| | | (#)Mer 14 Déc 2016 - 2:03 | |
| dancing queen Quand son père lui avait demandé ce qu'elle voulait faire pour son trente-deuxième anniversaire, Hannah s'était contentée d'hausser les épaules et dire que tout lui irait. Nathan avait dû insister et arracher un soupir à sa seule et unique fille avant qu'elle ne lâche un simple "I don't know dad... be a princess or something, that's what I wanted when I was twelve, so why the hell not." Pourquoi pas en effet. La phrase avait été à moitié murmurée tandis qu'Hannah finissait de relire le dernier message de Saul, la brune soucieuse de son état. Elle ne s'était pas imaginée que Nathan la prendrait au sérieux. À dire vrai, Hannah aurait préféré qu'on oublie le cinq décembre dans son entièreté; l'année dernière elle avait célébré son anniversaire en compagnie de Jamie à New York et on ne pouvait pas dire que les choses s'étaient bien passées le reste de l'année. Alors pour une fois, Hannah voulait qu'on l'oublie, juste pour quelques petites vingt quatre heures et qu'on la laisse rester sous ses draps avec un bon roman. Seulement, les choses ne marchaient pas ainsi et c'était Lewis qui était venu la réveiller avec un frais sourire. "Joyeux anniversaire Miss Siede... votre père vous attend dans le salon." Hannah avait offert un maigre sourire à son majordome avant de se passer une main dans les cheveux. La politesse voulait qu'elle soit un minimum présentable pour son père mais ... Hannah avait bien le droit à un passe aujourd'hui et elle comptait bien l'utiliser, aussi, elle se contenta de resserer sa robe de chambre sur sa poitrine avant de dévaler les marches de l'immense escalier qui la menait au salon. Son père était absorbé par la lecture de son journal et il ne releva pas la tête immédiatement, un fin sourire se lut sur son visage alors qu'il voyait la chevelure plus que dérangée d'Hannah. "Longue nuit, hmm ?" "Trop courte père, trop courte... est-ce que je peux savoir pourquoi est-ce que nous nous voyons aussi tôt ? Pas que ça me dérange mais..." "Tu ne pensais tout de même pas que j'allais te laisser déprimer pour ton anniversaire." Déprimer, c'était comme ça que son père appelait ça. La brune voyait les choses différemment, non, elle ne sortait plus et rentrait enfin à des heures convenables, elle avait renoncé à l'alcool et à la cigarette... c'était un progrès des félicitations étaient de rigueur mais non, pour Nathan c'était de la déprime. Hannah préféra ne pas se disputer avec son géniteur et Nathan finit par se lever, une boite dans la main. Hannah reconnut aussitôt l'insigne et elle arqua un sourcil, presque intriguée. "Eh bien... tu m'as dit ce que tu voulais pour ton anniversaire... toutes les princesses ont bien une couronne, non ?" Hannah ne put retenir le sourire qui passa sur son visage et encore moins ses mains alors qu'elle ouvrit l'écrin. "Oh Dad that's too much." lâcha la Siede tandis que ses yeux se posaient sur l'élégante tiare en diamant. C'était sa faiblesse numéro un et en tant que bon parti et fille d'apparence respectable, Hannah ne s'achetait jamais des diamants pour elle-même, elle attendait qu'on les lui offre, cela rendait la chose d'autant plus magique à ses yeux. Et cette tiare était tout simplement parfaite. "Je ne pense pas que c'est trop... mais j'ai également prévu la robe et les chaussures qui vont avec et si cela ne te dérange pas d'aller te préparer... Il y a un photographe et des mannequins qui nous attendent pour une séance photo pour un certain Harper Magazine. Je suppose que tu connais ?" Délicatement, Nathan posa la couronne sur les mèches dérangées de sa fille. "Je ne pouvais peut-être pas t'offrir un vrai prince charmant mais les photos auront au moins l'air réel, et je sais à quel point tu aimes être photographiée." La seule réponse d'Hannah fut de prendre son père dans ses bras et de remonter les marches de l'escalier à toute vitesse déclarant qu'elle avait la robe parfaite pour l'occasion. Au diable l'idée d'être une princesse, c'était bon pour les petites filles, Hannah avait dépassé ce stade, elle avait brisé suffisamment de coeurs, fait couler suffisamment d'encre, elle avait amplement gagné le statut de reine. Et ce fut dans une robe bleue nuit quasiment noire qui accentuait parfaitement son teint et la couronne posée sur ses cheveux désormais coiffés, qu'elle laissa Nathan la présenter à toute l'équipe. Son père avait vu juste, la dernière chose qu'elle voulait aujourd'hui c'était s'apitoyer sur son sort parce que sa vie n'était pas assez bien. Elle voulait rire, jouer et s'oublier un peu et c'était précisément à cela que servait les caméras et les projecteurs. Les premières clichés furent pris devant la propriété d'Hannah et avec son père, la brune insistant pour que son père se retrouve sur les photos. Il troqua ensuite son rôle pour celui du mannequin qui avait été engagé, il avait tout des allures d'un prince charmant, trop blond, trop jeune et Hannah se retint d'éclater de rire tandis qu'il enlaça pour quelques photos qui feraient rêver n'importe quelle future mariée. La séance se prolongea pendant quelques heures et Hannah finit par détacher ses cheveux qu'elle avait rangé dans un chignon parfait et par se détendre. Si bien qu'elle manqua de ruiner sa robe près d'une fontaine, mais elle n'en avait que faire. Le message qu'elle reçu de Saul la seconde d'après lui arracha un sourire aux lèvres et elle s'empressa de lui répondre, pour donner rendez vous au metteur en scène. S'il y avait bien une personne qu'elle voulait voir aujourd'hui, c'était Saul. Hannah savait qu'ils avaient dépassé le stade d'amis après la dernière soirée qu'ils avaient passé ensemble, elle se sentait tellement fière d'avoir pu l'aider à gérer une partie de sa peine. Désormais, elle lui envoyait régulièrement des sms, pour parler du boulot ou alors du premier truc qui lui passait par la tête, juste pour s'assurer qu'il allait bien. C'était un simple geste, mais Hannah gardait constamment le metteur en scène dans un coin de sa tête et savait qu'elle pouvait compter sur lui, les bons comme les mauvais jours. Et aujourd'hui était un très bon jour. L'équipe et les Siede se dirigèrent ensuite vers le café où Hannah avait donné rendez vous à Saul et Hannah se laissa tomber sur la première chaise, se surprenant à manger un peu de son gâteau d'anniversaire, réalisant à peine que la photographe avait décidé d'immortaliser ce moment banal. Elle devait avoir l'air fine, dans sa robe hors de prix, ses chaussures en verre -si si, Nathan avait insisté - en train de manger une part de gâteau qu'elle ne terminerait probablement pas. Elle releva le regard pour chercher son père du regard et ses yeux couleur noisette tombèrent sur Saul et elle lui fit un signe de la main. "Saul... ! Tu es venu." Hannah réalisa une seconde trop tard le nombre de personnes qui les séparaient, son père, les photographes, les assistants... au diable tout ça. Elle fut aussitôt sur ses deux pieds et saisissant les deux pans de sa robe, elle se fraya un chemin jusqu'au metteur en scène. Elle n'hésita pas à déposer un baiser sur ses joues, lui laissant une trace de rouge à lèvres, qu'elle enleva aussitôt avec un de ses pouces, un léger rire lui échappant. "J'étais à moitié sérieuse dans mon message... je ne pensais pas que tu allais venir, et désolée pour le maquillage..." Hannah s'écarta pour le laisser respirer et pour réajuster la tiare sur sa tête. "Mon père a fait les choses en grand comme tu peux le constater, regarde... J'ai des chaussures en verre et tout." Elle releva un peu plus sa robe pour lui montrer ses chevilles, à la fois fière et honteuse. "... C'est ridicule n'est-ce pas, désolée, tu n'étais vraiment pas obligé de venir." |
| | | | (#)Ven 16 Déc 2016 - 20:27 | |
| Si son rôle de père avait bien appris une chose à Saul, c'est que l'on pouvait enchaîner les fêtes d'anniversaires et les réveillons de Noël et malgré tout se retrouver parfaitement démuni face à un rouleau de papier cadeau et une paire de ciseaux. Il le savait, emballer des présents n'était pas son fort, ainsi c'était certainement la raison pour laquelle il laissait généralement à Elsie le soin de s'occuper de ce genre de détails lorsqu'il était question de leurs enfants – sa femme étant manuelle là où lui n'était jamais le dernier pour provoquer des catastrophes. Mais alors que d'ici quelques semaines les fêtes de Noël seraient justement l'occasion pour Saul de s’entraîner, aujourd'hui c'est à une toute autre occasion qu'il avait sorti papiers et rubans, et sur lui-même qu'il devrait compter pour emballer la petite boite posée face à lui. A l'intérieur, point de poupée ou de jouet télécommandé, car cette fois ce n'était pas ses enfants qu'il espérait gâter mais Hannah, qui fêtait aujourd'hui son trente-deuxième anniversaire. L'idée de ce cadeau lui était alors venue par hasard, alors qu'il cherchait un présent suffisamment symbolique pour plaire à la jeune femme, et après que Patty et lui se soient mis en quête du cadeau parfait. Celle-ci les avait alors conduits jusqu'à une bijouterie où les conseils de son associée lui furent précieux, et c'est ainsi qu'il porta son choix sur une pièce qui – il l'espérait en tout cas – devrait plaire à Hannah. C'est d'ailleurs comme pour s'en convaincre une dernière fois que Saul ouvrit brièvement l'écrin qui se tenait à présent sous ses yeux, détaillant ce qu'il se plaisait déjà à imaginer au cou de la comédienne. Refermant la boîte, il dut s'appliquer pour que son emballage cadeau ne vienne pas à lui seul gâcher les efforts qu'il avait entrepris pour faire plaisir à la brune, et c'est finalement au bout de quelques minutes qu'il arriva à un résultat à peu près concluant. Au même moment, son téléphone l'informa de l'arrivée d'un message et c'est un doux sourire qu'il esquissa en découvrant la dernière réponse d'Hannah au sms qu'il lui avait préalablement envoyé pour lui souhaiter un joyeux anniversaire. Une réponse dans laquelle elle l'invita à la rejoindre d'ici quelques heures dans un café de Fortitude Valley, ce à quoi Saul répondit qu'elle pourrait évidemment compter sur lui. Car s'il avait tant à cœur de la gâter en ce jour particulier, ça n'était pas seulement par plaisir de voir peut être un sourire se dessiner sur les lèvres d'Hannah lorsqu'elle ouvrait cette boite, mais aussi parce que ce serait là une manière de lui prouver qu'elle avait désormais acquis une place privilégiée dans sa vie. Leur relation avait récemment évolué vers quelque chose qu'il n'avait pas prévu lorsqu'Hannah était réapparue dans sa vie plusieurs années après leur rencontre, et la jeune femme comptait aujourd'hui parmi les rares personnes qui savaient lui donner l'impression de le connaître parfaitement. Hannah avait su trouver les mots justes le soir où il s'était laissé aller à un moment de faiblesse, et depuis les choses lui apparaissaient un peu différemment. Il avait aussi longuement repensé au jour où il l'avait elle-même consolée d'une peine implacable, ainsi qu'à la façon dont Hannah l'en avait remercié, et il avait pris conscience que pour la première fois depuis longtemps, il n'avait pas tenté d'aider quelqu'un pour ne recevoir à l'arrivée qu'ingratitude et incompréhension. Non, Hannah lui avait donné l'impression que ses conseils lui avaient été utiles, qu'ils avaient même motivé les décisions que la jeune femme avait prises pour mettre un peu d'ordre dans sa vie. Combien de fois avait-il espéré que d'autres sauraient voir eux aussi qu'il n'avait jamais eu d'autres intentions que de les aider ? Beaucoup trop. Constatant en tout cas que l'heure approchait, Saul entreprit de quitter son bureau, muni de son paquet, et ne tarda pas à embarquer à l'arrière d'un taxi qui le déposa bientôt sur le lieu de rendez-vous. Sur place, c'est un large sourire qui regagna ses lèvres alors qu'il poussa la porte du café et découvrit Hannah installée face à un impressionnant gâteau d'anniversaire, entourée d'une petite équipe visiblement là pour veiller à ce que cette journée reste dans les mémoires. Alignant quelques pas vers la brune, celle-ci nota également sa présence et s'approcha à son tour. L'occasion pour Saul de la détailler du regard, elle que cette ravissante robe bleue sublimait. « Évidemment que je suis venu, je n'allais quand même pas te faire faux-bond un jour comme celui-ci. » Le brun souffla, encore tout sourire, après qu'Hannah ait déposé un baiser sur ses joues – un geste toujours quelques peu surprenant quand on la connaissait, mais auquel il ne mettrait certainement pas longtemps à s'habituer. S'amusant ensuite de l'idée qu'une partie du rouge à lèvres de la jeune femme décore peut être encore son visage, c'est d'un ton un peu plus malicieux qu'il reprit. « Et puis, je ne crois pas t'avoir déjà fait une promesse que je n'ai pas tenue. » Car s'il avait pu lui arriver de promettre des choses et de le regretter par la suite, Hannah comptait parmi les personnes qu'une partie de lui avait maladivement peur de décevoir. Portant un instant son attention sur Nathan Siede – qu'il avait croisé il n'y a pas si longtemps au tribunal et qu'il était presque embarrassé de retrouver dans ce cadre si différent – c'est un léger rire qu'il émit en constatant qu'effectivement, le père d'Hannah avait vu grand. « En effet, il n'a pas fait les choses à moitié. Mais tu es ravissante, ton père sait définitivement mieux que n'importe qui d'autre comment mettre sa fille en valeur. Et ce n'est pas ridicule, aujourd'hui c'est ta journée et tu ne vas certainement pas t'empêcher de porter ce que tu veux. » Saul reprit cette fois d'un ton plus rassurant, laissant sa main s'emparer doucement de celle d'Hannah et l'inciter à tournoyer sur elle-même, l'espace de quelques secondes, tandis que les pans de sa robe s'agitaient avec grâce et volupté. « Tu vois, une vraie princesse. » Il souffla par la suite, adressant à la brune un regard complice, avant que celui-ci ne se porte sur l'équipe qui semblait s'agiter tout autour d'eux. « Les photographes, j'imagine que c'est pour l'album de famille ? » Bien sûr, son ton trahissait le fait qu'il ne soit qu'à moitié sérieux, car aussi conscient soit-il que le père d'Hannah était prêt à beaucoup de choses pour que l'anniversaire de sa fille soit réussi, Saul n'allait pas jusqu'à le cataloguer comme un homme à ce point extravagant. Reportant en tous les cas son attention sur la jeune femme, c'est après quelques secondes d'hésitation qu'il se décida à sortir de sa besace le présent qu'il avait pris soin d'apporter avec lui. Fixant Hannah, les lèvres légèrement pincées, il reprit alors. « Tiens, c'est pour toi. Je l'ai apporté en pensant que tu ne voudrais pas attendre pour l'ouvrir. » Et lui tendant le paquet avec une fébrilité qui s'expliquait sans doute par le fait que toute cette mise en scène lui laissait craindre que son cadeau paraisse presque ridicule face aux efforts accomplis par Nathan Siede, c'est timidement qu'il haussa ensuite les épaules. « J'ai conscience que ça aura du mal à rivaliser avec les présents de ton père … mais quand je l'ai vu, j'ai tout de suite pensé à toi. » Il avait en effet craqué sur ce ravissant collier habillé de petits diamants, élégant sans être trop prétentieux, discret sans passer inaperçu, qu'il avait instantanément associé à la comédienne. « N'hésite pas à me le dire si ce n'est pas ce que tu portes d'habitude. Je réalise que je n'ai peut être pas opté pour le cadeau le moins risqué. » Parce qu'un bijou, ça restait le genre de choses qu'il valait mieux offrir en toute connaissance de cause, lorsqu'on était certain de ne pas tomber à coté. Saul offrait des bijoux à sa femme depuis onze ans parce que ses goûts n'avaient plus de secret pour lui, mais ici il ne pouvait pas être tout à fait certain d'avoir visé juste concernant ceux d'Hannah. « Joyeux anniversaire. » Et déposant une main sur le bras de la brune tandis qu'il vint à son tour embrasser la joue d'Hannah, Saul poursuivit. « Je voulais te faire plaisir, mais aussi te remercier. D'avoir été là pour moi l'autre soir, et d'avoir gardé pour toi ce que tu avais vu. » Cette fois son sourire se fit plus doux, teinté d'une reconnaissance évidente. Hannah avait été là pour lui dans un moment loin d'être évident, où beaucoup l'auraient certainement laissé se déchaîner contre son bureau sans plus chercher à l'apaiser. Elle s'était montrée patiente, compréhensive, et avait aussi respecté sa volonté de garder cet incident secret. « J'ai l'impression que je ne tombe pas au meilleur moment. Tu ne leur as pas dit que je venais ? » Son attention s'était à nouveau reportée sur les personnes qui les entouraient, et qui pour certaines avaient déjà jeté plusieurs regards dans sa direction. « Si vous avez des photos à faire, je peux m’asseoir dans un coin et attendre que vous ayez fini. Je ne voudrais pas m'attirer les foudres de ton père. » Pas un jour comme celui-ci, et pas alors que cet homme comptait autant dans la vie d'Hannah. Saul saurait se faire tout petit, il n'était pas venu pour accaparer la jeune femme le jour de son anniversaire et ne se plaindrait pas de la voir jouer les stars d'un jour, bien au contraire. |
| | | | (#)Mer 21 Déc 2016 - 15:20 | |
| Un sourire sincère était apparu sur le visage d’Hannah en apercevant Saul; le genre de sourire qu’elle était incapable de reproduire sur scène et ce même si la brune était une excellente actrice. Il y avait des choses qui étaient tout simplement impossible à imiter et Hannah n’était même pas certaine de vouloir partager ce genre d’émotions avec la scène, ou le public ou qui que ce soit d’ailleurs. Sa vie privée, comme elle l’avait dit à son garde du corps, était une illusion très bien entretenue et si elle préférait mentir la plupart du temps, ce n’était pas pour garder une part de mystère, non, c’était bien pour se dire qu’il lui restait encore quelque chose qui lui appartenait. Oui, celle qui pouvait tout avoir d’un simple claquement de doigts se retrouvait souvent dépourvue de tout. Pas aujourd’hui, aujourd’hui Hannah se sentait chanceuse, un peu trop d’ailleurs et elle attendait la chute, le moment où cette bulle parfaite qu’elle s’était créée viendrait à se briser et que les sentiments les plus négatifs, ceux qui l’habitaient un peu trop souvent, arrivent une nouvelle fois. Dans ces cas-là, Hannah préférait se plonger dans un roman pour oublier sa peine ou, depuis plus récemment, elle préférait tourner son attention vers Saul. C’était plus qu’une simple relation de travail, du respect ou de l’admiration. Hannah était vraiment contente de le voir et elle perdit quelques secondes à observer sa main dans celle du metteur en scène, peu se serait permis un geste aussi naturel avec elle et peu aurait eu une réponse aussi positive. Elle ne se défit pas de son emprise, bien au contraire, et elle haussa simplement un sourcil alors qu’il lui disait ne pas avoir envie de briser ses promesses. « Hmm... ça reste encore à prouver Masterson. » murmura Hannah, plus pour elle-même qu’autre chose. Saul ne voulait vraiment pas s’aventurer sur cette route, il ne voulait pas promettre quelque chose à Hannah, elle avait l’habitude qu’on la blesse, qu’on essuie sa peine d’un revers dans la main et qu’on la console avec autre chose. Parce que ça n’avait pas d’importance, n’est-ce pas ? Elle vivait dans un monde de paillettes, rien n’avait d’importance, non ? Hannah chassa cette pensée aussi vite qu’elle était arrivée; après tout ce n’était pas de la faute de Saul si son coeur avait été collé et recollé déjà deux fois de suite pour qu’elle puisse encore fonctionner, et elle se laissa davantage faire tandis qu’il la faisait tournoyer, sa robe suivant le mouvement. Il avait plus ou moins compris l’idée et la brune lâcha un rire. Non, il aurait dû la trouver absolument ridicule, se dire qu’une femme de son âge devait avoir des occupations bien plus utiles le jour de son anniversaire mais non, il jouait le jeu. Plus que, ça, il paraissait sincère. Hannah avait beau détailler Saul du regard, et ce depuis qu’il était rentré dans le café, elle ne détectait pas une seule once de sarcasme ou quoi que ce soit de ce genre. Il était vraiment là parce qu’il avait envie de l’être. Cette pensée là à elle seule suffisait à conforter Hannah et à se dire que tout espoir n’était pas perdu pour elle, on ne lui avait pas encore tout pris, il restait encore quelques parties d'elle-même qui méritaient d’être aimée. Quand Saul mentionna les photographes, Hannah prit soudainement conscience de l’endroit où ils se trouvaient et en tournant la tête, elle capta le regard de son père qui avait un petit sourire suffisant sur le visage, sirotant sa propre tasse de café. Il haussa les sourcils quand sa fille le fixa et Hannah roula des yeux, un jour elle arriverait à savoir ce que son père mijotait les trois quarts du temps, un jour. Mais Nathan n’accapara son attention bien longtemps, on s’agitait pour remaquiller l’autre mannequin et un assistant prenait soin de mitrailler Hannah… et Saul du coup. Hannah lui jeta un regard acide et se tourna de nouveau vers Saul lorsqu’elle fut certaine qu’on ne les prenait pas en photo. L’attention ne la dérangeait pas mais Saul n’avait pas donné sa permission pour se retrouver embarqué dans toute cette histoire et il méritait un peu plus de respect que cela, c’était certain. « Hmm… hmm… la famille et les millions de lecteurs d’Harper Magasine …. la famille quoi. » conclut simplement Hannah en se tournant de nouveau vers Saul, elle eut pour lui un petit sourire désolé, elle aurait sûrement dû le prévenir que l'événement était superficiel au possible. Comment paraitre crédible avec une couronne à plus de cinq mille dollars sur la tête ? Hannah ne savait même pas pourquoi impressionner le metteur en scène lui paraissait si important mais elle passa d’une expression passablement irritée à la surprise alors qu'il lui tendait un paquet cadeau. « Saul je… » Hannah était à court de mots, vraiment, ce n'était pas arrivé depuis des années et pourtant son coeur s'était accéléré alors que ses doigts se resserraient autour du paquet cadeau. La brune avait l'habitude de recevoir des tas de paquets diverses et variés le jour de son anniversaire, que ce soit ici ou à ses appartements à New York, d’anciennes connaissances, de conquêtes et d’amants d'une nuit qui pensaient bêtement l'amadouer avec un joli ruban. Oui, la plupart des hommes, à part son père en fait, lui offrait quelque chose de cher avec un motif ultérieur. Mais Saul était différent, Saul avait fait un effort, il était sorti lui acheter quelque chose, lui le père de famille qui essayait de se remettre de la mort de son père, qui jonglait avec sa femme, ses enfants et les artistes à sa charge, il avait trouvé le temps de lui acheter quelque chose. Hannah resta silencieuse quelques secondes de plus, une de ses mains se posa enfin sur sa joue droite, là où les lèvres de Saul venait de se poser. Hannah n'avait pas de mot pour exprimer sa gratitude et tout ce qui lui passait par la tête, elle n'aurait jamais pensé que trouver sa place dans la vie de Saul l’aiderait autant à se remettre de tout… mais si. Elle inspira profondément et finit par ouvrir le paquet, encore plus fascinée par ce qu'elle trouva à l’intérieur. Ses doigts se posèrent sur le collier fin et élégant et elle releva les yeux vers le brun, souriant de nouveau. « C’est parfait… » Il ne lui avait pas acheté quelque chose de trop tape à l’oeil ou outrancier, non, il avait vraiment compris qui était Hannah dans le privé et elle s’empara rapidement du collier pour le passer autour de son cou et elle se tourna vers Saul pour qu’il l'aide à l’ajuster sur sa nuque. « Merci. » souffla Hannah une fois qu’elle se retourna, face à lui. Son regard en disait plus que ce simple mot, et elle se retint de se blottir dans les bras de Saul, rien ne lui aurait fait plus plaisir à cette seconde, quand elle détecta encore le clic d'une appareil photo au loin. Retour à la réalité pas vrai ? « Parfois j’oublie les caméras sur moi, c’est risible quand on sait le métier que je fais. ... Ne bouge pas, d’accord ? » C’était plus qu'un ordre qu’autre chose et Hannah, un sourire plus hypocrite sur le visage cette fois-ci, se dirigea vers l’équipe de professionnels et son père. Son discours fut rapide et elle demanda simplement une pause pour pouvoir profiter de la présence de son ami et seul Nathan et son sourire entendu captèrent réellement le sens des mots de sa fille. Il se contenta de poser sa veste sur les épaules d’Hannah et de lui souhaiter une bonne journée. Hannah préféra ne pas répondre et retroussa les manches de la veste avant de se diriger vers Saul. « Partons avant qu’ils se rendent compte que par pause je veux dire que je pars. » dit-elle rapidement. Elle s'empara de la main du metteur en scène et le guida vers l’extérieur du café, le claquement de ses chaussures de verre sur le sol plus qu’immanquable. Ils marchèrent pendant cinq bonne minutes avant qu’Hannah ne ralentisse l’allure. « Allez c’est mon anniversaire, j’ai bien le droit de faire ce que je veux pas vrai ? Allons à la plage, histoire de ruiner encore plus mes nouvelles chaussures. » Elle annonça cela le plus sérieusement du monde, comme si abandonner la couverture d’un magazine était aussi simple que cela et comme si elle n'était pas habillée pour se rendre à un bal. « Comment tu vas toi sinon? Toujours envie de t’en prendre à des meubles ou ça va ? » |
| | | | (#)Lun 26 Déc 2016 - 17:54 | |
| Si Patty l'avait vu quitter son bureau avec hâte dès que l'heure d'aller retrouver Hannah avait sonné, sans doute se serait-elle mise en tête que les femmes un tant soit peu caractérielles pouvaient décidément tout obtenir de lui. Son associée lui avait en effet toujours connu une certaine propension à s'attacher à des femmes au tempérament bien trempé, et se plaisait souvent à dire qu'il devait avoir un petit coté masochiste sur les bords. Peut être effectivement qu'il était facile d'obtenir quelque chose de lui, plus encore lorsqu'on avait cette aura particulière propre aux femmes qui savaient comment avoir ce qu'elles désiraient, pour autant s'il voulait bien croire qu'une jeune femme aussi influente qu'Hannah pouvait obtenir beaucoup de choses simplement en campant sur ses exigences, Saul aimait penser que le seul pouvoir qu'elle ait jusqu'ici exercé sur lui se limitait aux frontières de leur art. Une fois le rideau baissé, la comédienne gardait bien évidemment cette prestance incroyable qui en étourdirait plus d'un, mais entre eux c'était un tout autre genre de jeu qui commençait lorsqu'ils n'étaient plus une actrice et son metteur en scène, mais simplement deux amis qui aimaient passer du temps ensemble. Sur scène, il se surprenait souvent à attendre d'elle qu'elle s'affirme au point de faire vaciller les codes et d'inverser leurs positions hiérarchiques, mais c'était une Hannah bien moins déstabilisante qu'il retrouvait une fois leurs répétitions terminées. Ainsi, si la brune avait peut être bel et bien un pouvoir inconscient sur sa personne, c'était essentiellement parce qu'elle avait su se rendre indispensable aux yeux du metteur en scène, qui semaine après semaine se prenait d'une affection un peu plus grande pour la jeune femme. Alors aujourd'hui, c'est simplement porté par l'envie de lui offrir sa compagnie en ce jour particulier qu'il avait entrepris de la rejoindre dans un café de Fortitude Valley. L'endroit était charmant, il le connaissait pour le fréquenter de temps à autres avec Elsie ou certains de ses amis, pour autant aujourd'hui les lieux n'étaient pas tout à fait agencés comme dans son souvenir. En effet, une véritable petite équipe semblait s'affairer à rendre cette journée particulièrement mémorable, tandis qu'Hannah lui apparut bientôt dans une robe qui elle aussi tranchait légèrement avec ce qu'on voyait généralement dans le coin. Une robe toutefois ravissante et qui n'aurait pas pu la mettre plus en valeur. La jeune femme l'accueillit alors avec un enthousiasme communicatif, elle qui un instant sembla s'étonner du fait qu'il ait tenu à la rejoindre. Saul, qui n'imaginait pas lui fausser compagnie le jour de son anniversaire, laissa alors entendre qu'il ne comptait pas rompre une promesse qu'il lui avait indirectement faite, l'occasion pour la brune de formuler une remarque qui lui valut d'esquisser un plus fin sourire. « Je te trouve bien cynique pour quelqu'un qui fête son anniversaire. » Il lui souffla alors, d'un ton volontairement taquin, avec il est vrai l'espoir qu'Hannah parviendrait aujourd'hui à s'amuser d'un sujet qui, le reste du temps, était probablement sensible. Il savait bien sûr qu'elle avait souffert par le passé, et notamment d'avoir accordé sa confiance à des êtres qui ne s'en étaient pas nécessairement montrés digne, mais aujourd'hui ça lui tenait à cœur qu'elle prenne un maximum de recul et ne laisse surtout pas ces vilaines blessures se rouvrir. Ainsi profita-t-il de l'avoir tout près de lui pour bientôt saisir sa main et la faire délicatement tournoyer sur elle-même, tenant par là à lui prouver que s'il y avait bien un jour où elle pouvait se permettre une pareille tenue, c'était celui-ci. Dans cette robe, Hannah lui faisait véritablement penser à une princesse des temps modernes, sur laquelle veillait secrètement un père inquiet de ne pas la laisser partir au bras de n'importe quel prince, et cette vision l'amusait. Ce qui l'amusait peut être un peu moins, par contre, c'était tout ce qui semblait se tramer autour d'eux. Saul l'avait vu dès qu'il était entré : plusieurs photographes avaient investi les lieux et tout portait à croire qu'ils n'avaient pas été embauchés simplement pour remplir l'album de famille, ce qui sembla se confirmer lorsque l'un d'eux les prit justement en photo, avant qu'Hannah ne passe aux aveux. « Oh. » Il lâcha spontanément, dans un rire un peu nerveux, prenant brusquement conscience que ce qu'il imaginait être un moment rien qu'à eux pourrait bien se retrouver exposé dans la presse. « J'imagine qu'il aurait été dommage de te faire aussi jolie pour que seuls ton père et moi puissions en profiter. » Son sourire, teinté de douceur, témoignait du fait qu'il tente ici de relativiser. « J'aurais simplement enfilé une veste un peu moins usée si j'avais su que je risquais d’apparaître dans un célèbre magazine … qui plus est aux cotés de ma plus jolie comédienne. » Et sachant qu'Hannah avait l'habitude, elle, de composer avec l'attention des photographes, qu'ils la surprennent en pleine rue ou qu'ils l'immortalisent lors d'une séance photo professionnelle. Pour lui, c'était nouveau, ainsi c'est une pointe de trac qu'il ressentit à l'idée que cette après-midi ne resterait peut être pas de l'ordre du privé. Un trac qui l'accompagna jusqu'au moment où il se risqua finalement à lui tendre le cadeau qu'il avait pris soin d'apporter, toujours envahi d'une certaine appréhension à l'idée d'avoir peut être fait un choix risqué. Ainsi resta-t-il suspendu aux lèvres d'Hannah lorsque celle-ci sembla s'émouvoir de son attention, rougissant même légèrement à l'idée d'être parvenue à la toucher, elle, qui il y a encore quelques semaines lui paraissait si inatteignable. La brune ouvrit finalement le paquet et il sentit son cœur rater un mouvement. De deux choses l'une, soit les conseils de Patty s'avéreraient payants, soit cette initiative ne serait qu'un four monumental qui donnerait lieu à un profond moment d'embarras. La réaction d'Hannah ne se fit heureusement pas attendre, et il soupira de soulagement lorsqu'elle sembla tomber sous le charme du collier qu'elle découvrit. « Pendant un moment, j'ai cru que j'en avais trop fait. » Que ce présent serait finalement malvenu, ou bien que ses intentions seraient mal intentionnées compte tenu du fait qu'il s'agissait tout de même d'un collier, d'un bijou, offert de la part d'un homme à l'attention d'une jeune femme. « J'espère que ton père accepte que d'autres hommes que lui offrent des bijoux à sa fille. » Saul reprit cette fois dans un sourire, l'aidant bientôt à attacher le collier autour de son cou, avant d'admirer le résultat non sans se satisfaire intérieurement d'avoir choisi un bijou qui lui sciait aussi bien. « Regarde, on dirait qu'il a été fait pour toi. » Comme si ce collier faisait sur elle office de seconde peau. Accueillant alors ses remerciements dans un nouveau sourire, il resta quelques instants à simplement profiter de ce moment particulier où il avait la troublante impression de l'avoir finalement parfaitement cernée, jusque dans ses goûts, l'une des choses qu'Hannah avait certainement de plus personnel. Non loin de là, un photographe sembla toutefois de nouveau s'intéresser à eux, ce qui fit réagir la brune, qui bientôt entreprit de s'éloigner. « Je t'attends ici. » Il souffla, en la suivant du regard tandis qu'elle s'entretint bientôt avec l'équipe installée à quelques pas de là. Hannah semblait portée par une détermination qu'il lui connaissait bien, pour autant Saul fut loin de s'attendre à ce qu'elle revienne finalement vers lui pour lui annoncer son désir de quitter les lieux. « Tu es sûre que c'est ce que tu veux ? Je ne voudrais pas que tu te sentes obligée de leur faire faux bond pour profiter de cette après-midi avec moi. Je te l'ai dit, je peux me faire tout petit. » Il pensait à elle, à cette journée et à tout ce qui avait visiblement été préparé pour qu'elle en profite un maximum. Mais Saul le savait, quand Hannah décidait quelque chose, il était rare de pouvoir la lui enlever de la tête. Se laissant donc faire lorsqu'elle glissa sa main dans la sienne, c'est ensemble qu'ils quittèrent le café, marchant quelques mètres avant qu'Hannah n'émette une idée. « Alors va pour la plage. » Il reprit ainsi, enthousiaste, pensant qu'après tout le principal était qu'elle passe l'après-midi là où elle avait envie, même si cela devait vouloir dire qu'elle laisserait son père et son équipe derrière elle. Ils poursuivirent ainsi leur route, et Saul se vit bientôt poser une question qui eut le don d'étirer ses lèvres en un sourire nettement amusé. Il savait qu'au fond sa question était sérieuse, mais ce n'était pas un jour pour dramatiser. « Non, figure-toi que maintenant je suis passé aux murs. Ceux de mon bureau n'ont pas résisté bien longtemps, j'aurais jamais imaginé que je puisse être aussi à l'aise avec un gourdin entre les mains. » Il plaisanta alors, lançant à Hannah un petit regard en coin avant que son expression ne le trahisse. « Je plaisante. Je vais mieux depuis que j'arrive à sortir un peu plus. Je ne me sers plus autant du boulot comme d'une excuse pour ne pas affronter l'extérieur … C'est un peu moins difficile, un peu plus supportable aussi la plupart du temps. » Ça ne changeait peut être rien au fait que cette période n'était pas évidente pour lui, mais il réussissait à vivre les choses un peu moins difficilement maintenant qu'il n'était plus tout seul face à sa peine, isolé des autres comme si sa solitude pouvait lui apporter un plus grand réconfort que les personnes qu'il aimait. Se tournant un instant vers Hannah, il reprit. « C'est en partie grâce à toi, tu sais. C'est toi qui a su me prouver que se changer les idées était toujours possible, et qu'aucune peine au monde ne pouvait résister à une agréable soirée avec une très bonne amie. » Ses lèvres esquissèrent cette fois un sourire plus prononcé, teinté d'une profonde reconnaissance qu'il exprima aussi en serrant un peu plus sa main dans la sienne. Hannah avait su lui changer les idées au moment où il en avait eu le plus besoin, et elle lui avait certainement fait inconsciemment profité de son optimisme retrouvé, le soir où elle l'avait empêché de ruminer plus longtemps ses problèmes. « Et toi, où en sont tes bonnes résolutions ? » Saul demanda finalement, après s'être remis en marche aux cotés de la brune. Il ne doutait pas du fait qu'Hannah se tienne probablement à ce qu'elle avait décidé quelques semaines plus tôt, mais il aimerait entendre de sa bouche que son état d'esprit n'avait pas changé et qu'elle restait déterminée à s'offrir une véritable chance d'être heureuse. Car s'il parlait bien évidemment de sa décision d'arrêter de boire, il évoquait aussi implicitement les décisions qu'elle avait prises à l'échelle de sa vie sentimentale. « Tu sais, nous allons marcher un petit moment et je ne suis pas sûr que tu sois habillée et chaussée en conséquences. C'est que d'habitude, les princesses se déplacent en carrosse. » Et ralentissant à nouveau le pas pour la dévisager de la tête aux pieds tandis qu'il faisait mine de rechercher une solution qui saurait remédier au problème, il se stoppa finalement devant la jeune femme. « Mais puisque le tien est visiblement encore à l'état de citrouille ... je crois que ta meilleure chance est encore de grimper sur mon dos. » Et si sa proposition semblait suffisamment saugrenue pour qu'Hannah ait des raisons de ne pas le prendre au sérieux, c'est une mine pourtant sérieuse qu'il retrouva au moment de guetter sa réaction. Une mine également joueuse, qui donnait brusquement à sa proposition des airs de défi. Parce qu'Hannah s'était peut être assagie à certains niveaux, mais qu'il avait déjà pu constater que son brin de folie, lui, n'avait pas disparu. |
| | | | (#)Jeu 5 Jan 2017 - 19:49 | |
| La main de la brune s’était resserrée autour de celle de Saul alors qu’elle lui demandait comment est-ce qu’il allait. Avait-elle seulement réalisé qu’elle s’était rapprochée involontairement de lui ? Probablement pas mais Hannah s’en moquait bien et tout ce qu’elle voulait savoir c’était si le metteur en scène allait bien. Ils avaient beaucoup échangé au cours de ces dernières semaines, que ce soit par simple sms ou en se voyant et pas seulement pour le travail et l’actrice était bien contente que Saul fasse partie de sa vie à cette seconde précise. Elle était bien certaine qu’il n’allait pas la juger et ce peu importe ce qui se passait ou ce qu’elle faisait, une sensation qu’Hannah ne retrouvait pas auprès de beaucoup de personnes, certains déjà prêts à la juger et à la condamner. Ce n’était pas auprès de n’importe qui qu'elle pouvait laisser tomber le masque et être naturelle au possible, malheureusement. Hannah savait mieux que quiconque voir les signes et anticiper les réactions des autres. La brune pouvait lire en certains comme dans un livre ouvert et savoir ce qu’ils attendaient d’elle; c’était cette qualité qui lui avait permis de vivre jusqu’ici et elle continuait de s’en servir en permanence. C’était de cette manière qu’elle avait compris que Jamie avait eu besoin de beaucoup plus que d’une simple meilleure amie et d’une maitresse, comme ça qu’elle avait compris que Joanne cherchait quelqu’un à blâmer pour ses propres échecs et comme ça qu’elle savait que Saul n’attendait rien d’elle. Absolument rien. Et c’était sans doute pour cette raison que la présence du brun était importante pour elle, avoir quelqu’un qui ne voulait rien, qui n’avait pas d’appriori et qui se contentait d’accepter ses sourires pour ce qu’ils étaient, sans rien voir de pervers ou de tordu caché derrière, était crucial. « Ha. Ha. Très drôle » répliqua Hannah alors que Saul lui disait s’en prendre aux murs de son bureau désormais. Répondre avec humour à une situation grave aurait pu marcher dans n’importe quelle autre situation, mais pas quand Hannah s’inquiétait réellement pour lui. Elle ne le lâcha pas du regard jusqu’à ce qu’il réponde honnêtement, la réponse lui allant à moitié. « C’est bon à savoir. N’hésite pas en parler dans tous les cas, que ce soit à moi, ou à Elsie ou à quelqu’un d’autre, hors de question que tu broies du noir… Et puis tu as déjà des rides donc … » Ce fut au tour d’Hannah d’user d’un trait d’humour noir et elle ponctua sa phrase par un sourire hypocrite, avant que son index ne se pose sur les fameuses rides, qui en réalité étaient invisibles, sur le front de Saul. Il fallait qu’il en parle, c’était certain, qu’il se débarrasse de toutes les pensées noires qui pouvaient lui passer par l’esprit… au lieu de les laisser le consumer. Chose qui pouvait détruire le plus grand de tous les hommes, et là encore, Hannah parlait d’expérience car elle avait déjà vu un tel fait arriver. Saul ne laissa pas la conversation dériver sur lui trop longtemps, Hannah savait très bien qu’il ne faisait pas parti de cette catégorie d'homme qui pouvait parler d’eux pendant des heures et pour ça, elle en était ravie, anniversaire ou pas d’ailleurs. Elle fit mine d’être blessée à sa remarque sur ses chaussures et elle posa ses mains sur ses hanches, un air joueur sur le visage. « Pour ton information Masterson, je marche en talons depuis que j’ai 12 ans. C’est toi qui va devoir essayer de me suivre pas l’inverse. » Hannah le gratifia d’une simple tape sur l’épaule avant de nouveau lui attraper la main et de le guider vers un raccourci. La brune commençait à connaitre les rues de la ville par coeur, après près de cinq ans d’explorations nocturnes, c’était normal. Et elle n’avait pas encore montré à Saul les meilleurs endroits. Ceux où personne ne savait qui était Hannah Siede et où cela n’avait pas vraiment d’importance. « Et je suis toujours trop bien habillée, et ce peu importe l’occasion. Tu devrais le savoir depuis le temps, n’est-ce pas? » lança Hannah joyeuse, enlaçant désormais le bras de Saul et le guidant. Preuve en était que la Siede ne remarquait pas les regards intrigués qu’on lui lançait à elle et à sa tenue ou encore à sa couronne. La foule, le bruit n’avait pas la moindre importance tandis qu’elle racontait à Saul, toujours le sourire aux lèvres, ce que son père avait sûrement prévu pour le reste de la journée, après le photoshoot. Probablement un diner dans le meilleur restaurant de la ville, qui serait exceptionnellement fermé pour l’occasion et où le chef serait obligé de contenter sa pire cliente, Miss Siede. Une tradition qui avait commencé depuis l’anniversaire des quinze ans d’Hannah, l’adolescente qu’elle était à l’époque envoyant déjà sur les roses les meilleurs chefs New Yorkais. « Et je vais bien puisque tu poses la question. » souffla finalement Hannah, un bras autour de celui de Saul et sa main libre jouant distraitement avec son nouveau collier. « Ce qui est assez étrange quand on y pense, j’ai entendu des témoignages assez … fournis en détails traumatisants. Mais pas d’insomnies en ce qui me concerne, ou de mains tremblantes… C’est la cigarette qui me manque le plus, va savoir pourquoi... mais j’essaye de faire sans. » Hannah haussa les épaules, essayant de relativiser. Plus d’un fois, elle s'était surprise à chercher une cigarette dans les tréfonds de son sac à mains avant de se rappeler qu'elle en avait pas besoin. C’était ça le plus difficile au fond, dire au revoir à cette partie de sa vie qu’elle avait connu depuis si longtemps… tellement que se retrouver sans, la laissait complètement vulnérable. « Et les tentations sont très nombreuses… Mon père ne comprend pas vraiment ce revirement de situation et les choses risques de s’empirer pendant les fêtes. » Hannah se mordit la lèvre inférieure. La perspective de retourner quelque semaines à New York avait pour habitude de l’enchanter, mais là, elle n’en était pas certaine. Le fantôme de son dernier séjour dans la grosse pomme avec Jamie allait la hanter, c’était certain, elle voulait passer à autre chose vraiment, la question était comment. « Nous retournons à New York pour les deux dernières semaines de Décembre. Où ça ne sera rien d’autre que bals et gala et champagne à volonté… On verra si je survis. » Hannah termina sa phrase dans un maigre sourire. « Et toi tu vas passer des vacances en famille je suppose ? » |
| | | | (#)Mer 11 Jan 2017 - 1:58 | |
| Comme souvent lorsqu'il s'agissait d'Hannah, Saul avait traversé un véritable ascenseur émotionnel entre le moment où il avait tendu à la brune le cadeau qu'il lui avait fait et celui où la comédienne s'était émue de son attention et avait passé son présent autour de son cou. L'espace de quelques secondes, il s'était à nouveau senti envahi de cette même appréhension qui l'avait submergé dès l'instant où il avait porté son choix sur ce collier, et c'est le regard plein d'une vive angoisse qu'il avait attendu que le verdict tombe. Parce qu'Hannah aurait pu détester ce collier, il le savait, tout comme elle aurait pu le trouver ringard, trop discret à son goût ou au contraire s'offusquer de se voir offrir un présent qui dans d'autres circonstances aurait pu méprendre n'importe qui sur les intentions du metteur en scène. Dieu sait combien de colliers au moins aussi raffinés que celui-ci on lui avait offerts, ou combien d'hommes avaient vu en ce genre de cadeaux un habile moyen d'arriver à leurs fins avec la jeune femme. Et puis, face à une Hannah parée d'une robe en tous points éblouissante, offerte des mains protectrices de son père, pouvait-il seulement espérer rivaliser à l'aide de ce coffret qui finalement ne renfermait qu'une preuve somme toute assez modeste de son affection pour la brune ? Il semblerait finalement que oui, car c'est bel et bien une Hannah conquise par son attention qui entreprit par la suite de le remercier, puis qui formula l'idée de s'échapper de cet endroit et d'échapper ainsi à la surveillance de son équipe pour prendre la direction de la plage. Une perspective plutôt surprenante quand on savait tout ce que son père avait du préparer pour cette grande journée, mais qui pourrait difficilement déplaire à Saul alors que celui-ci aurait du mal à prétendre se sentir à l'aise dans cet environnement. C'est donc sans plus s'éterniser qu'ils s'éloignèrent, leurs mains liées entre elles et leurs pas synchronisés comme ceux de deux amis qui se connaissaient depuis l'enfance. Là, les lèvres d'Hannah vinrent lui souffler une question qu'il aurait pu prédire, et à laquelle il aurait certainement du répondre avec tout le sérieux qu'il avait en réserve. Pourtant, désireux d'éloigner pour un instant le spectre de la soirée qu'Hannah et lui avaient passé dans son bureau quelques semaines plus tôt, c'est avec une pointe d'humour qu'il répondit, comprenant toutefois rapidement que ça n'était pas la meilleure carte à jouer pour espérer contenter la brune. Ainsi reprit-il, cette fois plus sérieusement, la dispensant de ses images comiques pour lui livrer la seule vérité qui soit. Il allait mieux, mieux en tout cas que l'autre soir, et c'était tout ce qui importait. Que ses idées soient un peu moins noires, que son cœur soit un peu moins lourd … et que tout ça, il le doive en grande partie à Hannah. A la réponse de la brune, qui sur la fin usa d'un ton délibérément taquin, ses lèvres esquissèrent un sourire nettement amusé, tandis qu'il esquissa une petite moue boudeuse. « Alors ça, c'est bas ! On n'a pas tous la chance de prendre de l'âge sans subir les effets du temps. » Il souffla ainsi, affichant cette fois un sourire plus tendre lorsque la brune détailla son front du bout de ses doigts. Vieillir n'était pas une idée dont il avait fait une obsession, pour autant n'importe quel homme verrait son ego souffrir de s'être vu reprocher son âge de la bouche d'une femme comme Hannah. Mais ici, Saul le savait, il était ni plus ni moins question d'une habile provocation de la part de la brune, qui n'avait jamais utilisé sa franchise pour le blesser. « Mais c'est promis, je n'hésiterai pas. J'ai bien vu qu'en parler m'aidait à prendre les choses avec un peu plus de recul, et puis ça m'a quand même valu un câlin de la part de la grande Hannah Siede, rien que pour ça j'aurais tort de pas réitérer l'expérience. » A savoir, ouvrir à nouveau son cœur en comptant sur la bienveillance et la compréhension de la jeune femme. Son sourire toujours teinté d'une certaine tendresse, Saul se fit la réflexion qu'entre eux de nouvelles barrières étaient tombées ce fameux soir, dans son bureau. Il n'y avait qu'à voir la façon dont Hannah avait saisi sa main tout à l'heure, et combien cette complicité qui les unissait finalement depuis le départ prenait différentes formes à mesure que le temps s'écoulait, passant de simples mots, de confessions, à des gestes de plus en plus probants. Supposant en tout cas par la suite qu'Hannah pourrait rapidement regretter de n'avoir pas chaussé une paire de chaussures plus confortables pour le chemin qui les attendait, c'est dans un léger rire qu'il accueillit la remarque de la brune. Du Hannah tout craché. « Je suis sûr que la jeune Hannah ne manquait déjà pas de caractère. J'aurais donné cher pour te connaître à l'époque. » Bien qu'une partie de lui sache pertinemment que les filles comme elle ne remarquaient généralement pas les garçons dans son genre, même à cet âge-là. Il s'était d'ailleurs suffisamment étonné du fait que la vie remette sur sa route la jolie comédienne pour savoir qu'ils étaient initialement deux commettes aux trajectoires bien différentes l'une de l'autre. « Allons, tu prêches un convaincu. Tu sais bien que je suis ton premier fan, et pas seulement lorsque tu montes sur une scène. D'ailleurs tu fais souvent des jalouses lorsque tu arrives au théâtre, Patty m'a même déjà fait remarquer qu'avec toi dans la troupe, on n'avait rien à envier aux plus grands défilés de mode. » Et si parfois toute l'attention sollicitée par la comédienne savait irriter son associée et quelques unes de leurs artistes, toute cette attraction avait toujours amusé Saul, en plus de l'avoir fasciné. Hannah n'était pas de ces êtres destinés à passer inaperçus, et plus tôt on était près à l'accepter, mieux on se portait généralement. La suite de leur échange incita finalement Saul à prendre à son tour des nouvelles de la jeune femme, et sur ces résolutions qu'elle avait prises quelques semaines plus tôt. S'y était-elle tenue ? Il n'en doutait pas. Mais c'était une chose d'en être intimement convaincu, et une autre d'en avoir bientôt la confirmation de la bouche de la jeune femme. Sa réponse le fit alors sourire de plus belle, tandis qu'il la couva d'un regard protecteur. « C'est parce que tu es forte, et incroyablement courageuse. Tu sais qu'il n'y a rien de plus dur que de changer, et que ça demande déjà beaucoup de courage d'admettre qu'on en a besoin. Les premiers mois seront peut être les plus durs, mais tu dépasseras tout ça, parce que tu es la personne la plus déterminée que je connaisse. » Et il le pensait, ne doutant ni de sa volonté ni de sa capacité à affronter les obstacles que ses récentes décisions pourraient dresser sur son chemin. Hannah ne les avait pas prises à la légère, il en était convaincu, et ses efforts porteraient leurs fruits à long terme, c'était certain. A l'évocation du père de la brune, Saul resserra cette fois davantage sa main dans la sienne. « Laisse-lui un peu de temps, je suis sûr qu'il finira par se faire à l'idée. J'ai vu tout ce qu'il était prêt à faire pour toi et je suis certain qu'il t'encouragera dans tes efforts lorsqu'il comprendra que ça te tient à cœur. » Plus que n'importe quel autre sans doute, et ça n'avait rien d'étonnant quand on voyait quelle relation précieuse et privilégiée semblait l'unir à son père. Une relation sans doute différente de celle que Saul avait longtemps entretenue avec le sien. Finalement, le brun retrouva définitivement son sérieux lorsqu'Hannah lui confia avoir l'intention de retourner à New York en compagnie de son père à l'occasion des fêtes de Noël. « Oh, je pensais … que vous célébreriez les fêtes ici. Mais c'est une bonne chose que tu changes un peu d'air, je suis sûr que ça te fera du bien. » Et il était ravi pour Hannah qu'elle s'offre une véritable chance d'aller de l'avant, quand bien même il aurait apprécié de profiter de sa compagnie à cette période de l'année où on aimait s'entourer de ceux qui comptaient pour nous. « Et si participer à ces galas te met mal à l'aise, tu n'auras qu'à le lui dire. Tu as décidé de penser à toi, tu peux aussi très bien décider de faire ce qui te plaît, et non plus ce que les autres attendent de toi. » Parce qu'il était sans doute un peu tôt pour qu'Hannah participe à ce genre d’événements sans être tentée de se saisir d'une coupe de champagne ou sans qu'elle n'ait l'impression que ses nouvelles habitudes l'excluaient du petit monde dans lequel elle avait toujours évolué et où la raison avait peu souvent sa place. A sa question, Saul reprit dans un fin sourire. « Oui, mais nous resterons à Brisbane. Elsie et moi avons tous les deux beaucoup de travail à cette période de l'année, et je préfère rester auprès de ma mère et de mes cousines après … ce qui s'est passé. » C'était peut être idiot mais il aurait mauvaise conscience de s'éloigner alors qu'Abel et lui se retrouvaient désormais seuls pour veiller sur leur mère et que sa tante et ses cousines avaient été particulièrement ébranlées par le décès de son père. C'était trop tôt, ou trop tard peut être, dans un sens. « Si tu n'es pas trop occupée à New York, tu pourras toujours m'appeler pour me donner des nouvelles, même si tu ne fais que me lister toutes les choses folles que ton père t'aura offertes pour Noël. » Dans un rire, il laissa son pouce caresser le dessus de la main de la brune, avant de retrouver tout son sérieux. « Mais je veux surtout que tu n'hésites pas à m'appeler si … certains jours sont plus compliqués que d'autres. » Car si ce voyage permettrait certainement à Hannah de mettre un peu de distance entre elle et les mauvaises habitudes dont elle tentait de s'affranchir, mais aussi de s'éloigner de celui qui lui avait infligé une peine immense ces derniers mois, une partie de lui savait pertinemment qu'ici comme à New York, Hannah n'était pas à l'abri d'une mélancolie passagère et il espérait qu'elle n'hésiterait pas à se tourner vers lui les jours où elle ressentirait peut être le besoin de parler. « Je t'ai donné ma montre pour que tu te sentes toujours soutenue, où que tu sois et quoi que tu fasses, mais pas pour qu'elle finisse par me remplacer à tes yeux. » Parce qu'aussi symbolique ait été ce cadeau le soir où il avait voulu lui faire comprendre qu'elle pourrait toujours compter sur son soutien et s'y accrocher chaque fois qu'elle en ressentirait le besoin, Saul était toujours envahi de ce même instinct de protection quand il était question d'Hannah, et ne pourrait pas se satisfaire de l'aura d'un objet quand il avait le pouvoir de lui prouver, au quotidien et qu'importe la distance qui les séparerait, tout ce qu'une montre ne pourrait jamais formuler. |
| | | | (#)Ven 13 Jan 2017 - 1:42 | |
| Pour certaines personnes, changer était complètement impossible. Et Hannah restait campée sur cette position comme beaucoup de personnes, elle ne l’avait pas dit à Saul, mais elle attendait la chute, le moment où elle allait craquait et que la petite illusion parfaite allait se briser et qu’il ne lui resterait plus rien. Le passé le lui avait déjà prouvé, elle ne pouvait pas tout avoir. Il y avait forcément un revers de la médaille, forcément quelque chose qui irait mal et qui ferait en sorte qu’elle fasse tout foirer, envoie tout valser et se retrouve complètement seule. Le pire dans tout ça c’était qu’Hannah ne redoutait pas ce moment, elle n’en avait même pas peur, comment pouvait-on avoir peur de quelque chose qu'on connaissait par coeur et qu’on savait arriver. La solitude et les regrets étaient deux choses que la brune connaissait bien, deux amants qu’elle n’avait jamais su quitter et vers qui elle revenait toujours en cas de doute. Quelle différence y avait-il cette fois ci et les précédentes ? Ce n’était pas la première fois qu’Hannah disait qu'elle allait changer, pas la première fois qu’elle se faisait des promesses et pas la première fois que les briser ne signifierait absolument rien. Ou pas ... elle se laissait bercer par la voix de Saul et leur pas qui étaient identiques et cette main qui était fermement serrée contre et dans la sienne. Pas de doute qu’il serait déçu si elle venait à commettre un faux pas, ou alors il trouverait le moyen de la réconforter encore une fois, peut-être en la prenant dans ses bras, ou en passant sa main dans la chevelure de la brune. Il trouverait sans doute un moyen de la sortir de sa torpeur et de lui faire réaliser qu’il y avait plus que la Hannah Siede qui versait des larmes silencieuses. Si seulement ils s’étaient recroisés plus tôt, peut-être que les choses auraient été différentes… Un souhait bien futile, le genre de pensée qui ne traversait pas l’esprit de la brune en temps normal. Elle jeta un coup d’oeil à Saul et dans un sourire, elle reprit le fil de la conversation, comme si cet élan de nostalgie ne venait pas juste de la traverser. « Je tiens à te rappeler que la première fois que nous nous sommes vus je devais avoir quoi... dix neuf-ans ? Tu dois t'estimer heureux que nous nous sommes rencontrés pendant un de mes bons jours… où je t’aurais snobé. Ou pire, je n’aurais pas accepté tes compliments. » Des jours qui semblaient remonter à loin, où Hannah n’était qu’une petite débutant dans la cours de Saul. Elle avait bien grandi et changé depuis, et lui aussi, il était difficile de se dire que sans la main du metteur en scène dans la sienne, sans cette après-midi, la vie d’Hannah aurait été beaucoup plus difficile et beaucoup moins supportable. Elle savait juste très bien donné le change et faire comme si tout allait bien. Il suffisait de la voir aujourd’hui dans sa robe, comme si tout allait pour le mieux. Elle resserra sa main dans celle de Saul alors qu'ils attendaient patiemment que le feu piéton passe au vert et elle lâcha un léger rire alors qu'il se rangeait dans la catégorie des fans. « Et ne dis pas ça, tu es bien plus qu'un fan … je veux dire regarde-les. Tellement naïfs… » Hannah avait dit ça en montrant du doigt deux jeunes filles qui se trouvaient à seulement quelques centimètres d'eux, elles devaient avoir à peine seize ans et elles étaient allègrement en train de mitrailler Hannah à l'aide de leur téléphone portable, chuchotant entre elles. L'actrice capta le regard de celle qui lui paraissait la plus jeune et lui adressa un léger clin d’oeil. De quoi faire la soirée de cette dernière pas de soucis. « Allez accélérons. » déclara la brune, dans un soucis de s’éloigner de tout ça. Avec Saul, elle n'était pas juste Hannah l'actrice, ou Hannah la fashionista... elle était juste Hannah et c'était tout ce qu'elle pouvait demander le jour de son anniversaire. Le sourire d'Hannah s'agrandit en apercevant le début de la plage artificielle, elle et Saul marquèrent une pause, accoudés à l'un des pontons, le regard perdu vers les touristes. Hannah tira sa main, plus pour le faire taire qu’autre chose. Elle savait qu'il essayait de lui remonter le moral, mais elle ne voulait vraiment pas entendre ce genre de discours. Si seulement il savait de quoi elle était capable, peut-être qu'il ne serait même pas là aujourd’hui. « Pas besoin de me couvrir de compliments Saul, je me connais, et malheureusement, je sais ce que je suis capable de faire, c’est ça qui me fait le plus peur. » confia Hannah, sur un ton plus mesuré, son regard quittant enfin celui de Saul, pour se poser sur leurs deux mains toujours entrelacées. Elle n'aurait plus ça à New York, et sans point d'ancrage, Hannah savait qu'elle pouvait couler et ne jamais remonter à la surface. « Mais je n’hésiterai pas à t’appeler… en espérant que tu trouveras un peu de temps pour moi malgré le reste… » Hannah se mordit la lèvre inférieure, le reste était évidemment la famille de Saul et elle faillit s’excuser d’être aussi égoïste mais non. Si ça ne tenait qu’à elle, elle aurait fait comprendre à Saul qu'il était le bienvenu. Elle pouvait déjà les voir dans les couloirs du MET alors qu’Hannah lui présentait ses tableaux préférés et lui faisait une visite complète du musée. Ou alors perdus dans les quartiers de Brooklyn dans des clubs du jazz qui aurait sans aucun doute plu au metteur en scène. Mais ça… c’était surement pour une autre fois. « Et puis il ne faut pas oublier l’énorme décalage horaire, je suis certaine que même toi tu m’en voudrais si je t’extirpais de tes draps à quatre heures du matin. » Une scène qu’Hannah pouvait visualiser sans problème, sauf qu'elle n’autorisa son esprit à trop vagabonder et elle se redressa soudainement. « Regarde moi en train d’être sentimentale… Hors de question que je pleure devant toi. » Une fois m'a déjà suffi, se retint d’ajouter la brune, mais son sourire parla pour elle. « Et … tu m’as arrachée à une séance photo très importante donc… donne-moi ton téléphone portable Masterson. » Hannah tendit la main et elle attendit que Saul s’exécute, roulant des yeux et lui promettant qu’elle ne ferait rien de trop compromettant. Mais Hannah ne fit rien de la sorte et se contenta de se rapprocher Saul et de tourner la caméra du téléphone vers eux. « Histoire que tu ne m’oublies pas. » murmura Hannah avant de prendre la photo. Elle envahit à proprement parlé l’espace personnel de Saul et juste avant que le flash ne crépite, elle déposa un baiser au coin des lèvres des lèvres du brun. L'instant était immortalisé, Hannah rendit son téléphone portable à Saul le plus naturellement du monde et avec une facilité déconcertante, elle abandonna la veste de son père, réajusta sa tiare et elle releva les pans de sa robe pour s’élancer dans le sable. « Allez viens ! » Son rire cristallin suivit quelques secondes plus tard tandis que le sable s'immisçait déjà dans ses chaussures, quelle importance de toute façon, elle était trop heureuse pour se soucier du reste. |
| | | | (#)Jeu 19 Jan 2017 - 3:23 | |
| Si la soirée qu'Hannah et lui avaient passé au Canvas quelques mois plus tôt avait été synonyme de peine et de souffrance pour la brune, Saul – qui longtemps avait culpabilisé de s'être rendu responsable de l'affliction de la comédienne – réalisait aujourd'hui combien cette soirée, pourtant traumatisante à plus d'un titre, avait malgré tout scellé le début d'une toute nouvelle phase de leur relation. Car c'était la première fois qu'Hannah et lui s'étaient réellement déconnectés du boulot, ensemble, autour d'un verre qu'ils avaient partagés non plus comme un metteur en scène et son actrice fétiche, ni comme un mentor et sa protégée, mais simplement comme deux amis, deux êtres bien plus similaires que le laissaient entrevoir les apparences, et qui ce soir là s'étaient réunis autour d'une autre de leurs passions communes. La première fois également qu'Hannah avait fait un premier pas vers l'interprétation musicale, et entamé un chemin qui peu à peu l'avait mené là où elle en était aujourd'hui, alors que d'une actrice émérite elle était aussi devenue une interprète de talent. Mais c'était aussi et surtout la première fois qu'une véritable confiance s'était installée entre la brune et lui. Une confiance d'abord fragilisée par un coup de poker que Saul avait amèrement regretté, mais qui avait ensuite atteint son paroxysme lorsque la jeune femme avait partagé avec lui tout un pan de sa vie jusqu'ici soigneusement enfermé entre les parois de son cœur. Saul s'en souvenait encore comme si c'était hier. De la vulnérabilité qui s'était dégagée d'Hannah, de son regard rempli d'une détresse qu'il ne lui avait jusqu'à lors jamais connue, de la façon dont elle avait ouvert son cœur et laissé ses tourments se répandre dans l'infinité de la nuit. Il se rappelait de la pâleur de son visage, du léger vent frais qui balayait ses cheveux, des larmes brillantes qui ruisselaient ses joues. Ça n'avait pas été leur soirée la plus heureuse, ni celle qu'ils se remémoreraient entre deux éclats de rire lorsque la nostalgie les rattraperait, mais ça avait changé quelque chose, et il mesurait aujourd'hui à quel point. La remarque d'Hannah le tira alors de ses réflexions tandis que sur ses lèvres se dessina un sourire attendri. Elle disait vrai, leur toute première rencontre remontait quant à elle à un certain nombre d'années, et depuis bien des choses avaient changé. Lui, par exemple, n'avait plus rien de l'homme rêveur et vertueux que la comédienne avait rencontré ce soir là. Cet homme qui débutait dans le milieu et qui se cachait derrière des aspirations d'adolescent. Un homme sans doute bien moins confiant qu'il ne l'était aujourd'hui, et dénué du moindre intérêt pour une femme comme la brune, mais qui au moins pouvait encore se regarder dans une glace sans détourner les yeux. « C'est vrai, et pourtant de nous deux j'étais indéniablement le plus impressionné. J'avais beaucoup entendu parler de cette jeune comédienne, brillante mais intraitable, et je m'étais dit que tu ne devais sûrement faire qu'une bouchée des hommes comme moi. » Comme lui, dont l'assurance demeurait certainement noyée sous une épaisse couche d'appréhension. Il se revoyait à vrai dire la dévisager parmi la foule et prendre son courage à deux mains pour enfin briser la glace. « Je suis sûr que tu n'aurais pas imaginé non plus qu'on en serait là aujourd'hui. » Saul reprit après un instant, dans l'esquisse d'un nouveau sourire, cette fois teinté d'une malice qui ressemblerait presque à un pied de nez fait au destin. Après tout, qui aurait parié sur cette amitié qui devait probablement son existence à une série de hasards et de coïncidences ? Qui se serait imaginé que le père de famille casanier et la coqueluche de la presse à scandales se retrouveraient sur ce trottoir, leurs mains glissées l'une dans l'autre, un jour comme celui-ci ? La suite le fit sourire encore davantage tandis qu'Hannah sembla détailler du regard deux jeunes filles qui se tenaient à l'autre extrémité du passage piétons et semblaient n'avoir d'yeux que pour la comédienne. « Alors disons que je suis plutôt ton bienfaiteur. Celui qui veille sur tes intérêts en tant que metteur en scène … et sur ton petit cœur en tant qu'ami. » Et la couvant du regard, il se fit la réflexion qu'à défaut d'être réellement en mesure de s'assurer qu'Hannah se protégerait davantage en amour, il avait au moins la capacité de l'aider dans cette transition difficile. Reprenant en tout cas leur route, ils arrivèrent bientôt tous deux à hauteur de la plage artificielle. Les yeux rivés vers l'étendue de sable, Saul laissa alors parler son cœur au moment d'assurer à la brune qu'elle était à ses yeux suffisamment forte pour dépasser les obstacles qui pourraient se dresser devant elle maintenant qu'elle avait pris un certain nombre de résolutions. Mais Hannah, qui semblait subitement partir défaitiste, répliqua d'une manière qui valut au brun de mouver doucement la tête. « Eh. » Il souffla, tout bas, se tournant complètement vers elle tandis que leurs mains ne se délogeaient plus. « Je ne cherchais pas à te flatter, juste à te faire prendre conscience de ta force. Je suis persuadé que tu as les moyens de t'épanouir dans cette toute nouvelle vie, qu'il te suffit pour ça de croire en toi. » De croire en ses chances de mener à bien ses résolutions, qu'importe ce qu'elle croyait savoir, qu'importe ce que le passé lui avait possiblement prouvé, car ça ne voulait rien dire, strictement rien. « Tu n'es pas toute seule, Hannah. Tu ne le seras plus désormais. » Peut être qu'à ce niveau-là aussi le passé avait laissé certaines traces, et que se reposer sur quelqu'un lui était aussi difficile que d'accepter l'idée qu'on puisse lui vouloir suffisamment de bien pour vouloir rester près d'elle quelles que soient les circonstances, mais Saul était ici armé de toute sa bonne foi et animé par l'envie de lui prouver qu'à présent il y avait une autre personne à qui elle pouvait aveuglément se fier. Il n'était peut être pas parfait, ça Hannah le découvrirait bien assez tôt, mais il lui avait déjà promis qu'il ne comptait pas lui faire de promesse qu'il ne comptait pas tenir. « J'ai toujours du temps pour les personnes qui comptent pour moi, j'espérais que tu l'avais compris. » Saul reprit par la suite, au sujet de ce voyage qu'Hannah prévoyait de faire, son regard posé sur la brune et les lèvres légèrement pincées. Il aurait aimé pouvoir se montrer parfaitement honnête, lui dire que pour lui tout pourrait bien basculer du jour au lendemain, qu'il marchait tel un équilibriste sur un fil dont il finirait tôt ou tard par chuter, mais ça n'était assurément ni l'endroit ni le moment pour avoir cette conversation. Alors tout ce qu'il pouvait faire, c'était lui assurer qu'il aurait toujours du temps à lui accorder, peu importe qu'ils soient à plusieurs milliers de kilomètres l'un de l'autre, et même s'il devait perdre le peu de contrôle qu'il avait encore sur sa vie. Au sujet du décalage horaire, c'est d'un ton plus amusé qu'il reprit. « Seulement si c'est pour m'annoncer une mauvaise nouvelle. » Et soutenant un instant son regard, il pressa légèrement sa main avant d'ajouter. « Allez, tu sais bien que si quelqu'un s'y connaît en décalage horaire, c'est bien moi. Alors tu pourras m'appeler à n'importe quelle heure, de toute façon ces temps-ci mon sommeil est déjà … légèrement perturbé. » Elle n'avait pas besoin d'en savoir plus, pas pour l'instant, et sans doute mettrait-elle ça sur le compte du drame qu'il avait récemment vécu. Un drame qu'il avait dit vivre un peu plus sereinement qu'il y a quelques semaines, mais qui certaines nuits le tenait malgré tout éveillé, parmi d'autres choses. A la prochaine réflexion d'Hannah, Saul inclina la tête, affichant cette fois une petite moue attendrie. « Pourtant je ne connais personne à qui ça ait autant réussi. Il n'y a qu'à te voir aujourd'hui, transformée et si loin de celle que tu étais l'autre soir. Tu ne peux pas savoir combien je suis heureux de te voir aussi radieuse le jour de ton anniversaire, même si j'imagine que cette robe doit y être pour beaucoup. » Après tout, quelle jeune femme n'irradierait pas dans une robe de princesse ? Il était néanmoins sérieux, si repenser à l'état dans lequel il l'avait trouvé quelques mois plus tôt lui serrait toujours le cœur, la voir aujourd'hui aussi épanouie le rassurait infiniment. Mais tandis que la comédienne demanda bientôt à réquisitionner son téléphone portable, c'est l'air un brin suspicieux que Saul le lui tendit, comprenant toutefois rapidement qu'il était en fait question d'une photo qui viendrait symboliser ce jour si particulier. La laissant alors se rapprocher, il plaça une main contre son dos, se permettant au passage une dernière remarque. « Tu es sûre de toi ? Parce que je ne suis pas certain d'être autant à mon avantage que toi sur ... » Mais Saul, qui s'était un instant laissé déconcentrer par l'objectif de son téléphone, n'eut guère le temps d'achever sa phrase, brusquement pris au dépourvu lorsqu'il put sentir les lèvres de la comédienne se déposer au coin des siennes. Ce contact le paralysa l'espace de quelques secondes, avant qu'il ne réalise que l'instant avait été immortalisé et qu'il soit parfaitement incapable de savoir quel sentiment cette idée lui procurait. Récupérant simplement son téléphone, il reprit doucement ses esprits au moment où Hannah commença à s'éloigner de lui. Est-ce qu'ils en parleraient, ou bien est-ce que c'était le genre de choses qu'Hannah faisait tout à fait spontanément, sans que ça doive forcément soulever la moindre question ? Il l'ignorait pour le moment, et se contenta de la suivre du regard, en s'efforçant de ne pas lui montrer combien cette initiative l'avait pris de court et indéniablement troublé. « Eh, pas si vite, n'oublies pas que certains ont passé l'âge de faire autant d'exercice. » Et s'élançant à sa suite sur la vaste étendue de sable, c'est d'un pas peut être un peu moins énergique qu'il entreprit de la poursuivre, toutefois bien décidé à profiter de l'occasion pour se vider la tête. Mais alors qu'Hannah demeurait plusieurs mètres devant lui, celle-ci égara subitement l'une de ses chaussures, qui retomba silencieusement sur le sable. « Oh, attends. » S'avançant alors jusqu'à récupérer la pantoufle, Saul profita bientôt du fait que la brune se soit arrêtée pour se rapprocher d'elle, le regard légèrement rieur. « Tu permets ? » Et s'agenouillant devant la comédienne, il vint cueillir sa cheville nue et la posa délicatement sur sa cuisse, tandis que dans un geste délicat il entreprit de rendre sa chaussure à sa propriétaire, l'enfilant à son pied avant de relever les yeux vers Hannah. « En voilà une jolie scène, je ne comprends pas que personne n'ait jamais rien écrit à ce propos. » Et certainement pas un certain Charles Perrault, qui sans doute aurait apprécié que son illustre conte soit ainsi remis au goût du jour, au beau milieu de cette plage artificielle. Hannah n'avait-elle pas tout d'une princesse des temps modernes ? « Je devrais peut être rester dans cette position au cas où un paparazzi voudrait immortaliser l'instant ? Je suis sûr qu'on t'accuserait d'exploiter de pauvres hommes, prêts à tout pour exister à tes yeux. » Dieu sait de quoi il devait avoir l'air, agenouillé sur ce sable, à l'observer avec cette lueur fascinée au fond des yeux. Mais une chose était certaine, Hannah semblait quant à elle parfaitement à sa place dans ce rôle de femme puissante et idolâtrée. Un sentiment certainement agréable un jour comme celui-ci, et qui méritait bien qu'il endosse pour quelques minutes le rôle du parfait aficionado. |
| | | | (#)Mer 25 Jan 2017 - 2:31 | |
| « Si tu crois que je vais ralentir pour toi Masterson… tu te trompes sur toute la ligne… accélère! » lança la brune sans un seul regard en arrière, un léger rire lui échappant tandis que le vent et son allure venaient soulever ses boucles brunes alors qu’elle avançait toujours. Hannah n’avait pas du tout l’intention de se retourner ou de ralentir pour Saul, ou pour qui que ce soit d’ailleurs. En dehors du fait qu’il s’agisse de son anniversaire, la brune avait réalisé pas mal de choses au cours de ces dernières semaines et célébrer ce jour-là avec Saul était bien le signe que tout avait changé. Et pour le meilleur. Il avait sans doute raison, elle aurait des milliers de moments de doute, des moments où le monde ne la comprendrait tout simplement pas, qu’elle n’aurait plus envie d’être la grande Hannah Sara Siede et qu’elle aurait juste envie de tout envoyer valser, ni plus ni moins. Ça n’avait pas vraiment de sens, c’était ainsi que son coeur et la nature étaient faits, la seule chose qu’il lui fallait, c’était quelqu’un vers qui revenir si elle se perdait, si tout devenait trop sombre autour d’elle ou si elle oubliait qui elle était. Elle avait besoin d’un point de repère, d’une ancre, quelqu’un qui ne flancherait pas quand elle lui balancerait ses quatre vérités et dieu savait à quel point elle douée pour ça. Quelqu’un qui serait toujours là pour elle et qui ne deviendrait pas un odieux mirage ou juste le reflet de lui-même. Une partie d’elle avait toujours cru que cette personne serait Jamie, qu’il comprendrait qu’elle avait besoin d’avancer, libre, sans attache, avec la possibilité de toujours revenir vers lui, mais non. Mais cela avait été ruiné, leur relation beaucoup trop toxique pour aller quelque part, à part dans le mur bien entendu. Hannah n’était pas faite pour être enfermée, elle n’était pas faite pour appartenir à un homme et lorsqu’elle disait je t’aime ou si elle tenait un minimum à quelqu’un c’était pour la vie. S’éloigner de Jamie était probablement l’une des décisions les plus dures qu’elle ait eu à prendre et elle se relevait à peine, récupérait les morceaux de sa réputation et quelque part de son coeur, ce n’était décidément pas pour que quelqu’un vienne tout chambouler. Avec Saul, c’était différent, il avait une vie qui lui était propre et dont Hannah n’était pas responsable, il était un homme à part entière et tenait debout tout seul, sans avoir besoin d’accuser le reste du monde de quoi que ce soit. Il ne l’avait jamais jugée au cours des dernières semaines alors qu’elle lui présentait toutes les facettes d’elle-même, étant bien loin d’Hannah l’actrice ou Hannah la gravure de mode. Dans le fond, la brune n’était guère compliquée à suivre mais peu prêtait attention. Elle essayait encore avec Saul, essayait de voir jusqu’où il comptait la suivre et à en juger par la façon dont il la rattrapa, très rapidement dans le sable, Hannah allait vite avoir sa réponse. L’esprit de la brune était déjà ailleurs, se demandant à quel point elle pouvait endommager sa robe tout en s’en moquant, c’était toujours sa journée, si elle voulait enfouir ses orteils dans le sable mouillé ou s’asseoir sur le sable et parler de tout et de rien avec Saul, ça lui irait. Hannah était tellement concentrée sur son objectif, qu’elle ne remarqua même pas qu'une des chaussures avait quitté son pied, elle n’aurait probablement pas prêté attention à ce détail sans l’intervention de Saul. La brune finit par ralentir et par croiser les bras sur sa poitrine, ses yeux couleurs noisettes posés sur le metteur en scène, un sourire toujours sur les lèvres. « Garde la chaussure Saul, vraiment… garde-la. » dit tout simplement Hannah, en réponse à ses questions. Contrairement à ce qu’il pouvait penser, Hannah espérait bien qu’aucune caméra ne se trouvait dans les parages, elle refusait catégoriquement qu’on associe Saul au genre d’homme qui n’hésitait absolument pas à se prosterner devant elle pour obtenir la même chose au final. Elle se pencha vers lui et posa sa main droite sur l’épaule du metteur en scène et le força à se relever. Voilà qui était mieux, se dit la brune alors que leurs regards se croisaient de nouveau. « Tu es bien le dernier homme que j’ai envie de voir à mes pieds merci … j’ai un peu trop d’estime pour ta personne, ce qui oui est un compliment pour toi. » déclara t-elle en lissant les pans de sa veste. Elle attrapa de nouveau sa main pour le guider, chose qui risquait d’arriver très souvent. « Allez voyons à quel point on peut ruiner ma robe… qui n’est vraiment pas très pratique quand on y pense bien, je suppose que les princesses et encore moins les reines ne vont jamais à la plage mais hein… » Hannah dit cela en tirant sur les pans de sa robe avec sa main libre et dans un autre éclat de rire, elle les guida jusqu’au bord de l’eau d’un bleu clair presque reposant où elle finit par s’asseoir, Saul à ses côtés. La Siede se perdit quelques instants dans la contemplation de ses pieds dans l’eau et des quelques centimètres de sa robe qui étaient mouillés, il y a des mois de cela, cela l’aurait profondément irritée, mais là, elle s’en moquait très franchement. Son regard se porta à quelques mètres sur les enfants qui jouaient dans l’eau près d’eux, eux avaient l’air de beaucoup plus s’amuser, et dans un soupir qui se voulait dramatique, elle se laissa retomber sur le sable, allongée à même la plage, les yeux fermés. La brune prit son temps pour inspirer et expirer; elle ressentait absolument tout : le sable fin qui lui grattait les épaules, l’eau chaude qui venait réchauffait ses pieds, les rayons du soleil qui venaient lécher sa peau, son collier qui glissait lentement sur son cou à chacun de ses souffles, la paume de Saul dans la sienne… Toujours les yeux fermés, Hannah resserra la main de Saul dans la sienne. « Je suis contente que tu sois venu. » Peu importe ce qui se passait par la suite, son année à elle commençait très bien… |
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