| | | (#)Sam 5 Nov 2016 - 19:04 | |
| i'm bent on believing everything is alright, i break with the day and i bend with the night. it's a comeback story of a lifetime, a comeback story of a lifetime.
(☆☆☆) Voilà des heures maintenant qu'il n'avait pas quitté ce bureau. Des heures qu'il demeurait assis sur cette chaise, les yeux posés sur l'écran d'un ordinateur qu'il n'avait même pas pris la peine d'allumer. Des heures que ses mains, elles, cherchaient à s'occuper en triturant les manches de sa veste, et qu'il relevait spontanément la tête chaque fois qu'il croyait entendre quelqu'un marcher à travers le couloir. Par moment le temps lui semblait s'écouler à une vitesse folle, et pourtant cette journée lui paraissait interminable. Et la compagnie que lui offraient parfois Maxyn, Vance ou Patty n'y changeait rien. Il ne voulait voir personne, ne voulait pas quitter ce bureau et désirait encore moins constater qu'en dehors de ces murs la vie suivait son court. Parce que voilà des mois qu'elle n'était plus pour lui qu'un enchaînement de problèmes et de contrariétés. Des mois qu'il vivait avec la peur au ventre et qu'il détournait les yeux pour ne pas affronter son reflet dans un miroir. Des mois aussi qu'il vivait avec l'insupportable impression d'avoir déjà tout perdu, quoi qu'il décide de faire. Son mariage était en sursit, au même titre que tout ce qu'il avait bâti durant les dix dernières années, et tout le courage dont il pourrait maintenant s'armer n'y changerait plus rien. Il avait trop menti, trop dupé, au point d'avoir même cédé au chantage d'un homme qui n'hésitait pas à le dépouiller tandis que Saul, paralysé à l'idée de tout perdre, le laissait joyeusement se servir. Comment en était-il arrivé là ? C'était la question qui résonnait inlassablement à l'intérieur de son esprit, les nuits où le sommeil mettait du temps à le délivrer de ses tourments. Et alors qu'il avait toujours cru qu'une personne au moins hésiterait à lui tourner le dos lorsque tout le monde se détournerait de lui, voilà qu'il perdait le seul être susceptible de lui accorder un semblant de pardon. Son père était mort, Saul s'était fait à cette idée et pourtant une part de lui s'attendait toujours à le voir passer la porte de son bureau ou à recevoir l'un de ses appels. Comme aujourd'hui. Car alors que la sonnerie du téléphone le tira brusquement de ses songes, c'est dans un geste vif que sa main empoigna le combiné. Le brun resta ainsi une demi-seconde, puis il réalisa. Non, son père n'était certainement pas à l'autre bout du fil. Alors non, il ne voulait pas décrocher. Le répondeur se mit alors en route, et l'écho d'une voix plus ou moins familière se répandit bientôt à travers la pièce. « Monsieur Masterson, ici Maître Grimes, le notaire en charge de la succession de feu votre père, Monsieur Hal Robert Masterson. Je souhaitais simplement vous rappeler que nous procéderons à l'ouverture du testament vendredi prochain, en présence de toutes les personnes impliquées dans cette succession. Veuillez de nouveau accepter mes sincères condoléances. » Sans plus d'émotion, Saul laissa le silence reprendre ses droits tout autour de lui, et baissa la tête. C'était comme si l'univers s'évertuait à lui asséner la même gifle depuis maintenant plusieurs jours. Comme si tout devait toujours lui rappeler ce qu'il avait perdu, et combien il lui faudrait batailler pour s'en relever. Comme si lui-même ne ressassait pas suffisamment sa peine. Or il était épuisé d'avoir le cœur lourd, et de ne jamais penser à autre chose qu'à tout ce qui le tourmentait. Saul avait besoin d'air, mais surtout de décompresser. Alors il se leva, brusquement, et contourna son bureau avec l'irrésistible envie de faire quelque chose qu'il regretterait ensuite. N'était-ce pas ce qu'il faisait d'habitude, après tout ? Ainsi, sans plus réfléchir, c'est dans une impulsion soudaine qu'il renversa tout ce qui se trouvait sous ses yeux. Plusieurs piles de dossiers, de pièces inachevées et de papiers administratifs qui traînaient là depuis des semaines. Une lampe. Un cendrier. Le clavier de son ordinateur. Des cadre photos, ainsi que quelques livres dont il ne supportait plus la vue. Une fois toutes ces choses éparpillées sur le sol, il put enfin souffler. C'était idiot, probablement inutile, mais ça l'avait soulagé l'espace d'une seconde. Une seconde toutefois bien trop courte, maintenant qu'il devait remettre un peu d'ordre dans tout ce bazar. C'est alors ce qu'il entreprit de faire, remettant dans un premier temps sa lampe à sa place, avant de se retourner face à la porte et de constater qu'il n'était pas tout seul. Hannah était là, debout dans l'encadrement de la porte, et sa présence lui fit l'effet d'une nouvelle claque. « Excuse-moi, je ne t'avais pas entendue. » Saul souffla instantanément, après avoir observé la brune. C'est alors qu'aussitôt, la raison de sa revue lui revint en mémoire. Ils avaient convenu de se retrouver en fin de journée pour discuter du spectacle et de sa carrière, et force est de constater que ses préoccupations lui avaient fait perdre la notion du temps. « C'est déjà l'heure, n'est-ce pas ? Je suis désolé, je n'ai pas vu l'après-midi passer, je me suis laissé absorber par ... » Il chercha ses mots l'espace de quelques secondes, constatant à ce moment-là qu'il avait entre les mains plusieurs papiers qu'il entreprenait à l'instant de remettre en place. « Le travail. » Mais face à lui, le désordre en disait encore suffisamment long sur ce qui venait de se passer. Hannah n'était pas idiote, et il la soupçonnait d'avoir déjà expérimenté ce genre de situations. Parce que les gens comme elle, comme lui, prenaient beaucoup sur eux mais finissaient toujours par exploser. Alors, ramassant fébrilement ses cadres photos, Saul releva finalement les yeux vers Hannah, et soupira. « Je suis juste un peu fatigué. » A bout, conviendrait mieux. Car si Hannah l'avait déjà vu éreinté par une petite nuit ou par des répétitions interminables, elle ne l'avait en revanche jamais vu perdre son self-control, et Saul aurait donné cher pour lui épargner ça un jour de plus.
Dernière édition par Saul Masterson le Sam 3 Déc 2016 - 2:23, édité 1 fois |
| | | | (#)Dim 13 Nov 2016 - 2:27 | |
| Il y aurait sûrement des drôles de photos d’elle dans la presse cette semaine. Mais Hannah s’en moquait. Elle ne voyait plus les photographes, ils s’effaçaient dans sa perspective, dans sa façon de voir le monde et il ne restait que ce qu’elle désirait voir et entendre. Pour la première fois, depuis trop longtemps, tout n’était pas gris, elle n’avait pas envie de s’enfermer chez elle et les cheveux à peine coiffé, à peine maquillée, avec les premiers habits sur lesquels elle pouvait mettre la main, elle sortait de chez elle. Tantôt pour arpenter les rues de Brisbane, ses écouteurs sur les oreilles, parfois les deux bras levés vers le ciel. Parfois elle se rendait au théâtre pour quelques répétitions, parfois à la bibliothèque, au musée, partout où sa paire de talons aiguilles la portait, partout où son esprit avait décidé de voyager, partout où elle pouvait respirer. Dire adieu à Jamie était probablement la chose la plus difficile qu’elle ait eu à faire et pourtant, Hannah n’avait absolument aucun regret. Son coeur était plus léger, beaucoup plus léger, se séparer de cette partie là n’était pas quelque chose qu’il fallait ignorer, bien au contraire, c’était bien pour cette raison que la brune se laissait un peu de temps, indulgente avec sa propre personne pour la première fois depuis ... trop longtemps justement. Elle avait ordonné à son majordome de ce débarrasser des dernières affaires que Jamie avait encore chez elle. Elle n’avait gardé qu’une seule cravate et une seule photo d’eux et elle les avait rangées dans la boite qu’elle gardait sous son lit, avec tous ses souvenirs les plus précieux. La boite, presque de pandore, contenait une photo de sa mère, un collier de perle qui avait appartenu à cette dernière, toutes les lettres que elle et Lawrence s’étaient échangés dans leur jeunesse et maintenant un peu de Jamie. C’était ça façon à elle de tourner la page, Hannah savait qu’elle pouvait y revenir quand elle était nostalgique, après tout, elle paradait bien dans les bijoux de sa mère lorsque la déprime pointait le bout de son nez, alors... Comme elle l’avait dit au brun, elle allait aller mieux, elle y mettait un point d’honneur. Bien entendu, il y aurait des jours sans. Pas plus tard qu’en début de semaine, Hannah avait failli céder à la tentation et accepter un verre de whisky de la part d'un des amis de son père, la brune avait marqué une pause avant de répondre non, de dire que ce n’était plus pour elle et avait tourné les talons. Son père lui ne comprenait pas le changement, Hannah restait une énigme pour lui et c’était tant mieux pour la brune. Elle ne voulait plus rendre de compte à personne, plus s’excuser quand elle était triste ou quand au contraire, elle avait envie de s’époumoner ou de pleurer, elle vivait tout simplement. D’une certaine façon, sa conversation avec Saul lui avait permis de remettre en perspective beaucoup de choses. La place de Jamie dans sa vie par exemple, ou le fait qu'elle n’avait pas forcément envie de continuer de se faire souffrir, si Hannah devait finir seule, comme l’avait si bien prédit le Keynes, ce serait par choix et elle serait heureuse quand meme. C’était bien ça qui lui permettait de se lever le matin, Hannah avait toujours vécu pour les autres, à travers l'image qu'il se faisait d’elle, de cette impression qu’il pensait capturer après seulement quelques échanges. C’était fini d’amuser la galerie et regarder les mines déconfites dès qu'elle osait enfin dire ce qu’elle pensait. Hannah avait donc un fin sourire sur les lèvres et encore plus pour son prochain rendez vous, la fin de la journée arrivant alors qu’elle allait retrouver Saul, les bras chargés de cafés, une partie d’elle amusée par la façon dont sa jupe se balançait à chacun de ses pas. Comme quoi, Hannah était impressionnée par rien. Elle avait dix minutes d’avance et comptait bien surprendre Saul mais ce fut l’inverse qui se passa alors qu'une certaine agitation venait de prendre place dans le bureau de ce dernier. Il en était la cause, Hannah l’observa, les sourcils dressés, retourner l’intégralité des affaires sur son bureau, dans un élan de rage ? De désespoir ? Leur regards se croisèrent et Hannah se figea bien malgré elle, les mots lui manquant. « Hmmm … » Hannah considéra toutes ces options et elle se demanda si ignorer ce qui venait de se passer était une bonne chose. Non, quelque chose avait remué Saul, et plus que remué pour qu'il réagisse de cette façon. Lui qui paraissait toujours si calme et posé.... Il était l’opposé meme d’Hannah, elle qui avait toujours eu l’impression que sa vie était une tempête sans fin elle qui ressentait toujours trop fort et trop vite, elle le voyait un peu comme une force immuable, quelqu’un qui avait les épaules assez large pour la supporter. Si lui aussi connaissait les mêmes élans d’émotion, il était hors de question qu’elle le laisse tomber. Aussi, Hannah se rapprocha de lui, absolument pas dérangée par le chaos environnant. « Ça tombe bien alors… Je t’ai rapporté du café, vu que je ne savais pas ce que tu aimais j’en ai pris trois différents. Tu as un mocha, un latte et du décaféiné aussi. Et du thé pour moi, vu que j’évite les trucs forts en ce moment. » dit-elle pour expliquer ses bras chargé. « Bref je sais qu'on devait parler boulot, mais je viens avec des bonnes nouvelles. On n’est pas obligés d’avoir une conversation sérieuse.» Il n’en avait surement pas besoin là tout de suite. « Et quelque chose me dit que tu as besoin de vider ton sac … n’est-ce pas ? » La brune se mordit la lèvre inférieure, il était surement présomptueux de penser qu’il voudrait bien se confier à elle mais on ne savait jamais, Hannah savait écouter. « Sauf si tu préfères qu’on continue de s’en prendre à ton bureau, refaire la décoration ça ne me dérange absolument pas. Et casser des trucs ça ne connait donc… » Hannah eut un léger sourire, histoire de détendre l’atmosphère et de lui montrer qu’elle ne partait pas.
|
| | | | (#)Mar 15 Nov 2016 - 0:44 | |
| Une impulsion avait suffi à ce que l'ordre qui régnait jusqu'ici dans son bureau ne soit plus qu'un souvenir. Ses papiers autrefois si studieusement entreposés se mêlaient maintenant à ses effets personnels et recouvraient le sol sur plusieurs mètres, offrant un spectacle des plus navrants. Saul n'avait pas pour habitude de se laisser aller à ce genre d'élans irraisonnés, pourtant ici il avait ressenti l'irrépressible besoin d'évacuer toute la pression qu'il subissait depuis déjà quelques mois. C'était une accumulation de choses, de tracas qui ne trouvaient aucune solution, de contrariétés dont il ne parvenait pas à se défaire. C'était sa vie sentimentale tumultueuse, les jugements incessants de son demi-frère, le décès de son père, la maladie de sa mère, les affaires de voisinage desquelles il avait cru bon de se mêler mais qui ne faisaient que lui rajouter une nouvelle couche de problèmes … C'était l'épuisement, la frustration, l'impuissance, l'envie d'aller mieux sans pour autant le pouvoir. Tant de choses qui avaient doucement contribué à le fragiliser, et qui aujourd'hui s'étaient dressées devant lui comme un même mur, décourageant et infranchissable. Alors oui, il avait craqué. L'espace d'une seconde, il s'était dit qu'il pouvait bien relâcher la pression, s'autoriser un écart qu'il se serait interdit si les circonstances n'avaient pas été ce qu'elles étaient. Il s'était convaincu que tout envoyer valser pourrait le soulager, au moins pour quelques instants, et ce fut le cas au moment où il renversa tout ce qui avait eu la mauvaise idée de se trouver sous son nez. Le soulagement ne fut peut être que passager, mais il en avait senti tous les bienfaits. Seulement, l'heure d'assumer les conséquences de son incartade vint plus vite qu'il l'aurait espéré, au moment où Saul réalisa face à quel désordre il se retrouvait désormais. Il lui fallait tout ranger, tout remettre à sa place, et tout entreprendre pour qu'il ne demeure finalement aucune trace de cet incident. Les autres ne devaient rien en savoir, et lui ne désirait pas non plus se le remémorer chaque fois qu'il pousserait la porte de son bureau. Ainsi entreprit-il de ramasser quelques uns de ses effets personnels, posant bientôt un regard nostalgique sur les cadres photos où demeuraient immortalisés les visages de ses enfants. Se redressant par la suite pour faire face à la porte, Saul fut brusquement pris d'une certaine stupeur au moment où la silhouette d'Hannah lui apparut à quelques mètres de là. Il ignorait depuis combien de temps elle se trouvait ici, et si elle avait eu l'occasion de voir ou d'entendre quoi que ce soit, mais la brune n'irait probablement pas avaler que ce désordre puisse être accidentel. C'est la raison pour laquelle il se garda bien de mettre le sujet sur la table, préférant faire allusion à la raison pour laquelle Hannah était probablement ici, à savoir le rendez-vous qu'ils s'étaient fixés. Pourtant, face au regard interrogatif de la comédienne, Saul eut bien du mal à prétendre que rien ne s'était passé entre les quatre murs de son bureau. Il tenta alors de mettre des mots sur son état, qu'il réduisit délibérément à une simple fatigue. La remarque d'Hannah eut alors le mérite de dessiner un fin sourire sur ses lèvres. « Va pour le décaféiné, je crois qu'aujourd'hui ce sera largement suffisant. » Il souffla, remarquant à ce moment-là que la jeune femme n'était effectivement pas venue les mains vides, et étant bien décidé à éviter d'empirer son état. « On trouvera bien deux heureux à qui donner les autres. » Puisqu'Hannah semblait de son coté avoir pris des résolutions encore meilleures que les siennes. S'approchant alors de la jeune femme, Saul marqua par la suite une expression à mi-chemin entre la surprise et la fascination. « Des bonnes nouvelles ? Ce serait bien la première fois depuis des jours qu'on ne m'annoncerait pas une catastrophe. » Mais plus stupéfiant encore, la Hannah qu'il avait aujourd'hui face à lui n'avait rien à voir avec celle qu'il avait entendu chanter quelques semaines plus tôt et qui ce soir-là lui avait causé beaucoup d'inquiétude. Ça lui faisait alors grandement plaisir de la voir souriante à nouveau, parce que c'était encore comme ça qu'il préférait la voir. Par la suite, ses lèvres esquissèrent une petite moue, tandis qu'il ajouta. « Je ne voudrais pas t'ennuyer avec mes problèmes. Encore moins si tu es sur le point de me dire que tu as décidé de prolonger ton contrat avec nous jusqu'en 2050. » Et usant cette fois d'un ton clairement amusé, il posa les yeux sur une Hannah incrédule qui sans doute comprendrait que c'était ici sa manière de dédramatiser la situation, quand clairement sa dernière intention était de plomber l'ambiance face à une Hannah qui avait enfin retrouvé le sourire. Est-ce que ça voulait dire qu'il garderait ses tourments pour lui et ne profiterait pas de l'occasion pour lui confier ce qu'il avait sur le cœur ? Non, car sa confiance en Hannah était telle qu'elle était aujourd'hui l'une des rares personnes à qui il se sentirait capable de se dévoiler autant. Simplement, Saul voulait que la brune se sente d'abord libre de célébrer ce qui la rendait si enthousiaste. « En tout cas, quoi que tu t'apprêtes à m'annoncer, ça t'a visiblement transformée. Je te trouve radieuse. » Radieuse, et même blagueuse à en juger par ses prochaines paroles, qui vinrent justement l'amuser. Il n'y avait pas à dire, Hannah était comme transformée et quel que soit le secret de cette métamorphose, Saul lui souhaitait de tout cœur que cela dure. Regardant à nouveau tout autour de lui, il se pinça doucement les lèvres avant de reporter son attention sur la comédienne, un peu penaud. « Si ça ne t'embête pas, j'aimerais … que ça reste entre nous. Patty me renverrait chez moi par le premier taxi si elle apprenait ce qui s'est passé, et c'est la dernière chose qu'il me faut. » Parce que Patty se faisait du souci, beaucoup trop à son goût, et que la dernière chose dont il avait besoin était qu'elle se serve de ce moment de faiblesse pour prôner l'idée selon laquelle il lui fallait à tout prix mettre de la distance entre son travail et lui. C'était tout l'inverse, Saul en était convaincu, quand bien même c'était sur son bureau qu'il venait de passer ses nerfs. « Elle est persuadée que je fais une dépression. » Cette fois, il posa sur Hannah un regard songeur et esquissa un sourire un peu étrange, presque ironique, qui semblait témoigner du fait qu'il ne savait pas vraiment comment se positionner vis à vis de cette idée. Une dépression, il en avait fait une à l'époque où il s'était cru stérile, et les choses étaient rentrées dans l'ordre d'elles-même, à la naissance de son premier enfant. Ici il y avait peu de chance que son père ressuscite, que sa mère guérisse, que sa vie sentimentale redevienne un long fleuve tranquille ou que Vidal Angeli oublie brusquement qu'il existait … Et courir chez le premier psychiatre venu pour se voir prescrire des anti-dépresseurs comme on lui prescrirait des bonbons, très peu pour lui. |
| | | | (#)Mer 30 Nov 2016 - 17:07 | |
| Hannah était surement la mieux placée pour savoir ce que signifiait vraiment se laisser submerger par ses émotions. Après tout, c’était ce que la brune faisait pour gagner sa vie, par passion, par envie et aussi parce que c’était la seule manière qu’elle connaissait pour vivre et continuer d’avancer jour après jour. Peut-être que c’était un peu fou, un brin désespéré mais Hannah ne connaissait pas d’autres alternatives. Elle ne savait pas comment faisait les gens au jour les jours, pour ressentir la peine, la tristesse, la joie… tout ça et continuer d’avancer tout simplement. Comment faisaient-ils pour continuer de grandir dans le chaos qu’était leur émotion ? Ça la dépassait complètement et si elle n’avait pas la scène pour crier et s’époumoner pas de doute qu’elle aurait craqué depuis longtemps. Ce n’était seulement que maintenant qu’Hannah apprenait à vivre avec son coeur lourd et toutes les cicatrices et les mauvais traitements qu’elle lui avait infligé. Seulement aujourd’hui après tant d’années de négligence. Elle n’en avait pas eu besoin avant, elle était née dans un monde où tout était parfait, tout était calibré et si quelque chose n’allait pas, il suffisait d’un simple claquement de doigts de la part de son père pour tout arranger et faire en sorte que rien ne la dérange et absolument rien ne vienne la contrarier. C’était bien pour ça que les livres et les pièces de théâtre avaient été son premier moyen d’échappatoire, le seul moyen qu’elle avait trouvé d’avoir de l’aventure, des sentiments et … quelque chose qui n’était pas contrôlé par son père. Un élément crucial dans la vie d’Hannah quand on savait que son petit monde ne tournait qu’autour de Nathan dans le fond, mais ça la brune n’était pas encore prête à l’admettre. Quoi qu'il en soit, c’était sur scène qu’elle avait brillé pendant des années ou encore sous les yeux attentifs de photographes et des professionnels, ceux qui ne pardonnaient absolument pas. Et Hannah savait comment sourire, comment se mouvoir pour faire en sorte d’être adulée de tous, elle savait toujours quelle émotion donner ou pas, ça avait été ça, sa manière de vivre pendant des années. Se ré-approprier cette partie d’elle allait prendre du temps, elle en avait parfaitement conscience, tout comme elle savait que cela n’allait pas arriver en un simple claquement de doigts. Il y aurait des bons et des mauvais jours, mais en disant non à Jamie, Hannah s’était engagée sur cette route qui était plus que dangereuse sans absolument aucun regret et sans retour en arrière possible. C’était tout ou rien. Si par le passé ses amis ne se comptaient qu'avec une seule main, elle savait que maintenant qu’elle avait tourné le dos à beaucoup, la liste serait encore plus courte. Ce que signifiait qu’elle allait encore plus faire des efforts pour garder les personnes qui étaient proches d’elle, comme Saul par exemple. Elle ne savait pas vraiment pourquoi est-ce qu’il s’était laissé aller à cet élan de colère et elle s’en moquait bien, elle n’allait pas être celle qui posait les questions gênantes mais bien celle qui allait tenter de le faire sourire de nouveau. Et ce fut elle la première à esquisser un sourire alors que le metteur en scène remarquait tout de suite que oui, quelque chose avait changé. Elle avait laissé tomber le masque, mais si Saul arrivait à deviner ça aussi, il n’y avait pas de doute qu’Hannah était une bien piètre actrice … pas de doute là dessus. « Pas la peine de te perdre en compliment, je t’ai déjà dit que ça ne marchait pas vraiment avec moi… Quoi que si tu peux continuer. » dit tout simplement l’actrice alors qu’il disait la trouver radieuse. Hannah passa sa main libre dans ses longues mèches brunes et rangea vite son sarcasme, elle n’avait pas particulièrement envie de l’être. En dehors du travail, elle était venue ici avec les meilleures intentions du monde. Son regard s’attarda néanmoins sur le chaos de la pièce et elle haussa les épaules. « Je ne dirai absolument rien à personne, pour tout ce que j’en sais, c’est peut-être quelqu’un d’autre qui est rentré dans ton bureau et qui a décidé de s’en prendre au mobilier… il y a de ces gens qui courent les rues de Brisbane pas vrai ? » Un autre sourire, les secrets de Saul étaient très bien gardés avec la brune et puis, se retint-elle d’ajouter, il valait mieux qu'il s’en prenne physiquement à des objets inanimés plutôt qu’il ne s’en prenne à quelque chose ou à quelqu’un, pas de doute là dessus. Aussi, Hannah fit un pas supplémentaire vers lui et posa une main qui se voulait rassurante sur l’épaule du brun. « Saul tu ne m’ennuies pas, si tu n’as pas envie d’en parler c’est autre chose et je ne veux pas que tu te forces, bien au contraire, j’aimerais que ça vienne naturellement si je puis dire. » Hannah savait à quel point arracher des confessions n’était pas la chose à faire, jamais, elle-même en disait très peu, et seules les personnes qui avaient gagné sa confiance avaient le droit d’entendre la véritable nature de ses pensées. Et là tout de suite, l’actrice ressentait un élan de compassion profond pour Saul et se jura de passer un peu plus de temps avec lui et à lui poser des questions sur tout et rien afin qu’il comprenne que justement, il pouvait parler de tout. Ce père de famille lui paraissait comme un homme solide, sur lequel on pouvait compter, sur lequel elle pouvait compter, et qui ne craquerait pas pour rien, quelle que soit la raison, Hannah se dit que cela devait forcément être grave. Mais autant laisser glisser et laisser la conversation retourner sur elle, Saul parlerait quand il se sentirait prêt, et peut-être que les propres confessions d’Hannah allaient l’inspirer. « Hmm… Je t’avoue que je ne sais pas vraiment par où commencer. » La brune marqua une pause avant de soulever du sol une des chaises, elle en tira une autre pour Saul et elle finit par s’asseoir pour boire une longue gorgée de son thé. « Je suis sobre depuis trois semaines et 4 jours. Je n’ai pas touché à une seule cigarette et je me suis mise à manger de la viande, et j’ai pris deux kilos, choses que tu verras surement dans ces magazines que nous adorons tous, je crois que j’en ai choqué plus d’un avec ma pièce de viande. » Elle eut un léger sourire en repensant à l’incident, les trois quarts de la planète était déjà persuadé qu’elle s’affamait pour rentrer dans ses robes de créateurs alors… Hannah n’en avait plus rien à faire, comme elle l’avait dit plus tôt dans la semaine à Nathan, les règles des autres ne comptaient plus, elle voulait juste être heureuse. « Quoi qu’il en soit, j’ai juste suivi ton conseil… celui concernant Jamie. » Le sujet, bien que clos dans l’esprit de la jeune femme, n’était pas facile à aborder, c’était … compliqué sans l’être au final. « Je l’ai mis au pied du mur, je l’ai poussé à choisir, entre Joanne et moi, et tu ne devineras jamais qui il a choisi…Moi, pour faire court. » Elle passa sous silence les menaces du brun et les derniers mots qu'ils s’étaient échangés, il la voyait malheureuse et délaissée de tous et revenant vers lui, parce que c’était la seule solution. « La logique aurait voulu que je dise oui, et que je devienne la future Miss Keynes mais… je n’ai pas pu. » Hannah, qui fixait le vide depuis le début de sa confession, releva le regard vers Saul et l’expression qui passa sur son visage alors fut un mélange de tristesse et de gratitude. Dire au revoir à Jamie n’avait pas été facile mais elle savait que si elle avait dit oui, elle n'aurait fait que retarder l’échéance, l’amour qu'il aurait pu lui donner n’était tout simplement pas pour elle. « Pour la première fois depuis … une éternité, j’ai vraiment pensé à moi. Et je l’ai envoyé sur les roses. Et je me sens mieux.»
|
| | | | (#)Sam 3 Déc 2016 - 2:24 | |
| Face au chaos qui régnait entre les quatre murs de son bureau, l'arrivée d'Hannah apportait à Saul une bouffée d'air frais plus que bienvenue. Bien sûr il regrettait de n'avoir rien d'autre à lui offrir que ce spectacle navrant, mais là où la venue de Patty aurait sonné le début d'interminables remontrances durant lesquelles son associée se serait épuisée à lui démontrer qu'il était décidément grand temps qu'il prenne quelques jours de repos, celle d'Hannah lui changerait certainement les idées dans ces moments troubles où la seule chose dont il avait finalement besoin était la présence d'une personne devant qui il n'aurait pas peur de se laisser aller. Hannah était cette personne, il en était à présent convaincu, parce qu'elle était certainement la mieux placée pour savoir qu'un cœur trop longtemps éprouvé finissait tôt ou tard par imploser. C'avait été le cas pour le sien, le soir qui les avait mené jusqu'à ce banc où elle s'était longuement livrée à lui. Et aujourd'hui, celui de Saul subissait un sort semblable, après des mois passés à refouler ses doutes, ses peines et ses craintes. La mort de son père avait été pour lui l'élément déclencheur, celui qui avait porté à son cœur le coup fatal et qui lui avait dicté cette impulsion malheureuse qui lui avait valu de retourner tout son bureau. Alors oui, aujourd'hui s'il y avait bien quelqu'un qui pouvait certainement le comprendre et devant qui il oserait plus facilement mettre des mots sur ce qui l’oppressait, c'était Hannah. Hannah qui parvint d'ailleurs à faire renaître un sourire sur les lèvres du brun rien qu'en lui apportant du café, alors qu'il se dégageait d'elle quelque chose de changé. Elle était différente, il le voyait à son expression corporelle, à sa gestuelle, à toutes ces choses qui n'avaient plus de secret pour le metteur en scène qu'il était, qui plus est depuis qu'il leur arrivait de partager de longues et pointilleuses répétitions. Hannah le disait elle-même, c'est non seulement les bras chargés mais aussi porteuse de bonnes nouvelles qu'elle était venue jusqu'à lui. Et cette idée, qui contrastait nettement avec la vision qu'il avait eu de la comédienne le soir où ils s'étaient donnés rendez-vous au Canvas, le réjouissait forcément. Il préférait bien évidemment la savoir épanouie et ici la jeune femme rayonnait d'un éclat nouveau, qu'il ne lui avait peut être jamais réellement connu jusqu'ici. Sa remarque, en tout cas, lui valut d'esquisser un sourire cette fois plus amusé. « Dieu soit loué, la Hannah que je connais est toujours là. J'avais peur qu'on t'ait échangée avec une autre. » Il souffla alors, lui-même d'un ton qui savait osciller entre sérieux et second degré. Il aimait certes constater que son moral était remonté depuis l'autre soir, mais sa répartie légendaire lui aurait manqué. Tout comme l'humour subtil dont elle savait faire preuve, y compris lorsqu'au premier regard la situation ne semblait pas s'y prêter. Ici, en l’occurrence, le bureau de Saul donnait un léger aperçu de ce qui pouvait animer son cœur et son esprit, et lui-même était prêt à admettre que son état devait être suffisamment alarmant pour que Patty lui suspecte une dépression. C'était la raison pour laquelle il ne voulait pas que sa collègue sache ce qui venait de se jouer dans ce bureau, parce qu'elle se ferait plus de souci encore et qu'il aimait autant l'éviter. « Et puis, nous évoluons après tout dans un milieu où on ne se fait pas toujours que des amis. Je suis sûr qu'il y en a plus d'un par ici qui a déjà du rêver de retourner ce bureau … » Cette fois, Saul se plaisait à prendre les choses avec un certain recul, dédramatisant délibérément les choses tandis que ses yeux ne quittaient pas les siens. « C'est rare de pouvoir se fier aux autres lorsqu'on est à notre place. » A savoir, entourés de talents bruts, d'egos qu'il n'était pas toujours facile d'apprivoiser, de personnalités fortes qui pour certaines étaient prêtes à beaucoup de choses pour réussir. Il le savait, elle le savait, tous comme ils savaient probablement l'un comme l'autre que ce qu'ils partageaient n'était pas commun dans ce milieu. Cette complicité véritable, cette envie de vouloir mutuellement se tirer vers le haut, cette confiance qu'ils étaient prêts à s'accorder. C'était particulier, différent de ce qu'il pouvait partager avec la plupart de ses artistes et de ses collègues, parce que ce qui semblait les différencier les rendait en fait particulièrement complémentaires. C'était à part. Ainsi, lorsqu'Hannah vint poser une main sur son épaule et l'incita à livrer ce qu'il avait sur le cœur, sa pudeur s'effaça peu à peu au profit de son besoin de lui parler. Mais parce que certaines choses restaient difficiles à formuler, c'est après une inspiration difficile que Saul se résigna à saisir ce qui l'aiderait certainement à évoquer le sujet. Un petit papier cartonné qu'il avait redéposé sur un coin de son bureau après son léger coup de sang. « C'est ... » Un faire-part de décès, comme Hannah s'en rendrait probablement compte aux inscriptions qui y étaient couchées. Hal Robert Masterson, décédé le 31 octobre 2016 à l'âge de 64 ans. Des mots qui en disaient plus long sur le drame qu'il pouvait vivre que Saul s'en était senti capable sur le moment. « Il est mort le soir de la tempête. Je … je ne t'ai rien dit jusqu'ici parce que tu traversais toi aussi des moments compliqués, et que je ne voulais pas en plus t'imposer mes problèmes. » Pas après avoir été témoin de sa détresse, le soir où Hannah avait tombé le masque pour se mettre à nu, dévoilant des failles qui lui avaient valu de s'inquiéter pour elle. Il n'avait pas voulu en rajouter en débarquant un beau matin avec son lot de mauvaises nouvelles, ou en réclamant une épaule sur laquelle pleurer. « Son notaire a laissé un message sur mon répondeur pour me convier à l'ouverture de son testament. J'ai du mal à réaliser que tout ait pu si brusquement basculer. Il y a encore quelques jours, mon père faisait toutes sortes de projets, et maintenant … » Maintenant son fils recevait les condoléances de la moitié de la ville et se retrouvait à devoir discuter de successions et autres formalités qui ne faisaient qu'appuyer un peu plus fort sur la plaie qui s'était ouverte en lui. Et tandis qu'une vive émotion gagna justement son regard, Saul baissa légèrement la tête. « Je suis désolé. » Désolé de plomber l'ambiance, et d'être incapable d'autant de contrôle qu'il le voudrait lorsqu'il s'agissait de son père. Hannah, heureusement, enchaîna sur une note beaucoup plus optimiste au moment d'évoquer les nombreux changements qui avaient régi sa vie ces derniers temps. Des changements que Saul accueillit avec un sourire retrouvé, et un regard au fond duquel brillait une profonde admiration. Il avait supposé qu'Hannah irradiait pour de bonnes raisons, et il ne s'y était pas trompé. « Je suis extrêmement fier de toi. » Il souffla alors, avançant d'un pas dans sa direction pour venir enserrer sa taille à l'aide ses bras, l'étreignant un court instant tandis qu'il reprit à son oreille. « Vraiment, Hannah, je veux que tu le saches. » Parce qu'il avait l'intime conviction que c'était là le genre de mots auxquels elle avait trop rarement eu droit, mais aussi et surtout parce que rien ne pourrait le rendre plus fier que les efforts entrepris par Hannah pour prendre sa vie en main. A l'évocation de Jamie et du choix qu'il avait visiblement fait, c'est envahi de nombreux sentiments que Saul se détacha légèrement de la brune, posant sur elle un regard bienveillant. « Tout comme je veux que tu saches que je ne t'ai pas dit toutes ces choses en attendant de toi que tu suives mes conseils. Je me suis fait beaucoup de souci pour toi l'autre soir, et tout ce que j'espérais c'était que tu saurais prendre la meilleure décision pour toi et toi seule. » C'est vrai, il avait des aprioris sur Jamie Keynes depuis qu'il avait compris qu'ils se ressemblaient à bien des égards, et les derniers événements n'étaient pas venus simplifier les choses. Pour autant, Saul aurait aimé que cet homme donne tort à ses doutes et à ses réserves. Il avait choisi Hannah, mais l'avait-il seulement fait pour de bonnes raisons ? Rien n'était moins sûr, ainsi Saul pourrait difficilement prétendre que l'idée qu'Hannah ait chassé cet homme de sa vie lui déplaisait. Au contraire, à la voir désormais si épanouie, il tendait à penser que cette situation avait déjà duré suffisamment longtemps. « Tu verras, maintenant il ne t'arrivera plus que des bonnes choses. C'est la fin d'une histoire, mais le début d'une toute nouvelle vie, et je suis certain que tu y seras très heureuse. » Et sur ces mots particulièrement sincères, Saul s'éloigna cette fois d'un pas ou deux, venant ouvrir l'un des tiroirs de son bureau pour en sortir un petit objet qu'il garda entre ses mains avant de revenir près d'Hannah. « C'est pour toi. » Saisissant délicatement la main de la brune, il y déposa alors une petite montre gousset raffinée mais quelques peu datée, vestige d'une époque de sa vie qui aujourd'hui lui semblait bien loin. « Je ne sais pas si tu suis un programme pour t'aider à rester sobre, si c'est le cas j'imagine qu'ils vous distribuent déjà des jetons d'abstinence, mais … c'est ma façon de te prouver que je crois en toi. Ce n'est pas grand chose, mais ça a compté pour moi à une époque, alors si certains jours tu sens ta volonté flancher, j'aimerais que tu la regardes et que tu repenses à cet instant bien précis. » C'était là une sorte de présent symbolique, qui lui rappellerait que quelqu'un, quelque part, savait qu'elle avait les capacités de mener ses efforts à leur terme, et serait toujours là, d'une certaine manière, dans les moments où Hannah aurait peut être un peu plus de mal à croire en ses propres capacités. « Si j'avais autant de courage que toi, crois-moi j'arrêterais aussi ces saloperies. » Il ajouta, cette fois dans un léger rire. L'alcool qu'il retrouvait certains soirs sous des prétextes plus ou moins légitimes, mais aussi le tabac. Tant de choses qu'il abandonnerait volontiers s'il avait la moindre raison de penser que ça changerait quelque chose pour lui. Sa vie était ce qu'elle était, et il avait passé l'âge de la révolutionner sous couvert de bonnes résolutions. Pour Hannah les enjeux étaient grands, mais lui savait qu'il n'était plus en position d'initier des changements, uniquement de les subir. |
| | | | (#)Mar 6 Déc 2016 - 3:18 | |
| Est-ce qu'Hannah avait encore des amis ? Plus elle fixait Saul et plus elle se disait que ce concept était beaucoup trop étranger pour elle et qui ne lui restait pas grand chose au final. Sur qui pouvait-elle vraiment compter, sur qui pouvait-elle s'appuyer si elle sentait qu'elle allait flancher et se laisser sombrer ? Trop de fois une telle situation était arrivée, beaucoup trop de fois Hannah avait préféré porter une cigarette à ses lèvres ou coller ses lèvres maquillées de rouge sur un verre de whisky, juste parce que... Et nombreux étaient ceux qui souriaient, la trouvaient juste fatale ainsi et la laissaient faire, sans jamais protester, sans se dire que ce mécanisme de défense était simplement autodestructeur. Petit à petit elle s'était détruite, just parce qu'elle ressentait trop. Elle l'avait dit à Jamie, l'avait écrit dans ses lettres de jeune fille pour Lawrence, elle était incapable d'aimer correctement. Elle aimait toujours trop ou pas du tout, c'était bien ce coeur-là qui l'avait contraint au bord du précipice quand Lawrence avait disparu pour l'université, l'abandonnant après l'été qu'ils avaient partagé. Elle en avait été malade, physiquement, incapable de faire le moindre mouvement et refusant de voir la lumière du jour. Pour Jamie c'était pareil, elle l'avait laissé franchir des limites et briser des barrières qu'elle avait soigneusement érigées. Tout ça pourquoi au final ? Lawrence avait quitté Brisbane en la maudissant, se disant incapable de la pardonner pour son erreur de jeunesse et Jamie ne lui avait offert qu'un amour violent ou elle devait lui appartenir ou alors se laisser lentement dépérir. Aucun n'avait été capable de l'accepter telle qu'elle était vraiment, pas complètement, c'était toujours pour quelques mois, toujours passager avant de retourner à la réalité. Saul avait vu ses larmes, il l'avait écoutée, il ne l'avait pas jugée et avait même réussi à l'apaiser. Peu pouvait se vanter d'en avoir fait autant. C'était bien pour ça qu'Hannah était là aujourd'hui et qu'elle savait qu'elle n'hésiterait pas à revenir auprès du metteur en scène, pas seulement à cause de leur passion commune, mais bien car il faisait parti de sa vie désormais, sans aucune concession. Et la brune sentit quelque chose se briser en elle alors qu'il lui révéla la triste nouvelle, elle se rapprocha davantage de lui et ce fut avec une voix faible qu'elle déclara : "Saul... tu .... tu aurais dû me le dire, j'aurais été là et..." Et quoi ? Hannah se sentit soudainement stupide de venir l'embêter avec sa vie sentimentale alors que lui avait perdu un être cher. La brune s'accrocha véritable à lui lors de leur bref étreinte, elle espérait lui transmettre un peu de sa force ainsi et l'aider à panser ses propres blessures. Bien entendu, il avait déjà sa femme et ses enfants pour ça, mais ce n'était pas une raison pour ne pas lui apporter un soutient supplémentaire. "Je t'interdis de t'excuser, pour ça ou quoi que ce soit d'ailleurs, je suis surprise que tu tiennes encore debout... je ne suis pas certaine que je serais aussi calme que toi dans une telle situation." Si ça avait été Nathan... Hannah aurait fait bien plus que de saccager son bureau. Concevoir la vie sans son géniteur était impossible, malgré toute leurs différences, il était sa seule et unique famille et probablement l'une des seuls personnes qui la comprenaient le mieux. Hannah n'avait que très peu de souvenir de sa mère et c'était Nathan qui l'avait vue grandir, s'épanouir... ne plus l'avoir dans son sillage aurait été tout simplement destructeur. Hannah eut beaucoup de mal à s'écarter de Saul, tout simplement car elle ne pouvait pas concevoir une telle peine et surtout pas que quelqu'un la partage seul. Elle était sincère quand elle disait qu'elle pouvait être là pour lui, Hannah faisait rarement des promesses dans le vide et celle là n'en était pas une. Tout comme celle qu'elle s'était faite vis-à-vis de sa nouvelle façon de vivre et cette montre qu'il venait de lui offrir en serait le parfait symbole. Hannah observait l'objet avec une certaine tendresse, des milliers de questions au bord des lèvres, sur la provenance de la montre, ce qu'elle signifiait pour Saul et ce que cela lui coûtait de la lui donner. Mais c'était des questions pour un autre jour, Hannah le savait, elle referma lentement sa main et murmura un simple merci avant de déposer un baiser sur la joue gauche de Saul et de reculer. Hannah prit une profonde inspiration avant de poursuivre : "J'aimerais dire que j'ai eu une vie difficile mais en fait non. Tout est une question de choix tu vois, je sais très bien que tu n'essayais pas de m'influencer ou quoi que ce soit de ce genre, mais Jamie n'est pas le premier homme dont je tombe amoureuse et telle que je me connais probablement pas le dernier." La voix de la brune se fit plus faible à la fin de sa phrase, signe que là aussi, ça serait un récit pour une autre fois, elle n'avait pas l'intention de lui faire un récit détaillé de sa vie à cette seconde précise. "Mais c'est bien ça le problème.... j'ai toujours accepté l'amour que je pensais mériter. Et le rôle de celle qu'on abandonne au matin et qu'on ne rappelle jamais, l'autre femme en quelque sorte." Celle dont on salissait la réputation pour se donner bonne conscience, juste parce que c'était plus facile comme ça. Hannah n'était plus cette femme-là, ou du moins,elle n'avait plus envie de l'être. "Je crois que je vaux mieux que ça." Une bien maigre conviction, qui sonna faux une fois prononcé à voix haute. "Je sais que je vaux mieux que ça, alors autant agir en conséquences hmm ? Notre conversation de la dernière fois m'a juste aidée à remettre beaucoup de choses en perspective c'est tout. Et merci de m'avoir secouée. Et merci pour le cadeau..." Merci pour tout, merci d'avoir cru en elle, pas seulement sur le plan professionnel mais d'avoir cru en elle tout court, là où beaucoup aurait sans doute abandonné depuis longtemps. "Tu vas finir par en avoir marre de moi un jour prochain, j'espère que tu le sais ça... Mais dans tous les cas, si tu as besoin de quoi que ce soit, de parler, ou de ne pas parler d'ailleurs, n'hésite jamais. Jamais." dit Hannah en coinçant une des mains de Saul entre les siennes.
|
| | | | (#)Ven 9 Déc 2016 - 23:06 | |
| C'est maintenant que son père s'en était allé que Saul réalisait que certaines des idées qu'il avait si souvent érigées au rang de préceptes absolus s'étaient faites une place de choix parmi les règles de vie qu'il s'employait lui-même à respecter. C'était inconscient, sans doute bien involontaire, mais Hal Masterson avait toujours eu une influence particulière sur son fils, une influence qui aujourd'hui encore laissait des traces. La pudeur, en l'occurence, était l'une des choses qu'il avait malgré lui retenu des longues heures passées à écouter son père maudire l'idée qu'un homme puisse ouvertement dévoiler ses sentiments, et rendre autrui témoin de ce qui ne devrait jamais quitter les frontières de son cœur. Combien de fois l'avait-il vu souffrir en silence, à l'époque où ses parents s'étaient séparés et que sa mère avait refait sa vie auprès d'un homme qui n'aurait pas pu lui être plus opposé ? Combien de fois l'avait-il vu serrer les poings à défaut de vouloir s'emporter en public, par souci de sauver les apparences ? Saul, lui, accordait bien peu d'importance au regard des autres, pour autant l'idée d’apparaître comme un homme faible ou colérique aux yeux de ses proches lui était difficilement supportable. Sa position au sein de sa famille, son rôle de père, de fils et d'époux, mais aussi ses récentes responsabilités professionnelles, tout ça lui conférait une stature qu'il ne voulait pas trahir. C'est pour cette raison qu'il prenait sur lui depuis l'annonce du décès de son père, pour cette raison qu'il s'était d'abord isolé des autres pour affronter son deuil et qu'il peinait encore aujourd'hui à extérioriser son mal-être. Il l'avait fait, pourtant, lorsque porté par une impulsion Saul avait retourné son bureau et tout ce qui se trouvait sous ses yeux. Et ça l'avait soulagé, l'espace d'un instant, de laisser s'évacuer ce qui lui pesait sur le cœur depuis des jours, mais aussi depuis des mois. Sa pudeur, pourtant, rapparut l'espace d'un instant lorsqu'Hannah le rejoignit et soupçonna immédiatement quelque chose. Il ne pouvait rien lui cacher, passant sans doute un peu trop de temps en compagnie de la brune pour que ses réactions aient encore des secrets pour elle. Mais, surtout, il ne voulait pas lui mentir. Ce serait absurde, ici tout laissait clairement penser que quelque chose n'allait pas, mais ce serait surtout indigne de leur relation et de la confiance qu'ils plaçaient l'un en l'autre. Alors, à défaut de trouver immédiatement les mots pour lui parler, c'est par le biais d'un faire-part de décès qu'il lui apprit la nouvelle, ses mains enserrant le petit bout de papier avec fébrilité et ses yeux luttant contre la peine qui s'y répandait. Les mots bientôt soufflés par Hannah vinrent heureusement cajoler son cœur tandis que leur étreinte était déjà parvenu à l'apaiser. « Je le sais. » Saul souffla, avec tendresse, bien conscient qu'il aurait pu compter sur Hannah si toutefois il s'était senti le courage de lui parler avant. « Mais j'aurais sûrement été de très mauvaise compagnie, et je n'aurais pas pu me le pardonner si j'avais passé mes nerfs sur toi. Je crois … que j'avais besoin d'être seul et que personne ne pouvait rien pour moi. » C'est pour ça que même sa femme, ses enfants et toutes les personnes qui comptaient particulièrement à ses yeux n'auraient probablement rien pu faire pour l'apaiser durant les premiers jours qui avaient suivi le décès de son père. Il n'y avait eu que Camber qui avait su dompter sa peine dans ces moments difficiles, parce qu'elle-même avait perdu un oncle, quelqu'un qu'elle aimait beaucoup, et qu'ainsi ils s'étaient soutenu l'un-l'autre face à drame commun. A sa prochaine remarque, c'est un sourire cette fois teinté d'un peu de malice qu'il afficha. « Je ne suis pas certain que mon bureau te donnerait raison. » Et pour cause, il leur suffisait de regarder tout autour d'eux pour constater que son calme légendaire l'avait précisément lassai tomber l'espace d'un instant, assez pour qu'il se soit lui-même étonné, et probablement fait un peu peur. « Je suis rempli de rage, Hannah. » Cette fois son ton était redevenu pleinement sérieux, tandis qu'il baissa brièvement les yeux. « Je la sens qui m’oppresse et qui m'étouffe, comme cette peine qui ne me quitte plus depuis l'autre soir. Je ne sais pas à quoi ça rime, ni si j'en veux à moi-même ou bien au monde entier, mais je … je la sens s'animer au plus profond de moi et je me contiens, simplement, pour ne pas devenir quelqu'un que tu détesterais. Et que mon père aurait lui aussi détesté. » Un homme dépourvu de pudeur, qui s'abandonnerait à sa fureur comme si le monde entier devait savoir qu'il ne passait ni une bonne journée, ni une bonne semaine, ni une fin d'année très heureuse en soit. « Je n'aurais jamais du faire ça, c'était déjà parfaitement stupide ... » Son regard balaya à nouveau le sol tandis qu'il se reprocha d'avoir agi aussi bêtement. Renverser toutes ces objets ne lui avait apporté que quelques secondes de soulagement, et à présent il réalisait qu'il n'aurait peut être pas eu à réagir de cette façon s'il ne s'était pas autant renfermé sur lui-même depuis quelques jours. L'échange connut heureusement un revirement des plus plaisants lorsque les paroles d'Hannah, qui lui annonça avoir décidé de prendre sa vie en main à plus d'un niveau, parvinrent à estomper sa peine. Savoir qu'elle voulait se donner les moyens d'aller mieux le rendait fier, profondément, ce qu'il ne manqua pas de lui souffler, puis de lui prouver en lui faisant bientôt cadeau d'une montre qui avait compté pour lui, et qu'il tenait à lui offrir comme le symbole de sa confiance et de son admiration. Le baiser qu'Hannah déposa sur sa joue lui valut alors d'esquisser un sourire tendre, sans doute un peu gêné par cette démonstration d'affection à laquelle elle ne l'avait pas encore habitué, et c'est avec bienveillant qu'il accueillit ensuite ses paroles. « Tu aimeras d'autres hommes, bien sûr, et tu verras qu'un jour l'un d'eux te donnera l'impression que tout ça en a valu la peine. Je ne dis pas que ce sera facile ou que la perle rare ne se fera pas désirer … mais je pensais chaque mot de ce que je t'ai dit l'autre fois. Jamie n'était pas un homme pour toi, mais c'est parce que tu t'en es rendue compte que maintenant tu es prête à vivre de jolies choses. » Et là encore, il se montrait parfaitement sincère, étant intimement persuadé qu'Hannah connaîtrait tôt ou tard le bonheur auquel elle n'avait pas eu droit ces derniers mois, auprès d'un homme qui serait prêt à toutes les concessions pour elle. « Comment est-ce qu'on finirait par être pleinement heureux si on ne faisait pas d'abord des erreurs ? » Il reprit doucement, posant sur elle un regard plus protecteur tandis qu'Hannah souffla des mots qui n'auraient pas pu sonner plus justes. Des mots qu'il espérait certainement entendre de sa bouche depuis le soir où elle s'était longuement confiée à lui. « Bien sûr que tu vaux mieux que ça. Ne laisse plus jamais personne te laisser penser le contraire. » Son ton se voulait déterminé, mais son regard, lui, demeurait incroyablement doux. Saul ne voulait pas qu'un autre homme s'immisce au creux de son cœur pour y semer à nouveau une peine irrépressible. Il ne le formulerait pas à voix haute, mais il ne comptait pas laisser qui que ce soit l'atteindre comme Jamie avait pu le faire en éternisant une situation qui n'avait aucune chance de la rendre heureuse. Esquissant par la suite un nouveau sourire suite aux remerciements de la brune, c'est un drôle de sentiment qu'il sentit s'éveiller en lui au moment où Hannah formula des paroles qui le touchèrent au plus haut point. Elle l'ignorait, mais Saul acceptait peu à peu l'idée que sa situation lui vaudrait tôt ou tard de perdre la confiance et l'affection de ceux à qui il tenait le plus, alors ce genre de promesses avaient une saveur particulière au beau milieu de ses appréhensions. « Viens par là. » Il souffla alors, enroulant un bras autour d'Hannah sans pour autant défaire le contact de leurs mains, l'étreignant cette fois avec l'intention de la rassurer. « Tu peux t'enlever ce genre d'idées de la tête, parce que ça n'arrivera jamais. » Là encore, une partie de lui était forcée d'envisager l'idée qu'Hannah, en revanche, puisse un jour vouloir se détourner de lui. Parce qu'il était aujourd'hui incapable de lui avouer ce qui réveillerait inévitablement ses propres blessures, mais qu'un jour viendrait où la réalité le ferait lourdement chuter du piédestal sur lequel elle semblait l'avoir élevé. « Merci. » D'être là, tout particulièrement en ces moments loin d'être évidents pour lui, et de lui laisser penser qu'il pourrait toujours compter sur elle. « Est-ce que tu accepterais ... de rester un peu avec moi ce soir ? » C'est presque timidement qu'il reprit cette fois, incertain quant à la façon dont cette demande pourrait être accueillie. « Ces temps-ci, j'aime profiter du calme du théâtre lorsqu'il n'y a plus personne, et puis … je ne me vois pas rentrer à la maison et mentir à Elsie en la regardant dans les yeux lorsqu'elle me demandera si la journée a été bonne. » Il ne voulait pas avoir à le faire, pas alors qu'il passait déjà sa vie à s'en sortir grâce à des mensonges, des inventions, et pas alors qu'il avait perdu son sang froid pour la première fois depuis des années. Croisant le regard d'Hannah tandis qu'il relâcha peu à peu son emprise, il ajouta. « Je suis sûr que tu aurais des tas d'idées pour me vider la tête. S'il y a bien quelqu'un à qui j'oserais demander de me changer les idées, c'est toi. » Elle qui avait toujours eu ce petit grain de folie qui manquait certainement à Saul, mais qui surtout avait depuis peu retrouvé le sourire. Qui d'autre qu'elle saurait lui faire oublier ses soucis le temps d'une soirée ? « Mais je comprendrais que tu aies des plans un peu plus excitants que de faire des heures supplémentaires à mes cotés. » Saul reprit toutefois, d'un ton sans doute un peu plus sérieux que le rire qui lui échappa le laissa penser. La dernière chose qu'il voulait, c'était qu'Hannah se sente obligée de faire ça pour lui, alors qu'elle goûtait tout juste elle-même au plaisir de prendre à nouveau soin d'elle. Cette soirée n'était qu'une idée qui lui avait traversé l'esprit tandis qu'il s'était surpris à penser ne s'être pas senti aussi apaisé depuis bien longtemps, mais il n'en profiterait réellement que si Hannah acceptait de bon cœur, or ce n'était peut être pas sa meilleure option pour ce soir. |
| | | | (#)Mar 13 Déc 2016 - 17:47 | |
| Hannah n’avait jamais été douée pour rassurer les gens, on la voyait comme une femme forte qui avait une confiance immense en sa propre personne mais c’était très loin de la vérité. Hannah faisait juste très bien semblant et à force de se convaincre, elle avait fini par convaincre les autres mais tous les sentiments qui habitaient Saul à cet instant précis lui étaient plus que familiers. Elle aussi avait marché dans des pas trop grands que les siens et avait passé une grande partie de sa vie à essayer de rendre heureux un père qui ne pouvait pas vraiment l’être. Nathan Siede aurait préféré avoir un fils pour seul enfant, Hannah le savait depuis des années et elle s'était faite une raison depuis longtemps, elle était née avec le mauvais sexe, que pouvait-elle y faire ? Elle devait tout de même continuer de vivre sa vie et tenter de faire quelque chose qui avait … qui avait un semblant de sens. C’était plus facile à dire qu'à faire, ça Hannah en avait parfaitement conscience, il y avait souvent de nombreux obstacles et un bon nombre de personne qui vous barrait la route. Et puis il y avait ce coeur dont elle ne pouvait pas se débarasser, la pensée d’aimer un homme un jour prochain l’effrayait un peu. La brune n'avait aucune envie de se relancer là-dedans, pour quoi faire de toute façon ? Elle était toujours celle qui finissait avec le coeur brisé et qui était inconsolable. Peut-être qu'elle n'était pas faite pour aimer et qu’elle se porterait mieux seule, il n’était pas encore venu l'homme qui serait prêt à l’accepter pour tout ce qu’elle était et tout ce qu’elle ne disait pas, c’était certain. Il n’y avait qu'un seul moyen de le savoir dans le fond et Hannah n’avait pas envie d’imaginer un futur pour elle, pour le moment, c’était beaucoup trop douloureux, elle préférait se concentrer sur les jours qui passaient, sur quelque chose d'aussi simple qu'une journée, ça, c’était facile à imaginer pour elle. Le reste viendrait après, elle en était certaine. Elle le savait parce qu’elle avait appris à se pardonner tout simplement, elle avait laissé ses propres erreurs de côté et Jamie en quelques sortes, et avait admis qu'elle aurait pu faire beaucoup mieux. Il n'y avait pas d’autres moyens de tourner la page, faire comme si rien ne s’était passé n’allait pas l’aider à guérir, mais ressasser les mauvais souvenirs non plus. Une leçon qui pouvait également servir à Saul qui avait vraiment du mal à admettre ses propres torts. De nouveau contre lui, la brune ne put s'empêcher de prendre le visage du metteur en scène entre ses mains et d’articuler les mots suivants : « Saul, tu es humain. Je crois que tu es un peu trop dur avec toi-même, ça arrive à tout le monde de craquer… je ne pense pas qu'il soit bon que tu gardes tout ça à l'intérieur de toute façon. » L’état de son bureau en était la preuve la plus flagrante; Saul n’était pas le seul homme qui avait ce genre de comportement, Hannah se demandait ce qu’on leur apprenait à la naissance, si on leur disait qu'ils devaient se montrer droit et fort et ce peu importe les circonstances et qu’il ne devait surtout pas flancher, c’était complètement ridicule. N’importe qui pouvait courber l’échine face à l’adversité et avoir des moments de faiblesse, n’importe qui. Cela ne faisait pas de lui moins un homme ou quelque chose de plus absurde que cela. Hannah espérait bien que ses paroles ne tombent pas dans l'oreille d'un sourd, mais il n'y avait qu'un seul moyen de le savoir, et c’était en restant proche de Saul et en s’assurant que ce genre d’incident ne se reproduise plus. Elsie ne l’apprendrait certainement pas par Hannah et la brune hocha la tete, amusée par cette image que Saul avait d’elle. « On en reparle dans quelques mois monsieur Masterson… Je finirai bien par te fatiguer toi aussi. » dit Hannah. Elle avait l'habitude que les gens partent et que les portes se ferment sur elle, comme elle l'avait dit à Saul, la plupart des hommes ne voyaient qu'une solution de secours en elle, quelque chose qui ne durait pas, qui n’était pas fait pour durer alors… à quoi bon faire semblant n’est-ce pas ? Elle serra la main de Saul alors qu’il lui confia qu’il n’avait aucune envie de passer la soirée seul et Hannah poussa un profond soupir. « Je peux me libérer de certaines de mes obligations pour toi… » La brune paraissait ennuyée mais la seconde d'après, un sourire mutin se dessina sur son visage et elle le gratifia d'une simple tape sur l’épaule : « Je plaisante Saul, je n'ai absolument rien de prévu ce soir… mais on peut changer ça. Restez au théâtre c'est un peu trop classique, sortons un peu, ce qu’il te faut c’est de l'air frais et de penser à autre chose. » Hannah ne lui laissa pas le moment d’hésiter et lui attrapa la main, le tirant hors de son bureau. « Allez viens, on va faire quelque chose contre ta déprime.»
|
| | | | | | | |
| |