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 if you ever want to be in love - event (margaret)

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Message(#)if you ever want to be in love - event (margaret) EmptyLun 31 Oct 2016 - 16:03


saw you today after so much time, felt just like it used to be. talking for hours 'bout a different life, surrounding us in memories.

(☆☆☆)


Il ne saurait dire depuis combien de temps Brisbane demeurait défigurée, dénaturée, estropiée par cette tempête qui avait tout ravagé sur son passage et dont on voyait encore les traces plusieurs jours après que le calme soit pourtant revenu en ville. Saul avait perdu la notion du temps depuis la nuit qu'il avait passé à errer comme une âme en peine à la recherche de ses proches, de nouvelles bonnes ou bien mauvaises, de quoi que ce soit qui serait venu apaiser l'inquiétude qui l'avait accablé durant de longues heures, lorsque le chaos avait frappé sa ville d'adoption, celle qu'il chérissait depuis maintenant plus de vingt ans. Cette nuit là, peu importait l'heure, le brun n'avait vécu que pour serrer ses enfants tout contre lui et s'assurer que ceux à qui il tenait le plus n'avaient pas péri dans ce qui avait malheureusement coûté la vie à beaucoup trop de monde. Et lorsqu'enfin il avait retrouvé les siens, Saul avait vécu quelques heures de parfaite insouciance, avant d'être rattrapé par la brutale réalité. Il y avait eu l'hôpital, cette chambre où il était resté au chevet de son père et s'était de nouveau retrouvé confronté à une attente interminable, mais surtout à une insupportable incertitude. Et puis, à nouveau, ses questions avaient trouvé des réponses. Mais cette fois, pas celles qu'il aurait voulu. Alors le temps s'était à nouveau écoulé tandis qu'il avait du accepter la disparition de son père, le fait que ses enfants grandiraient sans plus l'avoir à leurs cotés, et que lui-même serait maintenant privé à jamais de la présence de l'homme qui avait tant compté pour lui. Le deuil s'était imposé à lui comme un funeste compagnon, et durant des jours il s'était efforcé de vivre avec l'idée que rien ne serait plus jamais comme avant. Faire des projets lui avait subitement paru dérisoire, tout comme la simple idée de continuer à avancer, alors que la vie avait instantanément perdu de sa saveur dès lors qu'elle l'avait privé d'une partie de lui-même, celle qui était restée figée trente ans auparavant, à une époque où ni Alzheimer ni aucun déluge n'aurait pu l'arracher à ses deux parents. Il s'en était aussi beaucoup voulu. De ne pas avoir été présent pour éviter ce qui n'aurait certainement pas pu l'être. De ne pas l'avoir appelé une dernière fois avant que tout ça ne leur tombe brusquement dessus. D'avoir finalement bêtement compté sur le fait que son père et lui auraient de toute façon mille autres occasions de se revoir à l'avenir. Et tandis qu'il avait affronté l'une des plus grandes épreuves de sa vie, Saul avait momentanément occulté le reste. Ce n'est que ce matin, après des jours passés à se lamenter sur le tournant qu'avait pris sa vie, que Saul avait finalement réalisé que le temps ne l'avait pas attendu, et qu'une personne, notamment, était toujours privée de ses nouvelles. Margaret. L'une des premières personnes à qui il avait pourtant pensé lorsqu'il s'était retrouvé livré à lui-même, le soir où tout avait basculé. Durant de longues heures il avait pensé à elle, s'était remémoré leurs moments, toutes les fois où ses bras avaient été le meilleur abri dont il aurait pu rêver. Et pourtant, c'est loin d'elle qu'il avait passé ces derniers jours, loin d'elle qu'il avait consolé son chagrin alors qu'elle était l'une des deux personnes qui savaient le mieux réchauffer son cœur. Aujourd'hui Saul prenait conscience qu'il l'avait délaissée, malgré lui, et se sentait si coupable qu'il ne savait plus s'il pouvait encore espérer retrouver quoi que ce soit de l'histoire qu'ils partageaient il y a encore quelques jours, avant cette tempête et la façon déplorable dont il en avait géré les conséquences. Et puis, la coupure d'électricité qui avait suivi les avait empêché de communiquer, si bien qu'il ne pouvait même pas être totalement sûr que la femme qu'il aimait était saine et sauve. C'est pourtant en direction de son domicile qu'il s'était précipité, aux premières heures de la matinée, alors que les lueurs du soleil éclairaient les rues défigurées de Brisbane. A quelques mètres de chez elle, Saul sentit monter une intense inquiétude, mais ne perdit pas une seule seconde pour se rendre jusqu'au pas de sa porte. Là, sa gorge se serra tandis qu'il frappa une première fois dans l'espoir que sa silhouette lui apparaîtrait. Mais aucune réponse. Alors il retenta sa chance, sentant ses muscles s'engourdir et le paralyser à la simple idée qu'il n'y ait peut être personne. « Meg ? Est-ce que tu es là ? » Le silence se fit plus pensant à chaque minute qui le sépara de la délivrance. Alors quand celle-ci vint finalement, au moment où la porte s'ouvrit et où ses yeux trouvèrent finalement le visage de la brune, c'est dans un puissant soupire qu'il exprima tout son soulagement. S'approchant brusquement pour enserrer sa taille et la garder ensuite tout contre lui, Saul crut revivre. « Oh bon sang, j'ai eu tellement peur qu'il te soit arrivé quelque chose. » Parce qu'une fois de plus l'attente avait été sa pire ennemie face à une réponse qui avait tardé à lui ôter ses dernières craintes. « Je suis désolé … Pardonne-moi de ne pas être venu plus tôt, il s'est passé tellement de choses ces derniers jours, et puis ... » Saul se perdit dans ses pensées tandis qu'il tenta de lui expliquer, avec toute la difficulté que ça représentait aujourd'hui, que certains événements l'avaient malheureusement accaparé alors qu'il aurait aimé être ici, près d'elle, au moment où ils en avaient tous les deux le plus besoin. Mais parce que mettre des mots sur le drame qu'il vivait restait difficile, qui plus est alors qu'il la retrouvait à peine, Saul enfouit son visage dans le cou de la brune avant d'y souffler. « Tout ce qui compte, c'est que je t'ai retrouvée. Et qu'il n'y ait rien ni personne d'autre que toi, que nous, à cet instant. » Et notamment une épouse dont il était censé s'être détaché mais pour qui il avait cru mourir d'inquiétude quelques jours plus tôt. Aujourd'hui Saul redevenait cet homme bientôt délivré de son mariage, et renfilait ce masque qui ne laissait rien paraître des incroyables tourments qu'il infligeait à son cœur. Un cœur à qui rien n'était décidément épargné ces jours-ci.


Dernière édition par Saul Masterson le Dim 6 Nov 2016 - 18:16, édité 2 fois
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Message(#)if you ever want to be in love - event (margaret) EmptyMar 1 Nov 2016 - 9:30


“ if you ever want to be in love ”
SAUL & MARGARET


« Madame, comment vous vous appelez ? Vous pouvez me dire votre nom ? » La panique avait envahi la jeune femme. Son nom ? Elle le connaissait, elle le savait, elle l'avait sur le bout de la langue. Pourtant, elle était incapable de le dire. Tout le monde avait un nom, y compris elle. Quel était-il ? Meg n'y arrivait pas. Tout ce à quoi elle pouvait penser était la douleur.
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Réveil en sursaut. Ces images la hantaient. Cette tempête la hantait. Elle avait toujours mal. Bien sûr, comparée à d'autres personnes, Meg avait eu beaucoup de chance. Seulement quelques côtes cassées et une clavicule fracturée. Un mal de dos persistant dû au choc. Elle s'en souviendrait de cette nuit. Elle devait travailler, elle était à l'aéroport, prête à embarquer. Cependant, ils n'avaient pas été autorisés à décoller à cause de la météo, la tempête se levait déjà. Alors, Meg était rentrée chez elle. Elle était persuadée que la tempête ne serait pas aussi forte. Elle était persuadée qu'elle serait bien au chaud chez elle lorsque la tempête serait à son plus fort. En sécurité. Elle n'avait pas compris de suite son erreur. Pas même au moment où elle avait vu les phares d'une autre voiture en face de la sienne. Pas même au moment où les phares de cette même voiture étaient beaucoup trop proches de sa voiture. Et puis, Meg s'était rendu compte de l'impact imminent. Elle avait donné un violent coup de volant. À partir de cet instant, c'était le trou noir dans la tête de Meg. Elle n'avait aucune idée de ce qu'il s'était passé. Les images lui revenaient lorsqu'elle essayait de dormir. Elle avait besoin de dormir, mais, dès qu'elle fermait les yeux, tout lui revenait. Enfin, à dire vrai, elle n'était même pas sûre que ce soit réellement ce qu'il s'était passé. Était-ce la réalité ou son cerveau qui créait ces images pour assouvir sa soif de vérité ? La jeune femme voulait savoir ce qui était vraiment arrivé. Elle voulait combler son trou noir. Mais les images qu'elle voyait lorsqu'elle tentait de s'endormir, pouvait-elle s'y fier ? Parfois même, elle se réveillait en sursaut mais ne se souvenait pas de ce qui l'avait réveillée. Encore une fois, à peine avait-elle essayé de se reposer que des images envahissaient sa tête. Dos sur son lit, les larmes coulant le long de ses joues, Meg n'en pouvait plus. Aussi fort qu'elle voulait savoir ce qui lui était arrivé, elle était à bout de ne pas pouvoir dormir, à bout d'y penser constamment sans réussir à savoir si elle ne devenait pas tout simplement folle, à s'imaginer des choses. Rien n'arrivait à lui changer les idées, puisqu'elle ne pouvait pas encore retourner travailler. Elle resta quelques minutes allongée là, fixant le plafond. Elle finit par se lever, se diriger dans la salle de bains afin de se passer de l'eau sur le visage. Du moins, essayer. Elle pouvait à peine se baisser, elle ne pouvait pas lever le bras droit. Ces derniers jours, Meg avait dû apprendre à être gauchère. Ce n'était pas évident. N'importe quel geste du quotidien devenait fastidieux. Alors qu'elle avait atteint la cuisine et tentait d'ouvrir la boîte de ses médicaments anti-douleur, elle entendit frapper à sa porte. Elle ne bougea pas, elle voulait prendre ses foutus cachets. Au moment où un second coup retentit à la porte, la boîte s'ouvrit et Meg la fit tomber, les cachets se répandant au sol. « Merde ! » ne put s'empêcher de jurer la brune. « Meg ? Est-ce que tu es là ? » Derrière la porte, elle reconnut la voix de l'homme qu'elle aimait, Saul. Elle n'avait pas eu de ses nouvelles depuis des jours. Meg n'avait pas pu l'appeler à cause de la coupure d'électricité, et elle était incapable de conduire. De toute façon, où aurait-elle été le voir ? Elle aurait toqué à la porte de chez lui et demandé à sa femme si son mari allait bien ? Elle imaginait bien la scène... Tant bien que mal, elle alla ouvrir la porte. « Saul. » A peine avait-elle eu le temps d'ajouter quoi que ce soit que Saul s'approcha d'elle pour l'enlacer. Lorsqu'il enserra sa taille, Meg grimaça de douleur, tout en espérant qu'il ne l'ait pas vue.  « Oh bon sang, j'ai eu tellement peur qu'il te soit arrivé quelque chose. » Saul s'était inquiété pour elle. Durant un moment, elle en avait douté. Elle ne pouvait plus conduire, elle n'avait plus de téléphone, mais elle voyait que lui était en capacité de conduire. Elle ne put s'empêcher de se dire qu'il était bien trop occupé à s'occuper de sa femme. Meg était consciente que cette tempête avait été une horreur pour tout le monde. Qu'elle avait pu l'être pour la femme de Saul et pour ses enfants. Seulement, elle ne pouvait empêcher cette pointe de jalousie, cette pointe de colère qui lui disait que personne n'était là pour elle. Personne, aujourd'hui, n'était là pour l'aider. Elle resta silencieuse. « Je suis désolé … Pardonne-moi de ne pas être venu plus tôt, il s'est passé tellement de choses ces derniers jours, et puis ... » Que s'était-il passé ? Elle se posait la question. Elle ne savait pas si il allait lui raconter. Pourtant, elle voulait savoir. Qu'avait-il vécu durant cette tempête ? Au moins, il n'était pas blessé, elle était soulagée. « Tout ce qui compte, c'est que je t'ai retrouvée. Et qu'il n'y ait rien ni personne d'autre que toi, que nous, à cet instant. » Meg esquissa un sourire. Plus qu'eux, elle en rêvait. Saul avait enfoui sa tête dans son cou, elle l'avait enserré de ses bras. Mais, lorsque la douleur dans son bras droit, et dans ses côtes, devint insupportable, elle se recula. Elle essaya de ne pas se reculer trop brusquement. « Je... Je suis désolée mais je ne peux pas... Tu me fais mal, j'ai trop mal de rester comme ça... » Pour la première fois devant lui, elle ne savait pas comment s'exprimer. Les mots restaient coincés dans sa gorge. Tant de sentiments différents se bousculaient en elle. De la jalousie, de la colère, de la fatigue et de la douleur. Mais, aussi de l'amour et du soulagement. « Entre, Saul. » Meg referma la porte derrière lui et, sans un mot, retourna à la cuisine. Sans un regard pour lui, elle commença à ramasser les cachets tombés au sol. Malgré elle, elle sentit une larme couler le long de sa joue. « Qu'est-ce qu'il s'est passé, Saul ? Pourquoi t'es pas venu plus tôt ? Pourquoi t'as pas pensé à moi ? » Au fur et à mesure, elle fourrait rageusement ses cachets dans leur boîte. Une fois qu'elle eut tout remis, elle n'avait plus le choix. Elle ne pouvait plus fuir le regard de cet homme qui, pour la première fois en deux ans et demi, lui causait tant de peine. « J'étais toute seule, je suis toute seule ici. J'avais besoin de toi. » Elle savait. Elle savait qu'elle agissait égoïstement en lui disant tout ça, mais les paroles sortaient sans qu'elle ne puisse les arrêter.  Elle arrivait à peine à le regarder. Elle préférait s'affairer à se faire couler un verre d'eau pour prendre ses cachets. Elle se retourna brusquement, non sans une grimace de douleur. « J'ai besoin de toi, Saul. Dis moi ce qu'il s'est passé pour que tu ne viennes pas. Il s'est forcément passé un truc, je refuse de croire que tu m'aurais abandonnée comme ça. Ne pas téléphoner, je comprends, y avait plus d'électricité. Mais, je vois que tu peux conduire. Qu'est-ce qu'il s'est passé, hein ? »
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Message(#)if you ever want to be in love - event (margaret) EmptyMer 2 Nov 2016 - 10:08

Saul ne comptait plus les fois où il avait marché jusqu'à cette porte, débordant d'impatience à l'idée de retrouver celle qui ne quittait jamais ses pensées. Les fois où ses yeux étaient remontés jusqu'au judas et où il avait attendu, le cœur battant à tout rompre, de la voir apparaître. Parfois c'est un bouquet de fleurs qu'il lui avait tendu, d'autres fois une boite de ses chocolats préférés ou une peluche qu'il avait repéré dans l'une de ces boutiques de souvenirs qu'on trouvait dans les aéroports, au retour de l'un de ses voyages. Mais le plus souvent, c'est son corps qu'il avait directement pressé contre le sien, et leurs lèvres qu'il avait scellé, avec l'envie de rattraper tout le temps dont ils avaient été privés. Parce que du temps, ils en manquaient chaque fois que Saul devait repartir pour une vie bien différente de celle qu'il vivait lorsqu'il était auprès d'elle. Une vie qui n'incluait pas Meg, et qui reniait même jusqu'à son existence lorsqu'il devait renfiler son costume de père de famille idéal, retrouver les bras aimants de sa femme et prétendre aux yeux du reste du monde qu'il était un homme comme les autres, dépourvu de secret. Et cette semaine, alors que Saul ne saurait dire si le temps s'était écoulé suffisamment vite ou s'il n'avait été qu'une épreuve de plus à surmonter, le brun réalisait que la question n'était même pas là. Que la question, c'était plutôt de savoir à quel moment il s'était laissé happer par son chagrin au point d'en avoir oublié que Meg, elle, demeurait sans nouvelles de lui. A quel moment la douleur avait primé sur son envie et son besoin de l'avoir près de lui, mais aussi et surtout d'être là pour elle. Alors si aujourd'hui il attendait à nouveau devant cette porte, c'est cette fois rongé par d'insupportables interrogations qu'il patientait, et le regard rempli d'appréhension. Mais ce sont les minutes qui le séparèrent de ce moment très précis qui s'avérèrent les plus difficiles, lorsque tout son être en vint finalement à se poser de plus pénibles questions : pouvait-il seulement être certain que Meg était chez elle, et si oui, qu'elle allait bien ? Était-elle en mesure d'ouvrir la porte, et pourrait-elle appeler à l'aide si ça n'était pas le cas ? Heureusement, il n'eut guère le temps de se laisser plus longtemps submerger par ses angoisses que la porte finit par s'ouvrir, laissant apparaître la femme qu'il attendait tant de retrouver. Là, porté par son besoin irrépressible de la sentir tout contre lui, Saul ne laissa passer qu'une demi-seconde avant de l'enserrer de ses bras fébriles, témoignant de l'appréhension qui avait été la sienne lorsqu'il avait douté, pendant un instant, de la trouver ici. Ses lèvres, elles, ne tardèrent pas à souffler des mots que son cœur cherchait maintenant à libérer, après qu'il ait pris conscience de n'avoir pas agi comme il aurait du le faire, lorsque la tempête était venue tout chambouler. Car Saul était à présent envahi d'une profonde culpabilité, et s'il aimait se dire que seul le moment présent comptait maintenant qu'ils étaient réunis, une partie de lui savait pertinemment qu'il n'avait pas été digne d'elle, d'eux, durant ces derniers jours. Ainsi c'est sans surprise qu'il la sentit bientôt se détacher de lui, mais toutefois rongé par une nouvelle inquiétude qu'il accueillit ses paroles. « Quoi ? Qu'est-ce que ... » Il douta un instant du sens à donner à ses mots, puis comprit qu'il avait fait une nouvelle erreur en ne prenant même pas la peine de s'assurer que la femme qu'il aimait était indemne, et qu'il pouvait se permettre avec elle des gestes qu'elle n'était peut être pas en mesure de supporter. « Oh mon cœur, excuse-moi, je n'avais pas vu pour ton bras … est-ce que ... est-ce que ça va ? Tu as été soignée ? » Ses lèvres soufflèrent péniblement, tandis que son cœur se trouvait martelé par l'horrible impression qu'il n'était décidément bon qu'à lui faire du mal, et ce depuis leur rencontre et le moment très précis où il avait scellé leurs deux destins dans un périple qui avait sans doute peu de chance de les mener tout droit jusqu'à une fin heureuse. « S'il te plaît, laisse-moi regarder. » Saul reprit, d'un ton presque suppliant, restant interdit lorsqu'elle le fit entrer sans plus lui accorder d'attention. A la place, la brune s'éloigna en direction de la cuisine, sans lui laisser ne serait-ce que l'occasion de vérifier qu'elle se portait bien. « Meg. » Alignant quelques pas jusqu'à se retrouver face à elle, Saul sentit sa gorge se serrer au moment où la brune laissa finalement échapper les doutes et les reproches qu'elle gardait visiblement enfouis en elle depuis l'instant où ils s'étaient retrouvés. Peinant à affronter son regard, il ne put pourtant s'en détacher lorsqu'il surprit une larme dévaler le long de sa joue. Sa peine lui fit l'effet d'un poignard ravageant l'intérieur de sa poitrine, et il resta quelques secondes à prendre sur lui pour ne pas s’effondrer comme il se refusait à le faire depuis qu'il l'avait revue. « Je t'en prie, ne dis pas ça … j'ai pensé à toi, bien sûr, mais je ... » Il tenta d'articuler, de nouveau ébranlé par ses paroles et par l'idée qu'il ait pu lui donner l'impression de compter moins que tout le reste en restant ainsi éloigné d'elle pendant plusieurs jours. Alors Saul osa cette fois réduire la distance qui les séparait, et vint doucement s'approcher de la brune, saisissant sa main dans un geste hésitant mais qui témoignait de son envie de lui prouver qu'il était là, pleinement, comme il aurait du l'être chaque jour depuis que cette tempête avait frappé. Son regard capta le sien tandis que raisonnaient dans son esprit certains des mots qu'elle avait pu lui souffler. Il soupira, tristement, puis se décida à tout lui dire. « J'enterre mon père la semaine prochaine. Il fait partie des victimes de la tempête. » Ces mots, soufflés avec difficulté par des lèvres qui tremblaient encore de chagrin, étaient des mots qui venaient définitivement scellé le sort de celui qu'il acceptait peu à peu de laisser partir. « C'est auprès de lui que j'ai passé le plus clair de mon temps ces derniers jours. Il a fallu … que j'encaisse le choc de sa disparition, mais aussi que je règle énormément de choses. Parce que j'étais le seul à pouvoir m'en charger, le seul ... à pouvoir prendre les décisions qui s'imposaient. Mon demi-frère ne se sent pas concerné parce que son père, lui, est encore bien vivant, et ma mère … tu sais qu'elle n'est déjà plus que l'ombre d'elle-même. » Parce que de nombreuses fois Saul s'était confié sur son état et sur ce qu'il provoquait chez lui, qui la voyait s'enfoncer année après année dans une démence inévitable. « Je ne sais même pas si elle réaliserait que son mari n'est plus là. » Probablement pas, ou bien peut être s'en rendrait-elle compte lors de l'un de ses rares moments de lucidité, pour finalement oublier son chagrin l'instant d'après. Saul, lui, donnerait finalement beaucoup pour pouvoir oublier la sienne ne serait-ce qu'une minute. Ses yeux toujours plongés dans les siens, le brun laissa finalement son autre main remonter jusqu'au visage de la jeune femme, effleurant sa joue tandis qu'il reprit doucement. « Pardonne-moi, je sais que j'aurais du être là pour toi, m'assurer que tu ne courais aucun danger et t'épauler lorsque tu en avais le plus besoin … Je sais que j'aurais du faire tout ça, et je me déteste de ne pas l'avoir fait, mais j'ai cru … que je ne m'en relèverai pas. » Et c'était difficile pour lui de l'admettre, parce qu'il était aujourd'hui un père de famille, quelqu'un qui devait être capable d'encaisser les coups durs que la vie nous réservait parfois et porter la peine de ceux qui dépendaient de lui en plus de devoir supporter la sienne. Au lieu de ça, il s'était senti faible et désespérément impuissant, ainsi une partie de lui s'était certainement assurée que ni Meg ni personne ne serait là pour voir ça. « Je t'aime, Margaret. Je t'aime et jamais je n'aurais pu supporter de te perdre, toi aussi. » Il ne savait pas si elle pouvait encore le croire ou s'il avait gâché ses chances de lui apparaître comme quelqu'un de sincère en agissant comme il l'avait fait. Il ne savait pas, alors tout ce qu'il pouvait faire c'était laisser parler son cœur, simplement, comme chaque fois qu'ils étaient tous les deux.


MARQUEUR POUR LE COMPTAGE DES POINTS MERCI DE NE PAS ENLEVER


Dernière édition par Saul Masterson le Dim 6 Nov 2016 - 18:16, édité 1 fois
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Message(#)if you ever want to be in love - event (margaret) EmptyDim 6 Nov 2016 - 13:06

Saul s'était précipité au devant d'elle, à peine avait-elle ouvert la porte. Précipiter sans se soucier si tout allait bien. Après tout, comment aurait-il pu le deviner ? De surcroît, elle ne portait pas son attelle. Elle détestait ce truc. Cependant, cela se voyait que son épaule droite était blessée, elle était différente de l'autre. Elle pouvait à peine lever le bras. Lorsqu'elle se détacha de Saul, la douleur était si intense qu'elle se tenait le bras, essayant d'en atténuer son poids. « Quoi ? Qu'est-ce que ... » Meg n'avait sans doute jamais eu aussi mal de toute sa vie. Elle avait l'impression que tout son corps la faisait souffrir. Ainsi, elle s'était reculée de Saul en lui disant qu'elle ne pouvait pas rester ainsi. Bien sûr, cela piqua la curiosité de Saul qui voulut savoir ce qu'elle avait. « Oh mon cœur, excuse-moi, je n'avais pas vu pour ton bras … est-ce que ... est-ce que ça va ? Tu as été soignée ? » Meg lui lança un regard d'incompréhension. Est-ce que ça allait ? Est-ce que ça avait vraiment l'air d'aller ? Et, ce n'était pas juste son bras, c'était un tout. « Clavicule fracturée, des côtes cassées pour l'essentiel. » Pour l'essentiel, oui. Elle avait répondu d'un air froid, comme si elle essayait de se détacher de la réalité. Comme si ce n'était pas elle qui avait ces blessures. La douleur lui disait le contraire pourtant. « S'il te plaît, laisse-moi regarder. » Saul avait dit cela alors qu'elle le laissait entrer. Elle ne dit rien de plus, se contentant de ramasser ses cachets. « Meg. » Saul s'était rapproché d'elle, elle le sentait à sa voix proche. A l'entendre prononcer son nom, elle s'était lâchée et avait dit ce qu'elle avait sur le cœur. Et pour la première fois en plus de deux ans, être là, face à lui, était un véritable défi. Meg en voulait à Saul, elle n'arrivait pas à s'en empêcher, peu importait qu'elle sache à quel point cette colère était égoïste. Elle était là, au fond d'elle, c'était ainsi. Ce genre de sentiments était tenace. La brune regardait celui qu'elle aimait sans vraiment le voir. Elle voulait réellement comprendre. Elle voulait réellement avoir raison lorsqu'elle disait qu'il s'était forcément passé un truc pour qu'il l'abandonne dans un moment comme celui-là. « Je t'en prie, ne dis pas ça … j'ai pensé à toi, bien sûr, mais je ... » A sa manière de parler, elle comprit que Saul se sentait mal face à ce qu'elle venait de lui lâcher. Elle l'avait atteint. Et, si elle l'avait atteint, c'était qu'il y avait toujours quelque chose entre eux. Lorsqu'il s'approcha d'elle à nouveau, et qu'il lui prit la main, elle ne bougea, elle se laissa simplement faire. Même si elle ne l'avouerait pas immédiatement, elle était soulagée de l'avoir près d'elle, soulagée de sentir sa peau contre la sienne, rien qu'un peu. Elle profita de cet instant. Quelques secondes suivies d'un soupir de sa part. « J'enterre mon père la semaine prochaine. Il fait partie des victimes de la tempête. » Malgré la douleur, Meg ne put s'empêcher de poser sa main droite sur la joue de Saul. Comme si ce simple geste pouvait le réconforter. Malgré les problèmes avec ses frères et sœurs, Meg ne s'imaginait pas perdre ses parents. Il faisait comme elle le lui avait demandé, il lui racontait ce qui l'avait tenu éloigné d'elle. Elle se sentit encore plus égoïste de lui en vouloir. Cependant, à cet instant, tout ce qu'elle voulait, c'était être là pour lui. Lorsqu'il parla de sa mère, il savait très bien ce qu'il voulait dire. Cette dernière n'était plus elle-même, la maladie la contrôlait. « Je ne sais même pas si elle réaliserait que son mari n'est plus là. » Meg ne disait rien, préférant l'écouter. Il devait lui dire ce qu'il avait sur le cœur. Il en avait besoin. Elle n'avait pas le droit de l'arrêter. Tout comme elle l'avait fait, il posa son autre main sur la joue de Meg, l'effleurant du bout des doigts. Elle n'osa encore rien dire, de peur de l'interrompre dans ses pensées. Pourtant, lorsqu'il reprit, il ne parlait plus de ses parents. Il lui demandait de le pardonner de ne pas avoir été là, qu'il avait cru ne pas s'en relever. « Je t'aime, Margaret. Je t'aime et jamais je n'aurais pu supporter de te perdre, toi aussi. » Il était sincère, elle le savait. Une nouvelle larme coula le long de sa joue. « Je suis désolée, Saul, je ne peux pas imaginer la peine que tu ressens. Je sais à quel point tu aimes tes parents. » Elle ne savait pas quoi dire d'autres. Doucement, elle le prit dans ses bras. Quelques instants, puis elle fixa son regard sur lui. « Tu t'en relèveras, je le sais. Ça prendra du temps mais tu y arriveras. Il le faut. Pour tes enfants. Pour ta femme... » Meg avait dit ça sans vraiment réfléchir. En se rendant compte de ce qu'elle venait de dire, elle avait laissé sa phrase en suspens. Elle essaya de poursuivre comme si de rien était. « Ton père n'aurait pas voulu que tu te morfondes. Je sais que c'est cliché mais c'est la vérité. Je suis sûre qu'il était fier de toi, fier de l'homme que tu es devenu, du père que tu es devenu. Tu penseras toujours à lui, c'est normal, mais pense à tout ce qu'il t'a appris. » Meg se tut. Toutes ces paroles, elle en pensait chaque mot. Elle était convaincue de ce qu'elle lui disait. Elle ne le disait pas simplement pour le réconforter mais parce qu'elle en était persuadée. Peu importait les circonstances, Meg était toujours profondément honnête. Certains la considéraient simplement comme une grande rêveuse qui se berçait d'illusions. Une adulte qui vivait dans le monde des bisounours. Mais ce n'était pas le cas. Pas du tout le cas. La brune était parfaitement consciente de la souffrance qui planait autour d'elle, de la douleur que chacun pouvait ressentir. Que cette douleur soit dû à la perte d'un être cher, ou à un chagrin d'amour, ou encore à une trahison. Elle connaissait tout ça. Elle avait vécu tout ça. Mais elle refusait de perdre la foi. On pouvait presque croire qu'elle était ainsi à cause d'une quelconque religion. C'était faux. Elle avait foi en la vie. Elle croyait dur comme fer au destin, au grand amour et à toutes ces choses que beaucoup de gens, incluant sa petite sœur Scarlett, considéraient comme des conneries. Rien ni personne ne pourrait enlever cela à Margaret. « Saul, allons nous asseoir, j'ai trop mal là. » La douleur, trop intense, avait rappelé Meg à l'ordre. Elle devrait mettre son attelle, et se reposer. Mais, bien sûr, elle ne faisait jamais ce qu'il fallait pour elle. Cependant, à ce moment, elle devait s'asseoir. Tout son corps lui disait de s'asseoir et elle ne pouvait plus l'ignorer. Alors, tout en gardant la main de Saul dans la sienne, elle l'emmena sur le canapé à sa suite. Une fois assis, elle se rendit compte qu'elle n'avait pas quitté la main de Saul. Elle se rendit même compte qu'elle n'avait fait que renforcer sa prise, comme si elle avait peur qu'il s'en aille. Ses yeux fixés sur leurs mains enlacées, elle prit les deux mains de l'homme qu'elle aimait. Elle avait peur de le regarder dans les yeux, peur de ce qu'elle pouvait y lire, peur de sa douleur. Elle releva pourtant les yeux vers les siens. « Tu sais que je serai toujours là pour te soutenir. Je serai prêt de toi autant que tu me laisseras l'être. » Elle hésita quelques secondes avant d'ajouter. « Je t'aime, Saul. » La peine qu'elle ressentait pour lui avait pris le pas sur la colère. Du moins, pour l'instant. Il avait besoin d'elle, alors elle était là. C'était tout ce qui importait. « Je t'aime tellement. » Doucement, elle déposa un baiser sur ses lèvres. Puis, elle posa son front contre le sien, yeux fermés. Sans bouger.
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Message(#)if you ever want to be in love - event (margaret) EmptyMar 8 Nov 2016 - 20:49

C'est vrai, il n'avait pas réfléchi. Dès lors que la porte s'était ouverte sur la silhouette de Meg, il n'avait plus pensé qu'au temps qu'ils avaient passé loin l'un de l'autre, et à son besoin irrépressible de la serrer tout contre lui. Tout le reste avait comme disparu, à commencer par une réalité décidément difficile à affronter. La tempête avait apporté son lot de conséquences, il le savait pour avoir été directement touché par l'une d'elles, et pourtant une seconde avait suffi à ce qu'il occulte complètement ce détail. Alors oui, à présent qu'il réalisait que sa précipitation lui avait valu de raviver la douleur de Meg – une douleur qu'il aurait pu soupçonner si toutefois il avait pris la peine de pleinement l'examiner avant de s'élancer tout contre elle – Saul ne pouvait plus que se confondre en excuses. Il s'en voulait, amèrement, mais pas uniquement de n'avoir pas noté qu'elle était blessée. Ce qu'il se reprochait surtout, c'était ainsi de lui donner l'impression de se moquer éperdument de son sort. Ainsi, lorsque la voix de la brune s'éleva à nouveau et qu'il comprit à quel point il avait été négligeant pour être passé à coté de la gravité de son état, Saul resta muet d'effroi et de stupéfaction. Il avait l'horrible d'impression d'accumuler les erreurs et de gâcher à lui-seul leurs retrouvailles. Alors sans doute devrait-il maintenant peser le moindre de ses mots, mais la voir se détourner de lui sans même lui laisser l'occasion de l'examiner le confrontait à ce qui lui était le plus insupportable : le sentiment d'être profondément impuissant. Et il l'avait suffisamment expérimenté ces derniers jours pour ne pas se résigner à abandonner si vite. Ainsi s'approcha-t-il de la jeune femme après qu'elle se soit éloignée, sans savoir qu'à ce moment-là toute la rancœur qu'elle pouvait garder en elle s'évacuerait et qu'elle lui livrerait tout ce qu'elle avait sur le cœur. Ses mots lui étaient difficiles à entendre, mais il les acceptait, bien conscient d'avoir mal agi en la privant de ses nouvelles pendant plusieurs jours. Et ses questions, elles, étaient légitimes. Mais savoir qu'il avait pu l'amener à douter à ce point, jusqu'à se demander s'il avait seulement pensé à elle alors qu'ils traversaient l'un et l'autre des moments difficiles, lui était là encore insupportable. Alors, jugeant qu'il devait la rassurer sur l'importance qu'elle pouvait avoir à ses yeux, Saul réduisit à nouveau la distance qui les séparait. Il chercha d'abord ses mots, fébrile, puis finit par confesser ce qui l'avait tenu éloigné d'elle pendant tant de temps. Son père, ou plutôt sa disparation. Un drame personnel et qui l'avait atteint au plus profond de son être, même alors qu'il n'était plus un enfant facilement ébranlé par les épreuves de la vie. Son père avait été son modèle, son référent, mais aussi son pilier. Même quand tout n'avait pas été simple, même à l'époque où ils se toléraient à défaut d'être réellement proches l'un de l'autre. Alors le perdre, oui, ça l'avait touché d'une façon peu commune. Mais aussi attristé soit-il encore, la dernière chose qu'il souhaitait était de la laisser douter plus longtemps de ses sentiments. Des sentiments qu'il lui exprima alors, armé de toute la sincérité qui était la sienne, dans l'espoir de panser la plaie qu'il avait ouverte dans son cœur. L'émotion de Meg intensifia alors la sienne, tandis que ses mots, cette fois soufflés avec douceur, parvinrent à atténuer la peine qui l'animait toujours. Et lorsqu'elle le serra tout contre elle, Saul crut revivre. Meg mentionna ses enfants, mais aussi sa femme, et c'est dans un souffle qu'il reprit la parole. « Je me suis montré distant avec eux aussi, ces derniers jours. J'avais besoin de me retrouver seul avec moi-même, de faire le point, et je … je ne voulais pas leur imposer mon chagrin, pas alors qu'ils ont aussi perdu quelqu'un qui comptait beaucoup pour eux. » Leur beau-père, leur grand-père. Une figure toute aussi importante pour Elsie et ses enfants, Saul le savait. Et il ressentait ici le besoin de rassurer Meg, d'une certaine manière, quant au fait qu'il ne se soit pas seulement éloigné d'elle durant les jours qui avaient précédé leurs retrouvailles. Il s'était aussi isolé de sa famille, avait passé beaucoup de temps seul à ressasser sa peine, et n'avait pas été beaucoup plus présent pour eux qu'il ne l'avait été pour elle. C'était sa façon de lui assurer qu'elle ne comptait pas moins que le reste pour lui, sa façon de lui faire comprendre qu'il n'avait pas pu faire autrement. « Mon père était bien plus fort que je ne le suis. » Il reprit tout doucement, d'un ton légèrement pensif, tandis que les paroles de la jeune femme le replongeaient pendant un instant dans ses souvenirs, l'incitant à se remémorer l'assurance sans faille d'un homme à qui il aurait certainement aimé ressembler davantage. « Tu as raison, il n'aurait pas voulu que je me laisse abattre. » Il reprit ensuite, dans un sourire teinté de douceur. « Ma seule consolation, c'est de m'être rapproché de lui tant que je le pouvais encore. Beaucoup n'ont pas la chance de se réconcilier avec leurs parents de leur vivant, mais c'est une chance que moi j'ai eu. » Une chance qui à ses yeux aurait pu leur être donnée plus tôt si son père et lui n'avaient pas perdu de précieuses années à l'époque où sa mère était momentanément sortie de sa vie. Mais une chance dont il avait malgré tout profité, à chaque instant, et qui lui évitait aujourd'hui être rongé par plus de regrets qu'il n'en avait déjà. Plongeant son regard dans celui de la brune, il resserra l'emprise de sa main sur la sienne, puis reprit. « Merci. Tu ne peux pas savoir combien j'avais besoin d'entendre ces mots. » Parce que Meg savait être positive et optimiste là où Saul peinait parfois à voir le verre autrement qu'à moitié vide. Quand son cœur était oppressé par une peine trop forte ou que ses soucis lui paraissaient insurmontables, oui, il arrivait très fréquemment qu'il s'abandonne à un fatalisme qui ne lui était pourtant d'aucune aide. Alors oui, ses mots lui faisaient ici le plus grand bien, parce qu'ils arrivaient après des jours de complaintes et de lamentations. « Oh, bien sûr, je te suis. » Le brun reprit par la suite, d'un ton cette fois à nouveau tracassé. Meg disait avoir besoin de s’asseoir, et l'ampleur de son état lui revenait brusquement à l'esprit, tout comme la négligence dont il avait pu faire preuve un peu plus tôt. Gagnant alors le canapé aux cotés de la brune, Saul ne délogea pas sa main de la sienne lorsqu'il crut sentir que Meg avait autant besoin que lui de maintenir ce contact. La douceur des mots qu'elle lui souffla ensuite cajola son cœur de la plus agréable des façons, et Saul resta figé dans une émotion qu'il avait bien du mal à cacher. Le fait que Meg soit toujours capable de lui souffler ces mots doux le rassurait, après qu'il ait véritablement cru que quelque chose s'était profondément brisé entre la brune et lui. Tout comme ce baiser, qu'il prolongea avec l'envie de lui montrer tout ce que ces contacts représentaient pour lui, malgré tout ce qu'il avait pu lui laisser penser ces derniers jours. « Est-ce que ça veut dire que tu me pardonnes ? » Il lui souffla, son visage encore si proche du sien que son souffle venait effleurer ses lèvres. Son sourire, subitement plus triste, laissait peu de doutes quant à la réponse qu'il s'attendait à recevoir. « Non, bien sûr, je ne le mérite pas. » Parce que ces moments, ces gestes et ces mots, aussi précieux soient-ils, n'effaçaient pas tout. Et que Saul avait aujourd'hui bien conscience d'avoir fragilisé leur relation en la renvoyant malgré lui à la place qu'elle occupait depuis le début de leur histoire, quand bien même il n'avait pas pu faire autrement. « Dis-moi ce que je peux faire pour te soulager. Est-ce que tu veux que je te prépare quelque chose ? Ou que je reste simplement à tes cotés pendant que tu te reposes un petit peu ? » Impuissant, une nouvelle fois, Saul ne pouvait se résigner à la regarder souffrir alors que lui était parfaitement en état de veiller sur elle et de s'assurer qu'au moins Meg ne s'épuiserait pas inutilement. « Mon amour, je n'aime pas te voir souffrir. » Il lui assura d'ailleurs, dégageant l'une de ses mains avec douceur pour venir effleurer son visage et se perdre un instant dans ses cheveux. « Ce soir, je peux dormir ici si tu veux. Ça me rassurera de ne pas te savoir toute seule dans ton état. » Et puis, c'est vrai, il ne comptait pas commettre deux fois la même erreur en la condamnant à une distance qu'elle n'avait pas mérité. Aujourd'hui il voulait être là pour elle. Plus qu'une envie, c'était même un besoin. Qu'importe que les choses aient un arrière-goût différent, et que Meg garde probablement un peu d'amertume au fond de son cœur … il voulait être présent. « Le canapé m'ira très bien. » Ses lèvres, cette fois étirées dans un sourire tendre et conciliant, tendait à lui prouver qu'il était prêt à accepter les conséquences de son attitude. Il savait que Meg avait été directement heurtée par ses choix et ne pensait maintenant plus qu'à se racheter à ses yeux, qu'importe les conditions.
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Message(#)if you ever want to be in love - event (margaret) EmptySam 12 Nov 2016 - 16:32

Margaret n'avait aucune idée du pourquoi elle avait parlé de la femme de Saul. En temps normal, elle n'en parlait jamais. Elle ne posait pas de question sur elle, sur leur vie ensemble, sur leurs enfants. C'était comme si ne pas parler de l'autre vie de Saul, de sa vie « principale », la rendait... Inexistante. Ou, du moins, cela la rendait beaucoup moins réelle dans la tête de Meg. Du pur déni, elle en était consciente. Mais, dès lors qu'elle avait su qu'il était marié, elle avait agi de la sorte. Elle tentait de se convaincre qu'elle se protégeait. Elle se sentait aussi moins coupable, il fallait l'admettre. Après tout, elle ne connaissait pas cette femme, elle pouvait l'imaginer telle qu'elle le souhaitait. La culpabilité aurait été trop présente si elle savait comment était la femme de l'homme qu'elle aimait. Au moins, elle pouvait s'imaginer que, peut-être, elle aussi allait voir ailleurs. Meg savait qu'elle se faisait probablement des films, mais elle continuerait d'agir et de penser ainsi. Elle aimait Saul, et il l'aimait aussi. Mais, si il devait choisir ? Choisirait-il vraiment d'être avec elle ? Finalement, elle savait bien, au fond d'elle, que ce n'était pas le cas. Saul lui avait dit qu'il avait entamé une procédure de divorce. Elle voulait tellement y croire. Mais, elle ne pouvait s'empêcher de se dire que tout ça n'était qu'illusion. Qu'un jour, cela allait forcément se terminer. Son côté rêveur s'imaginait vivre avec lui, avoir des enfants avec lui. Dieu seul savait à quel point elle le voulait. De tout son cœur. De tout son corps. Pourtant, pour la première fois, elle avait évoqué ses enfants, elle avait évoqué sa femme. Parce qu'il n'était pas avec Meg ces derniers temps, parce qu'il ne s'était pas donné la peine de savoir si elle allait bien, alors qu'il avait sans doute protégé sa famille. Qu'était-elle, elle ? Mis à part l'autre femme, la femme de l'ombre, la femme qui apportait réconfort, la femme qui n'apportait que les bons moments mais lui évitait les disputes de couple. Qu'était-elle d'autre ? « Je me suis montré distant avec eux aussi, ces derniers jours. J'avais besoin de me retrouver seul avec moi-même, de faire le point, et je … je ne voulais pas leur imposer mon chagrin, pas alors qu'ils ont aussi perdu quelqu'un qui comptait beaucoup pour eux. » Quelqu'un que Meg ne connaîtrait jamais. Elle était sa double vie, elle était celle qu'on ne présentait pas aux parents et au reste de la famille. Elle était celle qui n'avait pas de belle-famille. L'éternelle célibataire finalement. Il fut une époque où elle avait cela, un homme qu'elle pouvait embrasser aux yeux de tous, un homme qui l'avait présentée à sa famille. C'était il y a longtemps aujourd'hui. Il était un peu plus vieux qu'elle et elle l'avait trouvé si beau au premier coup d’œil. Une belle histoire qui s'était malheureusement terminée. Aujourd'hui, elle préférait ne plus y penser. Seulement, parfois, elle n'arrivait pas à empêcher son esprit de divaguer vers cette vie passée. Une vie qui lui apportait du bonheur à cette époque. Tout comme Saul pouvait le faire. Lorsqu'il était là. Qu'essayait-il de prouver en lui disant qu'il s'était éloigné de sa famille ? S'en servait-il comme excuse envers elle ? Meg ferma quelques secondes les yeux alors que Saul poursuivait. « Mon père était bien plus fort que je ne le suis. » Saul s'était perdu dans ses souvenirs, Margaret le voyait dans ses yeux. Elle n'osait pas l'interrompre, elle n'osait pas bouger. Pourtant, elle le fit. « C'est faux, Saul. Je ne doute pas que ton père était fort. Il n'avait pas le choix pour supporter ce qu'il a vécu. Mais, tu te sous-estimes. Je te connais, je sais qui tu es, et tu es bien plus fort que tu ne le penses. » D'un geste tendre, elle l'obligea à la regarder, à faire revenir son esprit avec elle. Elle ne supportait pas de le voir dans cet état. C'était comme si une partie d'elle même était meurtrie. Elle le laissa reprendre le fil de ses pensées. « Tu as raison, il n'aurait pas voulu que je me laisse abattre. » Meg était rassurée que ses paroles aient une portée, que son optimisme à toute épreuve n'était pas pris pour de l'exagération. Elle était rassurée qu'il la croyait réellement sincère et qu'il ne pense pas que ses paroles étaient simplement creuses. Ce n'était pas le cas. Elle pensait chaque mot. Elle était simplement ainsi. Optimiste. Rassurante. Douce. « Ma seule consolation, c'est de m'être rapproché de lui tant que je le pouvais encore. Beaucoup n'ont pas la chance de se réconcilier avec leurs parents de leur vivant, mais c'est une chance que moi j'ai eu. » La brune ne put s'empêcher de penser à sa propre famille. Elle-même n'avait pas de problème avec ses parents, pas de problème insurmontable en tout cas. Cependant, elle pensa à Tommy. En conflits permanents avec leurs parents, ou avec elle d'ailleurs. Et si ils gâchaient leur temps à se disputer ? Comment réagirait-elle si son petit frère mourait soudainement, sans qu'elle et lui n'aient pu exprimer ce qu'ils ressentaient ? Lors de la tempête, Tommy avait été blessé. Il avait, tout comme elle, fait un petit séjour à l'hôpital. Ce serait mentir que de dire qu'elle ne s'était pas inquiétée pour lui. Seulement, aussitôt étaient-ils sortis de l'hôpital, aussitôt avaient-ils repris leur distance. Meg n'arrivait pas à lui pardonner. Si elle se sentait si seule, c'était de sa faute, c'était clair à ses yeux. Mais, Saul avait raison dans ce qu'il disait. Peut-être y songerait-elle. Plus tard. Il la fit alors sortir de ses pensées. « Merci. Tu ne peux pas savoir combien j'avais besoin d'entendre ces mots. » Elle savait comment il était. Il était autant fataliste qu'elle était optimiste. Finalement, ils se ressemblaient autant qu'ils s'opposaient. Parfois, elle trouvait cela un peu déroutant. Particulièrement au début de leur relation. Aujourd'hui, elle avait appris à le connaître, presque par cœur. C'était peut-être ce qu'il cherchait en elle, quelqu'un qui sache lui dire les mots qu'il fallait. Quelqu'un qui ne se laissait pas abattre mais quelqu'un qui cherchait constamment du positif à en sortir. Bien que c'était actuellement très difficile pour Meg. Ironiquement, elle savait trouver les mots pour Saul alors qu'elle se laissait totalement plonger dans sa douleur ces derniers jours. Douleur psychologique, qui n'était pas simplement dû à l'accident, elle le savait. Se concentrer sur la souffrance de Saul lui permettait presque de cacher la sienne, même de ne plus y penser. Par contre, il lui était impossible de cacher sa douleur physique, elle ne pouvait plus rester silencieuse, ils devaient s'asseoir. « Oh, bien sûr, je te suis. » Ils avaient gagné le canapé, et elle n'avait pas lâché sa prise sur Saul. Elle lui avait alors dit qu'elle serait toujours là pour lui. Du moins, autant qu'il lui laisserait l'être. Inconsciemment, encore cette intuition qu'un jour, cette histoire se terminerait. Qu'un jour, il choisirait sa femme plutôt que sa maîtresse. En attendant, elle serait présente à ses côtés, elle profiterait de chaque instant de leur amour. Car, elle le savait, leur amour était réel. Elle ne l'inventait pas, il existait bel et bien. Saul prolongea son baiser. « Est-ce que ça veut dire que tu me pardonnes ? » Leurs fronts l'un contre l'autre, leurs souffles se mélangeaient. Elle voyait bien qu'il connaissait déjà la réponse. Pour lui, elle était un livre ouvert. Il savait lire en elle, alors que, parfois, il était si compliqué pour elle de savoir ce que lui avait en tête. Encore une des choses qui les opposaient. Un faible sourire triste parcouru les lèvres de Margaret alors qu'une nouvelle larme s'insinuait le long de sa joue. Elle coulait lentement. Plus lentement que toutes les larmes qu'elle avait versées auparavant ce matin. Le brun ne lui laissa pas le temps de répondre avant d'ajouter autre chose. « Non, bien sûr, je ne le mérite pas. » Meg ne savait pas dire si il le méritait ou pas. Cependant, elle savait une chose. Elle lâcha doucement les mains de Saul. « Non, Saul, ça ne veut pas dire que tu es pardonné. Ça veut dire que je comprends et que je t'aime, quoi qu'il arrive. » Il était si difficile de mettre des mots sur ce qu'elle ressentait. Ses émotions étaient si contradictoires en elle. Comment pouvait-elle les exprimer clairement ? Elle se devait d'essayer. Pour lui. « Je comprends pourquoi tu t'es éloigné, pourquoi il fallait que tu restes auprès de ta famille. » Une nouvelle fois, un sourire faible parcouru ses lèvres. Elle reprit, la voix tremblante. « Et moi, je ne suis pas ta famille, Saul. Je ne suis que l'autre femme, celle qui apporte les bonnes choses, pas celle dont on s'inquiète dans les moments comme celui-là. Je comprends, c'est normal après tout. Qui suis-je pour m'immiscer dans une famille comme je le fais ? Qui suis-je, tu peux me le dire, toi ? » Cette fois, les larmes n'étaient plus lentes, elles coulaient librement sur les joues de Meg. Son regard était brouillé. Ses pensées étaient brouillées. Son esprit dériva au soir de la tempête. « Ce soir-là, j'ai eu si peur. Je devais être sur un vol, mais il a été annulé à cause de la tempête. Je pensais avoir le temps de rentrer chez moi. J'ai pris la voiture. Mais, la tempête était déjà forte, je ne voyais rien à des kilomètres devant moi, mais je continuais de rouler. Je devais rentrer. Et puis, des phares en face m'ont éblouie. Je me suis pas rendue compte de suite qu'ils se dirigeaient vers ma voiture. Et puis, j'ai donné un coup de volant pour les éviter. » A nouveau, le trou noir. Peu importait ses nombreux cauchemars lui faisant revivre ce moment, elle n'arrivait pas à se souvenir exactement de ce qu'il s'était passé. Avait-elle été conduite rapidement à l'hôpital ? Avait-elle perdu connaissance tout de suite ? Elle n'en avait aucune idée et ça la tuait. « Après ça, je n'ai presque aucun souvenir. J'essaie de me souvenir mais je n'y arrive pas. Les seuls moments où des images refont surface, c'est quand j'essaie de dormir, dans des cauchemars. Je suis fatiguée. J'en peux plus d'être ici, seule. » Si Marius était encore à Brisbane, il aurait été avec elle. Elle le savait. Mais, il était parti. Sans lui dire au revoir. Il était à l'autre bout du monde. Elle avait maintes fois ouvert sa boite mail pour lui écrire pour se raviser dès les premiers mots. D'un revers de main, elle essuya les larmes qui continuaient d'inonder son visage. « Dis-moi ce que je peux faire pour te soulager. Est-ce que tu veux que je te prépare quelque chose ? Ou que je reste simplement à tes cotés pendant que tu te reposes un petit peu ? » Les yeux de Meg se posèrent à nouveau sur Saul. Voulait-elle qu'il fasse quelque chose pour elle ? Elle n'en savait rien. Elle ne savait plus ce qu'elle voulait. Elle était si fatiguée de ne pouvoir dormir. A nouveau, elle lui prit les mains, sans pour autant répondre. « Mon amour, je n'aime pas te voir souffrir. » Mon amour, cela lui paraissait étrangement loin, comme si il ne s'adressait pas à elle. Pourtant, c'était le cas. Il vint effleurer sa joue d'une de ses mains, jusqu'à la diriger dans ses cheveux. Elle se souvint alors à quel point elle adorait lorsqu'il faisait ça. Meg avait toujours aimé qu'on lui passe la main dans les cheveux. Elle ferma les yeux, s'imaginant se laisser aller à ses caresses. « Ce soir, je peux dormir ici si tu veux. Ça me rassurera de ne pas te savoir toute seule dans ton état. » Il poursuivit. « Le canapé m'ira très bien. » Margaret rouvrit les yeux, et fronça légèrement les sourcils. « Tu veux rester ici ? Et... ta femme ? » Habituellement, lorsqu'il dormait avec elle, c'était prévu en avance. Soit sa femme et ses enfants n'étaient pas en ville et il était donc libre de faire ce qui lui chantait, soit il lui racontait qu'il avait un voyage d'affaires. Cependant, elle doutait que c'était prévu cette fois. Elle secoua légèrement la tête. « Je veux même pas le savoir, je m'en fous. Reste, Saul, reste et serre moi contre toi. Je t'en prie, j'aimerais juste te sentir contre moi. Juste un peu. » Elle avait besoin de lui, c'était un fait. Elle lui en voulait, une grande partie d'elle lui en voulait. Mais, plus que tout, elle avait besoin de l'homme qu'elle aimait, elle avait besoin de leur amour. « Parle moi de ton père, s'il te plaît. »


Dernière édition par Margaret Warren le Lun 28 Nov 2016 - 15:18, édité 1 fois
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Message(#)if you ever want to be in love - event (margaret) EmptyLun 14 Nov 2016 - 17:59

Les mots de Meg continuaient de résonner dans son esprit. Saul ne parvenait pas à en oublier la teneur, la puissance, pas plus qu'il ne parvenait à ignorer combien ces mots le faisaient réfléchir. Car pour la première fois depuis que la jeune femme et lui avaient débuté leur histoire, il prenait réellement conscience de combien la place de Meg était difficile à vivre au quotidien. Il prenait conscience des doutes qu'elle nourrissait probablement depuis déjà quelques temps, et qu'elle n'avait cette fois pas pu garder pour elle tandis qu'il lui avait malgré l'impression de n'être qu'une heureuse parenthèse dans la vie qu'il menait auprès des siens. Une parenthèse qu'il avait volontiers laissé de coté quand tout autour de lui avait perdu de sa saveur. Meg semblait s'être persuadée qu'elle n'avait rien d'une priorité à ses yeux, et ça lui était parfaitement insupportable à entendre. Insupportable, parce qu'il prenait conscience qu'il ne savait tout simplement pas s'y prendre pour lui prouver qu'elle avait et aurait toujours une place privilégiée dans son cœur. Elle n'était peut être pas sa femme, ni la mère de ses trois enfants, mais Meg était entrée dans sa vie en réussissant un exploit qu'aucune femme avant elle n'était parvenu à accomplir. Elle l'avait conquis en un regard, en une fraction de seconde qui lui avait suffi à oublier pour un temps sa situation, son mariage, sa famille. Une fraction de seconde après laquelle il lui avait été parfaitement impossible de la chasser de son esprit. Et ils en étaient là aujourd'hui. Deux ans avaient passé sans qu'il ne puisse même envisager de tirer un trait sur leur relation. Il aurait probablement du, à bien des occasions, mais jamais son cœur n'avait pu se résoudre à l'en exclure. Alors oui elle comptait énormément pour lui, et Saul s'était naïvement imaginé qu'à défaut de la rendre pleinement heureuse, il ne l’amènerait au moins jamais à douter de ses sentiments … C'était pourtant le cas aujourd'hui, il le savait, le sentait, et cette idée lui causait une peine immense. Parce qu'au-delà même du fait qu'il soit incapable de lui prouver tout son amour, peut être ne savait-il tout simplement pas l'aimer autant qu'elle le méritait. Alors, rongé par ses propres incertitudes, Saul s'efforça de la rassurer au moment d'évoquer sa famille, sur laquelle il s'était formellement interdit de se reposer ces derniers jours. Saul savait qu'il était loin d'avoir la force mentale de son père, cette peine venant finalement s'ajouter à tout ce qui l'avait déjà tourmenté ces derniers mois. Des tracas par dizaine, des soucis de conscience qui prenaient toujours plus de place dans sa vie … Les paroles de Meg firent pourtant naître un doux mais triste sourire sur ses lèvres, tandis qu'il releva la tête pour croiser son regard. « Je me dois d'avoir l'air inébranlable pour ma famille, pour tous ceux qui comptent sur moi … et aussi dans mon boulot, parce qu'aujourd'hui j'ai des responsabilités, que la vie de centaines de personnes peut dépendre des chemins que je décide d'emprunter ou des décisions que je décide de prendre. » Parce qu'il tenait entre ses mains la carrière de nombreux artistes et professionnels du spectacle, et qu'une mauvaise direction artistique pouvait entraîner tout le monde droit dans le mur. Il le savait, et c'était la raison pour laquelle il ne pouvait pas laisser ses soucis transparaître devant tous ceux qui s'en remettaient à lui. « Mais l'autre nuit, lorsque je me suis retrouvé dans cette chambre d'hôpital avec mon père et toutes ces machines … j'ai eu le sentiment qu'il s'en était allé avec une partie de moi, et le peu de force que j'avais pu hériter de lui. » Cette nuit-là, Saul avait senti une immense détresse l'écraser de tout son poids et s'était demandé s'il aurait seulement le courage de rejoindre le couloir pour ne pas finir ses jours comme son père, dans cette sordide chambre blanche. Pourtant, Meg avait raison, son père n'aurait pas voulu qu'il se morfonde à cause de lui. Il lui aurait certainement dit que son heure était venue, que rien ne servait de le nier, et qu'ils pouvaient l'un et l'autre s'estimer chanceux d'avoir pu partager de beaux moments, même sur le tard, et même alors qu'ils auraient pu être plus nombreux … Une chose était en tout cas certaine, les mots prononcés par la jeune femme lui procuraient un bien-être infini. Ils ne changeaient pas la donne, et ne lui ramèneraient pas son père, mais ils étaient à cet instant le soutien dont il avait tant besoin pour regarder droit devant lui sans plus baisser la tête. Meg était définitivement plus forte que lui ne l'était, et elle avait surtout cette capacité à voir un bon coté à tout qui le sauvait ici d'un fatalisme oppressant. Pourtant, face à la douleur d'un corps éprouvé par la tempête, Meg devait elle aussi capituler et accepter l'idée que toutes les choses n'aient malheureusement pas de solution. Elle ressentit le besoin de s'asseoir, et c'est sans tarder que Saul l'accompagna jusqu'au canapé. Là, ses mots vinrent de nouveau cajoler son cœur et le temps sembla se suspendre, comme chaque fois qu'ils partageaient ces moments rien qu'à eux. Pourtant, Saul le savait, il n'obtenait pas pour autant son pardon. Alors, fébrile, il guetta son regard tandis qu'elle s'apprêtait à confirmer ce dont il était déjà certain. Son cœur se serra bientôt face à la larme qu'il vit couler le long de son visage, puis sous le poids des mots qu'elle formula finalement. Une fois de plus, Saul prenait conscience de ce qu'il lui infligeait malgré lui, et c'est lui-même les yeux bordés de larmes qu'il l'interrompit. « Meg, ne dis pas ça ... » Il souffla, la voix remplie d'une émotion écrasante, avant d'ajouter. « Je sais que ta place n'est pas évidente, et que tu as parfois l'impression de n'être que mon vilain petit secret … Je sais aussi que tu as de plus en plus de mal à être heureuse à mes cotés, et que je ne sais pas toujours m'y prendre pour te rassurer dans ces moments-là ... » Tout ça, il le réalisait surtout aujourd'hui, parce que la tempête avait remis beaucoup de choses en perspective et qu'il était ici confronté à une réalité qu'il avait sans doute longtemps refusé de voir. « Mais je t'interdis de penser que tu ne comptes pour moi que dans les bons moments, ou lorsque tout est plus simple. Je t'aime pour tout ce que tu es, et pour tout ce que tu m'apportes. Lorsque tu doutes, lorsque tu vas mal … et même lorsque tu m'en veux. » Et c'était le cas ici, il en était profondément convaincu et savait qu'il le méritait largement. « Ma seule crainte, c'est de ne peut être pas t'aimer comme tu le mériterais. » Fébrilement, l'une de ses mains vint s'approcher de son visage pour y sécher quelques unes des larmes qui continuaient d'y couler. Il avait soufflé ces mots avec peine, mais c'était aujourd'hui son ressenti le plus profond. La suite, elle, valut à son cœur de rater un battement. Le récit des événements de la nuit d'Halloween, et ce par quoi Meg était passée … tout ça lui faisait horreur, et le confrontait encore et toujours à un profond sentiment de culpabilité. Comment avait-il pu se trouver ailleurs alors qu'elle était passée par des moments aussi difficiles ? « Meg, si j'avais su ... » Ses lèvres soufflèrent tout bas, tandis que sa main chercha à retrouver la sienne, fébrilement, comme si ce contact avait la moindre chance d’apaiser la détresse qui avait été la sienne cette fameuse nuit. Comme si ça pouvait changer quoi que ce soit. « Je m'en veux tellement de t'avoir laissé traverser ça toute seule. » Il s'en voulait de n'avoir pas été là, autant qu'il s'en voulait de ne rien pouvoir faire pour effacer ces moments douloureux et leurs conséquences. D'être une nouvelle fois impuissant. Alors, parce qu'il s'agissait de la seule chose qu'il pouvait probablement faire pour l'apaiser quelques peu, Saul se proposa d'entreprendre tout ce qui pourrait lui faire plaisir ou l'aider. Il disait vrai, la voir souffrir lui était insupportable et il donnerait tout pour pouvoir gommer sa douleur, qu'elle soit physique ou qu'elle s'imprègne au plus profond de son être. C'est ainsi qu'il lui proposa de rester pour la nuit, soumettant l'idée de profiter du canapé à défaut d'oser en demander plus. Sa question lui valut alors de baisser doucement la tête. « Je ne veux pas y penser pour le moment. » Et elle non plus, visiblement, puisque quelques secondes suffirent à ce que la brune dise ne plus vouloir penser à sa femme. Elle voulait qu'il soit là pour elle, pleinement, et c'était aussi son souhait le plus cher. « Je reste. » Et passant doucement son bras autour d'elle pour la rapprocher de lui tout en veillant à ne pas intensifier sa douleur, Saul laissa ses lèvres s'échouer dans son cou. « Je resterai tant que tu voudras bien de moi. » Et ces paroles-là, soufflées tout contre sa peau, avaient un double sens évident. Il resterait ce soir parce que Meg le désirait autant que lui, tout comme il resterait aussi longtemps qu'elle voudrait s'infliger cette histoire. Il ne partirait pas, ne lui briserait pas le cœur. C'était à elle de briser le sien. Face à ses prochaines paroles, Saul se redressa légèrement et laissa ses lèvres dessiner un sourire triste. « Mon père était … un homme incroyablement charismatique. Le genre d'homme qui ne passait jamais inaperçu, et qu'on ne pouvait qu'admirer. Il est parti de rien ou presque, ses parents ont fait faillite lorsqu'il était adolescent et il a du renoncer à beaucoup de ses rêves. C'est seul qu'il s'est construit, seul qu'il a bâti tout ce qu'il possède … possédait. » La fin de sa phrase lui valut de baisser les yeux l'espace d'une seconde. Parler de son père au passé n'était pas encore tout à fait naturel pour lui. « Ses succès ont fini par l'endurcir, et mon père est devenu plus exigeant, avec les autres mais aussi avec lui-même. Il voulait toujours être le meilleur, le plus efficace … Il voulait qu'on puisse dire de lui qu'il avait mérité ce qu'il avait, qu'on ne puisse jamais le lui enlever. » Peut être parce qu'il n'avait jamais vraiment su voir l'admiration qu'il inspirait aux autres. A son fils, à ses collègues, à tous ceux qui nuit et jour avaient été témoins de l'énergie qu'il avait mis à diriger l'empire qu'il s'était construit. « J'ai passé des années à le voir comme un homme intraitable, parce qu'il faisait passer ses affaires avant tout le reste … y compris avant moi. Et puis j'ai compris. Qu'en fait il estimait avoir échoué dans ce qui importait le plus à ses yeux : son mariage. Qu'après son divorce avec ma mère, il avait développé une peur maladive de l'échec. » Il se souvenait encore précisément de combien son père avait changé à leur emménagement à Brisbane, de combien il s'était renfermé sur lui-même, coupé des autres et même de lui. Il s'était noyé dans le travail, avait connu ses plus grands succès, mais tout ça n'avait probablement été pour lui qu'une manière comme une autre de supporter une séparation qu'il n'avait jamais tout à fait choisie. « Je crois qu'elle est la seule femme qu'il ait jamais aimé, et que lorsqu'elle lui ait finalement revenu, il s'est promis de ne plus jamais la laisser partir. Mais il y a eu Alzheimer, et pour lui c'était probablement comme s'il la perdait une seconde fois ... » Aujourd'hui Saul ne pouvait s'empêcher de penser que son père avait probablement été malheureux durant les dernières années de sa vie, supportant chaque jour un peu plus difficilement de voir sa femme s'enfoncer dans une démence qu'il n'avait pas pu lui éviter. Et cette idée venait finalement s'ajouter à sa peine, et embrumer ses yeux déjà passablement affectés par son chagrin. « Je suis désolé. » Saul souffla alors, essuyant brièvement les larmes qui s'apprêtaient à rencontrer sa peau. Il soupira ensuite, et laissa retomber ses épaules comme si elles subissaient un poids devenu trop important. Son cœur, lui aussi, était brusquement alourdi. « Mon père … c'était un homme bien. Un homme bien meilleur que moi. » Et ça lui coûtait de l'avouer, quand bien même il le savait depuis déjà longtemps. « Si j'étais mort l'autre soir, mes enfants se seraient souvenus de leur père comme d'un homme charitable, juste et aimant … mais je ne suis rien de tout ça. Je n'aurais pas mérité qu'ils me pleurent. Parce que je mens, j'utilise la confiance qu'on me porte pour vivre une vie qui me fait honte ... » Son regard rencontra à nouveau le sien tandis qu'il tenta silencieusement de lui faire comprendre que ce n'était pas d'elle qu'il avait honte, ou de leur histoire. C'était d'être pris entre deux feux depuis déjà deux ans, sans avoir rien entrepris pour remédier à la situation ou faire un minimum de dégâts à l'arrivée. C'était d'être lui : un homme déraisonnablement amoureux de l'amour et l'idée même d'aimer. « Je me déteste, et tu devrais me détester toi aussi. » Cette fois, il quitta pour de bon le regard de la jeune femme et ferma les yeux un court instant. « Je suis sûr qu'au fond de toi c'est ce que tu ressens. » Qu'au moins une partie d'elle ne supportait plus cette situation, et le fait qu'il laisse ainsi traîner les choses. Cette même partie qui tout à l'heure lui avait soufflé des mots si durs, mais pourtant si vrais. Cette partie qu'il aimerait finalement rencontrer plus souvent, car elle était celle qu'il méritait d'affronter.
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Message(#)if you ever want to be in love - event (margaret) EmptySam 3 Déc 2016 - 16:59

Pour autant qu'elle se souvienne, c'était la première fois que Meg doutait ainsi de son couple avec Saul. Enfin, c'était un mensonge. Elle se rassurait avec ce mensonge. Ce n'était pas la première fois. Simplement, auparavant, elle préférait ne pas y penser. Habituellement, elle profitait simplement de sa présence, de leur amour. Aujourd'hui, ses doutes étaient plus forts que tout car la tempête lui avait jeté en pleine figure qu'elle n'était pas celle qu'il allait voir en premier pour s'assurer que tout allait bien. Elle avait été naïve de croire une seconde que c'était ainsi. Comme elle l'avait dit, elle n'était pas sa famille. Et, elle ne le serait probablement jamais. Finalement, peut-être qu'au fond d'elle, elle s'était fait une raison. Évidemment qu'elle savait que, lorsqu'il devrait choisir entre elle et sa femme, il se tournerait vers celle qu'il a épousée, celle qui lui a donné trois enfants. Seulement, qui peut empêcher l'amour de s'exprimer ? Personne. Leur amour était bel et bien présent. Meg n'était simplement pas la seule femme de Saul, elle n'était pas sa femme. Elle était sa maîtresse. Jusqu'à quand Meg supporterait cette situation ? Elle n'en savait rien et ne se posait pas réellement la question. Si elle le faisait, elle se mettrait face à la dure réalité. À la réalité qui lui disait qu'elle devait partir. Avoir sa propre vie. Avoir quelqu'un à aimer au grand jour, quelqu'un avec qui fonder une famille. Elle ne pouvait pas se résoudre à faire face à cela. Elle aimait beaucoup trop Saul. Son amour était profondément sincère, profondément dévoué. Elle avait déjà vécu ce type d'amour. Cet amour qui semble indestructible. Et pourtant... un rien pourrait le foutre en l'air. Tout ça, elle l'avait vécu. A l'époque, c'était elle qui avait tout foutu en l'air. Qu'en serait-il avec Saul ? Serait-ce lui ou elle qui en finirait de tout ça ? Pour l'heure, ni l'un ni l'autre ne pouvait se résoudre à voir la vérité. Meg n'était pas prête à abandonner son amour pour lui. Un jour, elle s'y résoudrait. Peut-être. Qui pouvait le dire ? Qui pouvait dire si elle se remettrait de cette histoire ? Elle avait trente-quatre ans. Elle était une adulte accomplie. Et pourtant... Il était si facile de lui briser le cœur, de la faire souffrir. Ne dit-on pas que celui qui vous fait souffrir le plus est censé être celui qui ne devrait jamais vous faire souffrir ? Saul ne lui avait jamais fait autant de mal que ces derniers jours. Il s'en voulait, elle pouvait le lire dans ses yeux. Au travers de sa douleur d'avoir perdu son père, il s'en voulait également de l'avoir perdu elle, ne serait-ce qu'un peu. Meg ressentait une légère pointe de culpabilité de lui en vouloir ainsi. Lorsqu'elle l'entendait parler de son père, elle ressentait sa peine. La brune avait toujours été capable de ressentir les sentiments des autres. Parfois, certains en profitaient. Parfois, certains ne s'inquiétaient même pas de savoir si elle, elle allait bien mais préféraient parler de leurs petits malheurs. Seulement, Meg n'était pas naïve pour autant. Elle était beaucoup trop honnête pour être naïve. C'était là que se trouvait la complexité de la personnalité de Meg. Toujours présente mais incroyablement rancunière. Saul se tenait là, devant elle, si fragile, si fataliste. Elle ne concevait pas de le laisser parler de lui ainsi. « Mais l'autre nuit, lorsque je me suis retrouvé dans cette chambre d'hôpital avec mon père et toutes ces machines … j'ai eu le sentiment qu'il s'en était allé avec une partie de moi, et le peu de force que j'avais pu hériter de lui. » Meg ferma les yeux quelques secondes avant de répondre. « Oui, une partie de toi est partie avec lui, il était ton père, c'est normal. Mais, ta force est toujours là. Relèves toi et tu verras. » Elle était bien consciente que c'était plus facile à dire qu'à faire. Mais elle savait que ce n'était pas impossible. Elle croyait profondément en lui. Elle le connaissait, elle savait qu'il était fort. Et qu'il le serait toujours. Elle se vantait elle-même d'être forte. Du moins, elle essayait de l'être en toutes circonstances. Cela n'avait pas été facile ces derniers jours. Le sentiment de solitude qui l'envahissait était sans doute bien plus fort que toute la force dont elle était capable. La douleur qu'elle ressentait là où elle était blessée et même dans tout son corps rendait la tâche difficile. Meg devait accepter qu'elle n'était pas invincible. Elle devait accepter de capituler. Et admettre qu'elle avait absolument besoin de s’asseoir était déjà un premier pas. Elle recommença à parler. Cette fois, pas pour le consoler. Cette fois, pour lui exprimer toute sa rage, toute sa douleur. Elle avait toujours été un livre ouvert pour lui et cela continuerait comme ça. Jusqu'à la fin de leur histoire. Saul l'avait finalement interrompue. « Meg, ne dis pas ça ... » Encore plus que de le voir dans ses yeux, elle ressentait dans sa voix qu'il s'en voulait réellement. « Je sais que ta place n'est pas évidente, et que tu as parfois l'impression de n'être que mon vilain petit secret … Je sais aussi que tu as de plus en plus de mal à être heureuse à mes cotés, et que je ne sais pas toujours m'y prendre pour te rassurer dans ces moments-là ... » Le savait-il vraiment ? Meg n'avait jamais exprimé ses doutes à haute voix. Elle avait déjà dû mal à se les avouer à elle-même alors à lui... C'était bien une première. Peut-être le montrait-elle inconsciemment parfois après tout. Le corps exprime souvent ce que l'on cherche à cacher ou à éviter. « Mais je t'interdis de penser que tu ne comptes pour moi que dans les bons moments, ou lorsque tout est plus simple. Je t'aime pour tout ce que tu es, et pour tout ce que tu m'apportes. Lorsque tu doutes, lorsque tu vas mal … et même lorsque tu m'en veux. » Meg baissa lentement la tête. Une partie d'elle avait envie de lui répondre, avait envie de lui balancer au visage que tout ça n'était que mensonge. Bien sûr, lorsqu'ils étaient ensemble, il l'écoutait si elle avait envie de lui raconter ses malheurs, ou ses bonheurs. Mais qu'en était-il lorsqu'elle avait besoin de lui tout de suite ? Et bien, si il n'était pas disponible, elle devait se débrouiller seule. C'était ça sa vie. « Ma seule crainte, c'est de ne peut être pas t'aimer comme tu le mériterais. » Cette fois, Meg planta son regard dans le sien. « Oh, je sais que tu m'aimes. Je le sais. Mais, apparemment, pas autant que moi, je t'aime. Pas assez, en tout cas. » Elle s'en rendait compte aujourd'hui. Elle se rendait compte qu'elle voulait être la priorité de l'homme qui prétendait l'aimer. Lorsqu'il passa une main sur son visage pour essuyer une larme, Meg repoussa sa main. Elle commença a raconter ce qu'elle avait vécu le soit d'Halloween. Il ne le lui avait pas demandé mais elle racontait tout de même. Elle avait besoin d'extérioriser tout ça. « Meg, si j'avais su... » Elle inspira profondément alors qu'il poursuivait. « Je m'en veux tellement de t'avoir laissé traverser ça toute seule. » Peu importait à quel point il était sincère, elle était incapable de faire disparaître la colère qui lui enserrait le cœur. « Tu l'aurais su si tu avais au moins essayé d'avoir de mes nouvelles. Il n'y a qu'un hôpital dans cette ville, Saul. Si tu t'étais demandé si j'étais blessée, tu aurais pu demander autour de toi. » Elle marqua une pause avant de continuer. « Mais, je comprends, tu étais avec ton père. Tu étais avec ta famille. » Elle comprenait. Cependant, elle ne pardonnait pas. Mais, quand bien même elle lui en voulait de ne pas lui avoir donné de nouvelles durant ces derniers jours, quand bien même elle lui en voulait de ne pas avoir cherché à savoir si elle allait bien, elle n'avait pas envie de rester seule. Elle avait envie qu'il soit là, près d'elle. « Je reste. » Doucement, Saul la fit se rapprocher de lui. Sentir ses lèvres contre son cou provoqua en elle un sentiment de soulagement. Instantanément. Il était là. Enfin. « Je resterai tant que tu voudras bien de moi. » Une nouvelle promesse soufflée. Devait-elle y croire ? Elle avait envie d'y croire. Envie de croire qu'il resterait près d'elle. Une petite voix en elle lui signala que ce n'était pas une promesse d'être avec elle exclusivement. C'était vrai. Cette phrase n'était qu'une invitation à le quitter quand elle ne supporterait plus la situation. Il se facilitait les choses. Plutôt malin. Elle balaya cette pensée en posant sa tête contre lui et en lui demandant de lui parler de son père. Elle sentit son sourire. Et il fit ce qu'elle lui demandait. Il parla de son père. Meg pouvait voir à quel point il admirait et aimait son père. Son récit la touchait profondément. Elle l'écoutait sans rien. Au bout d'un moment, la voix de Saul se brisa. « Je suis désolé. » La brune sentit qu'il n'avait pas fini de parler, alors elle garda pour elle les paroles qui brûlaient de sortir. « Mon père … c'était un homme bien. Un homme bien meilleur que moi. » Cette fois, Meg releva doucement la tête, pour le regarder. Simplement le regarder. Elle n'aimait pas voir l'homme qu'elle aimait souffrir ainsi. Cependant, elle sentait qu'il avait besoin de tout sortir. C'était nécessaire. « Si j'étais mort l'autre soir, mes enfants se seraient souvenus de leur père comme d'un homme charitable, juste et aimant … mais je ne suis rien de tout ça. Je n'aurais pas mérité qu'ils me pleurent. Parce que je mens, j'utilise la confiance qu'on me porte pour vivre une vie qui me fait honte ... » Malgré le regard se voulant rassurant qu'il lui lança, elle eut du mal à avaler ce qu'il venait de dire. Une vie qui lui faisait honte. Comment pouvait-elle ne pas le prendre pour elle ? « Je me déteste, et tu devrais me détester toi aussi. » Saul ferma les yeux. « Je suis sûr qu'au fond de toi c'est ce que tu ressens. » Margaret ne put s'empêcher de se redresser. Peut-être un peu trop brusquement. « C'est ce que tu ressens ? Que je devrais te détester ? » Elle n'arrivait pas à comprendre. Elle n'arrivait pas à mettre de mots sur ce qu'il venait de dire. « Saul, tu es un homme bon, tu es un homme aimant. Tu aimes tes enfants, je le sais. Et ils sont sans doute fiers de t'avoir comme père. » Elle déglutit avant de sortir les mots les plus difficiles qu'elle aurait à dire. « Et... tu aimes ta femme. Je te connais, le soir d'Halloween, tu as sûrement fait tout ton possible pour les rejoindre chez vous et pour savoir si ils allaient bien. Moi, je... » Les mots se coincèrent dans sa gorge. Elle essayait de comprendre ce qu'il avait voulu dire par une vie qui lui faisait honte. « Comment tu veux que je le prenne quand tu me dis que tu mènes une vie qui te fait honte ? Ce n'est peut-être pas moi qui te fais honte mais notre histoire... Si c'est le cas, je t'invite à sortir de cette maison. Saul, je ne t'ai jamais détesté, jamais, mais si tu me mens, je ne pourrais pas te le pardonner. Si tu joues avec moi, je ne pourrais pas te le pardonner. » Elle se leva. Elle n'arrivait plus à rester près de lui à cet instant. Alors que, quelques secondes auparavant, elle ressentait un tel soulagement de le sentir contre elle. « Le soir d'Halloween, tu as sans doute fait ton possible pour les rejoindre. » Elle avait déjà dit cela, elle le savait. C'était une supposition. Le répéter le rendait encore plus vrai. Elle savait qu'elle avait raison. Et cela lui faisait encore plus mal car elle prenait conscience qu'il ne l'avait pas fait pour elle. « Je t'aime tellement, si tu savais. Je te donne tout mon amour. Tout. Je suis comme ça, j'aime à 100% ou pas du tout. Dieu seul sait à quel point je t'aime. Je t'ai aimé au premier regard. Je n'ai ressenti cet amour qu'une seule autre fois dans ma vie, tu le sais. » Les mots venaient sans vraiment qu'elle y réfléchisse. Ça lui donnait l'impression qu'ils n'avaient pas de sens. « Comment tu peux dire que la vie que tu mènes te fait honte ? Tu as choisi de m'aimer aussi ! Tu l'as choisi ! » Elle criait presque. Choisi n'était sans doute pas le terme approprié. Elle n'avait pas réellement choisi non plus de l'aimer. C'était juste arrivé. « Tu as choisi de rester et de faire d'une histoire d'un soir une vraie histoire. Et maintenant, tu me dis que ça te fait honte ? Oh mon Dieu, comment j'ai pu ne serait-ce qu'une seconde croire qu'un jour on serait ensemble ? Vraiment ensemble, je veux dire. » Un flot de paroles, voilà ce que c'était. Sans se contrôler, elle faisait les cent pas dans le salon, ignorant la douleur de son corps, et se concentrant uniquement sur la douleur de son cœur. Saul avait dit la phrase qu'il ne fallait pas. « Tu as choisi d'entamer une procédure de divorce, merde ! Et tu oses me dire que la vie que tu mènes te fait honte. » Cette fois, les mots qu'elle disait sortait avec une voix faible. Elle était fatiguée. Fatiguée de crier. Fatiguée de pleurer. Fatiguée d'avoir mal. Autant physiquement que psychologiquement.
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Message(#)if you ever want to be in love - event (margaret) EmptyLun 12 Déc 2016 - 21:12

Si par le passé, cet endroit avait été le théâtre de précieux moments qui les avaient l'un et l'autre arrachés à une réalité où le bonheur qu'ils auraient voulu pouvoir s'offrir dès le départ leur était fatalement refusé, ce soir c'est une ambiance plus lourde qui régnait entre les quatre murs de cette maison. Car Saul prenait conscience qu'à partager son cœur entre deux histoires, deux vies parfaitement incompatibles mais qu'il faisait malgré tout cohabiter depuis le départ, c'est une route jalonnée d'erreurs qu'il finissait par emprunter aux cotés de Meg. Il le savait, il était loin d'être irréprochable, pour autant il s'était naïvement convaincu d'avoir su prouver à Meg que leur histoire n'était pas cette parenthèse que l'on s'imaginait toujours lorsqu'un homme tombait dans le piège de l'infidélité. Parce qu'entre eux, le doute n'avait jamais été permis. Et parce que lui, grand romantique qui n'avait jamais su dissocier le désir charnel des sentiments amoureux, n'aurait jamais pu mettre son mariage en péril pour une histoire d'un soir. S'il en était là aujourd'hui, c'est bien parce qu'il était tombé amoureux, dès lors que sa route avait croisé celle de Meg et qu'il avait compris, impuissant, qu'il ne parviendrait pas à lui retirer la place qu'elle avait instantanément prise dans sa vie – même s'il le voulait. Mais alors que tout ça était si clair pour lui, peut être avait-il eu tort de se convaincre que Meg ne finirait pas par nourrir des doutes, et qu'elle saurait plus longtemps se contenter du peu de temps qu'il pouvait accorder à cette vie parallèle qu'ils semblaient toujours vivre lorsqu'ils n'étaient que tous les deux. Parce qu'ici, alors qu'il prenait pleinement conscience du sentiment d'abandon qui avait envahi Meg lorsque celle-ci avait été privée de ses nouvelles, Saul réalisait également qu'il se fourvoyait probablement depuis le départ. Parce qu'il avait certainement pensé, à tort, pouvoir concilier son rôle de mari et de père de famille avec celui qu'il endossait auprès de Meg, mais qu'ici les circonstances lui prouvaient qu'il ne pouvait pas être ces deux hommes à la fois, au même moment. C'est pour cette raison qu'il n'avait pas pu veiller sur sa famille et être en même temps à ses cotés. Pour cette raison que sa « vie officielle », celle qu'il menait aux yeux de tous depuis onze ans, l'avait accaparé au point qu'il n'avait repensé que bien trop tard à l'autre femme qui animait pourtant son cœur. Il y avait eu ses craintes lorsqu'il ignorait encore si sa famille était à l'abri, mais aussi sa peine lorsqu'il avait appris pour le décès de son père. Une peine encore bien présente et qui l'amenait ici à douter, beaucoup, de sa capacité à affronter un drame qui faisait inévitablement écho à sa relation si singulière avec celui à qui il aurait eu encore tant de choses à dire. Meg se montrait rassurante, compréhensive, mais Saul avait une nouvelle fois l'impression de n'avoir jamais été qu'une déception pour son père, qui ne s'était probablement jamais retrouvé en lui. Il n'avait pas suivi ses traces lorsque celui-ci l'aurait voulu, s'était confronté à lui sur bien des sujets, et tous deux n'avaient plus généralement jamais été taillés dans le même bois. Parce que là où son père aurait relevé la tête et célébré d'être encore là pour veiller sur son fils, Saul, lui, ne voyait à cet instant que cette perte qui lui semblait insurmontable. « Je ne devrais même pas avoir le droit de me plaindre, je … beaucoup ont certainement perdu bien plus qu'un père, dans cette histoire. » Combien d'enfants avaient peut être été arrachés à leurs parents, le soir de la tempête ? Et combien de ses enfants il aurait perdu, lui, si leur mère n'avait pas veillé à ce qu'il ne leur arrive rien ? Oui, la mort de son père était une épreuve qu'il aurait le plus grand mal à traverser, mais il lui fallait relativiser, comme son père l'aurait certainement fait à sa place si la situation avait été inversée et qu'à défaut d'avoir pu sauver son fils, il avait pu retrouver ses petits-enfants indemnes. Son esprit profita donc d'une certaine accalmie tandis qu'il s'efforçait de voir les choses un peu autrement. Mais la douleur éprouvée par Meg, elle, se raviva bientôt. Une douleur physique, bien sûr, qui l'incita à rejoindre le canapé pour reposer un corps fortement ébranlé par la tempête. Mais une douleur également ressentie au plus profond de son être, comme ses paroles le laissèrent bientôt penser. Bien sûr qu'elle ne lui pardonnait pas d'avoir disparu plusieurs jours, que sa présence aujourd'hui ne rattrapait pas tout. Pour autant, il était difficile pour Saul de la laisser dire qu'il n'aimait être auprès d'elle que dans les moments les plus évidents. C'est vrai, il n'avait pas été présent lorsqu'elle en avait eu le plus besoin, mais il donnerait maintenant n'importe quoi pour se racheter, et pour lui prouver qu'entre eux, quoi qu'elle se soit mise en tête, ça n'était pas qu'une petite histoire vouée à ne fonctionner que dans les bons jours. Il l'aimait, même si sa maladresse jouait bien souvent contre lui. Il l'aimait, mais peut être pas de la façon dont Meg mériterait d'être aimée. Parce que son cœur ne lui appartenait pas totalement, tout comme ses pensées qui s'évadaient bien souvent vers une autre vie où il n'était pas question d'elle, ni d'eux. Pourtant, lorsque la jeune femme reprit la parole, c'est fébrile qu'il souffla. « C'est vraiment ce que tu ressens ? » Son regard cherchait le sien tandis que la fin de sa phrase résonna longuement à l'intérieur de son esprit. « Je ne sais pas si mes sentiments sont à la hauteur des tiens, je ne sais pas … si ça a même une quelconque importance de savoir qui aime le plus, et qui aime le moins. Mais ce que je sais, c'est qu'ils sont sincères. » Parce qu'il avait beaucoup de défauts et d'erreurs à son actif, mais qu'il avait toujours été sincère avec Meg sur ce qu'il éprouvait pour elle. Depuis leur premier jour, leur premier baiser, leur première fois. « Tu sais que ça aurait été beaucoup plus simple pour moi si je ne m'étais pas attaché, si j'avais fait comme tous ces hommes qui oublient leur femme entre des bras qu'ils n'ont ensuite aucun mal à quitter … mais moi, j'ai su dès le premier instant que tu compterais à mes yeux. Et que des sentiments naîtraient. » Et ils étaient nés, bien plus vite qu'il n'en avait probablement pris conscience sur le moment. Meg avait conquis son cœur comme Elsie avant elle. Elle ne l'en avait pas chassée, bien sûr, mais était venue s'y faire une place alors qu'il avait toujours cru que son épouse serait la dernière femme à en voler la clé. Meg revint par la suite sur ce qu'elle avait du traverser le soir où la tempête s'était abattue sur Brisbane, et c'est la gorge serrée et le cœur décidément rempli d'une écrasante culpabilité que Saul réagit à ce récit bouleversant. Il aurait du être là, il le savait, et il se retrouvait maintenant impuissant face aux reproches à nouveau formulés par la brune. Ses mots étaient durs, leur sens aussi, ainsi c'est après un troublant silence qu'il reprit la parole. « Je t'ai dit que je regrettais. » Il souffla, péniblement, les yeux légèrement baissés. « Et crois-moi, je passe chaque seconde à me maudire depuis que je sais ce que tu as du traverser. Je sais que je n'ai pas été à la hauteur … mais Meg, tu me connais, tu sais que j'aurais tout fait pour être auprès de toi si les choses s'étaient déroulées autrement. Si je n'avais pas passé des heures à craindre de ne peut être jamais revoir mes enfants, et si je ne m'étais pas retrouvé dans cette chambre d'hôpital à devoir prendre la décision la plus difficile de ma vie ... » Celle d'arrêter l'assistance respiratoire de son père, après de longues heures à s'accrocher au vain espoir de le sauver, malgré l'accident, les machines et le pessimisme des médecins. « Dis-moi que tu le sais. » Que s'il n'avait pas pu être auprès d'elle, ça n'avait pas été par plaisir. Et que s'il avait pu souffler ne serait-ce qu'un instant, se sortir de la tête les images épouvantables emmagasinées par son esprit, et s'éviter ces longues journées d'angoisse et de peine, alors oui il aurait accouru chez elle, sans la moindre hésitation, pour s'assurer qu'elle allait bien. Les choses ne s'étaient pas passées comme ils l'auraient voulu, et il en payait aujourd'hui les conséquences. Meg, pourtant, sembla baisser sa garde lorsqu'elle lui demanda de rester auprès d'elle. Une requête inattendue à ce stade de leur échange, mais qui vint apaiser l'atmosphère et rassurer Saul. La serrant alors tout contre lui tandis que ses lèvres venaient cajoler sa peau, c'est bientôt le cœur un peu moins lourd qu'il se vit demander de lui parler de son père. Il hésita peut être l'espace d'une seconde, par pudeur, puis se lança. Il dressa ainsi le portrait d'un homme brave, qui s'était construit sans rien devoir à personne, et qu'il avait toujours admiré pour ça. Un homme peut être difficile d'abord, intransigeant même avec les personnes qui lui étaient les plus proches, mais à qui il aurait certainement aimé ressembler. Alors, c'est finalement d'un ton plus fébrile que Saul conclut son récit, lui qui prenait conscience que l'homme qui s'en était allé le soir de la tempête était en tout point supérieur à l'homme qui se trouvait aujourd'hui dans cette maison. Son père avait peut être ses défauts, mais jamais il n'aurait consenti à mener une vie comme la sienne, entre mensonges et manipulations. Alors oui, il avait honte, et se détestait autant que Meg devrait probablement le détester. Mais la jeune femme se redressa brusquement, lui faisant craindre d'avoir commis une erreur de plus en vidant ainsi ce que qu'il avait sur le cœur. Les mots de la brune vinrent alors le frapper de plein fouet, et il comprit qu'il aurait effectivement du peser les siens. Mais c'était trop tard, car déjà Meg se levait, et lui faisait craindre d'avoir commis l'erreur de trop. Il resta ainsi à l'observer, éhonté, alors qu'elle laissait parler toute l'incompréhension qu'il semblait lui inspirer. Meg parlait des mensonges qu'elle serait incapable de lui pardonner, et de cette procédure de divorce qu'il avait prétendument lancée … C'était atroce, d'être face à elle sans pouvoir lui hurler tout ce qu'une partie de lui aimerait tant pouvoir formuler. De ne pas se sentir suffisamment courageux pour affronter une bonne fois pour toutes les conséquences de ses choix en lui avouant, sans détour, qu'il lui avait menti. Tout ce qu'il pouvait faire, à cet instant, c'était tenter de calmer des doutes pourtant légitimes. Ainsi se leva-t-il, les jambes chancelantes et la mine inquiète, avant d'aligner quelques pas vers elle. « Meg. » Il s'arrêta à deux petits mètres de la brune, de peur d'initier un rapprochement dont elle ne voudrait pas, puis plongea son regard dans le sien. « C'est de moi dont j'ai honte, pas de nous. De moi, de ce que je suis devenu il y a plus de deux ans lorsque j'ai délibérément trahi la femme qui m'a pourtant donné tout ce dont j'avais toujours rêvé, et aimé comme personne n'avait jamais su le faire avant elle. Cette femme juste et bienveillante, dont la seule erreur a été de me faire aveuglément confiance. » Elsie était un sujet qu'il évitait généralement d'évoquer auprès de Meg, mais ici il n'avait d'autre choix que d'admettre qu'il avait envoyé valser ses principes et ses convictions le jour où d'un mari honnête, il était devenu un époux infidèle qui n'avait pas hésité à bafouer les vœux qu'il avait formulé devant dieu. « J'ai honte de t'avoir placée dans cette position, honte de t'avoir condamnée à une attente douloureuse et à un futur sans cesse incertain. Honte aussi de ne pas t'avoir offert la place que tu aurais méritée, et de n'avoir jamais su te donner que la moitié de moi, et de mon cœur. De ne pas avoir pu te faire de place sous mon toit, ni demandée en fiançailles pour nos deux ans d'amour … » Son cœur se serra tandis qu'il repensa à toutes les fausses joies par lesquelles elle était probablement passée par sa faute. Combien de fois avait-elle du espérer qu'il rentrerait un soir pour lui annoncer qu'il l'avait choisie, elle, peu importe qu'il doive pour cela renoncer à tout le reste ? Combien de fois avait-elle du rêver à une officialisation, au début d'une histoire enfin vécue au grand jour ? « Oui, j'ai honte d'en être là aujourd'hui. Pas d'être avec toi, pas même d'avoir cette conversation … simplement honte de n'avoir rien fait pour t'éviter de souffrir ou pour rattraper mes erreurs. Et il y en a eu beaucoup. Beaucoup trop. » Il le savait, c'était même ce qu'il se reprochait depuis le départ. De n'avoir jamais rien entrepris pour stopper cette machine infernale qui lui avait valu de se retrouver dans cette position aujourd'hui. Cette machine qui d'ici peu ferait probablement souffrir beaucoup de monde, alors qu'il aurait certainement pu l'éviter. « Je donnerais tout pour t'avoir rencontré plus tôt. » Sa voix se brisa tandis qu'il osa cette fois se rapprocher un peu plus, laissant sa main trouver la sienne, fébrilement. « Mais ça n'a pas été le cas, et plutôt que d'admettre que tu étais entrée dans ma vie au mauvais moment, pour toi comme pour moi, j'ai préféré agir égoïstement et t’enchaîner à moi et à cette histoire qui ne pouvait pas te rendre heureuse. Pas à long terme, en tout cas. » Il n'y avait qu'à voir dans quel état elle se retrouvait aujourd'hui, par sa faute, et combien elle avait du prendre sur elle pour refouler tout ce qu'elle ressentait maintenant le besoin de lui dire. « Je ne regrette pas d'être tombé amoureux de toi ce fameux jour, à l'aéroport. Ce que je regrette, c'est d'avoir développé ces sentiments alors que c'était probablement le pire cadeau que je pouvais te faire. » Le pire, parce qu'ils savaient tous les deux dès le départ que ce ne serait pas facile, pas alors que sa vie était déjà auprès d'une autre et qu'ils ne vivraient pas une histoire conventionnelle. Il aurait pu lui éviter ça, combattre son désir, ses sentiments, et s’accommoder d'une frustration qui, au moins, aurait évité à Meg de souffrir par sa faute. « Comment veux-tu que je n'ai pas honte de celui que je suis devenu ? » Il reprit cette fois, laissant son regard se perdre dans le sien quelques secondes, tandis que s'installait tout autour d'eux un silence salvateur, mais qu'il ne put se résoudre à éterniser. Saul n'aimait pas la saveur de ces retrouvailles, mais il savait cette discussion nécessaire, aussi troublante soit-elle. « Tu ne veux pas de moi sous ce toit, Meg. » Sa main, cette fois, quitta la sienne pour se déposer sur la joue de la brune, sur laquelle il apposa une caresse, toutefois hésitante. « Si tu es honnête avec toi-même, tu le sais aussi bien que moi. » Et il ne le lui reprochait pas, même s'il donnerait n'importe quoi pour revenir aux brèves secondes durant lesquelles il avait eu l'impression que Meg désirait par dessus tout qu'il reste à ses cotés pour l'aider à panser ses plaies. Ici ce n'était pas le cas, ou ça ne l'était plus, il le sentait à la façon dont elle avait ressenti le besoin de se dérober, tout à l'heure, et aux nombreux doutes qu'elle avait formulé. « Tu as besoin que je reste, mais tu n'en as certainement pas envie. » Et lui, à présent, était partagé entre son envie de veiller sur elle comme il aurait du le faire depuis le départ, et son désir de lui éviter une situation qui ne l'aiderait certainement pas à aller mieux. Il ne voulait pas partir, pas alors qu'il aimerait tant se racheter et lui prouver que rien n'avait changé pour lui, mais ce serait se fourvoyer que de penser qu'ils pourraient laisser derrière eux tout ce qu'ils s'étaient dit. Meg continuerait de lui en vouloir, son amertume mettrait certainement du temps à s'estomper, et ça n'était pas en restant dans ses pattes et en commentant de nouveaux impairs qu'il pourrait espérer sauver ce qui ce soir lui paraissait si fragile.
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Message(#)if you ever want to be in love - event (margaret) EmptyMer 25 Jan 2017 - 16:05

Comment pouvait-on passer d'une émotion à une autre aussi rapidement ? Toute personne normale se poserait la question. Meg n'arrivait pas à comprendre elle-même ce qu'elle ressentait vraiment. Un grand vide. Elle avait déjà ressenti cela auparavant. Un grand vide qui en devenait étouffant tellement il était présent. Elle n'aurait pas imaginé revivre. Et pourtant... Plus de deux ans qu'elle et Saul étaient dans cette situation. Elle savait à quoi s'attendre. Au fond d'elle, elle savait qu'il ne la choisirait jamais. Mais elle l'aimait tellement qu'elle ne pouvait se résoudre à arrêter leur histoire. Elle l'aimait tellement qu'elle voulait profiter de chaque instant avec lui. De chaque moment d'amour. Ils s'aimaient, elle en était convaincu. Seulement, il aimait aussi sa femme. Sans doute plus qu'il ne l'aimait elle. Après tout, il était marié à elle depuis plus d'une dizaine d'années, il avait des enfants avec elle. Dont un qu'il avait eu alors qu'ils étaient ensemble. Construire une famille. Meg en rêvait. Elle arrivait à un âge où son horloge biologique était en alerte. Elle souhaitait fonder une famille avec Saul, bien sûr. Mais c'était tout ce que c'était : un rêve. On aurait pu le croire mais elle ne se voilait pas la face. Il fallait qu'elle profite avant que tout s'effondre. Elle était préparée à souffrir. Elle se préparait depuis le début de leur histoire. Du moins, elle pensait être prête. Pourtant, elle avait mal. Le fait qu'elle était restée sans nouvelle de lui pendant plusieurs jours après la tempête, qu'il ne soit pas donné la peine de venir la voir, la ramenait à son rôle de maîtresse. Elle n'était que ça. Il l'avait remise à sa place. Comment avait-elle pu penser une seconde qu'elle avait une autre place auprès de lui ? C'était ridicule. Elle l'aimait tellement. C'était pour ça qu'elle lui en voulait autant de l'avoir abandonnée à son sort. Elle se rendait simplement compte qu'il ne l'aimait pas autant qu'elle. Enfin, ce n'était pas particulièrement une nouveauté. Aucune personne ne pouvait être amoureuse de la même manière de deux personnes à la fois. Il y avait forcément une des deux personnes qui comptait moins. Meg était cette personne, elle le savait. Elle l'avait toujours su. « C'est vraiment ce que tu ressens ? » Elle sentit les yeux de son amant sur elle mais elle n'osait pas le regarder. C'était la première fois qu'elle était aussi honnête avec lui et avec elle-même sur ce qu'elle ressentait par rapport à leur relation. « Je ne sais pas si mes sentiments sont à la hauteur des tiens, je ne sais pas … si ça a même une quelconque importance de savoir qui aime le plus, et qui aime le moins. Mais ce que je sais, c'est qu'ils sont sincères. » Il avait raison. Peu importait qui aimait le plus. L'important était qu'ils s'aimaient sincèrement. Meg secoua légèrement la tête. Peu importait il y avait deux ans. Aujourd'hui, cela importait. Pour elle, en tout cas. « Tu sais que ça aurait été beaucoup plus simple pour moi si je ne m'étais pas attaché, si j'avais fait comme tous ces hommes qui oublient leur femme entre des bras qu'ils n'ont ensuite aucun mal à quitter … mais moi, j'ai su dès le premier instant que tu compterais à mes yeux. Et que des sentiments naîtraient. » Meg finit par le regarder. Ils s'étaient aimés dès leur premier instant. C'était la vérité. Elle avait rencontré Saul lors d'un vol, et elle se souvenait encore de son cœur qui battait si vite lorsqu'elle l'avait vu, lorsqu'elle lui avait adressé la parole. Que s'étaient-ils dit ? Elle ne savait plus. Mais, ce qu'elle avait ressenti, ça, elle s'en souvenait comme si c'était hier. C'était il y a pourtant plus de deux ans maintenant. « Plus simple pour toi oui, et ça l'est toujours... » Par là, Meg sous-entendait qu'elle était consciente de passer après sa femme et qu'il choisirait cette dernière plutôt qu'elle. Le choix ne serait pas si simple, sans doute, mais la personne qui allait le plus en souffrir, c'était elle finalement. Elle parce qu'elle serait à nouveau seule, à trente-cinq ans, sans enfant. « Tu as rejoint ta famille. » Elle se servait de cette phrase comme d'une défense, comme d'un argument au fait que ce serait toujours plus simple pour lui. Sa famille. Et quand bien même il finissait seul, il ne serait jamais vraiment seul. Il avait des enfants. Cette famille dont il s'est inquiété lors de la tempête. Maggie avait trop de rancœur par rapport à cet événement, encore trop ancré dans sa mémoire pour oublier le fait qu'elle se sentait abandonnée. « Je t'ai dit que je regrettais. » Oui, il l'avait dit. Malheureusement, cette fois, cela ne suffisait pas. Des excuses n'étaient pas assez. Même si elle le comprenait, elle n'arrivait pas à se contenter d'excuses et de mots. « Et crois-moi, je passe chaque seconde à me maudire depuis que je sais ce que tu as du traverser. Je sais que je n'ai pas été à la hauteur … mais Meg, tu me connais, tu sais que j'aurais tout fait pour être auprès de toi si les choses s'étaient déroulées autrement. Si je n'avais pas passé des heures à craindre de ne peut être jamais revoir mes enfants, et si je ne m'étais pas retrouvé dans cette chambre d'hôpital à devoir prendre la décision la plus difficile de ma vie ... » Meg ne savait pas comment réagir à ce qu'il lui disait. Elle pensait ce qu'elle avait dit, elle comprenait les raisons qui l'ont poussé à ne pas venir la voir. Cependant, elle persistait qu'il aurait pu essayer de la joindre lorsque les communications avaient été rétablies. « Dis-moi que tu le sais. » Non, elle ne savait pas. Elle ne savait plus. Elle avait besoin de lui. Besoin de le sentir contre elle. Alors, elle avait accepté qu'il reste, accepté qu'il la prenne dans ses bras. Elle avait ressenti ce soulagement lorsqu'elle s'était collé à lui, lorsqu'elle s'était blotti autant qu'elle le pouvait. Maggie avait tenté de détourner le sujet de leur relation en lui demandant de lui parler de son père. Ce qu'il avait fait. Un moment de confidences, comme elle aimait les vivre avec Saul. Jusqu'à ce qu'il dise la phrase qu'il ne fallait pas. C'était comme un retour brutal à la réalité. Un retour à sa place de maîtresse. Elle s'était relevée, s'éloignant aussi loin que possible de lui. Elle était passée de la colère, au soulagement et à une atmosphère remplie d'amour puis de nouveau à la colère et au ressentiment. Elle avait déballée absolument tout ce qu'elle avait sur le cœur, sans pouvoir s'arrêter. C'était un flot de paroles qu'elle n'arrivait pas à stopper. Enfin, elle s'arrêta. « Meg. » Saul s'était approché d'elle, mais elle n'en avait pas envie. Sans doute l'avait-il compris car il s'arrêta suffisamment loin d'elle. « C'est de moi dont j'ai honte, pas de nous. De moi, de ce que je suis devenu il y a plus de deux ans lorsque j'ai délibérément trahi la femme qui m'a pourtant donné tout ce dont j'avais toujours rêvé, et aimé comme personne n'avait jamais su le faire avant elle. Cette femme juste et bienveillante, dont la seule erreur a été de me faire aveuglément confiance. » Meg ferma les yeux quelques instants. Elle détestait ne serait-ce que penser à la femme de Saul. Cela lui rappelait qu'elle était réelle, cela lui rappelait que sa place à elle était légitime alors que la sienne n'était que la place d'une briseuse de ménages. Le cœur de Maggie était sur le point d'exploser. Les larmes coulaient le long de son visage et elle se demandait comment il était possible qu'il lui reste encore des larmes pour pleurer. Et pourtant... Écouter Saul lui dire tout ça, elle avait envie d'y croire. Tellement. Mais est-ce que cela changeait la situation ? « Oui, j'ai honte d'en être là aujourd'hui. Pas d'être avec toi, pas même d'avoir cette conversation … simplement honte de n'avoir rien fait pour t'éviter de souffrir ou pour rattraper mes erreurs. Et il y en a eu beaucoup. Beaucoup trop. » Si on lui avait dit cela il y a quelques jours, Meg aurait certainement dit qu'elle ne souffrait pas. Que Saul la rendait heureuse, même si il n'était pas complètement à elle. Aujourd'hui, elle ne pouvait plus répondre cela. Ça aurait été mentir, car elle souffrait. Elle souffrait comme elle n'avait pas souffert depuis bien longtemps. Cette douleur était un sentiment passé, un sentiment oublié. Plus maintenant. Meg était à bout de forces. Fatiguée, et lasse. Saul avait dû y voir l'invitation à se rapprocher, et il glissa une main dans la sienne. « Non, s'il te plaît. » Elle avait dit cela en retirant sa main, en reculant d'un pas. La situation en serait presque comique si elle n'était pas si ironique et tragique. Quelques minutes plus tôt, elle ressentait le besoin de l'avoir contre elle, le besoin qu'il soit là même si elle lui en voulait. À présent, elle voulait simplement s'éloigner. Il avait tout de même poursuivi sa tirade en la terminant d'une question. « Comment veux-tu que je n'ai pas honte de celui que je suis devenu ? » Devait-elle y répondre ? Elle n'en était pas sûre. Elle détourna le regard, cherchant un point neutre à fixer, cherchant à calmer ses émotions. Inutile de dire qu'elle n'y arrivait absolument pas. Elle tourna à nouveau son regard vers lui. « Tu le savais dès le début que si tu ne faisais pas un choix, ça finirait comme ça ! Tu t'attendais à quoi ? A ce que je te rende la tâche facile en te quittant parce que c'était ce qu'il fallait faire pour mon bien ? Non, Saul, c'est pas comme ça que ça marche ! Je savais très bien où ça allait nous mener. J'ai choisi de profiter de ce que tu voulais bien m'offrir. Et, rendons nous à l'évidence, tu n'auras jamais rien de plus à m'offrir que ce que j'ai aujourd'hui, hein ? Combien de temps faut-il pour un divorce d'après toi ? » Meg avait levé une main, comme pour lui signifier qu'elle ne voulait même pas de réponse. Elle ne savait pas si elle pourrait encaisser la réponse. Saul la fixait. Elle le connaissait par cœur. Pourtant, elle n'arrivait pas à déceler ce qu'elle lisait dans ses yeux. « Tu ne veux pas de moi sous ce toit, Meg. » Il s'était rapproché encore, elle l'avait laissé faire et il avait posé une main sur sa joue. Elle n'avait plus la force de l'en empêcher. « Si tu es honnête avec toi-même, tu le sais aussi bien que moi. » A cet instant précis, il avait raison. Il n'y avait nullement besoin d'être honnête avec elle-même, elle savait déjà qu'elle ne voulait pas qu'il soit là, chez elle. « Tu as besoin que je reste, mais tu n'en as certainement pas envie. » Encore une fois, elle ferma les yeux, profitant, l'espace d'une seconde, du contact de la peau de Saul sur sa joue. Elle les rouvrit dans un soupir. « Tu as raison. J'ai besoin de toi, mais je ne veux pas de toi ce soir. Je n'y arrive pas. » A lui pardonner.
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