Deux mois qu'Ida et moi sommes séparer. Un mois que la procédure de divorce est engagé. Trois semaines que nous avons enterrer la hache de guerre au chevet du lit d'hôpital de notre petite fille. Une semaine que je vis maintenant avec Myrddin. Bien évidement, Ida est au courant. Elle a même eu l'occasion de visiter rapidement, ne serait-ce que pour que je lui prouve que le duplex que je loue avec Myrddin peut sans problème accueillir mes deux enfants dans une chambre d'ami. J'ai aussi investie dans un petit lit pour Clara afin que elle puisse dormir à côté de nous en mezzanine. J'ai laissé la maison et la voiture à Ida, je n'en ai pas l'utilité, étant donné qu'habite à deux pas d'un arrêt de métro. Je suis sur le coup avec la Navy qui m'a proposé de me réengagé à terre et j'avoue que ça me tente de plus en plus. Je ne sais pas si on peut légalement soulever une mise à la retraite, mais étant donné que je n'avais pas encore signé le document final … bref.
Pour les enfants, on a réussi a s'arranger avec Ida. Elle ramène Alex à l'école, moi je vais le chercher pour le déposer chez lui. Et le week-end il reste avec moi. Un week-end sur trois j'ai aussi Clara avec moi. Je peux comprendre sans problème qu'elle doive rester avec Ida le plus possible. Cela dit, je pense qu'une fois qu'elle ait arrêté d'allaiter ça ira déjà déjà mieux. Je suis content qu'on ait put s'arranger de la sorte. De toute manière, ce qui m'importait, à moi, c'était de garder le contact avec mes enfants. J'ai souffert de cette séparation forcée d'un mois. Bien plus que je ne l'admettrais à mes frères, à Ida ou même a Myrddin. Mais peu importe, tout est entrer dans l'ordre et c'est tant mieux.
Aujourd'hui, en ce samedi matin j'ai décidé de passer relativement tôt chez Ida. J'ai prévu une journée fun avec Alex et Myrddin aussi, histoire que les deux apprennent à se connaître. Même si la cohabitation entre les deux fonctionne plutôt bien. Alex voit de moins en moins Myrddin comme 'celui qui a séparé Papa et maman'. En fait, je doute qu'il ne l'ai jamais vu comme ça. Mais peu importe. Il est 8h30 lorsque j'arrive à la maison. Je m'immobilise un instant et l'observe, sentant mes entrailles se tordre douloureusement tant la nostalgie est énorme. C'est nous qui l'avons construite, cette maison. Ida et moi. C'est nous qui avons aménagé le jardin, la devanture, tout.
Je soupire doucement et fait un pas en avant sur le chemin lorsque la porte d'entrée s'ouvre. Je reconnais sans problème la belle chevelure blonde de mon ex femme, mais elle n'est pas seule. Elle est accompagné par un homme. Et ils s'embrassent furtivement. J'arque un sourcil, clairement étonné de ce petit spectacle. Je fini par me redresser et fait un signe de la main à Ida lorsqu'elle me reconnaît. Est-ce un voile de malaise qui passe sur son visage ? Je n'en sais rien. Lorsque l'homme passe à mes côtés, je lui offre un petit sourire et hoche une fois la tête en soufflant un petit « Bonjour». Je le suis du regard, l'observe se diriger vers la maison voisine puis y entrer. Ainsi donc mon ex femme et notre nouveau voisins se voient en cachette. La nuit.
Je secoue légèrement la tête puis me dirige vers Ida qui est resté sur place à la porte. « Salut » soufflais-je en enfonçant mes mains dans mes poches. « La marmotte est déjà réveillée ? » demandais-je avec humour en parlant d'Alex. Ida me fait signe que non et me propose d'entrée. Chose que je fais, mais avant de fermer la porte derrière moi, je lance un coup d’œil à la maison voisine. Je me dirige ensuite naturellement vers la cuisine, tout en me demandant comment je vais pouvoir amener le sujet du barbus sur la table.
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« Chut » ordonnais-je à Bryan alors que notre séance de galipette touchait à sa fin. Nos éclats de rire risquaient de réveiller les enfants et mettre rapidement terme à nos petits moments de plaisir. Depuis que la procédure de divorce avait été entamé, j’avais eu du mal à m’en remettre et je ne trouvais que très peu de temps pour moi. Jamais je n’aurais cru que j’allais pouvoir rencontrer quelqu’un aussi rapidement et encore moins me taper le voisin d’en face. L’idée de vivre notre relation caché me plaisait, je n’avais besoin de me justifier auprès de personne. Et pour ne rien cacher, j’appréhendais la réaction de mon futur ex-mari. Bryan et lui étaient très différents. L’opposé l’un de l’autre que ce soit dans leur tenues, leur pensées ou même dans leur manière d’agir. J’étais de nouveau célibataire et pourtant j’avais toujours peur de la réaction de Thomas, comme s’il avait toujours son mot à dire sur mes choix et mon entourage. J’avais eu besoin d’un souffle nouveau et Bryan avait su me l’apporter. D’un côté, Thomas m’avait bien imposé la présence de son copain dans la vie de nos enfants, sans trop se soucier de mon opinion. Et pourtant, moi, je voulais faire les choses dans l’ordre pour ne brusquer personne. De plus, je n’arrivais pas vraiment à savoir si entre lui et moi ce n’était que du cul ou s’il y avait possibilité que ça devienne plus sérieux. Je regarde l’heure, Thomas ne devrais pas tarder à venir. Bien que j’ai du mal à me séparer de Bryan, il faut que je retrouve mon rôle de maman pour la journée. L’avantage de vivre en face, c’est qu’il peut me rejoindre dés que les enfants dorment et repartir avant qu’ils ne réveillent sans éveiller aucun soupçon.
Lorsque je sors de la douche, Bryan est déjà prêt à partir. J’enfile un petit kimono en soie, pour l’accompagner jusqu’à la porte. Les séparations sont souvent difficiles, j’aurais aimé pouvoir passer la journée au lit avec lui. On apprend à peine à se connaitre, bien qu’il ne soit pas très bavard, j’arrivais parfois à découvrir de nouvelles facettes de sa personnalité. De toute façon, ce n’est pas comme si on était loin l’un de l’autre. Je lui fais promettre de m’appeler le soir quand il aura fini ce qu’il avait prévu de sa journée. On aura surement peu de choses à se raconter, mais je sais que le son de sa voix me fait du bien. Mes enfants ne l’ont pas encore rencontré, enfin si Clara une fois, mais elle est trop jeune pour se rappeler de quoique ce soit. On s’est toujours arrangé pour qu’il quitte la maison avant qu’Alex ne se réveille. Je crois qu’il a déjà suffisamment du mal à accepter de voir son papa partir et avec quelqu’un d’autre. J’essaye de le protéger au maximum de ce divorce bien qu’il soit en âge de comprendre beaucoup de chose. On s’échange un dernier bisou, il se permet même de me donner une tapette sur la fesse. Je fais mine de bouder mais un large sourire se dessine sur mes lèvres. Jusqu’à que mon regard croise celui de mon ex-mari un peu plus loin dans la ruelle. Je me sens rougir. J’ai l’impression d’avoir été prise à faire une bêtise. Je me doute bien qu’il n’a rien raté de la scène. Je devrais pas me sentir aussi gênée, mais c’est vrai que j’aurais voulu qu’il le découvre autrement. J’en viens même à esquiver un baiser de Bryan. Merde.La honte. Je sais que dans le fond c’est terminé, que je n’ai pas réagir comme ça, mais j’aurais préféré introduire les choses en douceur. Thomas me fait un signe de la main, que je lui rend sans vraiment de conviction. « À bientôt !» dis-je à Bryan avant qu’il ne parte; un peu plus sur la réserve.
J’ai mis Bryan au courant de ma situation. Clairement, il ne porte pas mon ex-mari dans son coeur. Ne lui rendant ni le sourire, ni son bonjour. D’un côté, ça me fait doucement sourire de voir cette scène bien que je n’en montre rien. Je reste assez perplexe et je sais pertinemment que Thomas voudra des explications. Je me poussais pour le laisser entrer, remettant correctement mon déshabillé. Je pensais avoir le temps de me changer correctement après le départ de Bryan et même préparé le sac d’Alex. « Tu viens plus tôt? » lui demandais-je après l’avoir salué. Je le laisse s’installer dans notre salon. Il a un peu changé depuis son départ, j’ai eu envie de changement. J’ai donc changé un peu la redistribution des meubles et avait même profité du week end où il avait pris les enfants pour repeindre seule les murs. « Un café? » lui proposais-je. Il était un peu tôt pour réveiller Alexander. Je l’avais autorisé à jouer à la tablette un peu tard la veille avant qu’il ne finisse par s’assoupir. Bryan était venu juste aprés. Je mis en marche la machine à nespresso et lui tendis la première tasse avant de m’en servir une aussi. « ça va, toi? » lui demandais-je pour essayer de détendre un peu l’atmosphère. Je connaissais mon ex-mari et je savais très bien qu’il était entrain de se poser une centaines de questions intérieurement.
Pas un signe, encore moins un sourire. Juste un regard dur et appuyé. Voilà ce à quoi j'ai droit lorsque cet inconnu passe à coté de moi. Il doit être au courant pour Ida et moi. Ce que j'ai infligé à celle qui a été -et qui l'est toujours un peu, quelque part- la femme de ma vie. Il doit savoir à quel point elle a souffert de ma trahison. Normal qu'il juge et qu'il prend donc la défense d'Ida. Il ne connaît pas l'autre version de l'histoire et connaissance Ida je suppose qu'elle a tourné l'histoire pour se victimiser un peu. Enfin, je ne peux pas lui en vouloir. Et peu m'importe aussi ce que cet homme pense de moi. Ainsi, je ne me pose pas plus de questions et me dirige d'un pas assuré vers Ida qui est toujours à la porte. Je la salue puis la laisse se décaler pour entrer et me diriger vers le salon.
Il a pas mal changé depuis la dernière fois que je suis venu. Le mur de droite a changé de couleur, les meubles sont agencés autrement. Ce n'est pas mal, mais j'observe le tout avec un petit pincement au cœur. Nous avons tous les deux décidé de la déco de notre temps. Mais celui-ci est révolu. Je me détourne du salon et me dirige vers la cuisine, hochant la tête lorsqu'Ida me propose un café. « Ouais, j'ai prévu une journée au parc d'attraction à l'extérieur de Brisbane» dis-je, expliquant ainsi le fait que je débarque déjà aussi tôt. « Enfin, j'ai encore le temps. J'aimerais y être pour 10-11h» j'hausse les épaules et gratifie Ida d'un sourire lorsqu'elle me tend ma tasse. « J'vais aussi encore récupérer encore mes dernières affaires qui sont dans la cave » quelques bricoles par ci par là, des souvenirs de mes escales, des tasses etc.
«Et ouais ça va plutôt bien. Je m'habitue doucement au nouvel appartement » dis-je en m'adossant au plan de travail. Je dépose la tasse à côté de moi et croise les bras « Toi aussi, t'as l'air d'aller bien » reprenais-je avec un sourire mutin qui en dit long sur mes arrières pensées. Ida fait l'innocente, comme si elle ne savait pas de quoi je voulais parler. Je roule des yeux, mon sourire se faisant plus amusé « C'était qui cet homme ?» demandais-je finalement. Autant être directe, non ? « Il va de soit que ce n'est pas une simple connaissance. Vu l'heure à laquelle il est parti et comment tu es habillé» je laisse mon regard glisser sur le kimono en soie qu'elle porte. Le genre qu'elle ne porte pas pour accueillir un simple ami chez elle. Ou si c'est le cas c'est que mon ex-femme est tombée bien bas.
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Le parc d’attraction. Alexander en avait parlé toute la soirée. Il avait préparé tout un tas de truc qu’il voulait emmener avec lui. Il s’exciter seul dans le salon, nous racontons à Clara et moi toute une histoire de super pouvoir. Sa petite soeur n’y comprenais rien. Elle s’excitait et rigolait en voyant son frère faire le clown. Il avait eu du mal à s’endormir tellement il avait hâte. Quant à moi je m’impatientais, voulant avoir ma petite pause de la journée avant de m’écrouler de fatigue. « Il a vraiment hâte d’y être » dis-je, en adressant un petit sourire à mon ex-mari. Nous avions convenu d’enterrer la hache de guerre, pour le bien de nos enfants. Et il était clair que ce petit pacte tenait à peu de chose. On savait très bien tout les deux qu’on cultivait au fond de nous de la rancoeur pour l’autre. J’avais beau me forcer à oublier ce qui s’était passé, je n’arrivais pas à passer outre sa trahison. Serions-nous encore ensemble si je n’avais rien découvert? Je lui tend sa tasse de café.
Dans le fond, je ressens un petit pincement au coeur lorsqu’il dit vouloir récupérer ses affaires. J’ai pris l’habitude qu’elles soient là. Par vengeance, j’en ai jeté quelques uns et donné d’autres. Je voulais me débarrasser au maximum de la présence de mon ex-mari. Et puis, j’avais rangé dans un carton, au fond du garages ses souvenirs de voyages, ses albums photos, quelques vieux t-shirt dédicacés et un tas d’objets dont je ne me servirais probablement jamais, mais ça me rassurait que ce soit là. « Oui bien sur, tu sais très bien que tu peux venir quand tu veux. » dis-je. Même si le trois quart du temps, il préférait attendre Alex dans sa voiture, on avait fini par trouver un terrain d’entente.
Je hoche la tête lorsqu’il me parle du nouvel appartement. J’évite de poser plus de question. Je ne veux pas que l’on ait à parler de son petit ami, savoir ô combien ils sont heureux et comment Alex adore la présence de Myrddin. C’est un sujet qui peut rapidement nous contrarier. Moins j’en sais, mieux je me porte. On pourra penser beaucoup de chose, mais Thomas et moi avions vécu ensemble dix années. Le fait de voir que je n’étais plus la raison de son bonheur me faisait mal. Je m’assois sur une chaise qui traine pas loin, ajuste de nouveau mon kimono. Il y a quelques temps ça ne m’aurait pas dérangé qu’il voit plus qu’un bout de sein. Je cachais pudiquement ce corps qu’il connaissait pourtant par coeur. Il me dit que j’ai l’air d’aller bien, je secoue la tête. Je ne sais pas pourquoi mais je sens les reproches arrivés. Je savais très bien qu’il voulait en savoir plus sur mes fréquentations. Je reste silencieuse parce que je sens la question arrivée. Il ne met pas de temps à demander. « Un ami » répondis-je dans un premier temps. Pourtant il n’en démord pas. « Tu l’as deviné seul » murmurais-je doucement, sous un ton de reproche.
J’avais beau essayé de rester correct, il arrivait toujours à m’énerver. Je me relevais brusquement. « C’est notre voisin. » répétais-je un peu plus fort. Je marque un temps de pause, je ne veux pas le prendre pour un con ni lui manquer du respect. « Oublie ce que tu as vu. Ok? » dis-je pour calmer les tensions. De toute façon, moi même je ne sais pas vraiment quoi penser de notre relation. Bryan est un garçon chouette, mais je ne peux pas dire que nous sommes réellement ensemble. Et si j’avoue à mon ex-mari que nous couchons ensemble, il le prendrait mal. M’accuserait de jouer les filles frivoles, de tomber trop bas et même de mettre en danger les enfants. C’est ce qui arrive à chaque fois qu’il est à court d’argument, il remet en question la place des enfants dans ma vie en me faisant culpabilisé sur mes priorité. « Je devrais peut être aller réveiller Alex, à moins que tu ne veuilles le faire. » changeais-je de sujet.
Entendre de la bouche de ma femme qu'Alex a parlé du parc d'attraction toute la soirée, me fait chaud au cœur. Je sais qu'il adore tout ce qui est manège. En plus il commence à être assez grand pour pouvoir faire les montagnes russes avec plus de sensations. « Je vois» souriais-je en trempant mes lèvres dans le café «Enfin, s'il a eu du mal à s'endormir hier soir, crois-moi que ce soir il tombera comme une pierre dans son lit » je rigole doucement, amusé, avant de m'adosser contre le plan de travail et poser ma tasse à côté de moi.
Ida me demande si je vais bien et je lui réponds par l'affirmative, précisant rapidement que je commence à m'habituer à ma vie à l'appartement. Je ne dis rien de plus, je n'évoque pas Myrddin. Il faut dire ce qu'il en est, devant Ida je n'assume pas totalement notre relation. Je l'aime Myrddin, il n'y a aucun doute là-dessus, mais je ne parle pas de lui à mon ex-femme. Par pur respect pour elle et les années que nous avons passées ensemble. Et voilà que je la vois, elle, embrasser un autre homme, n'ayant qu'un petit kimono sur elle. Enfin, je ne peux rien lui dire, elle ne savait pas que je viendrait aussi tôt. Ou peut-être que si ? Serait-ce possible qu'elle ait manigancer tout ça ? Qu'elle ait fait en sorte que cet homme sorte de la maison au même moment ? Je ne pense pas. Ida est capable de beaucoup de chose, mais elle n'est pas calculatrice à ce point non plus.
Lorsque je lui demande qui est cet homme, elle me répond 'un ami' avant de grommeler que j'ai deviné tout seul. « C'pas difficile non plus » dis-je doucement. Comprendre là que d'un côté, Ida et moi nous nous connaissons par cœur. Je sais quand elle ment et quand elle est mal à l'aise tout comme elle sait sans problème me décrypter. Sauf quand je l'ai trompé. Mais là n'est pas la question ! D'autant plus qu'elle n'est pas vraiment habillée comme si elle accueillait un ami.
Subitement, elle relève son visage et dit sur un ton plus fort qu'il s'agit là de notre voisin. J'arque un sourcil, plus choqué par son ton que par le fait qu'elle se tape 'notre' voisin. Détournant ensuite le regard, elle m'ordonne d'oublier ce que j'ai vu avant qu’elle ne change de sujet, parlant d'aller réveiller Alex. Je lance un coup d’œil sur ma montre et secoue la tête «je monte dans 5 minutes » indiquais-je avant de reprendre mon café en main «et ne t'énerve pas comme ça pour le voisin, ok ? » reprenais-je sur un ton plus doux. « ça ne me regarde pas ce que tu fais de tes journées ou de tes nuits. On n'est plus ensemble et ...» je me tais un instant, pinçant les lèvres. C'est la première fois que je dis à voix haute qu'elle et moi ne sommes plus ensemble. C'est le cas depuis deux mois déjà, mais ça fait toujours aussi bizarre. « Enfin, je suis bien le dernier à être en position de te dire quoique ce soit»
Même si elle exagère. Même si deux mois ça fait très court. Même si elle devrait penser un peu plus à elle avant de s'engager à nouveau dans une relation. Même si je n'approuve pas spécialement qu'elle saute sur le premier venu. Car c'est l'impression qu'elle me donne. Elle a 35 ans, elle doit savoir ce qui est bien pour elle. Tant que nos enfants en sont protéger. « Alex est au courant ?» demandais-je, finalement. « Que tu … enfin qu'un autre homme part en douce le matin ?» mon ton est simplement curieux, aucune animosité ou agression dans ma voix. « Je veux juste savoir ça, histoire de ne pas faire de bourde aujourd'hui ou un prochain week-end, tu sais »
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« D’ailleurs, ce soir il dort chez toi ou tu le déposes ici? » demandais-je. Alex avait dit qu’il dormait chez son père, mais il y a beaucoup de chose qu’il invente ces derniers temps. Il souffre un peu du divorce, ce met à inventer des histoires pour essayer de nous tirer vers lui. Je ne suis pas forcément dupe face aux mensonges de mon fils. Je m’inquiète d’ailleurs de cette nouvelle manie qu’il a pris pourtant je dédramatise, me disant que c’est un peu l’âge de se projeter. C’est un peu pour ça que Thomas et moi avions voulu nous réconcilier, pour que nos enfants ne souffrent pas de notre séparation. « Il t’idéalise beaucoup. » lui avouais-je. Alexander a toujours été proche de son papa, son super héros. Je me suis montrée un peu absente après la naissance de Clara, c’est Thomas qui s’en occupait.
Je me montre sans le vouloir agressive, puis le ton calme de Thomas me calme. J’ai l’impression parfois qu’on est toujours ensemble. Nous ne pouvions pas tirer un trait sur dix ans de mariage. La situation s’était dégradée, j’avais honte parfois de voir comment je me comportais avec mon ex-mari. J’avais souvent l’image de lui et Myrddin dans les bras l’un de l’autre. J’en avais même fait des cauchemars. « désolé. » finis-je par dire. Je ne devrais pas m’en prendre à lui, il a raison, nous ne sommes plus ensemble. D’ailleurs, il me le rappelle. Ça me fait bizarre qu’il dise ça, une seconde fois j’ai l’impression de recevoir un poignard en plein coeur. J’ai le regard un peu fuyant, je ne veux pas qu’il puisse penser que cette histoire me touche encore. Je ne dis rien, je me contente de l’écouter. de toute façon, je ne peux pas vraiment dire quoique ce soit. Je ne sais pas trop comment me défendre, comment expliquer la situation sans avoir l’air de me justifier. Je me contente d’hocher la tête, comme je le fais lorsque je suis mal à l’aise et que j’ai envie que ça se termine.
Je finis d’ailleurs pas changer de sujet. C’est drôle quand même, il fut une période où nous avions une centaine de sujets à aborder ensemble. Je ne trouve rien à lui dire. Je pourrais lui parler de mes problèmes d’argents, du fait que j’ai de plus en plus de mal à payer seule mes factures. Puis je me rappelle que la procédure de divorce est en cours. Il pourrait m’accuser de ne pas pouvoir subvenir aux besoins des enfants. Je ne lui ai pas réclamé de pension, j’ai pensé que c’était inutile. il m’avait laissé la voiture et la maison. Il avait lui aussi dû faire quelques concession pour nous. « Bryan. Il s’appelle Bryan. » finis-je par dire. Il me demande si Alex est au courant. Je secoue la tête de gauche à droite pour lui dire non. Alex a déjà beaucoup de mal à accepter que Myrddin apparaisse dans leur famille. « Il a dit à sa maitresse qu’il avait deux papas » lui dis-je. S’il fallait lui expliquer qu’un troisième entrait dans le ring. Je sirote mon café puis le dépose sur la table. Je passe ma main sur mon visage, soupire : « ça était difficile. » avouais-je pour la première fois. Je ne suis pas sûre qu’il comprenne de quoi je parle. J’ai l’impression de commenter mes propres pensées. Notre rupture m’a brisé. J’avais surement mes tord, mais je ne pensais pas qu’un jour on puisse réellement séparé.
Je n’aimais pas lui faire des cachoterie, j’avais pris l’habitude de toujours tout lui raconter. Au fond, j’allais exploser car j’avais en quelque sorte perdu mon confident. Thomas avait longtemps été mon allié, l’épaule solide sur laquelle je pouvait me reposer. Sa tromperie m’avait fait perdre confiance en lui. Je m’étais méfiée des hommes. Bryan lui était différent. Je ne savais pas grand chose de lui mais j’appréciais sa compagnie. Il n’y avait pas de règles dans notre relation, peut être simplement qu’on était pas vraiment en couple. « Je préfères ne rien dire pour le moment à Alex, je ne sais pas trop où me situer dans cette relation. » avouais-je. J’avais beau essayé de me retenir, restée froide, lui en vouloir au plus profond de moi. Je me sentais encore liée à cet homme. C’était un peu pour cette raison que notre mariage avait duré aussi longtemps.
« Je pensais le garder chez moi ce soir » répondais-je à la question d'Ida. « j'aimerais beaucoup passer tout le week-end avec lui» reprenais-je en me passant une main dans la nuque. « ça ne pose pas de problème, non ? » Je souris doucement, attendrit, lorsqu'elle m'avoue qu'Alex m'idéalise beaucoup. Je le sais ça. J'ai toujours eu une relation toute particulière avec mon fils. Cette relation n'a fait que s'affirmer lorsqu'Ida le négligeait un peu pour s'occuper de notre fille. Je ne lui en ai pas voulut, pensant qu'elle devait avoir ses raisons. Dans tous les cas, je pense bien qu'Alex ait souffert de la séparation de ses parents, mais il grandit vite, il saura gérer ça. Il comprendra aussi sûrement. « Et tu sais que moi je ferais tout pour lui et pour Clara» soufflais-je. Ida le sait. Elle sait que je suis et que j'ai toujours été un père dévoué, qui faisait en sorte que ma famille ne manque jamais de rien. Même si les premières années avec Alex furent assez dures pour Ida, étant donné qu'elle était souvent et très longtemps seule vu que j'étais souvent plusieurs mois en mer, dès lors que j'ai décidé de lever le pied deux ans auparavant, j'ai rattrapé mon absence. Et ça, ça ne changera pas. Même si je suis avec Myrddin maintenant, et que Ida semble s'être arrangé de son côté, pour le bien de nos enfants nous devons mettre nos ressentiments de côté.
La suite est un peu moins joyeuse. En fait, j'ai l'impression que nous allons profité de ma venue en avance pour mettre des choses au clairs. Je n'en demande pas moins que d'avoir une vraie discussion avec Ida. J'apprends donc que ce voisin s'appelle Bryan. J'hoche la tête en prenant une gorgé de mon café, silencieux. Que pourrais-je bien ajouté en plus ? Elle ne me donne aucun information. Dire que je m'en fous de Bryan serait mentir, il couche quand même avec celle qui a été ma femme pendant 10 ans. Dans un coin de ma tête, je note que je devrais faire des recherches sur ce Bryan.
Ida m'avoue ensuite qu'Alex a dit à sa maîtresse qu'il avait deux pères. Ca, par contre, ça me fait quelque part plaisir. Il considère donc Myrddin comme son deuxième père ? Une lueur de fierté vient furtivement éclairer mes yeux, mais je réaffiche rapidement le masque pour ne rien laisser paraître. Ida le prendrait sans doute mal. «Et donc ? Elle a réagit comment la maîtresse ? » demandais-je en finissant mon café. Ça ne m'étonne pas vraiment de la part d'Alex, je dois dire. Enfin, peu importe.
J’apprends ensuite par Ida que 'c'était dur' et l'interroge du regard, silencieux dans un premier temps. Parle-t-elle réellement juste du fait qu'Alex ait dit ça à sa maîtresse ? Ou parle-t-elle de la situation en générale ? Je soupire doucement et hoche la tête. «Je comprends » dis-je en me passant une main dans les cheveux « Les premières semaines voire mois d'un divorce ne sont facile pour personne» je croise à nouveau mes bras devant moi « Encore plus lorsque l'un des deux parti à trahis l'autre» je pince les lèvres et baisse le regard. «Je ne vais pas m'excuser encore et encore, mais tu sais aussi bien que moi combien je m'en veux » je prends une légère inspiration et relève mon regard vers Ida « Enfin, ça ne change pas grand chose » je me passe une main sur ma barbe de trois jours puis soupire doucement et décroise les bras pour poser mes mains à côté de moi sur le plan de travail «Tu sais que je serais toujours pour toi, pour t'aider avec les enfants et... en général aussi » je lui offre un petit sourire sincère.
J'apprends ensuite qu'Alex n'est pas au courant de la relation que sa mère entretien avec ce Bryan. J'hoche doucement la tête, compréhensif. D'autant plus qu'elle même ne sait pas trop où se situer dans cette relation. «Ouais, je comprends mieux. Prends ton temps ok ? » je me redresse et m'approche d'elle, posant une main sur son épaule «prends un peu de temps pour toi et assures-toi de savoir ce que TU veux vraiment avant d'en parler à Alex » je lui sers gentiment l'épaule avant d'abaisser la main «Tu le connais aussi bien que moi, tu sais a quel point il est sensible. Intelligent, mais sensible » j'hausse les épaules et enfoui mes mains dans mes poches «Enfin, tu sais ce qu'il y a de mieux pour le bonheur de notre petit » en parlant de petit... je jette un coup d’œil vers l'escalier qui donne sur l'étage « Je vais peut-être aller le réveiller. Le temps qu'il émerge,qu'il se prépare et mange, il sera l'heure de partir»
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Je n’avais pas prévu qu’Alex passe tout le weekend chez son père. Lorsque Thomas m’expliqua qu’il voulait passer pus de temps avec lui, j’acquis de la tête. Nous resterions entre filles, Clara et moi. « N’oublie pas de prendre Monsieur Lapin alors. » Depuis que Thomas et moi étions séparés, Alex n’arrivait plus trop à trouver le sommeil sans son doudou. Bien qu’il n’assumait plus à l’école d’en avoir un, il se sentait plus en sécurité grâce à son objet de transition. C’était un peu sa manière de se rassurer. Il avait beau être trop jeune, il comprenait parfaitement ce qui arrivait à notre famille. Alex était un petit garçon très précoce pour son âge. Il voulait grandir un peu trop vite à mon gout, faisait tout en avance, je m’inquiétait de voir mon bébé ne plus en être un. Bientôt il m’interdirait de lui faire des bisous devant ses copains ou de stationner trop proche de l’école. Je hochais la tête de nouveau lorsque Thomas me dit qu’il ferais tout pour nos enfants. Sur ce point là nous étions plutôt d’accord, faisant passer nos enfants en premier. Clara et Alexander étaient notre priorité.
La maitresse? C’est plutôt moi qui ait mal réagit. Je n’ai pas vraiment supporté qu’Alex puisse penser que Myrddin était son papa. Il n’avait rien fait pour lui. Rien du tout. Il avait ruiné notre petite famille et il était hors de question qu’il s’approprie nos enfants. J’avais déjà beaucoup de peine de savoir qu’il les voyait en même temps que mon ex-mari mais l’idée qu’il puisse me remplacer également au sein de ma famille était inconcevable. Plutôt crevé. « Elle n’a rien dit. » dit-je assez séchement sans le vouloir. C’était pourtant moi qui avait emmené la conversation sur ce terrain. Peut être pour essayé de voir la réaction de mon ex-mari. Il ne fit rien apparaitre mais je devinais assez clairement sa satisfaction ce qui eux le don de me briser de nouveau au plus profond de mon être. A mon tour, je ne fis rien paraitre. Notre relation se devait de rester cordiale, bien que chacun de nous deux se donnait du mal pour supporter l’autre. Nous nous étions mutuellement fait du tords, et il était difficile de tout pardonner rapidement. Je crois que si les enfants n’était pas, je n’aurais pas pu garder de liens avec Thomas.
Lorsqu’il s’était mis à s’excuser de nouveau, j’avais croisé les bras me mordant la langue pour ne pas craquer. Parfois, il n’y a qu’un pas entre l’amour et la haine et il m’arrive de penser ce que ça aurait été s’il s’était excusé. Nous aurions été malheureux un certain temps; puis le temps aurait pu tout réparer. J’aurais fini par lui pardonner et peut être qu’il se serait rendu compte que son copain ce n’était qu’une passade. J’espérais que ce ne soit qu’une histoire de sexe, que Myrddin sorte de sa vie de la même façon qu’il y était entré. C’est un peu méchant de penser ça, le bonheur de mon ex-mari m’irritait un peu car je n’en étais pas la cause. J’avais l’impression d’être exclu de ma propre famille, surtout que j’en avais qu’une. « Tu sais ce qu’on dit. Le temps répare les blessures. » finit-je par dire. J’avais beaucoup de mal à mettre ma rancune de côté malgré les efforts que Thomas faisait. On se retrouvait pour la première fois en tête à tête, seul, à discuter sans se crier dessus, sans s’accuser.
Je m’étais mise à lui parler de Bryan. Timidement. Parce que je ne savais pas vraiment où j’en étais dans la relation. Je le testais aussi un peu, comme pour me faire un peu plus de mal. Dans le fond, j’aurais voulu qu’il se montre un peu plus jaloux même si ça aurait pu se transformer rapidement en règlement de compte. Je voulais qu’il pose d’avantage de question sur ce Bryan qui ne lui ressemblait pas, qui ne lui correspondait pas, mais rien. « Je crois que je pourrais tomber amoureuse de lui. » dis-je sans être sur des mots que j’avais prononcé. Je me sentais abandonné après dix ans de vie commune. « enfin, je ne vais pas me précipiter. hein? » me rattrapais-je, ou fis je mine en lachant un petit rire trop faux et nerveux à la fois. « Oui vas-y, je vais aller lui préparer son petit déjeuner histoire de pas perdre de temps. »
Je rigole doucement en hochant la tête lorsqu'Ida m'indique de ne pas oublier Mr. Lapin. «T'inquiète pas » la rassurais-je « De toute manière Alex serait capable de m'envoyer en plein milieu de la nuit pour récupérer ce monsieur» ajoutais-je avec un sourire amusé. S'il est vrai que notre fils est un grand garçon, que du haut de ses 7 ans il est très mur et très réfléchit -peut-être un peu trop pour son âge ...- il reste quelqu'un de sensible. Et je pense que le divorce par lequel nous passons, Ida et moi, ne fait que raffermir cette sensibilité. Si bien qu'il se rattrape avec sa peluche Lapin. Pour se rassurer sans doute.
La discussion dévie finalement légèrement et nous nous retrouvons finalement à parler d'Alex qui a dit à sa maîtresse qu'il avait deux père maintenant. La première question qui me vient à l'esprit et que je dis à haute voix : qu'est-ce qu'elle a dit, la maîtresse ? Comment a-t-elle réagit ? Ida me dit froidement qu'elle n'a rien dit. Je regarde mon ex femme, fronce légèrement les sourcils, me demandant pourquoi elle se montre à nouveau aussi hostile d'un coup. Ais-je posé la mauvaise question ? Ça va me faire rapidement chier de devoir calculer chaque questions, de ne plus pouvoir être naturel. Déjà que je fais un gros effort pour ne pas parler de ma vie actuelle et de ce qui me touche personnellement, si maintenant je dois en plus faire un effort par rapport à ce que je lui demande... Bref. J'hoche doucement la tête. « Et toi ? T'as dis quoi ?» demandais-je, m'efforçant de ne pas me montrer froid, juste intéressé.
Nous continuons de parler ensuite. Je me montre un peu plus curieux par rapport à l'homme que j'ai vu sortir de la maison tout à l'heure. Il s'appelle Bryan, c'est le nouveau voisin, et Ida ne sait pas comment se situer par rapport à cette relation. Lorsqu'elle m'avoue qu'elle pourrait tomber amoureuse de lui, je sens mon cœur se serrer et je crois que je trahis mon ressentis en déviant un peu trop rapidement le regard. Je n'ai rien a dire dans cette relation, je ne suis pas le maître d'Ida, elle fait ce qu'elle veut. Mais ça n'empêche pas qu'apprendre que la femme que j'ai aimé pendant 10 ans me dise ça, me remplace aussi rapidement. Avec Myrddin, c'est autre chose. La relation que j'entretenais avec lui date d'il y a quelque mois. Ici, j'ai juste l'impression qu'elle a rencontré ce Bryan peu après notre séparation. Ça ne peut pas être sain. Clairement pas.
Mais je ne veux pas faire d'histoire. Pas tout de suite. Pas aujourd'hui. Jamais, au final. Il faut que j'apprenne à vivre avec les choix qu'Ida fait, même s'ils ne me plaint pas. Je lui offre un léger sourire lorsqu'elle me dit, nerveusement, qu'elle ne va pas se précipiter. « J'espère bien» soufflais-je avant d'annoncer que je vais aller réveiller Alexander. J'attends tout juste la réponse d'Ida avant de me détourner et sortir de la cuisine. Je soupire doucement en montant à l'étage.
Avant d'entrer dans la chambre de mon fils, je fais rapidement le vide dans ma tête, prends plusieurs profondes inspirations puis ouvre doucement la porte. En voyant mon petit chéri allongé là, sur son lit, à dormir paisiblement, un doux sourire étire mes lèvres. Discrètement, je m'avance et m’accroupis à côté de son lit. J'attrape une voiture de jouet et commence à la rouler sur sa main puis sur son bras et remonte vers sa tête. Le tout en faisant un bruit de moteur totalement pourri avec ma bouche. Je souris doucement lorsqu'Alex commence à gigoter. «Ah, les montagnes russes viennent à la vie ! » m'exclamais-je «vite, descendons tou-... » je me tais lorsque mon fils me redresse brusquement et que la voiture tombe mollement sur le matelas. «Eh voilà, tu les as tous tué. T'as pas intérêt à faire la même chose aujourd'hui hein » le disputais-je gentiment. Alex me regarde, cligne des yeux puis affiche un large sourire. « C'EST AUJOURD'HUI QU'ON VA AU PARC ?!» s'exclame-t-il finalement. J'hoche la tête en rigolant doucement puis me relève lorsqu'il saute de son lit. «Tu t'habilles tranquillement, ok ? Et prépare ton sac aussi. » je le regarde s'affairer à chercher des habits « Un short et un t-shirt feront l'affaire. Oublie pas ta casquette !» lui lançais-je alors que je me dirige vers la sortie de la chambre «Et tu descends après, ok ? Maman a déjà préparer le petit déjeuné» il hoche vivement la tête sans pour autant me regarder.
Je sors de la chambre et me dirige vers cette que j'ai partagé avec Ida. J'ai juste envie de voir Clara quelques instants. Je me dirige vers son berceau et me penche sur elle. Elle a déjà les yeux ouvert et m'accueille avec un grand sourire « Salut ma princesse» souriais-je. Lorsqu'elle tends les mains vers moi en gigotant d'avantage, je me penche un peu plus et la prends dans mes bras. Je la berce un peu, puis sors de la chambre et descends dans le salon où Alex est déjà attablé. « Je voulais lui dire bonjour et elle était déjà réveillée. Du coup je l'ai descendu » je regarde l'heure « Et si je ne me trompe pas c'est l'heure du repas pour toi aussi, pas vrai ?» dis-je à ma fille en lui caressant le bout du nez. Je m'installe ensuite sur une chaise en face d'Alex « Mange doucement» indiquais-je en le voyant engloutir littéralement ses tartines «Le parc n'ouvre qu'à 10h, on a tout notre temps » expliquais-je en berçant un peu Clara qui est toute sage dans mes bras.
Don't waste your time looking back, you're not going that way
Ce que j’ai dit. A la maitresse, rien, si ce n’est que c’était un sujet encore trop sensible. Alex ne comprenais pas tout, il était innocent et je ne pouvais pas lui en vouloir de penser que Myrddin appartiendrait à notre petite famille. Peut être que dans le cas inverse, j’aurais aimé qu’il puisse parler ainsi d’un autre homme que j’aurais pu aimer. C’est flatteur, certes. Mais la douleur est encore trop présente pour que je n’accepte cette personne dans notre vie. Je la tolérais pas obligation mais je me portais loin de lui. Je ne voulais rien savoir de sa relation avec mon ex-mari. S’ils étaient heureux, soit, mais loin de moi cette relation trop plein d’amour qui me rappelle comment mon mariage de dix ans avait volé en éclat en une fraction de seconde. Comment je m’étais retrouvée à devoir élevée seule mes enfants dans une maison trop grande pour nous et dont les charges commençait à peser sur mon portefeuille. Thomas savait que notre relation ne serait plus comme avant, qu’il devrait choisir ses mots en me parlant car je n’acceptais plus aucune gaucherie de sa part. J’étais même susceptible lorsqu’il s’agissait de mon ex-mari. La tromperie était encore trop présente dans mon quotidien. Son bonheur m’exaspérait. Nous nous montrions cordiale, un peu plus familier lorsqu’il s’agissait de Clara ou d’Alexander. Mais nous? S’il était encore possible de parler d’un nous. Nous n’existions plus. Il fallait que j’apprenne à vivre avec, à me désolidariser de cette homme avec qui j’avais vécu une bonne partie de ma vie. Seul le temps pouvait guérir se qui restait à guérir. « Myrddin n’est pas son père. Tu l’es…seul. » finis-je par répondre. Mon ton était à nouveau ferme. J’avais prononcé ce prénom avec beaucoup de haine. Je m’étais écorchée la langue en le disant. Je soupirais. « Tu devrais lui expliquer. Il est en âge de comprendre ce qui se passe. » insistais-je. A la maison, Alex avait bien compris que parler de ce que papa et Myrddin faisait m’énervait. Il avait arrêté de raconter ce qu’il faisait de ses week-ends chez eux. Je leur en voulais de pouvoir l’influencer en le gâtant trop, en l’emmenant au parc… en se montrant trop disponible pour lui. J’avais l’impression de jouer le mauvais rôle. J’étais la mauvaise mère aux yeux de notre fils. Je ne pouvais l’emmener nul part, si ce n’est au parc de temps en temps ou à la bibliothèque. Je lui refusais souvent des petits jouets parce que maman n’a pas d’argent mon coeur. Je voyais bien qu’il était déçu, qu’il attendait avec impatience l’arrivée de son père pour pouvoir combler toutes les frustrations qu’il avait avec moi.
Thomas était monté réveillé Alex pendant que je lui préparais son petit déjeuner. Le petit garçon avait descendu rapidement les escaliers qui séparait sa chambre et la cuisine pour regagner sa chaise et dévorant son petit déjeuner rapidement. « J’ai pas le droit au câlin du matin? » lui demandais-je en lui ébouriffant les cheveux. Il était tellement pressé d’aller au parc qu’il ne m’avait presque pas regardé. Je souris attendrie par sa réaction, dépose un baiser sur le haut de son crâne et le laisse manger en me réservant un café. J’avais prévu de faire quelques petites courses et de ranger un peu la maison qui était devenu un véritable foutoire entre les jouet de Clara et ceux d’Alex. Je m’étais d’ailleurs pris le pied dans une voiture télécommandé en voulant accompagner Bryan jusqu’à la porte. Elle s’était mise à faire des bruits de siréne, j’avais retiré rapidement les piles pour ne pas réveiller les enfants. Thomas descendait quelques temps après, Clara dans les mains. Je hoche la tête, elle devait être morte de faim. « Bonjour toi. » lui dis-je en caressant ses petites joues. Je tends un biberon déjà prêt à Thomas : « J’ai tiré mon lait avant que tu ne viennes. Tu peux vérifier si la température est bonne. » Depuis quelques temps, j’essayais d’habituer notre fille au biberon. Chose qui n’était pas du tout évident, elle qui préférait de loin le sein. Pourtant, avec les dents qui allaient bientôt commencer à pousser, je souffrais à chaque fois que je devais la nourrir. Alex avait bientôt fini ses céréales. « Je vous prépares des sandwichs ou vous comptez manger là bas? » demandais-je à Thomas. Alex grimaça préférant de loin un bon happy meal, ou l’équivalent pour pouvoir bénéficier d’un nouveau jouet que l’on finira par jeter à cause de Clara qui met tout dans sa bouche. « Papa? Tu vas revenir à la maison avec nous? » finis par demander Alex. On en avait parlé une bonne centaine de fois, j’avais beau lui expliquer que Thomas et moi n’étions plus des amoureux, il continuait à cultiver le fantasme de la petite famille soudée. A qui en vouloir. Je laissais le soin à mon futur ex-mari de répondre. Il imaginait peut être que nous pourrions passer outre tout ce qui s’était passé et que nous reformerons la parfaite petite famille que nous étions. Du haut de ces sept ans, il ne comprenait pas tout. Il posait beaucoup de question. Pourquoi papa n’est plus avec maman? Pourquoi papa est avec un monsieur? Est ce qu’ils auront des enfants? Est ce qu’il l’oubliera? Et si maman se marie avec quelqu’un d’autre? Est ce que ça va être une femme aussi? Est ce qu’elle nous oubliera en nous abandonnant chez une méchante famille. J’essayais au mieux de le rassurer. De lui dire que pour rien au monde ni moi ni Thomas n’allions les oublier. Qu’on les aimait trop pour les abandonner et qu’on serait toujours là pour eux. S’en suivait généralement des questions plus philosophique, je me demandais souvent comment cet enfant arrivait à certaines conclusions.
« Myrddin n'est pas le père d'Alex. Tu l'es...Seul ». Cette simple phrase prononcer par Ida m'énerve. «Sérieusement Ida ? » demandais-je sur un ton blasé, montrant clairement à quel point elle m'ennuie à dire ça. « Je suis le père d'Alex, Myrddin l'a bien comprit. Il ne s’immisce pas dans l'éducation de notre fils, il est juste là en tant qu'ami. Que tu l'acceptes pas je t'avoue que ça m'est quelque part égal. J'veux dire dire, va bien falloir que tu t'habitues à cette situation. Autant que moi je dois m'habituer au fait de savoir que tu couches avec un homme que tu connais moins bien que je connais Myrddin»
Je ne voulais pas faire d'histoire, pas vrai ? Je voulais me tenir à carreau, rester tranquille face à Ida et ne pas lui parler de Myrddin. Mais je suis connu pour être quelqu'un de relativement direct, un jour ou l'autre je lui aurais bien dit ça. « Écoute, ce que tu fais de ta vie … je ne peux rien y faire moi. Je ne suis pas en mesure de te juger et de dire ce que tu dois faire ou ce que tu ne dois pas faire, mais alors fais-en de même avec moi. Je ne laisserais jamais personne toucher à nos enfants, pas même Myrddin, et tu le sais ça ! Tu sais qu'Alex et Clara passent en priorité»
J'en ai marre qu'elle juge mon amant. J'en ai marre qu'elle pense qu'il est ce qu'il n'est pas. Elle croit qu'il a détruit notre famille, elle croit que c'est de sa faute à lui. Alors que, au contraire, il n'y est pour rien. C'est moi le seul fautif dans cette histoire. Autant je la défendais elle, à l'époque où nous étions encore ensemble, autant il faut qu'elle se mette dans le crâne que c'est définitivement fini entre nous, qu'elle mérite tout le respect du monde, qu'elle restera la femme de ma vie et la mère de mes enfants, mais que mon cœur, lui, appartiens maintenant à Myrddin.
Mais, avant que ça ne dégénère réellement, je m'en vais. Je monte à l'étage et vais réveiller mon fils. Excité comme une puce et se lève très rapidement et s'habille avant de descendre. Je vais dire bonjour à Clara qui est déjà réveillée et en profite donc pour la prendre avec moi dans le salon. Je retrouve Alex qui dévore ses céréales et vérifies, comme demandé, si le lait est à la bonne température. Jugeant que c'est ok, je m'installe table avec ma fille dans mes bras et lui donne le biberon.
Je profite un instant de ce moment entre nous deux, lorsqu'Alex reprends la parole. Il me demande si je vais revenir à la maison. Le genre de question qu'il pose vraiment souvent. Trop souvent. Au début de déformait la vérité, je laissais transparaître un éventuel petit espoir, mais j'ai décidé d'être un peu plus ferme. Lui dire la totale vérité. Tout en le ménageant quand même au maximum. Peser ses mots pour ne pas le blesser outre mesure. « Non Alex, je te l'ai déjà expliquer» répondais-je « Je ne vais pas revenir à la maison » je lui souris « Ta sœur et toi, vous êtes très bien ici, non ?» il lève son regard vers moi. « Mais je veux te voir plus souvent» dit-il alors que mon cœur se brise un peu « Et moi j'adorerais vous voir plus souvent, toi et ta sœur.» répondais-je avant de me redresser «Mais je ne peux pas. J'aime Myrddin, et c'est avec lui que je vais continuer ma vie » que ça plaise ou non à Ida. «Mais tu seras toujours ma priorité, mon chaton » je me penche un avant et laisse Clara porter le biberon le temps de passer une main dans les cheveux blonds de mon fils «En on parlera plus en détail ce soir, avec Myrddin aussi. OK?- » je lui souris et lui fait un clin d’œil « Autour d'un bon chocolat chaud et d'une partie de petits chevaux» reprenais-je en toute innocence. Le regard de mon fils s'éclaircit et son sourire se fait plus radieux. Oui, il adore Myrddin. Non, il ne le considère pas totalement comme son père. Peut-être qu'Ida me dit ça juste pour que je me sente mal ? Je n'en sais rien. Mais peu m'importe aussi.
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Je l’avais un peu cherché. Je ne pouvais pas m’empêcher de lui envoyer des piques pour lui rappeler que cette situation m’avait été imposé. C’est vrai que cette histoire remontait à quelques mois déjà mais il n’avait pas perdu de temps à refaire sa vie. Ce qui me blesse au fond, c’est de savoir qu’il n’a pas eu à porter le deuil de notre mariage très longtemps. Il était avec son chéri, dans leur nouveau chez soi, à filer le parfait amour. Il n’avait jamais réellement penser à moi, comme si finalement ce divorce l’arrangeait dans sa petite vie paisible. Nous avions passé presque dix ans, l’un au côté de l’autre.
Nous avions su nous épauler, nous soutenir et parfois remonter des pentes difficiles parce que nous ne formions plus qu’un. Le fait de ne plus l’avoir auprès de moi, ne plus pouvoir le toucher, l’approcher et me confier à lui, me rendait dingue. Je maudissais le jour où ce Myrddin avait fait irruption dans sa vie. Nous aurions pu continuer à être heureux. Les enfants n’auraient jamais eu à subir un divorce quelque peu houleux malgré qu’on essayait de dissimuler au mieux nos rancoeurs devant eux. D’un autre côté, il n’avait pas tord sur ma relation avec Bryan. J’ignorais tout de cet homme mais dans le fond, je m’en contrefichais un peu tant qu’il arrivait à me rendre heureuse les quelques instants qu’on passait ensemble.
Il n’était pas question de faire une nouvelle crise. C’était la journée d’Alex, je ne voulais pas lui gâcher son moment. Je pris place sur un tabouret montant, lachant tout de même un soupir d’agacement comme l’aurais fait une ados de quinze ans face à des parents trop relous. Nous n’allions de toute manière jamais tombé d’accord, alors autant que son argumentation s’arrête : « Laisse tomber. » dis-je pour mettre un terme à la discussion. Je m’entêtais, mais de toute façon, il avait beau dire ce qu’il voulait, je n’étais pas réellement prête à tourner la page et devenir de bons amis. J’avais encore des sentiments pour mon ex-mari, et ça malheureusement je ne pouvais rien y faire.
Je me sers du thé, observant un peu ce qui ressemble à un semblant de vie de famille. Et dire que j’avais ça chaque matin et que je ne m’en rendais pas compte. C’est généralement dans ces situations qu’on se rend compte qu’on a pas assez profité du bonheur lorsqu’il était entre nos main. Alexander nous teste souvent, évalue nos réponses et essaye de voir s’il y a moyen que ça puisse s’arranger entre son père et moi. Bien sur à son âge, on ignore beaucoup de choses. J’avais laissé le soin à Thomas d’y répondre, un peu dans l’optique d’entendre ce qu’il allait dire. Je laisse presque échapper ma tasse des mains lorsqu’une fois de plus il parle de ‘myrddin’. Je ne sais pas pourquoi, mais je le pris pour moi, j’avais l’impression qu’il remuait le couteau dans la plaie. S’il pensait que c’était comme ça que j’allais déclarer forfait, c’était mal me connaitre. Leur amour, aussi beau et émoustillant aux yeux des autres était illégitime à mes yeux. Une nouvelle fois, j’eus envie d’hurler, d’envoyer valser ma tasse sur lui pour qu’il puisse enfin comprendre que j’avais encore mal de cette histoire.
« Putain. » lachais-je sans me rendre compte devant Alex, qui s’amusa à le répéter après moi. Je me penchais sur le levier. Je devais apprendre à gérer ma jalousie, à peut être moins être démonstrative de mes sentiments. Je me tournais vers Alexander : « Chéri, mange vite, vous allez être en retard. », je ne voulais plus entendre parler une nouvelle fois de ce type. Je refusais de les imaginer tout les trois sirotant un chocolat chaud devant le jeu des petits chevaux, c’était au dessus de mes forces.
Voilà. Ça lui a cloué le bec. Très clairement. Elle ne sait plus quoi dire, elle ne sait plus comment argumenter. Du coup, hop, elle se mur dans son silence et me dit de « laisser tomber ». C'est une petite victoire pour moi. Ainsi donc, quelque peu content et fier de moi, je m'en vais chercher réveiller Alex et descends avec Clara dans mes bras. Je m'installe, prends le biberons en main et commence à la nourrir alors que mon fils se met me demander si je comptes revenir à la maison.
Je lui explique tranquillement que ça ne sera pas possible, que j'aime un autre homme mais qu'on en parlera plus en détail avec Myrddin ce soir. Et ça ne semble pas plaire à Ida. Lâchant un 'putain' -chose qui me déplaît fortement...- elle commence à presser Alex parce qu'on risque d'être en retard. Je regarde tranquillement ma montre et hausse les épaules en me reculant contre le dossier de la chaise « Laisse le manger tranquillement» indiquais-je à mon ex femme «On n'est pas à cinq minutes près, tu sais ? » dis-je avec tout le calme du monde. Je reprends le biberon de ma fille en main et observe la petite quelques instants «Dis comme ça, on dirait que tu veux me mettre à la porte » reprenais-je en posant mon regard sur Ida, lui offrant un sourire innocent mais totalement faux.
Elle n'osera pas faire d'histoire devant les enfants. Surtout pas devant Alex. Ce n'est pas pour autant que je vais profiter de la situation, mais j'ai bien le droit de m'amuser un petit peu ? Je baisse mon regard sur mon fils qui m'interroge du regard « T'inquiète pas mon chéri, continue de manger tranquillement. Tu as déjà fais ton sac de toute manière» je reporte mon attention sur Ida «Et t'embêtes pas, j'ai de quoi faire des sandwich à la maison » « à l'avocat ?!» s'exclame Alex en se redressant. J'hoche la tête en sa direction « Avocat, tomates, fromage de chèvres, concombres et blanc de poulet » dis-je avec un clin d'oeil. Au sourire de mon fils, je sais que j'ai tapé dans le mile : il adore mes sandwichs. « Myrddin a aussi fait des cookie hier soir. Tu sais, ceux au beurre de cacahuètes ...» Alex écarquille les yeux « Oh ouais ! Les meilleurs !» j'hoche la tête « C'est exactement ça» reprenais-je, ignorant totalement Ida qui doit sûrement fulminer dans son coin. Mais franchement, ça m'est tellement égal sur ce moment.
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JThomas voulait vraiment jouer avec mes nerfs. Je ne savais pas où il voulait en arriver mais c’était mal me connaitre de jouer comme ça avec mes sentiments. Je ne voulais pas hurler devant les enfants mais il m’énervait. « te mettre à la porte? » répétais-je lui adressant un sourire narquois. Il savait que devant Alex je me tiendrais à carreaux, que je ne ferais pas d’histoires. Je croisais les bras, regardant mon ex-mari droit dans les yeux. « Pas du tout. Je ne sais même pas ce qui te fait dire ça. » continuais-je d’un air faux plein de sous entendu. Alexander était bien trop petit pour comprendre ce double langage qui est l’ironie. Bien évidemment que je voulais que Thomas parte, il me rendait nerveuse et gâchait ma journée.
D’ailleurs, je ne comprenais pas son comportement. D’accord, j’avais insulté son petit copain, mais ça ne changeait pas de d’habitude. Et ce n’était pas comme ça que nos relations allaient s’améliorer. J’aurais pu ignorer son petit jeu, mais ça ne me ressemblait pas. Il était sur le point de provoquer un incident diplomatique, alors que l'on avait eu beaucoup de mal à trouver un terrain d’entente.
Il avait raison de ne plus vouloir de mes sandwichs, j’aurais pu cracher dans le sien pour me venger. Son comportement m’énervait. J’avais récupéré Clara pour lui faire faire son petit rôt. Il fit mine évidemment de ne pas remarquer que j’étais sur le point d'exploser. Il essayait d’influencer notre fils pour avoir gain de cause, Alex était prêt à dire n’importe quoi pour son père qu’il ne voyait plus aussi souvent qu’avant. Je décidais finalement de ne rien laisser paraitre : « Ah, parce que tu comptes en plus passer à la maison pour préparer les sandwichs. » à mon tour je regardais notre fiston, jouant un peu au même jeu que Thomas : « Vous risquez d’arriver vraiment en retard. Le temps d’aller chez toi, de faire la route, de préparer les sandwiches et de repartir jusqu’au parc. C’est long quand même. » j’articulais chaque mot que je prononçais, de façon à ce qu’Alex assimile chaque mot, en exagérant à mon tour sur les faits. Il s'était arrêté de manger pour m'écouter. Je soupire :
« C’est dommage, quand même ! Alex voulait vraiment avoir le temps de tout faire et de se prendre en photo avec toutes les mascottes. Tant pis. » Bien sur, notre fils ne tarda pas de nouveau à réagir. Il adressa un regard à son père, effrayait de ne pas arriver à l’heure. « Sinon, je peux toujours les préparer là maintenant. Et ça tombe bien, J’ai de l’avocat aussi. » dis-je en secouant le fruit dans les mains.
Alex n’était pas contre le fait que ce soit moi qui le fasse. Tant qu’il arrivait à temps à ses manèges. Thomas avait de nouveau essayé de me toucher avec ses histoires de cookies au beurre de cacahuètes. S'il veut, dans le fond, je sais qu'Alex change souvent de discours devant son père. Je ne dis rien.
Ida ne porte pas Myrddin dans son cœur, loin de là. Mais qu'elle cesse de l'insulter, merde ! Moi non plus je ne suis pas là, à lui rabâcher sans cesse que ce Bryan n'est pas l'homme qui lui faut parce que je ne le connais pas. Et il en va de même avec Myrddin. Elle ne le connaît pas et ne cherche même à le connaître. Si elle mettait sa putain de rancune de côté pendant quelques instants elle pourrait comprendre que mon amant est une personne adorable et qu'ils ont même pas mal de point commun. Mais non. Et ça me fait clairement chier, de plus en plus. C'est pour ça que je décide de reprendre les choses en main. Je me montre ironique et désagréable avec elle, parce qu'à une moment faut dire stop. Mais elle ne le prends pas comme ça et, comme moi, se met à balancer de l'ironie dans l'aire. Je soupire doucement, d'avantage encore lorsqu'elle soulève le fait que j'ai envie de rentrer pour préparer les sandwich mais ça nous fera perdre du temps et qu'Alex ne pourra pas faire toutes les attractions qu'il avait envie. Je roule des yeux et soulève Clara pour la poser sur mon épaule en lui tapotant le dos.
« Eh bien fait toi plaisir hein. Que veux-tu que je te dise» dis-je simplement. Si ça peut lui faire plaisir de faire ses putains de sandwich, qu'elle le fasse. « T'es près Alex ?» demandais-je en lançant un coup d’œil vers mon fils. Celui-ci hoche la tête et se lève. Il attrape son bol et va le ranger dans la cuisine puis me rejoint à nouveau «Va chercher ton sac, comme ça on pourra mettre tes sandwich dedans» je souris lorsqu'il s'exécute et change, moi aussi, de pièce.
Je n'ai pas envie d'être seul avec Ida dans la cuisine pour des raisons bien évidente. Avec Clara, je vais donc dans le salon. Je me penche en avant et dépose ma fille sur une couverture. Je la lâche, l'observe se retourner et attraper des jouets qui sont posés un peu partout. Un sourire attendrit prends place sur mes lèvres alors que je me dis qu'elle évolue très bien. Pas aussi bien et aussi vite qu'Alex, certes, mais je ne vais pas commencé à comparer mes enfants. D'autant plus que Clara, elle, n'est pas autant en forme physiquement qu'Alex. Enfin peu importe. Je me place en face de ma fille et dépose un baiser sur sa tête. «Bonne journée ma chérie » soufflais-je en lui caressant le dos avant de me redresser.
Alex est déjà dans le couloir entrain de fermer sa deuxième chaussures. Il s’apprête à attraper son manteau et je secoue la tête « Laisse t'en a pas besoin » lui souriais-je en lui tendant la main. « Bon, Ida ? On est parti ! Bonne journée et merci pour le café encore» lançais-je en ouvrant la porte. « Salut Maman !» lance Alex en faisant un signe de la main à mon ex femme. Je ferme finalement la porte derrière nous et me dirige vers le métro. Je me sens soudainement plus léger, maintenant qu'Ida est loin de moi. C'est horrible à dire, mais plus elle est loin mieux je me porte. J'ai pensé, à un moment, qu'on pourrait continuer d'être amis, mais en fait, non. C'est tout bonnement impossible. Tant qu'elle ne se soit pas mit dans le crâne que c'est bel et bien fini entre nous et qu'elle n'ait pas accepté ça, je n'ai même plus envie de la revoir.