Du plus loin qu’elle s’en souvienne, créer des tenues avait toujours été un plaisir pour Rose. A l’époque où elle était artiste de cirque, concevoir les tenues de chacun faisait partie intégrante de la tradition familiale. Si certains se contentaient d’acheter des costumes de temps à autre, la famille de la jeune femme avait toujours mis un point d’honneur à les réaliser. La mère de Rose, d’une patience admirable, lui avait appris très jeune les bases de la couture. Elle avait ainsi commencé par la retouche d’un trou, l’ajout d’un détail, pour progresser et finalement réaliser l’ensemble des costumes aux côtés de sa mère. Il ne s’agissait pas seulement de faire le costume, il fallait aussi l’imaginer. L’imagination débordante de la petite Rose avait toujours été un atout clé pour la famille qui s’enjouait des changements fréquents de leurs habits de scène. Avec du recul, la rousse avait fini par admettre que cet aspect de son ancienne vie était probablement ce qu’elle préférait. La vie d’artiste de cirque, et plus particulièrement ses conséquences physiques, ne l’avait jamais aussi bien satisfaite que lorsqu’elle avait créé. Ces costumes qu'ils portaient n’étaient pas que de simples vêtements à ses yeux, ils étaient une façon supplémentaire de donner vie au spectacle, d’éblouir le public et de mettre en valeur l’artiste.
Bien loin de l’Europe et de son cirque, Rose avait eu la chance de pouvoir assouvir sa passion à son arrivée à Brisbane. Intégrer la troupe de théâtre de la ville australienne en tant que costumière avait été un réel déclic, une illumination. Si les costumes ne ressemblaient en rien à ce qu’elle avait pu créer jusqu’alors, Rose n’en était pas pour autant dépaysée. Au contraire, elle avait découvert dans cet endroit une multitude de possibilités, un univers sans fin où laisser libre cours à son imagination. Entre costumes d’époques ou tenues contemporaines, il n’existait aucune limite à ses fantaisies. Et c’était tout naturellement qu’elle avait fini par comprendre qu’il y avait encore bien d’autres opportunités pour elle. Son école de stylisme, qui lui avait causé du fil à retordre, lui avait-elle ouvert les portes de la mode, un univers qui lui était inconnu auparavant. Sous les conseils de ses collègues et certains amis, Rose s’était ainsi lancée dans la conception de croquis de mode, réalisant avec étonnement la joie qu’elle pouvait y prendre.
« Salut Rose ! Dépêches toi d’enlever tes affaires, il parait qu’Hannah a quelque chose à nous dire » Les cils battant, la jeune femme afficha un air surpris, acquiesçant sans contester à la demande de sa collègue costumière. Particulièrement intriguée par le sujet de cette annonce que la comédienne avait à faire, Rose s’empressa de retirer sa veste en jean – un brin trouée – et de déposer son sac en dessous de son bureau. « T’as une idée de ce qu’elle veut dire ? » demanda-t-elle d’une petite voix curieuse. Dans un hochement de la tête, son interlocutrice répondit aussitôt. « Aucune, c’est le mystère total » Plus intéressée que jamais par le suspens qu’avait engendré ce court échange, Rose s’installa, attendant bien trop impatiemment que la femme ne prenne parole. Ne souhaitant pas pour autant fixer Hannah de façon insistante, elle se résigna à trouver une occupation pas trop contraignante et ne demandant pas particulièrement d’attention. Il lui était facile de jeter de rapides coups d’œil vers l’actrice de temps à autres, guettant le moment où elle se déciderait. « Je suis trop curieuse maintenant, j’espère qu’il ne lui arrive rien de grave » chuchota-t-elle à l’intention de sa voisine de chaise qui lui rendit un sourire amusé. Visiblement sa collègue, qui n’avait jamais apprécié le caractère dramatique de l’actrice, se fichait bien de savoir si elle allait mal ou non, ce qui provoqua une grimace gênée de la part de Rose. « Ne sois pas mauvaise ! » Tandis que ses mots quittaient doucement sa bouche, la jeune femme vint taper gentiment l’épaule de son interlocutrice du bout de ses doigts délicats. Plutôt que de perdre son temps sur un sujet qu'elle n'aimait pas, Rose porta de nouveau son attention sur Hannah dans la plus grande attente.
« Et que penses tu de celui-ci? » Hannah tourna la tête vers le dessin qu’on lui proposait et elle fronça les sourcils, avant de se passer une main dans les cheveux. Elle pouvait sentir le début d’une migraine arriver et ce n’était absolument pas le but de cet entretien avec cette ambassadrice de chez Chanel. Hannah appréciait les efforts de cette dernière pour lui trouver une styliste digne de ce nom mais pour le moment tous les modèles de robe qu’elle avait présenté à Hannah étaient… classiques... De la haute couture, encore une fois. Sans absolument rien de plus. Hors ce n’était pas du tout qu’Hannah cherchait, il lui fallait quelqu’un… quelqu'un avec une vision neuve, quelqu'un de jeune, qui pourrait apporter sa propre touche à sa ligne et s’entendre avec Hannah. Oui, Hannah cherchait la perle rare et peut-être qu’une telle personne n’existait pas, mais elle voulait se lancer dans sa ligne avec la bonne personne, pas avec quelqu’un qui lui correspondait à moitié. C’était trop important pour être laissé au hasard. Si pour certains la mode se résumait à s’acheter une paire de jeans tous les six mois, pour Hannah s’était beaucoup plus que cela. C’était un art à part entière, une passion, une extension de son jeu d’actrice et surtout une manière d’expression. On en disait beaucoup avec ses vêtements et la brune savait mieux que quiconque que les apparences étaient absolument tout. Prétendre le contraire était juste une belle perte de temps et Hannah passait beaucoup trop de temps à soigner sa propre apparence pour qu'une ligne à son nom ne soit pas le reflet exact de cet aspect de sa personnalité. Rien que pour sa propre tenue du jour, on aurait pu penser qu’elle portait une simple chemise et une jupe mais non, la chemise au ton pastel était un cadeau et une création de Karl Lagerfeld, la jube était en chiffon et Valentino n’en avait fait que cent exemplaires cette année, et ses chaussures de chez Jimmy Choo ne se trouvaient qu’à New York. Une tenue qui se voulait décontractée, accentuée par le fait que la brune portait beaucoup moins de maquillage que d’ordinaire, mais qui en disait long sur elle et sur son humeur du moment. Et Hannah esquissa un énième sourire avant de répondre. « Tu sais ce qu'on dit … Rome ne s’est pas faite en un seul jour, il faut que j'y aille, j’ai un autre rendez vous important… et oui, je te promets d'y réfléchir, j’emporte les photos et les CVs avec moi… Je vais trouver un styliste avant la fin du mois… promis. » Le ton d’Hannah se voulait optimiste et elle rassembla ses affaires et la pile de dossiers avant de la faire disparaitre dans son sac de chez Chanel, sa promesse en était une vraie, trouver un styliste n’était que l’étape numéro un pour tout ce qu’elle avait prévu en tête et elle aussi, avait hâte de se jeter à l’eau. Hannah abandonna néanmoins la devanture chic des locaux de Chanel pour se diriger vers le théâtre, plus appréhensive qu’elle ne l’aurait pensé. Rejoindre la troupe de Saul était une chose, quitté la tout première compagnie qui l’avait recueillie quand elle était encore un nom inconnu à Brisbane en était une autre. Le directeur de la troupe était déjà au courant et après lui avoir demandé s’il y avait quelque chose qu’il pouvait faire pour la retenir, il avait fini par comprendre quand Hannah lui avait parlé de Saul pendant plusieurs longues minutes. Dix... non vingt. Et non ce n’était pas un mythe, la relation entre un metteur en scène et son acteur était très importante et Hannah savait que Saul la comprenait mieux que personne et ce en très peu de mots, une sensation plutôt rare dans leur milieu. Hannah poussa la porte de la salle de Redcliffe avec une main quelque peu tremblante, tout ce qu’elle faisait ces temps-ci c’était dire au revoir et cela commençait à lui peser lourdement. Elle avait hâte d’en finir avec tout ça et commencer une autre étape de sa vie, c’était plus que nécessaire pour la brune, elle avait envie d'aller de l’avant. Réunir toutes les personnes de la troupe fut une chose facile et debout face à eux, Hannah les gratifia d’un sourire sincère et se lança. « Merci de votre présence à tous. Je ferai de mon mieux pour être courte, je sais que beaucoup d’entre vous ont mieux à faire et que l’autre partie se demande si c’est juste un caprice de petite fille. » Hannah lança la pique à son égard en conservant son sourire, elle était plus que consciente de l'image que certains avaient d'elle. Et elle n'avait rien fait pour ne pas leur donner de bons arguments pour penser qu'elle était une diva, elle avait déjà aperçu certains de ses collègues avec des magazines de la presse à scandale avec sa propre tête et celle de Jamie en couverture... alors vraiment, autant ne pas tourner autour du pot. « Je vous rassure, ça n’en est pas un. » Hannah croisa les bras sur sa poitrine avant de poursuive : « Je tenais juste à ce que vous l’appreniez dans de bonnes conditions, je quitte la troupe de théâtre. Pour une autre compagnie oui, mais tout simplement parce que c’est une bonne opportunité qui s’est offerte à moi… Je vous ai surtout convoqué pour vous dire merci pour les quatre dernières années. » La nouvelle sembla en surprendre plus d'un et après le léger silence qui suivit son discours, Hannah fut surprise de se retrouver coincée entre deux étreintes et elle eut un léger rire avant de répliquer qu'il y en aurait pour tout le monde. Ils prenaient tous la nouvelle sur une note positive et certains promettaient de venir la voir la prochaine fois qu'elle serait une scène. La foule se dispersa légèrement et le regard de la brune se posa enfin sur Rose, la costumière. « Je crois que nos petits échanges pendant les essayages vont me manquer. » dit Hannah dans un soupir.
Dernière édition par Hannah Siede le Mer 21 Déc 2016 - 14:02, édité 1 fois
A l’inverse de sa collègue et de bien d’autres personnes ici, Rose avait toujours admiré Hannah. Dès lors première rencontre dans les locaux du théâtre, la jeune femme avait été éblouie par l’aura qui émanait d’elle. Jamais dans sa vie elle n’avait vu pareille prestance, ce qui n’était pas peu dire puisque nombreuses avaient été les personnes charismatiques qu’elle avait rencontré au cours de son existence d’artiste de cirque. L’actrice n’avait pas besoin de parler pour imposer le respect, une chose qui faisait la force de son image et l’admiration de la costumière. Ses tenues, toujours impeccables, lui donnaient chaque fois des étoiles dans les yeux. Si Rose n’était pas réellement cultivée en matière de marques avant d’arriver à Brisbane, son éducation s’était faite grâce à son école de stylisme et aujourd’hui elle savait. Elle savait que chaque pièce qu’Hannah portait était griffée d’une signature luxueuse. Elle qui avait l’habitude de porter des vêtements de deuxième main, ayant appartenu à sa mère ou à ses cousines plus âgées à l’époque, et aujourd’hui venant de friperies, enviait légèrement Hannah et la chance qu’elle avait de se permettre de telles folies.
Les yeux complètement absorbés par sa beauté et son élégance, la rousse ne réalisa pas immédiatement que l’actrice avait d’ores et déjà pris la parole face à eux. Battant rapidement des paupières, Rose revint à la réalité, plus attentive que jamais. « Merci de votre présence à tous. Je ferai de mon mieux pour être courte, je sais que beaucoup d’entre vous ont mieux à faire et que l’autre partie se demande si c’est juste un caprice de petite fille. Je vous rassure, ça n’en est pas un. » Comme elle s’y était attendu, sa collègue ne manqua pas de se tourner vers elle, levant les yeux au ciel pour souligner son exaspération. Ignorant totalement sa réflexion non dissimulée, la costumière ne répondit rien et porta de nouveau son attention sur Hannah, pleine d’impatience face à l’annonce qui ne serait tarder. « Je tenais juste à ce que vous l’appreniez dans de bonnes conditions, je quitte la troupe de théâtre. Pour une autre compagnie oui, mais tout simplement parce que c’est une bonne opportunité qui s’est offerte à moi… Je vous ai surtout convoqué pour vous dire merci pour les quatre dernières années. » Bouche-bée, Rose resta interdite l’espace de quelques secondes. Voilà une annonce à laquelle elle ne s’était pas attendue. Tandis que les conversations affluaient de toute part, provoquant un brouhaha désagréable, la jeune femme se perdit dans ses pensées. Si certains semblaient ne pas se sentir concernés, elle ne pouvait cacher la peine qu’une telle nouvelle déclenchait en elle. L’idée même de ne plus jamais la croiser, s’inspirer d’elle était bien triste, trop décevante. Le regard baissé vers le sol, Rose se laissa aller à sa tristesse quand une voix familière lui parvint aux oreilles. « Je crois que nos petits échanges pendant les essayages vont me manquer. » Alors qu’elle avait levé la tête vers la personne qui se tenait à ses côtés, un large sourire vint s’inscrire sur son visage enfantin lorsqu’elle réalisa son identité. Hannah. « A moi aussi » répondit-elle presque timidement, surprise et touchée par ses paroles. Plongeant sa main pâle dans sa chevelure de feu, la jeune femme tenta de cacher sa gêne et posa son regard sur le carnet posé face à elle. Il ne lui fallut pas plus longtemps pour réaliser qu’elle n’aurait plus l’occasion de dessiner en s’inspirant d’Hannah et que chaque croquis de vêtement qu’elle avait jusqu’à alors créé pour elle ne serait plus utile. Plus attristée encore, Rose prit alors conscience que cet instant était une chance qui s’offrait à elle. « Hannah ? » commença-t-elle en se mordillant la lèvre inférieure. « Je n’ai jamais osé vous les montrer jusqu’à maintenant pour ne pas vous déranger mais vous partez alors, je n’ai sûrement rien à perdre… » Pendant qu’elle parlait, ses mains avaient attrapé le carnet, ouvrant ce dernier sur des pages remplies de croquis, entre esquisses de robes et échantillons de tissus aux couleurs variées. « Je les avais dessinées pour vous » Un peu honteuse, elle baissa les yeux, approchant sans grande confiance le carnet sous les yeux de l’actrice. « Je suis sûre qu’on vous dessine de bien plus belles tenues tous les jours, je ne veux pas paraître impolie avec mes croquis d’amatrice ! Je voulais juste… Je voulais juste que vous sachiez que vous m’inspirez beaucoup » Le cœur battant plus vite que jamais, Rose posa son regard sur elle, un peu effrayée par sa réaction.
Dire au revoir n'était pas chose facile. Hannah était sûrement mieux placée que quiconque pour attester de ce fait. Son quotidien semblait ponctué d'au revoir ces temps ci et ce n'était pas quelque chose qui aidait son moral. Bien au contraire. Elle fermait des portes, beaucoup trop de portes ces temps-ci et naviguait désormais en terrain inconnu, chose qui n'était pas arrivée depuis longtemps. La brune n'était pas connue pour être nerveuse, après tout, elle n'avait jamais eu le trac et ce même la première fois qu'elle était montée sur scène. Elle ressentait toujours un brin d'excitation qui faisait qu'elle était incapable de rester en place plus de cinq secondes, son esprit lui répétant les lignes qu'elle devrait réciter sur scène. Mais là, la situation était différente, il s'agissait de la vie réelle et Hannah avait comme une espèce de boule au creux de l'estomac qui refusait de partir. Maintenant que la troupe avait été mise au courant, autant ne pas s'attarder ici et aller déjeuner avec son père. Hannah était donc prête à mettre le plus de distance entre elle et cette salle de théâtre qu’elle ne reverrait plus qu’en tant que simple spectatrice quand son regard croisa celui de Rose. La jeune fille semblait hésiter et Hannah haussa les sourcils, soudainement curieuse. La rouquine ne lui paraissait pas être timide, du moins elle ne l’avait jamais été face à elle, donc la comédienne ne comprenait pas la soudaine hésitation de la jeune fille. Elle la laissa néanmoins parler, décidant mentalement de ne pas l’interrompre. Hannah s’attendait à ce que Rose lui pose une question sur sa propre carrière ou lui demande un conseil, de femme à femme. Après tout, le moindre problème paraissait être une montagne à l’âge de Rose, pas vrai ? Les yeux couleur noisettes d’Hannah finirent néanmoins par se poser sur des croquis travaillés et élégants. « Je .... laisse moi voir ça. » Le ton d’Hannah ne laissa absolument rien transparaitre et sans attendre la permission explicite de la jeune fille, Hannah s’empara du carnet, tournant lentement les pages. Et dire qu’Hannah pensait que le talent de Rose se limitait à confectionner des costumes d’époque et à refaire des ourlets… Elle s’était trompée, et lourdement, et pour la première fois depuis une éternité, Hannah fut contente qu’on lui prouve qu’elle ne savait absolument pas tout. « C'est toi qui les a fait ... sans copier qui que ce soit pas vrai ? » La question pouvait paraitre vexante mais Hannah ne savait que trop bien que beaucoup de designers de leur époque se contentait de se faire influencer par ce qu’il voyait dans les magazines. Au fil des années, les collections et les fashion weeks ne faisaient que se ressembler et ça en devenait presque lassant. «C'est .... c'est.... impressionnant…» murmura Hannah. Elle arriva malheureusement à la fin du carnet et après avoir lancé un sourire à Rose, elle sortit son propre petit recueil de croquis. « Tu me montres les tiens je te montre les miens. » annonça la trentenaire, certaine que la jeune fille apprécierait le retournement de situation. Hannah s’attarda sur une robe en particulier, la coupe et le modèle lui rappelant un des croquis de Rose. « Je crois que nous avons définitivement les mêmes goûts. » Ce qui était un énorme compliment venant de la part d’Hannah. Elle ne laissa pas Rose le temps de se remettre de ses émotions et ferma son propre carnet, le rangeant de nouveau dans son sac. Hannah fixa la jeune fille pendant trente secondes de plus avant de prendre sa décision. « Dis moi Rose .... est ce que tu cherches un nouveau boulot? Et avant que tu répondes laisse moi t'inviter à déjeuner...» Et ce fut dans un claquement de talons aiguilles qu’Hannah ouvrit la marche, certaine que Rose la suivait.
Rose n’était pas une personne que l’on pouvait qualifier de sûre d’elle. Bien que toujours déterminée à se surpasser et douée de ses mains, jamais on ne l’avait entendu se vanter d’une idée ou d’une réalisation. Si en cours on la remarquait pour sa bonne humeur et sa sociabilité, la jeune femme devenait bien plus discrète lorsqu’il s’agissait de montrer ses travaux. Parce qu’à ses yeux ce qu’elle faisait n’était pas de taille, parce qu’à ses yeux il y avait toujours mieux qu’elle. Cette situation ne la dérangeait cependant pas, la satisfaction de produire quelque chose étant bien plus enrichissante que la gloire d’être la meilleure. Alors avec le temps elle s’était imposée à elle-même cette mise en retrait, préférant avant tout dessiner pour le plaisir que pour se faire remarquer. Aussi, jamais elle n’avait franchi le cap de montrer son carnet à Hannah, où pourtant grand nombre de ses croquis lui étaient destinés. Mais pour une fois, elle s’accorda cet instant un brin égocentrique. Il y avait de fortes chances pour que l’actrice se fiche de ses dessins, bien trop pressée à partir d’ici, mais il y avait aussi cette infime possibilité que ses esquisses retiennent son attention. « Je .... laisse-moi voir ça. » Comme à son habitude, la trentenaire affichait son expression la plus neutre, un aspect de sa personnalité qui faisait à la fois l’admiration et la crainte de Rose. Sentant son rythme cardiaque prendre de la vitesse tandis que l’actrice s’empara de son carnet, la rousse se mit à enrouler nerveusement ses doigts les uns dans les autres. Ses yeux bleu vif observaient son interlocutrice, à la recherche de la moindre expression qui trahirait sa pensée, impatiente. « C'est toi qui les a fait ... sans copier qui que ce soit pas vrai ? » La jeune femme ne manqua pas de remarquer l’insistance qu’Hannah porta sur le mot toi, néanmoins l’incompréhension de cette appui l’envahit. « Oui, c’est moi seule » répondit-elle d’une voix peu assurée, pas certaine de savoir si cette réponse était celle attendue par Hannah. « C'est .... c'est.... impressionnant…» D’abord incertaine d’avoir entendu ces mots compte tenu de la voix basse qu’avait empruntée l’actrice, la jeune femme aperçut de la satisfaction sur son visage, lui confirmant les mots qu’elle avait prononcés. Pas détendue pour autant, son cœur continua sur sa lancée, cette fois-ci d’excitation. « Vraiment ? » Puis avant qu’elle n’ait le temps de lui répondre, Hannah se mit à chercher quelque chose dans son sac sous le regard intrigué de la rousse. « Tu me montres les tiens je te montre les miens. » Flattée, elle s’avança vers elle, regardant avec la plus grande attention ce qui s’y trouvait. Avoir impressionné Hannah Siede était en soit un exploit à ses yeux, avoir le droit de regarder ses propres dessins relevait alors du rêve. « Je crois que nous avons définitivement les mêmes goûts. » Dans une expression d’émerveillement, la française détailla avec minutie le croquis que l’actrice lui désigna. Si les robes n’étaient pas exactement les même, les principales caractéristiques y étaient. Absolument subjuguée par un tel retournement de situation, Rose resta sans voix quelques instants. « Ça alors, vous ne pouviez pas me faire un beau plus compliment ! » s’exclama-t-elle comme une enfant.
Feuilleter le carnet de l’actrice pendant des heures n’aurait pas déplu à la costumière, néanmoins Hannah en décida autrement et le ferma sous ses yeux avant de le ranger à sa place initiale. La moue déçue, Rose remarqua le regard insistant qu’elle avait posé sur elle. « Dis-moi Rose .... Est-ce que tu cherches un nouveau boulot? Et avant que tu répondes laisse-moi t'inviter à déjeuner...» Elle avait lâché sa question telle une bombe et sans même lui laisser le temps de comprendre grand-chose à ce qui se passait, s’était retournée pour se diriger vers la sortie. Dans un coup d’œil vers sa collègue, Rose réfléchit une seconde puis enfila à toute vitesse sa veste, rangea son carnet dans son sac et le balança sur son épaule avant de rejoindre la brune d’un pas rapide. Lorsqu’elle arriva à son niveau, légèrement essoufflée, la jeune femme se permit de lui demander quelques précisions. « J’avoue ne pas avoir bien compris votre question, vous pensez que votre nouvelle troupe voudrait de moi ? » Habituée à dépasser ses interlocuteurs, la costumière fut surprise d’avoir à lever les yeux pour s’adresser à l’actrice. Déjà grande et élancée, elle la devançait de quelques centimètres du haut de ses talons aiguilles. Arrivant à la porte du théâtre, Rose s’empressa de passer devant elle, ouvrant la porte à Hannah et la laissa passer avant par politesse et respect. A peine avaient-elles posé un pied à l’extérieur qu’un homme posa son regard sur la trentenaire qui l’accompagnait. « Comment faites-vous à être si parfaite ? Cet homme vient de vous dévorer du regard » lui glissa-t-elle avec envie et admiration. « D'ailleurs je voulais vous dire... J'adore vos chaussures. Ce sont des Jimmy Choo ? » Tant qu'on était dans les compliments, elle pouvait être franche jusqu'au bout.
Hannah avait toujours été une femme expéditive et franche. Toujours. Ça n’était pas venu du jour au lendemain et il suffisait de voir les échanges que la brune avait avec son paternel pour comprendre d'où venait ce comportement. Nathan Siede n'avait jamais vraiment dit non à sa princesse et en plus d'un caractère capricieux, elle avait également développé une exigence folle. Envers sa propre personne mais surtout envers les autres, et Hannah ne mâchait pas ses mots. Elle avait envoyé valsé un bon nombre de personnes dans sa vie, parce qu’elles étaient soudainement devenues indésirables et n’étaient plus digne de recevoir son attention. Comme ça, un simple claquement de doigts, un simple battement de cils suffisait pour que n'importe quel visage devienne inconnu aux yeux de la brune. Donc tout intérêt soudain qu’Hannah pouvait porter à quelqu'un était important, et elle sut sans absolument aucune hésitation que Rose allait lui suivre et même au bout du monde s’il le fallait. « Non Rose, je ne faisais pas référence à ma nouvelle troupe. » répondit simplement Hannah, la remerciant du regard alors que la jeune fille lui ouvrait la porte. Elle était décidément beaucoup trop sage pour son propre bien se dit Hannah, ses yeux couleurs noisettes alternant entre la rouquine et les rues de Brisbane qui s’offraient désormais à elles. La brune dirigea son attention pendant quelques minutes vers son chauffeur et d’un signe de tête elle lui fit comprendre qu’il était temps pour eux de partir et en très bonne compagnie. Au moment où Rose avait mentionné ses chaussures, la brune avait baissé le regard vers les fameuses Jimmy Choo, un franc sourire sur les lèvres. N’importe qui qui connaissait Hannah savait qu’elle avait un véritable faible pour les chaussures, un simple coup d’oeil à sa penderie pouvait le confirmer, c'était bien plus qu'une histoire de talons pour elle. Au risque de paraitre cliché, entre ses Jimmy Choo et elle c’était plus comme une relation de très longue date qui remontait à plus d'une décennie. « Tu as l'oeil … On devrait aller faire du shopping ensemble un de ses jours. » Est-ce qu’Hannah venait de se donner une excuse de plus pour faire chauffer sa carte de crédit ? Probablement, mais en plus d’avoir un bon style personnel, Rose avait la silhouette parfaite et Hannah pouvait déjà la voir sublimer dans les tons fleuris de chez Valentino ou alors un designer un peu plus moderne comme Zac Posen ou Harvey Nichols. La mode n’avait vraiment aucun secret pour la Siede qui associait cette discipline à de l’art pur et simple. Un art que peu de personne était en mesure de comprendre et certainement pas l’homme que Rose venait de lui montrer, ce dernier toujours en train de reluquer Hannah. Cette dernière se retourna pour l’observer et tout en lui lançant un sourire hypocrite, elle lâcha un simple. « Les hommes aiment penser qu'on s’habille pour eux n’est-ce pas ? » Et c’était tellement loin de la vérité. Hannah ne s’était habillée pour personne d’autre qu’elle-même aujourd’hui, juste pour dire quelque chose et pas forcément pour qu’on l’entende. Elle finit par apercevoir les reflets de sa Bentley noire et elle ouvrit son sac pour en sortir une paire de lunette de soleil de chez Chanel, qu’elle posa sur son nez tout en s’adressant à Rose. « Je ne suis pas parfaite crois-moi. Il se trouve juste que j’ai un compte en banque bien fournis… et que les hommes sont simplement attirés par ce qu’ils ne peuvent pas avoir. » Elle posa une main sur l’épaule de Rose alors que la voiture se garait près d’elle. « À savoir la confiance en soit mais ça… c’est une leçon pour un autre jour. » La journée ne faisait que commencer après tout et si Hannah se mettait à donner des conseils maintenant, elle allait s’écouter parler pendant des heures. « … Après toi. » Elle laissa Rose monter la première tandis que le chauffeur leur ouvrait la porte et elle grimpa dans la voiture à sa suite, toujours ce fin sourire sur les lèvres. Hannah donna ensuite des instructions précises au chauffeur avant de se mettre à pianoter sur son téléphone portable. « Laisse-moi juste annuler mon déjeuner avec mon père et je suis tout à toi. » Une chose qu'Hannah n'aurait pas faite en temps normal mais quand il s'agissait de business, les Siede étaient plutôt justes et Nathan avait déjà annulé certains de leurs déjeuners pour les affaires alors il comprendrait pas de doute là dessus. « Et non… je ne parlais définitivement pas d'une place dans la troupe de Saul non. Je ne vais pas tourner autour du pot mais je suis en train… enfin j'essaye de lancer ma propre ligne et mes amis de Chanel ont gracieusement accepté de m’aider à mettre sur pied une collection histoire de me tester. » Hannah préférait dire les choses telles qu'elles l'étaient, si on lui faisait confiance en tant que fashionista et mannequin, elle avait encore ses preuves à faire en tant que créateur. « Le problème c’est qu'aucun des styliste qu’ils m'ont proposé ne me convient. Je cherche quelqu’un d’inexpérimenté et avec du talent. » Elle baissa ses lunettes de soleil et jeta un regard insistant à Rose. « Et c’est là que tes dessins pourraient entrer en jeu. »
Rose était ce qu’on pouvait appeler, une suiveuse. Elle n’avait aucune idée de l’endroit où Hannah allait l’emmener et pourtant, elle y courrait, le sourire aux lèvres. Sa confiance débordante pour l’espèce humaine lui avait de nombreuses fois joué des tours, néanmoins elle recommençait toujours. Dans son esprit, tout le monde lui voulait du bien. Et si maintenant cette actrice lui demandait de la suivre jusqu’au bout du monde, les chances pour qu’elle la suive sans broncher étaient bien grandes. Derrière Hannah, elle était cette petite luciole aveuglée et constamment attirée par la lumière. Si bien qu’elle n’avait pas réfléchi aux conséquences de son départ soudain, comme le fait que quitter son lieu de travail sans prévenir ou même demander l’autorisation n’était pas correct. L’idée ne lui traversa même pas la tête, bien trop concentrée sur ce qu’elle avait lâché avant de partir comme une reine. « Non Rose, je ne faisais pas référence à ma nouvelle troupe. » Ce n’était pas réellement la réponse à laquelle elle s’était attendue, et encore moins le degré de précision qu’elle avait espéré. Pourtant elle n’insista pas, probablement par peur de paraitre un peu soulante. A l’instar du plus obéissant des petits chiots, elle suivit sans broncher Hannah jusqu’au bord du trottoir, lui faisant remarquer timidement son amour pour ses chaussures. En réalité, Rose aimait tout ce que la trentenaire portait, mais la complimenter sur chacun de ses vêtements pouvait encore une fois la faire passer pour énervante. Aussi avait-elle fait un choix, penchant pour ces chaussures qui la faisaient tant rêver. « Tu as l'œil … On devrait aller faire du shopping ensemble un de ses jours. » Faire du shopping avec l’actrice et mannequin Hannah Siede. Était-elle en train de rêver ou cette proposition était-elle bien réelle ? « J’adorerais mais… vous savez je ne peux pas trop me permettre de m’offrir ce genre de vêtements. Les seules Jimmy Choo que je pourrais espérer avoir un jour seraient des chaussures de quatrième mains, dégottées dans une friperie un jour de chance » avait-elle répondu, reprenant un peu du poil de la bête et son caractère si bavard. Tandis qu’elle avait répondu, la rousse s’était imaginée à la place d’Hannah, riche et capable de s’offrir tout ce dont elle désirait. Bien que peu matérialiste, il était évident que pour une fan de mode, l’idée même de pouvoir s’acheter de nouveaux vêtements constamment – griffés qui plus est – était un rêve. Cependant, le siens ne risquait pas de se réaliser tout de suite. Faire des costumes pour un théâtre ne rendait pas riche. Et alors qu’elle pensait que sa remarque concernant un homme bien peu discret qui avait reluqué Hannah était passée aux oubliettes, cette dernière revint sur le sujet. « Les hommes aiment penser qu'on s’habille pour eux n’est-ce pas ? » Rose aurait aimé être en mesure de répondre dans son sens mais la vérité c’est qu’elle n’en avait aucune idée. Du haut de ses vingt trois ans, la jeune femme ne connaissait rien aux hommes et au jeu de séduction des femmes. « Je ne suis pas parfaite crois-moi. Il se trouve juste que j’ai un compte en banque bien fourni… et que les hommes sont simplement attirés par ce qu’ils ne peuvent pas avoir. À savoir la confiance en soit mais ça… c’est une leçon pour un autre jour. » Les yeux brillants d’admiration, l’étudiante écoutait son interlocutrice parler avec la plus grande des attention. Elle prenait chacun de ses mots comme un conseil précieux à enregistrer quelque part dans sa mémoire. Un mantra à adopter pour vivre une vie encore plus belle. « C’est réussi alors, parce qu’à mes yeux vous êtes parfaite » Rose n’était pas une fayotte, elle ignorait d’ailleurs probablement ce que ce terme signifiait, elle était juste gentille. Beaucoup trop gentille et franche. Dire à Hannah tout ce qui lui passait par la tête relevait de son admiration pour elle, tout simplement. Et elle devoir s’habituer.
« … Après toi. » N’ayant même pas remarqué que la voiture d’Hannah était arrivée à leur niveau, Rose s’exécuta et pénétra à l’arrière de la voiture, saluant avec politesse le chauffeur. Il n’y avait pas à dire, cette femme avait de la classe pour tout. Jamais elle n’avait eut l’occasion de monter dans une telle voiture. C’était presque un honneur. « Laisse-moi juste annuler mon déjeuner avec mon père et je suis tout à toi. » Beaucoup trop impressionnée pour pouvoir parler, Rose hocha la tête pour valider ce qu’elle venait de lui dire et se mit à toucher toutes les matières qui venaient rencontrer ses yeux. Son grand-frère Charlie serait probablement fou de jalousie de la voir dans une telle voiture. Elle n’allait pas lui manquer de lui faire savoir en rentrant ce soir, voilà qui était certain. « Et non… je ne parlais définitivement pas d'une place dans la troupe de Saul non. Je ne vais pas tourner autour du pot mais je suis en train… enfin j'essaye de lancer ma propre ligne et mes amis de Chanel ont gracieusement accepté de m’aider à mettre sur pied une collection histoire de me tester. » A son plus grand bonheur, Hannah avait décidé de revenir sur le sujet de sa proposition d’emploi sans que la costumière n’ai besoin de lui poser une nouvelle question. Le projet qu’elle évoqua n’étonna même plus Rose qui se dit alors que cette femme était tout bonnement capable de tout. Une raison de plus de faire d’elle son modèle. La bouche entre-ouverte, elle continua de l’écouter, muette. « Le problème c’est qu'aucun des styliste qu’ils m'ont proposé ne me convient. Je cherche quelqu’un d’inexpérimenté et avec du talent. Et c’est là que tes dessins pourraient entrer en jeu. » L’espace d’un instant, Rose resta bloquée sur ce qu’elle venait d’entendre, l’air sûrement stupide à fixer Hannah avec la bouche ouverte. Cette femme dont la vie la faisait rêver envisageait de l’engager elle, elle cette jeune étudiante si imparfaite pour réaliser sa ligne de vêtement. Oui elle avait insisté sur le fait que rien n’était sûr, mais le simple fait qu’elle y pense scotcha Rose. « Désolée, ça alors, je ne m’y attendais pas du tout ! » parvint-elle enfin à répondre après un léger silence nécessaire pour avaler l’information. « J’en serai tellement honorée ! Dîtes-moi ce que je peux faire pour vous aider à prendre une décision. Je suis prête à travailler jour et nuit pour vous, à passer tout mon temps libre à réaliser des croquis ou des échantillons pour vous montrer ce dont je suis capable. » Son excitation était clairement visible dans le ton de sa voix, et ses yeux brillaient avec une lueur profonde pendant qu’elle s’exprimait. Son portable se mit alors à vibrer, son écran affichant un SMS de sa collègue lui demandant si elle avait l’intention de revenir bientôt au travail. « Je pourrais quitter la troupe pour vous sans aucun souci. J’ai beaucoup appris là bas, c’est indéniable, mais ce n’est pas le métier de mes rêves. Créer une ligne de vêtements c’est autre chose, c’est… le but ultime » Consciente qu’elle s’était peut-être un peu trop projetée alors qu’Hannah n’avait fait qu’évoquer son implication dans son projet professionnel, Rose reprit son calme. « Je suis consciente que rien n’est sûr, mais je suis prête à me battre pour être celle qu’il vous faut. » avait-elle conclut avec un ton ferme et motivé. « Vanessa me demande vers quelle heure je pense revenir au travail, vous avez une idée de l’heure à laquelle on aura terminé de déjeuner ? » demanda-t-elle en faisant référence au message qu’elle avait reçu un peu plus tôt de sa collègue. Retourner là bas n’était pas sa priorité, mais si Hannah n’était pas certaine de la prendre, il ne fallait pas risquer de se faire virer par le théâtre.
Starseed
Spoiler:
Désolée pour l'attente, j'ai pris du retard avec la CON
« Rose, crois-moi, si nous allons faire du shopping toi et moi ensemble, l’argent ne sera pas un problème. » avait simplement dit Hannah pour couper court à la conversation. Elle trouvait Rose particulièrement adorable et la jeune fille devait absolument la voir quand elle avait une idée derrière la tête et que cette idée impliquait de relooker quelqu’un. Elle était certaine que la plupart des vêtements qu’elle avait dans sa penderie pourrait aller à Rose et Hannah se fit une note mentale de montrer son immense dressing à la couturière; cette dernière ne la prendrait surement pas de haut et ne rigolerait probablement pas en voyant qu’Hannah avait besoin d’une vingtaine d’étagères pour ranger toutes ses paires de Jimmy Choo. Enfin... celle de cette saison. Plus qu’une lubie, Hannah considérait la mode comme un art à part entière, et c’était sa façon préférée de dire au monde qui elle était. Cette ligne qu’elle voulait lancer représentait un peu tout cela, la Hannah qu’elle voulait montrer au monde, elle ne comptait pas mentir, elle voulait que les gens voient tout, aient envie de rentrer dans son monde et en ressortent changés. Oui, la brune était convaincue qu’il était possible de faire tout ça avec une simple robe et à en juger par le silence de Rose alors qu’Hannah venait de lui faire son offre, le sentiment était partagé. Hannah eut un franc sourire alors que la rouquine reprenait la parole plus qu’enthousiaste à l’idée de rejoindre Hannah et son petit projet. « … Je n’ai pas encore pris de décision Rose. » se sentit obligée de répliquer la trentenaire. Non pas qu’elle était en train de claquer la porte au nez de Rose, loin de là, Hannah pensait juste qu’une dose de réalité était nécessaire, elles n’y étaient pas encore, les prochains mois qui arrivaient s’annonçaient décisifs. En plus de trouve rune bonne styliste, Hannah et Rose devraient se pencher sur un concept et une idée pour leur tout première collection, trouver des modèles, réussir à se faire connaitre… Ce n’était que le début en somme. Et Hannah ne tolérait déjà pas les interruptions vu qu’à la toute dernière question de Rose, elle se pencha vers la jeune fille pour s’emparer de son téléphone. « Je peux ? Merci…! » C’était une pure question de rhétorique vu qu’Hannah avait déjà le téléphone dans sa main et qu’elle envoyait déjà une réponse à la collègue en question, pour lui faire savoir que Rose ne serait pas joignable dans les prochaines heures. « Je viens de libérer ta journée. Oh nous sommes arrivées. » Hannah rendit son téléphone à Rose le plus naturellement du monde et sortit de la voiture. Elle guida Rose à travers les portes du restaurant, retirant enfin ses lunettes de soleil, pour saluer le maitre d’hôtel. Ce dernier voyait Hannah tellement souvent qu’il lui offrit un sourire avant de saluer poliment Rose et de demander à Hannah où elle voulait déjeuner aujourd’hui. Hannah étudia rapidement la salle du restaurant du regard et poussa un soupir en voyant des amis de son père et des gens qu’elle croisait au gala où son père la forçait à se rendre. « Nous aurions besoin d’un peu d’intimité… et le plus loin possible de … » La brune roula des yeux alors qu’elle venait de se faire remarquer et elle eut un autre soupir quand Cecilia Thorpe se dirigea vers elle. « Je jure que si j’entends encore une dois Cecilia me vanter les mérités de la dernière cure thermale ou du SAUNA où elle s’est rendue je… Cecilia ! » L’actrice passa d’une expression à une autre trop facilement et après une bise échangée avec la femme mariée, elle passa un bras autour de Rose. « Oui je déjeune avec une amie aujourd’hui, mon père est occupé, hmm. » Pour éviter les questions qui allaient surement venir, elle tira Rose vers une salle libre, coupant court à une conversation qu’elle n’avait pas envie d’avoir. Preuve qu’elle était tout sauf parfaite. « Tu peux commander tout ce que tu veux... je n'ai pas très faim pour ma part. » lâcha Hannah, une fois le menu dans les mains. Elle le connaissait par coeur et le reposa rapidement, ses yeux toujours sur Rose. L’esprit d’Hannah ne cessait de revenir vers les croquis de la jeune fille et elle sut qu’elle ne pouvait plus avoir une simple conversation avec elle, et qu’elles allaient forcément parler affaires. « Je me doute bien que ma demande arrive de nul part, et je ne compte pas te faire travailler d’arrache pied jour et nuit, me tourner les pouces et récolter les compliments ou autre…c’est quelque chose qui me tient à coeur et je cherche vraiment quelque qui a la meme vision que moi. » Hannah le savait, elle n’était pas styliste, au niveau de la technique, elle devait être bien loin derrière les plus grands et n’avait jamais touché à une machine à coudre de sa vie. Mais elle savait dessiner, elle était créative, avait des idées à revendre, savait comment poser et était toujours la première à passer des heures pour élaborer des ensembles compliqués pour sortir. « Tu aurais un vrai contrat et ce serait un vrai métier… mais il me semble que tu fais encore tes études non ? »
« Rose, crois-moi, si nous allons faire du shopping toi et moi ensemble, l’argent ne sera pas un problème. » Hannah avait répondu avec la plus grande simplicité du monde, comme si rien ne pouvait l’atteindre. Comme si toute épreuve de la vie lui semblait trop facile. Ébahie, la rouquine n’avait pas trouvé la force de répondre. Encore eu-t-il fallut que l’actrice le lui permette. Sa réponse avait sonné comme une conclusion, une information qu’elle n’était pas en mesure de contester. Dans le fond, Rose n’avait pas réellement envie de la contredire. Presque déjà partie dans ses rêveries, elle s’imaginait les mains pleines de sacs de haute de couture aux côtés de la trentenaire. Maintenant qu’Hannah avait évoqué son désir de l’engager comme styliste pour sa collection, plus rien ne semblait pouvoir la faire revenir sur Terre. Malgré la valeur plus qu’hypothétique de son annonce, la jeune femme s’y voyait déjà, sûrement trop. Cela expliquait le flot de paroles qui s’écoula de sa bouche, cherchant par tous les moyens à se vendre auprès de la femme d’affaires qu’était son interlocutrice. « … Je n’ai pas encore pris de décision Rose. » Bien qu’elle ne l’ai pas dit sur un ton méchant ou agressif, Rose reçut cette remarque comme un coup. Toute once de joie avait disparue de son visage, laissant place à une expression de soumission. Ne sachant que répondre à ce retour à la réalité quelque peu violent, elle se contenta d’informer Hannah qu’elle était demandée par le théâtre. Information qui ne sembla pas lui plaire. « Je peux ? Merci…! » Sans avoir une seconde pour lui donner l’autorisation de prendre son téléphone portable, la brune s’en empara et se mit à répondre rapidement au message envoyé par Vanessa. Un peu loin d’elle, Rose ne parvint pas à lire ce qu’elle marquait, un peu anxieuse à l’idée qu’elle ne lui porte du tort. « Je viens de libérer ta journée. Oh nous sommes arrivées. » Toujours aussi docile, la rouquine reprit aussitôt possession de son portable, vérifiant discrètement ce qu’Hannah avait écrit alors qu’elle était occupée à descendre de la voiture. Rien de grave, à son plus grand soulagement. Ne souhaitant pas la faire patienter, l’étudiante s’empressa de sortir à son tour, rejoignant Hannah devant l’entrée du restaurant.
La jeune femme ne put contenir un son d’émerveillement alors qu’elles pénétrèrent dans l’entrée, luxueuse comme elle n’avait jamais vu. « Nous aurions besoin d’un peu d’intimité… et le plus loin possible de… Je jure que si j’entends encore une dois Cecilia me vanter les mérités de la dernière cure thermale ou du sauna où elle s’est rendue je… Cecilia ! Oui je déjeune avec une amie aujourd’hui, mon père est occupé, hmm. » La beauté des lieux lui coupait tellement le souffle, que Rose ne parvenait pas à entendre distinctement ce qu’Hannah lui disait. Ou racontait à cette femme qui s’était approché d’elle. Tout le monde ici respirait l’argent, la classe, un monde différent du siens. Dans un coup d’œil vers sa tenue, l’étudiante se sentit soudain honteuse. Elle ne ressemblait à personne ici et faisait tâche. L’idée qu’elle puisse faire honte en ruinant l’image si classe d’Hannah la contraria grandement. Elle n’eut pas le temps de s'apitoyer plus longuement sur son sort que la trentenaire l’attira dans une salle voisine, plus calme et moins peuplée à son plus grand plaisir. Au moins ici il n’y avait personne pour la trouver ridicule. Alors qu’elles s’étaient installées à une table, Hannah reprit la parole. « Tu peux commander tout ce que tu veux... je n'ai pas très faim pour ma part. » Tout ce qu’elle voulait était bien plus limité que la trentenaire ne pouvait sûrement l’imaginer. Les trois quart des plats présents sur la carte – pourtant très alléchante et qualitative – ne convenaient pas à son régime alimentaire. Néanmoins il n’était pas question de faire la difficile devant elle. Sa recherche fut cependant très rapidement écourtée par une nouvelle prise de parole de son interlocutrice. « Je me doute bien que ma demande arrive de nul part, et je ne compte pas te faire travailler d’arrache-pied jour et nuit, me tourner les pouces et récolter les compliments ou autre…c’est quelque chose qui me tient à cœur et je cherche vraiment quelque qui a la même vision que moi. » Notant intérieurement toutes les indications qu’elle pouvait lui donner, Rose hochait la tête à chaque parole prononcée par son interlocutrice. « Je comprends tout à fait. Je ne vous cache pas que je souhaite que vous réalisiez que nos visions se rejoignent, il suffit de regarder nos croquis qui sont très similaires… mais je ne veux pas pouvoir vous faire défaut. Lancer une ligne de haute couture est un énorme défi et je ne veux pas être la raison d’un échec, si jamais la collection ne plait pas ou je ne sais pas…. Alors je ne le prendrais vraiment pas mal si vous ne me choisissez pas, rien que d’avoir pu tenter l’aventure me suffira. » avait-elle répondu avec une maturité que les années passées à travailler au théâtre de Brisbane lui avaient appris. « Tu aurais un vrai contrat et ce serait un vrai métier… mais il me semble que tu fais encore tes études non ? » Rose acquiesça. « Oui, je n’étudie que depuis trois ans maintenant et si tout se passe bien je devrais obtenir mon diplôme à la fin de l’année. » répondit-elle. « Vous pensez que le poste que vous me proposez n’est pas compatible avec mes études ? Parce que si je n’ai pas ce diplôme de stylisme, je n’ai… rien » Au vue du sérieux de cette conversation, mieux valait jouer carte sur table. « Vous comprenez je viens d’un milieu… différent. Je ne suis jamais allée à l’école avant celle où je suis actuellement, alors si j’arrête avant l’examen de fin d’année j’ai peur de ne pas avoir de valeur pour vous. D'être qu'une gamine à côté de la plaque. » Son regard vers les autres clients du restaurant révélait son sentiment d'infériorité, soulignant ses derniers mots. Son ton était devenu anxieux. Plus que pour elle, l’idée de ne pas être à la hauteur d’une femme comme Hannah l’angoissait. « Je ne veux pas que mon inexpérience vous fasse perdre toute crédibilité » Le regard plongé sur le menu sans vraiment y prêter attention, Rose démontrait tout le paradoxe qui l’envahissait : un désir immense de travailler pour elle et la peur viscérale de ne pas être à la hauteur de ses attentes. Avant qu’elle ne puisse mourir d’angoisse, un serveur vint vers elle, prêt à noter leur commande. « Je vais prendre le risotto végétarien s’il vous plait, avec de l’eau pétillante. » Puis timidement, elle jeta un coup d’œil vers Hannah, attendant qu’elle ne réponde à son tour.
« Je vais prendre du thé glacé pour ma part… » dit tout simplement Hannah au serveur qui venait de prendre leur commande. Elle attendit que l’employé s’éloigne d’un bon mètre avant de porter de nouveau son regard sur Rose. La jeune fille était bavarde pour deux et c’était tant mieux, elle était déjà enthousiaste à propos de leur petit projet, d’ordinaire, c’était Hannah qui se chargeait d’emmener les gens dans son petit univers et les autres se chargeaient de la ramener à la réalité et de lui parler des conséquences et d’autres détails très terre à terre. Rose était une rêveuse, un peu comme elle et Hannah pouvait déjà sentir qu’elle pouvait faire confiance à la jeune rouquine et pourtant, la trentenaire ne baissait pas sa garde aussi facilement, beaucoup était très bien placé pour le savoir. Mais peut-être qu’il y avait quelque chose là, un début pour quelque chose de nouveau et Hannah voulait sortir de sa zone de confort, elle avait peut-être l’air à l’aise mais c’était un gros risque pour elle aussi. Elle n’avait pas l’excuse de la jeunesse comme Rose et savait que beaucoup serait prêt à la critiquer au moindre faux pas. Rose avait encore des années pour faire des erreurs et pour regretter, et Hannah ne se voyait vraiment pas lui dire d’abandonner ses études pour se concentrer sur la confection de vêtements. Non, trop de facteurs entrait en compte et avant tout il s’agissait de la vie de Rose. « Je vais être honnête avec toi, concernant le diplôme, je pense que c'est une décision que tu dois prendre toute seule. Beaucoup te diront que les études ne servent à rien et qu’il vaut mieux vivre pour avoir de l’expérience… et certains te diront qu’un bout de papier est la meilleure chose au monde donc… à toi de voir ce qui te convient le plus. » Hannah haussa les épaules, elle-même avait un diplôme en art de la scène mais cela avait été plus une formalité qu’autre chose. Hannah avait toujours su où se trouvait sa place aussi étudier le théâtre n’avait pas été une corvée pour elle, bien entendu, elle qui trouvait toujours l’école barbante avait été enchantée par ses années d’université. Elle avait étonné tout le monde en ne choisissant pas une université prestigieuse mais la simple université de New York, mais en une simple performance, Hannah avait réussi à essuyer les critiques les plus acides et à se faire un nom. Choisir de se concentrer sur ses études était donc une décision qui revenait entièrement à Rose et c’était à elle de voir si elle pouvait tout gérer et être partout à la fois. Hannah avait conscience d’en demander beaucoup, encore plus quand on savait que rien n’avait été officialisé, mais pour la Siede, ce n’était que des formalités. « Et ne te fais pas de soucis pour ma réputation, il me faudra plus qu’un échec dans le monde de la mode pour la ruiner… et puis la vie est faite pour prendre des risques non ? » Hannah laissa échapper un léger rire tandis que le serveur revenait avec leur commande, la jeune femme but une longue gorgée de son thé glacé, ses yeux couleurs noisettes toujours posés sur Rose, étudiant toujours la jeune fille et la moindre de ses réactions. « On peut essayer quelque chose… » commença lentement Hannah après quelques secondes, reposant enfin son verre. Hannah songeait encore une fois à tout et le fait qu’elle doive s’éloigner quelques temps de Brisbane n’arrangeait en rien leurs petites affaires quoi que, cela permettrait sans doute à Rose de montrer l’étendu de son talent à Hannah. « Je vais être à New York pendant les deux prochaines semaines, je peux te laisser mon carnet et tu pourrais essayer de faire quelques unes des robes qui s’y trouve… bien entendu, toutes les dépenses seront à mes frais, pour tout ce qui est matière première et autre... et on pourra voir si … eh bien si nous pouvons avoir un futur ensemble ou pas. » Hannah avait dit cela avec tout le sérieux du monde et elle sortit une nouvelle fois son carnet de croquis, pour le poser sur la table et le faire glisser dans la direction de Rose. « Si tu acceptes, il va vraiment falloir que tu en prennes soin. »
Si Rose primait toujours l’honnête, le temps et l’expérience lui avaient appris que dire la vérité n’était pas toujours la meilleure solution. Mentir n’avait jamais été dans ses principes, d’autant plus lorsqu’il s’agissait de situations aussi importantes qu’une proposition d’emploi. Pourtant, avoir révélé ainsi à son interlocutrice qu’elle n’avait en réalité aucun diplôme l’effraya. Une femme comme elle avait certainement besoin d’une assurance, aussi savoir que Rose était bien plus qu’une novice allait peut-être lui faire changer d’avis. Le serveur parti avec la commande très light de l’actrice, la rouquine ressenti le stress, de nouveau seule à seule avec Hannah dont la réponse ne venait pas. « Je vais être honnête avec toi, concernant le diplôme, je pense que c'est une décision que tu dois prendre toute seule. Beaucoup te diront que les études ne servent à rien et qu’il vaut mieux vivre pour avoir de l’expérience… et certains te diront qu’un bout de papier est la meilleure chose au monde donc… à toi de voir ce qui te convient le plus. » Son cœur était resté serré dans sa poitrine tout le long de ses paroles, attendant avec crainte le moment où la brune lui confierait sa rétractation, mais rien de tout cela n’eut lieu. A l’inverse, les mots d’Hannah eurent un effet rassurant, sonnant comme le conseil d’une femme qui avait déjà appris de sa propre existence. Pour le moment incapable de prendre une décision aussi importante, d’autant qu’elle n’était pas encore certaine d’être embauchée par l’actrice, Rose se rassura en pensant à sa famille et ses amis qui pourraient lui être de bon conseil dans sa prise de décision. « Et ne te fais pas de soucis pour ma réputation, il me faudra plus qu’un échec dans le monde de la mode pour la ruiner… et puis la vie est faite pour prendre des risques non ? » L’étudiante se permit un sourire, plus que d’accord par ce qu’elle venait d’affirmer. Néanmoins prendre des risques seule et prendre des risques qui pouvaient avoir des conséquences pour une autre personne, c’était bien différent. Cela dit, Hannah elle-même semblait convaincue, il n’y avait donc aucun souci à se faire.
Voyant le serveur se rapprocher de la table avec le thé glacé et sa bouteille d’eau pétillante, Rose s’écarta légèrement pour lui laisser la place de passer son bras puis le remercia d’une petite voix polie. Peu habituée à ce genre d’endroit, elle fut surprise lorsque le serveur ouvrit sa bouteille de Perrier avant de remplir de deux tiers son verre où une rondelle de citron était élégamment déposée. Une fois parti, Hannah reprit la parole dans un air plus que sérieux. « On peut essayer quelque chose… Je vais être à New York pendant les deux prochaines semaines, je peux te laisser mon carnet et tu pourrais essayer de faire quelques unes des robes qui s’y trouve… bien entendu, toutes les dépenses seront à mes frais, pour tout ce qui est matière première et autre... et on pourra voir si … eh bien si nous pouvons avoir un futur ensemble ou pas. » Sa salive s’écoula lentement le long de sa trachée, ralentie par la pression et l’excitation qui se mêlaient dans la tête de Rose. Cette mise à l’épreuve allait être déterminante, elle le savait, elle allait devoir tout donner. « Si tu acceptes, il va vraiment falloir que tu en prennes soin. » Ses yeux bleus en amande s’étaient posés avec admiration sur le carnet de croquis qu’elle avait eu la chance de feuilleter un peu plus tôt dans la journée. Elle n’arrivait pas à croire que l’actrice allait lui laisser ce petit trésor le temps de son voyage. « J’en prendrais soin comme la prunelle de mes yeux, promis » s’était-elle exclamée avec un vif enthousiasme. De son côté, le serveur revint, le risotto en main et ne sembla pas avoir remarqué que le carnet qui se trouvait sur la table face à Rose. Les mots d’Hannah résonnaient encore si bien dans la tête de la rouquine que voyant le malheur arriver, elle s’empressa de repousser légèrement l’assiette que le jeune homme s’apprêtait à poser sur le carnet. « Attention ! » Si elle avait réussi à sauver l’objet, il n’en était pas de même pour sa tenue, désormais tâchée par l’huile d’olive et elle ne savait quelle autre aliment qui se trouvait dans l’assiette. Visiblement très confus, le serveur posa l’assiette à côté et s’excusa bien trois fois avant d’aller chercher de quoi la nettoyer. « Au moins vos croquis sont sauvés » Plaisanter était sûrement le meilleur moyen de ne pas rendre dramatique ce petit accident. « Je vais aux toilettes me rincer, je fais vite » Sans perdre une seconde, elle se leva et se dirigea vers les toilettes dans une démarche rapide. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle y entra, découvrant une pièce tout aussi luxueuse que le reste du restaurant. Son attention se porta tout naturellement vers les serviettes en tissu rangées dans un panier sur le bord du lavabo, puis le marbre autour du miroir. Même si elle ne rêvait pas de fortune compte tenu de son éducation modeste qui l’avait toujours satisfaite, Rose ne pouvait nier que tout cela n’avait pas un côté attrayant. Ne souhaitant pas faire attendre Hannah plus longtemps, la rouquine passa rapidement de l’eau sur sa tâche puis revint à la table où l’actrice l’attendait. Dans un sourire aux lèvres, elle rangea immédiatement le carnet dans son sac, pour éviter tout nouvel accident. « On part donc sur deux semaines alors, je vais m’y mettre dès ce soir. Vous n’aurez qu’à me dire quand vous serez rentrée de New York et je viendrais vous montrer les robes où vous voudrez. Ça peut paraitre long deux semaines mais ça va passer vite, alors j'ai plutôt intérêt à m'y mettre rapidement. En tout cas c'est un défi que je relève avec plaisir et honneur, merci de me faire confiance » Et ce, même si cela impliquait de ne plus dormir la nuit.
« Hmm... ça reste encore à prouver.» murmura la brune avant de faire glisser sa paille entre ses lèvres et de boire une longue gorgée de thé glacé, son regard toujours posé sur Rose et son carnet. Il fallait bien comprendre qu'Hannah n'accordait pas sa confiance facilement et encore moins depuis l'année qu'elle venait d'avoir. Elle se relevait encore dans certaines mesures et si on ne l'avait pas aperçue sur scène depuis plus de quelques mois, c'était bien parce qu'elle avait décidé d'investir tout son temps libre et toute son énergie dans cette future collection. Qui serait un peu sa revanche sur tous ceux qui avaient osé faire couler de l'encre en la traitant de princesse déchue ou d'anorexique; ou tous ceux qui l'avaient déjà insultée de poupée écervelée avec un compte en banque bien fourni. Oui, c'était des insultes qu'Hannah entendait régulièrement, elle était souvent seule de l'autre coté, mais la DÉRÉLICTION ne l'envahissait que très rarement. Hannah avait appris à se forger une épaisse carapace et prouver aux gens qu'ils se trompaient lourdement sur sa propre personne était devenu son passe-temps favori. Elle de son coté, jugeait également mais c'était seulement parce quelle avait été déçue beaucoup trop de fois, elle ne voulait vraiment pas ranger Rose dans cette catégorie-là, non vraiment pas... Il devait y avoir quelque chose de mieux et de bien meilleur sous le sourire qu'elle renvoyait à Hannah. Et la rousse le prouva dans la seconde vu qu'elle n'hésita pas à s'interposer entre le carnet d'Hannah et son plat à elle. La brune écarquilla des yeux pour voir la tenue de Rose ruinée et elle jeta un regard noir au serveur alors que la jeune fille s'éloignait vers les toilettes pour tenter de minimiser les dégâts. Hannah se contenta d'un simple sourire à l'adresse de Rose et elle compta les secondes jusqu'au moment où Rose réapparut; la brune retint une grimace en voyant la tache en question et elle se promit intérieurement d'aller faire du shopping avec Rose. Oui, la jeune fille était déjà grande mais elle pouvait se permettre de porter des Jimmy Choo, et elle serait surement parfaite dans une tenue rose et jaune de la nouvelle collection de chez Valentino ou Chanel... Hannah allait surement apprécier cette future virée shopping plus que Rose, mais c'était pour le bien de Rose bien entendu. Et puis il y avait bien longtemps qu'Hannah n'avait pas joué à la poupée alors... « Je crois que cette petite affaire s'annonce très bien. » Elle savait d'ors et déjà que Rose allait passer plus d'une nuit blanche pour réaliser ne serait-ce qu'un seul modèle, mais si la rousse lui disait être en mesure de pouvoir le faire, ce n'était pas Hannah qui allait l'en empêcher. Plus que l'enthousiasme de Rose, elle appréciait le fait que cette dernière prenne des initiatives. « Oh et avant que j'oublie... » Hannah fouilla dans son sac sac encore une fois pour en dénicher son porte feuille cette fois. Ce fut un objet plus petit qu'elle fit glisser en direction de Rose, un léger sourire sur le visage cette fois-là. Hannah n'était pas non plus de celles qui prêtaient ses cartes de crédit à n'importe qui, mais elle ne s'attendait pas à ce que la jeune étudiante se ruine pour un simple essai. « Il n'y a pas vraiment de limite sur ce genre de carte, tu t'en rendras vite compte, je te conseille donc de vraiment t'amuser et de ne pas regarder à la dépense, c'est généralement ce que je fais.» Hannah ponctua sa phrase par un léger sourire, le serveur rentra de nouveau dans son champ de vision, il donna une nouvelle assiette à Rose en s'excusant encore une nouvelle fois et en demandant à Hannah si elle voulait voir le manager. Hannah fit un simple non, pas la peine de s'énerver pour si peu dans le fond. « Ils vont nous offrir le repas pour la maladresse de leur serveur j'en suis certaine.» Hannah disait cela sur un ton qui prônait l'évidence même, elle en avait tout simplement l'habitude. « Au moins j'ai une bonne raison de rentrer à Brisbane maintenant... si tu veux bien m'excuser.» Le téléphone de la brune avait choisi ce moment ce moment là pour se manifester, Hannah fronça les sourcils en lisant le message de son père, depuis que Nathan avait découvert qu'il n'avait pas besoin d'appeler sa fille pour s'immiscer dans sa vie privée, les choses étaient devenues légèrement plus difficiles pour Hannah. « Je vais devoir t'abandonner, il se trouve que mon père a besoin de moi après tout. » Sans plus de cérémonies, Hannah se leva et remit sa paire de lunettes de soleil sur son nez. « Bonne chance, Rose. » Elle adressa un clin d'oeil à la brune par dessus l'épaisse monture avant de s'éclipser.
Spoiler:
je te laisse archiver si ça te va comme conclusion