I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
"C'est vraiment gentil d'avoir pu me dépanner, Suzie. Je n'aurais pas su comment faire sans vous." "Ne vous en faites pas, je n'avais cours cet après-midi, en plus." dit l'étudiante, qui avait tout de même emmené ses cours pour travailler. "Ce n'est pas la peine de réveiller Daniel, même si vous pensez qu'il dort trop longtemps. Il est un bon dormeur, et donnez lui le goûter quand il sera réveillé, je m'adapterai pour le dîner de ce soir." Elle se disait que Jamie pouvait peut-être passer après le travail pour passer du temps avec lui, il sera certainement heureux de savoir que leur petit veillera un peu plus tard que d'habitude. "Il y a plusieurs compotes au frigo, vous prenez celle que vous voulez. Il aime vraiment tout. Et les boudoirs sont dans le placard là, il adore en grignoter un, mais seulement une fois qu'il a mangé la compote et le yaourt." Joanne était à nouveau blonde. Son coiffeur habituel avait miraculeusement réussi à rattraper le coup et à se rapprocher au maximum de sa couleur naturelle. Elle se reconnaissait à nouveau en voyant dans un miroir, et Daniel avait eu un sacré cri de joie en revoyant la couleur de cheveux de sa mère. Elle était impeccablement vêtue de la robe bleue que Jamie lui avait offert. Victoria l'avait appelé le matin même, disant qu'elle devait à tout prix venir dans l'après-midi pour rencontrer une personne renommée qui adorerait contribuer à la construction du nouveau bâtiment pour la fondation Keynes par un financement. Joanne avait proposé de faire un premier échange téléphonique, d'organiser un restaurant d'affaires, mais Vee avait insisté pour qu'elle vienne en personne. La jeune femme avait alors appelé en catastrophe l'étudiante en médecine, qui était disponible. Du haut de ses escarpins, elle prit Daniel dans ses bras pour l'embrasser. "Je reviens après le goûter, mon chéri. Je t'emmène faire la sieste, tu veux ?" Tout blotti contre lui, le petit se laissait monter jusque dans sa chambre. Elle lui chantait une berceuse, le gardait dans ses bras - ce qui la mit un peu en retard, d'ailleurs. Ce n'était qu'une fois endormi qu'elle l'allongea et le laissa se reposer. La petite blonde remercia une nouvelle fois la baby-sitter avant de filer prendre la route jusqu'au centre-ville. On commençait aussi à la connaître, chez Vogue, alors qu'elle n'était jamais apparue dans leur magazine - Jamie l'avait un peu mentionné dans son interview. On lui souriait, on la saluait à tout va parce qu'on savait que la patronne l'adorait. L'une des hôtesses d'accueil lui proposa quelque chose à boire, ou à manger, mais la jeune femme déclina. Elle ne voulait pas faire attendre l'éventuel donateur davantage. On la guida alors jusqu'à un bureau. Joanne tomba des nues en voyant que Jamie était là, en compagnie de Vee. Elle restait longuement statique alors que l'hôtesse les laissait seul en fermant la porte derrière. "Joanne, ma chérie. Le blond, ça te va tellement mieux." s'exclama-t-elle joyeusement en la prenant dans ses bras. Joanne la dévisagea, ne comprenant pas ce qu'il s'était passé. "Il y a effectivement un bon ami à moi qui voudrait faire ta rencontre par rapport à la fondation, mais ce n'est pas pour aujourd'hui." expliqua-t-elle posément, en regardant alternativement Joanne et Jamie. Elle avait sorti la même excuse au bel homme pour qu'il vienne, prétendant que Joanne n'était pas disponible pour voir ce fameux donateur. "Mais par contre, vous deux, vous devez vraiment parler. L'autre soir, ce que j'ai vu, à pas être capable de vous lâcher alors que vous vous dites séparés. Que toi, Jamie, tu me dis que vous ne vous remettrez jamais ensemble. Non non, j'achète pas. Pas avec la manière dont vous vous regardez, pas à la manière où vous restez mystérieusement aimanté. Je ne joue pas l'entremetteuse, je sais très bien ce que j'ai dit pendant le vernissage, et je le pense toujours. Alors vous ne sortirez pas de ce bureau tant que vous n'aurez pas discuté tous les deux. On ne me la fait pas, à moi. Vous êtes bien trop adorables tous les deux pour que ça se termine comme ça." Le ton de Vee laissait deviner qu'elle ne leur laissait pas trop le choix, et ils savaient tous les deux à quel point elle pouvait être têtue. Satisfaite de son coup montée, elle esquissa un large sourire en sortant du bureau. Joanne le regardait à peine.J'ignorais tout ça, ce qu'elle avait prévu de faire." dit Joanne à son ex, pour être sûre qu'il comprenne qu'elle n'y était pour rien pour cette rencontre surprise où les silences allaient certainement être bien nombreux.
Évidemment que ce n'est pas de sa faute. Ce n'est qu'un abominable coup monté qui me met immédiatement hors de moi. "Vee." j’interjecte entre mes dents, tentant de garder mon sang froid alors qu'elle quitte la pièce pour nous laisser seuls. Mon regard noir reste accroché à sa silhouette soudainement haïe. Je me lève de ma chaise pour lui emboîter le pas. "VEE." Rien du tout, sans ciller, elle ferme la porte et tourne la clé dans la serrure, s’assurant ainsi que personne ne s'échappe de cette entrevue forcée. La main sur la poignée, je force illogiquement, en vain, uniquement pour défouler mes nerfs. Mais poumons évacuent la frustration en me faisant hausser la voix bien assez fort pour que l'étage entier m’entende. "VICTORIA. Ouvre cette porte !" Elle n'en fera rien, et la connaissant elle nous laissera ici tout l'après-midi si cela lui semble nécessaire. C'est sûrement le cas. Et c'est hors de question. Non seulement parce que du travail m'attend à la radio et que j'ai bien d'autres choses à faire que de me lancer dans une thérapie de couple, mais parce que je rejette viscéralement toute forme de contrainte de la sorte et que je ne peux pas laisser passer ce genre de comportement. Nous prend-t-elle pour des enfants ? "On va jouer." Bien. Quelques secondes, je regarde autour de moi afin de trouver le moyen de sortir ; il est accroché au plafond. Parfait. J’approche du bureau de ma collègue et fouille entre les trombones et les post-it pour mettre la main sur un bac de papier dans un tiroir. Je souris, fort heureux de ma trouvaille, et me réjouissant d'avance de faire payer à celle que je raye de la liste de mes amis son arrogance. "Ne le prend pas personnellement." je précise à Joanne avant de mettre mon plan à exécution. Ce n’est pas que je ne veuille pas lui parler ou que je souhaite la fuir, rien de cela. Ce n’est pas contre elle. Peut-être se souviendra-t-elle de mon aversion pour les ordres et comprendra-t-elle ce qui me motive. Si nous devons parler, ce ne sera pas dans ces conditions, je le refuse. Pas sous la contrainte parce qu'une indiscrète aura décrété que nous devons nous rabibocher. Cela dit, j’ajoute du papier dans la corbeille de Victoria, posée sur la table, qu'importe l'importance de la paperasse que j'y entasse. Puis je tire mon briquet de ma proche, l’allume, et le jette dans la corbeille. Il ne faut qu'une minute pour que le papier se mette à brûler. L’alarme incendie se déclenche immédiatement, et toutes les pièces sont victimes d'une soudaine averse. Je retourne auprès de Joanne, retire ma veste et la lui dépose sur les épaules. "Prends ça." je souffle, l'air désolé. Elle sera trempée le temps de sortir du bâtiment, autant lui épargner un mauvais rhume. Nous n’attendons que quelques secondes avant que la secrétaire de Victoria ne se jette sur la porte du bureau pour la déverrouiller et nous demander de sortir, l'air paniquée. Je prends la main de Joanne et la guide à travers le bâtiment, dans la foule qui s'amasse dans les couloirs et dans les escaliers, afin qu'elle ne se fasse pas engloutir par la marée humaine. Nous atteignons le hall, puis l'extérieur, dégoulinants de gouttelettes. Mon regard balaye tous ces visages aux expressions confuses qui fixent le bâtiment supposé être en feu quelque part. Là, Vee. Ma main lâche Joanne afin de l'approcher, l'air mauvais et franchement furieux. "Ne m'appelle plus jamais." Nous ne sommes plus amis. Quiconque me connaît assez mal pour agir de la sorte ne mérite pas ce statut. Désormais elle n’a que mon mépris. "Jamie, tu fais une erreur." tente-t-elle maladroitement de tempérer. "L'erreur, Victoria, c'est de te mêler de ce qui ne te regarde pas où de te croire en droit de m'obliger à quoi que ce soit." Ne comptant pas passer une seconde de plus à respirer le même air, je me fraye un chemin hors de la masse d'employés du magazine et rejoins le trottoir d'en face où est garé ma voiture.
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Dernière édition par Jamie Keynes le Ven 18 Nov 2016 - 1:57, édité 1 fois
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Jamie n'avait jamais aimé qu'on lui impose quoi que ce soit, qu'on veuille le contrôler de la sorte. Il s'était toujours plié aux volontés de Joanne, avait parfois même apprécié qu'elle est un certain contrôle sur lui. Mais elle ne lui avait jamais imposé quoi que ce soit. Joanne vit en un seul regard que Vee avait dépassé les bornes et qu'il ne comptait pas se laisser et se plier à ses exigences. Pas de discussion, il comptait s'exécuter sans attendre dès lors qu'il avait réalisé qu'ils étaient enfermés dans le bureau. Joanne ne tentait même pas de l'en empêcher. A vrai dire, elle n'était peut-être pas aussi en colère que son ex, mais elle n'appréciait pas non plus la manière d'agir de Vee. Elle ne se disait pas entremetteuse, et pourtant, elle venait bien de les obliger à s'entretenir tous les deux entre quatre murs, sans issue. Joanne le regarda avec interrogation lorsqu'il parlait de jouer. Il fouillait dans le bureau afin de mettre la main sur du papier. Il jugea bon de préciser que Joanne ne devait pas le prendre pour elle. La jeune femme acquiesça d'un signe de tête pour qu'il comprenne qu'elle avait bien entendu. Bien qu'elle aurait pou le prendre pour elle, la petite blonde comprit parfaitement que cette fois, ce n'était pas contre elle, mais vraiment contre Vee. Joanne savait ce qu'il comptait faire dès qu'il se mit à remplir la corbeille de papier. Il comptait bien faire brûler le tout. Immédiatement, l'alarme incendie se déclencha, et s'en suit une douche pour tout ceux qui se trouvaient dans l'immeuble. Jamie s'approcha d'elle pour mettre la veste de son costume sur ses épaules, craignant certainement qu'elle n'attrape froid. Joanne le regarda d'un air reconnaissance, et l'une des employées leur ouvrit la porte afin qu'ils puissent évacuer. Sans attendre, il prit la main de son ex afin de ne pas la perdre dans la foule et qu'elle ne soit pas noyée par cette dernière. Ils finirent par sortir du bâtiment, trempés. Joanne le vit chercher Vee du regard, et il s'approcher d'elle afin de lui dire ses quatre vérités. La petite blonde observait la scène à distance, comprenant que Victoria pouvait tirer à trait son sur amitié avec Jamie. Celui-ci finit par partir et s'éloigner de là, toujours bien furax. Elle hésita un moment, mais elle finit par le rejoindre, au moment où il déverrouilla la voiture. Loin du tumulte et l'agitation de cette fausse alerte. "Jamie, attends." lui dit-elle alors qu'elle le rejoignait en courant avec ses hauts talons. "Merci." Il devait penser qu'elle parlait de la veste qu'il avait mis sur ses épaules. "Pour ce que tu as fait. Je n'en aurai jamais eu l'idée." Elle lui sourit. "Je n'ai pas non plus aimé sa manière de vouloir nous imposer ça. Ce n'est pas toujours facile pour nous de discuter de tout ça, et si nous avions à parler, je n'aurais pas voulu que ce soit dans ces conditions." Joanne retira la veste de ses épaules et la passa par dessus son propre bras. Elle frissonna légèrement au contact de l'air ambiant, il y avait une légère brise qui n'était pas très agréable en étant ainsi mouillé de la tête au pied. "Alors merci, de nous avoir sorti de là. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle nous fasse ce genre de choses." Lui non plus, très certainement, bien que le dernier commentaire qu'elle avait fait lors du vernissage était peut-être un peu annonciateur. "Mais c'était une bonne idée." reconnut-elle. Joanne en était même un peu amusée. Ca lui ressemblait énormément, de se venger en bonne et due forme et de trouver des idées si ingénieuses. Elle savait qu'il finirait par se lier d'amitié avec des personnes tout aussi influentes et reconnues que Vee, il y en avait peu, mais il n'en manquait pas. "Tu es trempé. Tu vas finir par attraper froid." constata-elle, sachant qu'il était certainement sur le point de retourner au travail. "Attends, je crois que j'ai une serviette dans la voiture." Elle était garée à quelques mètres de là. Lorsqu'on avait un bébé, on avait toujours un peu de tout à porter de main. Surtout que Joanne aimait anticiper ces choses là, elle n'aimait pas être prise au dépourvu en manquant quelque chose. Elle fit rapidement l'aller-retour pour lui donner la serviette. "Tiens." lui dit-elle. "Tu as peut-être fait ça sous la colère, mais, en y repensant maintenant, c'était assez amusant." dit-elle avec un petit rire, en regardant au loin les employés de Vogue qui attendaient dehors. Cette pointe de folie de Jamie, ça lui manquait aussi beaucoup.
Rajouter l'incendie volontaire à la liste de mes délits et la pyromanie à celle de mes qualités n'a jamais été dans mes intentions, néanmoins, sur le moment, ce fut bien le seul et unique moyen que je parvins à figurer pour nous sortir de ce fichu bureau et de ce bâtiment. Une technique radicale certes, mais qui a eu le mérite de fonctionner à la perfection, nous permettant de nous échapper de cette confrontation maladroitement imposée tout en faisant peser ma colère et ma vengeance sur tout un bâtiment et ses employés. De quoi pleinement me satisfaire lorsque, depuis le trottoir d'en face, j'observe le petit agrégat de modeuses s’agglutiner devant leur lieu de travail, le nez bêtement levé à la recherche d'un incendie qui n'existe pas. Laissée passée par une voiture au conducteur perturbé par la scène se déroulant dans l'avenue, Joanne accourt vers moi sur cette paire de talons qui pourraient la faire trébucher à tout moment. Je ne bouge pas et referme même la portière de la voiture en attendant. Mes yeux se plissent en entendant les remerciements de la jeune femme. Jamais n'aurais-je pensé que l'on puisse être remercié pour avoir mis le feu à une panière pleine de papier et fait évacuer un bâtiment uniquement pour protester contre Victoria. Avec l'âge, les adultes ne cessent pas de bouder lorsqu'ils sont mécontents ; leurs vengeances évoluent. Je suppose que je suis resté un enfant terrible à ma façon. Au moins, je suis soulagé que Joanne ne m'ait pas couru après pour me blâmer et me moraliser. Elle et moi sommes d'accords pour dire que si nous ressentons le besoin ou l'envie de parler de quelque chose en rapport avec notre rupture, nous en aurons l'initiative nous-mêmes. Nous n'avons pas besoin d'être mis le dos au mur de cette manière qui a quelque chose de quasiment humiliant. « Moi non plus, je ne m'attendais pas à ça de sa part. » Je le vis comme une forme de trahison, comme à chaque fois que mes choix ne sont pas respecté. Que l'on ne les comprenne pas est une chose, que l'on soit contre également. Mais ce que mon ''amie'' a fait, c'est autre chose que je ne peux pas pardonner dans l'immédiat. « J'en suis si déçu. » j'avoue en soupirant. Une amie en moins. Je l'appréciais vraiment beaucoup, mais je ne peux plus lui faire confiance. Joanne m'accorde même que ma pulsion incendiaire n'était pas une si mauvais idée que ça. « Merci. » je marmonne, peu fier tout de même. Mais c'était ça, trouver un moyen de défoncer la porte, ou passer l'après-midi entier les bras croisés dans le silence par principe. La jeune femme, persuadée que l'air est bien trop froid pour rester avec une chemise trempée collée à la peau, se met en tête de me recherche une serviette dans sa voiture. « Joa... » Elle n'écoute pas et s'éloigne avant que je puisse rejeter l'idée. Ce n'est pas nécessaire, je serai rapidement au travail et je pourrai utiliser mon costume de rechange là-bas. Il y en a toujours un qui traîne. Tant pis, Joanne revient et je prends le tissu spongieux entre mes mains. Pendant que je me sèche le visage, la nuque et les cheveux succinctement, la petite blonde -à nouveau blonde- finit par s'amuser de la situation. Je ris légèrement également. « Ca l'était, oui. » Un silence s'impose pendant que nos regards restent posés sur les employés de Vogue et leur murmure grandissant demandant ce qu'il s'est passé à tout va. Un camion de pompier finit par débouler du bout de la rue, tous gyrophares dehors. Les hommes en rouge s'introduisent dans le bâtiment afin de trouver la source du problème. Je pouffe en imaginant la tête de Vee lorsqu'elle comprendra. Mon regard retombe sur Joanne, toujours trempée. Alors je lui dépose la serviette entre les mains. « Est-ce que... Est-ce qu'il y a des choses dont tu aurais en effet voulu parler, si on était restés là-bas ? » je demande au bout de quelques minutes de silence supplémentaires. Comme je le lui ait fait comprendre, tout ce cirque n'était pas contre l'idée de discuter, seulement le contexte. « Peut-être qu'on peut parler… mais autour un thé. »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Jamie était profondément déçu du comportement de Victoria, cela se voyait aisément sur son visage. Il tenait beaucoup à elle, son extravagance et le total décalage entre son âge mental et physique l'amusaient beaucoup. Mais la dernière méthode qu'elle avait décidé d'utiliser était loin d'être la bonne. En tant qu'amie de longue date de Jamie Keynes, il était surprenant qu'elle n'ait pas pris en compte à quel point il avait horreur qu'on lui impose certaines, qu'on l'oblige à en faire d'autre. Elle avait totalement raté son coup, et c'était tout le bâtiment de Vogue qui finissait par en payer les frais. Jamie n'était pas particulièrement fier de son acte, mais c'était certainement la seule solution qu'il avait en tête pour se sortir de là. Que s'il voulait discuter avec Joanne, cela devait être la volonté de chacun. Il faisait par de sa déception à la jeune femme, qui se sentait navrée pour lui. Il n'y avait véritablement personne qui comprenait leur histoire, il y en avait aussi bien peu qui voulait faire l'effort. La petite blonde allait rapidement chercher une serviette qui était soigneusement plié et posé dans le coffre. Jamie voulait certainement l'en empêcher en l'interpellant, mais le chemin aller et retour était vite fait. Il s'essuya rapidement le visage, ainsi qu eses cheveux bruns. Il rit même un peu avec elle lorsqu'elle disait être quelque peu amusée par ce qu'un simple feu dans une poubelle pouvait déclencher. Il y avait même les pompiers qui étaient venus en fanfare pour faire leur travail. Ils seront bien déçus de ne pas pouvoir jouer les héros devant toutes ces demoiselles bien jolies et célibataires. Jamie rendit la serviette à Joanne, qu'elle déposa sur ses épaules dénudées. Encore une fois, ils restaient greffés l'un à l'autre malgré les circonstances, malgré les longs moments de silence qui pesaient. Finalement, Jamie brisa ce silence, se demandant s'il y avait des choses dont Joanne voudrait parler. "Il y a toujours des tas de choses dont je voudrais parler avec toi." dit-elle nerveusement. "Mais je ne trouve pas les mots, ni la façon de dire tout ça." Peut-être qu'il n'attendait que ça. Qu'elle parle et qu'elle fasse quelque chose. Pour une fois que c'était elle qui était à cours de mots. Elle prit son courage à deux mains, et soupira longuement. "Lorsque j'étais à l'hôpital. Quand tu m'as dit que je resterai toujours ton premier amour. Je pense que j'ai pleuré à ce moment là parce que ça sonnait déjà comme une sorte de rupture. Un début de rupture. C'était un peu comme si tu me disais que j'étais ton premier amour, mais que je ne l'étais plus au moment où tu me l'as dit." Elle croisa les bras, à la fois par nervosité, mais aussi parce qu'elle avait un peu froid. "Et je sais bien que depuis, tu fais tout et n'importe quoi pour me faire comprendre que c'est fini, qu'il n'y aura plus rien. Je savais que lorsque tu avais dit à Vee qu'il n'était pas question de se remettre ensemble, tu le disais aussi pour moi." Joanne retenait une nouvelle fois ses larmes, mais elle s'efforçait de le regarder dans les yeux. "Je sais pas, tout le monde doit se dire qu'au bout d'un moment, ces gestes servent. Que ça établit peut-être ce mur que tu veux nous imposer entre nous. Pas d'étreinte, pas de dernier baiser, le minimum syndical de tout contact physique. Un "je sais" à la place d'un "je t'aime." Je ne sais pas s'il fallait s'attendre à ce que ça m'atteigne moins, au fur et à mesure. Mais ça fait toujours aussi mal, à chaque fois." La douleur ne venait peut-être que l'esprit, mais il n'empêchait que c'était bien réel pour elle, et insupportable par-dessus tout. Peut-être était-ce difficile pour Jamie de savoir à quel point elle en souffrait. "Je ne veux pas que tu culpabilises, je... Je voulais juste le dire à quelqu'un." Parce que Joanne n'en parlait à personne, de cette rupture. Elle refusait de revoir son psychologue. Hassan, Saul, Moira, et même ses parents s'étaient bien trop impliqués dans cette histoire pour pouvoir être à l'écoute comme il le faudrait. Beaucoup d'entre eux diraient que cette séparation était une bonne chose, et qu'il fallait simplement qu'elle s'y fasse. Le problème était là, elle n'y parvenait tout simplement pas. Joanne frotta rapidement ses yeux, ignorant totalement ce qui pouvait rester de son maquillage. "Mais, si ça tient toujours pour ce thé, je veux bien, oui." dit-elle après un moment de silence assez timidement. Elle espérait juste que ce ne soit pas en public, elle ne voudrait pas se voir s'effondrer devant tout le monde. C'était quelque chose qui pourrait très probablement se passer. "Où voudrais-tu aller, pour ça ?" Peut-être qu'il avait déjà une idée derrière la tête.
« Je comprends. » je me contente de répondre à sa tirade, neutre, presque impassible, seuls mes yeux plissés laissant deviner que j'éprouve de l'intérêt pour la peine de Joanne. J'ouvre la bouche, à deux doigts de lui avouer que cette rupture est difficile pour moi aussi, que je la vis mal, que je me sens coupable, idiot, et que j'aimerais revenir en arrière, à un moment où nous étions heureux, et arrêter le temps à cet instant pour qu'il dire éternellement, et pour que jamais ne vienne le jour où mon devoir ne fut plus de la faire rire, mais de lâcher prise et mettre un terme à cette histoire. Je ne peux pas lui avouer ma propre douleur, je me ravise. Mes pincements au coeur, les nœuds à l'estomac, ces moments où la solitude me plonge dans un vide indescriptible qui me paralyse. Joanne ne doit pas savoir. Elle ne comprendrait pas. Si elle m'aime, et que je l'aime, pourquoi ne pas être ensemble, tout simplement ? Ce n'est pas si simple, cela ne l'a jamais été. Je l'aime, je l'aimerai toujours, et mon coeur battra sensiblement plus fort à chaque fois que je croiserai ce regard bleu. Mais tout sera bien plus simple si la jeune femme se persuade que ce n'est pas le cas. Si elle pense que mes sentiments sont morts, et que je n'ai plus pour elle que la vague affection que je me dois d'avoir pour la mère de mon fils, mon premier amour. Elle doit croire que je ne l'aime plus, et lorsqu'elle en sera convaincue, il lui sera tellement plus aisé de tirer un trait sur tout ceci. D'oublier. S'il reste des sentiments, elle s'y raccrochera, elle espérera. S'il n'y en a pas, elle finira par lâcher prise, elle aussi, un jour. Elle avancera enfin. Alors j'étouffe ma propre peine, je jette un voile sur mes émotions. Je feins encore et toujours l'indifférence face aux larmes en me répétant qu'un jour elle n'en versera plus par ma faute, et alors j'aurai réussi. « Allons chez moi. » dis-je finalement. « Suis-moi en voiture, ça te permettra de repérer un peu le chemin pour la prochaine fois, si jamais tu dois venir me voir. » Sait-on jamais si cela peut arriver un jour, par exemple, lorsqu'elle viendra me déposer Daniel pour le week-end. Cette garde partagée est sûrement ce qui me préoccupe le plus. Je monte dans ma voiture et observe Joanne rejoindre la sienne dans le rétroviseur. Nous pourrions aller chez elle, cela est bien moins éloigné, et je pourrais voir mon fils. Néanmoins le principe de cette proposition est de parler, et connaissant la jeune mère, elle refuserait que son petit doive subir une atmosphère aussi bancale. Pendant une bonne demi-heure, je conduis en vérifiant constamment que Joanne est toujours derrière moi. Elle pourrait changer d'avis, prendre un carrefour, et partir. Elle le pourrait, mais arrivés à Bayside, elle est toujours là. Nous longeons l'esplanade sur lesquelles les familles de touristes se promènent ou les riverains promènent leur chien. Il y a cet océan qui s'étend à l'infini, si hypnotisant qu'il pourrait détourner l'attention de la route. Nous grimpons la petite butte tout au bout et atteignons la maison. L'allée du garage est assez grande pour les deux voitures. Comme toutes les maisons d'architecte, celle-ci a une allure moderne et épurée de l'extérieur, comme sortie d'un film de science-fiction. J'en ouvre la porte, et l'intérieur se révèle plus chaleureux. Un savant mélange de décoration contemporaine et de meubles typiquement anglais offrant un aspect à la fois élégant et accueillant. « Désolé pour l'odeur, celle de la peinture est tenace, et je l'ai faite il n'y a pas longtemps. Fais attention à ne trébucher sur rien, il reste quelques cartons à défaire. Et... » Des aboiements se font entendre depuis la cuisine ; Ben et Milo arrivent en trottant jusqu'à nos pieds pour recevoir leur dose quotidienne de caresses. Ils semblent on ne peut plus ravis de revoir Joanne. « Rebonjour Messieurs. » Une fois libéré par les canidés, je me rends à mon tour dans la cuisine et met l'eau pour ce fameux thé à chauffer. Je retiens la formulation maladroite d'un 'fais comme chez toi' qui engendrerait un premier malaise de taille. « Installe-toi dans le salon, j'arrive tout de suite. J'ai besoin de me changer. » Après avoir sorti deux tasses et placé une boule à thé dans une grande théière sur le plan de travail, je me rends dans ma chambre un court instant ; sans trop y réfléchir, j'attrape les premiers vêtements qui me passent sous la main -de toute manière dès que cela est affublé d'une veste de costume, une tenue gagne en classe. Je reviens, sec et propre, et apportant un plaid léger à placer sur les épaules de Joanne dont la robe est encore humide sur sa peau pâle. Puis, dans un dernier aller-retour, je dépose le thé en train infuser sur la table basse du salon, au coeur d'un bel ensemble de fauteuils et d'un canapé club en cuir sombre. Difficile de savoir qui doit prononcer le premier mot. Nos tasses entre les mains, chauffant nos doigts, un silence règne. « Tu as raison. » je souffle finalement. « Je songeais à rompre peu avant la tempête, et j'y comptais déjà lorsque tu t'es réveillée. Mais c'aurait été le pire moment pour cela. Je pensais bien que tu sentirais venir la fin alors j'ai pensé mes paroles comme… oui, un peu comme un signal. Pour que tu saches que cela allait arriver. Je n'avais encore rien choisi à ce moment là, tout ce que je savais c'était que nous devions arrêter. Puis j'ai réalisé que c'était peut-être le signe que Hannah et moi avions une belle opportunité… Elle m'a tourné le dos. » Le récit fait avec détachement semble presque être celui de la vie d'un autre. Pourtant je sais que de m'entendre dire tout haut que j'avais choisi sa rivale la sera souffrir. C'est aussi un peu le but. C'est aussi cela qui la détournera de moi. Je hausse les épaules. « Ce n'est pas plus mal. » Je suis revenu au plan de départ : rester seul. J'aurai Daniel parfois, et je m'en contenterai.
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Vu l'expression quasiment neutre qui était sur son visage, Joanne n'était pas certaine que Jamie puisse vraiment penser ce qu'il disait. Il disait comprendre. A moins qu'il dissimulait parfaitement ses sentiments. Il préférait s'en arrêter, peut-être même montrer un certain désintérêt au récit de la jeune femme. Celle-ci ne savait que dire face à ce visage impassible. Son regard se faisait soucieux, mais c'était minime comparé à tout ce qu'elle pouvait lui dire. A croire que cette conversation n'allait que dans un sens. Joanne ne se sentait pas bien mieux face un tel détachement de la part de Jamie, comme si toute cette histoire ne le concernait pas alors qu'il en était au centre. C'était même le premier concerné. Après cela, la jeune femme était même surprise qu'il accepte tout de même de boir ce thé, l'invitant même à se rendre chez lui. Elle fit un simple signe de la tête et entra dans sa propre voiture. Il y avait un bon nombre de fois où elle hésitait à tourner à un carrefour, ou à s'arrêter jusqu'à ne plus voir l'Aston Martin. Mais elle avait bien envie de voir son nouveau chez-lui, qu'elle savait déjà parfait et de bon goût. Il y avait beaucoup de route à faire du centre, pour finir par se retrouver dans un coin tranquille de Bayside. Elle gara sa voiture à côté de la sienne. A peine sortie, elle admirait quelques minutes la vue magnifique qu'il avait du haut de cette butte. Elle comprenait déjà en partie son coup de coeur pour cet endroit. La maison était très moderne, il n'était pas difficile de deviner qu'il s'agissait d'une demeure dessinée par un architecte. L'intérieur sentait encore le neuf, entre l'odeur de la peinture fraîche et des meubles en bois installés. Elle observait chaque détail du séjour. "C'est magnifique." souffla-t-elle tout bas, se surprenant à être incroyablement envieuse du nouveau bien de son ex. Ben et Milo ne rataient pas l'entrée de son maître et furent heureux de voir celle qui avait été pendant un temps leur maîtresse. Celle-ci s'installa sur le canapé, comme suggéré par Jamie. Elle ne prit absolument pas ses aises, et l'attendait patiemment en regardant dans le vide. "Merci." dit-elle tout bas lorsqu'il plaça la petite couverture sur ses épaules afin qu'elle n'attrape pas froid. Une fois qu'il avait ramené tout le nécessaire pour le thé, il s'installa sur le même canapé qu'elle, en maintenant une certaine distance entre eux. Il reprit la parole et Joanne sentit immédiatement son coeur se serrer. "Bien sûr que si, tu avais déjà choisi à ce moment là. lui rétorqua-t-elle tristement. "Tu avais déjà choisi de ne plus vouloir être avec moi, sinon tu n'aurais pas rompu." Joanne était un peu recroquevillée sur elle-même. Ses genoux étaient collés l'un à l'autre, ses épaules étaient affaissées, ses mains jointes posées sur ses cuisses. "Je devais être dans une sorte de déni, lorsque tu m'as dit ça, à l'hôpital. Je me disais que ça ne pouvait pas être possible que tu me dises tout ça juste après m'être réveillée. J'ai su que tout était réel lorsque tu m'avais embrassée sur le front. J'avais l'impression que ma peau brûlait à ce moment là." Elle déglutit difficile sa salive. "C'est seulement bien plus tard que j'ai réalisé que c'est bien le genre de discours qu'on pouvait tenir à la fin d'un couple." Peut-être qu'il n'avait voulu être comme Hassan, à rompre sans prévenir. Peut-être qu'il pensait être une meilleure personne que lui par rapport à ça, elle n'en savait rien. C'était en revanche particulièrement très difficile pour elle d'entendre qu'il avait fini par choisir Hannah, après toute cette histoire. Jamie pouvait deviner sans problème à quel point ces mots s'assimilaient à des coups de poignard un peu trop bien placés. Oui, il le savait. Les traits de Joanne se crispaient de cette douleur intolérable qu'elle dissimula un peu trop tard avec ses deux mains. Joanne se pinça les lèvres, et les crispaient le plus possible pour étouffer ses pleurs. Elle restait ainsi immobile pendant de longues minutes à tenter de garder contenance alors qu'elle se décomposait sur place. Un coup de grâce, dirait-on. "Tu préfères rester seul." dit-elle enfin, en dégageant ses mains de son visage meurtri par des larmes. Sa voix tremblait, et s'étouffait facilement au travers de sa gorge bien trop serrée. Elle acquiesça silencieusement d'un signe de tête. Juste par réflexe, parce qu'intérieurement, elle n'acceptait rien du tout. "Je n'aurai jamais du me réveiller, ça aurait été mieux pour tout le monde." lança-t-elle alors, sur le coup de ces vives émotions. "J'étais dans le noir, j'étais dans l'incertitude, mais ça ne faisait pas si mal." Si elle était sortie de ce coma, c'était pour Daniel. Joanne venait à se dire qu'il aurait peut-être été mieux que Jamie ne soit jamais venu. Qu'il n'ait pas fait semblant de se soucier d'elle pour lui balancer de telles choses en pleine figure alors qu'elle venait de sortir d'une longue léthargie. Joanne finit par se lever, le plaid restait dans le fauteuil. Elle avait froid, mais c'était le cadet de ses soucis. Elle faisait quelques pas dans le séjour avant de se poster devant l'une des fenêtre afin de regarder le paysage. L'étendue d'eau donnait envie de s'y jeter dedans, comme une bouteille à la mer, à ne jamais savoir sur quelle plage l'on finirait par atterrir. Dos à lui, il ne pouvait pas voir toutes ses larmes recommencer à couler le long de son visage. Les bras croisés, elle observait l'océan. "Tout ça... C'est à charge de revanche parce que je t'ai fait du mal ? Ou parce que tu pensais et penses peut-être toujours que tu aurais été bien mieux avec Hannah depuis le début ?" Elle soupira, et fini par répondre d'elle-même. "Certainement les deux. Et il n'y aurait jamais eu Daniel." Il n'aurait jamais existé."Et tu ne prétendrais pas te soucier autant de moi." C'était la seule conclusion qui lui venait en tête. Tout en grelotant de froid, Joanne se mit à pleurer une nouvelle fois. C'était certainement le but recherché. Il devait bien plus prendre plaisir de la voir souffrir qu'autre chose.
Lancer la première salve n’a rien d’aisé, maintenir ce masque d’indifférence non plus. Je dois agir comme si tout ceci ne me concerne plus. Je m’en persuade, maintenant que j’ai ma nouvelle maison, la page est tournée, cette relation appartient au passé, et tout ce que nous avons partagé n’est qu’un ensemble de souvenirs en demi-teinte auxquels je resongerai dans quelques années avec tantôt un sourire nostalgique, tantôt le détachement face aux erreurs d’antan. Car tout ceci est une erreur qui dure depuis bien longtemps. S’il ne faut en retenir qu’un aspect positif, c’est bien la naissance de Daniel. Il réunit tout ce qu’il y a eu de beau dans ce désastre. Je n’avais pas d’autre choix que d’y mettre un terme. « Comme je t’ai dit, c’était mon unique certitude. » dis-je calmement. Abandonner était finalement l’unique moyen de nous donner à chacun une chance d’être heureux. Ensemble, cela est impossible, ou trop éphémère pour que ces hauts et ces bas soient supportables. J’ai tenté de le faire comprendre à Joanne le plus tôt possible, même si cela a rendu sa sortie du coma désagréable au possible. Il aurait été bien pire à mes yeux de feindre la vie de famille ou la replonger dans le climat de cette mascarade que nous vivions depuis quelques semaines ; même si cela était dur, couper court au plus vite était finalement la moins cruelle des options. En évoquant Hannah, la jeune femme se décompose. J’appuie l’indifférence affichée en prenant une gorgée de thé, attendant que la petite blonde se reprenne, comme à chaque fois. Sans un mot de consolation, sans un geste tendre, cela ne serait pas utile de toute manière. Elle comprend d’elle-même que j’ai décidé de continuer mon chemin seul. « Oui, je pense que ça vaut bien mieux. Je ne suis définitivement pas doué pour les relations amoureuses, cela tourne systématiquement au désastre. » Enora, Kelya, Joanne, Hannah. Pas un seul happy ending. Uniquement des larmes, des trahisons, de la haine. Je préfère m’épargner de tels désagréments. « Et je dois régler certaines choses avant d’envisager quoi que ce soit. Même si je pense que rester seul est la meilleure option. » Je dois poursuivre la thérapie, maîtriser mes émotions, et être un bon père pour mon fils. Ce sont mes seules priorités. Dans un élan de mélodramatisme, Joanne se lance dans les regrets d’avoir survécu à la tempête, comme si cela améliorerait la situation actuelle. « Ne sois pas ridicule. » je souffle avec dédain. Nous en serions exactement au même point, au détail près que Daniel n’aurait plus de mère, et cela n’est positif en aucune manière. Et, fidèle à ses comportements navrants, Joanne se lève en abandonnant la couverture lui permettant de ne pas grelotter ; je lève les yeux au ciel en demandant au bon dieu la raison pour laquelle la jeune femme se sent constamment obligée d’agir de la sorte. Je me lève à mon tour, prend le plaid et le lui remet sur les épaules. « Je ne prétends rien. Je me soucie de toi, j’aimerais que tu puisses avoir une belle vie et que Daniel ait une maman joyeuse. » Je sais, c’est mal barré. « Ce n’est aucunement une revanche. C’est une blessure qui ne s’est jamais vraiment refermée, comme une plaie qui s’est nécrosée. Je pensais être capable de reprendre où nous nous en étions arrêtés quand tu as rompu nos fiançailles la première fois en acceptant ta demande, mais la vérité c’est que depuis, sans Daniel, plus rien ne nous faisait tenir ensemble. Ca n’a plus jamais été comme avant. » En tout cas, pas à mes yeux. La méfiance et la rancœur liées à ce souvenir ont été trop tenaces. Nous n’aurions pas dû nous remettre ensemble suite à cela et comprendre que cet événement était la preuve que notre relation ne fonctionnerait pas. « Et entre temps j’ai eu cette relation avec Hannah, courte, mais qui m’a ouvert les yeux sur mon lien avec elle, et le fossé entre toi et moi. Je savais que je pouvais être heureux avec elle, ça miroitait dans un coin de ma tête comme… un mirage. Ce n’est toujours qu’une fois qu’on l’atteint que l’on se rend compte que cela n’existait pas. » Je baisse les yeux et fais une pause, le temps d’apprécier la taille du coup de griffe que la comédienne m’a asséné dans ce restaurant, cette bien belle blessure qui érafle ma fierté. J’aurais dû savoir que cette possibilité n’existait pas, qu’elle se jouait de moi. J’aurais dû comprendre que le mal était fait et qu’aucun retour en arrière n’était possible. Ce n’est qu’un juste retour des choses, mais difficile à avaler. « Et l’autre partie de moi voulait tant cette famille avec toi, qu’importe nos différences et tous nos désaccords. J’étais vraiment persuadé que ça finirait par fonctionner. Mais il faut l’admettre, nous avions si peur l’un de l’autre, de nos réactions, de nos incompréhensions. Tout devenait forcé parce qu’il fallait absolument que cette image de famille parfaite tienne la route, afin de garder ce repère dans nos vies. Nous nous sommes accrochés à Daniel comme à un radeau, mais ce n’est pas ainsi qu’un couple fonctionne. » Et ce n’est pas le rôle d’un enfant d’être le ciment, le pilier d’un mariage. On ne peut pas s’aimer uniquement à travers un bébé. S’il n’y a pas de couple sans lui pour maintenir les deux parties unies à bout de bras, alors quel est le sens de cette relation ? « Nous ne sommes pas faits l’un pour l’autre Joanne, je sais qu’au fond de toi tu en as conscience. » lui dis-je en captant son regard débordant de larmes, l’air navré, et toujours aussi extérieur à sa peine.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
L'indifférence de Jamie avait de quoi exaspérer, mais elle heurtait surtout Joanne. Il se fichait complètement de ce qu'il pensait, de voir ces larmes. Il n'en avait plus rien à faire et ne manquait pas de le faire remarquer. "La meilleure option." répéta-t-elle. Si elle le pouvait, elle rirait jaune. Elle secouait légèrement la tête. "Oui, bien sûr, je suis ridicule, dans cette histoire." reprit-elle ensuite avec un ton véritablement mauvais. Ne sois pas stupide, tu es ridicule, arrête de faire l'enfant. Elle en avait entendu plus d'unes, et pourtant, ça la blessait à chaque fois. Lui qui avait semblé vouloir qu'elle se mette en avant, qu'elle ait confiance en elle, voilà qu'il envoyait de nouvelles salves pour qu'il y ait le parfait effet inverse. Il réussissait plutôt bien, si c'était son objectif. Jamie s'approcha d'elle afin de remettre le plaid sur ses épaules. Encore une fois, elle aurait très bien pu sourire ironiquement en l'entendant que tout ce qu'il voulait était qu'elle soit heureuse. "Arrête, Jamie." souffla-t-elle tout bas, alors que son regard se perdait dans le paysage. "Comme je l'ai dit à l'hôpital, je ne suis plus que la mère de ton fils à tes yeux. Tu veux que j'ai une belle vie uniquement parce que si c'est le cas, ça le sera aussi pour Daniel. Que c'est tellement plus bénéfique pour lui d'avoir une mère joyeuse. Mais tu n'en as rien à faire, de la mère, sans l'enfant. Alors, arrête." Ces histoires de premier amour, comme tout le reste, elle avait l'impression que ça ne devenait qu'un tissu de mensonge, juste pour arrondir un peu les bords de cette rupture douloureuse. "Alors, tu veux dire que tout cette enthousiasme que tu avais à l'idée de préparer notre mariage, c'était du pipeau ? Que tu as juste acheté un costume pour Daniel par principe sans jamais penser qu'il puisse vraiment le porter un jour ? Que le sourire que tu avais lorsque je t'avais dit que j'avais trouvé ma robe ne signifiait finalement rien ? Que lorsque nous parlions d'avoir un autre enfant, d'agrandir la maison, des voyages que nous pourrions, tu n'y croyais pas ? Tu n'en voulais pas ?" Une cascade de questions qu'elle dit avec une voix tremblante et meurtrie, alors qu'elle le regardait enfin, toujours peinée. "Que depuis que nous nous étions à nouveau fiancés, ça ne signifiait rien pour toi à chaque fois que nous faisions l'amour ? Que ces fois-là creusaient ce fossé entre toi et moi, et te faisaient réaliser à quel point tu serais heureux avec elle ?" La voix de Joanne commençait à élever sa voix, trop emportée par ses émotions. "Je ne me suis pas raccrochée qu'à Daniel. Je croyais en nous Jamie, vraiment. Parce que j'étais sûre de mes sentiments pour toi, et je savais que je voulais continuer avec toi. Mais je suis vraiment ravie de savoir que chacun de tes baisers était forcé avant que tout n'éclate. Vraiment." Joanne passait ses mains sur son visage, et tentait de garder son calme. Le bel homme capta ensuite son regard, histoire d'être sûr de lui asséner son dernier coup de poignard en plein coeur. "C'est peut-être ce que tu crois toi." lui rétorqua-t-elle la gorge serrée. "Pas moi." Elle secoua négativement la tête. Néanmoins, qu'il n'y croit absolument plus la toucha énormément. Alors elle fuyait son regard, et regardait à l'extérieur. Elle ne s'attendait pas à ce genre de conversation. "C'est comme si cette année ne représentait plus rien pour toi. Que tu préférerais l'évincer de ta vie. C'est ça, ce que tu veux me dire ? Que ces dix derniers mois n'étaient qu'une mascarade ?" lui demanda-t-elle au bout d'un long moment de silence. "Tu as dit que je t'ai brisé le coeur, et tu m'as fait la même chose. Sauf qu'en plus, tu le piétines, tu remues bien le couteau dans la plaie, tu n'en as rien à faire de ce qu'il en restera." A vrai dire, il n'y avait plus rien tant il l'avait meurtri. "C'est quand même une vengeance." conclut-elle. Elle se mit à rire au milieu de ses larmes. "Tu sais quoi ? Tu as très bien réussi ton coup, Jamie." Mais son rire se crispa pour se transformer en pleurs. Qu'il n'espère pas la voir avoir une belle vie et être une mère heureuse comme il disait l'espérer. "Je t'aime, Jamie." dit-elle au bout d'un moment. "Et il y a des moments où... Je t'aime tout autant que je te déteste. Comme maintenant. C'est dur sur le coup, mais ça finira par passer." Elle haussa les épaules. "Nous devrions boire ce thé, ça va finir par refroidir." Et surtout, elle ne se sentait absolument plus la bienvenue ici.
Argumenter face à Joanne s’est toujours apparenté à une discussion avec un mur. Cet esprit buté ne sait pas comment élargir sa vision d’un différent et demeure constamment vissé sur son propre point de vue sombre et dramatique. Alors je soupire, comprenant que je me suis encore lancé dans une de ces joutes à sens unique : moi qui tente de lui expliquer ma pensée, et elle qui la détourne pour la faire rentrer de force dans le carcan de ce qu’elle pense être la vérité. Et qu’importe le nombre de fois où je lui répéterai posément « Ce n’est pas vrai », la jeune femme poursuivra son cheminement afin de se planter elle-même des couteaux dans le cœur. Je soupire à nouveau, je ne sais combien de temps mes yeux restent levés au ciel, implorant qu’elle se taise ou qu’elle revienne à la raison, tentant d’interrompre son flot n’inepties incohérentes d’un faible « Joanne… » qu’elle n’entend pas dans ce flot de questions absurdes qu’elle me jette à la figure et auxquelles je pourrais toutes me fatiguer à répondre par la négative si cela pouvait avoir la moindre utilité –ce qui n’est pas le cas, et de toute manière, elle n’en croirait pas un mot. Au bout d’un moment, je perds en effet ma saliver à essayer de lui faire réaliser le prisme déformé à travers lequel elle interprète mes paroles. « Joanne, c’est faux. Tu n’écoutes pas. » Mais bien entendu, elle n’en a cure, cela ne sera perçu que comme une nouvelle insulte de ma part. Alors je demeure silencieux, bras croisés et lorgnant parfois sur cette tasse de thé, à la fois parce que le contenu brûlant me paraît plus agréable que cette confrontation, et parce que le contenant serait un bon moyen de faire taire la jeune femme d’un coup sur la tête. J’attends qu’elle termine sa tirade ridicule pour lui dire que la seule vérité à laquelle elle doit se faire est qu’il ne peut pas y avoir de nous. Elle s’obstine à penser le contraire. « Eh bien tu es la seule à la croire et tu perds ton temps à persister dans ce sens. » je réplique sèchement, le regard dur, à bout de patience. « Pas une mascarade. C’était une tentative désespérée de recoller les morceaux, et cela a échoué. Mais j’ai été sincère à chaque instant, et je voulais que cette relation fonctionne autant que toi. » J’ai tout essayé, mais cela, elle s’en fiche désormais. Après tout, l’histoire ne retient jamais ceux qui ont essayé, mais ceux qui ont abandonné et ceux qui ont réussi. Sourcils froncés, je préférerais je percer les tympans plutôt que de continuer d’écouter la jeune femme me donner le rôle du grand méchant qui met son cœur à feu et à sang. « C’est ridicule ! Tu voulais parler, alors je parle, je te dis ce que j’ai eu sur le cœur tout ce temps. Ca ne devient pas soudainement de la vengeance uniquement parce que le contenu de mes paroles te déplaît, Joanne. » Au moins, le résultat est là. Elle finira bien par être dégoûtée de gâcher son affection pour quelqu’un qui ne la mérite pas et n’en veut pas. Je laisse Joanne retourner sur le canapé et prendre son thé. Je récupère le mien sur la table basse mais demeure debout, adossé à la fenêtre donnant sur la baie. Le silence est une courte trêve. « Tu as toujours été si mélodramatique. Toi et ta manière de te laisser crever d’hypothermie. » je siffle entre mes dents, l’air méprisant et désabusé. « Tu n’écoutes rien, et tu n’entends que ce qui t’arrange ; ce qui te blessera le plus afin de continuer à te flageller toute seule et te poser en victime du destin. » Et pour cela, elle est prête à tout déformer, couper et coller les phrases comme cela conviendra le mieux à cette torture qu’elle s’inflige elle-même. Cela peut-être si profondément blessant par moments. Elle n’a toujours su retenir que le pire. « Je t’ai aimé du mieux que je le pouvais. Je t’ai tirée, et tirée vers le haut, encore et encore, pendant que tu te laissais couler en permanence. Et c’est bien la preuve que nous ne sommes pas faits pour être ensemble. » Parce que celui qui sera fait pour elle réussira. « Et ce que tu aimes, Joanne, ce n’est pas moi. Tu aimes cette illusion d’une vie parfaite, d’une famille parfaite et d’un fiancé parfait dans lequel je t’ai fait baigner tout ce temps pour nous garder la tête hors de l’eau. Tu aimes un rêve qui n’a jamais été une réalité. » Du moins, pas tous les jours, pas tout le temps. Mais il suffit de voir dans quel état se mettait Joanne face à la moindre brèche. Le comportement adopté par sa famille n’a finalement rien de bien étonnant. « Tout comme celle que j'aimais, ce n'était pas toi. C'était ce que j'espérais que tu sois un jour, et que tu ne seras jamais. Cette version heureuse de vivre de toi qui n'existe pas. » Un autre mirage. « Tu sais quoi ? Je trouve tout ceci cathartique. » dis-je en haussant ces épaules libérées d’un poids de taille. « Parce que ce n’est plus mon problème. Je t’ai donné la chance d’être plus heureuse avec quelqu’un d’autre, ou simplement d’avoir une vie qui te correspondrait plus que ce que j’avais à te donner. Si tu ne veux pas la saisir, qu’importe. C’était mon dernier acte d’amour pour toi, si tu n’en veux pas, eh bien soit. » Cette fois c’est un choix de sa part dont je ne me sentirai pas coupable. Doucement, je repose ma tasse et m’approche de Joanne. J’attrape son regard et ne le lâche pas alors que me mets accroupi devant elle. Je lui retire également sa tasse des mains afin d’éviter toute réaction irréfléchie suite à ce que je compte lui dire, et je reprends, plus sérieux que jamais ; « En revanche, Joanne, comme tu le dis si bien, le bonheur de mon fils m’importe. Et si je vois qu’il souffre de ton incapacité à te gérer toute seule sans sombrer dans une énième dépression, je prendrai des mesures. »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
La voix de Jamie se faisait plus ferme, il en avait assez. Assez d'elle et de ses spéculations, de ses question qui lui semblaient être injustifiées et insensées. Il en avait assez qu'elle s'accroche à un couple qui n'était pour lui qu'une illusion. Pourtant, Jamie se disait sincère dans tout ce qu'il avait entrepris avec elle, de toutes ces fois où il l'avait aimé à leur propre façon. "Ce n'était pas désespéré, ça aurait pu marcher." rétorqua-t-elle doucement, le regard. Ca, Joanne en était persuadée. Mais il y avait tellement de facteurs extérieurs et intérieurs qui avaient fini par dégrader l'ambiance à la maison. Sans dire un mot de plus, elle s'installa sur le canapé et prit la tasse dans ses mains. Le thé était encore bien trop chaud pour elle. "Tu veux qu'on en parle, de ça ? Vraiment ? Devrais-je mentionner les fois où tu préférais te cramer la peau ou te lacérer du mieux que tu pouvais ?" lui rétorqua-t-elle dans la seconde en fronçant les sourcils. "Je pense qu'on est quitte sur ça, tu n'as pas ton mot à dire là dessus. Ce n'est pas moi qui me suis amusée à faire valser une lame rasoir sur mon avant-bras." Mais elle reconnaissait qu'elle avait tendance à modifier certaines choses pour les interpréter de la pire manière qui soit. Pour Jamie, elle n'aimait qu'un mirage, quelque chose qu'elle voulait avoir. Un rêve. "Et Daniel, il n'est pas réel, peut-être ?" Il ne faisait pas partie du rêve, il était bel et bien là. Il existait et grandissait tous les jours. C'était l'homme de la vie de Joanne, il n'y avait plus que lui désormais, étant donné que Jamie pensait que ces mois de vie commune ne rimait à rien. Ses yeux s'arrondirent à un moment bien précis. Lorsqu'il parlait de dernier acte d'amour. La jeune femme resta longuement statique, avec cette étrange impression de déjà-vu. Et pas qu'un peu, il y avait ces similitudes avec sa première séparation. Hassan considérait également le divorce comme étant son dernier geste d'amour, et voilà que Jamie faisait la même chose ? Après tout ça, il voulait la laisser partir. Il n'avait donc plus cette jalousie maladive, cette possessivité hors-norme vis-à-vis d'elle ? Avait-il mystérieusement réussi faire oublier toute cette partie là de lui ? Des dizaines de questions se bousculaient dans sa tête alors que le bel homme s'accroupit devant elle, et il la débarrassa de sa tasse de thé encore bien pleine. Il capta son regard comme il avait toujours su le faire. Elle tomba des nues devant ce qu'elle lui disait. Et le premier réflexe qu'elle avait eu était de le gifler au niveau de la joue. Elle le fusillait du regard et son visage se durcit. Elle lui avait peut-être un peu fait mal, mais Joanne avait tout de même beaucoup moins de force que lui. Néanmoins, c'était bien la première fois qu'elle le giflait. "Parce qu'il a l'air de souffrir depuis que tu as décidé de rompre peut-être ? Est-ce qu'il a l'air malheureux depuis que tu voulais le voir ?" Non, Daniel était souriant, il s'épanouissait. Joanne faisait absolument tout pour que son fils se porte au mieux et soit heureux. "On m'a déjà enlevée mon fils une fois, hors de question qu'on me le reprenne encore une fois de plein gré." dit-elle sèchement. On ne pouvait pas vraiment comparer Joanne à une lionne, mais elle sortait bien les griffes lorsqu'il s'agissait de son fils. Si Jamie prétendait si bien la connaître que ça, il devrait être le premier à savoir qu'elle ferait n'importe quoi pour contribuer au bonheur de leur enfant, de la dernière chose qu'il pouvait encore avoir en commun. Joanne se leva sans trop faire attention à lui, et récupéra la tasse pour en jeter tout son contenu dans l'évier. S'il tenait tant à prendre des mesures, eh bien il ne serait vraiment pas mieux que son père. Lui qui voulait tant être une meilleure personne que son paternel. "Je vais reconsidérer le voyage pour Londres." finit-elle par dire sèchement. Elle n'avait aucune envie de passer du temps avec lui sous prétexte de passer les fêtes à la fondation. Elle n'avait pas encore confirmé son voyage à Ewan, en plus. Joanne se disait qu'elle pourrait très bien s'y rendre à un autre moment, mais elle n'avait plus vraiment envie de passer les fêtes avec lui, à prétendre que tout allait merveilleusement bien même s'ils étaient séparés. Elle ne pouvait pas mentir à ce point. Et Joanne avait désormais cette énorme boule au ventre à l'idée que l'on puisse prendre une nouvelle fois Daniel, et tout ce qu'elle avait envie désormais était de le prendre dans ses bras et de lui dire combien elle l'aimait. Elle récupéra son sac à main. "Au revoir, Jamie." dit-elle en coup de vent avant de claquer la porte d'entrée derrière elle. Elle aurait préféré ne jamais le revoir, mais il avait le droit de passer un peu de temps avec son fils et elle n'était pas cruelle au point de l'en empêcher.