Et voilà que la fermeture de son sac vient de mettre fin à six semaines d’hospitalisation. Elle jette un regard furtif autour d’elle pour s’assurer qu’elle n’a rien oublié, et disparait de sa chambre sans même prendre la peine de saluer sa dernière colocataire en date. Une bonne chose de faite comme dirait Lene maintenant que le médecin l’a autorisée à rentrer chez elle. Bien sûr, elle est ravie de pouvoir enfin retrouver son chez elle, son chien et la possibilité – ou le droit moral – d’engloutir l’équivalent de son poids en burger, frites et autres cochonneries. Et pourtant en marchant à travers les couloirs pour signer ses papiers de sortie, Lene est tout de même désarçonnée. Les choses reprennent leur cours et ce n’est pas pour autant qu’elle se sent prête à prendre le train en marche. Même si elle est remise physiquement du choc d’avoir pris un manège sur la figure, il y’a toujours quelque chose qui tourne dans sa tête et qui la tracasse à ce sujet. Elle a failli mourir. Peut-être ne devrait-elle pas faire en sorte de tout reprendre là où elle s’était arrêtée ? Et à penser comme ça, Lene se voyait presque s’interroger elle-même sur si cette tempête n’était pas le dessein de notre seigneur à tous et si elle ne devrait pas rapidement tenter d’être une bien meilleure personne. Heureusement, la voix de la secrétaire médicale la ramène à la réalité avant que ne lui vienne l’idée de réciter un notre père. Cela n’a jamais été son genre, mais en ces heures graves, elle se pose la question : qu’est ce que son genre ? et voyons voir là où ça l’a mené ? En tout cas, elle se jure que si elle se remet encore à penser à quoi que ce soit de religieux, biblique ou fataliste, elle se fracasse la tête contre un mur pour s’apprendre à moins penser. Quelques minutes suffisent pour que tout soit en ordre. Evidemment, personne n’attend Lene à la sortie d’hôpital. Myrddin travaille et Nathan ne va sûrement pas la ramener chez elle en fauteuil roulant. Le comble pour elle un peu, c’est de devoir prendre un taxi. Mais, le médecin a été ferme. Repos. Pas d’activité sportive (et considérons que marcher jusqu’à la maison en est une) et pas d’alcool bien sûr. A énumérer la liste, y’a bien une dizaine de chose à faire qui lui passe par l’esprit et pourtant aucune d’entre elles ne respecte ce programme.
Après un trajet de quelques minutes, elle se tient devant chez elle. C’est presque le soir et son taxi est là, épargné comme par miracle par la tempête. L’idée lui vient de se foutre à l’intérieur la prochaine fois que le vent commence à souffler beaucoup trop fort. L’idée de partir bosser lui vient bien en tête, mais Lene est fatiguée et a faim. Elle entre chez elle avec déjà l’eau à la bouche en pensant aux pizzas qu’elle va commander, mais à peine allume t’elle la lumière qu’elle est tiré de ses pensées par un gros cri. « SURPRISE ! » Lene reste stoïque. Elle ne comprend pas, ce n’est pas son anniversaire. Puis, les ballons, la banderoles « bon rétablissement » et l’espèce de gros gâteaux unicorn style lui mettent la puce à l’oreille quant à ce qui arrive. Rose apparait. Qu’est ce qu’elle fait là ? Merde. Depuis combien de temps elle est là ? Lene pose son sac après avoir fermé la porte. Adieu repos. « Rose ? C’est toi qui a fait tout ça ? Mais comment t’as su ? » demande t-elle, surprise, et en même temps plus blasée qu’autre chose.
Les bras surchargés de sacs tous plus remplis et lourds les uns que les autres, Rose dévalait la rue principale de Toowong. Plus elle avançait et plus la sensation de se sentir nue la dérangeait. Mettre une robe moulante était bien joli mais n’avait rien de pratique, chaque pas qu’elle faisait ne cessait de faire remonter le tissus le long de ses jambes interminables. Dépourvue de complexe sur son corps tonique, la rousse n’en était pas pour autant rassurée à l’idée de se balader avec des vêtements si courts. Quand une brise légère vint lui passer entre les jambes, l’idée qu’il était sûrement temps de s’arrêter lui effleura l’esprit. Posant ses sacs sur le trottoir, la jeune femme profita de l’occasion pour reprendre son souffle puis descendit d’un geste dynamique le bas de sa robe. Voilà qui était mieux. La sensation de sentir son portable vibrer dans la poche de veste l’obligea à l’en sortir, remarquant avec effroi l’heure qui s’affichait. Si elle ne se dépêchait pas plus, la pâtisserie allait fermer et sa surprise serait gâchée. Ni une ni deux, elle reprit en main ses achats et repartit à pas de course en direction de son lieu de prédilection et de tentation. « Bonjour, j’ai commandé un gâteau au nom de Leoni » lança-t-elle difficilement en tentant de passer sa tête au-dessus des sacs. L’air un peu blasé compte tenu de l’heure, la serveuse acquiesça et s’engouffra dans une salle annexe. Après un peu d’attente, les yeux de la rousse s’illuminèrent, tandis qu’une énorme boite rose bonbon se tenait dans les mains de la dame. Néanmoins, son sourire se dissipa bien rapidement lorsqu’elle réalisa qu’elle n’avait plus aucun bras pour attraper tout ça. Il fallait se faire une raison, le taxi devenait inévitable.
Dans un remerciement poli, l’étudiante claqua la portière de la voiture derrière elle, s’emparant du mieux qu’elle le pouvait de toutes ses affaires. Sans qu’elle ne sache comment, elle arriva finalement devant l’appartement de Lene à qui tout ceci était destiné. Comme elle l’avait déjà vérifié, la porte était toujours ouverte, lui laissant le champ libre pour préparer sa surprise avant qu’elle n’arrive. Le simple fait de poser ses achats la soulagea grandement mais avant même d’avoir le temps de se reposer, Rose se lança dans sa préparation. Si le petit frère de Lene avait raison, elle n’allait pas tarder à être là. S’appliquant à accrocher des ballons de toutes les couleurs dans son petit appartement, Rose chantonnait toute guillerette. La banderole bon rétablissement accrochée face à la porte, elle prit un moment pour profiter de sa décoration à ses yeux si parfaite et joyeuse. Il ne manquait plus qu’à déballer le gâteau aux couleurs pastel et à la quantité de sucre suffisante pour faire mourir un diabétique et tout était fin prêt. Dans un soupir de soulagement, la jeune femme s’installa dans le canapé, bien décidé à reprendre un peu de force avant que Lene ne débarque. Son temps de répit ne fut pas bien long puisque très vite, des bruits de pas se firent entendre sur le palier. Aussi excitée qu’une petite fille devant le père Noël, la rousse se leva, parée à bondir sur son amie. « SURPRISE ! » cria-t-elle, à peine la porte ouverte sur la silhouette de la brune. Sans qu’elle n’ait pu contenir sa joie, sa voix était monté dans des aigus qui lui était impossible de contrôler. « Rose ? C’est toi qui a fait tout ça ? Mais comment t’as su ? » Sa joie de revoir Lene était si grande qu’elle ne sembla pas remarquer l’air peu enjoué qu’elle afficha et sans plus attendre, elle se rua vers elle, la serrant dans ses bras. « Je suis tellement contente de te revoir ! » Alors qu’elle stoppa son étreinte à contre cœur, Rose vint prendre son sac pour la soulager avant de répondre. « Simon m’a donné l’heure de ta sortie, je n’aurais jamais pu faire ça sans lui » Toute souriante, elle referma la porte derrière son amie et montra du doigt l’ensemble des décorations. « J’espère que ça te fait plaisir » Puis sans attendre une réponse, elle continua. « J’ai pris quelques boissons et à manger, dis-moi ce que tu veux. Assieds-toi surtout, je suis à ton service ce soir » Si elle avait pu remuer la queue comme le chien de Lene, il ne faisait nul doute que Rose l’aurait fait.
Elle ne saurait dire ce qui est le plus bizarre dans cette situation. La fête de rétablissement, les banderoles ou bien le fait qu’une fille quasi-inconnue se tienne dans son salon à lui crier surprise comme si elles avaient élevé les cochons ensemble. Lene ne comprend pas de suite ce qu’il se passe et elle reste un bon moment à regarder Rose pour essayer de déterminer si elle va se faire assassiner ce soir ou non. Sa main cherche son téléphone dans sa poche, probablement que Simon aura une explication à ça. Elle l’espère, parce que pour l’instant, elle n’est pas rassurée à faire un pas dans sa propre maison. Elle doute un instant, avant de se dire que si elle doit se faire assassiner ce soir, autant agir normalement le temps de trouver un plan de secours. De toute manière, Rose approche trop vite en sa direction. Lene décide de faire comme si de rien était. « Je suis tellement contente de te revoir ! » lui dit-elle en la serrant dans les bras. « Euh .. oui.. moi aussi. » ajoute Lene, peu convaincue de la chose. Elle essaie de compter le nombre de fois où elle et Rose se sont rencontré, pas assez pour un tel traitement. Après tout, elle n’est que la colocataire de Simon. Rose la débarrasse de son sac et lui montre les guirlandes. « Simon m’a donné l’heure de ta sortie, je n’aurais jamais pu faire ça sans lui » Elle ne sait pas trop quoi ajouter, même pour l’anniversaire de ses six ans, elle n’avait jamais eu une telle décoration. « Oh Simon va venir ? » Dis oui. Dis oui. Ça la rassurerait de savoir qu’il sera là, au moins ça changerait toute l’histoire qui se trouve derrière cette soirée. « En tout cas, c’est très gentil de ta part. Merci. » « J’espère que ça te fait plaisir » « Oui oui ! Je suis juste un peu surprise. » assure t-elle en essayant de se détendre et en se répétant que non, ce n’est pas un traquenard et que Rose est sûrement une très gentille fille, peut être juste un peu bizarre. J’ai pris quelques boissons et à manger, dis-moi ce que tu veux. Assieds-toi surtout, je suis à ton service ce soir » la coupe t-elle, Lene s’exécute et s’assied, bien sagement. A vrai dire, elle en a bien besoin quand même et elle observe Rose qui s’affaire. Elle est muette. Elle fait le point sur la situation. Allez, y’a pas de raison de que cette soirée se termine comme dans un épisode des experts. Lene se retourne pour observer tout ce que Rose a apporté, elle montre le gâteau. « Et bien ? Tout ça pour nous, tu n’y es pas allée de main morte. » Elle essaie tant bien que mal de se détendre. « Je ne sais pas où on va trouver la place pour mettre tout ça. » Détente. Détente. « Laisse-moi au moins t’aider à faire quelque chose, j’aime pas rester assise à regarder les autres travailler. Tu as quoi de prévu ? »
Lorsqu’elle avait appris que Lene avait été plutôt gravement blessée lors de la tempête, la rousse s’était montrée horrifiée, presqu’autant que si sa propre famille avait eu un accident. Elle ne connaissait pas la chauffeuse depuis très longtemps et pourtant, elle s’était déjà attachée à elle. La première apparition qu’elle avait faite dans sa vie, elle ne l’oublierait jamais. La brune l’avait subjuguée, avec ses longs cheveux bruns et ses yeux brillants de malice. Il était vrai qu’elles n’avaient pas eu beaucoup le temps d’échanger, mais pourtant Rose avait déjà l’impression de la connaître et le voyait comme la fille parfaite. Aussi, aucune hésitation ne s’était montrée lorsque Simon lui avait annoncé innocemment que sa grande sœur allait quitter sa chambre d’hôpital. Il fallait lui faire une fête parfaite, à son image. Ou plutôt à l’image que son cerveau avait construite d’elle. La serrant dans ses bras comme le messie, Rose ne parvenait pas à quitter son sourire béat, toujours charmée. « Euh .. oui.. moi aussi. » Si le manque d’enthousiasme certain de Lene semblait évident pour le commun des mortels, la rousse elle ne remarqua rien. C’était son plus gros problème à Rose, cette manie qu’elle avait d’aimer tout le monde, de croire naïvement que toute personne était gentille et que la paix dans le monde ne tenait pas à grand-chose. « Oh tant mieux ! » avait-elle donc répondu avec le plus grand sérieux du monde, sans se douter qu’une telle réponse n’allait pas arranger son cas. Puis vantant l’aide précieuse de son colocataire, Rose continua de s’étendre avec un peu trop d’entrain. « Oh Simon va venir ? » Les sourcils froncés, elle réalisa. Elle avait été tellement excitée à l’idée d’organiser cette soirée de rétablissement qu’elle n’avait même pas pensé à inviter Simon. Elle se mit aussitôt à espérer que son ami ne lui en veuille pas, essayant néanmoins de se rassurer en se disant que s’il avait réellement voulu participer, il le lui aurait fait comprendre. « Non ce n’était pas prévu mais… on peut lui dire de venir si tu veux ? » Parce que même si rester seule à seule avec Lene lui faisait plaisir, le concept de cette fête était avant tout d’honorer la brune et de faire ce qui l’enchantait elle. C’est ainsi qu’elle préféra s’assurer du ressenti de la jeune femme au sujet de tout cela, loin de se douter qu’elle pouvait ne pas apprécier. « En tout cas, c’est très gentil de ta part. Merci. Oui oui ! Je suis juste un peu surprise. » Les yeux brillants de joie, Rose se mit aussitôt à la débarrasser, complètement incapable de tenir en place.
Fière de ce qu’elle était parvenue à mettre en place, l’étudiante ne tarda pas à présenter à Lene le gâteau qui avait su créer le plus d’enthousiasme chez elle. Haut de trois étages, rempli de crème et de paillettes comestibles, il représentait à ses yeux la perfection. « Et bien ? Tout ça pour nous, tu n’y es pas allée de main morte. Je ne sais pas où on va trouver la place pour mettre tout ça. Laisse-moi au moins t’aider à faire quelque chose, j’aime pas rester assise à regarder les autres travailler. Tu as quoi de prévu ? » Fidèle à elle-même, Rose vit en ces mots un compliment et s’empressa de répondre avec tout le bonheur du monde. « Oh tu sais ça se mange sans faim. D’ailleurs c’est une commande un peu particulière, vu que j’essaie de devenir vegan c’est un gâteau sans œuf, j’espère que ça te conviendra ! » Puis l’horreur lui vint à l’esprit. « Oh non je n’ai pas pensé à prendre un gâteau de secours, quelle idiote si tu n’aimes pas… » ajouta-t-elle, posant ses mains délicates autour de son visage. Plus que soucieuse de s’occuper correctement de Lene, la rousse se dirigea vers la cuisine où elle avait déposé tout le ravitaillement. « Ne bouges pas, je t’assure qu’il n’y a pas grand-chose à faire » Sa voix douce avait atteint faiblement le salon où la brune se trouvait, malgré sa tentative de s’exprimer le plus fort possible. Quelques minutes s’écoulèrent avant qu’elle ne revienne vers le canapé, des bouteilles de sodas en tout genre dans les mains qu’elle posa sur la table basse avant de repartir chercher les assiettes sur lesquelles se trouvaient des crudités coupées en bâtonnets, une sauce crémeuse préparée maison et divers petit gâteaux salés. Quand tout fut installé, la rousse s’installa sur le sol, face à Lene. « Je me rends compte que manger vegan dans la vie de tous les jours c’est vraiment pas pratique… J’ai essayé de faire de mon mieux, j’espère vraiment que ça te plaira. Sinon tu me le dis hein ? » demanda-t-elle avec un air de chien battu. « Si il faut j’irai dans une épicerie t’acheter quelque chose… » Un verre en main, Rose reprit la parole. « Qu’est-ce que je te sers à boire ? Coca ? Thé glacé ? Jus de fruits ? » l’interrogea-t-elle tout en désignant les bouteilles au fur et à mesure, se retenant de déballer le flot de paroles qui désirait sortir de sa bouche. « Il faut absolument qu'on trinque à ton rétablissement! » Bah oui, tiens.
Elle essaie d’y mettre un peu de conviction, clairement, ce n’est pas ce soir que Lene gagnera un oscar pour son jeu d’acteur. Et pourtant, Rose ne semble pas apercevoir l’hésitation dans sa voix. Elle ne semble pas voir la grimace sur le visage de Lene, toute décontenancée par la situation, lorsqu’elle la serre dans ses bras. C’est une bonne chose, tant que ça continuera, au moins Lene est sûre de ne pas finir en charpie parce qu’à ce moment, c’est la seule crainte qui l’habite. Peut-être que si elle avait su plus tôt que d’avoir à nouveau Simon dans sa vie allait inclure une possible sociopathe, elle aurait révisé sa décision, mais c’est trop tard et maintenant, Lene doit composer avec. D’ailleurs, lorsque Rose mentionne Simon, Lene ne perd pas de temps pour rebondir et lui demander si son arrivée est prévue au programme. Enfin, surtout si l’arrivée d’autres personnes est prévenue. C’est que là, à deux, comme ça, elle n’est pas trop sûre de pouvoir se détendre. La réponse tombe rapidement, amenant Lene à repenser son plan. « Non ce n’était pas prévu mais… on peut lui dire de venir si tu veux ? » Elle aimerait oui, et en même temps, elle a pas envie de l’impliquer là-dedans, ou de lui demander quoi que ce soit. C’est beaucoup trop tôt. « Non, non, ça ira. J’aime pas prévenir à la dernière minute. » Tant pis pour elle. Néanmoins, elle en profite pour envoyer un message à Simon « Rose est chez moi, elle a l’air un peu cinglée ta pote, est ce que je dois appeler la police ? » En attendant la réponse de son frère, elle lance une sorte de compliment/remerciement, pour occuper la conversation avec elle. Bon sang, elle lui a raconté quoi déjà la dernière fois qu’elles se sont vues ? Lene ne se rappelle pas un mot que la jeune femme ait pu lui dire.
Si jusque-là, elle n’avait pas détalé, la vision de l’affreux gâteau énorme et bourré de crème que Lene ne pensait possible que sur Instagram avait manqué de lui faire pendre ses jambes à son cou. Bien sûr, ses mots ne définissaient pas sa pensée et elle ne fit qu’une remarque sur la grosseur du gâteau, bien trop gros pour deux, mais elle n’en pense pas moins, elle aurait préféré une pizza. Heureusement, Rose semble toujours ne rien voir de manque d’engouement de Lene. « Oh tu sais ça se mange sans faim. D’ailleurs c’est une commande un peu particulière, vu que j’essaie de devenir vegan c’est un gâteau sans œuf, j’espère que ça te conviendra ! » Elle ouvre grand les yeux. Elle y réfléchit deux secondes, honnêtement, dans un gâteau elle n’a pas trop d’avis. « Oh non je n’ai pas pensé à prendre un gâteau de secours, quelle idiote si tu n’aimes pas… » Elle doit se retenir de rire. Okay, il faut qu’elle fasse revenir Rose sur terre, c’est plus possible là. « T’inquiète, je suis sûre que y’a aucune différence avec un gâteau normal. Vraiment, te fou pas la pression pour un gâteau. » Non parce que là, Lene s’attend presque à la voir pleurer si elle lui dit qu’elle ne mangera pas de son truc. « Ne bouges pas, je t’assure qu’il n’y a pas grand-chose à faire » et là voilà repartie, au moment où Lene propose de donner un coup d’main. Parce qu’elle est gentille Rose, mais ça agace légèrement la brune de la voir courir partout dans son appart alors qu’elle est quand même chez elle. Elle prend sur elle et fait le tour de son salon, histoire de quand même goûter au plaisir d’être enfin de retour chez elle. Ceci fait, elle s’étale dans son canapé et se contente de lever les yeux vers Rose au moment où elle vient déposer des choses sur la table basse. La réponse de Simon arrive. « Haha, t’en fais pas, elle est saine d’esprit. Juste trop enthousiaste quand elle craque pour quelqu’un. Bon rétablissement. » Se-fout-il de sa gueule ? Elle ne dit rien. Au moins, elle a compris l’issu du problème. « Je me rends compte que manger vegan dans la vie de tous les jours c’est vraiment pas pratique… J’ai essayé de faire de mon mieux, j’espère vraiment que ça te plaira. Sinon tu me le dis hein ? » Elle ouvre grand les yeux en observant la table basse. Elle n’avait réalisé quand Rose avait parlé de gâteau vegan que tout le repas le serait aussi, maintenant que c’est fait, Lene a totalement l’impression de s’être fait avoir. « Et bien… » dit-elle avant d’être coupée. « Si il faut j’irai dans une épicerie t’acheter quelque chose… » Haha. Est-ce qu’elle sera partie pour aller lui chercher des ribs et allumer le BBQ, elle en doute un peu. Lene rit nerveusement. Il fallait que ça lui tombe dessus, à elle ! « Qu’est-ce que je te sers à boire ? Coca ? Thé glacé ? Jus de fruits ? » « Du thé glacé s’il te plait. » Répondre à ses questions semble être le seul moment où Rose accepte de la laisser en placer une. Lene se sent mal à l’idée de probablement mettre fin à tout son engouement, mais elle n’a aucunement l’intention de passer sa soir à bouffer des carottes. « Il faut absolument qu'on trinque à ton rétablissement! » « Oui, bien sûr ! » Elle attends qu’elle se serve un verre à son tour et lève le siens pour trinquer. « Et bien, à ce soir alors ! » dit-elle en se retenant de faire un sarcasme. Elle repose son verre, dégoutée que sa médication l’empêche d’avoir accès à de l’alcool à ce moment. « Rose ? » appelle t-elle pour avoir l’intention de la jeune femme. « Y’a peut être quelque chose que j’dois te dire. Simon aurait pas pu te prévenir, parce que tu sais, on ne s’est pas parlé pendant des années mais… » Elle marque une hésitation avant d’annoncer à toute vitesse. « Je déteste les légumes, encore plus quand ils sont crus, et si tu veux que je mange ce soir, il faut que je commande une pizza. C’est pas que je ne n’apprécie pas ton geste mais, je ne peux pas faire semblant. » Et là, c’est le moment où elle s’apprête à vraiment découvrir si Rose est une psychopathe ou non. « Vu qu’on est que toute les deux, on pourrait aller à la pizzeria pas très loin, et revenir pour le dessert ; Qu’est ce que tu en penses ? Je t’invite s’il le faut, ça ne me dérange pas. »
Faire plaisir aux gens était comme un objectif de vie pour Rose. Lorsqu’elle vivait encore avec sa famille, la jeune fille était réputée dans le cirque pour être l’âme charitable, celle à appeler en cas de souci. Si certains la voyaient comme un petit ange et appréciaient cette qualité, d’autres riaient d’elle. Trop bonne, trop conne qu’ils disaient d’elle. Son plus grand frère Charlie lui avait bien raconté ce qu’on disait d’elle, tentant de son mieux de la préparer à la dureté du monde, mais ça n’avait rien changé. Elle n’était pas du genre à se soucier de l’avis des autres, alors elle avait continué. C’était cet altruisme et cette générosité qui l’avait amenée à s’impliquer dans de nombreuses causes, puis également de se faire les amis qu’elle fréquentait aujourd’hui. Alors en préparant toutes ces choses pour combler Lene, rien ne pouvait l’arrêter. Parce qu’elle voulait juste la rendre heureuse à sa manière. Elle avait pensé à tout, à tout sauf à l’éventualité que la trentenaire n’apprécie pas son menu. Rose avait beau se lancer dans le veganisme, c’était loin d’être le cas de la majorité de la population. Mais ça, ça lui était complètement passé au-dessus de la tête. « T’inquiète, je suis sûre que y’a aucune différence avec un gâteau normal. Vraiment, te fou pas la pression pour un gâteau. » L’entendre la rassurer lui réchauffa le cœur et sans s’en rendre compte, la rouquine se mit à l’observer dans la plus grande des béatitudes. Lene était magnifique, bien trop magnifique pour elle. Comment une femme comme elle, plus âgée qui plus est pouvait l’apprécier elle, une rousse d’à peine vingt-trois ans. Malgré cette incertitude, Rose souhaitait plus que s’accrocher à cet infime espoir qui existait. Elle comptait d’ailleurs sur son colocataire pour l’aider dans l’histoire, mais encore fallait-il être parfaitement honnête avec lui et lui avouer cet énorme coup de cœur qu’elle avait eu pour sa grande sœur. Prise dans sa contemplation et ses pensées, Rose n’avait même pas remarqué que Lene était sur son portable, ni son expression lorsqu’elle avait observé la composition du repas que l’étudiante avait préparé avec tout son amour. C’est donc tout naturellement qu’elle reprit la parole, lui demandant avec trop d’enthousiasme ce qu’elle voulait boire. Acheter de l’alcool ne lui avait pas traversé l’esprit, en dehors de l’état de santé de Lene. La française ne buvait jamais et inconsciemment, il lui paraissait logique que Lene non plus. Bien qu’aucune logique ne résidait dans cette déduction. « Du thé glacé s’il te plait. » Obéissante, elle s’empara de la bouteille et servit un verre bien rempli à son interlocutrice avant de lui tendre avec un grand sourire. Quand elle fut servie à son tour, Rose leva son verre, contente de voir que la brune était déjà prête à trinquer. « Et bien, à ce soir alors ! » Sans répondre, la rouquine vint cogner en délicatesse son verre au siens, avant de boire avec soif ce qui s’y trouvait.
Il était maintenant l’heure d’attaquer ce festin, du moins c’était ce qu’elle croyait. « Rose ? » Son bâtonnet de carotte en main, la jeune femme s’arrêta subitement, à l’écoute de ce que Lene allait lui annoncer. « Y’a peut-être quelque chose que j’dois te dire. Simon aurait pas pu te prévenir, parce que tu sais, on ne s’est pas parlé pendant des années mais… » La tournure de sa phrase ne semblait rien indiquer de bon, aussi la jeune femme se vit elle obligée de reposer sa carotte, se redressant automatiquement pour encaisser la nouvelle. « Je déteste les légumes, encore plus quand ils sont crus, et si tu veux que je mange ce soir, il faut que je commande une pizza. C’est pas que je ne n’apprécie pas ton geste mais, je ne peux pas faire semblant. » Sacrilège. Son corps entier s’affaissa, accusant la responsabilité et la faute que laissaient sous-entendre ses propos. « Je suis tellement nulle… Je suis même pas capable de te faire plaisir comme il faut pour ta fête. » avait-elle répondu automatiquement d’une voix attristée. « Je suis vraiment désolée d’avoir tout raté, je voulais bien faire … » Prête à se laisser mourir sur le sol de l’appartement, Rose se ravisa bien rapidement quand Lene prit de nouveau la parole. « Vu qu’on est que toute les deux, on pourrait aller à la pizzeria pas très loin, et revenir pour le dessert ; Qu’est-ce que tu en penses ? Je t’invite s’il le faut, ça ne me dérange pas. » Son échec semblait finalement prendre une tournure intéressante. La femme qui la faisait craquer lui proposait d’aller dîner en tête à tête, pouvait-elle espérer mieux ? Telle la girouette émotionnelle qu’elle était, Rose troqua son air désespéré pour une mine joyeuse. « Oh oui j’adorerais ! Tout ce qui te fera plaisir. » répondit-elle, déjà debout. Sans perdre une seconde, elle prit le plateau de nourriture entre ses mains fragiles et emmena le tout dans la cuisine, grignotant sa carotte au passage. Manger dehors n’était pas un problème, mais il n’était pas question de gâcher pour autant. Pressée de rejoindre Lene, elle s’activa à ranger le tout dans les boites d’origines, puis dans le frigo le temps qu’elle ne revienne. Il n’allait pas falloir les oublier chez son amie, le tout risquait de pourrir si elle en croyait les gouts alimentaires de la trentenaire. D’un pas rapide, elle revint dans le salon où la brune l’attendait sans rien à faire compte tenu de son efficacité redoutable. « Je te suis, je ne connais pas trop le quartier. D’ailleurs tu devrais peut-être fermer le verrou de ta porte d’entrée, non ? J’avoue que ça m’a bien arrangée pour te préparer la surprise, mais on ne sait jamais » conseilla-t-elle calmement, réellement inquiète pour sa sécurité. Elle enfila alors sa veste, prit son sac sur son épaule et s’avança. « Et je t’invite. Hors de question que tu paies ce soir, le but c’est de te remettre en forme, pas de te ruiner. Parce que j’ai beau manger vegan, je suis un ventre sur pattes ! Si tu ne me retenais pas, je pourrais manger ce gâteau à moi toute seule » rajouta-t-elle en désignant ledit gâteau d’un signe de tête avec une fierté non dissimulée.
Elle parle avec des pincettes, ce qui – soyons honnête – n’est pas une habitude de Lene et encore moins quelque chose qu’elle ferait avec n’importe qui, parce que – soyons honnête encore une fois – Rose est un petit peu n’importe qui aux yeux de la brune. Cependant, elle peut tout de même apprécier l’effort de la petite rousse et se rappeler que Simon peut l’apprendre si elle a été méchante avec elle et que leur relation peut en prendre un coup, ce qu’elle ne souhaite pas, si elle n’est pas encore prête à partager des souvenirs d’enfances avec Simon ou même regarder des vieilles photos en se rappelant quand c’était la belle vie sur un air d’Ed Sheeran, elle a tout d’même envie de l’avoir un peu plus longtemps près d’elle, au moins pour savoir s’il vaut le coup ou s’il colle bien dans cette famille de fou qu’est la leur. Mais revenons à Rose qui s’agite dans tous les sens à en faire perdre Lene d’équilibre. C’est d’ailleurs aussi parce qu’elle met tant d’effort que Lene a du mal à lui dire stop, si bien que dès qu’elle parle de véganisme et qu’elle lui montre son gâteau qui semble être l’incarnation du diabète, Lene a tout d’même une parole gentille et semble avoir l’air de s’en fiche complètement de ce qu’il y’a dans ce truc. Et c’est grâce à cet élan de sympathie de bonne volonté, que les deux jeunes femmes finissent par se retrouver sur le canapé, à partager un verre. Maintenant que Rose est immobile, c’est un peu déroutant pour Lene, calme aussi. Au moins, sa tête arrêtera de tourner. Seulement, au moment de commencer à déguster tout ce que Rose avait prévu pour la petit fête, le malaise frappa. Si la rousse ne l’avait pas remarqué et ne pouvait se douter de ce qu’il se passait dans la tête de Lene parce que quelques minutes plus tôt, elle haussait les épaules devant ce fameux gâteaux sans œufs ( d’ailleurs, c’est à ce moment que Lene se pose la question de quoi est faite la crème si c’est vegan, mais ne la pose pas) et forcément, Rose n’allait pas comprendre que le régime des deux femmes n’étaient pas le même. Voyons, le seul moment où Lene mange des légumes, c’est sur sa pizza. C’est le principe de l’enfant qui ne mange pas de brocoli s’ils ne sont pas couverts de fromage. Lene ne peut plus faire semblant, et adieu la crainte de faire quelque chose que Simon pourrait lui reprocher, au moins elle n’aura pas honte d’être franche. C’est pourquoi elle explique à Rose qu’elle ne mangera rien de tout ça, et qu’elle préfère commander une pizza. La réaction ne se fait pas attendre et pendant trente secondes, Lene a vraiment peur que la nana pète un câble et s’immole au beau milieu de son salon. « Je suis tellement nulle… Je suis même pas capable de te faire plaisir comme il faut pour ta fête. » Lene se retient de rire et de lui dire qu’elle n’avait pas besoin de fête, encore moins organisée par une totale inconnu. « Je suis vraiment désolée d’avoir tout raté, je voulais bien faire … » Elle lève les yeux au ciel. A-t-on idée de surréagir autant ? En tout cas, elle arrive à se sentir mal et en observant sa maison et le vide autour d’elles, elle lui propose de l’accompagner au restaurant. Après tout, elle est déjà là et c’est pas une mauvaise chose que Lene ne passe pas sa soirée à ne rien faire devant la télé. « Oh oui j’adorerais ! Tout ce qui te fera plaisir. » Le regain d’énergie de la jeune femme ne se fait pas attendre et Lene n’a pas à ajouter quoi que ce soit pour que les aller-retour entre la cuisine et le salon ne reprenne. Cette fois-ci, au lieu de la regarder faire, elle s’installe au fond du canapé et patiente jusqu’à ce qu’elle termine, la table basse presque vide, elle se prépare à partir. Elle n’a qu’à attendre que tout soit terminé, ce qui n’est pas long du tout. Faudra qu’elle l’invite, un jour où elle a besoin de ranger l’appart, qu’elle se prend à penser. . « Je te suis, je ne connais pas trop le quartier. D’ailleurs tu devrais peut-être fermer le verrou de ta porte d’entrée, non ? J’avoue que ça m’a bien arrangée pour te préparer la surprise, mais on ne sait jamais » lui dit-Rose alors que Lene ouvre la porte et jette un coup d’œil à son verrou. Elle a toujours pensé que c’était les gens qui avaient des choses à cacher et des systèmes de sécurité qui se faisaient cambrioler. En gardant les choses trop simples, quel cambrioleurs digne de ce nom va prendre son pied à passer sa porte. Surtout que, là, maintenant tout ce qu’il trouvera c’est un gâteau vegan et des carottes. Alors non, pas d’inquiétude. « T’en fais pas, je ne risque rien. On ne vole pas les voleurs. » dit-elle avant de sortir. « Et je t’invite. Hors de question que tu paies ce soir, le but c’est de te remettre en forme, pas de te ruiner. Parce que j’ai beau manger vegan, je suis un ventre sur pattes ! Si tu ne me retenais pas, je pourrais manger ce gâteau à moi toute seule » Elle ricane un peu, avant de répliquer. « Nan c’est bon, j’aime pas quand on m’invite. Je laisse les mecs le faire que parce que ça flatte leur égo de mâle et qu’ils sont encore plus minable quand ils se rendent compte que c’est pas parce qu’ils m’ont payé une salade qu’il va se passer un truc. Mais toi, tu ne dois pas rouler sur l’or et t’as déjà dépensé assez, alors je peux bien me prendre ma pizza. » explique t-elle tout en posant naturellement sa main dans les cheveux de Rose pour les écarter de son visage. Ceci fait, ses mains viennent dans ses poches et elle commence à avancer en direction de la pizzeria. « C’est vraiment pas loin ? tu sais déjà ce que tu vas commander ou tu vas quand même te garder de la place pour le gâteau ? J’te crois quand tu dis que tu le mangerais en entier mais, t’as pas peur d’être malade ? »
Excitée. Heureuse. Stressée. De nouveau heureuse. Triste. Super excitée. Rose était capable de passer d’une émotion à une autre en un claquement de doigts, un avantage comme un inconvénient. Néanmoins, elle parvenait à se concentrer sur son esprit optimiste de façon générale. Elle avait certes cru que la fin du monde était arrivée quand Lene lui avait annoncé que tout ce qu’elle avait fait ne lui plaisait pas réellement, mais c’était passé. Voire même déjà oublié. Il ne lui fallait pas grand-chose pour se changer les idées et la moindre information était en mesure de lui rendre son sourire si communicatif. Sortir dîner avec la brune était une double dose de bonheur, voire une triple. Mais si elle ne voulait pas que son jeune âge ne lui cause problème vis-à-vis de Lene, elle allait devoir refréner son excitation et son envie de sauter partout, même sur elle. Plutôt que de tout garder pour elle, Rose avait eut l’idée brillante de canaliser son énergie dans du rangement, ce qui semblait plutôt convenir à Lene qui l’attendait dans le canapé. A sa plus grande surprise, courir dans tous les sens et s’activer à ranger des carottes lui avait fait le plus grand bien. Mais l’envie immense de sortir était toujours présente, tout comme son sourire beaucoup trop innocent pour ce monde. C’est donc fin prête qu’elle annonça à son amie qu’elles pouvaient maintenant y aller, profitant de l’occasion pour lui conseiller de prendre des précautions concernant la sécurité de son appartement. « T’en fais pas, je ne risque rien. On ne vole pas les voleurs. » L’incompréhension devait être clairement lisible sur son visage, ses sourcils froncés et ses yeux tournés vers le plafond. Elle resta alors muette et chercha une explication aux mots que Lene venait de lui rétorquer. Elle, une voleuse ? Elle devait plaisanter. Un peu embarrassée, la rouquine se contenta de répondre par un petit rire avant de quitter l’appartement derrière elle, lui faisant part de son envie de l’inviter ce soir. « Nan c’est bon, j’aime pas quand on m’invite. Je laisse les mecs le faire que parce que ça flatte leur égo de mâle et qu’ils sont encore plus minable quand ils se rendent compte que c’est pas parce qu’ils m’ont payé une salade qu’il va se passer un truc. Mais toi, tu ne dois pas rouler sur l’or et t’as déjà dépensé assez, alors je peux bien me prendre ma pizza. » Non seulement cette femme était belle, mais en plus, elle était généreuse. Toute guillerette d’avoir l’impression que Lene prenait soin d’elle-même si ce n’était pas réellement le cas, Rose se pinça les lèvres de joie. Puis sans qu’elle ne voit les choses venir, la main de Lene vint se poser dans ses cheveux, provoquant un semblant d’arrêt cardiaque. Elle pouvait mettre sa main à couper que le rouge lui était monté aux joues actuellement, avec sa peau laiteuse de rousse, il était très évident de savoir lorsqu’elle rougissait. Aussi chercha-t-elle à détourner l’attention. « C'est adorable. Tu sors souvent manger avec des mecs ? Enfin je veux dire… » Gênée par la façon maladroite dont elle avait amené le sujet, l’étudiante se coupa quelques secondes, cherchant une façon plus délicate de lui poser la question. « T’as un copain en ce moment ? Un qui a réussi à te vendre plus de rêve qu’en t’offrant une pizza » ajouta-t-elle en rigolant, espérant que sa tournure précédente n’allait pas lui porter préjudice.
Heureusement pour elle, Lene continua, rebondissant sur son appétit d’ogre. « C’est vraiment pas loin. Tu sais déjà ce que tu vas commander ou tu vas quand même te garder de la place pour le gâteau ? J’te crois quand tu dis que tu le mangerais en entier mais, t’as pas peur d’être malade ? » Qu’elle l’ai voulu ou non, la brune venait de lui poser une colle. Depuis qu’elle s’était lancée dans son régime alimentaire très restreint, Rose avait limité ses sorties au restaurant pour la simple et bonne raison qu’elle n’était pas encore certaine de ce qu’elle pouvait manger ou non. « Non pas vraiment, je verrai selon leur carte. A moins que tu ai quelque chose à me conseiller ? Sans viande, sans œuf, sans produits laitiers… » Alors qu’elle énumérait sa liste d’aliments proscrits, Rose réalisait que les choix devenaient de plus en plus minces. « Je trouverai bien ! Au pire une bonne salade et comme ça tu as raison, j’aurais encore plein de place pour le gâteau. Et ne t’inquiètes pas pour moi, il en faut plus pour être malade. Il suffit de vivre quelques mois avec ma grand-mère pour avoir un estomac en acier ! Je crois qu’elle a beaucoup aimé la cuisine allemande pendant nos séjours alors maintenant elle ne fait que ça, mais je t’avoue que c’est pas trop mon truc. C’est… lourd. » Rien que d’y penser, Rose fit une grimace un peu dégoutée, tandis qu’elle continuait d’avancer aux côtés de Lene dans les rues de Toowong. « Tu as déjà gouté leur cuisine ? Je te dirais bien d’essayer par curiosité mais bon, y a quand même mieux. Je pense que rien n’est meilleur que la cuisine française, ça me manque beaucoup ! Mais bon, encore une fois ce n’est pas évident de manger les plats typiques sans viande » Lene allait sûrement regretter d’avoir lancer Rose sur le sujet, bien qu’en réalité, tout la rendait bavarde. Cela avait au moins le mérite de faire passer le temps plus vite. Lorsqu’elle eut enfin terminé de raconter sa vie, ses yeux se posèrent sur la devanture d’un restaurant italien à l'intersection de deux rues, le premier qu’elles croisèrent depuis qu’elles avaient quitté l’appartement. « C’est celui là ? Il a l’air sympa, y a du monde en tout cas, c’est toujours bon signe » demanda-t-elle en désignant le restaurant du doigt, encore bien trop impatiente à l’idée de dîner avec elle.
Elle pourrait facilement exploser de rire en observant la face dubitative de Rose au moment où elle s’autoqualifie de voleuse, comme si elle ne savait pas si elle devait rire ou la prendre au sérieux. Elle observe l’incompréhension de la jeune femme en l’écoutant et se dit que définitivement, il faudra qu’elle répète cette blague un jour et même si pour le gros de son entourage personne ne serait vraiment surpris d’apprendre ce qu’elle avance. Déjà parce que c’est son genre de voler, et que c’est encore plus son genre de ne pas le cacher et d’en parler librement comme si c’était parfaitement légal. La jeune femme n’a aucun complexe. Heureusement, Rose semble malgré tout ne pas le comprendre et plutôt que de polémiquer dessus, Lene s’empresse de quitter son appartement, suivi de Rose qui insiste pour l’inviter, ce que notre voleuse refuse. Elle a tout d’même des limites et l’innocence très apparente de Rose l’empêche de vouloir profiter de son argent ce soir, surtout quand elle pense que sa petite sauterie de légume a déjà du lui coûter des thunes. Et puis, comme elle l’explique, Lene a tendance à préférer profiter de la générosité de la gente masculine plus que celle des petites demoiselles. C’est peut-être le côté femme plus âgée qui pousse à essayer à sa manière de ne pas être trop méchante. Ça, et le fait qu’elle ne tienne pas à décevoir Simon. « C'est adorable. Tu sors souvent manger avec des mecs ? Enfin je veux dire… » lui demande alors Rose, ce qui arrête Lene de surprise. Un sourcil froncé, elle regarde Rose sans trop comprendre la question. Enfin, bien sûr qu’elle comprend, mais tout d’même, ça lui parait très enfantin soudainement. n. « T’as un copain en ce moment ? Un qui a réussi à te vendre plus de rêve qu’en t’offrant une pizza » Okay. Si elle y était arrivée plus tôt, Lene ne peut pas se retenir de rire cette fois et exprime très clairement à quelle point cette question est très risible. Malgré tout toujours soucieuse de ne pas paraître trop brusque, elle prend vite la parole pour rassurer Rose. « Excuse moi, c’est que … » Son rire repart, elle tente d’arrêter. « Ta question semblait tellement sérieuse et en même temps tellement digne d’une petite fille. » explique t-elle avant de se rendre compte qu’elle n’arrange rien du tout. « Excuse moi. » reprend t-elle plus sérieusement. « J’aurais pas du rire. Pour répondre à tes questions : oui. Non. » Elle ne s’épanche pas plus, ça ne servirait à rien que Lene perde du temps à expliquer qu’elle vit sa vie seule et libertine. Et puis dans le fond, elle ne voit pas ce que ça a d’intéressant dans la conversation.
Elles reprennent leur marche vers le restaurant. Lene essaie déjà de se décider sur ce qu’elle va manger, et si sur le moment, elle se dit qu’elle est vraiment un ventre sur patte, son attention se concentre sur sa partenaire qui semble la battre à plate couture dans ce domaine. « Non pas vraiment, je verrai selon leur carte. A moins que tu ai quelque chose à me conseiller ? Sans viande, sans œuf, sans produits laitiers… » Ouais, de la pelouse ? Lene écarquille les yeux sans trop savoir quoi répondre. Sans viande, okay. Elle peut comprendre. Mais sans fromage. Elle ne comprend comment on pourrait encore appeler ça une pizza. Elle en est sûre, à chaque pizza sans fromage de cuite, Dieu tue un italien. « Sinon, on peut passer au fleuriste à côté t’acheter un bouquet de pissenlit à faire en salade, ça marche aussi tu sais. » ironise t-elle « Je trouverai bien ! Au pire une bonne salade et comme ça tu as raison, j’aurais encore plein de place pour le gâteau. Et ne t’inquiètes pas pour moi, il en faut plus pour être malade. Il suffit de vivre quelques mois avec ma grand-mère pour avoir un estomac en acier ! Je crois qu’elle a beaucoup aimé la cuisine allemande pendant nos séjours alors maintenant elle ne fait que ça, mais je t’avoue que c’est pas trop mon truc. C’est… lourd. »ajoute alors Rose de manière qui semble décousu, ce qui amuse beaucoup Lene. Cette fille a un sacré talent pour passer du coq à l’âne. « Tu as déjà gouté leur cuisine ? Je te dirais bien d’essayer par curiosité mais bon, y a quand même mieux. Je pense que rien n’est meilleur que la cuisine française, ça me manque beaucoup ! Mais bon, encore une fois ce n’est pas évident de manger les plats typiques sans viande » Elle hausse les épaules. Est-ce que la bière peut être considérée comme de la cuisine allemande ? Parce que si oui, on peut considérer Lene comme une fervente admiratrice, en effet. « Non, jamais. Tu sais, j'avais un mec qui essayais à chaque fois de me faire découvrir la cuisine française, les restaurants gastronomique t'sais ? ça me faisait chier. c'était chier et y'avait rien à bouffer dans l'assiette. je finissais la soirée au burger du coin pour vraiment me caler un truc. du coup, la cuisine européenne. ça me dit trop rien. »Elle essaie de ne pas trop répondre à Rose, si ça ne tenait qu’à elle, elle lui poserait bien la question pourquoi elle se fait chier à bouffer de cette façon. Mais elle ne veut aucunement lancer de débat, alors à la place elle l’écoute blablater en haussant les épaules une fois sur deux. De toute manière, Rose fait les questions et les réponses. C’est pas compliqué de dialoguer avec elle. Quelques minutes et la devanture du restaurant apparait déjà devant elles. « C’est celui là ? Il a l’air sympa, y a du monde en tout cas, c’est toujours bon signe » demande Rose en observant l’intérieur. Ça ne dit trop rien à Lene de manger entourée de monde. « Ouais. Mais on va prendre à emporter. J’ai envie de manger tranquillement chez moi si ça ne te dérange pas. » lui annonce t-elle finalement. Après ses six semaines d’hôpital, elle souhaite être au calme. « Mais t’en fais pas à emporter ou sur place, c’est pareil. » garantit –elle avant de s’emparer de son bras pour la traîner à l’intérieur pour commander, elle a quand même faim. « Alors, je voudrais une pizza cannibale, puis c’est possible de m’en faire une au fromage. Puis, pour mon amie, ce sera ce que vous avez mais sans œuf, sans fromage, sans viande. Au pire, on piochera dans votre jardinière hein ! » ajoute t-elle fière de sa blague avant de se tourner vers Rose. « Puis t’en fais pas, finalement, je t’invite, ça me fait plaisir. Ça ira pour toi ?»
Entendre l’anecdote de Lene à propos de la façon dont elle traitait les hommes avec qui elle avait l’occasion de sortir dîner était comme une aubaine pour la rouquine. Elle qui désirait tant en savoir plus sur sa vie sentimentale vit cet instant comme le moment idéal pour l’interroger à ce sujet, sans donner l’impression de poser la question de façon intéressée. Cependant si la logique de sa demande paraissait tout à fait normale à ses yeux, il ne semblait pas que Lene soit d’accord. Interloquée, Rose l’observa rire nerveusement, tandis qu’elle se demandait ce qui pouvait bien l’amuser de la sorte. Elle avait beau y réfléchir, elle ne voyait rien de drôle dans sa question. Fort heureusement, son interlocutrice ne tarda pas à se justifier. « Excuse-moi, c’est que … Ta question semblait tellement sérieuse et en même temps tellement digne d’une petite fille. » L’étudiante fut complètement déstabilisée par ses mots et se mit à rougir, honteuse d’avoir eu l’air d’une gamine aux yeux de Lene. Plus elle la voyait rire, plus elle se disait qu’elle n’avait aucune chance. Elle le savait pourtant qu’une différence d’âge importante existait, mais elle n’aurait pas cru qu’elle pouvait la considérer de la sorte. Incapable de répondre, elle se contenta de battre des paupières, attendant qu’elle se calme. « Excuse-moi. J’aurais pas du rire. Pour répondre à tes questions : oui. Non. » Satisfaite de savoir qu’elle n’avait personne dans sa vie actuellement, Rose ne se réjouit néanmoins pas, encore perturbée par cette réponse trop concise à son goût. Il paraissait évident que la jeune femme ne voulait pas s’étaler le sujet et maintenant, elle était persuadée qu’elle la voyait immature et que par conséquent, avoir une discussion sérieuse à ce sujet avec elle n’était pas possible. « Oh, d’accord » répondit-elle d’une petite voix accompagnée d’une moue gênée. Pour une fois, elle avait compris qu’il ne fallait pas insister.
Changer de sujet parut être la meilleure idée pour oublier cet instant de malaise, Rose salua ainsi l’initiative de Lene. Mais encore une fois, elle ne répondit pas ce à quoi elle s’attendait. « Sinon, on peut passer au fleuriste à côté t’acheter un bouquet de pissenlit à faire en salade, ça marche aussi tu sais. » Bien qu’elle soit légèrement consciente du degré d’ironie dans la proposition de son interlocutrice, la rouquine prit le parti de répondre avec sérieux. « C’est très bon d’ailleurs, j’allais en cueillir parfois avec ma mère » Sûrement une information dont Lene se fichait royalement mais c’était encore quelque que Rose ne comprenait pas, elle si bavarde et curieuse d’en apprendre plus à son sujet. Parce qu’à ses yeux, elle se sentirait plus apte à lui parler de sa vie privée si elle en savait elle-même plus sur Rose. Logique ou non. Et puis histoire d’en rajouter une couche, elle continua sur ses expériences gastronomiques et son manque d’amour pour la cuisine allemande, contrairement à sa grand-mère. Elle ne vit pas l’absence d’intérêt dans le regard de Lene, aussi continua-t-elle, lui posant finalement une question dans l’hypothèse où elle pouvait essayer de placer quelques mots entre deux monologues. « Non, jamais. Tu sais, j'avais un mec qui essayais à chaque fois de me faire découvrir la cuisine française, les restaurants gastronomique t'sais ? ça me faisait chier. c'était chier et y'avait rien à bouffer dans l'assiette. je finissais la soirée au burger du coin pour vraiment me caler un truc. du coup, la cuisine européenne. ça me dit trop rien. » Bougeant sa tête au gré de ses paroles, Rose buvait chaque information qui sortait de sa bouche. « Crois-moi, la nourriture française ne se limite pas à ça. Quand tu manges leurs plats traditionnels tu peux aller faire une sieste après » Dans un ricanement amusé, elle continua. « Je te cuisinerai un plat un jour si tu veux, avec de la viande promis. » Même si manger de la viande allait contre ses principes, Rose n’avait jamais été du genre à moraliser les personnes qui ne partageaient pas son opinion. En réalité, Rose n’était pas du genre à donner des leçons à qui que ce soit, pour quelque raison que ce soit.
« Ouais. Mais on va prendre à emporter. J’ai envie de manger tranquillement chez moi si ça ne te dérange pas. Mais t’en fais pas à emporter ou sur place, c’est pareil. » Jamais compliquée, l’étudiante acquiesça « Ça me va » avant de se laisser trainer à l’intérieur, bien accrochée à Lene. « Alors, je voudrais une pizza cannibale, puis c’est possible de m’en faire une au fromage. Puis, pour mon amie, ce sera ce que vous avez mais sans œuf, sans fromage, sans viande. Au pire, on piochera dans votre jardinière hein ! » Dans un éclat de rire, elle jeta un coup d’œil vers le restaurateur, guettant sa réaction qui ne fut pas décevante. Il parut mettre un certain à comprendre si la brune était sérieuse ou non, et c’est finalement la tête de Rose qui dû l’en convaincre. « Je vais vous prendre la salade italienne sans le jambon de parme s’il vous plait » lui demanda-t-elle toute polie et souriante. « Puis t’en fais pas, finalement, je t’invite, ça me fait plaisir. Ça ira pour toi ? » Le rouge aux joues, elle répondit aussitôt. « Merci, c’est vraiment très gentil. Mais je te revaudrai ça » Histoire de cacher sa gêne, elle passa sa main dans ses cheveux et détourna le regard vers la salle bondée de monde. L’odeur de la sauce tomate et du fromage lui monta jusqu’aux narines et elle dû bien avouer que tout ça lui manquait un peu parfois. Accoudée au comptoir, Rose resta étrangement muette pendant la durée de la préparation de leur commande, ses pensées tournées ailleurs, perdue à rêvasser. Si bien qu’elle fut surprise lorsque le restaurateur leur tendit les deux cartons de pizzas et sa salade. « Je vais le porter » Sans laisser le temps à Lene de prendre quoi que ce soit, elle s’empara et du tout et gratifia l’homme d’un au revoir poli, avant de quitter l’établissement. « Mh, ça sent bon » dit-elle à Lene en fermant les yeux pour profiter uniquement de la bonne odeur qui se dégageait des boîtes.
Le chemin du retour fut assez rapide, probablement guidées par la faim et l’envie pressante de dévorer tout ça. Collée derrière Lene, Rose la laissa ouvrir la porte avant d’entrer dans l’appartement et de poser la nourriture sur la table basse où leurs verres étaient toujours remplis. Elle posa son sac puis s’installa sur le sol, face à la brune, dans un sourire incontrôlable. Tandis qu’elle avait ouvert et tendu les boîtes contenant les pizzas à Lene, elle s’attaqua à sa propre boîte où sa salade se trouvait. De la roquette, des légumes du soleil grillés et des pignons, elle en avait déjà l’eau à la bouche. « Bon appétit ! Je ne te propose pas de goûter ma salade, j’imagine qu’elle ne tente pas trop » plaisanta-t-elle en lui montrant une courgette luisante d’huile d’olive. « Tu dois être contente de manger une pizza, après avoir subi la nourriture de l’hôpital pendant tout ce temps. » Puis elle ajouta « D’ailleurs je ne t’ai pas demandé, comment tu te sens ? » en posant son regard innocent sur le visage de Lene, dans l’attente de sa réponse.
Elle devrait peut-être se sentir un peu coupable de la manière dont elle agit. Du moins, quand elle rit sans ménagement face aux questions de Rose, elle se rend compte qu’elle n’a peut-être pas le comportement le plus poli, même si c’est de bon cœur et pas méchant dans ses fondements (pour une fois). Elle le voit au moment où elle explique être amusée par son côté enfantin que ce n’est pas vraiment ce que la jeune fille s’attendait à entendre, et pourtant Lene le lui dit sans arrière-pensée et la trouve dans ce moment plus adorable qu’autre chose de péjoratif. Mais, par égard, elle se stoppe quand même et répond rapidement aux questions à l’origine de la scène. Des réponses simples, à l’image de sa vie personnelle. « Oh, d’accord » dit-elle d’un ton qui arrive à culpabiliser la jeune femme, elle pourrait s’arrêter là, avoir du silence mais son envie d’être sympa prend le dessus et pour défroisser Rose, elle lui assure. « Vraiment. Ce ne sont pas des histoires dignes d’intérêt. » d’un ton plutôt ferme et convaincant.
Toutefois, malgré cet élan de culpabilité, la brune n’éprouve pas le besoin de ménager les sentiments de Rose lorsque celle-ci s’avance à parler de son régime. En soi, Lene n’en a que faire (même si elle ne comprend la logique de bouffer comme les vaches) mais la tentation est bien trop grande pour que le sarcasme n’ait pas sa place ici. « C’est très bon d’ailleurs, j’allais en cueillir parfois avec ma mère » Le sérieux que Rose adopte la surprend. Lene ne sait pas trop si elle mettre sa réponse sur son côté un peu naïve, ou si elle essaie justement de lui clouer le bec en prenant sa blague comme si elle n’était ni offensante, ou même drôle. Elle reste sans voix un instant, ne sachant quoi répondre à cela. Après tout, elle n’allait quand même pas lui parler de sa mère si ? Non. En revanche, la grand-mère, elle, fit son entrée dans la conversation, ou plutôt le long monologue de la jeune femme concernant la cuisine allemande. Lene écoute d’une oreille, en regrettant un peu de ne pas avoir un compteur de mot à la minute parce que la petite semble être une championne de la papote. Arrive tout de même le doux moment où Lene a l’occasion de placer une phrase, merci Rose, bien que les quelques mots qu’elle prononce lui semble aussi dépourvu d’intérêt. Lui raconter de vieilles histoires de mecs perdus, très peu pour elle. « Crois-moi, la nourriture française ne se limite pas à ça. Quand tu manges leurs plats traditionnels tu peux aller faire une sieste après » Elle hausse un sourcil. Sûrement. Mais la vérité, c’est que c’est pas ce qu’on sert en restaurant et que Lene n’ira probablement jamais foutre les pieds en France. Pour avoir vécu en Angleterre, son histoire avec l’Europe est définitivement close. Puis question bouffe, l’alimentation de Lene n’est guère variée, heureusement le temps qu’elle accorde au surf est là pour ne pas en montrer les effets. « Je te cuisinerai un plat un jour si tu veux, avec de la viande promis. » Lene s’arrête, surprise du propos, elle se demande si Rose est vraiment de chier sur ses principes juste pour lui faire goûter une bouillabaisse. « Vraiment ? » demande t-elle surprise, avant d’ajouter. « T’embête pas à me faire un truc qui va contre tes principes. Au pire, file moi la recette. » conclue t-elle avant que le restaurant ne se dresse devant elles.
A la vue du monde à l’intérieur, l’envie de Lene de sortir se réprime. Trop de monde. Elle sait qu’elle ne veut pas passer sa soirée avec les conversations d’inconnus qui lui bourdonnent les oreilles. (Celle de Rose suffit) alors elle annonce directement que le repas se fera à la maison, elles commandent et elles se cassent, voilà le programme. « Ça me va » annonce la jeunette sans sourciller. Elles entrent et Lene passe commande sans rater l’occasion une nouvelle fois de faire sa réflexion, cette fois-ci plus destinée à ahurir le restaurateur qui prend la commande. C’est presque trop drôle, encore une fois. Partagé entre l’habitude de voir Lene dans ses locaux, et ce degré d’humour auquel elle ne l’avait pas habitué, il reste interdit un moment, jusqu’à ce que Rose intervienne. « Je vais vous prendre la salade italienne sans le jambon de parme s’il vous plait » Voilà qui tombe bien. Parce qu’en vrai, elle n’avait bien aucune de ce que Rose pourrait bien prendre. (Oui parce qu’elle oublie que la salade est à la carte) Puis, dans le feu de la commande, Lene décide d’inviter la rousse, c’est pas trois brin d’herbe qui vont la foutre ous la paille après tout. « Merci, c’est vraiment très gentil. Mais je te revaudrai ça » « Mouais, t’en fais pas pour ça. » ajoute t-elle en rangeant son portefeuille dans la poche arrière de son short. « C’est vraiment que dalle, et ça compense pas le coût de ton gâteau. » Même si c’est pas elle qui le bouffera, se retient t-elle d’ajouter. Le silence règne dans la pièce pendant leur attente, accoudée au comptoir, Lene se perd à observer les gens dans la salle pendant un long moment, c’est le dépôt de sa commande qui la ramène sur terre. « Je vais le porter » ajoute Rose alors que les deux pieds de Lene n’ont pas encore vraiment atteri.[color=#990000« Okay. » d[/color]it-elle en la suivant vers la sortie. « Mh, ça sent bon » Lene se contente de lui répondre d’un sourire.
Lene reste pensive sur tout le chemin du retour, les deux bras croisés contre elle à penser à ce retour à la maison, à ce restaurant et à ce changement d’avis soudain quant au fait d’y manger. Derrière elle, Rose est restée silencieuse. Lene a comme l’impression de reprendre le cours normal des choses au moment où elle entre une seconde fois chez elle, elle n’avait pas eu le temps d’y penser, Rose avait occupé son esprit jusque-là. Machinalement, elle ouvre la porte et laisse Rose faire comme chez elle. Quelques minutes suffisent pour que les deux jeunes femmes soit équipés en nourriture dans le canapé. « Bon appétit ! Je ne te propose pas de goûter ma salade, j’imagine qu’elle ne tente pas trop » Lene lève les yeux, hoche la tête. « Non, ça me paraît tellement pauvre, j’aurais l’impression de retirer le pain de la bouche d’un p’tit somalien. » admet-elle sans le ton drôle qu’elle met dans ses joke d’ordinaire. « Tu dois être contente de manger une pizza, après avoir subi la nourriture de l’hôpital pendant tout ce temps. » fait remarquer Rose. Lene observe sa pizza, toujours intouchée. Effectivement, ça fait plaisir. « D’ailleurs je ne t’ai pas demandé, comment tu te sens ? » ajoute Rose devant une Lene toujours muette. « Drôle. » Ce n’est peut-être pas le mot attendu, mais c’est le premier qui lui vient. « C’est juste que, parfois, j’oublie et quand je me rappelle, je me sens dépassée et je revis tout, et je ne comprends comment j’ai pu oublier mais je l’ai fait et je me demande pourquoi je ne fais pas juste d’aller de l’avant. » dit-elle en faisant de grand geste d’incompréhension. Elle réalise que ce n’est peut-être pas le moment pour (ou malheureusement la personne avec qui) en parler et décide de se concentrer sur sa pizza. « C’est probablement juste la fatigue qui parle. Ça ira mieux demain. » assure –elle en mordant enfin sa première part de pizza. « Mais c’est con, on aurait leur demander là bas de foutre ta salade sur de la pâte, ça aurait plus consistant nan ? »
Une certaine culpabilité commençait à se lire sur les traits de visage de Lene, visiblement peu fière de de lui avoir répondu de la sorte. Rose ne put que remarquer ce détail tant il la réconfortait dans sa crainte d’être à côté de la plaque à ses yeux. « Vraiment. Ce ne sont pas des histoires dignes d’intérêt. » Malgré la volonté de son amie de se rattraper, elle comprit que la discussion était close et fut satisfaite de la conclusion qu’elle lui donna, cette fois bien plus agréable à avaler que l’idée qu’elle soit trop enfantine dans sa tête. La conversation dériva alors tout naturellement vers les histoires de la rouquine qui comme à son habitude ne laissa pas beaucoup de temps à son interlocutrice pour prendre la parole. Ce qui était pourtant fortement paradoxal puisqu’elle n’attendait qu’une chose, c’était d’en apprendre plus sur Lene et qu’elle ne lui raconte des anecdotes de sa vie. Elle en vint finalement à lui proposer de cuisiner pour elle, une des nombreuses choses qu’elle était prête à faire pour lui faire plaisir, pour qu’elle l’apprécie. « Vraiment ? T’embête pas à me faire un truc qui va contre tes principes. Au pire, file-moi la recette. » Rose fut presque offusquée de sa réponse, à croire qu’elle passait pour une extrémiste fermée d’esprit, ce qu’elle était bien loin d’être en réalité. « Tu plaisantes ! Ce n’est pas parce que je refuse de manger de la viande que les autres doivent en faire de même, j’ai dû cuisiner de la viande à ma grand-mère pendant des années et ce n’était pas grave. Quand c’est le cas j’essaie au moins de me fournir chez des éleveurs locaux, je me dis que c’est mieux que rien. Donc ne t’en fais pas pour ça, ça me ferait vraiment plaisir de le faire pour toi » finit-elle par conclure avec l’espoir que la brune n’allait pas encore tenter de lui faire comprendre que ce n’était pas nécessaire. Non ça ne l’était pas, en effet, mais elle le voulait vraiment. Leur conversation fut plus ou moins coupée par l’arrivée au restaurant, pour finalement se terminer par un silence nécessaire. Aussi étonnant que cela puisse paraitre, il arrivait parfois à la rouquine de se taire et de profiter d’une petite pause pour voguer à ses pensées. A sa plus grande surprise, Lene lui annonça alors qu’elle avait pris la décision de l’inviter, ce qui ne manqua pas de la mettre mal à l’aise. « Mouais, t’en fais pas pour ça. C’est vraiment que dalle, et ça compense pas le coût de ton gâteau. » Même si elle marquait un point avec cet argument irréfutable, Rose n’était pas du genre à tenir des comptes et chercher l’égalité parfaite des dépenses. D’une générosité débordante, elle était bien capable de se ruiner pour faire plaisir. Elle la remercia de nouveau, profondément touchée par le geste.
Le retour vers l’appartement de Lene se fit toujours aussi silencieusement, ce qui ne semblait pas déplaire à la brune qui affichait désormais un visage un peu fatigué. Rose ne pouvait pas lui reprocher, après tout elle sortait d’une hospitalisation assez conséquente et c’était bien la raison qui la poussait à prendre soin d’elle. Une petite dose d’énergie était néanmoins revenue lorsqu’elles s’installèrent pour manger, parce que lorsqu’il était question de se remplir le ventre, les choses devenaient plus sérieuses. Rose s’émerveilla devant les couleurs de sa salade alors que de son côté, Lene faisait face à une pizza recouverte de gras et de fromage. Même si faire goûter son plat était une habitude qu’elle avait, la rouquine fit remarquer à son interlocutrice que dans le cas présent, cela n’était pas forcément nécessaire compte tenu de son aversion pour les légumes. « Non, ça me paraît tellement pauvre, j’aurais l’impression de retirer le pain de la bouche d’un p’tit somalien. » Le ton qu’elle utilisa la laissa perplexe, il était plus difficile de lire une trace d’humour là-dedans. Le sourcil droit relevé, Rose ne trouva rien à répondre et se contenta d’hausser les épaules avant d’engouffrer sa courgette dans sa bouche. Le goût lui rappela ses voyages en Italie, et les paupières fermées elle savoura ces goûts qui lui donnaient tant de nostalgie. Quand on parlait de gastronomie, c’était un pays qu’il ne fallait pas oublier. Tandis que sa salade avait déjà diminuée de moitié vu la vitesse à laquelle elle dévora le tout, la rouquine se permit une nouvelle question, cette fois-ci au sujet de son état. « Drôle. C’est juste que, parfois, j’oublie et quand je me rappelle, je me sens dépassée et je revis tout, et je ne comprends comment j’ai pu oublier mais je l’ai fait et je me demande pourquoi je ne fais pas juste d’aller de l’avant. » Ses pensées allèrent vers les images qui avaient envahies les médias au lendemain de la tempête, une catastrophe que l’étudiante avait eu la chance de vivre de sa chambre. Les mots de Lene lui firent mal au cœur, elle avait dû mal à exprimer ses sentiments et Rose s’en trouva peinée. « Je pense que c’est normal, il faut du temps pour panser ces choses-là… » avait-elle répondu d’une voix réconfortante et pleine de compassion. « C’est probablement juste la fatigue qui parle. Ça ira mieux demain. » Quelque chose dans son attitude et dans sa voix lui fit comprendre que la jeune femme ne voulait pas aller plus loin dans la conversation. Cette fois-ci cependant, Rose ne le prit pas pour elle ou pour son état de maturité. Sa première idée fut que parler d’un traumatisme n’était pas évident pour tout le monde, et dans le plus grand respect, elle n’insista pas. « Mais c’est con, on aurait leur demander là-bas de foutre ta salade sur de la pâte, ça aurait plus consistant nan ? » Sa remarque la fit rire. Cette salade semblait réellement la préoccuper, ce qui était fortement amusant à ses yeux. « Oh non c’est très bien comme ça ! Je suis habituée » Elle marqua une pause, encore en train de mastiquer les feuilles de roquette qu’elle avait mises dans sa bouche. « Tout est vraiment parfait, j’aurais pas pu espérer passer une meilleure soirée » glissa-t-elle soudain un peu timide.
Sa salade terminée et la pizza de Lene dévorée, Rose repensa à ce qu’elle lui avait dit un peu plus tôt sur sa fatigue. Après s’être correctement essuyé les mains, elle se leva et vint s’asseoir sur le canapé, aux côtés de Lene. « Tu sais… Mon père avait une technique pour me relaxer quand j’étais fatiguée mais que quelque chose me tracassait, je pense que ça te ferait pas de mal » Ses mains s’étaient déjà posées sur les épaules de la brune qu’elle avait commencé à masser avec minutie. « Tu as les muscles tendus, tu devrais dormir beaucoup mieux après ça… » Concentrée, elle remonta ses mains vers sa nuque, appuyant sur les zones tendues avec une attention toute particulière. Se retrouver si près d’elle faisait bondir son cœur. « Ça te fait du bien ? » demanda-t-elle en posant son regard sur son visage, soucieuse de lui faire du bien.
Malgré ses opinions bien trempées et bien à elle, Lene n’était pas le genre à forcer qui que ce soit à les adopter (enfin, elle suppose qu’il doit y avoir des exceptions mais dans le cas présent, non). Elle aurait trop l’impression de ressembler à sa mère ou sa sœur si elle agissait de la sorte, ainsi malgré le fait qu’elle trouve ridicule de se compliquer la vie avec un régime qui vous prive de tout ce qui est bon, elle n’a aucune intention d’imposer à Rose quoi que ce soit juste pour lui faire plaisir ou coller à son mode de vie. Sa proposition de lui servir un plat à sa convenance et contre les idéaux de la rousse la gêne un peu et elle préfère lui dire que cela n’est pas nécessaire avant que ça n’aille trop loin. Elle a presque l’impression de forcer la demoiselle à se parjurer. En revanche, à en juger par la mine de Rose, cet avis n’était pas partagé ou même compris. « Tu plaisantes ! Ce n’est pas parce que je refuse de manger de la viande que les autres doivent en faire de même, j’ai dû cuisiner de la viande à ma grand-mère pendant des années et ce n’était pas grave. Quand c’est le cas j’essaie au moins de me fournir chez des éleveurs locaux, je me dis que c’est mieux que rien. Donc ne t’en fais pas pour ça, ça me ferait vraiment plaisir de le faire pour toi » « Okay » dit-elle pour toute réponse, si ça lui faisait plaisir, Lene n’allait pas argumenter plus ou tenter de la dissuader. Juste que si jamais, elle n’est obligée à rien, la brune sait se suffire à elle-même. Elle n’ajoute rien pouvant donner matière au débat, Rose est une grande fille et fait ce qu’elle veut, après tout de la bouffe gratuite, ça ne se refuse pas.
De retour à l’appartement, les deux jeunes femmes retrouvent leur place dans le canapé pour manger. Enfin, surtout Lene parce qu’avec tous ses vas et vient on ne saura dire si Rose a pris le temps de s’asseoir un moment avant qu’elles ne partent pour la pizzeria. Lene, restée pensive depuis leur sortir ne décoche pas vraiment de mots. C’est bête, mais de sortir, ça l’avait crevé et son humour ne suivait pas cette fatigue soudaine. Preuve en est de la blague sur les somaliens. Ou bien, cette dernière n’étaient juste pas drôle, Lene avait tendance à oublier que le commun des mortels n’aimait pas se moquer de handicapés, malade, gens qui meurent de faim et des roux (enfin pour ces derniers, c’est présentement tendu aussi). C’est dommage, à un autre moment, elle aurait fait fureur. Mais Rose change de sujet et demande à Lene comment elle se sent, avec l’hôpital, tout ça. Preuve en est de sa fatigue, elle répond. D’ordinaire, elle n’aurait rien dit d’aussi personnel à une inconnue, pas même à sa meilleure amie mais, le médecin lui avait aussi qu’elle ne devait pas intérioriser et à ce moment, Lene tente de faire un peu ce qu’il dit. Alors elle parle de la tempête, de la difficulté d’aller de l’avant quand, une fois fait, la pensée de l’avoir fait la ramène en arrière. Elle est un peu perdue. « Je pense que c’est normal, il faut du temps pour panser ces choses-là… » Ouais, c’est ce qu’on dit, mais il n’empêche que maintenant, ça ne va pas et qu’elle n’a jamais été du genre à attendre que les choses se fassent d’elle-même. Lene, elle préfère bousculer le destin à coup d’pied au cul. Non désireuse d’en dire plus, elle met tout sur le compte de la fatigue. Elle a besoin d’un moment à elle pour réfléchir à la façon dont elle compte aviser. Reprenant du poil de la bête, elle se permet de plaisanter à nouveau sur le maigre repas de Rose. « Oh non c’est très bien comme ça ! Je suis habituée » dit-elle en continuant de mastiquer, cela manquait quand même de fromage à son goût mais Rose ne l’aurait pas choisi si elle n’était pas capable d’être rassasiée avec ça. Et puis, y’a toujours le gâteau. « Tout est vraiment parfait, j’aurais pas pu espérer passer une meilleure soirée » Lene se contente de partager un sourire avec elle. Il est vrai que, la soirée n’est pas totalement désagréable (sous réserve que Rose ne soit pas une psychopathe) mais Lene ne sentirait pas honnête si elle devait dire la même chose.
« Tu sais… Mon père avait une technique pour me relaxer quand j’étais fatiguée mais que quelque chose me tracassait, je pense que ça te ferait pas de mal » lui dit alors Rose en s’approchant d’elle, le repas aussitôt terminé. Lene ne comprend pas son attention en allant s’asseoir à ses côtés. Et elle n’eut pas le temps de s’interroger plus que les mains de Rose sont déjà sur ses épaules à la masser, un geste qui attirer un gros frisson à la jeune femme au point d’en trembler de surprise. Elle n’a jamais été habituée à avoir des contacts aussi rapprochées avec un ou une inconnue (sauf pour le sexe, mais là c’est différent) « Tu as les muscles tendus, tu devrais dormir beaucoup mieux après ça… » Elle n’ajoute rien et se contente de grimacer tandis que Rose lui masse les épaules, ce n’est pas désagréable mais tout d’même quand on en a pas l’habitude, ça surprend. « Ça te fait du bien ? » Des frissons n’arrêtent pas de la parcourir à chaque point sensible qu’elle touche. « Oui, oui, je crois. » répond t-elle toujours perplexe quant à cette séance de massothérapie venue un peu d’ailleurs. Elle devait l’admettre, au bout d’un moment, ce n’était pas désagréable du tout et le côté un peu dérangeant dans le fait d’être touchée sans prévenir, s’efface petit à petit, comme si elle prenait l’habitude de Rose. Néanmoins, le meilleur massage ne pouvait prévenir la fatigue et au fur et à mesure où Lene se détend, l’envie d’aller dormir fait du chemin, elle finit par interrompre Rose en saisissant doucement son poignet. « Je … C’est vraiment gentil, et utile ton truc, mais je sens qu’il faut que j’aille au lit, si ça ne te dérange pas. » dit-elle, elle aurait aimé lui tenir compagnie plus longtemps, juste parce que cette fille sortie de l’inconnu n’était pas désagréable. Elle jette un coup d’œil à l’heure, avant d’ajouter. « Mais si tu veux, tu peux rester. Il est tard et c’est pas très safe les rues du coin, surtout dans ta tenue » dit-elle en pointant la robe extracourte de la demoiselle. « En plus, je pense que tu risque moins de mourir de faim ici que chez toi. » ça, avec tout ce qu’elle a ramené.
La Lene qui lui faisait actuellement face s’avérait bien différente de celle qu’elle avait rencontré la première fois, où celle qu’elle avait été un peu plus tôt dans la soirée. Les traits de son visage s’étaient affaissés, tandis que la moindre parole semblait lui demander un effort physique surhumain. Après la brève évocation de son passage à l’hôpital et l’expérience qu’elle avait vécu là-bas, toute once de plaisanterie et d’assurance qu’elle arborait habituellement avait disparue. Ses yeux bleus clairs rivés sur elle, Rose ne sut quoi faire le temps d’un court instant. Alors que leur repas arrivait à son terme, la rouquine n’était pas certaine de savoir si la brune souhaitait discuter ou simplement se reposer. A la voir si peu bavarde – bien qu’on ne puisse pas la qualifier de la sorte à côté de l’étudiante -, Rose en vint presque à s’en vouloir. C’était elle après tout qui avait amené le sujet de la tempête sur la table, sans réaliser un seul moment que parler d’un tel traumatisme pouvait déplaire à Lene. Puis ce fut le déclic, l’illumination. Rose savait comment détendre l’atmosphère, ou plutôt son interlocutrice. Et si habituellement elle était davantage soumise, elle prit cette fois la décision de foncer tête baissée. En quelques secondes, elle s’était retrouvée assise sur le canapé, collée à Lene d’une façon qui lui électrisait le corps, ses mains posées sur ses épaules. La douceur de sa peau ne l’étonna pas, un contact qui ne manqua pas de la mettre dans tous ses états. Tandis qu’elle avait commencé à la masser avec un subtil mélange de force et de délicatesse, la rouquine l’interrogea sur l’utilité ou non de ce qu’elle faisait. « Oui, oui, je crois. » Un fin sourire étira ses lèvres rosées. Elle avait senti les muscles de la brune se décrisper au fur et à mesure que les minutes s’écoulaient, un détail non négligeable à ses yeux. « Je … C’est vraiment gentil, et utile ton truc, mais je sens qu’il faut que j’aille au lit, si ça ne te dérange pas. » La demande de Lene semblait sincère, loin de vouloir signifier que Rose la dérangeait, néanmoins Rose ne put s’empêcher de se sentir gênée de l’avoir retenue éveillée. Aussitôt, elle retira ses mains d’elle, la libérant à contrecœur. « Oh oui oui, bien sûr. Je comprends ne t’en fais pas. » lui répondit-elle de sa petite voix douce en s’écartant légèrement. « Mais si tu veux, tu peux rester. Il est tard et c’est pas très safe les rues du coin, surtout dans ta tenue » Suivant le bout du doigt de Lene, l’étudiante posa son regard sur ses jambes presqu’entièrement dénudées. Elle en avait peut-être fait un peu trop et elle n’arrivait pas à savoir si la remarque de Lene était une réflexion dissimulée ou un simple commentaire compte tenu de la situation. Quoi qu’il en soit, sa proposition lui alla droit au cœur. « En plus, je pense que tu risques moins de mourir de faim ici que chez toi. » Avec une pensée pour tous les tupperware de légumes qui l’attendaient dans le frigo, Rose rit doucement avant de répondre. « Si ça te gêne pas, je veux bien oui. » Ses yeux se mirent à briller, alors qu’elle ôta ses chaussures pour se mettre à l’aise, prête à s’allonger sur le canapé. « Bonne nuit, reposes-toi bien. Fais de beaux rêves » Sans aucun doute, ses rêves à elle n’allaient pas manquer d’être beaux.
Réveillée par les rayons du soleil qui s’engouffraient dans la pièce à travers les volets, Rose s’étira dans le canapé, encore un peu dans les vapes. Il lui fallut quelques minutes avant de réaliser où elle se trouvait, là, sur le canapé de Lene, ou la fille qui lui faisait tourner la tête. Sur la table basse se trouvaient encore les différents cartons des pizzas et de sa salade, ce qui ne fut pas particulièrement agréable quand l’odeur lui arriva aux narines. Néanmoins, elle avait connu pire réveil pour se plaindre. Et rien que de repenser à la soirée qu’elle avait passée, un large sourire se dessina sur son visage. Un coup d’œil à son téléphone portable lui fit prendre conscience de l’heure, déjà dix heures trente. Il était rare qu’elle dorme si longtemps lorsqu’elle n’était pas chez elle, à croire qu’elle en avait besoin. Enfin bien réveillée, elle se dirigea dans la cuisine où le gâteau n’avait pas bougé. « Ah » s’exclama-t-elle, réalisant presque avec horreur qu’elles n’en avaient même pas mangé. Et puisqu’il en fallait plus pour l’arrêter, la rouquine s’en coupa une part qu’elle mangea appuyée sur le rebord d’un meuble, le regard vers la rue qui s’animait. Quand son estomac fut rempli, Rose se permit d’ouvrir le frigo d’où elle sorti deux œufs, ainsi qu’une tranche de bacon qui trainait par là. Chantonnant discrètement, elle prépara les œufs brouillés, le bacon grillé et fit chauffer deux tranches de pain. C’est alors qu’elle entendit le bruit d'une porte, probablement celle de la chambre de Lene. Quelques secondes plus tard, son hypothèse fut confirmée puisque sa silhouette se dessina dans l’ouverture de la porte. « Bonjour ! » lança-t-elle avec sûrement trop d’enthousiasme pour un matin. « J’espère que ce n’est pas moi qui t’ai réveillée. En tout cas tu es pile à l’heure pour le petit déjeuner que je t’ai préparé. » Tout en parlant, la rouquine plaça tout ce qu’elle avait cuisiné dans une assiette qu’elle posa sur la table. « Je vais te laisser tranquille, j’ai beaucoup de choses à faire. » commença-t-elle tandis qu’elle s’activa à récupérer les carottes et autres végétaux que Lene allait laisser pourrir si elle les laissait ici. Quand le tout fut rangé et qu’elle eut enfilé sa veste et ses chaussures, Rose revint vers elle pour déposer un bref baiser sur sa joue. « Merci encore pour le repas hier soir et le canapé. N’hésites pas si je peux me rendre utile d’une quelconque manière… » Les lèvres plissées, elle se mit à rougir légèrement. « Bonne journée Lene » termina-t-elle, son regard plongé dans celui de la brune; avant de partir en direction de la porte d’un signe de main.
Elle reste calme pendant le massage. Plutôt de se rappeler des détails sordides de l’accident, ou même de son hospitalisation, elle tente de se détendre comme Rose lui dit de le faire. Ce n’est pas non plus la chose la plus évidente, bien que le contact ne soit pas désagréable – au contraire – il est difficile pour de laisser une inconnue être tactile avec elle. Ce n’est juste pas une habitude. Mais fatiguée, elle se laisse gentiment faire quitte à presque tomber de fatigue entre les bras de la jeune femme. Ce n’est pas quelque chose d’évident pour elle de se sentir si faible aussi, elle aurait aimé avoir sa forme d’antan aussitôt sortie de l’hôpital mais après ce qui s’est passé, sa santé ne doit pas être minimisée alors elle finit par arrêter Rose dans son massage. Lene lui explique la situation le plus calmement du monde (non pas qu’elle ait besoin d’être calme, mais parce qu’elle est plutôt zen) qu’elle commence à se sentir vraiment à bout, et que sans vouloir la mettre à la porte, elle aimerait partir dormir. . « Oh oui oui, bien sûr. Je comprends ne t’en fais pas. » Les mains de Rose quittait ses épaules, et tout d’même pas rassurée à l’idée de la laisser rentrer seule chez elle, pour des raisons évidentes une fois qu’on a sous les yeux la taille de la jupe de Rose, elle l’invite à passer la nuit chez elle. Après tout, ça l’arrangerait que demain matin, Simon ne l’appelle pas pour lui annoncer que sa colocataire a fait une mauvaise rencontre en revenant de chez elle. Elle préfère rester bien loin de ces prises de tête pendant encore un moment. « Si ça te gêne pas, je veux bien oui. » Alors c’est réglé, Lene se relève et se dirige vers un coffre en osier sur lequel traîne pas mal de paperasse qu’elle fout à terre pour l’ouvrir. Elle s’empare d’une couverture, qu’elle vient pour tendre à la jeune femme. « Tiens, si jamais tu as froid ou qu’il te manque quelque chose, il y’a tout ce que tu veux dans ce coffre. Elle lui accorde un dernier sourire en l’observant s’installer sur le canapé. « Je te laisse, bonne nuit. » « Bonne nuit, reposes-toi bien. Fais de beaux rêves » Elle jette un coup d’œil pour s’assurer que tout va bien avant de prendre la direction de sa chambre. Elle peine un peu à croire qu’elle n’est pas venue là depuis un moment, en entrant, elle trouve son lit défait du matin d’halloween. Sans y penser plus longtemps, elle troque son short et son maillot pour un tee shirt plus grand et s’écroule sous la couette sans demander son reste pour s’endormir.
Endormie comme une masse, le bruit lointain de crépitements commence à la tirer hors de ses rêves. Elle peine un peu à atterrir quand elle ouvre les yeux pour découvrir sa chambre à elle à son réveil. Elle est d’abord surprise, elle avait pris l’habitude des murs blancs de l’hôpital. Elle reste un instant dans son lit à observer le plafond en pensant à sa journée, à ce qu’elle allait pouvoir faire maintenant. Elle appréhende, évidemment, tout le monde ne va que lui parler de ça et lui demander où elle était passé. Elle ne veut pas sortir du doux cocon que représentent les quatre murs bleu de la pièce. Mais le souvenir de Rose et le fait qu’elle ne devrait pas la laisser seule lui revient, et lentement mais sûrement, elle se tire hors du lit. Le soleil lui donne mal à la tête quand elle entre dans le salon. Trop de lumière d’un coup. Elle se dirige vers la cuisine après quelque pas vers les cartons de pizza, l’odeur qui s’en échappe à l’air plus alléchante alors elle y va à l’instinct avant de tomber sur Rose, qui prépare à manger. Sa première pensée est de se demander si cette fille n’essaie pas de l’adopter. « Bonjour ! » dit-elle d’une manière peut-être un peu trop éclatante pour elle. Elle ne se retient pas de grogner pour signaler la gêne que lui procure trop d’enthousiasme le matin. « J’espère que ce n’est pas moi qui t’ai réveillée. En tout cas tu es pile à l’heure pour le petit déjeuner que je t’ai préparé. » Oh, pense t’elle, mais Lene tourne bien trop au ralenti pour répondre à quoi que ce soit. Dès qu’elle a perçoit l’assiette que la jeune femme lui a préparé atterrir sur la table, elle s’assied en face, prête à manger. . « Je vais te laisser tranquille, j’ai beaucoup de choses à faire. » Elle lève la tête vers Rose, et la regarde qui rassemble ses affaires avant de repartir. « ça va aller pour tout porter ? » demande t-elle, malgré le fait que là de suite, elle ne pense qu’à retourner dormir plutôt que de donner un coup de main. . « Merci encore pour le repas hier soir et le canapé. N’hésites pas si je peux me rendre utile d’une quelconque manière… » « T’embête pas » ajoute t-elle en sachant pertinemment qu’elle ne l’écouterait pas. « Bonne journée Lene » « Bonne journée » répond t-elle en adressant un signe qui retombe aussi sec que la rousse lui tourne le dos. Elle se jette sur l’assiette une fois seule, et l’engloutit presque d’une seule bouchée avant de conformément à ses plans, retourner au lit.