Mardi. Journée de fermeture hebdomadaire de sa boutique. Célia comptait passer la journée avec Emily sauf que cette dernière avait été invitée par Lucy pour découvrir sa nouvelle petite sœur. Alors forcément la petite Westlake n'avait pas pu décliner cette superbe invitation. Elle avait même sauté de joie. Donc Célia se retrouvait seule. Elle avait donc pensé à faire un peu de shopping pour les fêtes de fin d'année. Mais l'idée de se retrouver dans une centre commercial ne lui plaisait pas plus que ça. Alors elle avait opté pour faire une surprise à sa jumelle. Cela faisait quelques jours qu'elle n'était pas passé les voir. Alors elle s'était donc décidé à rejoindre la maison de sa sœur. Elle avait opté pour une marinière et un simple jean, quelque chose de décontracté. Elle avait mis des bottines à talons bleu foncé. Et ses longs cheveux tombaient sur ses épaules. Elle enfila un veste en simili cuir et elle attrapa son sac avant de prendre son vélo. Oui bon, elle avait le permis depuis quelques jours mais quand elle pouvait se passer de voiture, elle le faisait. Ce qui était le cas aujourd'hui. Et puis sa sœur n'habitait plus très loin. Enfin pour l'instant. Quand Axel sera de retour, ils pourront enfin déménager dans leur nouvelle maison. Mais pour l'instant, sans le militaire, Célia préférait rester dans l'autre maison. L'antiquaire avait emporté également deux petites marionnettes en bois et mousse qu'elle avait acheté une semaine plus tôt dans une petite boutique de Annerley. Elle avait craqué dessus. Quelques minutes plus tard, elle arrivait dans le quartier. Elle mit pieds à terre puis avança avec son vélo jusqu'à l'entrée de la maison. Tout semblait calme. Elle posa son vélo et enclencha l'antivol avant de venir vers la maison. Quand elle approcha de la porte, elle préféra frapper deux coups plutôt que d'utiliser la sonnerie au cas où les enfants dormaient. Elle entendit ensuite des bruits de pas. Et la minute suivante, la tête de Colin apparaissait dans l'entrée. « Bonjour. » Elle n'était pas surprise de le voir ici. Étant donné que le mécano vivait à présent avec sa sœur. Célia parfait doucement afin de ne pas faire trop de bruit. « Je viens à la rescousse. » Annonça-t-elle en souriant avant de montrer un sac en papier dans lequel il y avait une dizaines de cookies aux éclats de noisettes fait maison.
C’était bien la première fois que je faisais ça, que je restais à la maison, dans cette nouvelle maison dans laquelle je vivais, pour m’occuper des petits. Et c’est fou comme ça me faisait du bien. J’avais tellement rêvé d’avoir des enfants, que je pourrais facilement prendre des jours de congés pour eux. Parce qu’à l’époque, je crois bien que je prenais toujours moins que les congés légaux. Bien sûr, je me les faisais payer à la fin de l’année, mais l’argent n’a jamais vraiment compté pour moi. Le boulot a toujours été très important dans ma vie, malgré le fait que mon travail n’a rien de très important, il pourrait parfois bien attendre, mais cela a toujours l’endroit que je préférais au monde, où je me retrouve seul, où j’aime être depuis mes 16 ans. Parce que les cours, le lycée, tout ça, ça n’a jamais été pour moi. J’ai heureusement pu commencer à bosser à cet âge-là. A la petite déception de ma mère. Même si elle continue de me dire qu’elle est fière de moi, qu’elle m’a toujours poussé à faire ce que je voulais de ma vie. Elle a très vite compris que ma vie était les motos. Voilà pourquoi elle ne m’a jamais rien dit. Même si je vois bien dans son regard qu’elle aurait aimé que je devienne un grand homme. Ma petite sœur sera au moins une grande femme. Je changeais alors les couches des petits tout en pensant à cela quand on frappa à la porte. Certainement pas un visiteur inconnu, sinon, il n’aurait pas pris la peine de frapper. J’installais alors Kyle avec Louna sur le tapis de jeu en plein milieu du salon et j’allais ouvrir. Le visage familier de Célia apparut. Je lui souriais et lui rendais son bonjour. Elle venait à la rescousse, je me suis alors mis à rire Vraiment ? C’est Selina qui t’envoie ? Après tout, c’est la première fois que Selina me confiait une journée entière nos bébés, je pouvais comprendre qu’elle n’était pas certaine que je m’en sorte parfaitement tout seul. Je me décalais alors sur le côté pour la laisser rentrer.
Cela faisait un moment que Célia voulait faire ce genre de surprise à sa sœur. Ces dernières semaines, elle n'avait pas vu le temps passé et elle avait été tellement occupée qu'elle n'avait pas pu passer toute une journée avec sa moitié. Donc là comme elle n'avait aucune obligation, elle se décidait à faire un détour sur Toowong. Mais elle n'allait pas venir les mains vides, voilà pourquoi elle avait fait quelques cookies aux noisettes. Une journée entre filles, cela allait lui faire du bien. Et c'était avec entrain qu'elle s'était présentée devant la porte. Elle se souvenait rapidement qu'elle ne devait pas sonner au risque de réveiller les jumeaux. Alors elle frappa. Et quand la porte s'ouvrit, ce n'était pas Selina qui se présentait à elle mais Colin. Elle fut un peu surprise mais pas tant que ça, puisque le mécano passait souvent chez sa sœur. Après tout, c'était lui le père des jumeaux. Il était tout à fait normal qu'il puisse passer du temps avec ses enfants. En plus d'après ce que lui avait dit Selina, il était quelqu'un de chouette. Célia ne le connaissait pas beaucoup. Mais elle ne demandait qu'à en apprendre un peu plus sur lui. Aux paroles de Colin, l'antiquaire fronça un peu les sourcils. « Comment ça ? » Elle suivait ensuite son « beau-frère » à l'intérieur de la maison qui était plutôt calme. « Non en fait je voulais lui faire une surprise. Je voulais lui donner un coup de main et lui permettre d'aller se balader un peu pendant que je m'occupais des brigands. » Elle esquissa un sourire en lui donnant le paquet en papier où se trouvaient les cookies. « Donc, si je comprends bien ma sœur n'est pas là. » Oui, sinon elle aurait déjà entendu sa voix familière. Elle reporta son regard sur Colin. « Tu permets que je reste ? Je ne sais pas si tu as besoin d'un coup de main mais je suis là. » Célia n'avait pas non plus envie de s'imposer et de faire douter Colin sur ses capacités à s'occuper de ses propres enfants. Ce n'était pas du tout le cas. Elle voulait juste passer du temps en « famille » et Colin et les jumeaux en faisaient partis à présent. Célia ajouta avec un petit sourire amusée. « Et j'ai bien envie de voir ces petites merveilles. » A cet âge, les bébés changeaient beaucoup. Et l'antiquaire ne les avait pas vu depuis quelques jours.
Quand j’aperçus Célia sur le pas de la porte, il était évident qu’elle venait pour ou par Selina. Par reflex, je pensais forcément qu’elle l’avait envoyé pour venir à ma rescousse. C’était légitime non ? Mais la blonde n’avait pas semblé comprendre cela. Peu importait, mais je ne savais pas quoi lui répondre quand elle me demandait où je voulais en venir. Je haussais simplement les épaules, ressemblant très certainement à un débile, et heureusement pour moi, elle m’expliquait plutôt la raison de sa venue, qui était totalement à l’improviste. Elle comprenait donc que sa sœur n’était pas là. Faut croire que je t’ai déjà devancé. Lui disais-je avec un petit rire, assez nerveux, je dois l’avouer. C’était la première fois que je me retrouvais seul avec mes enfants, et je sentais que j’allais me faire chaperonner, y’a de quoi être nerveux. Mais je préférais me tenir à ses paroles, à savoir que ce n’était simplement que de l’aide. Surtout qu’elle justifia très bien le fait de vouloir rester. Je ne pouvais décemment pas lui refuser la visite de sa nièce et neveu. Je t’en prie, entre. Lui disais-je alors tout en me décalant de devant l’entrée pour la laisser passer et fermer derrière elle. Tu ne peux pas les rater, ils sont sur le tapis de jeu juste là. Je lui indiquais tout de même la présence de mes enfants pour qu’elle s’y dirige d’elle-même. Ils étaient relativement calme mais gazouillaient ensemble et c’était assez craquant à voir. Heureusement qu’il y avait de la place dans ce salon.
Célia se réjouissait de passer une belle journée avec ses deux petits monstres. Elle avait l'impression que cela faisait une éternité qu'elle ne les avait pas vu. Et elle comptait bien rattraper le temps perdu. Elle était juste un peu déçue qu'Emily ne puisse pas venir avec elle. Lucy et son petit frère avaient toute son attention ces derniers jours. Bref, l'antiquaire esquissa un sourire aux propos de Colin. Elle ne se faisait pas prier pour rejoindre les jumeaux. Comme le papa lui avait dit juste avant, Célia les trouva sur un tapis d'éveil. « Bonjour mes amours. » Elle se baissa pour les embrasser tous les deux, les faisant sourire par la même occasion. « Ce qu'ils ont grandi depuis la dernière fois. » C'était fou. Elle avait l'impression que sa sœur avait accouché une semaine plus tôt. La jeune femme se redressa. Elle n'allait pas les déranger dans leur jeu. Elle les observa un instant avant de demander en levant son regard sur Colin. « Bon, puisqu'ils s'amusent bien seuls, on pourrait prendre quelque chose à boire ? » Un fin sourire s'afficha sur les lèvres de Célia. Finalement, c'était une bonne chose qu'elle se retrouve seule avec Colin. Ainsi, elle allait pouvoir lui parler et en apprendre un peu plus sur lui. Parce qu'en fin de compte, ils se connaissaient à peine alors que Colin faisait parti de la famille, au même titre que les jumeaux.
L’arrivée de Célia était assez inattendue, mais pas déplaisante. Les jumeaux étaient bien occupés sur leur tapis, et après les avoir embrassé, la blonde se rendait compte qu’ils n’avaient pas tant besoin d’attention, du moins, pas tout de suite. Et avant même que je ne puisse lui proposer quoi que ce soit, elle me devançait en me proposant qu’on boive quelque chose. J’hochais la tête d’un coup et répondais Bien sûr. Tu veux boire quoi ? Alcoolisé ou non alcoolisé ? Du frais ? Du chaud ? Lui proposais-je alors, même si on était en plein milieu de l’après-midi et que bon, ce n’est peut-être pas le meilleur moment de boire de l’alcool, mais je n’étais certainement pas du genre à critiquer, ou à faire de remarque, je suis bien trop habitué avec mes camarades motards à boire de la bière dès midi. Bon j’avoue que les femmes, ce n’est pas vraiment leurs habitudes, mais sait-on jamais. Surtout que je n’étais même pas sûr de ce que je pouvais offrir à la jumelle de la maîtresse de ces lieux. Je te laisse quelques instants avec eux, je vais nous préparer tout ça. Lui disais-je une fois qu’elle m’eut donné son envie de boisson. Pour ma part, ça sera très certainement un simple café crème, de quoi tenir encore jusqu’à ce soir, parce que s’occuper de bébés, je ne m’attendais pas à ce que cela soit aussi éprouvant. Je n’imagine même pas quand ils vont commencer à gambader partout une fois debout sur leurs petites jambes. Mais en même temps, j’étais pressé d’apprendre à les connaître, et à les voir grandir. Je revenais rapidement avec les boissons et tendais celle de Célia pour ensuite m’installer dans le canapé, non loin des monstres pour garder un œil sur eux Alors, comment ça se passe avec un copain ? Axel, c’est bien ça ? Lui demandais-je alors, bien curieux de savoir si tout va bien entre eux, vu que je l’avais justement rencontré juste après la naissances des jumeaux.
C'était étrange pour Célia de se retrouver face à Colin. Elle ne l'avait rencontré qu'une fois, à l'hôpital. Et disons qu'ils ne savaient quasiment rien l'un sur l'autre. Sauf si Selina avait parlé de sa jumelle à Colin, ce que l'antiquaire doutait. Alors, il était peut-être temps de faire connaissance et d'en apprendre un peu plus l'un sur l'autre. Célia était de nature curieuse et surtout, elle voulait savoir qui était cet homme qui faisait à présent parti de la vie de sa sœur et qui, de surcroît, était le père de ses enfants. Alors forcément, la jeune femme avait envie d'en savoir un peu plus sur lui. Ce qui était assez légitime. Elle s'était éloignée de sa jumelle ces derniers mois à cause de leur dispute. Et toutes ces choses qu'elle voulait savoir, elle aurait pu les apprendre de sa sœur s'il n'y avait pas eu cette brouille entre elles. Mais Célia voulait rattraper le temps perdu. Et si elle ne pouvait pas en parler à sa sœur, qui était la personne la mieux placée pour parler de lui si ce n'était que le principal intéressé lui-même ? Alors au final, même si elle n'était pas très à l'aise au départ, elle ne sentait pas de réelle tension pour l'instant. Célia n'était pas venue pour le chaperonner ou quoi que ce soit. Donc, il ne devait pas trop se formaliser sur sa présence. Et puis au final, Célia n'allait pas l'accaparer toute la journée puisque les bébés étaient entre de bonnes mains. A la question de Colin, elle demanda un simple jus d'orange. Célia n'était pas trop boissons alcoolisées. Elle ne supportait pas trop l'alcool. Elle jeta un œil aux bébés pendant que le papa était parti chercher les boissons. Ce qu'ils grandissaient vite. Louna semblait un peu plus potelée et turbulente que son frère. Ce qui faisait sourire l'antiquaire. Célia le remercia pour la boisson puis à la question de Colin, elle hocha doucement de la tête. C'était sympa de la part de Colin de ne pas avoir oublié le prénom. Même si elle comprenait que cela aurait pu arriver puisqu'ils ne s'étaient vus qu'une seule fois. « C'est bien ça. » Elle esquissa un sourire. Elle se souvenait de cette venue à l'hôpital. Célia avait excitée à l'idée de rencontrer les bébés. Sauf qu'elle s'était rendue compte que sa sœur était épuisée et qu'Axel et elle, étaient un peu de trop pour ce moment d'intimité. Alors ils s'étaient éclipsés pour revenir plus tard dans la semaine. « Et tout se passe bien. Même si c'est un peu difficile en ce moment. » Et c'était aussi pour cette raison qu'elle s'occupait le plus possible en journée. « Il a été mobilisé au Moyen Orient. Cela fait déjà quelque semaines qu'il est parti. » C'était très long. Surtout qu'elle ne pouvait pas avoir des nouvelles comme elle le souhaitait. « Et forcément, on ne peut pas se parler régulièrement. » Elle évitait de penser au pire. Parce que Célia n'était pas de nature pessimiste. Et puis elle n'était pas toute seule, Emily était à ses côtés. Elle aussi, attendait le retour de son papa. « Mais j'ai vraiment hâte qu'il revienne... » Elle prit une gorgée de sa boisson. « Et toi alors ? Ma sœur m'a dit que tu bossais dans les motos ? Tu vas lui donner l'envie de reprendre la moto. » Selina avait son permis moto, ce qui a toujours fasciné l'antiquaire. Elle, jusqu'à récemment, elle n'avait même pas le permis auto. Elle l'avait passé par obligation et non par choix. Elle préférait son vélo.
Une fois mon café crème et le jus d’orange avancés dans le salon, prêt des enfants, je me permettais de m’installer, d’inviter Célia à faire de même pour ensuite lui demander comment ça allait avec son copain. J’eus un doute quant à son prénom, ne l’ayant rencontré qu’une seule fois au final. Et ce n’était peut-être pas le bon moment pour retenir des tonnes d’informations. J’étais tellement euphorique et heureux ce jour-là, cette semaine-là même, que les détails m’étaient un peu sortis de la tête. J’avais tout de même déjà entendu parler de lui de la bouche de Selina, pour me remémorer son prénom. Bien que la blonde n’est pas du genre à beaucoup me parler de sa jumelle. Célia m’annonçait alors que tout se passait bien entre eux, mais qu’au final il était coincé au Moyen Orient pour son boulot. J’ignorais totalement qu’il était militaire, et franchement, ça ne devait pas être facile d’être amoureux d’une personne qui risque sa vie loin de nous. Surtout que oui, la communication était encore plus compliquée. Quand elle me disait que ça lui tardait qu’il revienne, je ne pouvais que bien l’imaginais Oui, je me doute bien. L’inquiétude doit te ronger … Lui disais-je par compassion. Je m’inquiète tellement pour mes enfants, et je me rappelle m’être horriblement inquiété lorsque mon ex-femme partait en intervention dans un bâtiment en feu. Mais cette inquiétude a bien vite disparue. Même si je ne pourrais pas m’en empêcher si jamais je le savais … Autant éviter de parler de ça devant la blonde, parce que même devant Selina je n’ose pas. Je l’ai assez emmerdé avec cette histoire stupide. Parler de motos est d’ailleurs bien plus intéressant. Je souriais à la jeune femme et lui répondais Elle m’en a déjà parlé oui, je crois bien que c’est comme ça que je l’ai intéressé au début. Je me suis mis à rire, pour déconner, mais je me suis tout de même mis à rougir. C’était stupide, mais Célia devait bien se douter ce qu’il s’était passé avant qu’on ait les petits monstres dans notre vie.
Célia prit une gorgée de son jus d'orange tout en posant ses yeux sur Colin qui avait parlé d'Axel. Ce dernier était absent pour l'instant. Et à vrai dire, Célia ne savait même pas s'il allait être là pour les fêtes de fin d'années. Elle pouvait l'espérer. Mais de toute façon, elle n'allait pas baisser les bras. Cela n'avait jamais été le cas de la jeune femme. Bien au contraire. Elle pouvait être très déterminée quand il s'agissait de sa vie privée, surtout maintenant. Les années précédentes, cela n'avait pas toujours été le cas. Mais Axel lui avait fait comprendre qu'elle pouvait avoir confiance. Alors c'était ce qu'elle faisait. Elle lui faisait confiance. Et elle voulait éviter de penser à tout ce qui pouvait obscurcir ses pensées et ou son cœur. Pour l'instant, elle s'en sortait plutôt bien avec Emily. Elle arrivait à trouver un équilibre à deux. Et cela se passait bien. Emily était adorable et elles passaient beaucoup de temps ensemble. Elles apprenaient à se connaître. Et chaque jour cette nouvelle vie qui était la sienne, était un peu plus simple. « J'essaie de faire en sorte que non. Parce que je sais qu'Emily le ressentirai tout de suite. Et puis, je ne suis pas d'une nature défaitiste ou pessimiste. Il fait attention à lui. Je sais qu'il reviendra sain et sauf même si la date demeure inconnue. » C'était l'équation à inconnue comme elle le disait à sa mère. Mais en dehors de ça, Célia restait optimiste. La jeune femme posa son verre sur la table basse puis elle reporta son attention sur le mécanicien. Un sourire s'afficha sur les lèvres de l'antiquaire. « Je me disais aussi. » Un fin sourire resta afficha sur son visage tandis qu'elle s'imaginait la rencontre. « Selina a toujours aimé la vitesse. De nous deux, c'était elle qui faisait des courses avec nos vélos. Et je faisais l'arbitre. » Encore une différence entre les deux jeunes femmes. « Même si je suis assez contente qu'elle ne pilote pas ce bolide tous les jours. » Célia avait été médecin. Elle connaissait les dangers de cette mécanique et les séquelles qui pouvaient en résulter quand il y avait des accidents. Là encore, Célia s'inquiétait toujours. Mais c'était aussi son rôle de sœur. « Tu as une moto toi-même ? Ou tu préfères la voiture ? » Avec les enfants, la voiture était plus pratique. Elle-même avait du se décider à passer son permis voiture en l'absence d'Axel parce que cela devenait trop compliqué avec Emily, entre l'école, les copines et ses cours de danse, être à l'heure relevait du challenge quotidien.
Comment avais-je intéressé Selina au départ ? Je n’en savais strictement rien. Je me suis toujours posé la question, qu’est-ce qui l’avait intéressé chez un type comme moi ? Surtout qui était marié à l’époque. Certes, je ne lui avais rien révélé, mais elle aurait pu m’en vouloir, vraiment, et ne plus jamais vouloir me voir, mais non, elle acceptait que je connaisse nos enfants et encore mieux, que je puisse les voir grandir en vivant avec eux. Je devais forcément vivre avec elle, surtout depuis qu’elle m’avait donné les clés, et je m’y plaisais vraiment de plus en plus. Certainement parce que Selina n’est pas une amie. Du moins, elle l’est devenue avec le temps, mais elle a surtout été une femme qui m’a toujours plu. Notre relation est loin d’être la plus simple par conséquent. Mais après tout, tant qu’on est là pour nos enfants, on essaie de rester au maximum sans complication. Etant de nature assez gêné et timide avec les femmes, il est vrai que même si la blonde m’intéresse, ce n’est pas moi qui vais faire le premier pas. Surtout que je ne suis pas prêt à avoir de nouveaux sentiments, ayant bien trop peur de me les faire de nouveau bien écraser. Toujours est-il que la relation amoureuse de sa sœur n’est pas des plus idéales non plus. En effet, son Axel est en mission, et il lui est impossible de savoir quand est-ce qu’il rentrera au pays. Cela ne devait vraiment pas être facile, surtout avec sa fille. Tu t’occupes donc de sa fille en son absence ?! Il en a de la chance. Lui souriais-je alors pour détendre un peu l’atmosphère. Je ne voulais pas la rendre triste à cette idée, et parler de la petite semblait lui donner le sourire. J’avais bien vite compris que Selina aimait l’adrénaline et les motos faisaient parties de nos grands points communs. Célia me fit rire avec l’anecdote des vélos et je ne pouvais que bien la croire. J’aime les deux à vrai dire. Bien que je préfère moi aussi me déplacer en bécane. Les sensations sont bien plus présentes. Mais c’est vrai qu’avec les courses, les enfants et le confort, rien ne vaut une bonne voiture. Lui répondais-je en riant légèrement avant de continuer à boire mon café. En tant que bon mécanicien, même davantage spécialisé en moto, je ne pouvais pas totalement renier les voitures, non, ça reste tout de même une sacrée monture intéressante.
C'était agréable de faire connaissance avec Colin. Après tout, il faisait parti de la famille à présent alors c'était plutôt sympa d'en savoir un peu plus sur lui. Bien que Célia n'était pas curieuse de nature, elle voulait quand même pouvoir se faire une opinion de l'homme qui partageait à présent sa vie. Et pour l'instant, cet homme représentait une petite énigme. Alors quoi de mieux que d'avoir une petite conversation avec lui. Et puis c'était du donnant, donnant. Célia se posait des questions sur Colin mais elle ne refusait pas qu'il pose des questions sur elle. Après tout lui non plus, ne la connaissait pas trop. Ils n'avaient fait que se croiser ces derniers temps. Ils n'avaient pas eu de conversation très sérieuse. Bien que là, ce n'était pas non plus très sérieux. Ils apprenaient à se connaître. Et à se dire autre chose que bonjour, aurevoir, à bientôt. Aux paroles de Colin, l'antiquaire hocha doucement de la tête. « Notre fille. » Emily était devenue légalement sa fille. Elle ne l'avait pas mise au monde mais elle se considérait comme sa mère. Même si c'était encore un peu compliqué pour la petite fille. Célia ne voulait pas compliquer les choses. Et elle laissait le temps à Emi d'assimiler cette notion. Elle ne la poussait pas à l'appeler « maman », surtout pas. Mais la petite savait que Célia était là pour elle et que si elle avait des doutes, des craintes, elle ne devait pas avoir peur d'en parler avec elle. « C'est un sport de tous les jours. » Avoua l'antiquaire avec un léger sourire. « J'avoue qu'entre la boutique, l'école d'Emily, ses cours de danses, les sorties avec ses copines et les ventes aux enchères auxquelles je dois assister, ce n'est pas toujours simple. » C'était même loin d'être le cas. Célia avait toujours été seule. Elle n'avait jamais vécu en couple. C'était une notion toute nouvelle pour elle aussi. Mais depuis quelques mois, elle prenait goût à cette nouvelle vie. Elle se sentait bien avec eux, à sa place. Place qu'elle avait cherché pendant longtemps. Et qu'elle avait enfin trouvé. « Et j'ai même du passer mon permis de conduire. » Chose qu'elle avait toujours, toujours repoussé. Même pendant ses études de médecine. Et même plus tard, Célia utilisait les transports en commun ou les taxis. C'était plus pratique. A présent, seule avec Emily, la voiture était devenue indispensable. La jeune femme pris une gorgée de son verre tout en reposant son attention sur le mécanicien. « Une voiture pour des jumeaux, c'est bien plus pratique en effet. Ou alors peut-être que tu devrais opter pour un side-cart. » C'était une solution. Même si elle doutait que sa sœur se décide à mettre ses bébés dans ce genre d'engin. « Vous pourrez profiter de la moto, les week-end. Je pourrais vous prendre les enfants. Comme ça, cela vous fera des petits break. » Cela ne dérangeait pas Célia de faire la nounou. Si c'était pour donner un peu de liberté à sa sœur et à Colin. Et puis, elle était certaine aussi qu'Emily allait adorer jouer à la nounou avec les jumeaux. Aucun doute là dessus.
Parler d’enfants c’était un peu une évidence, et j’avais rêvé de faire ça, de devenir un papa poule qui ne pense qu’à ses gosses depuis bien des années. Aujourd’hui, c’est enfin possible et j’en étais ravi. J’étais tout de même surpris qu’elle ait la patience de pouvoir s’occuper de l’enfant de son copain, puisque après tout, sa fille n’est plus un bébé et cela ne doit pas être très facile à gérer comme situation. Mais rapidement la surprise me reprit, puisqu’elle précisait que c’était sa fille aussi. J’eus un bug, je me suis senti con l’espace d’une seconde, pensant que je m’étais juste emmêlé les pinceaux et que c’était bien elle la mère de la fille. Mais non, son sourire me rassurait et me faisait comprendre que je n’avais pas fait de boulette. Je n’osais tout de même rien dire, je me doutais bien qu’elle avait du légaliser la chose, du moins c’est la seule chose que je pouvais supposer. En attendant oui, c’est un vrai sport de s’occuper d’enfants en bas âge, et je savais à présent de quoi je parlais. Bon bien sûr, tout ce qu’elle pouvait énumérer, je ne le connaissais pas encore, il n’y avait que les couches, les bains et les biberons pour ma part. Mais tout le reste ne saurait tarder. Elle m’apprenait même qu’elle avait été obligée de passer son permis. Rien de plus normal après tout pour autant de déplacement. Elle me proposait ensuite l’idée du side car et je ne pus m’empêcher de rire en nous imaginant ainsi C’est pas une bête idée ! Mais on verra quand ils seront un peu plus grands je pense. Oui, parce que pas sûr que ce soit très sûr ce genre de moto. Mais au moins, ça pourra les initier rapidement à la moto, et j’étais loin d’être contre cette idée. Il y a beaucoup de chances pour que tu puisses t’occuper des petits oui. Répondais-je alors quand elle me proposait de s’occuper des enfants si jamais on voulait profiter d’un week-end à moto. Mais après, je ne sais pas si on se fera ce genre de week-end. On n’en a jamais vraiment parlé. Lui avouais-je en me sentant un peu gêné. Parce que oui, même si on a eu des enfants ensemble, notre relation est loin d’être aussi simple.
Oui, Axel et Célia avait officialisé les choses avant son départ au Moyen-Orient. L'antiquaire était devenue la tutrice d'Emily. Elle n'avait pas du réfléchir longtemps avant de prendre cette décision. Elle se sentait bien avec eux. Et ils formaient déjà une famille. C'était dans la suite logique des choses. Et quand Axel lui avait parlé de la possibilité qu'elle devienne la tutrice d'Emi, Célia n'avait pas hésité. Même si c'était une grosse responsabilité. La jeune femme avait trouvé son équilibre auprès d'eux. Elle ne comptait pas les quitter comme ça. L'antiquaire avait mis des distances avec tout le monde après la mort de Tim, même avec sa propre famille, sa propre sœur. Quand Axel était entré dans sa vie, il avait brisé les barrières qu'elle avait mis entre elle et les autres. Il lui avait rappelé que la vie était courte et qu'elle devait écouter son cœur. Et c'était ce qu'elle avait fait. Axel avait cette facilité déconcertante pour la comprendre, pour lire en elle comme dans un livre ouvert. Et il lui avait redonné confiance en elle. Leur couple avait été une évidence bien avant que les mots prennent le dessus. Ils savaient. Et pas un seul jour, même ces dernières semaines pendant lesquelles Axel n'était pas là, elle ne regrettait d'avoir écouté son cœur. En choisissant d'avancer, elle avait trouvé une famille. Et elle était très heureuse. Célia esquissa un sourire aux paroles de Colin. C'est vrai que cela ne pourrait pas se faire tout de suite. Même un side-car, c'était assez compliqué pour transporter des petits bouts de chou comme les jumeaux. L'antiquaire jeta un œil aux enfants qui étaient toujours sur leur tapis d'éveil. Ils semblaient se plaire ici. A chaque fois qu'elle les observait, elle ne pouvait que constater que le temps filer à une vitesse folle. Quand le mécanicien reprit la parole, Célia reposa son regard vert sur lui. « Alors je le ferais avec plaisir. » Elle était certaine que cela allait plaire aussi à Emily. Depuis que la mère de sa meilleure amie avait accouché, elle prenait plaisir à s'occuper du frère de sa copine. A chaque fois qu'elle revenait à la maison, Emi ne faisait qu'en parler. Et bien sûr, elle disait innocemment à Célia, qu'elle aimerait devenir une grande sœur. Cela faisait sourire l'antiquaire qui comprenait bien le message. Puis aux mots de Colin, elle garda ses yeux sur lui. Elle ne savait pas où ils en étaient Selina et lui. Alors c'était peut-être délicat de lui dire quelque chose. Toutefois, elle remarqua le sourire un peu gêné du papa. « Et bien il serait peut-être temps d'en parler... » Bon ce n'était pas dans ses habitudes de parler de la vie privée de sa sœur. Mais elle voulait que Selina soit heureuse. Et pour cela, elle devait savoir si Colin était intéressé à l'idée de construire quelque chose. « Vous n'êtes pas que des parents. » Et même si au départ, les enfants étaient un accident. Ils s'étaient quand même plus. « Et la vie est courte. » Elle ne savait pas si Colin éprouvait quelque chose pour sa sœur. Mais elle savait au contraire, que Selina n'était pas insensible au charme de Colin. Célia avait envie que sa sœur soit heureuse et si elle pouvait leur donner un léger coup de main, elle était partante.
Voilà pourquoi c'était gênant pour moi de me retrouver en compagnie de la tata des petits, de la sœur de la maman, parce que cette maman, malgré l'attirance évidente que je ressens pour elle, je ne me sens pas du tout prêt à construire quelque chose entre nous. Construire pour nos enfants, oui, évidemment, sinon elle ne m'aurait pas donné cette clé de ce chez elle, sinon j'aurais mon propre chez-moi plutôt que de faire tous ces allé retours entre chez ma mère et chez elle. C'est un choix, et franchement, il ne me dérange guère. Je préfère ça plutôt que d'être de nouveau malheureux en ménage. Et oui, peut-être suis-je lâche, je ne saurais trop dire, mais il vaut mieux que ça reste ainsi. Tout du moins, le temps que je sache un peu où j'en suis, et surtout que je puisse totalement oublier le mal que m'a fait subir mon ex femme. Peut être que Célia avait raison, peut-être fallait-il que je parle avec Selina, mais elle savait déjà que je n'étais pas prêt à retrouver l'amour et je sais qu'elle le comprend, on en a parlé. Mais avec ce que me dit ma sœur, peut-être espère-t-elle plus au final ? Cela m'étonnerait, après tout, même si je ressens plus que de l'affection envers Selina, elle sait que je ne suis pas encore prêt. Je ne sais même pas si j'ai envie en fait. J'ai l'impression d'être détruit, de ne plus avoir de cœur, d'être anéanti. Alors non, nous ne sommes pas que de simples parents, et la vie est courte Je sais bien. Mais je ne veux pas me précipiter, je ne me sens pas prêt, je me sens vide … J'ai certainement un blocage, mais le mal que m'a fait mon ex me ronge encore. Il faut d'abord que j'arrange mes problèmes avant de songer à … enfin, heureusement ils sont là, je me sens tellement bien, j'ai peur de tout faire foirer encore. Je regardais mes enfants, sourire tendre aux lèvres, ne voulant tellement pas leur infliger les querelles que pourraient avoir leur parents s'ils décidaient vraiment de se mettre ensemble.
D'aussi loin qu'elle se souvienne, Célia n'avait jamais interagi dans la vie amoureuse de sa sœur. Parce que d'une part, cela ne la concernait pas. Et d'autre part, parce qu'elle n'était pas très douée elle-même sur ce plan. Alors donner des conseils, c'était quand même la dernière chose que l'antiquaire voulait donner à sa sœur. Non. Mais la jeune femme savait que la situation actuelle pouvait être un peu perturbant pour sa sœur. Et Colin lui confirmait à son tour que c'était la même chose pour lui. Mais que c'était surtout compliquer à gérer au quotidien. Célia avait observé le mécanicien sans dire un mot. Elle ne savait pas du tout ce qui s'était passé avec son ex. Et à vrai dire, elle ne tenait pas à le savoir. Chacun avait le droit à détenir un jardin secret. Ce qu'elle comprenait, c'était que Colin avait souffert du passé, d'une autre relation. Dans un sens, Célia pouvait le comprendre. Après la mort de Tim, elle avait refusé de s'impliquer avec qui que ce soit. Elle n'était pas prête. Elle avait besoin de faire son deuil, d'accepter cette absence avant de regarder devant elle. Axel l'avait aidé dans ce but. Il lui avait redonné confiance en elle et l'avait encouragé au quotidien, même si souvent, ce n'était pas avec des mots. Parfois il suffisait juste d'un regard, d'une présence. Célia avait compris qu'elle s'en sortait quand elle s'était rendue compte qu'elle n'avait pas pensé à Tim dès son réveil. C'était bien la première fois que ça arrivait en quatre ans. Non, il ne fallait pas précipiter les choses. « Je peux comprendre. Ce n'est pas toujours évident de soigner certaines blessures du passé. Il faut du temps. » Et ce n'était pas plus mal en fin de compte. Colin et sa sœur pouvaient passer du temps ensemble et profiter de leurs bébés. C'était le principal. « Mais je suis sûre que tu vas t'en sortir. » Elle esquissa un doux sourire en jetant un œil aux petits bandits. « Il faut juste que tu prennes le temps et y aller à ton rythme. » Ajoutait la jeune femme en reposant son attention sur le mécanicien. « Et que tu te fasses confiance. » Puis elle finit par esquisser un sourire. « J'ai l'impression d'entendre ma mère. » Elle sourit à nouveau avant de reprendre, changeant de sujet. « J'ai apporté des cadeaux pour les monstres. » Elle fouilla dans son sac et elle en retira deux marionnettes en bois et en mousse. De très beaux jouets en bois léger, adaptés aux bébés, avec de belles couleurs pastels dans le tissus des personnages. « Je viens si peu souvent ces derniers temps, j'avais besoin de me racheter. » Elle les donna ensuite à Colin.