Heureusement, mon dos était de nouveau en pleine forme. J'avais très certainement fait bien trop d'efforts depuis quelques temps. Trop de pression aussi. J'en sais trop rien, mais mon dos avait crié stop, et je n'ai pas eu d'autres choix que de dire ok. Même si cela a été dans la souffrance. Et la douleur n'avait pas été quand j'avais vu cette brunette, très certainement d'origine indienne, s'installer juste à côté de chez moi sans pouvoir l'aider. Merci l'ostéopathe qui m'avait interdit de porter du poids pendant minimum un mois. Bien sûr j'ai été incapable de ne pas faire de sport. C'est comme m'empêcher de boire ou de manger, ce n'est pas possible, c'est bien trop vital pour moi, je me suis déjà bien assez ramolli. Heureusement ce soir, j'avais bien usé toutes mes forces. J'étais rentré tard du boulot et j'avais enchaîné un peu de muscu avant de manger. Sauf qu'il devait déjà se faire tard parce que je sentais de la bonne bouffe. Oui, j'avais tellement faim que je m'inventais une odeur de bouffe. Sauf que j'étais infichu de savoir de quelle nourriture j'avais envie. C'était une odeur étrange. Je reposais mes altère, je filais vers ma barre de traction et m'étirais au maximum, faisant pendre mes longues jambes dans le vides. J'entendais alors sonner. Étrange. Je fronçais les sourcils, n'attendant personne en particulier, et espérant que cela soit Maxyn et Zoey. Plus je m'approchais de la porte, plus je me rendais compte que la bonne odeur venait de là. Je me rendais compte aussi que je n'avais rien sur le dos, seulement mon jogging. Je filais en vitesse sur mon canapé et enfilais mon débardeur tout en ouvrant la porte. L'indienne, la voisine, qui se tenait là, devant moi, avec un plat qui semblait sortir tout droit du four. Je n'eus qu'à peine le temps de dire bonsoir qu'elle enchaîna avec des tonnes d'explications. Je me sentais transpirant, et je n'avais qu'une seule envie, c'était d'aller me doucher. Je lui rendais alors son sourire quand elle me signifiait qu'elle m'offrait ce plat en guise de remerciements. Sauf que je n'avais rien fait. J'ai fini par me mettre à rire face à l'affolement de la jeune femme qui semblait mal à l'aise. Je vous en prie, entrez. Je suis pas très convenable, j'allais prendre ma douche, mais c'est sympa le plat, merci. Je la laissais rentrer et je rajoutais C'est davantage à moi de m'excuser. J'aurais bien voulu vous aider avec vos meubles, mais je me suis coincé le dos pile poil avant que vous n'emménagiez ...

Elle se débrouillait depuis une dizaine d’année. Cette phrase me laissait sceptique et curieux. Son regard ne me révèle pas grand-chose, à part peut-être qu’elle aime le contact humain, et cherche à se faire une vie normale. Peut-être se cache-t-elle aussi. Enfin, je vais certainement bien trop loin dans mes hypothèses. Je rencontre tellement de cas sociales ou alors totalement inattendus, qu’à présent, je m’attends vraiment à tout. En attendant, cette demoiselle semble bien sympathique et je n’ai aucune raison de lui claquer la porte au nez, moi-même j’aime bien apprendre à connaitre mes voisins, surtout ceux qui savent faire la cuisine, ça peut être utile. Vous voulez dire que vous n’avez pas eu de toit fixe depuis près de dix ans ? Oui, c’était venu comme une évidence, sa phrase était resté en suspens dans ma tête, et je comprenais enfin où elle avait voulu en venir. Je trouvais ça autant impressionnant qu’extrêmement dangereux surtout pour une femme. Mais à croire qu’elle s’en était parfaitement bien sortie, sinon elle ne serait pas là aujourd’hui. Elle finit alors par se présenter pendant que je déposais ce qu’elle m’avait si gentiment préparé sur le comptoir de la cuisine. Enchanté Disha, moi c’est Enzo. Je fis une légère pause pour me retourner vers elle et lui sourire tout en m’appuyant contre le comptoir tout en croisant mes bras sur mon torse. Vous n’étiez jamais venu en Australie auparavant ? Vous venez d’où d’ailleurs ? C’était certainement très cliché de la catégoriser chez les Indiens, elle pouvait n’avoir que de simples origines, je préférais donc en avoir la confirmation de sa bouche.

Bon d’accord, j’étais un peu inquisiteur, mais c’était simplement de la bonne curiosité. Elle venait de m’apporter à manger, c’était la moindre des choses que j’apprenne à la connaitre. Enfin, que je sache au moins d’où elle venait, d’où venait cette nourriture. Bon d’accord, il y a quelque part de la méfiance, du doute, mais c’est une simple déformation professionnelle, je fais simplement attention. Elle m’expliquait alors qu’elle voyageait beaucoup et ne s’installait jamais vraiment, du moins jusqu’à Brisbane. Chaque personne constituée normalement ressent un jour le besoin de se poser, d’avoir un vrai chez-soi, où on sait qu’on va rester quelques temps et où on se sentira tellement bien, que ce sera notre cocon. Là où rien ne peut nous arriver. Elle me racontait par la suite qu’elle venait d’Inde et surtout qu’elle était bien polyglotte. Pour une voyage, c’était tout à fait normal, mais je dois bien avouer que ce n’est pas tous les jours que j’en rencontre un ou une. Cela reste donc assez intriguant et bluffant. Même si ma curiosité se demandait pourquoi elle était aussi vivace à l’idée ne pas vouloir retourner en Inde. Cela ne semblait vraiment pas être une obligation qu’elle subissant, non. Mais je ne me permettrais pas pour autant d’être impoli. C’est l’avantage des voyages. J’imagine aussi que les cultures doivent être tout aussi intéressants non ? Lui demandais-je alors, plus comme une question rhétorique, parce que oui, les cultures des autres pays sont bien dépaysant, c’est le cas de le dire. Mais je n’étais pas non plus assez curieux pour aller les découvrir moi-même, je préfère davantage que l’on m’en parle.

Ma nouvelle voisine semblait avoir des tonnes d’anecdotes à raconter, en commençant par sa propre vie qui était bien différentes et audacieuse de toutes les personnes que j’avais pu rencontrer jusqu’alors. Forcément, je me montrais curieux. Mais je me montrais méfiant, comme à chaque nouvelle rencontre également. Déformation professionnelle pour sûr. Elle me confiait n’avoir jamais été vraiment seule durant ses voyages pour ensuite m’expliquer son cheminement et qu’elle réussissait à s’en sortir grâce aux petits boulots qu’elle se trouvait. Vint ensuite la raison qui expliquait pourquoi elle venait en Australie. Par simple curiosité. Je pouvais totalement le comprendre. Il faisait bon vivre dans ce pays, malgré les dangers qu’il peut y avoir. Mais en ville, c’est tout de même assez rare. La jeune femme m’expliqua par la suite ce que j’avais bien discerné. Je ne m’étais pas non plus douté que la raison de son départ était du à un mariage forcé, mais j’avais bien senti un quiproquo. J’étais d’ailleurs en train de réfléchir à ses soucis, quand elle me demandait si elle ne dérangeait pas pour que je puisse prendre ma douche. Je me levais alors, sentant que la jeune femme était digne de confiance, vu qu’elle venait de me raconter tout son parcours sans ciller et lui répondais Servez-vous si vous le désirez, je crois que j’ai quelques sodas et jus au frais, je vais prendre ma douche, vous avez raison. Sentir mauvais était l’une de mes pires ennemies. J’en ai horreur et pourtant avec toute son histoire, elle avait réussir à me la faire oublier, mais plus pour longtemps. Je me dépêchais, comme toujours en général, pour prendre ma douche, enfiler un jogging et débardeur propre pour finalement rejoindre la jeune femme dans le salon. Je repensais à votre histoire et … ça a du être fatiguant mine de rien toutes ces aventures ?! Lui disais-je en me mettant à rire légèrement.

Ma douche enfin prise, je me sentais bien mieux, plus à l’aise et j’allais pouvoir commencer à manger. Moi qui justement aurais eu la flemme de me préparer quoi que ce soit, voilà que les plats de ma voisine étaient plus que les bienvenus. Ils avaient l’air particulièrement appétissant. La jeune femme m’expliquait alors que oui, c’était bien fatiguant ce genre de voyage mais qu’au final, on ne pouvait qu’en profiter. Après tout, quand on aime ça, je peux parfaitement bien le comprendre. C’est la même chose pour moi et la musculation. Peu de gens comprennent mon intérêt, en dehors de mon travail, et même mon ancien coéquipier ne comprenait pas l’intérêt. Je vais à la salle aussi parfois vous savez ! Je riais légèrement avant de répondre sérieusement à sa question Je suis dans les forces de l’ordre. Lui expliquais-je simplement, comme j’explique à chaque nouvelle personne. J’évite bien entendu au maximum de dire justement que je suis chez les stups, c’est bien le genre de chose que je ne peux pas m’amuser à divulguer, pour ma propre santé physique. Certes, je ne fais plus vraiment de mission d’infiltration, mais j’en ai tellement fait que ça pourrait me coûter cher si jamais ma couverture était grillée. Oui, parce que je pouvais tout simplement dire que j’étais flic, après tout, je passe pas mal de temps au commissariat, ça passe donc inaperçu. La jeune indienne me demandait alors si on pouvait se tutoyer, et je ne voyais aucune raison de lui refuser ça Pas de soucis. Ça ne te dérange pas si je commence à manger ? J’ai une de ces faims …

Ma douche étant prise, je me sentais bien plus à l’aise que plus tôt. Surtout pour rencontrer une nouvelle voisine très sociale et très curieuse. Ou plutôt bavarde. Non pas que ça me dérangeait, au contraire, sa vie semblait vraiment intéressante et pertinente. Surtout originale. Alors oui, de mon plein gré j’avais posé quelques questions, même si parfois ces questions-là s’apparentent à du questionnement ou même à un interrogatoire. Il était évident que j’allais lui dévoiler ma déformation professionnelle, mais elle semblait le comprendre d’elle-même vu qu’elle ne me fit aucune remarque particulière. Mon ventre commençait alors à crier famine et demandais tout de même à la créatrice de ce plat si cela ne la dérangeait pas que je commence devant elle. Heureusement, non. J’allais alors me récupérer des couverts quand elle me parlait de mort aux rats. Je m’arrêtais en pleine action, la regardant pour savoir si elle riait ou pas, puis j’y ai tout de même cru pendant un temps. Jusqu’à ce qu’elle se mette à sourire et à me confirmer qu’elle se jouait de moi. Une sorte de soulagement et d’amusement s’emparait de moi et je lui rendais son sourire. C’était assez gênant de se faire avoir de la sorte mais c’était agréable de se détendre ainsi, alors que nous venions à peine de nous rencontrer. Je commençais alors à manger tranquillement, puis de plus en plus rapidement, parce que oui, c’était délicieux. Je finissais la bouchée que j’avais et lui répondais C’est un régal. Lui signifiais-je en toute sincérité. Je continuais alors de manger pendant qu’elle enchaînait avec de nouvelles paroles. Oui, un moulin à paroles, mais je trouvais ça fun tout de même. Elle a bien une facilité de parler que je ne pourrais jamais avoir. J’ai toujours eu très peu de paroles, mais qui en disent beaucoup. Elle me parlait alors de son comportement et surtout du fait qu’elle ne faisait rien d’illicite. Je souriais en coin malgré la nourriture qui encombrait ma bouche et la laissais terminer. Ce n’est jamais drôle de subir directement ou indirectement une overdose, c’est certain. Lui répondais-je alors, sentant bien qu’elle était sincère dans ses paroles et que je n’aurais jamais besoin de venir toquer jusqu’à sa porte pour port ou consommation de produit illicites. Par contre je risquais si je n’avais pas envie de me préparer à manger. En général j’appelais un livreur mais dans ce cas-là, c’est bien pratique d’avoir une voisine comme elle. Il ne fallait pas dire ça, je risque de venir bien trop souvent ! Lui répondais-je en riant légèrement avant de revenir à mon repas atypique.