne fut malheureusement pas exaucé et à contre cœur, Camber sentit Saul s’éloigner d’elle, revenant brutalement à la réalité. « Ils m'ont … proposé d'arrêter l'assistance respiratoire. Selon eux il est temps de le laisser partir, et insister reviendrait simplement à retarder l'inévitable. » Avec tout ça, la notaire en avait presque oublié la présence de son oncle et son état avec. Mais il n’était plus possible d’ignorer la situation désormais, son cousin avait raison. Il était temps. « Tu … tu as ton mot à dire, tu sais. Je suis sûr qu'il aurait voulu qu'on prenne cette décision ensemble. Cleo et toi, vous avez toujours été comme les filles que mes parents n'ont jamais eu. » La gorgée serrée, le cœur compressé, Camber avait reporté son attention sur le lit où demeurait son oncle, les narines écartées  sous la pression de ses émotions. « Et comme mes sœurs. » Elle ne parvenait pas à savoir ce qui était le plus éprouvant en cet instant, ce que Saul lui dévoilait, ou le fait qu’il allait falloir prendre une décision que jamais elle n’aurait voulu connaître. Bien trop troublée, la brune demeura silencieuse de longues secondes, les yeux dans le vide. Puis silencieusement, elle vint glisser ses doigts entre ceux de Saul, se donnant tout le courage dont elle avait besoin. « C’est ce qu’il y a de mieux à faire. Pour lui. Pour nous. » Sa main avait inconsciemment serré celle de son cousin tandis qu’elle avait confié son avis. Dans un regard vers lui, elle hocha positivement de la tête, puis vint déposer un tendre baiser sur la joue du péruvien. Dans un dernier regard, Camber observa son oncle, incapable de s’avancer puis lâcha l’emprise qu’elle avait sur la main de Saul. Sans avoir besoin de lui préciser quoi que ce soit, la jeune femme se dirigea vers la porte de la chambre ayant récupéré sa béquille, laissant à son cousin un dernier moment avec son père. Fermant la porte derrière elle, la brune laissa échapper les dernières larmes que ses yeux pouvaient encore contenir, le corps et l’âme épuisés.  


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