La solitude est la pire des ennemies dans de pareils instants, et certains diront que je ne devrais pas me sentir aussi isolé du monde à l'heure où ma sœur me permet de me réfugier dans son appartement, mon téléphone vibre à chaque message de soutien, à chaque appel d'ami, et que même les collègues de la radio ont la décence de poursuivre leur travail avec moi comme si ce malaise de la taille d'un éléphant dans un magasin de porcelaine n'existe pas. Tous sont présents pour m'offrir cette bulle d'oxygène dont j'ai tant besoin alors qu'il me semble être happé par cette grande vague d'événements bien trop grande pour moi. Et même s'ils me donnent l'illusion d'être encore capable de prendre de grandes inspirations afin de ne pas complètement me noyer dans ma peur du lendemain, la solitude est bien présente, prenante, pesante. Alors que la honte et la culpabilité me rongent la moelle, difficile d'accepter que les amis soient des amis et les collègues des collègues dignes de ce nom. Un rejet lié à une forme de paranoïa, cette petite voix qui susurre à mon oreille qu'ils sont faux, qu'ils jugent, me détestent, et que ceux qui font véritablement preuve d'honnêteté dans leur volonté de m'aider ne le devraient pas et, pour leur bien, auraient plutôt intérêt à se tenir éloignés de cette catastrophe que je suis. Qui parmi ces amis, ces collègues, les faux, les vrais, les proches, les intéressés; qui parmi eux oseraient lever la main pour protester et dire que tout ceci est injuste ? Et puis, qu'importe si quelqu'un s'avérait en effet assez fou pour se ranger de mon côté, le premier à lui faire ravaler ses paroles ne serait autre que moi. Moi qui accepte de subir la sentence de la loi des hommes et la vengeance du destin qui fut autrefois si généreux en m'offrant absolument tout ce dont on pourrait rêver. S'il ne me reste que les cendres d'une vie parfaite partie en fumée, le seul contre qui je dois me retourner, c'est moi-même. Et cette personne ne mérite aucune compassion. Au final, l'on peut dire que je crée et nourris moi-même ma solitude en érigeant de hautes murailles entre moi et ce monde qui se révèle à la plus juste et plus cruel que je ne l'aurais jamais cru. Je me recroqueville sur moi-même et je tente de comprendre pourquoi, ou encore comment. Je tourne en rond en me répétant que la poussière finira par retomber, que le vent finira par tourner. Il tourne toujours. C'est un dimanche, persuadé que personne ne m'importunera en ce jour sacré dédié aux marathons de films et de séries en pyjama, que je me décide à enfin aller récupérer mes chiens et quelques affaires. Ben et Milo ne pourront pas rester éternellement seuls, et plutôt mourir que de me sentir misérable au point de devoir faire ma lessive moi-même ; je prends quelques cartons dans le coffre de l'Aston pour rassembler autant de possessions que possible, me disant qu'en vue de mon projet de déménagement, débuter le transfert de mes biens hors de la maison de Logan City ne sera guère du temps perdu. Je suis accueilli en fanfare par les deux canidés dont la crainte de ne plus jamais me revoir se lit dans leur yeux. La situation doit être difficile à vivre pour deux anciens chiens abandonnés qui pensent voir le même scénario se répéter une seconde fois.Avant toute chose, je prends le temps de jouer avec eux dans le jardin, passant une bonne heure à satisfaire leur envie d'aller cherche le bâton une centaine de fois sans se fatiguer. Cela est peut-être l'instant où je me sens le moins solitaire depuis le début de la semaine. Lorsque je décide qu'il est temps de remplir ces fameux cartons, Ben et Milo me restent dans les pattes et ne comptent pas me lâcher d'une semelle. Les livres et les babioles du salon sont les premières choses à disparaître, je choisirai plus tard ce qui me fera le moins penser à tout ceci et qui trouvera donc une place dans mon prochain chez-moi. Je décroche les œuvres des murs et les réunis dans un coin. Tout ce qui concerne la cuisine reste abandonné ici. Je n'ose pas entrer dans la chambre de Daniel de peur me m'asséner moi-même un coup fatal au coeur. Je vide totalement ma partie du dressing, et après une hésitation concernant le grand rangement à montres que Joanne m'avait offert l'an passé, je l'emporte quand même avec moi. Je réalise que nous n'aurons visiblement jamais de Noël paisible, elle et moi. Jamais de fêtes en famille. Dans un soupir, je ferme mon coffre plein de mon nécessaire vital. C'est en relevant les yeux que mon regard croise celui d'un voisin particulièrement virulent ; « Un problème ? » L'homme me toise et s'il ne se trouvait pas interdit d'approcher la propriété, sûrement serait-il venu jusqu'à moi afin de cracher sur mes chaussures en vociférant toutes les horreurs que son seul rictus haineux laissent entièrement transparaître. Il reprend son chemin à l'issue d'un long bras de fer tacite, et je retourne dans la maison remplir des cartons.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne se souvenait de la première fois qu'elle avait vu la maison. L'agence l'avait appelé assez rapidement, peu de temps après avoir croisé Saul. Toowong était un quartier calme malgré les étudiants qui pouvaient se trouver là. D'ailleurs, l'agent avait tourné ce détail, qui pouvait être vu comme un inconvénient, en un avantage. Elle avait un peu grimacé en voyant le jardin, elle avait pourtant dit qu'elle n'avait pas la main verte. Mais l'agent lui avait certifié que les étudiants qui vivaient dans le coin recherchaient régulièrement des petits boulots pour arrondir les fins de mois. Selon elle, elle trouverait quelqu'un pour l'entretenir à un prix abordable. Elle espérait que Daniel aime cet endroit. Il y avait deux chambres à l'étage, elles étaient toutes les deux assez grandes. Puis le quartier était paisible. Il avait encore elle et les chiens comme point de repère. Elle s'était permise de prendre la majorité des jouets du petit. Elle avait priorisé l'aménagement de sa chambre à lui, et de tout ce qui pouvait le concerner. Elle ne pouvait pas tout meubler d'un coup, elle n'en avait pas les moyens. Et elle refusait catégoriquement l'aide de ses parents qui ne faisaient que la caresser dans le sens du poil depuis sa rupture avec Jamie. Elle voulait se débrouiller seule. Elle avait le nécessaire pour la chambre et la cuisine, et avait pu s'acheter un fauteuil et quelques meubles de rangement. Le reste, et bien ça viendra à la fin du mois, lorsqu'elle aura récupéré son salaire. Elle avait pu renflouer son compte courant, mais il s'était rapidement vidé, souhaitant tout de même avoir du mobilier de qualité. Il y avait encore un écho, dans le séjour. Il y avait une petite terrasse, à l'arrière, avec un peu de terrain. Joanne avait pu se payer une partie de la maison avec sa part d'héritage de sa grand-mère. Elle en avait encore pour quelques années de prêt, mais au moins, elle pouvait dire que c'était chez elle. Elle faisait l'emménagement toute seule. Ca lui faisait du bien, de vider ses propres cartons, d'agencer comme bon lui semblait bien que ce fut par moment particulièrement difficile de se décider. Ainsi, elle ne pouvait pas penser à lui, ni à sa vie sentimentale. Les insomnies et la perte d'appétit étaient réapparues de plus belle, mais la jeune femme se forçait à manger, se disant qu'il fallait qu'elle soit en forme pour pouvoir s'occuper de Daniel, et emménager. Elle se hâtait à emménager complètement parce qu'elle n'en pouvait plus de ses parents. Elle voulait son chez-elle avec son fils, et tout recommencer. Par contre, elle ne pouvait rien faire pour ses nuits blanches. Elle sanglotait, repensait au jour où il voulait rompre avec elle. Elle craignait tellement pour lui, pour le jour de son jugement. Encore un dernier aller-retour à Logan City, et Joanne n'aura plus à y retourner. Elle aura récupérer tout ce qui était à elle. La jeune femme gara sa voiture le long du trottoir avant de se diriger vers la porte d'entrée. Celle-ci était ouverte, elle se disait qu'elle avait peut-être oublié de la fermer durant son dernier aller-retour. Elle avança vers le salon, où elle y avait déposer ses derniers cartons, et elle sentit son coeur rater plusieurs battements en voyant qui était là. Joanne était persuadée qu'il était encore chez Gabriella, le temps que tout se tasse. Mais non, il était comme elle, à faire les cartons pour partir d'ici. C'était bien plus douloureux qu'appréciable de l'avoir dans son champ de vision. Ca lui donnait même envie de hurler, de pleurer tant cela lui faisait mal. Ce qui devait le surprendre en premier lieu était certainement sa nouvelle couleur de cheveux. Quelques jours plus tôt, elle était entrée dans un salon de coiffure sur un coup de tête, faisant comprendre qu'elle voulait changer. Elle n'en appréciait pas vraiment le résultat. Elle aimait tant Jamie. Ce sentiment là restait bien gravé en elle, et ne lui apportait rien d'autre que de la peine, depuis qu'il avait mis un terme à leur relation. "Je... Bonjour." finit-elle par articuler au bout d'un long moment de silence. La jeune femme ne comprenait pas pourquoi son coeur battait subitement si vite. "Je ne t'embête pas longtemps... Je viens juste récupérer les derniers cartons. Ils sont juste là." Joanne n'avait toujours pas quitté sa bague de fiançailles non plus, elle n'y était pas arrivée bien qu'elle se mettait à pleurer à chaque fois qu'elle la voyait. Elle aimant tant ce bijou. Pour Jamie, il ne signifiait certainement plus rien. "Et comme j'aurai tout récupérer, je..." Elle hoqueta, se maudissant de sentir des larmes venir border ses yeux. "Je pourrai te rendre les clés de la maison." Elle se pinça les lèvres, sentant sa gorge se serrer. Dans l'espoir où il ne verrait pas ces larmes, la jeune femme prit un premier carton pour le déposer dans sa voiture et retourner à l'intérieur pour récupérer le suivant.
crackle bones
Dernière édition par Joanne Prescott le Dim 13 Nov 2016 - 16:35, édité 1 fois
Cette maison est bien plus encombrée que ses grands espaces ne le laissaient deviner. Les nombreuses étagères bien rangées remplissent de nombreux cartons qui commencent à s'empiler dans un coin du rez-de-chaussée. Je défais les rideaux, enroule les tapis, entreprend de désencombrer tout ce qui eut faciliter un déménagement futur afin qu'il ne reste qu'à tout jeter dans le camion, partir, et ne jamais regarder en arrière. Peu à peu, la pièce devient de plus en plus vide, froide, dénuée de présence. Les pieds pas feutrés et les jappements des chiens résonnent d'un bout à l'autre du salon. Et encore, les meubles n'ont pas bougé. L'on dit souvent que les grands rangements et les déménagements marquent un besoin de changement et cela ne saurait être plus vrai. Il me faut tourner cette immense et lourde page. Tant que ma vie est en suspend en attendant mon jugement, je me dois tout de même d'avoir l'illusion d'avancer un minimum, et tout ce nettoyage est une bonne manière d'occuper mes dix doigts ainsi que mon esprit qui ne cesse de se tourmenter. Je me suis empêché plus d'une fois de faire le tour du quartier à la recherche de la boîte aux lettres au nom de Jaafari afin de lui cracher mon point de vue entre quatre yeux, puis je me suis rendu compte que cela ne m'avancerait plus à rien ; ce qui est fait est fait, me venger, hurler, pleurer n'a plus d'utilité. Je n'ai même plus Hannah pour me rattacher à cette période de ma vie, et peut être est-ce pour le mieux. Il fallait être idiot pour penser que nous pourrions avoir notre histoire après tout ceci. Non, il ne peut plus rien avoir désormais, le triangle a éclaté, nos vies sont en morceaux, et la meilleure solution est d'aller chacun de notre côté, de nous tracer des chemins différents loin les uns des autres. Tourner cette foutue page. Cela doit être fait dans les règles de l'art. Hannah me faisant comprendre qu'elle préfère être seule que mal accompagnée. Et maintenant Joanne passant la porte de la maison pour régler les derniers détails de son départ. Les détails sont toujours ce qu'il y a de pire. Je pose ces quelques livres dans le carton à mes pieds et lâche un long soupir ; « Joanne… Tu n'as pas vu la voiture ? » L'Aston Martin, loin de passer inaperçue dans le quartier, est pourtant garée juste devant avec mes affaires dans le coffre et les jouets des chiens débordants de la banquette arrière. Ceux-ci accourent depuis le jardin pour accueillir Joanne un court instant. « Tu ne peux pas toujours faire fi de l'injonction d'éloignement, ça ne m'amuse pas de risquer la détention. » dis-je d'un ton monocorde et particulièrement blasé. Je ne crois pas que la jeune femme ait l'intention de me faire renvoyer derrière des barreaux pour la semaine restante avant le jugement, mais sa maladresse combinée au zèle d'un voisin ou du passage d'une voiture de police pourrait suffire. Mon regard se pose sur la petite pile de cartons qui se trouvait déjà là à mon arrivée et que Joane est donc venue récupérer, ensuite elle me rendra son double des clés. « Ca n'est pas la question, je... » Oh et puis, qu'importe. Qu'elle prenne ses cartons. Le plus vite cela sera fait, le plus vite elle se mettra à bonne distance de moi. Je la laisse donc ravaler son émotivité et prendre un paquet à la fois jusqu'à ce que son propre coffre soit plein, et la maison désormais vide de toute trace de sa présence. Joanne fait glisser sa clé hors de son trousseau puis la dépose dans ma main. « Merci. » Le bout de ferraille est fourré dans ma poche. Et maintenant, y-a-t-il quelque chose à dire ? Un silence étrange s'installe, comme si l'un et l'autre attentions que quelqu'un dise quelque chose. Mais le point final a déjà été donné à cette histoire, et il ne reste désormais que des banalités à s'échanger afin de donner la couleur qu'aura désormais cette relation. « Comment va Daniel ? Il est chez tes parents ? » je demande puisque visiblement la tâche d'articuler le premier son m'incombe. Mon regard est bien incapable de demeurer plus d'une seconde sur le visage de Joanne, je ne veux pas y voir sa peine, et je veux me persuader que cela ne m'atteint pas plus que ça. Alors mes iris se baladent à l'intérieur de la maison, sur les chiens qui jouent, sur ces cartons qui se sont multipliés comme des lapins. « C'est beaucoup d'affaires pour leur appartement, tu devrais investir dans un garde-meuble. » j'ajoute en indiquant vaguement sa voiture au dehors d'un signe de tête, comme si cela m'importait vraiment alors qu'en toute honnêteté, l'espace vital de ces parents Prescott qui ne m'ont jamais vraiment senti m'est absolument égal. En revanche, un garde-meuble pourrait en effet être utile.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Joanne restait dans ses pensées depuis tout ce temps. Elle ne faisait plus attention au monde qui l'entourait, la rendant même incapable de noter la présence d'une voiture de luxe devant ce qui était sa demeure. Elle sentit son coeur se serrer dans la poitrine lorsqu'elle l'entendit soupirer. "Je suis désolée, Jamie... Je... Je n'y avais pas fait attention." dit-elle tout bas en baissant les yeux. Regarder les siens était trop douloureux. La plaie était encore ouverte, béante, et saignait toujours abondamment. Il jugea bon de lui rappeler qu'elle ne pouvait pas systématiquement ignorer l'injonction qui avait été mise en rigueur. Sauf que cette fois-ci n'était vraiment pas volontaire de sa part, elle n'avait pas noter sa présence. "Je ne voulais pas te mettre dans le pétrin, ou... Quoique ce soit." Elle voulait juste récupérer ses cartons. Et tant qu'il était là, autant lui rendre les clés. Jamie la laissa faire, même s'il avait commencé sa phrase. Même le timbre de sa voix, celui qu'elle aimait tant, la faisait saigner. C'était tout aussi agréable et insupportable. Difficile d'admettre que ces deux sensations pouvaient être combinées. Joanne fit donc les quelques aller-retours pour mettre toutes les affaires qui restaient dans sa voiture. Elle multipliait les gestes maladroits, ses mains tremblaient. Ce qui rendait difficile de retirer la clé de son petit trousseau lorsqu'elle se trouvait face à lui. Certainement le geste qui concluait leur relation, en plus des mots échangés l'autre jour. Les yeux de Joanne regardaient la main de Jamie mettre l'objet métallique dans sa poche. Juste comme ça. Elle gardait de toute façon le regard bien bas. Son coeur se serrait de plus en plus dans sa poitrine, alors qu'un lourd silence s'installait entre eux. La jeune femme aurait pu partir, tout se serait arrêté là, mais elle en était incapable. "Daniel va bien, il... Je suppose qu'il comprend que quelque chose ne va pas. Que quelque chose n'est pas normal. Il fait sa sieste chez mes parents, là, oui." répondit-elle timidement. Mais comme tout bébé, il avait aussi besoin de son père. "J'espère tellement qu'on te laissera le voir." dit-elle la voix tremblante, en toute sincérité. Jamie aimait Daniel et c'était réciproque. Elle devait être la seule à savoir qu'il ne lui ferait jamais aucun mal. La conversation aurait pu s'arrêter là, mais il semblait que Jamie ne voulait peut-être pas la laisser partir, pas tout à fait. Il se questionnait sur la quantité de cartons qu'elle emmenait avec elle, en plus de tous les aller-retours qu'elle avait déjà fait. "Je n'en ai pas besoin." lui dit-elle. "J'ai trouvé un logement assez rapidement. Je me disais qu'il valait que je fasse vite parce que je ne voulais pas te porter préjudice avec l'injonction, en étant toujours à cette adresse-ci." Elle haussa les épaules, c'était bien la première chose à laquelle elle avait pensé. Qu'il n'ait pas plus d'ennuis par sa faute. "Je pense que ça pourrait plaire à Daniel, et aux chiens. J'ai pu l'acheter avec ma part de l'héritage de Nanny. Le reste, eh bien... ce sera remboursé durant les années à venir." Comme toute personne normale, c'était une vie qu'elle acceptait. Elle préférait mettre de l'argent dans quelque chose qui était à elle plutôt qu'à un propriétaire. "Je fais au plus vite pour emménager parce que je veux que Daniel ait au plus vite un chez-lui. Et mes parents sont insupportables, vraiment, ils..." Elle ne trouvait pas les mots. Ils voulaient en grande partie bien faire, mais ils disaient ou faisaient parfois des choses pour lesquelles elle n'était pas d'accord. Elle se frotta le visage et essuya ses larmes par la même occasion. "Ils me dépannent beaucoup, et ils penses m'aider, mais... Ils ne comprennent absolument rien." Joanne avait hâte d'être chez elle, au calme. "C'est encore un peu camping, mais la chambre de Daniel est terminée, la salle de bain et la cuisine, c'est quasiment fini." C'était l'essentiel pour Daniel. Le confort de Joanne passait seulement après. Sa chambre, les espaces qui étaient pour le moment plus pour elles, allaient être faits dans un second temps. Son enfant avant tout, c'était la seule logique qui fonctionnait avec elle pour qu'elle ne perde pas le nord. "Et toi ? Tu as trouvé quelque chose ? Tu es en train de faire tes cartons..." lui demanda-t-elle en levant enfin le visage, bien qu'elle avait bien du mal à croiser son regard. Avec l'argent qu'il aura en vendant cette maison et la résidence secondaire, il trouverait forcément un nouveau logement qui saura lui convenir.
Nous n'avons ni l'un ni l'autre le courage de nous regarder dans les yeux. Nous avons devant nous tout ce que nous avons aimé si profondément, et auquel il faut désormais renoncer. Le lâcher prise est des plus douloureux, difficile, notamment dans la mesure où Joanne et moi serons à jamais liés par notre fils. Alors il nous faudra nous croiser, nous voir, échanger des sourires et des formules de convenance, et ce jusqu'à la fin de nos jours. Nous devons à chaque fois faire face à ce que nous avons tout les deux complètement gâché, et ravaler nos regrets. Le temps fera son effet, je n'en doute pas, et même si l'affection ne doit jamais disparaître, je sais que la jeune femme refera sa vie, et je referai la mienne. La seule bataille dans cette séparation est la séparation en elle-même, du reste, nous n'avons pas même besoin d'aborder le sujet de la garde de Daniel ou du partage des biens, tout est naturel, d'un commun accord. Le petit a besoin de sa mère, cela n'est pas discutable. « Du moment qu'il t'as toi et un toit sur la tête, je pense qu'il va bien. » dis-je pour modérer le dramatisme de la situation que Joanne semble percevoir. Au pire, le bébé ressent éventuellement mon absence qui commence à s'éterniser, et peut-être la peine de sa mère. Rien qui ne puisse vraiment l'inquiéter outre mesure. Il n'a pas conscience de ce qui se joue après tout. « Nous verrons bien. » je réponds vaguement dans un haussement d'épaules au sujet de mon droit de garde. Je ne me fais pas d'espoirs afin de me tenir éloigné des déceptions. La jeune femme m'apprend avoir déjà retrouvé un logement. Un endroit pour Daniel, Nunki, Sirius et elle, dont elle a déjà amorcé l'emménagement, l'idée étant visiblement de fuir l'appartement de Jane et Martin. « La famille Prescott, en somme. » Ils n'ont jamais rien compris. Ils ne me connaissent pas et, grand bien leur en fasse, n'auront jamais à le faire. De mon côté, je n'aurai plus à subir leur méfiance et l'obligation de justifier chacun de mes faits et gestes. Machinalement, montrant un minimum d'intérêt pour les paroles de Joanne, je secoue la tête. Comme je le pensais, elle refera sa vie rapidement. Ces larmes sur ses joues sont inutiles. « Je n'ai pas encore vraiment commencé à chercher à vrai dire, dis-je à mon tour. Mais j'ai une bonne idée de ce que j'aimerais, et du quartier… » La jeune femme me connaît assez pour savoir que je serai toujours à proximité de la plage, de la nature en général, et jamais en centre-ville afin de pouvoir mettre une bonne distance physique entre moi et mon lieu de travail qui grignote déjà trop de ma vie. « Je ne veux pas me lancer dans quoi que ce soit avant le jugement. Je ne sais pas trop pourquoi en réalité, je… J'en ai juste besoin pour clore tout ce fichu chapitre et je ne peux pas avancer sans ça. » Pourtant, je ne suis pas trop inquiété. Siede fait parfaitement faire son travail et négocie activement afin que l'impact soit moindre sur mes finances et ma famille. Mes conflits avec sa fille ne regardent qu'elle et moi ; du reste, je suis un client qu'il sauvera de l'impasse en mettant à l'oeuvre tout son savoir faire. « Mon avocat pense que je m'en sortirai bien. Une amende, peut-être des travaux d'intérêt général, deux ou trois mois de sursis. » Pour la forme, juste histoire de montrer au public que j'ai été puni. Lui donner un os à ronger quelques jours, et ensuite, se faire oublier. « Et il m'obtiendra au moins un droit de visite, une garde partagée dans l'idéal. » Un week-end sur deux, je n'en demande pas plus. De quoi garder décemment une place dans sa vie. Je sais que Joanne ne me refusera pas cela, ce n'est pas quelque chose que je lui imposerai. Elle souhaite autant que moi que Daniel ait accès à ses deux parents. A nouveau, un silence. Un malaise à base de non-dits qui flottent dans l'air. Je ne me vois pas lui raconter le rejet d'Hannah, sûrement cela sera-t-il narré dans un petit encart rouge au coin d'une page de presse people. Je ne tiens pas non plus à lui avouer l'annulation de mon émission à la radio, sa compassion de m'intéresse guère, et il était évident que plus personne ne souhaiterait écouter ce qu'un homme comme moi a à dire. Je soupire de nervosité, n'arrivant pas à être celui qui mettra une fois encore Joanne à la porte de cette maison qui n'est plus la sienne. « Tu seras présente, au jugement ? » je demande pour meubler. Une partie de moi ne serait pas étonnée qu'elle ne se donne pas cette peine ; elle n'a plus d'obligation de me soutenir, plus de déposition à faire, et sûrement n'aurait-elle pas le courage d'aller jusqu'au tribunal écouter la sanction à mon encontre, fruit de son indiscrétion.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Jamie voulait certainement relativiser la situation, peut-être que pour que son ex ait le coeur un peu plus léger. Il se résumait au matériel, à la maison, et au fait que leur enfant ait sa mère. Dans le fond, oui, Daniel n'avait pas besoin davantage. Mais le fait qu'il ne puisse pas voir son père, et que l'on ne savait pas quand serait la fois suivante où ils pourraient se voir. Ce n'était pas ainsi que Joanne concevait sa propre famille. Un enfant devait avoir ses deux parents. Elle savait que Jamie espérait au moins être à nouveau autorisé à le voir, peut-être même d'obtenir une garde. Qu'il puisse passer un peu de temps avec lui, qu'il puisse lui transmettre tout son amour et lui apprendre également des choses. Pour Joanne, avoir trouvé une maison adaptée à ses besoins n'était pas considéré comme une étape de sa prétendue nouvelle vie. Elle n'en avait plus vraiment de vie. Elle se tenait à ce qu'elle avait déjà dit à Jamie; c'est-à-dire, résumer son existence à celle de Daniel. Elle n'avait plus envie d'aimer, si ce n'est pour les personnes pour qui elle éprouvait déjà certaines choses. Elle n'avait plus envie de rencontrer qui que ce soit, ni de se rapprocher ou de s'attacher. Joanne avait perdu courage, elle en avait perdu l'envie. Il y avait cette lueur en moins, dans son regard devenu bien vide. Jamie ne fut pas surpris de voir que les parents de Joanne ne faisaient pas d'efforts pour comprendre quoi que ce soit. Il préférait s'étendre sur ses propres projets, confessant qu'il n'avait pas lancé de réelles recherches pour le moment. Il était normal qu'il préfère attendre d'être jugé pour pouvoir se positionner. Joanne devinait d'avancer qu'il allait s'intéresser de près aux logements se trouvant à proximité de la plage, peut-être quelque part avec de grands terrains dans l'espoir d'être suffisamment éloigné des voisins les plus proches. Mais Joanne sentit un noeud se former à son estomac lorsqu'il parlait de clore ce fichu chapitre. Elle se demandait s'il la comptait, dans ce si détesté chapitre. Il avait pourtant dit qu'il ne quitterait pas totalement sa vie à moins qu'elle ne le demande. "J'espère que ça s'arrêtera à l'amende." Il n'aura aucun mal à la payer, elle le savait. Peut-être le sursis, mais pas davantage. "Tu sais que tu pourras venir le voir d'autant que tu le voudras." lui assura-t-elle. Joanne se disait qu'il ne voudrait pas la voir elle. Juste Daniel. Parlant jugement, le bel homme se demandait si la jeune femme comptait être là ou non à la décision du juge. Elle n'en savait trop rien. "Je ne sais pas." Elle haussa les épaules. "Si tu ne veux pas m'y voir, alors tu ne m'y verras pas. Mais j'ai envie d'entendre moi-même le dernier mot du juge." Elle espérait que sa sentence ne soit pas trop lourde. Elle comprendrait qu'il préfère ne pas la voir assister à ce moment délicat. Les silences après chaque question posée devenaient de plus ou plus lourd. Elle ne savait pas vraiment ce qui pouvait les retenir. La jeune femme s'approcha de lui, puis, contre toute attente, elle l'enlaça doucement, posant sa tempe contre le haut de son torse. "Je ne veux pas que tu quittes ma vie, Jamie. Je peux pas." souffla-t-elle. Joanne ne le lui avait pas encore dit. Il s'était proposé et avait dit qu'il se tiendra au choix qu'elle fera. "Je pourrai pas si... si un jour tu te décies à retourner à Londres, par exemple." Une vie sans lui, séparés ou non, était impensable. Elle s'accrochait encore beaucoup trop alors qu'il n'y avait apparemment plus rien de cette relation. La jeune femme restait longuement contre lui, à sangloter silencieusement. Elle se fichait s'il la prenait ou non dans ses bras, elle voulait juste le sentir un peu contre elle. "Tu me manques." Lui avait besoin d'un jugement pour parvenir à tout clore, et à tout laisser derrière. Cette étape était beaucoup plus compliquée pour une Joanne qui se croyait perdue. Et dire que durant ce même-mois, ils auraient du se marier. Se dire enfin ce grand oui, passer une merveilleuse soirée avec les proches et s'enthousiasmer pour leur nuit et leur voyages de noces. Ses doigts serraient entre eux le tissu du haut du bel homme lorsque cette pensée lui traversa l'esprit. Il y avait même un frisson qui vint glacer son échine. Elle aurait tellement aimé continuer de fonder une famille avec lui, avoir d'autres enfants. Mais voilà que la maison qui était supposée abriter un tel bonheur se vidait de jour en jour, prête à être achetée par une autre famille désireuse de vivre ce rêve sous ce toit. C'était trop dur, beaucoup trop dur pour elle de digérer tout ça. Elle n'y parvenait pas. Et bien que d'apparence elle semblait avancer, dans son esprit, elle stagnait à ce même stade de cette douleur insupportable. Joanne osa enfin se décoller un peu de lui. Pour le première fois depuis le début de leur conversation, elle croisa son regard avec ces yeux qui lui faisaient autant de bien que de mal.
Il y a peu de chances que la sanction prononcée le juge ne s’arrête qu'à une amende. Pour quelqu'un comme moi, cela n'aurait rien de dissuasif pour l'avenir, même si la simple peur et les dégâts causés par toute cette affaire suffisent à eux seuls à m'ôter toute une envie de perdre à nouveau mes moyens au point de frapper qui que ce soit. Entre ma première condamnation et celle-ci, je pense que le message est enfin passé ; sur la violence est pratiquée une tolérance zéro avec laquelle je ne devrais plus jamais flirter. Le plus probable serait que j'écope d'un petit peu de tout comme l'on fait ses courses au supermarché des sentences, à la liste pourrait d'ailleurs s'ajouter l'obligation légale d'aller à toutes mes thérapies de groupe pendant un bon bout de temps. Je suis officiellement un voyou qui a besoin d'aide, que voulez-vous. Joanne n'est pas certaine d'assister ou non à l'audience, et une fois n'est pas coutume elle fait reposer son choix sur ma volonté. Ce qui ne fonctionne plus désormais. « Fais comme il te plaira. » je réponds tout simplement, faisant mine de n'en avoir cure. Qu'elle soit présente ou non ne changera rien. Si elle le fait, alors elle le fera pour elle seule. Pour entendre le dernier mot, comme elle le dit. Les siens marquent le début d'un énième silence, si long qu'il prouve qu'il est l'heure de se séparer. Nous n'avons visiblement plus rien à nous dire, aucune information banale ou vitale à échanger. Plus rien ne nous retient. Si ce n'est l'envie subite de la jeune femme de se blottir contre moi, ce qui est très largement proscrit par l'injonction d'éloignement. « Joanne... » je souffle sans trop savoir s'il existe une manière toute en rondeurs et assez digeste de lui demander de me lâcher et de cesser de se faire du mal de la sorte. Elle ne doit pas s'accrocher de la sorte, elle doit aller de l'avant. Néanmoins, elle me supplie presque de me tenir à ma parole et de ne pas couper tout contact avec elle. Cela serait bien plus facile, de simplement tourner le dos et ne jamais jeter le moindre coup d'oeil par dessus l'épaule, et nous pourrions nous contenter du strict minimum vis-à-vis de Daniel. Mais ce qui nous a lié et nous lie encore ne peut guère disparaître dans un claquement de doigts. Je n'étreins pas Joanne, comme je lui avais refusé son dernier baiser, mais je dépose une main sur ses cheveux sans grand espoir de la consoler. « Je te l'ai dit, je serai là... » je murmure. Puisqu'elle le veut, alors elle pourra toujours me trouver au besoin. Nous ne sommes pas obligés de nous faire la guerre ou de nous ignorer. Nous pouvons être présents l'un pour l'autre au nom d'un amour inaccessible. La jeune femme se défait de moi et m'adresse enfin un regard. Il est toujours aussi difficile de croiser cette paire d'yeux bleus qui tristes. « Je... Je te donnerai ma nouvelle adresse dès que j'en aurai une. » dis-je pour nous épargner un silence de plus qui en deviendrait insupportable. Cela est également une manière maladroite de dire qu'il est temps pour elle de partir, maintenant que ses cartons sont dans son coffre et qu'elle n'a plus rien à récupérer. Elle, elle en a terminé avec cette maison. Je retourne également à mes propres cartons, reprenant mon rangement pour signifier un peu plus que l'heure est venue pour elle de retourner auprès de Daniel, ou continuer d'emménager son propre chez elle. « Tu es plus mignonne en blonde. » je fais remarquer en posant un paquet sur un autre dans un coin de la pièce, puis encore un autre. « Oh, je serai sûrement à Londres pour les fêtes. » dis-je avant que l'idée me sorte de la tête et que Joanne ne tourne les talons sans pouvoir l'entendre. « Je pensais passer Noël ou le Nouvel An avec les enfants de la fondation, en fonction de la soirée que tu préférerais passer avec Daniel. » Histoire d'être absent, et pas complètement seul, dans le cas où Joanne concéderais que nous ayons chacun une fête avec lui faute de pouvoir être ensemble -mais cela n'est peut-être pas une fatalité ; « Mais peut-être que tu devrais venir avec lui. » Sauf si la jeune mère estime que notre garçon est encore trop petit pour pareil voyage. Néanmoins, cela nous permettrait d'être tous les trois, et pas que. Les enfants apprécieraient sûrement. « Je te laisse y réfléchir. » J'hausse les épaules ; je n'oblige Joanne à rien, ce n'est qu'une suggestion qui, à mes yeux, conviendrait à tous.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Au fond d'elle, Joanne savait que ce n'était pas convenable de l'enlacer. Que si on les surprenait, cela pourrait attirer de gros ennuis à Jamie. Mais la porte était fermée, et tout était calme. Le simple fait qu'il énonce son prénom de cette manière laissait comprendre à Joanne que ce n'était pas bien. Il devait se rendre compte à quel point elle n'arrivait pas à avancer, bien que la rupture était encore relativement récente. Ils ne pouvaient pas s'arrêter à n'être que le père et la mère de Daniel. C'était impossible pour eux de n'être que ça, vis-à-vis de l'un l'autre. Bien sûr qu'ils s'aimaient, bien sûr ils devaient apparemment mettre en sourdine cette foule de sentiments pour espérer avancer. Jamie y arrivait peut-être, pas elle. Alors, la jeune femme voulait s'assurer qu'il serait bien là, comme il le lui avait dit. Il déposa une main dans ses cheveux, sans que son autre ne vienne l'étreindre. Il lui assurait une nouvelle fois qu'il serait bien là pour elle. Joanne voyait bien qu'il n'aimait croiser ses iris bleus. Il ne voulait certainement pas y voir toute cette peine, toute cette tristesse. C'était peut-être ça, ce qui était dur pour lui. Le bel homme semblait vouloir conclure ce bref et étrange échange en lui assurant qu'il lui transmettrait sa nouvelle adresse dès qu'il aura trouvé un logement. Joanne acquiesça d'un léger signe de tête en faisant quelques pas en arrière. Elle croisa ses bras et baissa à nouveau les yeux. Il se rapprocha de ses cartons afin de reprendre ses rangements, glissant un commentaire sur sa nouvelle couleur de cheveux. Elle était surprise qu'il puisse encore la complimenter. "Je suis allée chez le coiffeur sur un coup de tête, sans rendez-vous. Je leur avais dit que je voulais changer un peu. Ils m'ont suggéré un peu plus foncé, mais je ne m'attendais pas à autant. Je pensais que ça m'aidera à un peu plus apprécié mon reflet dans le miroir, mais c'est tout l'inverse." dit-elle avec un rire on ne peut plus nerveux. "Mais apparemment faut laisser un peu de répit aux cheveux avant de faire quoi que ce soit, alors j'attends un peu avant de retrouver une couleur qui se rapproche le plus de la mienne." Elle devrait arrêter d'essayer de faire confiance aux coiffeurs et se contenter d'aller voir celui qu'elle voyait habituellement. C'était d'ailleurs lui qu'elle était allée voir pour trouver quoi faire face à son problème. Joanne sentait son coeur se serrer ensuite lorsque Jamie disait qu'il passerait les fêtes de fin d'année en Angleterre. Ils en avaient parlé un jour, d'y aller ensemble une année. Certainement pas dans ces circonstances. Il suggérait même qu'elle vienne également avec Daniel. A quoi cela allait-il ressembler ? "Les billets d'avion seront hors de prix pour Noël, je peux pas me le permettre." dit-elle doucement. Du moins si elle veut espérer que sa maison ressemble véritablement à une maison. Et il y aura des frais sur place également. "Et quand bien même je viens, que suis-je supposée répondre à tous ces gamins qui nous demanderont pourquoi nous ne sommes plus ensemble, pourquoi sommes-nous venus tous les trois si nous sommes séparons, si nous sommes amoureux..." Ils restaient des enfants, ils n'avaient pas idée combien ce genre de questions pouvait blesser. Joanne hoqueta à cette simple idée qu'ils remueraient vivement le couteau dans la plaie sans même le savoir. "Je...Je vais y réfléchir, oui." finit-elle par dire, surtout pour elle-même. "Ou si tu veux emmener Daniel avec toi, ça lui fera plaisir." Si Jamie obtenait une garde de Daniel, les fêtes de fin d'année allaient être scindées en deux. Joanne n'avait pour le moment pas le coeur à fêter quoi que ce soit -et elle pensait ne pas le mériter surtout-, et leur petit sera certainement plus émerveillé en voyant les décorations de Noël à Londres plutôt que de rester juste avec sa mère. Qu'il emmène Daniel avec lui était une autre solution, qui permettrait à Jamie de passer plusieurs jours d'affilée avec lui. Le coeur serré, elle s'en voulait presque de ne plus avoir à dire quoi que ce soit pour pouvoir encore rester un peu, même si elle s'infligeait beaucoup trop de douleurs en restant si près de lui. Elle lui dit un timide au revoir en tournant les talons, voyant qu'il était bien trop occupé à remplir peu à peu ces cartons qui n'allaient pas tarder à être emmener jusqu'à un tout nouveau logement pour Jamie.