Je n'en reviens toujours pas. Moi. Enceinte. Enfin ! Et je ne pouvais même pas boire de Martini pour fêter ça. Et j'en étais tellement heureuse. La première qui devait en être informé devait être ma sœur, mon double, ma jumelle, celle à qui je tiens le plus sur cette Terre. Gabriel aussi … Mais je ne pouvais pas le lui annoncer tout de suite. J'ai bien trop peur. Une peur qui ne m'avait pas atteint depuis Luke … Et ça me faisait encore plus peur. Moi qui avait décidé de couper court, alors que ces vacances passées avec lui ont été les plus belles que j'ai connu depuis bien trop longtemps. Ce n'est pas celui que j'attendais, et je voulais seulement un bébé. Aujourd'hui, je vais l'avoir, alors, à quoi bon m'encombrer d'un homme à combler, à aimer, à m'occuper, alors que je vais déjà devoir m'occuper d'un petit bébé. Je demandais tout de même à ma sœur si elle était libre cette après-midi, et heureusement elle l'était. Je sautais d'impatience à l'idée de lui annonce cette nouvelle que j'attends depuis si longtemps. Noëllie allait enfin avoir une cousine. Elle allait être heureuse comme tout elle aussi. Combien de fois elle m'embêtait à ce sujet-là, me suppliant d'avoir enfin un petit cousin ou une petite cousine avec qui s'amuser ! Je suppose qu'elle avait déjà du faire le coup un milliard de fois à sa mère. Je sonnais alors chez ma sister et attendais patiemment qu'elle m'ouvre. Une fois qu'elle eut fait, j'avais un sourire tellement énorme aux lèvres que j'en eus mal aux zygomatiques. Peu de temps après je me suis mise à rire et à lui sauter au coup. Je suis enceinte frangine. Lui disais-je joyeuse comme tout au creux de l'oreille sans la lâcher pour autant.

L’attente avait été atroce jusqu’en ce début d’après-midi. C’est comme si j’avais eu l’horrible envie d’aller sur le plus haut toit de la ville et de crier au monde entier que j’étais enceinte. Mais c’était totalement inutile et j’allais surtout l’annoncer à ma jumelle, celle qui a toujours été là pour moi, et celle qui le sera à tout jamais. Je ne me privais pas pour lui exprimer mon affection, ce qui d’habitude, ne m’arrivait pas très fréquemment, seulement pour les excellentes nouvelles, comme celle-ci. C’est évident que j’ai beaucoup d’amour pour ma sœur, même si bientôt, il allait se voir partager avec cet enfant à naître. Mais l’amour que je porte à ma sœur ne faiblira bien sûr jamais. Ce n’était pas possible. Je lui annonçais alors sans détour, sans attendre une seconde de plus, que j’étais enceinte. Sa surprise et sa joie se vit direct sur son visage et l’accompagnait de ses félicitations. On continuait notre étreinte alors que Delilah me demandait depuis combien de temps je le savais. Je lui déposais un baisé sur sa joue avant d’enfin la lâcher et me diriger vers l’intérieur de chez elle Depuis ce matin à peine. J’ai eu des soupçons les semaines dernières, mais le test de grossesse que j’avais fait était négatif, alors j’avais laissé traîner. Du coup ça fait déjà 10 semaines que je suis enceinte, et j’ai à peine le ventre gonflé. Expliquais-je alors à ma sœur tout en me mettant à rire, tellement la situation avait été assez inattendue et hors du commun. C’est vrai que j’avais été déçue au départ, mais finalement soulagée, mais quand même déçue, toujours séparée entre ces deux émotions, jusqu’à être tellement heureuse, que je ne pensais pas que cela soit possible un jour.

Ma grossesse était vraiment inespérée. Je savais que cette fois-ci, je n’aurais plus aucune complication, que ce bébé j’allais pouvoir le garder, même si au fond de moi, je ressentais cette appréhension, puisque je n’avais jamais vraiment connu une grossesse normale jusqu’à celle-là. Et Delilah semblait tellement heureuse pour moi que je ne pouvais m’empêcher d’être encore plus heureuse. Oui, c’est totalement stupide je sais bien. Je me suis mise à rire quand elle m’interdisait l’alcool et m’informait que ce ne serait qu’un simple jus Tout à fait d’accord. Lui répondais-je bien enthousiaste et en hochant la tête. Elle m’entraîna par la suite avec elle dans la cuisine pour que la discussion soit plus agréable tout en nous préparant nos verres de célébration. Elle me demandait alors si je voulais boire ou manger quelque chose Ton meilleur cocktail sans alcool ma Lilou. Lui souriais-je alors comme si j’étais revenue en enfance, et caressais doucement mon ventre, ne m’en rendant même plus compte déjà depuis ce matin. C’était fou comme il était apparu aussi vite. Et quel bonheur. Je n’avais même pas espéré tomber si vite enceinte, j’aurais préféré à la base prendre encore du temps pour trouver l’homme idéal. Mais finalement, Gabriel avait été celui choisi par la providence dirons-nous. Et au début, j’aurais pu croire discerner une pointe de déception. Mais finalement, je m’étais bien vite rendue compte que c’était du stress, énormément de stress. Pas seulement du à ma grossesse mais au fait que j’allais devoir le revoir, alors que je lui avais fait promettre de ne plus jamais se revoir. J’allais pouvoir tout déballer à ma sœur, et c’est bien tout ce dont j’avais besoin. Et ça tombait bien, elle désirait tout savoir également. Je réfléchissais alors, ne trouvant pas par où commencer. J’allais très certainement avouer à ma jumelle que Gabriel ne me laissait vraiment pas indifférente, et c’était dur pour moi. Je pris une bonne bouffée d’air frais et lui racontais Tu sais, ces vacances dans les Seychelles que j’ai passé ?! Et bien j’ai passé toute une semaine à rester presque H24 avec le même homme … Je bloquais, oui, je voulais lui annoncer tout cela bien tranquillement pour trouver les mots parfaits afin d’amener cette histoire invraisemblable.

Voilà, je venais d’avouer à ma sœur que j’avais de nouveau passé trop de temps avec le même homme. Le plus longtemps que j’avais fait depuis de nombreuses années avait été de deux ou trois heures à tout casser. Cela a toujours été mon maximum. Ma liberté me réclame très rapidement par la suite. Seulement j’avais été incapable de ne plus revoir Gabriel. Peut-être aussi était-ce son envie de me revoir, et son insistance, même si au final, il avait été loin d’être insistant. Je ne saurais que dire qui ferait que je suis tombée sous le charme et sous l’envie de le revoir et de passer autant de temps avec lui. Comme si c’était prévu dans mes gênes. La déduction de ma sœur fut bien sûr la bonne, je hochais donc la tête avant d’écouter ses deux autres hypothèses. Je ne savais pas trop bien quoi dire. Je soufflais un bon coup et lui avouais Tu le connais. Depuis le lycée. Je pense qu’elle ne tarderait pas à comprendre que je parlais bien sûr de Gabriel. Mais après tout, des types au lycée, j’en avais fréquenté. Juste un de manière sérieuse et amoureuse, mais des tonnes dont je me suis joué et amusé. Par moment, oui, ça m’arrive d’avoir honte, surtout maintenant que j’ai des sentiments pour Gabriel. Je préférais faire en sorte de les oublier, surtout après cette semaine « inoubliable » au final. Je n’avais pas réussi mais je faisais tout pour ne pas en parler. Mais là, j’étais enceinte de lui et je n’avais plus le choix Je compte lui annoncer bien sûr, mais je ne sais vraiment pas quoi faire … Enfin si ! Me rattrapais-je en parlant un peu trop fort. Je ne vais pas tuer cet enfant alors que j’en rêve depuis trop longtemps, mais … Je me perdais de nouveau, posant ma main sur mon ventre, le regard perdu dessus, en essayant d’imaginer la vie que j’aurais avec lui. Avec eux.

Ma sœur a toujours été et sera toujours ma confidente. Voilà pourquoi c’était elle directement que j’étais venue voir après cette annonce pour le peu inattendue. Mais aussi parce que je savais qu’elle ne pourrait être que de bons conseils, vu qu’elle avait eu Noëllie. Moi aussi j’aurais du avoir déjà bien nombre d’enfants. Mais je ne me plaignais plus à présent, parce que mon problème avait enfin pu être résolu et que j’étais enfin enceinte, après toutes ces années de désespoirs. Mais le fait est, que j’avais prévu cette grossesse d’une manière bien différente. J’avais osé prévoir aucune attache envers le père de cet enfant, et pouvoir passer au travers de la paternité, pour assumer seul la garde et la charge de mon enfant. Seulement, vu que le père est Gabriel, cette optique m’ait à présent hors de question. Je hochais de la tête quand Delilah me demandait si ça faisait tant d’années et rajoutais Mais je ne l’ai apprécié qu’il y a peu. Je continuais avec mes énigmes, je voulais lui faire découvrir par elle-même, parce qu’elle le pouvait, après tout, elle aussi elle avait entendu les rumeurs que je lui avais démenti. Elle sentait bien que j’avais peur, je n’avais même pas besoin de le lui dire. J’avais une sacrée trouille, et de tout ce qui allait se produire à partir du moment où j’en aurais parlé à Gabriel. J’écoutais alors les paroles sages de ma sœur tout en hochant la tête, comprenant parfaitement ses dires en étant d’accord. J’espère que tu as raison. Je soufflais un bon coup et rajoutais Va falloir que je me fasse à l’idée que cet enfant, je ne l’aurais pas seule surtout. J’aurais voulu tout gérer de a à z, mais savoir que je serais épaulée, me fait encore plus flipper. C’est assez ironique.

Il ne fallut pas beaucoup plus d’indice à ma jumelle avant qu’elle ne comprenne où je voulais en venir, de qui je voulais parler. Parce que oui, très peu de connaissance du lycée sont devenus des personnes importantes à présent dans ma vie. C’est le cas pour mes amies les plus proches, mais en ce qui concerne les hommes, aucun d’eux, à part mon ex, n’avait de place dans ma vie d’adulte. Alors il était évident que cela soit Gabriel, il n’y avait personne d’autre. Je baissais alors le regard, un peu honteuse et surtout rougissante, avec l’envie stupide de sourire et lui répondais Oui. Et je sais qu’il va vouloir de cet enfant, mais c’est tellement pas ce que j’avais prévu … Lui répondais-je alors, me sentant pas à l’aise du tout avec cette histoire. Je voulais de cet enfant oui, mais j’avais prévu de le faire avec un homme qui n’aurait pas voulu de cet enfant, un homme important, célèbre, riche, influent pour ne jamais manqué de rien, mais pour élever mon enfant en paix. Seulement Gabriel a débarqué et a foutu mes plans en l’air. On se mit alors forcément à parler de la famille, de comment elle a vécu son histoire avec le père de Noëllie, qu’elle s’était faite à l’idée qu’il soit absent, mais qu’au final, ça lui avait fait du bien de ne pas être seule dans cette aventure. Je suppose que tu as raison, élever un enfant ne doit pas être facile, je stresserais moins avec lui au moins. Répondais-je alors à ma sœur tout en souriant.Je ne sais juste pas comment ça va évoluer entre nous. J’avais réussi à ce qu’on ne se voit plus, mais là, ça va être compliqué … Oui j’ai horriblement besoin d’en parler avec mon double, et écouter les conseils qu’elle aurait à me donner.

Rien ne valait une bonne conversation avec mon double. Certes, mon double physiquement, mais pour tout le reste, il y avait pas grand chose qui nous faisait nous ressembler. Si ce n'est l'amour qu'on a l'une pour l'autre. Et c'est ce qui fait qu'on s'entend toujours bien. Ou presque. On restpect les choix de chacune et le caractère de chacune. Elle accepte comment je suis depuis le lycée, même si elle ne cesse de me rabâcher quand on en parle qu'elle ne comprendra jamais comment j'ai pu changer de comportement du jour au lendemain, ce qui avait bien pu se passer pour que tout s'écroule. Mais même encore aujourd'hui, je n'étais pas prête à le lui avouer. Toujours est-il que j'écoute toujours aussi attentivement les conseils de ma sœur, même si parfois je ne les prends pas en compte. Là, vu son expérience de maman, je me voyais mal ne pas les prendre en compte. Elle me parlait alors du risque d'avoir des jumeaux, et je fis de grands yeux Mince, j'avais pas pensé à cette éventualité. Mais vraiment pas. Je posais ma main sur mon ventre instinctivement et priais pour ne pas avoir des jumeaux. Déjà que j'ai la trouille d'avoir un seul gosse, alors deux ? Delilah enchaîna alors sur le fait que c'est plus simple quand on est deux à s'occuper d'un gamin, même si les engueulades sont bien présentes et que ça serait forcément bien différent de son expérience avec le père de Noëllie. Elle me fit rire, et réussit à me détendre en ne trouvant pas de deuxième élément qui ferait que ça se passerait mieux pour moi. Je sais sœurette. Lui répondais-je face au fait qu'elle serait là si j'en avais besoin. Je soufflais un bon coup et rajoutais comme pour clôturer la conversation Je ne peux pas savoir à l'avance comment cela va se passer, mais il faut que je me lance, il faut que je lui annonce dans un premier temps. Et rien qu'à ses paroles, des palpitations dans mon cœur se firent ressentir. La trouille, oui, j'avais la trouille comme jamais. Après tout, j'avais totalement coupé les ponts avec lui, alors comment allait-il réagir ?

Oui en effet, le risque était double pour ma sœur, parce que du côté du père aussi il existait des jumeaux. Mais au final, il se trouvait qu’elle n’avait eu qu’un seul embryon dans son ventre, et je dois bien avouer que j’espérais vraiment que ça soit le cas pour moi aussi. Mais il ne fallait surtout pas que je sois fermée à l’idée, j’ai neuf moi pour me faire à cette éventualité, et je suppose que ça ira bien d’ici à ce que ce ou ces êtres apparaissent réellement et physiquement dans ma vie. Certes, je vais être enceinte, je vais avoir des problèmes, une grande prise de poids, mais je n’aurais toujours qu’à m’occuper de moi-même, même si sans alcool, je ne sais vraiment pas comment je réagirais. Je souriais à ma sœur, rassurée oui, par ses dires. Heureusement oui, qu’elle est là, qu’elle est présente dans ma vie, je ne sais même pas si je serais même en vie sans elle. Certainement sous l’emprise horrible de notre père. Je me dis que sans elle, je n’aurais jamais eu le courage de quitter le nid. En tout cas, il fallait que je trouve un pareil courage pour aller au-devant de Gabriel pour lui annoncer ce que j’attendais de lui. Oui, c’est assez mal dit. Mais c’est un peu ça aussi. J’avais plusieurs façons de le faire, mais je ne m’imagine pas du tout lui envoyer un texto pour lui mentir, pour lui parler d’excuses, même ça, je n’en serais pas capable. Même ça, ça serait me rabaisser. Alors oui, ma sœur me connaît, et sait certainement que je vais choisir la voie la plus simple pour moi. Le culot. Je te raconterais ça, mais tu t’imagines certainement déjà ce que je vais faire. Lui répondais-je avec un petit clin d’œil. Je me levais alors tout en lui disant Et si on passait à table ?

HRP: