Kaleb rangea tout le matériel de la jeune femme dans le coffre de la berline. Il l'avait garé sur l'un des parkings publics de la ville. Ce dernier était installé au cœur du quartier actif de la ville, ce qui fait que Kaleb et Kara avaient accès à toutes les commodités qu’offraient Gold Coast. « Ton festival était sympa ? » Demanda-t-il alors qu'il refermait le coffre. « Tu n'as pas eu trop mal aux oreilles ? » Plaisanta le pilote alors qu'il faisait référence aux groupes qu'elle avait du entendre pendant toute la journée. Elle devait couvrir un festival. Et il devait bien y avoir une bonne dizaines d'artistes si ce n'était pas plus. Alors il espérait qu'elle n'avait pas eu les oreilles trop sensibles. Puis il reprit le chemin du centre ville avec la jeune femme à ses côtés. Et la chienne qui les suivait. Eina était un peu plus mollassonne qu'en début de journée. Elle était fatiguée et cela se voyait. Pendant que Kaleb attendait Kara, la chienne en avait profité pour faire une micro sieste. Et le pilote savait qu'elle n'attendait qu'une nouvelle occasion pour finir ce qu'elle avait commencé. Ce qui amusait le pilote. Au moins, il n'allait pas devoir être obligé de la canaliser toutes les dix minutes. « Alors ça tombe bien parce que j'ai réservé une table dans l'un des meilleurs restaurants de la ville. » Lui aussi, il avait une faim de loup même si contrairement à la photographe, il avait eu droit à un véritable repas pour le déjeuner. Toutes les activités de l'après midi lui avaient ouvert l'appétit. Et il comptait bien passer un bon moment dans ce restaurant. Il avait de très bonnes critiques dans les guides touristiques. Et puis Kaleb le connaissait pour y avoir déjà mangé. Toutefois ce n'était pas non plus un restaurant étoilé ou gastronomique. C'était plutôt un petit restaurant de quartier, tenu par une famille qu'il connaissait depuis des années. Et il savait que Kara et lui allaient passer un bon moment entre ces murs. Puis il esquissa un sourire avant de répondre à la question de la jeune femme. « A merveille. Tu as devant toi le nouveau propriétaire d'un terrain de quelques hectares au sud de Brisbane. » Kaleb esquissa un sourire en disant ces mots. Une partie de son rêve commençait à se réaliser et cela faisait du bien. Il imaginait déjà tout ce qu'il pouvait faire sur ce terrain. Déjà une piste, puis un atelier, un espace pour vivre où il pourrait manger entre deux entraînements. Tellement d'idées lui venaient en tête. Il avait hâte de pouvoir mettre tout ça en place même s'il savait que cela allait demander beaucoup de temps. « Il faut donc fêter ça. » Il esquissa un nouveau sourire. « J'ai tellement de projets en tête que je vais avoir un peu de mal à trouver le sommeil ce soir. » Il était comme un gosse devant un nouveau jouet. Kaleb était le genre de gamin qui aurait pu passer des heures à construire quelque chose en mécano ou ce genre de jeu. C'était complètement son genre.
Je parlais fort exprès, faisant comme si l'exposition au bruit, avait fini par me rendre sourde. Je souriais légèrement. Heureusement que ce n'était pas le cas. Puis, j'avais des protections pour les oreilles quand le son était trop fort. Je reprenais la parole sur un ton normal :
« Ouais c'était vraiment sympa. C'était un festival de jeunes talents venus d'écoles de musique et danse. Il y en a qui sont très prometteurs. J'ai bien apprécié cette journée en tout cas. »
J'avais travaillé, mais pas seulement. J'étais tellement habituée à prendre des photos que cela ne m'empêchait pas, dans un même temps, de profiter du spectacle. J'étais donc plutôt contente de ma journée. J'étais fière des clichés que j'avais pu faire, tout c'était passé sans accrochages. Oui, parce qu'il arrivait parfois qu'il y ait des petits problèmes. Comme des soucis de matériel. Ce qui n'avait pas été le cas aujourd'hui. J'avais prévu des batteries de rechange au cas où. C'était la chose à ne pas oublier quand on est photographe ! Il serait quand même dommage de ne plus pouvoir travail parce que la batterie est à plat. J'avais même deux appareils. Je laissais Kaleb nous guider jusqu'au restaurant où une table nous attendait. C'est qu'il faisait bien les choses. Je lui jetais un coup d’œil alors qu'on marchait côte à côte.
« C'est super !!! Je suis trop contente pour toi. »
Dis-je sur un ton vraiment enjouée. Je savais a quel point ce projet lui tenait à cœur. J'étais ravie qu'il ait obtenu le terrain qu'il convoitait. C'était le début de quelque chose et oui, il fallait le fêter !
« T'inquiète pas, on va fêter ça comme il se doit, t'es pas prêt de te coucher. »
Je souriais. Gold Coast semblait être une ville très active et a mon avis, il y avait des tas de choses à y faire en soirée. On allait d'abord aller manger, mais j'étais certaine que Kal avait déjà des idées pour le reste de la soirée. Il connaissait bien le coin. Et puis, il m'avait aussi promis une visite guidée de la ville. J'y comptais bien.
Il se mit à sourire aux propos de la photographe. « Je ne sais pas, je risque vraiment de te rendre sourde cette fois-ci. » Il sourit à nouveau, amusé. Apparemment ce festival s'était bien passé. Et c'était le principal. Il se souvenait de ces voyages qu'il faisait pour assister à des concerts qui lui plaisait. Maintenant, il avait beaucoup moins d'occasion de le faire. Ce qu'il regrettait. Il se contentait souvent des dvd live des concerts qu'il repassait chez lui. A vrai dire, maintenant qu'il y songeait, cela faisait un bail qu'il n'avait pas été à un concert. « Ce serait chouette en tout cas d'entendre de nouveaux sons. » Parce qu'on ne pouvait pas dire qu'il y avait beaucoup de choix en ce moment, niveau musique. C'était même tout le contraire. Enfin c'était l'impression de Kaleb. Il aimait le rock et dans cette catégorie, on ne pouvait pas dire qu'il y avait un renouveau. Alors il se contentait d'écouter des vieux groupes. C'étaient toujours des valeurs sûres. « Rassures-moi, tu as quand même profité du festival ou tu es restée visée à ton appareil photo ? » Et si elle lui disait que c'était la deuxième option qu'elle avait prise, le pilote n'en serait même pas surpris. Puis il lui racontait lui-même qu'il avait enfin acheté ce terrain à l'extérieur de Brisbane. Il était assez grand pour y construire une grande piste pour faire du motocross. Et puis il pouvait aussi aménager des annexes. En parlant avec le notaire en question, il avait appris que deux dépendances à proximité du terrain étaient à vendre. Alors Kaleb n'avait pas hésité. Il avait signé. « J'ai du mal à me dire que c'est la première pierre pour l'école de pilotage. » Il était vraiment heureux. Son rêve se mettait peu à peu en place. Il y a quelques mois, ce n'était qu'une idée. Et voilà que maintenant, elle prenait forme. Et c'était excitant. C'était comme pour sa fondation. Il avait travaillé tellement de temps là dessus. Maintenant, elle fonctionnait bien. Elle était implantée au cours de l'action. Elle dispensait les prothèses comme il l'avait souhaité. Et elle avait déjà pu offrir une nouvelles vies à de nombreuses personnes. Et tout cela, le poussait à accomplir encore plus. Il esquissa un sourire à Kara quand elle reprit la parole alors qu'ils venaient de s'installer à la table du restaurant. « C'est une proposition, ça ? » Il garda ses yeux sur elle avant que l'un des serveurs ne viennent à leur table. Kaleb commanda une bouteille de champagne avant de laisser Kara jeter un œil à la carte du restaurant.
Je jetais un coup d’œil à Kaleb. Je n'étais pas venue ici pour profiter du festival. On m'avait engagé pour faire des photos et même si j'avais l'habitude, c'était une grosse responsabilité. Je devais rester concentrée pour donner les meilleurs images possibles. Je souriais légèrement. Je crois que Kal avait déjà la réponse à cette question.
« D'après toi ? »
Il savait bien que j'avais passé la majore parti de mon temps derrière le viseur de mon appareil photo. Cependant, j'avais quand même profité du moment, de la musique. Après tout, mon appareil était un peu comme une extension de ma vision. Cela ne me dérangeait pas de passer la journée à shooter un événement. Je n'avais pas l'impression de rater des choses ou de passer à côté du moment. Bien au contraire. C'était tellement naturel pour moi de prendre des photos.
« Ouais j'imagine que ça ne doit pas être facile à réaliser, c'est que le tout début, mais tu vas enfin pouvoir concrétiser ce projet. Je trouve ça plutôt cool. »
Il restait encore beaucoup d'efforts et de boulot à fournir, mais il avait le principale : le lieux ou il pourrait fondé l'école dont il rêvait. Kaleb allait avoir encore plus de pain sur la planche maintenant, mais le travail ne l'avait jamais effrayé. Je m'installais face à lui à la terrasse d'un restaurant. Il faisait bon, alors autant en profité pleinement.
« Va savoir... »
Je souriais, puis le serveur venait jusqu'à nous. Je jetais un rapide coup d’œil à la carte, avant de me décider pour une salade. Avec ce temps là, j'avais envie de manger froid et les ingrédients dans la salade me plaisaient bien. On commandait aussi un apéritif, ben oui, on avait quelque chose à fêter ce soir !
« Alors, c'est quoi la prochaine étape pour ton école de pilotage ? »
Le pilote ne pouvait s'empêcher de sourire aux propos de la jeune femme. Il n'était pas étonné par le fait qu'elle n'avait pas lâché son appareil photo. Ils se ressemblaient sur ce point. Aucun des deux n'était capable de lâcher ce qui faisait leur vie. Leur passion. « D'après moi, tu as vu le festival à travers ton appareil. » En même temps, il pouvait comprendre que c'était sa façon à elle de passer sa journée, de faire son boulot. Et tout cela était normal pour elle. C'était sa façon de vivre. Et cela ne l'avait pas empêché pour autant de suivre les différents artistes qui s'étaient produits sur la scène. Aux paroles de Kara, il acquiesça de la tête. « Oui, ce n'est que le début de la montagne de papiers qui m'attend. » il esquissa un sourire avant d'ajouter. « Je dois obtenir toutes les homologations nécessaires, m'assurer que j'ai les assurances, les permis de construire et ceux de modifications des sols. » C'étaient de longues recherches en perspective. Mais il n'était pas démotivé pour autant. Cela allait juste prendre du temps pour qu'il puisse concrètement se retrouver sur le terrain de l'école. « Heureusement que j'ai une bonne équipe d'avocats. Peut-être que pour le début d'année, les travaux pourront débuter. » En tout cas, le pilote l'espérait. Parce qu'il était un peu comme un gosse. Il avait envie de s'amuser avec son nouveau jouet. Seulement le jouet en question était encore emballé. Kaleb prit ensuite la carte et regarda ce que proposait le restaurant. Bien sûr, comme il était avec Kara, il opta pour un plat sans viande. Il commanda un risotto aux champignons avec des légumes grillés. A la question de la photographe, il reporta son attention sur elle. « Comme je t'ai dis : avoir les autorisations nécessaires. Tout ce qui est administratif en fait. Et puis dès que c'est fait, début des travaux. Tout en dépourvu d'installations. Il va falloir mettre l'eau courante, l'électricité. Après il faudra qu'on fasse de la publicité pour informer les jeunes qu'une nouvelle école existe. » Il y en avait déjà en Australie. Mais la plupart était payante. Il se souvenait bien du coût financier que cela avait eu pour ses parents. Surtout pour son père qui avait quand même mis en gage sa concession motos. « Après il faudra sélectionner les premiers élèves. » Et ça, il avait vraiment hâte.
Kaleb avait vu juste. Il me connaissait bien et il se doutait bien que je n'avais pas lâché mon appareil de la journée. C'était mon travail et c'était aussi ma passion, alors, cela ne me dérangeait pas. Puis le pilote m'annonçait qu'il avait obtenu le terrain qu'il convoitait. J'étais ravie pour lui. C'était véritablement une bonne nouvelle ! Je me rappelais l'avoir entendu me parler de ce projet il y a quelques mois. A l'époque, il ne faisait que d'y penser, mais à présent, cela se précisait. Même si, oui, il y avait encore le plus gros du travail à faire.
« Ouais... tu as du pain sur la planche. Mais te connaissant, je sais que ça ne te fait pas peur. »
Je souriais légèrement, puis je prenais quelques gorgées d'eau. Kaleb avait toujours été un bosseur. Il s'était donné à fond pour pouvoir réaliser son rêve, faire de sa passion son métier. Je savais qu'il s'en sortirait avec ce nouveau projet. Il ne lâcherait rien. Il était comme ça, c'était un fonceur. Un peu comme moi d'ailleurs. C'était peut-être pour ça qu'on se comprenait si bien ?
« Je m'inquiète pas du tout pour ça, tu es Kaleb Mays, tu auras pas besoin de beaucoup de publicité pour attirer les élèves. A mon avis ce qui va être le plus dur, c'est de sélectionner les élèves, il y aura sans doute beaucoup de pilotes en herbe intéressés. »
Je souriais derechef. Ça devait être génial de pouvoir transmettre son savoir et son expérience. Il y a quelques années, c'était lui le jeune pilote en devenir. Depuis, il avait fait carrière. Il avait été champion à plusieurs reprises. Kaleb était connu et reconnu pour son travail. Il allait pouvoir être le mentor de jeunes gens passionnés par la même chose pour lui et ça, c'était vraiment bien.
Il acquiesça de la tête avec enthousiasme aux premiers mots de la jeune femme. Oui, il y avait encore un tas de choses à faire. Mais ce genre de défis lui plaisait. Et pas qu'un peu. Il aimait se surpasser, aller au delà de ses habitudes. Sortir des sentiers battus. C'était ce qu'il appréciait le plus. Kaleb était un homme curieux de nature. Et malgré les années, cela ne changeait pas. Dès qu'un sujet le passionnait, il se renseignait là dessus. Et puis là, cela concernait sa passion. Alors forcément, c'était encore plus agréable. Plus agréable de voir ses idées se mettre peu à peu en place. De passer de l'étape de projet à celui d’œuvre concrète. C'était un challenge. Et le pilote était friand de ce genre de choses. Il avait des tas d'idées en tête pour aménager le terrain. Le moins agréable allait être tout ce qui concernait la paperasse. Mais il avait de bons avocats avec lui. Alors il savait qu'il n'allait pas passer trop de temps sur ces impératifs. « Oui j'imagine que le plus dur, ce sera de faire une sélection dans les futurs élèves. » Il imaginait qu'il allait avoir pas mal de dossier à traiter. Parce qu'il espérait avoir des passionnés, des gosses qui avaient la moto dans la peau, tout comme lui. « Et là que je me rends compte que ce sera presque comme un examen. Je serais là à dire si oui ou non, ce gosse mérite d'être financé. » Ses lèvres s'étiraient en un mince rictus. C'est vrai qu'il n'avait pas songé à ça. Forcément, il allait y avoir des déçus. Mais Kaleb ne pouvait pas accepté tout le monde, même s'il le souhaiterait. « Je ne sais même pas encore combien d'élèves pourront intégrer l'école. Peut-être une quinzaine ou une vingtaine. Cela me paraît correcte. » Pour bien s'occuper de ces futurs pilotes, il allait devoir restreindre les rangs afin d'avoir du temps pour tout le monde. « Et toi alors ? Des projets ? Toujours pas envie de sortir un livre ? » Le pilote lui avait déjà demandé si elle comptait publier un livre de ses photographies. Et à l'époque la jeune femme avait dit non. Mais peut-être qu'elle avait changé d'avis. Un serveur arriva ensuite avec le champagne, montrant la bouteille avant de leur servir un verre à chacun.
Ça ne serait pas facile de sélectionner les élèves, mais Kaleb ne pourrait pas accepter tout le monde. C’est un peu pareil partout. En école de photographie, j’avais dû aussi me plier à des tests et passer un entretien. Malheureusement, il n’y a pas de places pour tout le monde et ce sont des étapes nécessaires. Ça pouvait parfois être difficile de départager les gens de les juger, surtout que parfois, le choix pouvait se jouer à rien. Tout ça n’était vraiment pas facile.
« C’est sûr que tu vas faire quelques déçus, mais rien ne les empêchera de candidater pour la session suivante. Quinze/vingt personnes je trouve que c’est déjà pas mal pour un commencement. »
Puis, le pilote me questionnait sur mes projets à moi. Je n’avais rien prévu d’aussi grand que lui. Je souriais alors qu’il évoquait un livre. C’est vrai qu’il m’avait déjà soumis l’idée, mais je n’avais pas encore franchis le pas. Même si cela me plairait beaucoup. Le serveur vint nous interrompre pour nous servir le champagne. Lorsqu’il prit congé, je levais mon verre.
« Aux nouveaux projets, à ta future école. »
Je souriais et je fis cogner mon verre contre le sien. Je buvais quelques gorgées avant de reprendre la parole. Je n’avais pas encore répondu à sa question.
« Pas encore de livre, non, par contre mes photos vont être exposées dans une galerie d’art. T’imagines. Il y’a des gens qui vont se déplacer pour venir voir mes photos. Je n’en reviens toujours pas ! Mais mon travail a plu au galeriste alors il a décidé de l’exposer. »
Aux paroles de Kara, il acquiesça de la tête. Il était bien d'accord avec elle. Il n'allait pas empêcher les candidats malheureux de tenter à nouveau leur chance l'année suivante. « Je pense que c'est pas mal en effet. Pour une première année, cela va être une sorte de test. Je vais pouvoir me rendre compte par moi-même si mes objectifs sont réalisables ou non. Si je dois continuer dans cette lancée ou si je dois changer quelque chose. C'est tout nouveau. Mais j'espère qu'il n'y aura pas trop d'erreur de notre côtés. » Il esquissa un sourire avant de reporter son regard sur la jeune femme qui levait sa coupe de champagne. « A nos projets. » Il fit tinter la flute puis il écouta la photographe qui avait reprit la parole. Elle aussi, elle avait des projets et c'était chouette. Au moins, cela voulait dire qu'elle avait trouvé sa place dans le milieu. Mais aussi que son travail était reconnu. Pour avoir déjà vu quelques uns de ses clichés, le pilote savait que Kara était douée. Alors il était bien temps que les autres s'en rendent compte. Plus que temps. Kaleb prit une gorgée de sa coupe avant de la reposer sur la table. « Félicitations ! C'est la première étape vers la gloire. » Il esquissa un sourire alors qu'il reprenait une gorgée de champagne. « J'espère que j'aurais une invitation. » Parce qu'il comptait bien sûr s'y rendre. Surtout que Kara et lui vivaient à présent dans la même ville. Alors autant profiter. « Et la seconde étape, ce sera le livre ? Je connais un ami dans l'édition. Je pourrais te filer ses coordonnées si ça te tente. » Il ne savait pas à vrai dire si elle voulait faire un livre. Pour lui, cela semblait logique. Après, en tant que photographe, il y avait tellement de façons d'exposer son travail. Kara avait l'embarras du choix.
« Oui. Il n'y a que en situation que tu pourras te rendre compte des choses. Mais j'espère que ça se passera bien. »
Je souriais légèrement. Puis, la conversation basculait sur mes projets à moi. Je ne visais rien d'aussi grand que Kaleb, mais j'avais aussi moi aussi quelques nouveautés à venir. Ma première exposition allait marquer un nouveau tournant dans ma carrière et j'en étais heureuse. J'avais l'impression que c'était la consécration des années d'expériences que j'avais acquis.
« Je ne sais pas trop... » - Je marquais un silence avant de reprendre - « Je plaisantes, bien sur que tu auras une invitation quelle question ! »
Je souriais derechef. Cela me semblait être une évidence. Je connaissais Kaleb depuis des années. A l'époque, il était encore un jeune pilote devant faire ses preuves et j'étais une photographe débutante. On avait tout les deux sût faire évoluer nos carrières et d'une façon, ou d'une autre, on avait toujours été présents pour se soutenir l'un et l'autre. On ne pouvait peut-être pas toujours être là physiquement, mais on s'était toujours « suivis » de loin.
« J'aimerais tellement ! Et tu crois que ce genre de projet pourrait l'intéresser ? »
C'est vrai que cette idée d'ouvrage me plaisait, car cela permettrait de faire découvrir mon travail à plus grande échelle. Je faisais des photos pour qu'elles soient vues et non pour les garder cachées dans un coin. J'avais envie de faire partager mon travail et si cela pouvait inspirer d'autres photographes, alors ça serait ma plus grande réussite.
Même si Kaleb était très motivé et la tête plein de projets, il ne pouvait pas oublier que tout ceci était vraiment nouveau pour lui. Il allait peut-être faire des erreurs. Ou même se rendre compte qu certaines choses ne pouvaient pas être réalisées comme il le souhaitait. Mais ça, seul le temps allait nous le dire. Ce n'était pas comme si Kaleb était réticent à prendre le moindre risque. Au contraire, il aimait les challenges. Et le ranch en faisait parti. Il allait tout faire pour que les choses se fassent dans les meilleures conditions. « Seul le temps pourra nous dire si on se trompe ou non. Même si je pense que cela devrait bien se passer. » Kaleb était perfectionniste. Et il aimait les choses bien faites. Il n'aimait pas les approximations. Au contraire, il préférait quand tout était bien carré, bien délimité, bien codé. Et chacun savait déjà où était sa future place et sa future fonction. Alors que Kara avait repris la parole, le serveur s'était à nouveau arrêté à leur table. Il avait servi leurs commandes avant de leur souhaiter un bon appétit. Le pilote le remercia avant de sourire aux paroles de la photographe. Puis il acquiesça de la tête. « Bien sûr. Il a déjà fait ce genre de choses. L'un de ses amis est photographe pour National Geographic. Et il publie tous les deux ans environ, un ouvrage sur ses différents voyages et paysages qu'il peut rencontrer aux quatre coins du globe. » Et il avait déjà vu son travail et c'était vraiment très bon. Kaleb prit son téléphone qui se trouvait dans sa poche puis il pianota sur son écran. « Tu as de quoi noter son numéro ? » Demanda-t-il avant de lui montrer l'écran avec le numéro de son ami, Peter. « Je ne sais pas où il est en ce moment, il bouge beaucoup. Mais il vient souvent en Australie. » Beaucoup de ses amis avaient la bougeotte, toujours à arpenter le monde, peu importait la profession qu'ils exerçaient. C'était une passion qu'ils avaient tous en commun.
Je remerciais le serveur avant qu'il ne prenne congé. Mon plat avait vraiment l'air délicieux et j'avais hâte d'y côté. Je reposais mon attention sur Kaleb, qui avait prit la parole. Cette idée d'ouvrage photographique m’enthousiasmait vraiment. C'était aussi dans la continuité de mon travail. Je ne me faisais pas non plus d'idées, pour l'instant, c'était juste un contact, mais c'était déjà un début, n'est-ce pas ?
« Ouais, j'ai de quoi noté, tu sais... j'ai ce truc qui s'appelle un téléphone portable. »
Je souriais. Je le taquinais encore une fois. Je sortais donc mon téléphone portable pour noter les coordonnés du contact de Kaleb. J'entrais le nom et le numéro, avant de reposer mon mobile. C'était enregistré !
« D'accord. C'est noté. Je le contacterai alors pour voir ça avec lui. Merci. »
C'était sympa de sa part de me donner ce contact, mais cela ne m'étonnait pas de Kaleb. Il m'avait toujours soutenu dans la carrière. Quand il m'avait connu je débutais tout juste. Je crois même que j'étais encore en formation. Beaucoup d'années étaient passées depuis et il gardait toujours un œil sur mon travail. Tout comme moi sur sa carrière. Enfin c'était assez facile, puisque Kal' était quelqu'un de célèbre maintenant. Je prenais quelques bouchés de ma salade, délicieuse. Je remarquais que Kal avait commandé un plat sans viande. Je savais bien que le pilote n'était pas végétarien.
« Oh je te félicite, tu as pris un plat sans viande ! Avoues, tu as eu peur que je t'agresse si tu avais pris de la viande. »
Je plaisantais. Je ne l'aurais pas agressé. Je l'aurais au mieux sensibilisé. Même si je savais qu'on ne pouvait pas forcé les gens à abandonner leurs habitudes de carnivores.
Kaleb esquissa un sourire aux propos de la photographe. C'est vrai qu'un téléphone, c'était utile. Et surtout, il pouvait servir à un tas de choses. Comme par exemple, prendre des notes. Le pilote n'y avait pas songé. En même temps, il n'était pas très technophile. A vrai dire, il s'en servait un minimum. Il appelait surtout, laissait des messages ou il mettait à jour son instagram. Seul réseau social qu'il avait en sa possession. Et il faisait surtout ça pour ses fans. Lui, il oubliait parfois d'y poster. Mais ça plaisait alors il continuait. « Tu sembles en connaître les moindres possibilités, ce qui n'est pas mon cas. » Kaleb pouvait très bien s'en passer. Parfois, il ne le prenait même pas avec lui. « Je t'avoue que je peux m'en passer facilement. » Ce n'était pas son outil de travail. Pas comme la photographe. Enfin elle devait s'en servir beaucoup plus que lui. Puisqu'elle devait être joignable pour d'éventuels contrats. Et ce n'était pas plus mal en fin de compte. Le pilote la laissa prendre les coordonnées de son ami qui pouvait l'aider dans son projet. Puis il remit son téléphone dans sa poche. Il ne doutait pas que Peter allait bien s'occuper de Kara et d'écouter tout ce qu'elle pourrait lui dire ou lui demander. Et puis ils connaissaient les deux caractères et Kaleb savait qu'ils pouvaient très bien s'entendre. « Quand il sortira, je veux être dans tes premières dédicaces. » Ajouta le pilote avec un sourire. Il n'allait pas s'imposer avant la famille de la jeune femme mais il avait bien envie de voir ses photographies en avant première. Il avait toujours apprécié la photographie. Et il en faisait lui-même, même si c'était beaucoup plus sporadiquement que l'américaine. Il n'en avait pas fait son métier. C'était plutôt une passion parmi tant d'autres. Une fois les plats sur la table, Kaleb reposa son regard sur Kara. Il se mit à rire doucement après les avoir servi en boisson. « Hey ne dis pas ça comme si c'était un exploit. Cela m'arrive de faire l'impasse sur la viande ou le poisson. » Oui ce n'était pas une habitude pour lui, mais cela arrivait de temps à autre. Il suivait un régime plutôt carré avec sa carrière. Il ne pouvait pas manger n'importe quoi. Parce qu'il avait un poids à maintenir. Il ne pouvait pas être au dessus, ni en dessous de son poids initial sinon il pouvait se voir infliger des amendes par la fédération internationale. « Je sais m'en passer quand tu es là. » Tout simplement parce que Kaleb respectait les convictions de la jeune femme. Et que pour ça, il n'allait pas lui imposer une assiette de viande grillé ou de poisson pané. Et puis ce n'était pas comme s'il n'avait pas l'opportunité de manger autre chose.
« Disons que c'est un outil qui me simplifie la vie, même si je ne suis pas du genre à être accro à mon portable. »
Je souriais. Je me servais beaucoup de mon téléphone et de mon ordinateur. Surtout pour rester joignable et aussi pour mon travail. Mais je ne faisais pas partie de ceux qui restent scotché à leur mobile vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Enfin bref. Le numéro du contact de Kaleb était bien enregistré dans mon répertoire et je ne manquerais pas de le contacter. C'était gentil de sa part de me faire profiter de ses connaissances, surtout que cela pourrait me permettre de donner à ma carrière un nouveau tournant.
« Et ne t'inquiète pas, tu feras parti de mes premières dédicaces... surtout que si ça se concrétise, ça sera un peu grâce à toi. »
Puis nos plats arrivaient à table et cela tombait bien. Je commençais à vraiment avoir faim. Il faut dire que je n'avais fait que grignoter toute la journée. J'avais simplement pris un sandwich. Alors, un vrai repas était le bienvenue. La salade qu'on me servait était très copieuse et elle avait l'air délicieuse. J'en avais la confirmation après y avoir goûté.
« C'est une bonne chose, après tout, y'a tellement d'autres choses à manger que la viande ou le poisson. »
Je lui souriais légèrement. J'appréciais qu'il fasse attention à sa commande par respect pour moi. Après avoir terminé une seconde bouchée, je reprenais la parole.
« Alors, qu'est-ce que tu as l'intention de me faire visiter après le repas ? »
Parce que je me souvenais qu'il m'avait promit de me faire faire un petit tour du coin avant de rentrer. On était ici et j'avais jamais vu gold coast, autant en profiter un petit peu. Même si il faudrait que je revienne en « touriste » pour bien profiter de la ville.
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