Together midnight in summer, the air's so much warmer. Failing on hope under starlight, holding on so tight together. I won't leave you lonely tonight, I want you to hold me all night. It's gonna be alright, I won't leave you lonely tonight.
La tête brune qui me retrouve dans la foule, la tête brune qui agite la main bien haut, les yeux pétillants, l’éclat de rire qui surpasse tout le reste. Elle arrive à ma hauteur, trottant, sautillant à travers les silhouettes qui se rapprochent, se referment. Les vagues qui viennent se casser à quelques mètres de nous, le crépitement du feu de joie qui nous caresse les oreilles, la pleine lune qui brille assez pour illuminer tout ce beau monde, rassemblement auquel on s’était greffé comme si on en faisait partie, comme si leur fête était devenue la nôtre. C’était un peu ça, au fait. « Ils traînent encore, je les emmerde. » qu’elle déclare, hilare, me tendant une verre de plastique rouge pétant, rempli d’un liquide ambré que j’ignore, que je gobe à grande gorgée quand même. Je lui fais confiance, le reste c’est superflu. « Ils doivent être retenus par le dernier Zelda, je parie 5 dollars! » les têtes qui approuvent, la musique qui résonne, l’air qui est bon, frais, léger. Une amie, une amie si proche, si chère, si parfaite. « J’t’ai dit? Ils ont finalement pris ma dernière photo à la galerie! Je crois que je vais m’acheter une nouvelle lentille pour la peine, et… » « NAH! » elle s’insurge, attrape mon visage pour y faire face, titube un peu après les quelques verres qu’on vient d’ingérer. « Tu gardes ça pour toi! T’as assez bossé cet été, t’as assez fait sans rien célébrer, alors je dis non. Clairement, non. » Amelia reste stoïque, sérieuse, du mieux qu’elle peut, avant de laisser un grand sourire se dessiner sur ses lèvres. « Ou alors, on part en roadtrip toutes les deux. T’as sûrement pas assez pour couvrir les dépenses des deux autres moineaux, de toute façon! » j’hoche de la tête, je confirme, j’accepte, je cède. On s'esclaffe. Et Emilio qui apparaît au détour, suivi de près d’Ezra. « Vous complotez encore ou… ? »
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Noah se réveille en sursaut, je lève la tête, prête à réagir au quart de tour. « Bonjour, mon cœur. » je me veux douce, résiliante, calme, source de chaleur, de répit. Aucune panique, aucune détresse, juste de l’amour, tout ce que mon cœur peut lui donner et encore plus. Il semble perdu, il semble dépassé, divague, laisse échapper un soupir puis une question, à voix basse, si fragile. Je quitte ma chaise dans la seconde, sans brusquer, me rapproche de lui, du petit lit, de la pénombre qui se tamise plus son visage se rapproche du mien. « De l’eau? » qu’il articule, la bouche pâteuse, se questionnant lui-même. « Je vais chercher ça tout de suite Noah. Veux-tu un truc à grignoter aussi? C’est l’heure des biscuits à ce qu’on me dit… » Ses yeux s’illuminent, il sourit à pleines dents et j’éclate de rire. « Un verre d’eau extra chocolat, et un! » son petit corps s’agite un brin, d’excitation surtout, de petits bonheurs tous simples qu’il attrape du revers de la main comme si tout allait bien. Je caresse son dos, embrasse son crâne ébouriffé et file dans le couloir sans demander mon reste. Néons fulgurants, linoléum froid, dur, impersonnel, qui m’y attendent. J’aurais pu poursuivre ma course, j’aurais pu faire la commission en quelques minutes seulement, mais je m’immobilise, terrassée. Ça m'arrive, parfois, faut laisser aller, faut faire comme si de rien n’était, faut ravaler surtout. C’est pas si grave, rien n’est jamais grave, tout va bien aller que je me répète, par habitude, avant d’appuyer mon corps au mur derrière, le temps de reprendre mes esprits, de revenir à ici, d’arrêter de tomber, de me rattraper au passage. L’important, c’est de ne pas craquer, pas maintenant, avec Noah dans la pièce d’à-côté. Dans la douche, dans la voiture, ailleurs, ça va. Mais pas ici. Pas maintenant. Les paupières closes, la tête relâchée, je prends quelques grandes inspirations le temps de calmer mon cœur qui va trop vite pour ma tête, ou l’inverse, allez savoir. Bon, mieux.
Mes doigts s’enlacent les uns les autres, ils se triturent, ils s’agencent, et je commence à m’avancer vers la cafétéria avant de ralentir le pas. Ralentir, jusqu’à l’arrêt complet, incrédule, surprise. Puis coupable, tellement coupable.
« Amelia? » je demande, je me questionne, alors que je sais très bien quelle est la réponse.
Elle regardait ce maudit test depuis des heures. Amelia pleurait toutes les larmes de son corps, complètement paumée. Qu’allait-elle bien pouvoir faire maintenant ? Elle se maudissait. Vraiment. La brune sentait que sa vie allait prendre un sacré tournant et elle devrait gérer sa seule. Sans lui. Il était parti, il ne reviendrait plus. Amy ne voulait pas qu’il revienne. Surtout pas après la façon dont elle l’avait quitté. Aussi brutalement, aussi sauvagement. Amelia lui avait probablement brisé le cœur, aussi fort que le sien l’était. Elle l’avait fait contre son gré, contre sa volonté. Mais c’était pour son bien. A lui, pas à elle. Et maintenant, la belle se retrouvait dans la salle de bain de son meilleur ami, faisant les cents pas. Ezra était fou. Il était furieux et agacé par toute cette situation. Situation dans laquelle la Iver s’était mise seule et dont elle allait devoir gérer. Le Beauregard lui a dit qu’il serait là. Toujours. Mais c’était son bordel, pas le sien. Elle n’avait pas envie de le mettre dans cette galère avec elle. C’était son problème, pas le sien. On toqua doucement à la porte, la faisant sortir de son cauchemar le temps de quelques secondes. « Amy c’est moi.. Ouvre. » Sa voix douce qui résonne, elle se sentit d’autant plus mal. Devoir le dire à tout le monde. Les réactions des gens.. Amy sécha d’un revers de la main sa joue. « Amy s’il te plaît.. » Elle soupira un bon coup et finit par s’approcher de la porte pour la laisser entrer. Ginny la regardait d’un air affolé et triste à la fois. Ezra lui avait expliqué que ça faisait un moment qu’elle était enfermée là-dedans et qu’elle ne voulait parler à personne. Lui seul le savait et apparemment n’avait pas tenu informé sa petite-amie de l’histoire entière. La petite McGrath finit alors par porter son regard sur le test de grossesse qu’Amelia tenait entre ses mains. Le regard perdu, elle se jeta dans les bras de son amie. « Qu’est-ce que je vais faire.. » Les larmes coulèrent de plus belles. « Tu lui as dit au moins ? Leo est au courant ? » Amy défit son étreinte et tenta de se calmer avant de lui répondre. Elle secoua la tête. « Non et je compte rien lui dire.. Il n’y a que toi et Ez qui êtes au courant.. » La Iver leva les yeux au ciel, tentant de se contrôler pour ne pas pleurer de nouveau. « Ginny, j’ai tout gâché.. » Elle repartit dans les bras de la jeune femme qui ne tarda pas à l’étreindre pour la réconforter. « T’inquiètes pas, ça va finir par s’arranger. Ça va aller. »
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Elle n’arrêtait pas de taper du pied, attendant impatiemment son tour. L’attente, qu’elle horreur. Surtout dans un hôpital. Amelia regardait les gens défilés, un à un, se demandant à quand serait son tour. Et finalement, il vint enfin. Lorsqu’on l’appela, la belle fit un bond de sa chaise et se précipita pour recevoir sa lettre. Elle remercia la bonne femme et s’empressa de partir. Dieu qu’elle détestait cet endroit. Une prise de sang faite, la Iver était passé aujourd’hui pour récupérer les résultats. Un simple contrôle on va dire.. Amy ouvrit tout en marchant l’enveloppe, mais ce stoppa net en entendant une voix. Cette voix. « Amelia? » Elle lui était passée devant, l’air de rien, ne la captant pas. Ne réalisant simplement pas qu’elle était réellement là. La jeune femme tourna alors les talons pour faire face à Ginny. Une Ginny plus vieille de cinq ans au moins. Elle avait changé, sans vraiment changer. « Ginny.. » Ezra l’avait très bien mis au courant de son retour. Oh, joie. Si ça en faisait plaisir à certains, ce n’était pas le cas d’Amelia. Déjà du fait qu’au vue de ces derniers mois, c’était compliqué avec le Beauregard et elle n’aimait pas spécialement le fait qu’il reporte autant d’importance à son ex. Et puis, il y avait également –et principalement le fait qu’elles étaient amies à une époque. Et que cette dites amie ne lui avait pas fait part de son départ. Ginny c’était envolée comme ça du jour au lendemain, laissant un Ezra effondré et une Amy déçue. Depuis, elle ne portait plus tellement la McGrath dans son cœur. Etonnant non ? « Je savais que tu étais de retour, mais si on m’avait dit que je te recroiserai.. Et ici en plus, je n’y aurai probablement pas cru. » Lui lança-t-elle assez froidement. Des retrouvailles glaciales, mais à son avis, elle le méritait bien.
Together midnight in summer, the air's so much warmer. Failing on hope under starlight, holding on so tight together. I won't leave you lonely tonight, I want you to hold me all night. It's gonna be alright, I won't leave you lonely tonight.
C’était l’impression de vide, le pire. Pas son ton glacial, pas le regard qui l’accompagne. L’impression d’avoir tout manqué, de ne plus rien savoir sur rien, d’ignorer tout de sa vie, son quotidien, sa routine. Avant, je la connaissais par cœur, avant notre amitié était l’une de mes plus belles réussites. Connecter autant avec la personne qui était comme une sœur pour Ezra, arriver à me glisser dans leur vie et à m’y adapter à ma façon, sans prendre trop de place, juste celle qu’ils me laissaient. Avoir nos histoires aussi, nos secrets, nos conneries. Être amies, le plus simplement, le plus normalement du monde. J’avais envie de lui parler, de lui dire tout ce qui se passait, de m’ouvrir le cœur comme je l’avais fait si souvent avant, facilité, confiance, lâcher prise. J’avais des bribes de nos dernières soirées, des derniers éclats de rire aussi. De la plage qu’on avait choisie comme repère favori, du café où on passait tous les jeudis à la fin de mon cours d’aquarelle pour bavasser des croquis, et surtout du modèle. J’avais en tête des souvenirs qui revenaient dans un sens et dans l’autre, j’avais des mots qui s’enchaînaient à ma mémoire, 5 années qui se résumaient en quelques phrases à peine, juste assez pour reprendre là où on l’avait laissé, là où j’avais tout brisé plutôt, silence, fuite, gâchis. Gros, gros gâchis. Je m’arrête sans même faire un pas de plus, je la laisse me saluer du bout des lèvres, comme une constatation, comme une conclusion, arrêtée, impulsive.
Son ton, sa voix, son regard, tout me ramène directement à ici, à maintenant, et à rien d’autre. « Je… oui. C’est compliqué. » Je n’allais pas mentionner Ezra, je n’allais pas l’amener là-dedans, dénotant déjà dans ses paroles qu’elle ignorait tout de la situation, de Noah, de sa maladie, de ma demande si ingrate, si contraignante au Beauregard. Plus aucun retour en arrière, plus aucune nostalgie mal placée pour entrecouper le battement de mon cœur qui sautait un tour puis un autre. Ce n’était pas la Amy que je connaissais, ce n’était pas celle que j’avais en tête. Et évidemment, la vie change, s’adapte. Ma fuite y était pour beaucoup, et même si je n’avais jamais pris le temps de m’expliquer, jamais pris le temps de m’arrêter pour réfléchir à ce qui se passait, à ce dans quoi je prenais part, rien n’aurait pu changer quoi que ce soit. Je n’avais pas donné de nouvelles, je n’en avais pas reçu de sa part non plus. J’avais filé à l’anglaise, j’avais laissé tout derrière sans regarder, et elle avait probablement fermé les livres à sa façon. Je prenais ma part de responsabilités, mais au fond, tout au fond, j’espérais retrouver l’amitié douce, le support, le soutien dont elle avait le secret et que j’avais tenté, tellement fort, de lui apporter à mon tour, lorsqu'elle en avait eu besoin. Besoin, nécessité, comme lorsqu’elle avait su pour Lily, à l'époque. Oh non, Lily. « Est-ce que Lily va bien? » les derniers mois ayant été passés dans des couloirs d’hôpitaux à entendre et à voir le pire m’avaient conditionné à m’assurer que tous ceux que j’aime, tous ceux qui m’entourent vont bien. Malgré les sentiments qu’ils ont à mon égard. Je me sens déplacée, je me sens de trop, mais je n’en fais pas de cas. « Et toi? » l’hôpital, les urgences, les sirènes en retrait, le brouhaha qui nous interrompt à quelques reprises à grands coups de civières ou d’infirmières alarmées suffit à compléter mes paroles.
Se retrouver en face d’elle la laissait complètement de marbre. Depuis combien de temps elles ne s’étaient pas vues ? Depuis combien de temps elles ne s’étaient pas parlées ? Amelia qui d’ordinaire lui aurait sauté dans les bras, n’osait même pas la regarder dans les yeux. Pas après toutes ces années, pas après ce long silence. Cinq années, c’était beaucoup trop pour faire comme si de rien n’était. Elles n’étaient plus amies, elles n’étaient plus que de simples inconnues. Deux étrangères qui devaient apprendre à revivre dans la même ville et qui forcément, se recroiseraient. C’était inévitable, le monde était beaucoup trop petit pour qu’Amelia ne la revoit pas. Elle se remémorait encore la fois où Ezra lui annonçait qu’elle était de retour, qu’elle était venue le voir au garage. Heureusement qu’Amy n’était pas présente ce jour-là, sinon pas sûre que Ginny en serait partie aussi facilement. Et puis la Iver se rappelait tout ce que cette visite inattendue avait engendrée.. Les deux amis enchaînant les verres de téquila, cette envie soudaine de danser, de se rapprocher.. Pour finalement échanger un baiser qui par la suite engendra toute une vague de sentiment, de doute et surtout de peine.. Amelia lui devait bien ça. A partir de ce jour, plus rien n’était pareil entre son Beauregard et elle. Merci Ginny.. « Je… oui. C’est compliqué. » Amelia attendait une suite. Au fond, elle paraissait froide et désintéressée mais c’était tout le contraire. Elle voulait savoir. Pourquoi avait-elle prit la fuite sans donner de nouvelles ? Amy connaissait ses parents et l’éducation McGrath, mais tout de même.. Elle ne comprenait pas comment du jour au lendemain elle avait fait un trait sur eux. Surtout en sachant qu’elle était partie enceinte..
« Est-ce que Lily va bien? » Elle la dévisageait, ne voyant pas où elle voulait en venir. Pourquoi s’infliger ça ? Elles n’avaient plus rien à se dire et lui poser ce genre de question.. Non elle n’y était plus autorisée. Ça ne la concernait plus. « Et toi? » Amelia croisa les bras, ne la lâchant pas du regard. Elle ne savait même pas quoi répondre. Comment allaient-elles depuis cinq ans.. Forcément il s’en était passé des choses depuis toutes ces années. Et Amelia ne comptait pas tellement lui en faire un récit. « On va très bien. » Finit-elle par lâcher avec autant de tact et de froideur qu’un peu plus tôt. Elle n’avait pas envie de se radoucir. A quoi cela servait après tout ? De toute façon Ginny finirait encore par s’envoler. La Iver n’avait clairement pas envie de se faire avoir une fois de plus. « Ginny.. Pourquoi tu es là ? » Ce fut plus fort qu’elle. Amy voulait avoir des réponses parce qu’elle ne comprenait toujours pas cette soudaine arrivée. « Je veux dire, pourquoi tu es revenue ? Surtout après tout ce temps je sais pas, tu t’attendais à quoi au juste en te pointant à son garage comme une fleur ? » Elle soupira. « Si c’est pour lui faire encore plus de mal que la dernière fois, tu peux retourner d’où tu viens. » Non elle ne mâchait pas ses mots. Elle n’en avait pas envie. Ginny le méritait bien après tout. Et forcément, son côté protecteur envers le Beauregard prenait le dessus. « Si c’est pour nous faire encore plus de mal. » Rectifia-t-elle. « Parce que dans l’histoire, il n’y a pas que lui que tu as abandonné. Même pas un coup de fil, même pas un dernier mot pour t’expliquer. » Elle secoua la tête. « Enfin non, tu sais quoi je veux même pas savoir. Ça ne me concerne plus. » Il le valait mieux. Elle n’avait pas envie de subir une confrontation de plus. Surtout pas ici, pas devant tout le monde.
Together midnight in summer, the air's so much warmer. Failing on hope under starlight, holding on so tight together. I won't leave you lonely tonight, I want you to hold me all night. It's gonna be alright, I won't leave you lonely tonight.
Je la sens distante, froide, blasée. En même temps, je la comprends. J’ai tout d’une inconnue, d’une lâche, d’une erreur. La gamine de même pas vingt ans qui met les voiles, qui se garde de l’annoncer, qui file à l’anglaise à l’autre bout du monde. Enceinte, de lui. Je n’ai même pas demandé et je sais déjà qu’Amelia et Ezra sont toujours les meilleurs amis du monde, que rien ni personne ne s’est mis entre eux. Comme je les admire, pour ça. Pour cette confiance, pour cette force, cette amitié qui survit à tout, cet amour pur qu’ils ont l’un pour l'autre, le soutien, leur vie. Le regard qu’Amelia me lance me le confirme à lui-même. Protectrice, elle donnerait tout pour s’assurer qu’Ezra aille bien – aille mieux. Est-ce que je pourrais vraiment la blâmer, ayant été celle qui, à un moment, avait tout fait pour que le Beauregard soit heureux, accompli. Ses mots sont secs, froids, insensibles et je me doute qu’elle ne comprend simplement pas. Rien. « Je… je voulais seulement savoir vu l’endroit où on se trouve. » je désigne, lasse, les couloirs bien remplis autour de nous. « Mais autrement, je sais bien que je n’ai aucun droit de te demander ça. » Ç’aurait pu se terminer là – et encore j’en aurais été soulagée. Elle n’avait pas besoin de savoir ce qui se tramait dans la chambre d’à-côté, elle n’avait pas besoin de changer son regard froid, pour un empli de pitié. C'était tout ce que je voulais éviter et malgré ce qu’on pourrait croire, je détestais du plus profond de mon âme d’avoir été forcée de revenir, de rejouer avec les sentiments de tout le monde, de rebriser des cœurs au passage. Si Noah avait pu s’en sortir, si j’avais pu m’en sortir, tout ça aurait pu être autrement. L'histoire ne le dirait jamais. Mais Amelia veut savoir, Amelia insiste. Je me garde de fuir encore, je me retiens d’inventer une excuse, quoi que ce soit, pour ne pas lui infliger ça, pour la garder bien loin, pour n’entrer dans sa vie que pour mieux en sortir, lorsque tout sera enfin terminé. Mais, mais je n’en ai plus la force. J’ouvre la bouche, j’allais ajouter, mais elle poursuit, elle déballe, elle se retient, elle recommence. Et moi, j’écoute, patiente. Je tourne la question dans ma tête encore et encore. « Parce que je n’avais pas le choix. Je voulais tout sauf le mêler à ça. Et il n’y a pas une journée où je ne remets pas en doute cette fameuse visite-là. » Rien n’avait de beau, rien n’était parfait lorsque j’avais dû piler sur tout ce qui me restait, sur le vide, l’immense vide qu’il avait laissé en moi pour lui demander. Pour lui faire l’affront, même après son refus, même après tout ce qu’il avait pu dire à Matt, de lui demander de s’inclure dans notre vie. J’avais compris, il n’en voulait pas, mais ce n’était plus lui qui choisissait, maintenant. « Il… il y a tellement de choses à dire, et tellement rien en même temps. » À quoi servait-il de tourner le couteau dans la plaie? D’essayer de changer le passé? Dommages collatéraux. Elle me manquait, et je sentais que la respecter serait de la laisser digérer la visite, l’espoir qu’elle veuille en savoir plus un jour, peut-être. À tête reposée.
« Ginny? » l’infirmière se rajuste, voyant que je ne suis pas seule. Elle sourit, gênée, avançant d’un pas puis de deux. « Mlle McGrath? Nous sommes prêts pour le test, vous n’avez qu’à venir nous rejoindre. Ce sera dans la salle A-113 aujourd’hui, au premier! Vous avez besoin d’aide pour transporter N.. » je l’interromps, interdite. « J’arrive. » Merde. Eh merde, merde, merde. En même temps, Amelia est une grande personne, elle sait comprendre lorsque la discussion est terminée, surtout lorsqu’elle l’a elle-même demandé. Je tourne le visage vers elle, acceptant son offre, lui donnant un répit. « Je n’ai jamais voulu lui faire de la peine Amelia. Et encore moins à toi. Je l’ai tellement aimé, j’ai tellement voulu que tout ça se termine autrement… et je m’excuse. Je m’excuse, pour ce que cela peut encore signifier. »
« Je… je voulais seulement savoir vu l’endroit où on se trouve. Mais autrement, je sais bien que je n’ai aucun droit de te demander ça. » Elle soupira, détournant ses yeux vers les couloirs froids de l’hôpital. En effet, ce n’était pas le meilleur des endroits pour des retrouvailles et l’une comme l’autre pouvaient se poser des questions. Amelia se demanda alors qu’est-ce que la McGrath pouvait bien faire là. Mise à part sa mine fatiguée, elle semblait bien se porter. Ce n’était peut-être que d’apparence, allez savoir. La Iver ne connaissait plus aussi bien la vie de la jeune femme pour se douter de quoi que ce soit. Alors au lieu de jouer les curieuses, Amy en vint à la grande question. Pourquoi Ginny était-elle de retour ? Pourquoi venir à son garage et chambouler de nouveau sa vie, leurs vies. Elle ne voulait plus qu’Ezra souffre. Elle ne voulait pas qu’il revive cette peine, ce vide immense déjà causées par Ginny la première fois. Il avait mis énormément de temps à s’en remettre –s’il s’en était réellement remis. Alors il était inutile de vous dire que la brune voyait d’un mauvais œil ce soudain retour. Que cherchait-elle ? Il ne fallait pas croire qu’elle se ferait pardonner aussi facilement. Du moins, pour Amelia. Elle l’avait encore en travers. Et son côté protectrice envers le Beauregard ressortait aussitôt. Amy était prête à sortir les griffes avant même qu’elles en viennent à ce sujet. Elle préférait prendre les devants plutôt que de devoir l’écouter dire ce qu’elle ne souhaitait pas entendre. « Parce que je n’avais pas le choix. Je voulais tout sauf le mêler à ça. Et il n’y a pas une journée où je ne remets pas en doute cette fameuse visite-là. » Elle semblait sincère, ce qui attristait davantage la Iver. Elle savait que dans l’histoire, les parents de Ginny y avait joué pour beaucoup. Voir même, ils étaient à l’origine de tout. Et Amelia ne pouvait pas prétendre savoir ce qu’elle aurait fait à sa place car clairement, elle ne l’était pas. Mais même si son départ avait été précipité, elle a eu cinq ans pour ne serait-ce ne donner qu’un signe de vie. Mais non, elle était restée dans le silence. Jusqu’à ce jour. « Il… il y a tellement de choses à dire, et tellement rien en même temps. » Et c’était bien ce qui prouvait qu’elles n’étaient que deux étrangères à l’heure d’aujourd’hui. Après tout ce qu’elles avaient vécus ensemble, c’était triste à voir. Amelia n’avait même plus envie d’être dans la même pièce qu’elle et encore tenter de comprendre ce qu’il pouvait bien se passer dans sa tête, dans sa vie.
« Mlle McGrath? Nous sommes prêts pour le test, vous n’avez qu’à venir nous rejoindre. Ce sera dans la salle A-113 aujourd’hui, au premier! Vous avez besoin d’aide pour transporter N.. » Amy regarda l’infirmière, tentant de comprendre le sujet de cette interruption. Elle reposa alors ses yeux sur celle qui était autrefois son amie, fronçant les sourcils, des questions pleins la tête. « J’arrive. Je n’ai jamais voulu lui faire de la peine Amelia. Et encore moins à toi. Je l’ai tellement aimé, j’ai tellement voulu que tout ça se termine autrement… et je m’excuse. Je m’excuse, pour ce que cela peut encore signifier. » La jeune femme commença alors à tourner les talons et bien qu’elle aurait pu la laisser repartir à ses occupations, elle ne put s’empêcher de vouloir la retenir. « Ginny.. » Un soupire et c’était partie. « Je sais bien tout ça.. C’est juste que j’ai encore un peu de mal à digérer ce qu'il s'est passé..Tout est allée si vite. » Elle avait eu beau la maudire, elle restait tout de même Ginny. « Tu.. Noah va bien ? Enfin il n’a rien de grave ? De ce que je comprends c’est pour lui que tu es là, alors.. » Oui elle n’était pas bête. Elle avait très bien compris que l’infirmière s’apprêtait à prononcer le prénom de son fils avant de se faire interrompre. Mais plus bizarre encore était de voir qu’elles avaient l’air proche, du moins assez familière pour qu’elle l’appelle par son prénom. Sûrement une vieille connaissance après tout.
Together midnight in summer, the air's so much warmer. Failing on hope under starlight, holding on so tight together. I won't leave you lonely tonight, I want you to hold me all night. It's gonna be alright, I won't leave you lonely tonight.
C’était fini. Il ne restait plus rien entre nous deux, je pouvais le sentir rien qu’à voir le regard qu’elle posait sur moi, rien qu’à entendre l’intonation de sa voix qui flirtait avec l’ennui, l’agacement. Elle était blasée, elle n’en voulait pas plus, elle espérait que cette rencontre s’abrège et qu’elle n’entache pas sa journée, et je lui offris mon départ sur un plateau d’argent. Oui, j’assumais toutes les responsabilités derrière mes gestes, derrière ma fuite, derrière tout ce qui avait pu la blesser à l’époque – toutefois, je n’avais pas la tête à jouer de culpabilité et de remontrances pour des heures encore. J’espérais que mes excuses feraient office de premier pas, de tentative, aussi minime soit-elle, d’arranger les choses. Je ne la brusquerais pas, je ne lui demanderais pas l’impossible, mais si elle le voulait, si elle croyait à ma bonne volonté, peut-être proposerait-elle une suite. Mais rien dans son discours ou dans ses gestes ne me semblait être de bon augure, et c’est donc surprise que je m’arrêtai dans mon mouvement, alors que j’entendis Amelia prononcer mon nom. Je croyais tout bonnement qu’elle m’aurait laissée partir, qu’elle n’en avait rien à faire de ce que je pouvais ajouter ou non, mais elle me prouva tout le contraire par la suite. Voilà qu’elle s’ouvrait, voilà que son ton s’adoucissait aussi. Je laisse mon corps s’ancrer au sol, mes épaules tombant, longue expiration qui contient le reste. « Tellement vite… trop vite. » que je concède. Je me souviendrai toujours de Matt qui arrive en trombe à la maison, rouge de rage, me relatant le déni d’Ezra, me balançant au visage son refus complet de vivre la suite. Mes parents qui avaient repris la suite, qui avaient organisé le reste. Un vol aller simple pour Londres, un départ à zéro, une nouvelle vie qu’on m’avait imposée sans que je n’aie envie de rien, alors que j’étais simplement vide de sens et de tout et de rien, vide de lui. « Et je sais aussi que ça ne peut pas être comme c’était du jour au lendemain. Je l’ai appris à la dure, et je m’en rends compte encore plus chaque jour. » toujours le dos tourné, je ravale les quelques larmes qui se faufilent doucement vers mes prunelles, beaucoup trop dégoûtée par ma propre faiblesse pour la laisser transparaître encore un peu plus. Dans l’histoire, je ne faisais pas que référence à Ezra, finalement, ni à Amelia. À Noah plutôt, qui voyait filer son enfance sous ses yeux sans rien pouvoir faire d’autre que croupir dans son lit d’hôpital. À ma vie, qui était secouée par ce retour aux sources, ville natale qui n’avait pas été aussi accueillante, aussi douce que je l’aurais espéré. Vie complète bafouée, perdue, cassée, qui ne reviendrait pas de sitôt, ni pour moi, ni pour eux. Puis, Amelia fait 1+1 et pose la question que je redoutais. Évidemment, Ezra s’est gardé de lui en dire trop, lui-même ne possédant pas toutes les pièces du puzzle, lui-même préservé par mes bons soins d’en savoir trop pour ne pas trop en souffrir. J’aurais voulu éviter le sujet, j’aurais voulu tirer ma révérence en lui promettant qu’un jour nouveau elle en saurait plus, mais connaissant Amy, je me doutais qu’elle ne me laisserait pas partir aussi facilement. Pas une deuxième fois, certainement pas. Je fais donc doucement volte-face, résolue à lui donner quelques pistes à se mettre sous la dent, assez pour qu’elle comprenne que ce sujet délicat n’est pas ce que je préfère partager au sujet de cette fameuse nouvelle vie qu’on m’a brodée. « Il… Noah est entre bonnes mains, maintenant. C’est tout ce qui compte, non ? » Elle n’a pas besoin de savoir qu’il vit dans un hôpital depuis les deux dernières années. Elle n’a pas besoin de savoir qu’il jongle entre la vie et la mort, qu’il attend impatiemment que quelqu’un, son père de surcroît, accepte de passer les tests pour peut-être lui offrir une seconde chance, une nouvelle vie à lui aussi. Je sens déjà la pitié emplir son regard et je ne peux honnêtement pas être de celles qui vont laisser les autres s’apitoyer sur son sort, tenter de rassurer l’inassurable. Je ne veux pas être méchante, je ne veux pas l’exclure, mais chaque nouvelle parole, chaque nouvel état des choses me fait l’impression d’être une entaille de plus dans mon cœur. À quoi servirait-il que je me confie à elle, que je lui dise à quel point chaque journée me déchire un peu plus, me brise en mille morceaux ? À ce qu’elle m’ouvre grand les bras, prête à tout pardonner, à m’écouter des heures entières et à me flatter les cheveux en me disant que tout ira bien, mieux un jour ? Alors que personne, personne ne sait vraiment ce qui arrivera à mon fils d’ici les prochaines semaines, les prochains mois ? Je me sens distante, trop, et sa toute nouvelle empathie me convainc d’essayer un peu plus de douceur, d’ouverture. « C’est pour cela que je suis revenue à Brisbane. Pour lui. » À peine ces mots ont franchi mes lèvres que je doute de leur impact.
« Tellement vite… trop vite. » Oui, trop vite. Ils n’avaient plus eu aucunes nouvelles de la brune après son départ. Il y a eu un enchaînement d’action que la Iver avait encore du mal à comprendre. Elle se rappelait encore d’un Ezra heureux, ému de savoir qu’il allait être père. Un papa comblé avec la femme de ses rêves. C’était fou de repenser à cette époque et de voir les choses telles qu’elles étaient aujourd’hui. L’Amy du passé n’y aurait pas cru une seconde. Elle qui dans le temps se voyait passer le reste de ses jours avec Leo.. Oui, plus rien n’était comme avant. Elle avait su faire son deuil et tourner la page. Mais comment voulez-vous que ça marche lorsque les fantômes de votre passé reviennent vous hanter ? « Et je sais aussi que ça ne peut pas être comme c’était du jour au lendemain. Je l’ai appris à la dure, et je m’en rends compte encore plus chaque jour. » Tout comme Amelia, ça n’avait pas dû être facile du côté de Ginny. Voilà qui intriguait encore plus la brune, se demandant ce qu’il s’était réellement passé. Ils n’avaient que leur version, une Ginny fuyant sa vie australienne pour l’Angleterre, une lettre et voilà. Amelia n’avait pas réalisé jusque-là qu’elle n’a jamais eu la version de la McGrath. En tout cas, elle n’était pas dupe. Les choses ne pouvaient pas redevenir ce qu’elles étaient en un claquement de doigt. Ça serait trop facile. Surtout lorsque le mal était déjà fait. Amelia aurait voulu en savoir plus, qu’elle lui donne plus d’explication, mais l’interruption de l’infirmière l’intriguait davantage. La jeune femme avait fait de suite le rapprochement avec Noah. Que pouvait-il bien se passer pour qu’elle l’emmène à l’hôpital ? Et pourquoi tant de familiarité avec les membres du personnel ?
Amelia ne put s’empêcher de lui poser la question. La question de trop. Celle qui apparemment ne pouvait pas avoir une réponse aussi simple. Amy avait l’impression d’avoir dépassé les limites. Ginny avait cet air, cette expression qu’elle ne reconnaissait que trop bien. « Il… Noah est entre bonnes mains, maintenant. C’est tout ce qui compte, non ? » Face à cette réponse, Amy ne savait quoi dire de plus. Enfin, elle voulait justement trop en demander, mais elle était bloquée. La brune ne se voyait pas la harceler de question, bien qu’elle commençait à penser au pire. Ginny tentait de se montrer rassurante à sa manière et en la voyant agir de cette manière, Amelia se rendit une fois de plus compte que plus rien n’était comme avant. Elle qui n’aimait pas ça, commençait même à avoir ce regard compatissant, bienveillant. C’était plus fort qu’elle. Elle n’éprouvait pas de la pitié non, loin de là. Mais son côté mère poule tentait de la comprendre et de vouloir être là pour elle. « C’est pour cela que je suis revenue à Brisbane. Pour lui. » Et là, tout prenait son sens. Enfin presque. Elle qui pensait que la McGrath était venue dans le but que le père rencontre enfin le fils.. Ce n’était apparemment pas aussi simple que ça. « Et Ezra.. ? Je veux dire, il est au courant ? » S’il l’était, pourquoi ne lui avait-il rien dit ? Amy espérait au fond être la première à savoir. Elle ne voulait pas qu’il le lui ait caché. Pas ça. Pas lui. « Ginny.. C’est grave ? » Elle avait osé. Amelia le lui demanda, se rapprochant un peu plus de la jeune femme. « Excuse-moi, je veux pas m’en mêler.. J’ai pas à m’en mêler. » Elle soupira et prit instinctivement la main de la brune. « Comment tout ça a pu arriver.. Je suis désolé, si désolé.. Pour tout. » Elle s’ouvrait, la barrière qu’Amelia avait alors imposé se baissait. Difficilement, mais quand elle voyait qu’il y avait plus grave dans la vie, plus grave que sa petite rancœur, Amy ne pouvait plus jouer les fières.
Together midnight in summer, the air's so much warmer. Failing on hope under starlight, holding on so tight together. I won't leave you lonely tonight, I want you to hold me all night. It's gonna be alright, I won't leave you lonely tonight.
Je sens du haut de son regard le jugement qui ne tarde pas à compléter ses paroles. Elle croit que je ne suis revenue que pour Ezra, que pour ce qu’il signifiait pour moi à l’époque. Et si seulement. C’est à demi-mot que je finis par lui céder, l’infirmière n'aidant pas, la confession qui s’arrache de ma gorge. Oui, Noah était lui aussi ici, et il n’était pas au beau fixe. Je n’ai pas envie de m’éterniser, je ne rêve qu’à une feinte, distraction, fuite qui m’éloignerait de ses accusations et de sa pitié. Et voilà pire, elle s’adoucit. Le nom du Beauregard qui frôle ses lèvres, évidemment elle demande s’il sait. La question en elle-même me refroidit, l’impression de me mêler un peu trop de sa vie de nouveau, de ne pas y être invitée surtout. « Il… il te dira ce qu’il sait. Je n’ai pas envie de parler pour lui, tu sais. » je ne suis pas sèche, ni acide, non. Je tente de garder douceur et appréhension à travers mes mots, leur laissant à eux deux la relation dont ils veulent, les confidences dont ils sont maîtres. S’il avait choisi de ne pas lui confier ce qu’il savait déjà sur Noah, soit. Ce ne serait certainement pas moi qui avancerait pareille discussion, je préférais retourner à mes occupations principales et leur reléguer la suite sans prendre trop de place. « Il aura besoin de toi. » que je laisse couler, le plus naturellement du monde, haussant les épaules. « Je sais que c’est horrible et ridicule et pas nécessaire du tout à demander mais… » une vague de nostalgie me serre le coeur, et je poursuis, tout de même, hésitante. « Si tu pouvais être là pour lui, si tu pouvais t’assurer de ne pas le laisser sombrer... » Amelia et Ezra avaient toujours été proches, et il me paraissait normal de le lui demander, d'insister, de la supplier même, confier cette mission. Pour des raisons qui leur étaient propres, il n’avait pas tenu bon de lui en dire plus sur la maladie de notre fils jusqu’à maintenant, peut-être par déni, par fuite, par regret, échéance, mais force était d’admettre que la nouvelle ne le laisserait pas sans craintes, sans questionnements, sans malaises bien longtemps. Autant informer la jeune fille, m’assurer qu’elle soit là au bon moment. « Je ne doute pas que tu seras là et tout, mais… » elle semble distante, un voile caresses ses iris, pourtnant cela m'arrête à peine et je poursuis. L’infirmière derrière moi s’impatiente déjà, je n'en ai plus pour très longtemps. « Il aura besoin de toi. » - plus que de moi, que je chuchote à reculons, le gardant pour mes propres remontrances. Amelia ne dit rien, et je ne lui demande pas non plus de le faire. J’en ai déjà trop avancé, et je préfère ne pas m’aventurer plus loin encore longtemps. Un dernier sourire, un soupir, une excuse envolée et voilà que je quitte cette rencontre d’avant, qui me propulse bien loin des souvenirs que je gardais de nous deux, de nous tous. Ma famille a besoin de moi, et il n’y a rien qu’elle pourrait y changer pour m'empêcher de la rejoindre.
Petit à petit, elle commençait à comprendre ce qu’il se passait. Ou du moins, elle le pensait. Elle se sentait con. Oh oui, Dieu qu’elle se sentait stupide. Son speech, son énervement, sa rancœur, tout cela semblait insignifiant lorsqu’elle pouvait penser au pire. Au pire pour Noah, cet enfant. Leur enfant. Et de suite, Ezra lui vint en tête. Etait-ce aussi grave que ça pour qu’il ne le lui en parle pas ? Etait-il au courant au moins ? Pas mal de questions tourbillonnaient, si bien qu’Amelia ne savait plus où donner de la tête. C’était terrible. Elle n’aimait pas se retrouver dans ce genre de position. Non, du tout. Ne rien savoir et vouloir être mise au courant. La brune savait parfaitement que ça ne la regardait pas, que c’était entre eux. Elle n’avait clairement pas à s’en mêler et pourtant.. Elle ne saurait se contenir. « Il… il te dira ce qu’il sait. Je n’ai pas envie de parler pour lui, tu sais. » Et Amelia ne pouvait que comprendre. Elle hocha la tête, sans en rajouter. Elle ne voulait pas en faire trop, elle ne pouvait pas se le permettre. Il fallait qu’elle ait une conversation avec son meilleur ami, point. Enfin s’il le voulait bien. Elle ne dirait rien, attendant que lui fasse le premier pas. Elle n’avait pas envie de s’immiscer davantage dans sa vie, surtout si elle n’en était pas invitée. Depuis que l’ambiguïté avait pris une part importante dans leur relation, il y a beaucoup de chose qu’Amy ne se permettait plus comme autrefois. « Il aura besoin de toi. » Mais ses mots la firent sortir aussitôt de ses pensées. Apparemment, cela ne semblait rien de bon. Non, ça puait même. Pour que Ginny en vienne à prononcer ces mots, cela semblait plus que sérieux. « Je sais que c’est horrible et ridicule et pas nécessaire du tout à demander mais… Si tu pouvais être là pour lui, si tu pouvais t’assurer de ne pas le laisser sombrer... »
Ne pas le laisser sombrer.. Voilà qui allait la hanter pendant un certain moment. Amelia avait déjà vu Ezra être au plus mal et la belle n’avait certainement pas envie que cela se reproduise. Ou que cela soit pire. Elle ne voulait même pas s’imaginer dans quel état elle se trouverait si sa Lily était gravement malade, alors lui.. Oh gosh. « Je ne doute pas que tu seras là et tout, mais… Il aura besoin de toi. » Un soupire, des regrets. Elle ne savait pas quoi faire ou dire de plus. La Iver ne voulait pas encore plus passer pour une idiote égoïste. « T’en fais pas, je serais là. » Like always.. Et encore plus puisqu’apparemment il le faudra. Elle le soutiendrait, sans broncher, sans regret. Elle l’aimait alors pourquoi se refuserait-elle à cette tâche ? Quand bien même, Amy ne saurait l’ignorer et le laisser en plan. Pas lui. L’infirmière interpela une nouvelle fois la McGrath et Amelia comprit qu’il était temps pour elles de se quitter. Elle lui fit un léger signe de tête, la laissant retourner à ses préoccupations concernant son garçon. S’en était assez pour aujourd’hui. Elle la regarda alors tourner des talons et rejoindre l’infirmière qui lui glissa quelques mots lorsqu’elle se retrouva à sa hauteur. Amy soupira un bon coup et pris le large vers d’autres horizons, très loin de cet hôpital.
Accueil
(
La tête brune qui me retrouve dans la foule, la tête brune qui agite la main bien haut, les yeux pétillants, l’éclat de rire qui surpasse tout le reste. Elle arrive à ma hauteur, trottant, sautillant à travers les silhouettes qui se rapprochent, se referment. Les vagues qui viennent se casser à quelques mètres de nous, le crépitement du feu de joie qui nous caresse les oreilles, la pleine lune qui brille assez pour illuminer tout ce beau monde, rassemblement auquel on s’était greffé comme si on en faisait partie, comme si leur fête était devenue la nôtre. C’était un peu ça, au fait. « Ils traînent encore, je les emmerde. » qu’elle déclare, hilare, me tendant une verre de plastique rouge pétant, rempli d’un liquide ambré que j’ignore, que je gobe à grande gorgée quand même. Je lui fais confiance, le reste c’est superflu. « Ils doivent être retenus par le dernier Zelda, je parie 5 dollars! » les têtes qui approuvent, la musique qui résonne, l’air qui est bon, frais, léger. Une amie, une amie si proche, si chère, si parfaite. « J’t’ai dit? Ils ont finalement pris ma dernière photo à la galerie! Je crois que je vais m’acheter une nouvelle lentille pour la peine, et… » « NAH! » elle s’insurge, attrape mon visage pour y faire face, titube un peu après les quelques verres qu’on vient d’ingérer. « Tu gardes ça pour toi! T’as assez bossé cet été, t’as assez fait sans rien célébrer, alors je dis non. Clairement, non. » Amelia reste stoïque, sérieuse, du mieux qu’elle peut, avant de laisser un grand sourire se dessiner sur ses lèvres. « Ou alors, on part en roadtrip toutes les deux. T’as sûrement pas assez pour couvrir les dépenses des deux autres moineaux, de toute façon! » j’hoche de la tête, je confirme, j’accepte, je cède. On s'esclaffe. Et Emilio qui apparaît au détour, suivi de près d’Ezra. « Vous complotez encore ou… ? »
