| jannah + we both know we ain't kids no more |
| | (#)Sam 5 Nov 2016 - 0:36 | |
| "... Nous faisons des réunions au moins trois fois par mois... et vous savez c'est complètement anonyme, je vois que vous avez demandé à un ami de venir avec vous mais la plupart des gens viennent seuls." À ces mots-là, Hannah avait esquissé un maigre sourire avant de serrer la lanière en cuir de son sac. Simple question de réflexe, et c'était la seule émotion qui passait à travers le sourire plastique de la brune, son autre main remplie de brochures avec des slogans tous plus rassurants les uns que les autres, avec un message pourtant simple. Le bénévole continua de faire son travail et Hannah se mordit la lèvre inférieure et se tourna vers Spencer, qui remplissait ses fonctions de garde du corps. Un ami... Comme si la brune avait envie de trainer quelqu'un de plus dans ses problèmes. Jamie n'était plus une option, il y avait bien Saul, mais Hannah s'était promise d'apporter au metteur en scène des preuves concrètes avant de proclamer d'avoir changé. Il y eut une légère agitation dans la salle, des gens rentraient, et cela fut suffisant pour faire sortir Hannah de ses pensées. "... On a une réunion qui va commencer, vous voulez rester ?" Le ton était enjoué, la comédienne sentit néanmoins sa gorge se dessécher et après un énième sourire poli, elle tourna les talons et mit le plus de distance entre elle et les locaux des alcooliques anonymes. Peut-être que c'était une bonne idée. Ou une très mauvaise expérience si tout ça remontait aux oreilles des paparazzi. Mais jusqu'ici Spencer s'était avéré être efficace alors... Hannah poussa un soupir une fois arrivée dehors et prit une grande goulée d'air frais avant de croiser les bras sur son épais manteau, pensive. La brune n'avait jamais eu l'esprit aussi clair et elle savait que décider de se faire aider serait une étape supplémentaire. La vie d'Hannah avait toujours été un bordel sans nom, un bordel dont elle avait été fière, elle s'était auto-proclamée souveraine du chaos et avait cru pouvoir vivre de cette manière, en étant de façon permanente à vif. Ce n'était pas vivre, c'était juste survivre et le déni avait été son compagnon pendant très longtemps. Elle disait juste stop, assez, le réveil avait été plus que brutal mais depuis ce dernier baiser échangé avec Jamie, sa conversation avec Saul, et surtout les larmes qui avaient coulé sur ses joues lui revenait sans cesse en mémoire. Et non, elle ne pouvait pas vivre comme ça, ni pour lui, ni pour personne. C'était à croire que tout s'était accordé pour qu'elle ait son épiphanie en quelques sortes vu que la tempête avait frappé la ville quelques jours après. Hannah n'avait contacté personne en dehors de son père et elle en avait profité pour s'isoler, s'éclairant à la bougie pour parcourir son imposante bibliothèque. Ou pour se débarrasser de tous les paquets de cigarettes habilement cachés chez elle. Ou toutes les bouteilles d'alcool. Oui, Hannah était désespérément sobre depuis plus de deux semaines, sa dernière goutte d'alcool remontant à cette mauvaise soirée avec Jamie. Il n'y avait pas que Jamie qui ravivait le pire chez elle, c'était tout, c'était l'alcool, c'était le fait que dès que quelque chose pouvait la sortir de son état léthargique elle buvait une grande gorgée de gin ou de whisky pour passer à autre chose. Elle gardait ses émotions pour la scène et pour ses personnages, mais assez, si le monde voulait Hannah, il aurait tout. "Nous sommes arrivés." Hochement de tête rapide à l'intention de Spencer et Hannah sortit de la voiture, ses longues mèches brunes se baladant au gré du vent. La tempête aussi dans un sens l'avait réconcilié avec son père. Ils avaient passé une bonne partie du temps dans sa villa, à jouer aux échecs, à se plaindre de tous et de tout et surtout de la mobilité réduite de Nathan avec son bras. Hannah lui avait pourtant répété qu'il avait eu beaucoup de chance mais son père n'était pas de cet avis, comme toutes les choses qui échappaient à son contrôle d'ailleurs. La brune salua rapidement la secrétaire de son père et ne prit pas la peine de s'arrêter, elle était attendue et telle qu'elle connaissait Nathan, il devait être en train d'abréger un coup de fil car il était temps d'aller déjeuner avec sa fille. "... En tout cas c'est un plaisir de faire affaire avec vous Jamie." Une fois la porte poussée, Hannah se figea littéralement sur le pas, ses yeux couleurs noisettes se posant sur le tableau presque parfait qu'offrait son père en train de serrer la main de Jamie. Un million de question fusèrent dans l'esprit d'Hannah, elle savait que son père avait sorti Jamie d'une impasse il y a quelques jours, la brune avait coupé court à l'appel de son père en lui disant que non, vraiment, elle ne voulait pas savoir. Elle avait posé ses conditions, le but n'était pas de revenir avec l'échine courbée face à Jamie. "Oh Hannah tu tombes à pique, nous venons juste de finir. Je ne fais pas les présentations n'est-ce pas ?" Son père avait le don pour détendre l'atmosphère et Nathan se leva pour saisir son briefcase sous le regard noir de sa fille. La brune prit sur elle quelques secondes de plus et s'adressa directement à son père. "On avait dit 14 heures... nous devrions partir avant qu'ils ne donnent notre table à quelqu'un d'autre." Si elle ne prêtait pas la moindre attention à Jamie, il finirait bien par comprendre le message et la conversation qu'Hannah avait interrompu serait fini plus tard. "Oui, et ils devraient également ajouter un siège. Vous avez faim Jamie ? Joignez vous donc à nous." Le ton de Nathan était sans équivoque et Hannah finit par lâcher un simple : "Je suis certaine qu'il a mieux à faire Père. Nous, en revanche, nous allons être en retard, je vais appeler l'ascenseur." De la distance, voilà ce qu'il lui fallait. Elle n'attendit aucune réponse avant de s'éloigner en direction de l'ascenseur.
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| | | | (#)Dim 6 Nov 2016 - 2:22 | |
| Libéré la veille sous l'objectif accusateur de quelques appareils photos et portables placés sous mon nez sans une once de discrétion, mon détour par la case détention fut certes court mais s'est retrouvé éternisé dans l'enfer numérique d'internet et des réseaux sociaux dont tous mes comptes ne sont désormais plus que les affluents d'un grand torrent d'insultes. Autant étais-je fasciné par la capacité qu'ont ces sites à connecter les villes à travers le monde entre elles et rapprocher des hommes et des femmes qui ne se sont jamais croisés dans le monde réel, autant me serais-je bien passé d'être la nouvelle cible d'une haine viscérale qui semble mettre d'accord sur un objet de colère tous ceux qui sont victimes du besoin de déverser leur haine sur la toile. Désormais, ce qui m'étonne, c'est à quel point cent soixante caractères sont suffisants pour étaler autant d'injures. J'ai rapidement cessé de lire tous ces commentaires. Poussé dans un premier temps par une sorte de curiosité morbide, j'ai fini par éteindre mon téléphone sur conseil de Nathan qui sait bien que même de simples mots d'inconnus peuvent atteindre bien plus que qui que ce soit ne voudrait l'avouer. Je m'en suis sorti, comme je le pensais, avec une injonction restrictive, néanmoins moins sévère que je l'imaginais grâce aux excellents services de Maître Siede. Impossibilité d'approcher Joanne et Daniel à moins de cinquante mètres. Je suppose qu'il aurait été impossible de faire mieux. Aussi doué soit Nathan, il peut être capable de faire plier la loi comme un roseau, mais pas de retirer le bandeau sur ses yeux qui lui confère toujours trop de conscience. Pour le procureur, pour le Queensland, James Keynes est un homme dangereux qui peut être une menace pour ses concitoyens. Être libéré ne signifie pas que mon nom est lavé, et très honnêtement, il m'est difficile d'envisager de quelle manière je pourrai me relever de cet épisode-ci. Même l'avocat ne se prononce pas à ce sujet. Je me réfugie chez Gabriella pour un soir, dans l'appartement qu'elle n'occupe plus depuis qu'elle passe ses nuits chez James. Néanmoins, les heures qui passent ne me sont d'aucun repos. Je tourne entre ces quatre murs comme un lion en cage, mais rien, rien ne fera disparaître cette tâche sur mon nom, rien ne fera oublier de sitôt que je suis l'aristo de la radio qui a frappé son ex-fiancée. Me terrer pour toujours m'apparaît comme le meilleur plan que je puisse avoir en magasin, pourtant, le lendemain de ma remise en liberté, je suis à nouveau face à Nathan Siede pour évoquer les suites de cette affaire -et le juteux montant d'honoraires que je dois inscrire sur ce premier chèque. C'est lorsque notre entretien prend fin que sa fille fait interruption dans le bureau. Le sourire que je lui adresse s'efface à la seconde où je comprends qu'elle ne me le rendra pas. A vrai dire, elle m'ignore purement et simplement. Alors, lorsque l'avocat me propose de me joindre à leur déjeuner, c'est par pur esprit de contradiction que j'acquiesce d'un « Avec plaisir » des plus enjoués. « Je vous suivrai en voiture. » j'ajoute, n'oubliant pas que stratégiquement parlant il est toujours conseillé d'avoir son propre moyen de locomotion à disposition en cas de nécessité de fuite plutôt que d'être dépendant de qui que ce soit. Et rien n'indique de ce repas n'est pas susceptible de se transformer en combat de boxe. Mais qu'est-ce qui cloche chez Hannah ? Nous n'échangeons pas un mot dans l'ascenseur, pas un regard alors que nous nous séparons sur le parking de la tour de bureaux, et toujours rien jusqu'au moment où nous nous retrouvons assis l'un face à l'autre dans le restaurant. « Avez-vous choisi ? » demande le serveur discrètement apparu à mon côté droit. La question me fait sourire. Que de choix. Mon regard se pose sur Hannah, lourd de sens à lui seul. « Je crois que je suis un éternel indécis. » je réponds sans n'évoquer que le menu. « Je vais laisser Miss Siede décider à ma place. » Avec un rictus suffisant et satisfait, je ferme mon menu et le tend au serveur.
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| | | | (#)Mar 8 Nov 2016 - 15:46 | |
| "Ne dis pas un mot... Merci." lâcha simplement Hannah à l’intention de son père alors qu’ils montaient dans la voiture de ce dernier. Assise sur le fauteuil en cuir, la brune s’autorisa enfin à expirer la goulée d’air qu’elle avait maintenu dans l’ascenseur, à seulement quelques centimètres de Jamie. Elle savait que Nathan avait un million de questions pour elle, questions auxquelles Hannah ne savait même pas si elle pouvait répondre. Elle n’avait pas eu l’intention de faire le premier pas, ou de s’offrir à Jamie sur un plateau d’argent. Elle l’avait déjà fait, à maintes reprises, et tout ça pour quoi ? Tout ça pour que son père se retrouve mêlé à tout ça, de tous les avocats de la ville il avait fallu qu’il contacte Nathan. Bien entendu. Hannah se concentra sur sa respiration pendant tout le trajet, une chose bien nécessaire alors qu’une certaine colère se faisait ressentir, le genre de colère qu’elle n’avait pas ressenti depuis des mois et dont Lawrence avait déjà fait les frais dans leur jeunesse. Mais ça impliquait de ressentir, ça impliquait de s’énerver de compromettre ce coeur qu’elle protégeait tant et d’être blessée encore une fois. À cause de lui. Est-ce qu’il méritait tout ça ? Hannah ne le savait même plus, elle avait encore leur dernière conversation en mémoire et le fait qu’il était incapable de choisir. Mais la chose qui lui donnait encore plus la nausée, c’était qu’elle n’avait jamais pensé aussi clairement et qu’elle voyait mieux que jamais, plus noir que jamais probablement, tout le mal qu’il lui avait fait. Et elle ne savait même pas s’il y avait quelque chose qui rattraperait un jour tout ça. Même si, même s’il y avait le fin espoir qu’il la choisisse elle, qu’elle n’est plus à enfermer la partie d’elle-même qui lui était dédiée, Hannah ne savait pas si elle voulait recommencer à l’aimer justement. Pour la première fois, elle contemplait sa vie avec la possibilité de l’en faire sortir pour de bon, sans se voiler la face et c’était une pensée réconfortante. Hannah ne songeait à rien d’autre que cela désormais et elle retira son manteau presque machinalement, trop habituée à ce qu’on lui tire sa chaise pour elle, son corps effectuant tous les gestes automatiquement, saisissant le menu, le parcourant avec un intérêt presque réel. Le sourire de Jamie était presque insultant, ses blessants et Hannah le fixa pendant quelques secondes avec une expression qui ne faisait que traduire la blessure qu'il avait laissée. La plaie béante avec laquelle elle devait se balader en permanence, parce que visiblement, il n'y avait pas d’autres façons de l’aimer. Sans filtre, sans masque, Hannah n’avait rien d’autre à offrir et elle finit par lever les yeux vers le serveur et répondit. "Je vais me contenter de la salade du chef et mon père prendra probablement votre pièce de viande la plus chère, comme à son habitude, avec le vin rouge qui va avec. Il risque de se plaindre si son verre n’est pas régulièrement rempli donc vous devriez faire attention à ça si vous voulez votre pourboire et conserver votre job. Quand à Monsieur Keynes…" Hannah se tourna de nouveau vers Jamie, que pouvait-elle dire ? S’il ne trouvait rien d’autre à faire que de tourner la situation en ridicule, en lui faisant comprendre que tout dépendait d’elle… C’était qu’il n’avait absolument rien compris. Et que ses intentions n’avaient pas été suffisamment claires. Ou alors c’était ça sa réponse. De la dérision complète. " … S’il doit compter sur moi encore une fois, il risque probablement de rester affamé pendant des jours entiers, car une partie de moi est persuadée que c’est tout ce qu’il mérite. Et encore, je suis assez idiote pour lui souhaiter de bonnes choses et de retourner auprès de sa chère et tendre famille et de continuer de mentir à tout le monde. Ou alors peut-être qu’il y a un plat pour les hommes dans son genre. Qui ne font que prendre sans jamais rien donner en retour. Sans attendre des gens qu’ils changent, en espérant qu’ils vont continuer de tendre la joue pour se faire malmener, au nom d’un amour qui n’existe que pour lui donner un peu plus de contenance, et pour justifier le fait qu’il est plus simple d’avoir deux femmes à son entière disposition plutôt qu’une… " Hannah n’avait jamais été aussi peu investie par son propre discours, jamais aussi détachée vis-à-vis de tout ça… et pourtant, jamais aussi présente, elle pensait chaque mot, et elle espérait bien que chacun le coupe comme une lame de rasoir et laisse son coeur dans un sale état. Ce n’était pas de la vengeance, c’était juste, qu’il finisse aussi détruit qu’elle et Joanne, qu’il comprenne que son égoïsme avait été dévastateur et que dans le fond, il avait toujours eu les cartes en main. Depuis le début. Depuis le premier soir, depuis la première fois qu'elle lui avait dit, cigarette en main et un sourire plein de mystère que les femmes comme elle n’attiraient que les ennuis. Depuis la première dispute avec Joanne, quand elle lui avait demandé la nature de sa relation avec Hannah. Depuis la première fois où ils avaient fait la couverture des magazines, depuis… tout ce temps. "Mais je pense que vous pouvez revenir dans quelques minutes, il va lui falloir plus de temps." acheva Hannah, une main déjà perdue dans sa chevelure brune, et ses yeux de nouveau posés sur son père. Qu’est-ce qu’il lui avait dit déjà ? Ah oui, les gens comme eux finissaient bien souvent seul et en contrôle de leur propre vie.
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| | | | (#)Mar 8 Nov 2016 - 18:29 | |
| Visiblement, la comédienne ne joue plus. Ses paroles sans saveur articulées avec indifférence ne manquent pourtant pas de piquant et ont sur moi l’effet d’un zeste de citron ou d’une pincée de sel sur une plaie encore ouverte et saignante. Mes poumons se gonflent d’un air supposé substituer à ma fierté malmenée mais à vrai dire, mon menton un peu trop haut afin de ne pas me montrer trop atteint par de tels propos me font moi-même sentir ridicule. Ils ont bien existants, les coups au cœur par toute une armée d’objets contondants au fer chauffé afin de fendre la chair comme du beurre. Impossible d’effectuer un classement des faits qui heurtent le plus. Il y a la colère dans le regard d’Hannah qui, je l’espère, ne doit pas me faire comprendre que je peux tirer un trait sur les deux femmes qui possèdent mon cœur. L’étalage de tout ce qu’elle pense réellement de moi et qui forme un portrait bien peu flatteur que je ne suis même pas en position de nier. S’il n’est jamais dans mon intention de blesser qui que ce soit, et qu’importe si je fais au mieux, je crois que je me résume à une catastrophe ambulante imposant à son entourage d’insupportables montagnes russes émotionnelles. Il y a cette famille qu’elle m’octroie et vers laquelle je ne peux plus retourner. Quand bien même l’injonction restrictive ne m’empêcherait pas de les approcher. Il n’y a plus de Joanne, et je m’estimerai heureux s’il m’est accordé la possibilité de voir Daniel un week-end sur deux. En revanche, elle a bien tort de croire que le moindre aspect de la situation m’a été facile à vivre et à dénouer. J’estime m’être largement acquitté le mal que j’ai pu faire, même si certains diront de deux jours en détention sont peu cher payer, cela serait oublier cette tâche indélébile sur ma réputation et ma carrière qui sont, dans notre monde, deux choses quasiment inhérentes à notre survie. Je suis haï du public, jugé par mes pairs, désormais seul et sans même la possibilité de me raccrocher à une quelconque fierté. Peut-être pas même à Hannah. « Tu juges mal, Siede. » je résume en conservant un ersatz de sourire aussi pincé que mon cœur n’est serré, qui ne me permet sûrement même pas de faire bonne figure. Néanmoins, tirer une mine de six pieds de long ferait mauvais genre dans un restaurant pareil et ne serait guère assorti à mon costume, ce dont, je n’en doute pas, Hannah pourrait aussi me tenir rigueur. Je retiens le serveur d’un simple geste de la main. « Je prendrai la même chose, sans viande. » dis-je en indiquant Hannah d’un signe de tête. De manière générale, le choix est drastiquement réduit au restaurant pour les personnes suivant le même régime que le mien, il faut souvent se contenter de verdure, pourtant même si le parallèle est des plus maladroits, sans aucune grâce, la salade n’est pas qu’une salade, et ce choix n’est pas lié à un manque d’alternative. Cela ne sert sûrement plus à rien de le préciser, d'autant plus que la comédienne, aveuglée par sa colère à mon encontre, n'écoutera pas si je lui assure que ma décision n'est pas une option de facilité afin de ne pas rester seul suite à ma rupture avec Joanne. Mieux vaut ne rien dire, et laisser la salade être une salade. Finalement, peut-être Hannah a-t-elle en effet choisi pour moi. Peut-être n’est-il plus nécessaire que je choisisse tout court. S’il est vrai que toutes mes actions ne produisent que de tels ravages sur les femmes que j’aime, alors la solution la plus évidente est de les laisser tranquilles. Passer de deux amours à aucun. Ce serait ma manière de mourir de faim. Et le plus drôle, ce sera qu’il n’y aura absolument personne au monde pour me plaindre. Pas même moi au final. Les boissons ne tardent pas à être disposées sur la table, tous les convives enveloppés dans un silence des plus pesants et désagréables, tout en usant de cette parfaite aptitude qu’a le monde de la haute de faire comme si de rien n’était. Tout ce qu’il faut, c’est trouver le moyen de changer de sujet, ou du moins faire comme si. Personne ne trinque, il n’y a rien à fêter, et ni Hannah ni moi n’avons envie de feindre l’amitié en arborant un beau sourire, les yeux dans les yeux, pendant que les verres tintent. La première gorgée se boit discrètement. Puis je m’éclaircis la voix et me tourne vers le père Siede ; « Je vends ma maison, et ma résidence secondaire. Je cherche un appartement, plutôt un duplex, assez lumineux, spacieux, avec une belle vue, vous voyez le genre dont je veux parler, pour moi et mes chiens. Avec une chambre supplémentaire pour accueillir mon fils de temps en temps. » Pas de maison, toute forme d’habitation avec un toit qui lui est propre est à proscrire. Il n’y aura pas de jardin pour Ben et Milo, tant pis. Cela ne devrait pas poser problème si l’appartement est assez grand pour contenir toutes les bêtises. Je me trouve presque présomptueux de songer à cette chambre pour Daniel, néanmoins on ne me reprochera pas de nourrir cet espoir d’avoir le droit de l’approcher et faire partie de sa vie a minima. « Si vous avez vent d’un produit sur le marché pouvant me convenir, ou si vous avez un ami à la recherche d’un bien, Nathan, appelez-moi, d’accord ? »
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| | | | (#)Mar 8 Nov 2016 - 20:52 | |
| Tout ça pour quoi ? Voilà ce qu’avait envie d’articuler Hannah face à Jamie. À quoi est-ce que ça leur avait servi ? Ils avaient tout gâché, ruiné le peu d’avenir qu'ils auraient pu avoir un jour parce qu’ils étaient au dessus de tout ça, parce qu'ils étaient mieux que tout le monde... pas vrai ? Qu’ils pouvaient se rire de toutes et de tous et continuer leur petit bout de chemin ensemble, main dans la main... Non, le nom et la fortune ne faisaient pas tout et peut-être que si on leur avait retiré leur héritage depuis longtemps, ils auraient fini par comprendre et qu’ils auraient confronté leur propre sentiments bien avant. Mais dans le monde de l’hypocrisie, il était facile de jouer à qui était le plus hypocrite et tellement facile de perdre. Hannah réalisait bien qu’elle avait perdu et elle eut une maigre pensée pour Joanne qui s’était toujours plainte de ne pas comprendre leur monde et d’être en sorte mise à l’écart la plupart du temps. Ce n’était pas un monde qu’elle voulait comprendre et elle était probablement mieux loin d’ici, plutôt que dans ce restaurant trop luxueux avec des couverts trop bruyants et en ayant pas l’ombre d’une conversation à l’horizon. Hannah avait de plus en plus la nausée et elle ne savait pas si elle allait finir par laisser plus de mots lui échapper ou si elle allait simplement se taire. Est-ce que ça avait de l’importance de revenir sur un an de sourires et de regrets ? Peut-être, peut-être pas, elle ne savait plus et les mots de Jamie étaient eux aussi lourds de sens. Mal le juger ? Non, elle le connaissait, elle savait de quoi il était fait, vu qu'ils étaient pareils, il n’y avait jamais eu de doute là dessus. Le signe de tête qu’il eut pour elle lui donna envie d’éclater de rire ou d’attendre qu’on leur serve quelque chose de plus fort pour lui jeter son vin à la figure. Alors c’était comme ça qu'il espérait lui faire comprendre ? Il espérait qu’elle lise entre les lignes et se contente des miettes de pain qu’il allait lancer dans sa direction. Hannah avait haussé un sourcil et elle croisa encore plus les bras tandis que le silence s’installait, les coudes posés sur la table, chose qui n’était pas convenable mais elle s’en moquait. Elle aurait voulu lui dire de se taire et … et quoi ? C’était ça sa réponse, il la choisissait elle ? Était-elle censée ressentir quelque chose de particulier ? Sourire ? Sauter au plafond ? Se réfugier dans ses bras comme elle avait l'habitude de le faire ? Non, ça ne collait pas. Comment un seul homme pouvait lui faire ressentir tout une myriade d’émotions en l’espace de si peu de temps ? Comment pouvait-il être son bourreau et son sauveur à la fois ? Ça ne marchait pas comme ça, qu'il choisisse, soit qu’il la sépare de sa tête, de son coeur un bonne fois pour toute, mais qu’il ne joue pas avec, non surtout pas. "Et toi tu es un idiot fini si tu penses que c’est ça que je voulais entendre." lâcha abruptement Hannah, interrompant la conversation que les deux hommes, les deux hommes de sa vie probablement, étaient en train d’avoir. Non, ça n’était pas assez, tellement pas assez et en meme temps, Hannah ne savait pas ce qu’elle voulait entendre. Voilà que c’était elle qui se retrouvait coincée, c’était à en rire. "Veuillez m’excuser." Elle se leva tout aussi rapidement et dut s’arrêter lorsqu’elle vit des étoiles danser devant ses yeux, trop vite, beaucoup trop vite. Hannah respira profondément et elle attrapa son sac, là encore un automatisme et elle s’éloigna de leur table, en direction des toilettes. Une très mauvaise idée en somme, être confrontée à son propre reflet n’était pas une si bonne idée, à part lui donner envie d’enfoncer son poing dans la glace jusqu’à ce ça fasse un sens… Ce qui au final n’aiderait personne. La brune songea un instant à Saul et à ce qu’il pourrait dire s’il la voyait dans un moment pareil. Pas de grande Hannah Siede, juste Hannah et désespérément Hannah. Ni plus, ni moins. Elle ne savait meme pas si cette conclusion lui plaisait, ce qui répondait déjà à sa question. Si ça n’allait pas, elle était la seule en mesure de changer quelque chose, pas Jamie, pas Lawrence, pas Nathan, juste elle. Et c’était surement ça la décision la plus effrayante qu’elle puisse jamais prendre, elle aimait faire semblant, prétendre que courber l’échine ne lui convenait pas et pourtant, elle n’avait jamais rien faire pour se défaire de cette emprise, de leur emprise. Elle n’avait jamais rien fait pour aller de l’avant. La preuve c’était qu’elle était encore en train d’attendre. Hannah respira un grand coup et quitta les toilettes presque rassurée par le pas de ses talons sur le sol en fait. Elle ne fut presque par surprise d’apercevoir Jamie juste là, elle avait manqué l’échange avec son père et elle ne savait pas que Nathan avait eu un regard attristé pour son siège vide et avait lancé un bref: « Vous formez une bien drôle de paire, je ne sais pas ce que vous lui avez fait Jamie et je ne préfère pas le savoir, mais quelque chose me dit que vous feriez mieux de la suivre. » Il était là, tant mieux, peu importe l’endroit, peu importe la situation, ça n'avait jamais été idéale de toute façon, n’est-ce pas ? « Ma réponse est non. » Hannah marqua une pause, quelque part plus choquée par lui par ces mots. « Peut-être que j’ai mal compris mais j’ai menti moi aussi. Et moi aussi je devais choisir. Mais … juste entre toi et moi. Et meme si Joanne ne fait plus partie de ta vie. Je ne pourrais pas être là. Je refuse d’être là Jamie. Quand je t’aime, il ne reste rien d’autre de moi... et cette part de moi, celle qui t'aime, je la déteste de jour en jour… et j’avais raison depuis le début en fait. La personne dont tu es tombé amoureux, ce n’était pas la vraie Hannah. Tu ne mérites pas la vraie Hannah, et ça m’a pris tellement de temps pour m’en rendre compte. Et tant pis si on aurait pu être heureux et voir au delà de tout ça, je ne peux pas me faire ça. Je préfère être seule plutôt qu’avec toi. »
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| | | | (#)Mar 8 Nov 2016 - 22:31 | |
| “Non, je ne crois pas. Elle a besoin d'être seule.” ais-je répondu à Nathan calmement, ne m'attendant pas un seul instant à l’ouragan qui compte bientôt s'abattre sur moi. Je me contente simplement d'une nouvelle gorgée de vin. Lorsque l’aura d’Hannah se ressent à nouveau dans la salle, mon regard se pose immédiatement sur sa silhouette longiligne qui se transporte avec détermination jusqu'à notre table. Plutôt que de se rasseoir, elle se plante et là, et s'il faut résumer le flux de paroles qui traverse ses lèvres pour m'achever dans un moment où je ne saurais être plus à terre, je dirais qu'il s'agit de la plus grande et belle veste que l’on puisse un jour se ramasser. Je me lève et reboutonne ma veste par automatisme. Mon regard noir la fusille, toute cette colère rend ma respiration presque tremblante. À moins que cela ne soit la profonde peine qu’elle vient de me causer et que je dois contenir pour ne pas m'effondrer comme un château de cartes. “Tu m’as demandé de choisir et je l'ai fait. Je t'ai choisi toi et tu parviens encore à demeurer insatisfaite. J'ai tourné le dos à tout ce que j’avais, je n’ai plus rien, et c'est ce que j’avais à te donner, tous ces sacrifices sur l'autel d’un amour dont tu ne voulais même plus. N’ose plus jamais dire que je prends sans donner en retour Hannah si c'est toi qui refuse que je t'offre absolument tout de moi. Qu’est-ce que je suis supposé faire de plus ? Pourquoi m’avoir demandé de choisir si aucune option n'était la bonne ? Est-ce que tu te complais dans la médiocrité de ta petite vengeance, Hannah ?” Il y a de ça, bien sûr. Je lui ai brisé le coeur, elle brise le mien. C'est incroyablement ironique. “Il n’y a que toi Siede pour croire que tu n’es pas absolument transparente. Je sais exactement qui tu es et ce que tu fais, car j'ai fait exactement la même chose, mais la différence c'est que je l'ai fait pour toi tandis qu'à tes yeux te détourner de moi est la solution. Tu veux te reprendre en main, être enfin fidèle à toi-même ou au moins t'en rapprocher, et tu espère être assez forte pour encaisser tout ce que tu es réellement et dont tu t’es tenue éloignée si longtemps. Tu ne le pourras pas, parce que tu n’y survivra pas. Nous ne fonctionnons pas comme ca, il n’y a que les masques qui nous gardent sains d'esprit. Tu finiras aussi bas, à terre et piétinée que je le suis.” Mais cela doit certainement la laisser parfaitement indifférente. C'est tout ce que je mérite après tout n'est-ce pas ? Je m'approche d'un pas vers Hannah, pris au cou par tant d'émotions contradictoires que je ne sais plus laquelle lui laisser voir. “Et très bientôt tu t'en rendras compte, tu reviendras vers moi, tu supplieras parce que tu comprendras qu'il n’y a qu'avec moi que tu peux avoir le privilège d'être qui tu es, ou d'être qui tu veux, et d'être aimée tel quel. Ou peut-être que tu ne le feras pas, juste pour me prouver que j'ai tort, et tu seras prise à ton propre piège. Alors oui, tu seras seule plutôt qu'avec moi, et j'espère que tu sauras te contenter de la satisfaction de t'être tenue à ces paroles pour te convaincre que tu es heureuse.” Ce n’est qu'après avoir fulminé et déversé tous mes ressentiments que je réalise qu’Hannah et moi sommes littéralement en train de nous donner en spectacle devant son père et toute la clientèle du restaurant. Même si cela m'importe bien peu, je ne compte pas m’éterniser plus longtemps. Je suppose que j'ai un bien grand puzzle à reconstituer maintenant que toutes les pièces ont été éclatées de part et d'autre. Je replace nerveusement le col de ma veste qui n'en a nullement besoin, les doigts tâtonnant le tissu comme si cela a quoi que ce soit de rassurant ou de consolant. “Je ne te dis pas d'aller en enfer, Hannah, nous baignons déjà tous les deux dedans.” je conclus entre mes dents serrées. N’attendant aucune réponse de sa part, je tourne instantanément les talons pour quitter le restaurant, les membres tremblants me portant aussi loin d'elle que possible, à l'extérieur où même l'air frais ne parvient pas à faire passer cette immonde nausée.
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| | | | (#)Dim 13 Nov 2016 - 2:58 | |
| Hannah ne s’attendait plus à rien. Absolument plus à rien de la part de Jamie. Elle ne voulait pas s’excuser ou s’expliquer davantage, ce choix était le sien au final, la décision lui appartenait à elle et les mots du brun n’allaient rien changer à la situation. Peut-être que dans le fond, elle l’avait toujours su et c’était elle qui avait fait trainé les choses, qui avait été trop naïve et qui en avait profité, avait profité de lui tout comme il avait profité d’elle. Ils n’étaient pas tous blancs dans cette histoire, ils étaient coupable tous les deux et si tout avait été parfait, ils auraient probablement fini par périr à deux, mais Hannah ne voulait pas de cette fin-là. C’était une fin bien misérable qu’il lui offrait là et Hannah n’en voulait pas. Il l’avait choisie elle, Joanne ne traversait plus son esprit. Parfait. Elle se serait surement contenté de cette réponse là il y a des mois en arrière, l’aurait embrassé sans aucune hésitation et aurait accepté de devenir la future Miss Keynes. Mais plus maintenant, le temps n’avait fait que creuser ses blessures et rendre ses cicatrices encore plus laides et Hannah savait qu’elle ne pouvait plus faire ça. Qu’il fallait qu’elle sauve le peu qu’il restait de sa personne maintenant. Tant pis si ce qui restait n’était pas glorieux, était encore plus affreux que le reste, tant pis, elle se débrouillerait. Hannah ne bougea pas d’un millimètre tandis que Jamie se relevait, le brun la toisa de toute sa hauteur, la colère visible dans son regard. Un fin sourire se dessina sur le visage de l’actrice et elle s’apprêta mentalement à accepter sa rage. Après tout ce qu’ils avaient traversé, voilà que c’était elle, elle qui s’était tenue là envers et contre tous, c’était elle qui partait. Était-elle la dernière à partir ? Hannah s’en moquait et elle l’observa cracher son venin, car il n’y avait pas d’autre mot que cela, le coeur battant et toute once d’affection pour lui disparaissant de phrase en phrase. Qu’était-il censé faire ? Hannah s’en moquait, mais il pouvait toujours retourner auprès de Joanne, peut-être qu’elle serait assez folle pour le reprendre. Hannah n’en savait rien, elle n’allait pas lui souhaiter d’avoir une vie heureuse car les choses ne marchaient pas comme ça ici. Hannah baissa cependant le regard lorsqu'il évoqua une vengeance malsaine… ça n’en était pas une. Peut-être de son point de vue, mais non, elle avait été prêt à souffrir avec lui, elle avait été saigné à blanc et ne pouvait tout simplement plus le faire. Jamie continuait de parler et Hannah se retrouva à bouger la tête, faisant non avec une véhémence certaine alors qu’ils les mettaient dans le meme panier. Non, s’ils se ressemblaient sur bien des points, tout ceci s’arrêtait maintenant, elle serait plus que cela et ne rangerait pas sa main dans la sienne cette fois-ci. Lui continuerait de porter son masque mais pas elle. « Tu te trompes. » murmura la brune dans un souffle. Il n’avait meme pas vu à qu’elle point elle avait changé sous ses yeux et quelque part, c’était grace à lui. Lui qui avait toujours voulu avoir plus que les autres, c’était lui qui l’avait poussée à laisser tomber son masque justement, proclamant qu'il serait le seul à la voir vraiment. Plus maintenant, elle avait laissé tombé sa garde et la vérité était que Jamie n’était pas la seule personne qui pouvait l’accepter, le monde n’était pas aussi cruel qu’ils aimaient bien le penser, c’était juste eux qui étaient trop occupés à se morfondre pour pouvoir se battre. Hannah releva les yeux vers lui avec une expression de dégout sur le visage, cette façon qu'il avait de parler de son futur à elle, comme si elle allait de nouveau revenir dans ses bras comme si de rien était. Non, si c’était ce qu’il croyait, il se trompait sur toute la ligne, la Siede était bien des choses, mais elle n’était pas faible et sa vie était loin d’être terminée. « Tu as tort Jamie. Je vais m’en sortir. Je vaux mieux que ça, je vaux mieux que tout ce que tu pourrais jamais de donner et tu vas vite t’en rendre compte. » articula Hannah, bien consciente de parler au dos du brun. Qu’il parte, elle n’avait plus rien à ajouter, plus rien à dire, plus rien à espérer de lui. Il avait fait la seule chose qui aurait pu la réconforter mais en vain, elle ne voulait pas de lui, pas comme ça, pas pour elle. Peut-être qu’elle l’aimerait toujours et peut-être que dans une autre vie ils avaient été heureux mais pas ici et pas aujourd’hui. Hannah soupira et finit par se rasseoir, ignorant le regard de son père, elle était déjà fatiguée et savait que la route allait encore être longue.
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| | | | | | | | jannah + we both know we ain't kids no more |
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