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 joamie + i was too close to heaven

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Message(#)joamie + i was too close to heaven EmptyDim 30 Oct 2016 - 23:28

I was too close to heaven
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive

"Joanne. Joanne, vous m'entendez ?" Au fond de son lit d'hôpital, Joanne acquiesça faiblement de la tête. Son teint était affreusement pâle, mais au moins, ses yeux venaient de s'ouvrir avec près de cinq jours de coma. La panique des derniers événements avait poussé à ne s'occuper que des blessures physiques visibles, et non celles qui étaient impossibles à voir, sauf quand c'était trop tard. Joanne avait à ce moment là manqué d'air, alors que le monde tournait autour d'elle lorsqu'elle commençait à suffoquer, puis à cracher du sang. Jusque là, il était alors trop tard et elle prit conscience. La luminosité de sa chambre l'éblouissait un peu. Elle étant branchée de partout, entre les perfusions, l'oxygène, le scop pour mesurer son rythme cardiaque et l'oxymètre pour son oxygène. "Vous souvenez-vous de ce qu'il s'est passé ?" demanda alors son médecin, assis sur une chaise à côté d'elle. Elle le fixa longuement, avant de bouger négativement la tête. Il se tenait droit, les mains jointes entre elles. Son ton était calme, posé. "Vous avez fait ce qu'on appelle un œdème aiguë du poumon. Votre panique était telle qu'elle avait augmenter votre tension et votre rythme cardiaque, et la pression dans vos veines étaient si fortes que le liquide a fini par se transférer dans vos poumons. Vos poumons se sont remplis de liquide, et c'est pourquoi vous étiez à court d'oxygène et que vous aviez fini par vous évanouir." Son regard laissait deviner que c'était un phénomène très grave. "Il faut que vous sachiez que vous n'étiez pas à l'hôpital à ce moment, je ne sais si vous vous seriez réveillée un jour. Vous avez eu énormément de chance, Joanne." Muette, elle le regarda longuement. L'information prenait un certain temps pour monter à la tête, alors qu'elle était à peine réveillée. "J'aurais pu mourir ?" finit-elle par lui demander la voix tremblante, la simple idée l'effrayant au plus haut point. "C'est considéré comme une urgence vitale, oui." Elle prit une profonde inspiration, alors que ses iris bleus regardaient dans le vide. "Et Daniel ? Où est Daniel ?" se mit-elle soudainement à panique en voulant se redresser. Mais il l'en empêcha, lui demander de se calmer. "Daniel va bien." "Il avait de la fièvre, il était malade." "Il va bien, Joanne. Il n'a plus de fièvre, et il me semble que ce sont vos parents qui s'occupent de lui, étant donné que Mr. Keynes était occupé. Il est en sécurité. Une fois que vous vous étiez évanouie, nous nous en sommes occupés jusqu'à que nous puissions contacter vos proches." expliqua-t-il. "Et Jamie ? Il va bien lui aussi, il n'a rien ?" "Je l'ai appelé, il ne devrait plus tarder à arriver, maintenant, vous le verrez par vous-même." dit-il avec un sourire serein. "En attendant, continuez de vous reposer un peu, vous nous revenez de très loin, aujourd'hui." dit-il avec un faible sourire avant de la laisser seule dans sa chambre. Joanne somnolait. Le bip constant du scop n'était pas particulièrement reposant, et il y avait couramment une infirmière qui venait lui poser une perfusion ou contrôler ses constantes. Joanne était encore bien encombrée. On lui expliqua ensuite qu'elle avait ausi fait une infection pulmonaires; il y avait de nombreux germes dans les airs depuis la détérioration de l'hôpital après la tempête, il était pour le moment difficile d'avoir une bonne qualité d'air. Et malgré toutes les précautions mises en place, les germes s'étaient largement installés dans les poumons à peine remis de la jeune femme, durant son coma. Elle avait donc également droit à une valse d'antibiotiques qui l'épuisait encore un peu. Elle sursauta légèrement lorsqu'elle entendit toquer à la porte. Le Dr. Winters était là, et Jamie, juste à côté. Le coeur de Joanne fit un bond lorsqu'elle le vit sain et sauf. Elle lui souriait légèrement, même. "Je vous laisse." dit le médecin en refermant la porte derrière. "Jamie..." dit-elle avec un regard soulagé. Sur le moment, elle avait envie de l'embrasser, tant elle était heureuse de le voir. Mais elle se souvint alors de l'état de leur relation avant que tout ceci ne se passe, et elle était toujours incable d'y mettre un nom. Il restait longuement debout, presque figé. "Tu vas bien ? Tu n'as pas été blessé ?" lui demanda-t-elle tout de même. Même s'il ne s'agissait que d'une égratignure, ou de dégâts uniquement matériel, elle aimerait savoir. Elle voulait savoir que lui et Daniel allaient bien. C'était tout ce qui comptait, à ses yeux.

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Message(#)joamie + i was too close to heaven EmptyLun 31 Oct 2016 - 1:06


☙  i was too close to heaven


« Joanne, rappelle-moi dès que tu as ce message, je t'en prie. » La tempête gronde dehors, les éclairs déchirent le ciel. La pluie battant sur les fenêtres du bâtiment créent un filtre flou sur le chaos qui se joue au dehors.  Mais l'on devine l'eau qui ruisselle le long des rues, les voitures emportées plus loin, le vent qui fait plier les arbres, qui les fait céder. « Dis-moi que toi et Daniel allez bien, que vous êtes en sécurité. Je suis coincé à la radio, j'ai appris pour l'hôpital et… » Les lumières se sont toutes éteintes. En une seconde, le noir total s'impose, toutes les communications extérieures sont coupées. Aucun des médias du bâtiment ne peut continuer d'émettre et de diffuser quoi que ce soit. Nous voici sourds et muets alors que tous ces gens dehors auraient besoin de savoir, de comprendre ce qu'il se passe. Le fait est que nous n'en savons rien non plus. Alors que le réseau a chuté puis disparu sans que je ne m'en rende compte, je termine machinalement mon message sur la boîte vocale de Joanne. « Pitié, j'espère que tu n'étais pas là. J'espère que tu n'as rien. Envoie-moi un message, n'importe quoi. » J'aurai beau passer la nuit à garder les deux yeux ouverts dans l'obscurité en attendant ce texto, il n'arrivera jamais. Mon téléphone est à court de batterie. A la seconde où le vent se fit moins brutal, la pluie moins dense, je quitte le bâtiment de la chaîne pour me rendre à l'hôpital où la jeune femme m'avait dit qu'elle se rendait pour la fièvre de notre fils. L'arbre est toujours enfoncé dans le toit, une partie du béton de la façade anéanti. A l'intérieur, le courant n'est pas encore rétabli, l'anarchie règne. C'est à croire que toute la ville se précipite sur les urgences qui n'ont plus le moindre matériel électronique pour faire leur travail. Lorsque je demande s'ils ont la moindre trace de Joanne, je me fais violemment débouter. Il y a bien plus urgent et important que ce genre de choses ; qu'elle soit vivante, blessée ou morte, je ne le saurai que lorsque tous ceux qui en ont besoin seront pris en charge. J'attends là des heures et des heures, Le courant ne revient qu'en fin de journée. En me jetant sur la première prise que je trouve, je parviens à rallumer mon téléphone ; j'y découvre un message de Winters m’annonçant que Joanne venait de frôler la mort. Ce jour-là, on ne m'autorisa qu'à récupérer Daniel.

Les jours suivants s’apparentent à l'enfer. Mort d'inquiétude, je ne souhaite qu'être au chevet de mon ex-fiancée et prendre soin de mon fils. Au lieu de cela, je ne peux pas la visiter, je confie Daniel à ses grands-parents, et je suis coincé chez ABC à courir entre tous les étages afin de faire couvrir l'après de cette tempête sous tous les angles. L'on a retrouvé un cadavre sous un arbre au cimetière, d'autres dans les boîtes de nuits victimes de mouvements de panique, le cinépark est un cimetière de voitures embourbées, le port est sans dessus-dessous, et l'électricité pourrait mettre jusqu'à deux semaines avant d'être entièrement rétabli dans la banlieue de Brisbane. Conséquences économiques, écologiques, tout est passé au peigne fin, toutes les éditions ne parlent que de cela. Ce serait le pire moment pour m'absenter. Absolument tous les médias travaillent ensemble sur ce coup, les infos s'entrecroisent. En local, les téléphones ne cessent de sonner. Au bout du fil, chacun veut y aller de son témoignage sur le désastre, souvent afin d'avoir son heure de gloire à l'antenne. L'effervescence s'atténue au bout de trois jours. Je rentre tous les soirs chez les parents de Joanne afin de voir Daniel, m'occuper de lui. Sa fièvre a descendu, il se sent mieux de jour en jour. Je dors près de lui. L'absence de la présence de sa mère lui fait peur. Les nuits sont courtes. J'attends sagement des nouvelles de l'hôpital. Et même si je ne suis pas particulièrement croyant, je demande à je ne sais quelle force supérieure de tout mettre en œuvre pour que mon fils ne perde pas sa mère.

« Nous allons la réveiller aujourd'hui. »
me confirme Winters le matin du sixième jour. « Vous pourrez venir la voir en début d'après-midi. » Ce n'est qu'à ce moment là qu'une question cruciale me traverse l'esprit : comment serais-je supposé me comporter une fois que je serai devant elle ? C'est ce qui m'obsède toute la journée. Voilà des semaines que Joanne et moi vivons sous le même toit sans raison apparente. Il n'y a plus guère de gestes de tendresse, si ce n'est un regard ou un sourire gêné de temps en temps. Nous faisons chambre à part, je ne l'approche plus. Je pars tôt, je rentre tard. Mon cerveau est toujours aussi retourné. Je pensais que le temps m’apporterait la solution à nos problèmes sur un tableau, toutes les réponses dont j'aurais besoin pour avancer ; mauvaise pioche. Non, rien ne change, si ce n'est que désormais j'ai cet ultimatum à résoudre, celui imposé par Hannah.

Ces pensées s'évaporent lorsque je mets un pied dans la chambre. Voir Joanne reliée aux machines et aux perfusions est une image que j'espérais ne pas revoir de sitôt, et cela me brise toujours autant le coeur. « Salut. » je murmure timidement. Je reste au pied du lit, les mains sur le rebord, nerveux. Nerveux, mais soulagé. La jeune femme semble aller bien. Au moins mieux. En vie. « Je vais bien. Je n'ai rien. » je lui assure avec secouant affirmativement la tête. Pas un seul bleu. J'ai encore du mal à croire que j'étais autant en sécurité au travail alors qu'au dehors des milliers de personnes vivaient un enfer dont ils tentaient de se sortir en un morceau. Pendant qu'un arbre s'écrasait sur les urgences en blessant tout le monde. Pendant que Joanne s'étouffait elle-même. « Daniel va bien aussi. » j'ajoute afin de la rassurer. Le petit n'a plus de fièvre désormais. « Tes parents viendront plus tard avec lui. Et tout le monde s'inquiète pour toi à la fondation. » Ils ont été prévenus également. La boîte mail de la fondation déborde de scans de dessins d'enfants qui souhaitent un bon rétablissement à leur directrice. Elle les adorera sûrement. « Je ne sais pas encore quand est-ce que je pourrai te ramener à la maison. » Winters est le seul juge à ce sujet-là, et je préfère que Joanne soit à l'hôpital trop longemps plutôt que pas assez. La maison n'a d'ailleurs pas subi de gros dégâts. Les chiens ont eu la frousse de leur vie. Et vu le rythme de ces derniers jours, je m'oublie dans l'équation. J'étais mort de peur pour elle, paniqué. Désespéré de ne pas la voir, de devoir rester sans nouvelles pour ne pas surcharger le personnel de l'hôpital. Toutes ces journées ont été basées sur les heures les plus longues et à la fois les plus courtes que j'ai pu connaître. Je me sens vidé. « Je suis tellement désolé, Joanne. J'aurais dû être là. » dis-je en soupirant, la tête basse. J'aurais du être à la maison plus tôt, aider à prendre soin de Daniel, conduire jusqu'à l'hôpital, et être celui qui aurait su que la jeune femme ne pouvait pas être mise de côté. Cette culpabilité là alourdit mes épaules depuis ce fameux soir.
 
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Message(#)joamie + i was too close to heaven EmptyLun 31 Oct 2016 - 2:25

I was too close to heaven
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive

Joanne avait son téléphone, mais elle n'avait pas encore eu la moindre occasion de l'allumer pour voir les messages laissés par Jamie. Celui-ci était là, juste devant elle, les traits assez marqués. L'entendre dire un simple mot de salutations était à la fois étrange et réconfortant. Ce n'était pas un mot formel, le genre qui imposait une certaine distance entre eux. Non, c'était familier, proche. Mais étrange parce qu'elle ne l'avait jamais entendu le lui dire jusqu'ici. Du moins, cela ne l'avait jamais marqué. La jeune femme devina sa nervosité lorsqu'il n'osait pas -ou ne voulait pas- vraiment l'approcher, et la manière dont il se tenait au pied du lit. Elle lui sourit tendrement en l'entendant dire qu'il n'avait rien. "Je suis heureuse de savoir que tu n'aies rien." lui dit-elle avant de toussoter un peu. Elle le pensait vraiment, Jamie demeurait pour elle une personne très importante pour elle. Le genre de personnes à qui il ne devrait rien arriver. La petite blonde expira longuement lorsqu'elle apprit que Daniel allait bien également. Elle le réalisait pleinement lorsque c'était Jamie qui le lui disait. Et l'idée de le voir plus tard la journée lui embaumait le coeur. Elle avait tant hâte de le serrer dans ses bras. "J'avoue que je n'y pensais plus vraiment." dit-elle en faisant référence à la fondation. "Ils savent que j'ai été dans le coma ?" lui demanda-t-elle. Les thérapeutes auraient du en parler aux enfants, leur expliquer ce que c'était. Un sujet de conversation difficile comme beaucoup d'autres. "J'ai hâte de voir Daniel." dit-elle songeuse. Jamie reprit ensuite la parole, elle ne savait pas trop comment le comprendre. S'il avait hâte ou non qu'elle rentre à la maison. Avant ce drame, il fallait dire que leur couple n'était pas au beau fixe. Depuis, elle avait bien du mal à cerner un esprit qu'elle arrivait si bien à comprendre auparavant. Elle ne devinait plus ses intentions à travers ses mots, ni ses pensées. "Tu aimerais bien.. me ramener à la maison ?" lui demanda-t-elle timidement. Elle aurait pu comprendre qu'il préférait qu'elle se trouve autre chose, peut-être qu'il avait besoin d'air. D'être véritablement seul pour savoir ce qu'il voulait ou ne voulait plus. Il y avait quelques secondes de flottement qui ne la mirent étrangement pas mal à l'aise. Ils avaient chacun beaucoup de choses à digérer, et parfois il ne devait pas y avoir d'échanges pour accepter tout ceci. Juste une présence, un regard, n'importe quelle signe. Joanne l'observa longuement, alors que lui avait la tête baissé. Il était épuisé, c'était visible, il y avait ces quelques signes qui ne trompaient. Il finit par reprendre parole, faisant part de sa culpabilité. "Viens là, assieds-toi." lui dit-elle alors doucement en lui indiquant la chaise qui se trouvait juste à côté de son lit. "Les nuits ont du être courtes pour toi. Entre le travail et Daniel..." Elle se doutait que l'ambiance devait être électrique au studio, et qu'il se devait de couvrir tout ce qui concernait la tempête. Et lui était au milieu, à gérer tout ça. "Tu n'as pas à te sentir désolé, Jamie." lui dit-elle en captant son regard. Elle avait l'impression que cela remontait à une éternité, la dernière fois qu'ils s'étaient regardés l'un l'autre. "Moi, je suis heureuse de savoir que tu étais là où tu étais. Parce que tu étais sain et sauf. Et Daniel l'est aussi. C'est tout ce qui compte à mes yeux." Certains parlent d'instinct maternel. "Même si je pense que je n'étais plus vraiment en état de penser correctement, je me souviens que c'était tout ce dont j'espérais. Que Daniel et toi allez bien." Hassan était loin d'ici, il ne pouvait pas être victime de cette tempête meurtrière. "Je ne veux pas que tu culpabilises, Jamie. C'est passé, et il y a comme finalité que je ne m'en sors pas si mal, même si ça a pris son temps." Etrange discours venant d'une Joanne qui avait pour habitude de ressasser à longueur de temps - ce qui avait été en partie l'élément destructeur de leur couple. "Je vais bien, tu vas bien, et Daniel va bien. Je me contenterai de ça, parce que c'est tout ce qui compte à mes yeux." Joanne gardait constamment en tête qu'elle aurait très bien pu y penser. Toujours un fond de pensée qui le lui rappelait. Ca poussait à la réflexion, il fallait juste voir si cela allait la tirer vers le haut ou la pousser davantage dans sa propre chute. Jamie avait posé l'une de ses mains sur le bord du lit. C'était la seule partie de son corps qu'elle pouvait toucher. Bien qu'elle était encore affaiblie, elle déposa sa main sur la sienne. Elle lui semblait particulièrement brûlante, à moins que ce ne soit les siennes qui soient glaciales. Elle la serra doucement. Elle se souvenait parfaitement de quoi cette main était capable, mais elle savait également qu'il ne voudrait pas renouveler cette expérience. Cela faisait également très longtemps qu'ils n'avaient pas eu de contact physique. Du moins, rien qui ne puisse s'apparentait à de l'affection comme cela pouvait l'être à ce moment là.

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Message(#)joamie + i was too close to heaven EmptyLun 31 Oct 2016 - 13:26


☙  i was too close to heaven


Une horrible sensation s'est emparé de moi. Quelque chose que je ne pensais pas ressentir un jour face à Joanne, quelque chose d'absolument effrayant et inédit. Rien. Je la regarde dans son lit d'hôpital après qu'elle ait frôlé la mort, après des jours sans réelle information sur son état de santé. J'ai de la peine de la voir ainsi, et j'ai été fou d'inquiétude. J'ai eu l'espoir, j'étais persuadé à vrai dire, que je le jour où la jeune femme se réveillerai, au moment où je croiserai son regard, il y aurait quelque chose. Quelque chose qui puisse m'aider à savoir quoi faire désormais. Je m'attendais à une fulgurance. Poser mon regard sur elle et me rendre compte à quel point je l'aime. Me dire qu'elle aurait pu mourir ce soir-là et ne plus vouloir perdre de temps en doutes et en querelles. La prendre dans mes bras, l'embrasser, et lui promettre une fois encore qu'à partir de maintenant nous serons plus forts. Mais il n'y a rien de tout cela. Rien du tout. J'ai le coeur froid et silencieux dans ma cage thoracique. Je reste aussi vide qu'avant, aussi perdu qu'avant. Je me demande même si je l'aime encore. Pour m'être autant inquiété, c'est que je l'aime encore, non ? Pourtant je n'ai jamais pensé à moi ou à nous pendant son coma. Uniquement à Daniel. Je voulais que Daniel puisse revoir sa mère, être dans ses bras, recevoir son amour car je sais qu'elle n'en manque pas pour lui. C'était ce qui m'importait le plus. Qu'elle aille bien pour notre fils, et pour les enfants de la fondation qui l'apprécient tellement. “Ils savent oui. Ils t’ont envoyé plein de petits mots.” Elle les découvrira plus tard, sur sa boîte mail. Certains ont préféré envoyer des courriers, ils n'arriveront pas avant quelques jours, le temps de faire le tour du monde des bureaux de poste. Ewan m'a demandé l'autorisation avant d'informer tout le monde en Angleterre. Cela n'était pas forcément nécessaire, mais sur le moment, je me suis dit que plus qu'une pensée pour elle ne serait pas de trop afin que Joanne puisse se rétablir promptement. C'était instructif pour les enfants, bien que le sujet ne soit pas des plus joyeux. Je savais aussi qu'elle aimerait avoir tout ce soutien à son réveil. Bien sûr, voir Daniel est le plus important pour le moment. “Il sera soulagé de te voir aussi. C'était difficile pour lui de ne pas comprendre pourquoi il ne pouvait pas être avec sa mère. Il était inconsolable parfois.” Ni mes bras, ni ceux des grands-parents n'y pouvaient quoi que ce soit. En pleine période d'angoisse de la séparation, celle-ci fut des plus violentes. Nous ne pouvions pas lui expliquer. Seulement attendre qu'il veuille bien se contenter de nous. « C’est toujours chez toi aussi. » je réponds à propos de son retour à la maison. « C’est là où je préférerais te voir te reposer. Nous avons assez vu cet hôpital. » Pour de trop mauvaises raisons d'ailleurs. Je ne pourrais pas mettre Joanne à la porte. Néanmoins, la maison est un lieu compliqué qualifier désormais. Ce n'est ni ma maison, ni sa maison, encore moins notre maison. C'est la maison. Le théâtre de notre relation étrange qui tourne en rond, et de ce vide qui continue de se creuser. J'espérais tellement une révélation en venant ici… Mais je suis incapable d'approcher, j'ose à peine regarder Joanne, je ne me permettrais jamais de la toucher. Je ne sais pas quoi penser, quoi ressentir. Mon corps et ma tête sont trop étroits pour le vide qu'ils habitent, la peine, ce brin de mélancolie. Peut-être que mon coeur est bel et bien brisé par tout ceci et qu'il s'est stoppé comme le cliquetis d'une montre. Et maintenant le temps s'est arrêté. Je fais à peine quelques pas lorsque la jeune femme me demande de venir vers elle. Mes doigts traînent sur le bord du tissu du drap fin qui la recouvre. “Si je m’assois je risque de m'endormir, tu me connais.” dis-je avec un faible sourire. Je reste debout. Je ne resterai pas longtemps, rien ne sert de m'installer confortablement. Certes, le rythme des jours suivants la tempête a été particulièrement soutenu. Les nuits trop courtes à cause des angoisses de Daniel. “Ce n'est rien. J'ai connu pire comme rythme. Encore quelques jours et tout sera calme à nouveau.” La poussière commencera à retomber, il n'y aura plus de drame à détresser de sous les décombres, il ne restera plus que le jeu des assurances. Joanne reviendra à la maison. Tout sera comme avant. Malheureusement. Je soupire. Je devrais être aussi capable de me contenter que toute la famille aille bien et en être heureux, mais j'avoue que je suis fatigué des tortures infligées par a tête à mon coeur, et que j'aurais préféré trouver dans cette chambre une piste de dénouement plutôt qu'un retour au statu quo. Toujours ce vide fait flotter mon coeur dans le noir. Toutes les émotions en suspend. « Les chiens vont bien aussi. » je reprends afin de ne pas rester silencieux trop longtemps. La main de Joanne s'est jointe à la mienne et ce contact me met particulièrement mal à l'aise même si je ne le rejette pas. « La tempête leur a fait peur et j'ai retrouvé la maison dans un sale état. Sirius et Nunki étaient vraiment paniqués. Ben a toujours été un froussard face aux orages. Et Milo… c'est Milo. Ils sont chez le voisin. » Celui qui avait été mon complice le soir où je m'étais mis en tête de dorloter cette fiancée qui n'a jamais eu confiance en moi. Le dernier soir où j'ai eu l'illusion que nous aurions droit à notre fin heureuse, le mariage, la lune de miel, un autre enfant, cette vie dont nous partagions le rêve. Qui n'était qu'un rêve. Oui, cela fait toujours bien trop mal. “La crèche est fermée pour le moment, et…” Je souffle et finis par retirer ma main de l'étreinte de celle de Joanne. “Je ne devrais pas trop tarder à retourner au travail.” Je n'ai pas pris l'après-midi ni rien. Seulement une courte pause pour voir si la jeune femme va bien. Je n'ai pas déjeuné, trop nerveux pour cela. “Je suis content que tu t'en sortes.” dis-je en toute sincérité, même si cela ressemble surtout à une phrase toute faite de circonstances, comme celle que l'on trouve sur les ballons et les boîtes de chocolat qu'ils vendent dans le hall. Je me rend compte que si tout était normal entre nous, je ne serais pas venu les mains vides. Je serais sûrement venu avec des fleurs par exemple. Ca ne m'a pas traversé l'esprit. Je retourne au pied du lit, à cette distance que je préfère conserver vis à vis de de Joanne. « Oh. » J'oubliais. « Je reprend la thérapie. » je lui avoue, même si je pensais garder cette initiative secrète aussi longtemps que possible. Je crois que je veux qu'elle sache que j'essaye. J'essaye vraiment. « Uniquement la thérapie, pas les médicaments. J'ai eu une première séance la semaine dernière. » Je suis même inscrit à une session de groupe. Je ne trouverai pas de réponses là-dedans, du moins j'en doute. Mais peut-être quelques oreilles capables de me comprendre, quelques regards sans jugement et sans peur.
 
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Message(#)joamie + i was too close to heaven EmptyLun 31 Oct 2016 - 14:17

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Peut-être que cela ne se passait qu'en sa présence, mais Joanne avait l'impression qu'il se dépersonnifiait totalement lorsqu'il était avec elle. Qu'il ne se faisait que messager des dernières nouveautés, auprès d'une femme qui était dans un sommeil particulièrement profond pendant plusieurs. La façon dont il parlait, ce n'était même plus l'ex-fiancé, l'homme du bar, le gentleman rencontré à une soirée de gala dans un musée. Non, c'était une coquille vide, à moins que c'était un de ses masques. Elle n'en savait trop rien, mais cela ne ressemblait à rien de tout ce dont ils avaient pu vivre jusque là. Avant cela, Joanne y avait longuement réfléchi. Elle évitait toujours Shawn, elle préférait être capable de penser par elle-même, de prendre une ou des décisions qui lui ressemblaient, et qui lui étaient propre. La tempête avec été comme un électrochoc, mais elle venait à peine de se réveiller. Il y avait encore beaucoup de choses à remettre en place dans sa tête, avant qu'elle ne parvienne à penser à quoi que ce soit. "Je les lira dès que je le pourrai." dit-elle avec un petit sourire. Elle était touchée d'avance des attentions de cette horde d'enfants et d'adolescents. Ils adoraient Joanne, tout comme ceux qui travaillaient pour elle. Mais le premier enfant que la jeune femme désirait voir était bien évidemment le sien. Elle savait que Jamie allait bien, et Daniel aussi. Elle voulait aussi le voir de ses propres yeux. Son petit trésor, le plus précieux qui soit. Joanne sentait un pincement au coeur lorsque Jamie disait que le petit était parfois en pleurs, et que personne n'était capable de le consoler. Elle avait tant hâte de le prendre dans ses bras. Joanne avait bien envie de le contredire. Non, ce n'était pas chez elle. Ce n'était pas sa maison. Autant sur le plan symbolique que matériel, aucun des biens qui s'y trouvaient, en dehors de ses propres affaires, n'étaient acheté par elle. Alors non, ce n'était pas chez elle, elle ne s'y sentais plus chez elle pour le moment, même si Jamie pensait que c'était toujours le cas. Le manque d'échange de regard en disait long pour elle. Quelque chose s'était rompu. A se demander s'ils avaient véritablement atteint le point de rupture de leur relation. Que Jamie dise qu'il préférerait qu'elle soit vite rentrée à la maison pour se ressourcer arrivait alors comme un cheveu sur la soupe, quelque chose qui ne tournait pas rond. Jamie refusa de s'asseoir auprès d'elle. Joanne se demandait s'il s'agissait véritablement de cette histoire de sommeil ou s'il tenait à maintenir cette distance entre eux, en restant debout. Joanne avait timidement pris la main de Jamie. Il ne s'éloigna pas d'elle, mais elle sentit que ce contact l'avait crispé. Il ne l'appréciait pas. Il se mettait alors à parler des chiens, qui avaient eu la frousse de leur vie, apparemment. "J'ai hâte de les revoir, eux aussi." répondit-elle doucement, avec un faible sourire. Elle s'impatientait de les revoir tous. Il retira sa main de la sienne, et conclut qu'il devait partir. Elle pensait bien qu'ABC avait besoin de son rédacteur en chef pour que tout se passe au mieux malgré les circonstances. Elle acquiesça d'un faible signe de tête, elle n'allait pas le retenir si longtemps. Bien qu'elle avait à nouveau cet horrible pincement au coeur, le même qu'elle avait depuis plus d'un mois désormais. Il lui sortit l'une de ces phrases classiques que l'on dit à toute personne malade. Sans sentiment, sans émotions partagées, rien. Comme si elle n'était au final qu'une connaissance. Juste la mère de Daniel, rien de plus. Il s'éloigna à nouveau d'elle, retrouvant sa place initiale. Joanne déglutit difficilement sa salive. Elle pleurerait certainement une fois qu'il serait parti, ayant constaté que strictement rien n'avait changé entre eux. La même distance, la même froideur. Elle était cependant surprise de savoir que Jamie ait reprit la thérapie. Dans quel but, elle ne saurait vraiment le dire. "Oh. Et cette première séance t'a été utile ? Ca t'a apporté quelque chose ?" demanda-t-elle, curieuse de savoir si les débuts s'étaient tout de même bien passés ou non. Etrangement, Joanne n'avait pas ce sentiment d'être inutile comme elle le ressentait auparavant, lorsqu'il avait eu recours à ce type de thérapie. Et ce n'était pas de l'indifférence non plus, elle était contente pour lui de savoir qu'il ait lui-même eu besoin d'en parler à quelqu'un. Alors c'était nécessairement comme une acceptation de sa partir, qu'elle admettait qu'elle ne pouvait pas être absolument tout pour lui. Elle ne pouvait pas être à la fois la fiancée, la confidente, ni la meilleure amie. Elle n'avait eu qu'un rôle à endosser, elle n'avait pas du le porter juste parce qu'elle voulait être tout pour lui. "J'espère que tu y trouveras ce que tu recherches." dit-elle avec un faible sourire, mais qui était véritablement sincère. "Je dirai au Dr. Winters de te contacter dès qu'il aura décider d'une date de sortie, si tu veux." Elle savait que les parents de Joanne voudraient certainement qu'elle vienne encore se reposer chez eux quelques jours avant de retrouver la maison Keynes et qu'elle se colle à nouveau à toutes ces tâches qu'elle s'imposait à longueur de journée. Mais elle voulait avant tout voir Daniel, et passer un maximum de temps avec lui.

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Message(#)joamie + i was too close to heaven EmptyLun 31 Oct 2016 - 16:45


☙  i was too close to heaven


Ma curiosité pourrait me pousser à demander à Joanne à quoi cela ressemble, de l'autre côté. Le coma. Est-ce une très longue sieste, ou est-ce plus profond ? Avait-elle encore conscience d'elle-même lorsqu'elle était inconsciente, comme lorsque l'on dort la nuit, ou ne ressentait-elle ni plus son corps, ni d'émotions ? Y avait-il des rêves pendant ces longues heures, des images, des senteurs, des sons, ou n'était-ce qu'un grand vide où le temps s'était arrêté ? J'imagine que les enfants de la fondation se sont posé les mêmes questions. C'est une curiosité un peu morbide, et pourtant compréhensible. C'est un grand mystère, le coma, pour qui s'y connaît bien peu. Mais je ne demanderai rien de tout ceci. Peut-être une autre fois, un autre jour, dans longtemps. Si j'en ai l'occasion. Joanne a simplement l'air de s'être réveillée d'une très longue nuit. Faible et pâle certes, mais étrangement, elle semble en moins piteux état après avoir frôlé la mort, à mes yeux, que pendant sa dépression il y a quelques mois. Elle était si amaigrie, si grisâtre et sans vie. Là, il y a un éclat dans ses yeux bleus, un quelque chose de vivant. On y voit sa hâte de voir Daniel, le tenir dans ses bras, puis se mettre debout, quitter cette chambre et retrouver le monde des vivants. J'espère que cela ne sera pas trop long. Vraiment, nous avons trop arpenté les couloirs de cet hôpital, occupé trop de chambres, vu trop de fois le visage de ce docteur et supporté l'excès de complaisance dans le ton de sa voix. Cela est pourtant loin d'être terminé. Je reviendrai ici toutes les semaines pour la thérapie. C'est un pas en arrière pour moi, mais peut-être une prise d'élan pour aller de l'avant. “Je ne sais pas. Je ne crois pas.” je réponds à Joanne en haussant les épaules. Je marche lentement d'un bout à l'autre de la chambre jusqu'à atteindre la fenêtre qui donne sur le parking du bâtiment. Je me demande combien de ces voitures ont perdu leur propriétaire pendant la tempête. “Et je ne pense pas que cela m'avancera à quoi que ce soit en réalité.” je reprends après quelques secondes de silence, m'arrachant à ma rêverie. “Ça m’a surtout fait du bien de parler à quelqu'un.” Même si je pense qu'un regard extérieur ne peut décemment pas comprendre ma personne ni toutes les situations que je traverse. Et même si je trouve la patience et le courage de parler de Londres, de mes parents, d'Oliver, de Kelya, et d'Enora, je crois qu'un simple récit ne permettrait pas de se faire un réel avis sur cette pièce de théâtre trop longue et compliquée. Cela sonne un peu comme Les Misérables de la haute société. Il faut le voir et le vivre pour entrevoir la vérité, sans quoi, on ne se résume qu'à un spectateur tentant de comprendre cette vie à travers un trou de serrure. « Je dois essayer une thérapie de groupe un soir, histoire de voir si cela peut m'être utile aussi d'être… avec des gens comme moi, qui savent exactement ce que je ressens. » D'autres petits monstres aux émotions incontrôlables, de véritables montagnes russes ambulantes qui font vivre un cauchemar à leur entourage car rien n'est jamais assez, rien n'est stable, rien n'est parfait, et surtout, rien n'est contrôlable. J'approuve faiblement d'un discret signe de tête peu convaincu, néanmoins, oui, j'espère bien trouver ce que je recherche, qu'importe ce que cela peut être. Et oui, j'aimerais être au courant de la date de sortie de Joanne. Sur ce, il semblerait que je sois libre de partir. Néanmoins je reste près de la fenêtre de la chambre, accoudé au mur, la tête sur le cadre blanc de la vitre. Malgré toute cette pluie et les nettoyages, les rues de Brisbane continuent d'avoir l'air sales, souillées. Je croise les bras et reste ainsi silencieux et pensif durant d'interminables minutes qui ne laissent guère Joanne seule avec les larmes qu'elle aimerait verser. Et je n'ai sûrement pas terminé de lui donner des raisons de succomber à son chagrin. « J’ai vu Hannah un soir. » dis-je finalement, et l'on peut aisément présager que ce couplet n'est pas annonciateur de belles mélodies pour les oreilles. « Je ne te l'ai pas dit pour que tu ne te fasse pas de films. C'était… juste une sortie entre amis. » Du moins, c'était l'idée. Innocente, déterminée, simple idée que n'importe qui de normal aurait su appliquer du début à la fin, et qui m'a complètement glissé entre les doigts pour se métamorphoser en tout autre chose. Quelque chose que je ne pouvais pas contrôler. “Elle…” Non, cesse donc de ne laisser la faute que sur les épaules des autres, Jamie, c'est une stratégie trop usée et bien trop facile. Tu étais là. Si tu n'es pas instigateur alors tu es complice mais certainement pas innocent. “On s'est embrassés.” j'avoue en gardant le regard planté dans les nuages couleur perle qui traversent un ciel qui se remet difficilement de ses émotions. Je prends une grande inspiration et trouve le courage de poursuivre ce que j'ai à dire, même si l'on ne fait sûrement pas pires circonstances pour pareille confession. On ne choisi jamais le moment où l'on trouve les bons mots. “Je sais que c'est un mauvais moment, ce n'est pas le genre de choses que l'on veut entendre au réveil d'un coma, pas sans avoir envie de se rendormir pour deux ou trois jours en tout cas. Mais je voulais te dire que je suis désolé. Tu avais raison. Je pensais très sincèrement qu'il était possible d'être des amis, mais ça ne fonctionne plus comme ça désormais et je ne voulais pas le voir.” Joanne ne pouvait pas avoir confiance en moi autant que je n'aurais pas du me fier à moi même. J'ai été trop fier, et trop orgueilleux. « Il faut que je décide quoi faire... » je murmure, soucieux, angoissé. Les gens comme moi ne choisissent jamais, n'ont pas à renoncer à quoi que ce soit. Nous mettons tous nos souhaits dans un sac, en vrac, et si cela devient trop volumineux, impossible à porter, nous achetons un sac plus grand, et payons quelqu'un pour le porter à notre place. Mais l'on ne choisit pas. Pas quand cela implique de renoncer. Ce n'est pas une force, bien un contraire, même si l'on se complaît à croire que ce genre de privilège nous met au-dessus de tous ceux qui ne peuvent pas se permettre de tout vouloir et tout prendre. Je n'ai jamais autant souhaité savoir comment faire pour renoncer que depuis ces derniers mois. « Je ne peux pas continuer de faire souffrir tout le monde autour de moi de cette manière. » Que ce soit Joanne, Hannah, Daniel ou moi-même, je ne fais qu'empoisonner nos existences. Je ne mentionne pas le choix que me demande la comédienne de faire, il me semble évident que la petite blonde le devinera. Je n'ai pas choisi. Je ne frôle même pas du bout des doigts la moindre piste. Ce n'est pas le sujet ; ce que j'essaye de dire, c'est que rétrospectivement, j'ai été injuste avec Joanne, j'ai été terrible, j'ai perdu mes moyens, alors qu'elle voyait juste et que je me voilais la face. Je pose cette fois mon regard sur elle, afin que mes mots aient tout le poids qu'ils doivent avoir. « Je suis vraiment désolé de t'avoir fait du mal, parce que tu avais raison. Je m'en voudrai toute ma vie pour ce que je t'ai fait ce jour-là. Ce n'était la faute de personne d'autre que la mienne, seulement la mienne. J'aurais vraiment aimé que rien de tout ceci n'ait eu lieu, parce que nous sommes brisés, et je… je crains que nous n'arrivions jamais à sauver quoi que ce soit cette fois. » Parce que mon coeur ne semble toujours pas vouloir battre pour elle. Ma voix s'étouffe, je serre les dents et ravale les larmes qui se sont faufilées jusqu'à mes paupières.
 
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Message(#)joamie + i was too close to heaven EmptyLun 31 Oct 2016 - 17:58

I was too close to heaven
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive

Joanne aurait certainement préféré un meilleur réveil. Avoir des visages souriants, des personnes qui se permettaient de montrer la joie que l'on se faisait à la simple idée de savoir qu'elle était sortie d'affaires. Mais rien de tout ça. On lui avait expliqué ce qu'il s'était passé, on s'était évertué à lui faire comprendre qu'elle aurait très bien pu ne pas y survivre. On l'avait rassuré en disant que ses proches allaient bien, ce qui était un soulagement. Mais pas de sourires, pas de cadeaux, pas d'accolade et encore moins l'ombre d'un baiser. Joanne se demandait si son existence avait alors le moindre sens désormais. C'était ce qui lui était montré, à l'heure actuelle, qu'elle n'importait peut-être pas tant que ça. Elle savait que Daniel allait rapidement parvenir à lui faire oublier cette funeste idée, mais il fallait qu'elle attende encore un peu, qu'elle fasse preuve de force malgré sa faiblesse. Jamie lui avait fait part de cette thérapie qu'il avait décidé de recommencer par lui-même. Elle se demandait si cela avait déjà fait ses preuves. Selon lui, non, mais il avait apparemment grand besoin d'en parler à quelqu'un. Un peu comme lorsque Joanne avait parlé de ses soucis à Saul. Elle se demandait alors si ce dernier allait bien. Joanne le regardait s'éloigner d'elle, encore un peu. "Peut-être que ça t'aidera, oui." Elle était surprise qu'il accepte ce genre de thérapie, elle savait que c'était le genre de choses contre lequel il s'opposait. D'en parler à d'autres. Comme lui, disait-il. Mais personne ne pouvait être comme Jamie Keynes, c'était certain. Il voulait être informé de la date de sortie de Joanne également, il le lui fit comprendre par un très discret signe de tête. Elle avait pensé qu'il aurait hâte de quitter cette chambre, de retourner au travail pour penser à autre chose. Mais il restait là, appuyé contre le mur de la chambre, à regarder à travers la fenêtre. Il restait longuement silencieux, alors qu'elle sentait sa gorge se serrer de plus en plus. "Je me doutais un peu que vous vous voyiez, lorsque tu rentrais tard le soir." lui dit-elle en baissant les yeux. Peut-être que ce n'était pas systématique, qu'il n'était pas toujours avec elle. Mais Joanne s'y était faite, vraiment. Elle aurait voulu lui en parler en d'autres circonstances, mais il la devança en reprenant la parole. Il admit qu'ils s'étaient alos embrassés, et c'est ce qui eut raison des larmes si longuement retenues par Joanne. Néanmoins, elle sanglotait de manière très silencieuse. Pour quelqu'un qui n'aimait pas les excuses, voilà qu'il disait être désolé, qu'il admettait ses torts. Elle baissa les yeux, et vit ses mains trembler. Par la suite, la petite blonde comprit très bien qu'il était devant un choix. Hannah ou Joanne. Pour elle, le choix devait être tout fait. Elle restait muette, incapable de prononcer le moindre de mot alors qu'elle sentait son coeur se dessécher, au point de s'effriter doucement. Au même moment où elle releva les yeux, il parvint à capter son regard. Ses iris verts ne partageaient plus aucun sentiment envers elle, il n'y avait plus rien. Il s'excusa une nouvelle fois, en lui faisant comprendre qu'il ne pouvait plus jamais avoir que ce soit entre eux. Son choix devait être tout fait. Difficile pour Joanne de garder contenance, mais elle y arrivait. Elle regarda longuement dans le vide, les yeux rouges, les joues qui commençaient à s'humidifier. "Je voulais t'en parler, avant que tout ceci n'arrive." dit-elle, sa voix bien étouffée par les sanglots. "Je voulais te parler un soir où tu ne serais pas rentré trop tard. Pour te dire que... que j'acceptais que tu aies besoin d'elle, parce que ça fait partie de ce dont tu as besoin, ça fait partie ce que tu es. Parce qu'avec elle, tu peux être cette personnes avec qui tu n'aurais jamais pu être avec moi. Et pour tous ces soirs où tu rentrais, je me demandais si tu passais du temps avec elle et je me disais que c'était ce dont tu avais besoin. De te vider l'esprit, de m'oublier un peu. Je ne voulais pas être un fardeau pour toi, ou être un frein à tes yeux." Elle baissa les yeux, et haussa les épaules. "Je suppose qu'il est trop tard pour te dire tout ça." dit-elle en souriant bien tristement. Elle avait longuement songé à ceci, elle s'était beaucoup remise en question pour parvenir à tout ceci. Tout ça pour rien. Elle demeura longuement silencieuse, les larmes continuaient de couler. Il était devenu très difficile pour elle de le regarder. Non pas par méprise, mais elle savait que si elle croisait son regard, elle s'effondrerait de plus belle. "S'il n'y a plus rien à sauver, pourquoi t'es-tu donné la peine de venir ?" lui demanda-t-elle en regardant ses doigts nerveux. Cette douleur dans sa poitrine était insupportable. "J'avais de l'espoir, tu sais. Je croyais que nous y arriverions." Mais il venait de tout démentir, en lui disant qu'il n'y avait plus rien. Enfin, Joanne leva les yeux vers lui. "Tu sais que je ne t'imposerai rien. S'il y a encore vraiment quelque chose à décider, c'est quelque chose que tu dois faire seul." C'était si dur, si dur pour elle de devoir affronter son regard. "Tu viens de me dire qu'il n'y plus vraiment grand chose à sauver cette fois, cela doit certainement dire que tu as déjà plus ou moins pris une décision, non ?" Elle le suppliait presque du regard qu'il lui donne une réponse, l'attente était interminable, et il venait de balayer à l'aide de quelques mots les sentiments qu'elle pouvait avoir encore pour lui. "Je t'aime, Jamie." dit-elle au bout de quelques secondes d'un lourd silence. Il ne semblait pas réagir, et supposant qu'entendre ces mots ne lui faisaient plus rien, Joanne baissa la tête et s'appuya sa tête contre son oreiller. "Si je ne dois plus qu'être la mère de ton fils..." Elle ne termina même pas sa phrase, noyée par les sanglots. Elle passa ses mains sur son visage, espérant qu'elle parvienne à se calmer. Mais son coeur n'était plus que poussière. La douleur était pourtant toujours bien présente. "Tu devrais peut-être partir, je ne voudrais pas te retenir plus longtemps." dit-elle en le pensant réellement, après plusieurs minutes de silence - minutes pendant lesquelles elle se demandait ce qui allait véritablement se passer lorsqu'elle quittera l'hôpital. Mais elle ne se sentait absolument plus la bienvenue lorsqu'elle pensait à la maison de Jamie.

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Message(#)joamie + i was too close to heaven EmptyLun 31 Oct 2016 - 19:15


☙  i was too close to heaven


Il fallait que je lui dise. Même si cela n'était pas le bon jour ni le bon endroit, je le devais. Parce que nous sommes sur la corde raide et qu'un rien peut nous faire céder. Parce qu'elle mérite désormais d'avoir toutes les informations, de savoir tout ce qui se trame dans son dos depuis des semaines ; moi, pesant le pour et le contre de chaque option qui m'offre pour la suite des événements. Joanne ou Hannah, ou aucune des deux. Prendre l'une et perdre l'autre. Renoncer. Autant tout quitter, partir et recommencer à nouveau. J'ai réalisé que je suis un fuyard. Moi, comme beaucoup d'hommes en réalité. Nous partons, et les femmes restent. Nous esquivons, nous trouvons des pirouettes pour nous en sortir avec l'ego le moins écorché possible, nous échappons aux désagréments du quotidien, aux petits problèmes, aux gros, à certaines émotions inconfortables, nous sauvegardons notre confort et notre paix d'esprit par de multiples formes de fuites. Mais les femmes de nos vies, elles, demeurent. Je n'ai pas abandonné l'idée de partir. Un billet pour Londres. Je pourrais sauter dans un avion et retrouver ma zone de confort, mes repères. Peut-être que je retomberai amoureux. Ou bien je suivrai le plan départ consistant à rester seul. Mon esprit tourne autour de cette possibilité, tout comme il tourne autour des deux autres. Jusqu'à présent, Joanne ne se savait pas mise sur une balance dont le résultat pourrait tout changer. Cela ne change peut-être rien à ses yeux d'être désormais au courant. Je la connais, je sais ce qu'elle fera ; elle ne bougera pas les poids, et elle attendra. Ses paroles auraient pu être satisfaisantes si elles n'arrivaient pas des semaines en retard. « Ca l'est. » dis-je. Bien trop tard. Sûrement auraient-elles eu du poids il y a quelques temps, et j'aurais grandement apprécié que Joanne se montre plus ouverte et souple au sujet d'Hannah. Aujourd'hui, le problème vient de l'autre femme, de celle qui exige de moi que je choisisse, et qui m'a fait comprendre que nous ne serons pas amis. C'est tout, ou rien du tout. Je reste tout aussi silencieux que Joanne, peu décidé à partir sur pareille note. Je ne cesse de me demander quel moyen nous permettrait de reconstruire le puzzle. Comment réunir toutes les pièces, comment les souder ensemble. Mais nous avons déjà essayé et ressayé si souvent que même mon coeur ne bat plus pour cet amour presque contre-nature. Ca ne fonctionne pas. Est-ce que cela a seulement fonctionné un jour ? Je vois les larmes sur les joues de Joanne et cela me désole. J'ai toujours été plus doué pour la faire pleurer que pour la rendre heureuse. « Parce que j'étais inquiet pour toi. Je devais savoir comment tu allais. » je lui réponds. Il n'y a pas de mensonge complaisant là-dedans. J'étais véritablement terrifié à l'idée qu'elle puisse mourir. Cela ne devait pas être. Je soupire, je me retiens de lever les yeux au ciel. Oui, je suis seul à pouvoir décider. J'ai toujours été seul à décider dans cette relation, seul à prendre le taureau par les cornes et tout tenter. Seul. Un couple ne devrait pas vous faire sentir seul. Nous aurions du être deux à ramer pour faire avancer notre barque. J'ai lâché le gouvernail il y a des semaines dans l'espoir que Joanne démontre que je ne suis pas seul. Me revoilà au même point que d'habitude. « Non. » dis-je tout bas. Aucune décision n'est prise, l'avenir est perçu à travers un immense filtre flou. La seule décision que j'ai prise, c'est de prendre une décision bientôt. « J'ai dit que je ne suis pas certain que nous soyons capables de nous sauver. » j'ajoute pour la corriger. Mais Joanne restera Joanne. Le verre est toujours à moitié vide. « Qu'importe… Je ne sais toujours pas quoi faire. » J'hausse les épaules. Je ne sais pas quand est-ce qu'une illumination me permettra de faire un choix. Demain, dans une semaine, dans un mois. Jusqu'à ce que quelqu'un d'autre choisisse à ma place. Je n'en sais rien. Que Joanne me dise qu'elle m'aime parvient à mettre un coup de pied à mon coeur, lui rappelant qu'il existe un sentiment éteint qui fut un jour si beau et doux. Un picotement nostalgique qui fait à la fois du mal et du bien. Voir les sanglots s'emparer de la jeune femme est une scène toujours aussi affreuse à observer. Ma gorge se serre à l'idée d'être à l'origine de ceci. « Je t'aime aussi. » je finis par lui répondre. « Nous n'avons jamais manqué d'amour l'un pour l'autre. Nous n'avons simplement jamais trouvé la bonne manière de nous aimer. » Des sentiments trop forts mal canalisés. La jalousie, le manque de confiance nous ont perdus. Trop de maladresses, trop de blessures. Nos fondations n'ont jamais été solides. En réalité, nous avons toujours été face à face avec une bombe à retardement à se passer entre les mains. Je sais que mon amour pour Joanne se cache quelque part dans les débris de mon coeur que je peine à réunir et réparer. Il n'est pas mort. Sinon je ne devinerai pas ces picotements dans ma poitrine, comme les spasmes de l'agonie. J'approche de la jeune femme de quelques pas. « Tu n'es pas que la mère de notre fils. Tu es celle qui m'a montré que je peux aimer. Tu es mon premier véritable grand amour. » Ma main se lève puis hésite un instant, tentée de ne même pas frôle l'aura de Joanne. Elle se pose finalement sur ses cheveux blonds. « Personne n'oublie son premier amour. Il dure pour toujours. » Je me penche délicatement vers son visage et dépose un baiser sur son front avec une extrême tendresse. Oui, je sais que ces sentiments sont quelque part. Mais peut-être vaut-il mieux qu'ils restent enfouis, enterrés. Je caresse son joli visage quelques secondes, puis je m'éloigne et prends la porte. Le coeur décrépit se recroqueville un peu plus en lui-même.
 
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