I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Il y avait déjà beaucoup moins de cartons dans la maison. Celle-ci n'était pas bien grande. Elle avait tout de même un étage où se trouvaient les deux chambres et la salle de bain. Le séjour était lumineux. La cuisine était séparée, mais une moitié du mur avait été cassé par les propriétaires précédents pour en faire une sorte de petit bar. Cela avait donné un peu plus d'espace et de lumière à la cuisine, qui n'était pas très grande. Il y avait deux baies vitrées sur le mur du fond du salon et salle à manger qui donnait sur une petite terrasse dallée. Comme dans son appartement, le bois restait la matière principal pour les meubles qu'elle choisissait au fur et à mesure. Nunki et Sirius avaient déjà défini où se trouverait leur panier, mais depuis l'emménagement, ils prennent un certain plaisir à dormir dans la même pièce que leur maîtresse. Ils étaient jeunes encore, mais elle parvenait à les dresser, avant tout pour mettre en sécurité Daniel. Les règles concernant le petit bout d'homme étaient étrangement beaucoup plus respectées que les autres. Cela ne faisait pas bien longtemps qu'il vivait là, mais le bébé semblait s'y faire. Elle jouait beaucoup avec lui à l'extérieur avec le beau temps. Le terrain était clôturé, et Nunki et Sirius n'étaient décidément pas du genre à s'enfuir. Les façades de la maison étaient blanches. Il y avait un bel érable planté et qui offrait un ombrage fort appréciable. Joanne avait pris le goûter avec Daniel à l'extérieur. Joanne lui préparait des compotes maison. Mais il prenait un malin plaisir à mâchouiller le boudoir qu'il recevait après avoir mangé sa petite dose de fruits. Joanne lui laissait la bavette parce qu'il en mettait partout et les chiens se plaisaient à récupérer les miettes qu'il laissait tomber. Lorsque le petit comprit cela, il tendait sa main pour que Sirius la lèche. Un petit rappel à l'ordre était nécessaire, Daniel était toujours un peu impressionné d'entendre la voix de sa mère devenir un peu plus ferme. "On leur donnera un peu de pâté ce soir, tu veux ? Je te montrerai." lui dit-elle avec un sourire. S'occuper de Daniel lui faisait le plus grand bien. Elle parvenait à rire et à sourire avec lui. Joanne avait envoyé un message à Jamie, lui disant qu'il était très urgent qu'il vienne, sans dire de quoi il s'agissait. Elle pensait régulièrement au jugement. La juge était particulièrement dure envers lui, et n'avait pas lésiné sur les sanctions. Néanmoins, il pouvait à nouveau voir Daniel. Joanne avait toujours sa tignasse brune, mais elle avait son rendez-vous chez le coiffeur prévu la semaine suivante. Cette maison lui plaisait. Elle était encore un peu vide, mais elle s'enthousiasmait beaucoup de son prochain salaire. De dépenser un peu d'argent dans de nouveaux meubles, dans de la décoration. Il fallait qu'elle finisse de faire le séjour et la salle à manger. Sa chambre venait en dernier. Ses vêtements traînaient encore dans des valises et des cartons. Elle avait de la chance, la salle de bain était flambant neuve, et grande comparée à la taille de la maison. Une douche à l'italienne et une baignoire, en plus du robinet et des rangements inclus. Les propriétaires précédents avaient de bons goûts. Elle se demandait si c'était aussi un couple qui s'était séparait, ou pour qui la maison n'était plus assez grande car il y avait un deuxième bébé en route. Elle l'ignorait. Une voiture arriva soudainement dans le quartier -difficile de louper celle de Jamie. L'air un peu paniqué, il s'approcha de Joanne et de Daniel. Celle-ci se leva en prenant le petit dans ses bras. "Bonjour." dit-elle avec un faible sourire. "Je me suis dit qu'il était très urgent que tu revois Daniel, et que ça ne pouvait plus attendre une minute de plus." finit-elle par lui dire doucement, en lui donnant un bébé plus que ravi à l'idée de se blottir contre son père. "Je t'ai écrit dès qu'il s'est réveillé." Et il aurait mangé et été changé le temps qu'il fasse la route jusque là. Elle lui avait transmis sa nouvelle adresse peu de temps après le jugement. "Je te laisse lui dire bonjour, je vais juste lui chercher un petit peu d'eau." dit-elle en récupérant le biberon en plastique avant d'aller à l'intérieur pour le remplir. C'était la moindre chose qu'elle pouvait encore faire pour Jamie, que de le laisser enfin revoir son fils et passer du temps avec lui.
Nul besoin d'être jugé misogyne ou patriarcal lorsque l'on dit qu'être mis à face une femme pour juge dans une affaire de violences conjugales n'est généralement pas dans la faveur du condamné, et cela fut encore une fois prouvé lors de la séance qui s'est tenue la veille au matin : le regard dur, la bouche pincée, il était certain que cette dame ne me tenait en haute estime ni moi, ni tous les hommes de mon espèce, et qu'elle tirait une grande satisfaction à l'idée de faire régner la justice au coeur de pareils dossiers dont elle se délecte de la traque incessante. L'on voyait également dans le pli de ses pattes de lion l'impatience et le contentement de la juge peu avant qu'elle n'énonce la peine qui fut déterminée pour mon cas. Absolument rien n'a joué en ma faveur. Ma célébrité m'a donné le statut d'exemple à donner, ma récidive en matière de brutalité, cette fois commise à l'encontre de mon ex-compagne, m'étiquette comme un homme dangereux, et notre fils est devenu un enjeu dans cette histoire. Ainsi, au sein de cette peine énoncée à haute voix devant la petite assemblée, aucun aspect dédommageable de l'affaire n'a été oublié de la punition, rien n'a été laissée au hasard. Une lourde amende et une longue période de sursis. En cas de récidive, allez à la case prison, ne passez pas par la case départ, ne touchez pas vingt-mille dollars. L'injonction d'éloignement est levée, en revanche aucun droit de garde sur Daniel ne me sera accordé avant que mon quota de dix séances de thérapie ne soit atteint à l'issue desquelles le psy en question statera sur la question. Il ne manquerait plus qu'un tatouage et une puce avant ma remise en liberté pour finaliser cette impression d'avoir été jugé comme un animal dangereux. Stoïque, blessé, désabusé, j'ai quitté le palais de justice et suis rentré chez Gabriella immédiatement, n'adressant un regard ni à Joanne, ni à Saul, ni à personne. A ce moment-là, la solitude fut la bienvenue. Et si les souvenirs de la soirée sont aussi flous, c'est certainement à cause de cette bouteille de whisky bien entamée par la honte et ma fierté décrépie. Je n'ai pas le temps de complètement reprendre mes esprits le lendemain matin -ou est-ce vraiment le matin ? La vibration de mon téléphone me tire de mon sommeil comateux, et le contenu du message en question suffit à me faire sauter du lit. C'est en me demandant qu'elle punition tient absolument à m'asséner le ciel que je roule jusqu'à la nouvelle adresse de Joanne qui requiert ma présence de toute urgence. Je me gare pour la toute première fois devant cette petite maison à l'aspect douillet, et foule la pelouse du jardin pour approcher de la jeune femme et de ce si beau bébé que je n'ai pas vu depuis des semaines. Mon coeur accélère soudainement en le voyant sourire lorsque j'entre dans son champ de vision. Sans attendre, sa mère me le dépose dans les bras. L'urgence, c'était que je le vois. « Que... » Je pose des yeux ronds sur la jeune femme qui ose me dire cela l'air de rien. « Joanne, tu te fiches de moi, j'ai cru que quelque chose était arrivé. » Je soupire en secouant négativement la tête. Je ne sais pourquoi Daniel imite cette gestuelle, ce qui fait renaître ce large sourire sur mes lèvres. « Salut mon bonhomme. » j'articule à peine, ému, avant de l'embrasser sur le front et de le serrer aussi fort que possible tout contre moi. Mon petit koala s'accroche à moi comme il en a l'habitude. « Tu m'as tellement, tellement manqué... » Tout excité, il ne reste pas blotti bien longtemps et se détache de moi pour réclamer des jeux en tapant dans ses mains. « Tu es trop adorable, on te mangerait tout cru ! » je m'exclame en lançant une invasion de bisous sur sa bouille joufflue et son petit ventre rebondi. Les chatouilles le font s’esclaffer et gigoter. Ces petits éclats de voix m'avaient tant manqué aussi. Joanne revient avec l'eau pour Daniel. Moins contrarié qu'un peu plus tôt grâce à l'effet apaisant du bébé, je lui fais tout de même remarquer ; « Tu pouvais simplement m'écrire que je pouvais passer voir Daniel et je serai arrivé tout aussi vite. » Je reporte ensuite mon attention sur Daniel qui attrape le biberon d'eau tout seul et se désaltère comme un grand. « Tu dis toujours pas ''papa'', hm ? Pa-pa. »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Il fallait s'attendre à ce que Jamie n'apprécie qu'à moitié ce degré d'urgence. L'air navré, la jeune femme baissé les yeux. "Je ne le ferai plus." dit-elle tout bas, avant qu'elle ne file remplir le petit biberon d'eau fraîche. Il était même crucial que Jamie voit son propre fils. Cela faisait bien trop longtemps. "Mais ça reste quelque chose de très important et de très urgent à mes yeux. Pour Daniel aussi." dit-elle lorsqu'elle revint. Elle caressa la joue de son petit et l'embrassa. La jeune femme aurait presque eu le réflexe de vouloir embrasser Jamie ensuite, par habitude. Pourtant, elle ne l'avait pas fait depuis des mois. Il suffisait de raviver certains réflexes pour en engendrer d'autres. Le bébé se blottit volontiers dans les bras de son père, absorbant tout son amour et toute sa chaleur. "Je ne voulais pas te contrarier. C'est vrai que j'aurai pu faire les choses simplement." admit-elle lorsque Jamie lui dit qu'elle aurait très bien pu juste lui écrire qu'il passe voir Daniel. Son père l'admirait boire seul, puis espérait lui faire dire une suite de deux syllabes identiques avec lesquels il l'appellerait plus tard. Le petit bonhomme répéta sans mal ces quelques mots, et voyant que ça faisait sourire son père, il en souriait aussi. Joanne ne voulait pas revenir sur le jugement, il n'y avait pas grand chose à dire. La sentence avait été particulièrement sévère. Saul en était certainement satisfait. Joanne venait à se demander si Jamie savait que c'était lui, et non Hassan, qui l'avait dénoncé aux forces de l'ordre. "Tu as commencé à chercher un logement, du coup ?" lui demanda-t-elle, maintenant que cette étape difficile était passée. Joanne avait déjà une vague idée du quartier qui l'intéressait. Peut-être qu'il avait déjà eu quelques maisons de présentées. Peut-être qu'il ne voulait plus du tout, de maison. "Je te laisse un peu seul avec lui, si tu veux." finit-elle par dire, surtout parce qu'elle se sentait de trop à cet instant. "J'ai des tas de choses à faire l'intérieur." C'était une excuse facile mais c'était surtout vrai. Ils n'allaient pas prétendre être une famille alors que ce n'était pas le cas, et même si elle était heureuse que Daniel soit si ravi de voir son père, elle, ça la blessait toujours énormément. Elle ne guérissait pas. Joanne tournait les talons pour aller s'occuper à l'intérieur. Toujours ce pincement au coeur, toujours si douloureux. Elle fit effectivement un peu de rangement, pour le peu de choses qui n'étaient pas en place. Elle n'avait pas vraiment le courage de monter la bibliothèque qu'elle avait pris pour le salon, alors elle montait dans sa chambre pour s'isoler un peu. Elle n'avait que le matelas et le sommier pour le moment. Le cadre de lit, tables de nuit, armoires et commode, ce sera pour plus tard. Elle entendait parfois les rires de Jamie et de Daniel, la fenêtre de sa chambre étant ouverte. La jeune femme se disait qu'elle ne pouvait décidément pas pleurer à chaque qu'elle le voyait. Elle n'en avait pas besoin, des larmes déjà tous les soirs sans qu'elle le voit. Elle ne comprenait pourquoi c'était toujours aussi douloureux. Joanne ne savait combien de temps elle avait traîné là. Elle allait dans la salle de bains pour se rafraîchir le visage, avant de prendre une grande inspiration et de descendre l'escalier, puis retourner à l'extérieur. Ils étaient toujours à l'extérieur, à profiter du beau temps. "Tu veux rester jusqu'à ce soit ?" lui proposa-t-elle. "Je pense qu'il sera content que ce soit toi qui lui lise l'histoire et le couche." Ca ferait une belle petite après-midi de retrouvailles qui se concluraient merveilleusement bien pour le père et le fils. "Mais si tu veux manger un bout, il faut juste que j'appelle, pour commander. Je n'ai presque que des aliments pour Daniel, dans le frigo." Et contacter Jamie pour qu'il reste avec Daniel était sur un coup de tête, elle n'avait absolument rien anticipé. Les chiens vinrent réclamer quelques câlins auprès de Joanne. Elle s'accroupit pour leur en donner. "Tu sais, tu pourras passer quand tu veux, pour le voir." Il savait quels jours il allait à la crèche, et Joanne ne sortait pas tant que ça en dehors de ces horaires là. "Si tu veux que je le fasse veiller un peu plus tard le soir, juste pour passer un peu de temps avec lui et le coucher. Ou, si tu veux encore passer des samedis ou des dimanches avec lui." Il savait qu'elle ne l'empêcherait jamais de le voir, au contraire, elle ferait en sorte que ce soit possible, et c'était ce qu'elle faisait. Au fond, Joanne voulait le voir lui, aussi, autant que cela pouvait encore être douloureux pour elle.
Répéter les sons, désormais Daniel sait le faire et s’en amuse bien. En revanche, quoi ou qui est papa, je doute qu’il le sache tout à fait encore. Mais il me plaît de l’entendre tout de même dire ces quelques syllabes, et le voir m’adresser pareil sourire. Il ne sait sûrement pas depuis combien de temps nous ne nous sommes pas vus, contrairement à si cela avait été le cas avec sa mère où chaque seconde hors de son champ de vision se transforme en heures pour le petit garçon. Moi je le sais. Et je sais aussi que désormais la rareté de nos moments ensemble me rendront toujours un peu plus impatient et heureux d’être à la fois suivante. C’est l’un des éléments qui me manqueront de notre vie d’avant. Le jugement passé, il m’est possible d’envisager la suite, à commencer par mon nouveau logement. Joanne, elle, est déjà bien installée, elle n’a guère perdu de temps. « Je vais commencer, oui. » je réponds, laissant comprendre que mon après-midi de la veille n’a pas été constructive à ce sujet, qu’aujourd’hui ne le sera pas non plus, et que les recherches débuteront dès demain. Elles ne devraient pas durer longtemps, quoi que mon principal obstacle sera certainement l’idée trop précise que je me fais du bien que je recherche. Du reste, bon nombre d’obstacles administratifs et financiers ne se dressent pas face aux démarches des membres de ma sphère. « J'avais déjà reçu quelques belles offres d'appartements du côté de Bayside, le quartier me semble réunir tout ce que j'aime. » Du calme et la proximité de la mer, une plage, le port, et forcément, en hauteur, de magnifiques vues. Le changement majeur sera mon retour dans un appartement, après des années passées dans une si grande maison et dans laquelle j’ai investi beaucoup de mon temps en travaux afin de toujours plus l’agrandir et l’embellir. Cela profitera à d’autres. « Et peut-être que papa s'achètera un bateau pour aller faire des tours en mer quand tu seras plus grand. » j’ajoute en m’adressant à Daniel, nous imaginant bien naviguer sur la baie tous les deux, observer les poissons à travers la surface claire de l’eau. Voyant que l’heure est à un moment père-fils ayant attendu bien longtemps, Joanne s’éclipse une heure ou deux. A vrai dire, je ne vois pas le temps passer. Le petit et moi profitons du beau temps dans le jardin, je ne me sens pas le bienvenu à l’intérieur. Qu’importe, un bébé a besoin de peu de choses pour se distraire, et nous avons assez d’espace pour effectuer de longs vols d’avion en couche. La jeune femme réapparaît en pleine séances de caresses sur le dos de Sirius, installé sur les jambes potelées de Daniel qui passe ses petits doigts dans son poil noir. Elle me propose de rester jusqu’au coucher du petit, une proposition que je ne me vois pas refuser vu la durée de mon attente pour être un peu auprès de lui. « Si ça ne te dérange pas... » je murmure avec un rictus reconnaissant. Tant que mes droits se résumeront à des visites, je ne m’imposerais pas autant bien souvent. « Je n'ai pas faim, merci. » je réponds également, ne comptant nullement abuser de l’hospitalité de Joanne à ce point-là. Même si elle m’autorise à user de ce droit de visite quand je le souhaite, il est évident que je ne viendrai pas tous les jours, par souci de correction. Elle en a la garde, et moi… Disons que nous ne sommes plus la famille que nous étions, et que chacun doit être à la place qui lui est désormais attribuée. « Je devrais pouvoir passer assez tôt pour qu'il n'ait pas à veiller maintenant. » Sans l’émission pour m’enchaîner à la radio tous les jours de la semaine jusqu’à dix-huit heures, il me sera plus simple de me libérer de temps en temps. « Nous nous arrangerons pour les week-ends. » Comprendre qu’il n’est pas question que je vienne ici une journée entière. Je me retourne vers Daniel, très concentré sur ses caresses, qui relève la tête avec un sourire afin que j’apprécie la qualité de son toucher consciencieux. Je lui caresse tendrement la joue. « Je viendrai te voir autant que possible mon bonhomme. » Sentant le regard bleu de Joanne par-dessus mon épaule, sans trop savoir si elle cherche à garder un œil sur moi et la manière dont je m’occupe de Daniel, je me sens une fois encore obligé d’abréger le silence ; « Tu as réfléchi pour les fêtes ? »
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Jamie comptait commencer les recherches de logement, et il ne cachait pas que Bayside était un quartier qu'il convoitait et où il comptait bien s'installer. C'était loin, très loin de Toowong. Peut-être valait-il mieux que ce soit ainsi, qu'il y ait une grande distance physique entre eux. La séparation se concrétisait de plus en plus au travers du jugement, du déménagement, et Joanne n'appréciait pas vivre tout cela. C'était plus dur qu'elle ne le laissait croire. Jamie devait certainement bien le savoir, c'était celui qui la connaissait le mieux. Elle sourit discrètement lorsqu'il disait à Daniel qu'il les imaginait bien naviguer tous les deux sur la mer. Le petit adorerait certainement ça, il n'avait pas vraiment froid aux yeux. Après quoi, Joanne s'éclipsa dans l'espoir de pouvoir s'occuper un peu et de ne pas avoir à trop penser Jamie. Ce fut un véritable échec, elle avait fini par s'isoler dans la chambre à ne songer qu'à ça. Lorsqu'elle était descendue, Daniel caressait doucement Sirius, et interpella sa mère d'un petit cri histoire d'avoir à nouveau toute son attention. "C'est ça, mon chéri, tu as tout compris. Il faut bien faire tout doucement." lui dit-elle doucement avec un regard attendri. Joanne avait ensuite proposé à Jamie de rester jusqu'au coucher de Daniel, doutant qu'il veuille rester une minute de plus ici une fois que la raison principale de sa venue n'était plus disponible. "Si je te le propose..." lui répondit-elle tout bas, en lui rendant son sourire, qui disparut bien vite de son visage. Il comptait certainement maintenir une certaine distance en refusant de manger quoi que ce soit dans la foulée. "Oh, d'accord." Bien que Jamie ne lui en avait pas parlé, la jeune femme avait remarqué que l'émission qu'il animait avait été annulée suite aux derniers incidents. C'était son choix, de ne pas lui en avoir parlé. Après tout, elle ne faisait plus vraiment partie de sa vie, n'est-ce pas ? Il fallait encore tout mettre en place avec ce droit e visite, et il comptait bien convenir avec elle le déroulé des prochains weekends. Joanne appréhendait déjà énormément tout ce temps qu'elle ne pourra pas passer avec Daniel. Même si elle le voyait quasiment toute la semaine, il restait le dernier qui lui permettait de continuer. Sans lui, Joanne ne savait que faire de ses dix doigts, et ne voyait plus vraiment de raison d'exister. Le vide était bien là. Comme à cet instant là, où elle ne savait pas quoi faire d'elle-même, si bien que Jamie se sentait obligé de faire la conversation. Joanne sursauta un peu, étant restée dans ses pensées pendant quelques minutes. Non, elle n'avait absolument pas songé aux fêtes de fin d'année. Elle avait pourtant eu Ewan au téléphone, lui disant que les enfants seraient heureux de la voir en période de fin d'année, et que l'ensemble du voyage serait pris en charge par la fondation. Cela restait dans le fond un voyage professionnel. "Pourquoi pas, oui." dit-elle tout bas avec un petit moment de réflexion. "Je pourrai garder Daniel lorsque tu auras des choses à faire." Jamie voudrait certainement se rendre au cimetière pour aller voir Oliver, il avait peut-être besoin de se balader dans la ville qui l'avait vu grandir. Mais un Noël ou un Nouvel An à trois était parfaitement inenvisageable pour elle. Elle n'avait pas vraiment le coeur à fêter quoi que ce soit. Daniel sera bien mieux en compagnie de son père, il arrivera à le faire rêver. Mais, même si elle ne voulait pas fêter Noël, elle s'était toujours mise en tête de trouver un cadeau pour Jamie. Elle avait déjà trouvé ce qu'elle voulait pour son fils. "Je vais aller commencer à chauffer le plat pour Daniel." finit-elle par dire au bout de longues minutes de silence. "Si tu veux rentrer avec lui, après, vous serez tous les deux bien plus à l'aise avec la chaise haute." La jeune femme entrait dans la maison pour aller à la cuisine et exécuter ce qu'elle comptait faire. La cuisine n'était pas grande, mais bien agencée. Elle avait bien assez de rangement pour les ustensiles et les provisions, et un bel espace de travail pour les préparations. Daniel pouvait désormais goûter à bien plus d'aliments et d'assaisonnements. Pour le soir, c'était une purée de légumes verts et du blanc de poulet, le tout fait maison. Joanne n'avait que ça à faire, alors autant s'y appliquer. Elle faisait recuire le tout à la casserole, et lorsqu'elle le servit dans le petit bol en plastique, Jamie et Daniel étaient là. "Le séjour est encore loin d'être fini, ça attendra le mois prochain." Il y avait des cartons de meubles à monter qui traînaient par terre, le canapé était déjà arrivé. Elle avait récupéré table de son ancien appartement -que ses parents voulaient à tout prix garder mais qu'ils n'avaient jamais utilisé-, le temps de se trouver le mobilier qu'elle préférait pour sa salle à manger. "C'est prêt !" dit-elle en s'adressant à Daniel, qui tapait dans ses mains d'enthousiasme. Il adorait manger.
Joanne donne l’impression d’effectuer sa réflexion au sujet des fêtes de fin d’année sur le moment même, faute d’y avoir pensé en avance. Même s’il lui est possible de simplement m’avouer que plus de temps lui est nécessaire pour faire le tour de la question, elle préfère me donner une réponse en demi-teinte, néanmoins positive, encouragée de ma part par un léger sourire. « Je n’ai pas d’affaires de prévues pour le moment, si ce n’est rendre visite à ma mère. » je l’informe en haussant les épaules. Je ne suis toujours pas allé voir Marie dans son centre de repos depuis que je l’y ai envoyée il y a de bien nombreux mois de cela. Lui faire une visite pour les fêtes est à mes yeux la moindre des choses. Du reste, mon temps sera dédié à la fondation et à ses pensionnaires. Si Daniel est présent, je limiterai au maximum les potentiels rendez-vous des donateurs souhaitant profiter d’une de mes rares venues en Angleterre pour me voir ou me rencontrer. « Je suis certain que cela nous changera à tous les idées. » Certes, nous n’oublierons ni le jugement, ni la séparation et tout ce que cela implique, mais peut-être que l’esprit de Noël aura une petite chance de nous mettre du baume au cœur. « Daniel rencontrera d’autres petits, et les enfants seront contents de te revoir. » j’ajoute. Cela sous-entend également que nous ne serons pas seuls tous les trois. Il y aura les plus petits, les plus grands, les jeunes, quelques encadrants. De quoi avoir la possibilité d’écarter les silences nerveux, voire même de ne pas être constamment l’un près de l’autre, mais bien occupés avec notre propre groupe de pensionnaires. « Cela fera une grande fête pour tout le monde. » Finalement, sûrement incapable de se contenter de petites conversations contre le silence, Joanne retourne se réfugier à l’intérieur avec le bon prétexte de devoir préparer le dîner de Daniel. Il n’est pas aisé d’être l’un près de l’autre, de s’adapter à cette nouvelle configuration. Mon cœur se serre, mais à force de crier de douleur les hurlements sont devenus de vagues échos que je ne discerne plus. Je peux les étouffer, faire comme s’ils n’existaient pas pour un temps, comme l’on retient sa respiration sous l’eau. Une mise en apnée qui me fait lâcher un long soupir une fois Joanne à l’intérieur. Daniel et moi ne tardons pas à la rejoindre. J’avance à pas timides dans l’entrée et le salon, observant les cartons encore pleins et les meubles déjà disposés de manière spartiate. La cuisine est visiblement la pièce la mieux aménagée. « Tu es déjà bien installée quand même. » Au signal de la jeune femme, nous nous installons à table, et cela a d’étranges airs de déjà-vu. Je m’occupe de nourrir notre garçon, dans un silence qui nous met tous mal à l’aise sauf lui qui se satisfait totalement de sa purée et de son blanc de poulet, à la fois sage et assez agité pour repeindre son bavoir. Comme à son habitude, Joanne insiste pour débarrasser et s’occuper de tout, nous envoyant jouer dans le salon. Assis par terre, adossé au pied du fauteuil, j’observe Daniel qui me montre tout ce qu’il sait faire avec ses jouets, les musiques, les lumières, dont je n’ai qu’à approuver d’un signe de tête avec un sourire pour le rendre heureux. Avec le temps, il se fait plus calme. Sa tétine en bouche, il joue avec son doudou. Puis il cesse tout pour m’adresser un regard. « Papa. » Mes yeux s’arrondissent. « Papaaaaaaaaa. » répète-t-il en s’avançant à quatre pattes vers moi, laissant ainsi bien deviner qu’il a compris de qui il s’agit, et faisant trembler sa voix à cause du tapotement de ses membres sur le sol –ce qui semble bien l’amuser puisqu’il continue à tenir la voyelle jusqu’à être parvenu jusqu’à moi. Plein de volonté, le petit koala me grimpe dessus presque tout seul pour avoir le câlin dont il a expressément besoin à cet instant précis. Peut-être sent-il que la fatigue le gagne, même s’il n’en a pas l’air, et que l’heure est aux étreintes avant d’aller au lit. Demain je ne serai plus là à son réveil. Tout ému, je le serre fort dans mes bras et embrasse sa petite tête. « C’est exactement ça mon trésor. » Puis j’adresse un regard à Joanne, qui paraît tout aussi ravie que moi des progrès de langage de notre fils, même pour un mot aussi basique. Ce n’est pas vraiment qu’un mot lorsque le petit parvient à l’associer avec la bonne personne ou le bon objet. « Tu as entendu ça ? » Il se pourrait que cela ne soit absolument pas son premier mot, et que je fus absent pour celui-ci au moment où Daniel l’a prononcé, ce qui serait on ne peut plus probable vu mes absences de ces derniers temps et les quelques heures par jour que nous partagions ensemble lorsque je rentrais du travail. Au moins, c’est le premier mot que je lui connais.
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Joanne regrettait subiement d'avoir accepté. Même si cela allait réjouir les enfants et les employés de sa venue, elle n'était pas sûre d'être capable d'en profiter comme tous les autres. Certainement était-ce un bon prétexte pour Jamie de la savoir fêter Noël sans se sentir obligé de veiller sur elle, quelque chose dans le genre. Il ne voulait rien y faire de particulier, si ce n'était de voir sa mère. Joanne se plaisait bien à oublier son existence, comme celle du père de Jamie. Aucun des deux ne s'était montré gentil ou appréciable, elle n'allait pas avoir pitié après tout ce qu'ils leur avaient fait. Elle fit un simple signe de tête, pour lui faire comprendre qu'elle avait bien entendu. Il semblait si sûr de lui lorsqu'il disait que cela leur changera les idées, pour tout le monde. "Peut-être bien, oui." dit-elle tout bas. Mais Joanne n'était pas vraiment convaincue de cela. Peut-être que ça lui apportera du bien à lui , elle ne voyait pas en quoi cela la soulagerait elle. Même s'ils n'allaient pas se parler durant les festivités, il était là, dans son champ de vision, à lui rappeler indirectement sa longue liste de toutes les erreurs qu'elle avait commises lorsqu'ils étaient encore en couple. Jamie voyait les fêtes de fin d'année d'un bon oeil, et Joanne appréhendait beaucoup. Mais c'était certainement une belle occasion de voir les enfants de la fondation. La jeune femme avait une certaine popularité auprès d'eux, et c'était toujours le cas, vu le nombre de dessins et de courrier qu'on ne cessait de lui envoyer. Elle préférait rentrer à la maison plutôt que de continuer à prétendre de faire la conversation -surtout qu'il n'y avait plus grand chose à dire, une nouvelle fois. Joanne avait constamment la gorge serrée lorsqu'elle le voyait. Elle se demandait comment lui gérait tout ça. Ca l'atteignait peut-être moins parce que c'était lui qui avait préféré déchirer leur couple de manière définitive. Il réapparut avec Daniel quelques minutes plus tard, prêt à lui donner à manger. "D'apparence peut-être. Mais je n'ai encore rien pour ma chambre, et il manque beaucoup de meubles pour ici. La cuisine et la salle de bain avaient été récemment refaites par les anciens propriétaires." dit-elle le regard bas, en haussant les épaules. C'était chez elle, mais c'était encore très loin d'être personnalisé. Rien n'était encore accroché aux murs, la terrasse avait besoin d'être nettoyée. Et toujours ce léger écho ans la pièce principale. Pendant que Jamie donnait à manger à leur enfant, Joanne restait en cuisine. Il y avait toujours quelque chose à ranger, ou à nettoyer. Jusqu'à ce que l'assiette de Daniel soit vide et qu'elle puisse aussi le nettoyer et laver la table. Pendant ce temps, père et fils s'occupaient ensemble. Jusqu'à appelle son père et se précipite sur lui pour l'enlacer. Joanne leva la tête et les regardait avec tendresse de la cuisine. Elle en sortit, le torchon pour s'essuyer les mains, et elle s'appuya contre le cadre de la porte. Elle acquiesça d'un signe de tête à Jamie, avec un sourire touché. "J'ai eu droit à un Maman avant-hier." lui dit-elle. Il reconnaissait les objets quand on disait leur nom, mais il y avait des voyelles qui étaient bien difficiles à prononcer. Il était encore jeune. [color=#006699]"Parfois, il raconte des histoires à son doudou. Un vrai langage de bébé. Je l'ai filmé plusieurs fois, c'était si adorable. Je pourrait te montrer les vidéos si tu veux." [/clor]Peut-être que Jamie voudrait les voir. Joanne avait de la chance avec Daniel. Malgré son jeune âge, il arrivait à jouer seul, et appréciait avoir de la compagnie dès qu'on le lui proposait. Il était toujours très fier de montrer ce qu'il venait de découvrir. Joanne les regardait avec affection, sans dire le moindre. Elle vit Daniel en train de somnoler, bien blotti contre son père. "Il est en train de s'endormir sur toi." dit-elle tout bas. "La chambre est à l'étage, c'est la première porte à gauche." La table à langer était dans sa chambre, la seule pièce de la maison entièrement aménagée et décorée, il n'y manquait rien. Du parquet recouvrait le sol. Les murs étaient peint en un vert pâle qui n'était pas trop criard. Elle avait aussi accroché des photos de lui, d'elle, de Jamie, et des grands-parents. Il y avait un large tapis bleu et vert qui couvrait le sol, le lit était collé contre un mur avec un mobile par dessus. Sur le mur de droite, des armoires et des étages pour ranger les vêtements, les jouets et les souvenirs. La fenêtre donnait sur le jardin. Sur l'une des commodes se trouvait une petite veilleuse, en forme de tortue. Il y avait toujours une chaise à bascule sur laquelle on pouvait le bercer ou lui lire une histoire. Joanne le laissa l'emmener et s'occuper de lui. Une fois n'est pas coutume, pendant ce temps, elle rangeait les jouets, tout ce qui avait pu être déballé par Daniel. Il avait un grand espace de jeu et le savait très bien. Elle remplissait ensuite les gamelles des chiens. "Je suis en train de faire chauffer un peu d'eau. Tu veux aussi un thé ?" demanda-t-elle à Jamie une fois qu'il était revenu au rez-de-chaussée, ayant laissé là-haut un Daniel qui s'envolait pour le pays des rêves. A moins que Jamie préférait rentrer de suite, ce qu'elle pouvait comprendre.
Evidemment, maman était le premier mot. Je ne sais même pas pourquoi mon cœur se pince tant le constat aurait dû être absolument évident. Daniel passe ses journées entières avec Joanne et je n’ai fait que me raréfier au moment où le petit débutait l’association de ces syllabes entendues tant de fois lorsqu’elles ne signifiaient encore rien. Je devrais plutôt m’étonner de l’apparition du papa aussi tôt. Qu’importe, je ne devrais pas me faire aussi susceptible pour si peu, ce qui est important ce sont les progrès de notre garçon, et son intérêt pour ce mot qui signifie tant pour moi. Silencieux, je garde Daniel dans mes bras, dont il ne semble pas vouloir se défaire cette fois. Bien accroché, bien calé, sa tétine en bouche, son doudou sous le bras, il se laisse somnoler, dorloter, aimer par ce papa dont il sait désormais le petit nom. Je caresse tendrement sa tête et dépose, de temps en temps, un baiser sur son front. Dans le calme, le petit garçon commence sa nuit, comme le remarque sa mère. « Je crois que c’était le but de la manœuvre. » je réponds dans un murmure, un sourire attendri aux lèvres. Je pense bien que Daniel avait envie de s’endormir dans mes bras, peut-être a-t-il compris que cela n’arrivera plus aussi souvent qu’auparavant. Joanne m’indique vaguement comment trouver la chambre du bébé, à l’étage. « D’accord, merci. » j’articule à peine. Daniel, comme son père, est un grand dormeur que des feux d’artifice sous sa fenêtre ne sauraient perturber sa nuit, néanmoins, par réflexe, nous faisons toujours le moins de bruit possible. Je monte donc les escaliers d’un pas feutré et trouve sans mal la porte menant à la chambre déjà parfaitement décorée. Joanne s’y est appliquée. Même si cela n’est plus réellement nécessaire, je chante tout bas une chanson au dormeur en le berçant pas après pas à travers la pièce, en profitant pour observer les détails. La veilleuse en forme de tortue qui doit bien plaire au petit amoureux des animaux. A la fin de la chanson, je dépose Daniel dans son lit, son doudou bien avec lui. Imperturbable. C’est à contrecœur que je m’en sépare et quitte la pièce, puis retourne au rez-de-chaussée, me retrouvant seul à seul avec la jeune femme. Rester pour un thé n’est une bonne idée pour personne, elle devrait le savoir. Il est sûrement trop tôt pour cela. Peut-être qu’un jour nous le pourrons sans trouver la présence de l’autre difficilement supportable. « Hm… C’est gentil, mais non merci. » je réponds, l’air désolé. « Je ne vais pas tarder. » Je ne suis pas pressé, je n’ai aucun impératif, et je n’ai même pas de chez moi où me rendre. Néanmoins, je ne peux pas rester ici plus longtemps. Cela ne serait pas… convenable, disons. « Merci de m’avoir permis de venir. » La remercier est bien la moindre des choses. Ce n’est pas tant pour cette fois-ci que pour toutes les prochaines à venir et pour lesquelles je sais que Joanne se rendra disponible afin que je puisse voir mon fils dès que j’en ai le temps. Nous avons toujours convenu de l’importance de la présence des deux parents auprès d’un enfant, et de notre volonté d’amoindrir mon absence autant que possible. Ces deux axes demeureront dans notre ligne de conduite. « Ca n’est vraiment pas ce que je voulais pour nous trois. Je regrette vraiment tout… Tout ça. » Cela s’apparente à d’énièmes excuses, et comme à chaque fois, elles interviennent bien trop tard pour défaire le mal. Maintenant, je sais que j’aurais eu intérêt à laisser Hannah hors de ma vie, à ne jamais interrompre mon traitement. J’ai créé cet immense gâchis. « Mais vous irez bien, j’en suis certain. J’aime bien cette maison, tu sauras en faire un vrai foyer, je n’en doute pas. » Un foyer sans moi. Mes lèvres se pincent. Je n’ai même plus peur d’être seul, en revanche, il est vrai, j’ai peur d’être remplacé. Dans son cœur, et dans celui de Daniel.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Peut-être que oui, Daniel avait bien compris que son père ne serait plus là tous les soirs pour jouer et faire des câlins. Peut-être qu'il voulait s'endormir dans ses bras et absorber un maximum de son amour et de sa chaleur. Elle les regardait monter à l'étage, afin que le petit puisse être dans son berceau. Jamie restait un moment en haut. La séparation devait être particulièrement difficile, mais il était désormais certain que Jamie n'aurait pas à attendre autant de temps pour le revoir. Les visites allaient être beaucoup plus fréquentes et il allait pouvoir maintenir ce lien père-fils. Joanne savait que c'était sa première crainte, que de perdre l'attention de Daniel, que celui-ci ne veuille plus le considérer comme père, à défaut de ne plus se rappeler qui il était réellement pour lui. C'était peut-être le dernier point sur lequel ils étaient d'accord, elle et lui, de l'importance d'avoir les deux parents présents. Hors de question que l'un ou l'autre soit mis à l'écart. Jamie redescendit quelques minutes plus tard. La jeune avait fait chauffé de l'eau pour se faire un thé. A vrai dire, elle avait déjà sorti deux tasses, ayant l'espoir qu'il reste encore un peu. Elle savait que ça allait être plus douloureux qu'autre chose. Mais elle voulait qu'il reste, elle espérait tant. Et forcément, il déclina la proposition. C'était étrange que chaque refus de sa part devenait un coup de poignard supplémentaire. La douleur était vive, intense, insupportable. Joanne sentait sa gorge se serrait et elle préférait baisser les yeux plutôt que de le regarder. Bien sûr, il préférait partir. Elle se maudissait, elle aurait s'y attendre. Elle fit un simple signe de tête lorsqu'il la remercia, préférant se concentrer sur la préparation de sa propre tasse de thé. "C'est normal." dit-elle d'une voix à moitié étouffée, tant sa gorge était serrée. Jamie s'excusait une nouvelle fois, en ajoutant en plus des regrets à tout ce qui s'était passé. Fut un temps où il disait que c'était entièrement de la faute de Joanne, mais la balance semblait s'équilibrer, et chacun admettait qu'ils étaient tous les deux fautifs dans tout ce qui s'était passé. "Moi aussi, je regrette." souffla-t-elle tout bas. Joanne n'arrivait pas à articuler quoi que ce soit d'autre, elle était sur le point de fondre en larmes. "Il ira bien." rectifia-t-elle tout bas. [color=#006699]"Daniel ira bien." Et c'était tout ce qui comptait à ses yeux. Pas elle. "Cette maison, c'est pour lui." Si c'était véritablement un foyer, c'était celui de Daniel. Elle essuyait ses yeux, d'où quelques larmes commençaient à couler. Finalement, elle n'avait plus vraiment envie de ce thé, et elle jeta l'eau infusée dans l'évier. Dos à lui, elle tentait de retrouver son calme en passant ses doigts dans ses cheveux dont elle n'aimait plus la couleur. Elle était surprise tout de même qu'il puisse apprécier cette maison. Elle ne savait pas pourquoi, elle s'était mise en tête qu'il ne l'aimerait pas. Jamie jugea de ne pas rester plus longtemps - peut-être qu'il n'en pouvait plus de la voir pleurer. La jeune femme fit l'effort de le raccompagner jusqu'à la porte d'entrée. "J'espère que tu trouveras un logement qui répondre à tes attentes, et que tu arrives à t'installer rapidement, que tu aies à nouveau un vrai chez-toi." Pas l'appartement de la soeur, ni un lieu qui abritait une femme qui n'était finalement devenue qu'une étrangère. Juste la mère de son fils. Joanne comprenait ce qu'il voulait dire lorsqu'il lui avait dit qu'elle était et restera toujours son premier amour. Mais elle se demandant ce que ça pouvait changer, si ce n'est que faire du mal en rabâchant ces mots à tout-va. Elle craignait aussi les soirées mondaines à venir. C'était la fin d'année, les galas allaient s'enchaîner et Ewan lui avait bien fait comprendre au téléphone qu'il valait qu'elle s'y rende, pour l'image de la fondation, autant en Angleterre qu'en Australie. Il parait qu'elle avait gagné une certaine popularité à Londres. Mais elle ne le ressentait pas vraiment jusqu'à Brisbane. Et Jamie sera aussi invité à toutes ces soirées. Il était encore ambassadeur, encore donateur. Leur chemin allait se croiser sans cesse sans pouvoir y faire quoi que ce soit. A chaque fois, cela allait être une nouvelle épreuve, un nouveau coup de poignard dans un coeur déjà on ne peut plus meurtri. "Jamie." dit-elle tout bas, alors qu'il s'était déjà en train de traverser le jardin pour rejoindre sa voiture. Malgré les joues inondées de larmes, elle faisait de son mieux pour garder son calme afin qu'il sache qu'elle pensait les mots qu'elle allait dire. "Prends soin de toi, surtout."