| | | (#)Jeu 12 Jan 2017, 17:59 | |
| Voilà à présent un mois que Nino est arrivé en ville et ce jour il l'avait attendu et encore attendu. Il allait finir par devenir fou s'il n'arrivait pas à savoir où se trouvait son frère mais ca y est, il savait où et quand il pourrait le trouver. Pour ça, il devait remercier Sohan, d'ailleurs, il lui en devait une bonne pour ce coup. C'est bien sa veine, faire connaissance avec un crack de l'information, un hacker qui avait ça dans la peau. Il n'avait pas eu besoin d'insister. Une simple demande, comme s'il lui demandait d'aller chercher une baguette. Quelques heures plus tard, Nino connaissait l'adresse de Vitto, où il bossait en tant que bénévole, ce qui l'avait plutôt fait rire et où il passait son temps libre. Il avait eu accès à quelques messages qui en disait assez pour connaitre vite fait les habitudes de son grand frère. Nino n'avait plus qu'à choisir le lieu et l'heure où il pourrait faire la surprise à son frère.
Redcliff, il s'était fait déposé ici par un pote de Roxy qui passait dans le coin. Il avait demandé à Sohan de lui trouver l'adresse où Vittorio s’entraînait à la boxe. Ce serait l'endroit idéal pour se faire des câlins. Ni une ni deux, il lui avait donné la rue exacte où se rendre. Le club de Vitto s’entraîne dans ce complex sportif, ils n'allaient surement pas être seuls à seuls mais Nino savait que de cette façons, il allait pouvoir se contrôler un minimum devant son frère. Son frère qu'il a toujours vu comme dieu, comme le roi de l'olympe, jusqu'au jour où, ayant décidé de laisser Nino face à ses responsabilités, il s'est barré. Depuis ce jour, Nino vit avec la rage au ventre, poings et dents serrés.
A l'accueil, il entre sans difficultés et passant le pas de la porte qui mène à la salle de combat, Nino aperçoit son frère plus loin entrain de donner des coups dans un sac de frappe. Concentré sur son objectif. C'est alors qu'il s'adresse à un mec en tenue à coté de lui. " eh, y a moyen de tester le matos? " il demande tout en faisant attention que son frère reste concentré sur sa cible. " Ouais, vas y, t'as ce qu'il faut? en le détaillant juste un peu, il compris que Nino n'avait ni gant, ni tenue, aucun sac ne l'accompagnait. Il lui montra alors une armoire dans laquelle il pourrait trouver au moins des gants et un casque si besoin. Nino s’exécuta alors en le remerciant et s'équipa des gants.
C'est alors qu'il se dirigea directement vers Titto. Une fois derrière lui, il le frappa d'un coup léger dans l'épaule et vint se poser juste devant lui. Prenant le sac de frappe entre ses mains. "En voilà une surprise! Hein! " Il poussa le sac vers son frère. " On commence par quoi? Tu t'entraines encore ou on monte sur le ring?" un bon match de box pour remettre les idées à leur place. |
| | | | (#)Mer 01 Fév 2017, 16:48 | |
| C'était l'une des premières choses que Vittorio avait cherché à son arrivée en ville, avant même un logement décent, avant même un colocataire … avant même de savoir s'il resterait dans le coin suffisamment longtemps pour que cela ait son utilité, à vrai dire. Un club de boxe, une salle de combat, ou n'importe quoi d'autre qui puisse lui permettre de reprendre l'entraînement rapidement, avec en guise de cerise sur le gâteau un adverse à sa taille pour se heurter à un minimum de challenge. Si Vittorio avait sans aucun doute l'ego fragile du cliché de l'italien, le sol d'un ring de boxe était le seul endroit où il s'autorisait le droit à ne pas avoir peur de l'échec, pourvu que le combat se fasse à la loyale. En lieu et place d'une petite salle de quartier comme il l'aurait rêvée, il avait néanmoins du se rabattre sur le complexe sportif de Redcliffe, un peu trop fréquenté et un peu trop tape-à-l’œil de son point de vue, mais enfin, il fallait aussi savoir se contenter de ce qu'on pouvait obtenir. Contre toute attente il avait même réussi à y trouver un semblant de marques, et eu la satisfaction de pouvoir coller un morceau de sparadrap avec son prénom sur la porte de l'un des casiers du premier sous-sol. Pas grand-chose à y ranger cela dit, Vittorio était du genre à ne pas avoir confiance dans le fait de laisser traîner ses affaires partout, mais c'était disons pour le principe … Donnie, lui, avait vu dans l'acceptation de ce casier une volonté de Vittorio de s'implanter dans le coin pour un peu plus que deux ou trois entraînements occasionnels, raison sans doute pour laquelle il l'avait alpagué à son arrivée, ce jour-là. « Deux soirs par semaine, et un peu plus pendant les vacances scolaires. Payées à l'heure. » était-il en train de lui assurer, Vittorio malgré lui intéressé depuis que la question du salaire était venue sur le tapis. « Au black ? » Le juriste en lui n'était jamais loin, la conversation donnant l'impression d'un téléphone arabe tandis que Donnie répondait « En liquide. » aucun des deux ne répondant à la question de l'autre, mais chacun faisant valoir ses arguments. Et les arguments de l'australien, qu'on se le dise, ne tombaient pas dans l'oreille d'un sourd … Après tout Vittorio avait un loyer à payer, et toujours pas retrouvé de vrai boulot. Les droits d'auteur du pamphlet journalistique auquel il avait collaboré ne rapportaient presque rien, inutile de s'imaginer que cela lui suffisait pour vivre, et chaque mois depuis qu'il était là l'italien puisait un peu plus profond dans ses réserves … des réserves qui n'étaient pas inépuisables. « Vendu. » avait-il donc fini par lancer, sans être certain qu'il ne le regretterait pas plus tard. Il avait encore fallu lui réexpliquer le rythme scolaire qu'il était, cette histoire d'hémisphère sud le perturbant grandement, mais en fin de compte il s'était contenté de n'en retenir que le fait qu'il commencerait fin février. Quitte à se trouver sur place, le blond comptait en tout cas bien prendre le temps de chausser les gants, et à défaut d'avoir pu croiser à cette heure-là qui que ce soit susceptible de le rejoindre sur le ring, il s'était rabattu sur l'un des trois sacs de frappe au fond de la salle, après avoir fait quelques tours de piste et pris le temps de réveiller chacun de ses muscles. Ses gants, pour l'heure, traînaient en bordure de tapis non loin de là, et le polyester de son pantalon brillait légèrement sous la lumière artificielle des néons qui entouraient la pièce. Ne prêtant pas attention aux bruits de pas derrière lui, se souciant assez peu de qui réquisitionnerait le sac à côté du sien, Vitto avait malgré tout eu le réflexe de saisir avec force la main qui s'était posée sur son épaule, ne la lâchant qu'une fois l'identité de son propriétaire dévoilée sous ses yeux « En voilà une surprise ! Hein ! » L'accent à couper au couteau de Nino, accent napolitain pure souche que Vittorio avait lui-même essayé de gommer à son arrivée à Rome, lui avait arraché un léger frisson … A moins que ce ne soit que le rejet de son corps face à la présence de son frère. Ses poings s'étaient serrés, et son regard s'était contenté de suivre silencieusement les mouvements de Nino jusqu'au sac de frappe « On commence par quoi ? Tu t'entraînes encore ou on monte sur le ring ? » Un rictus mauvais passant furtivement sur son visage, Vitto avait repoussé le sac de frappes et fait mine de s'éloigner vers celui d'à côté. « J'ai même pas envie de savoir ce que tu fous là. » Il se disait que ce serait peut-être ça le pire à lui faire, agir comme si sa présence ne réveillait absolument rien chez lui, comme si tout cela le laissait de marbre. « Barre-toi Nino, avant que je te foute dehors par la peau du cul. » Et tous les deux savaient pertinemment qu'il en était capable, Vitto en avait maîtrisé des bien plus entraînés que son morveux de petit frère. « Si t'es là c'est que tu es soit un évadé soit une balance … dans les deux cas ça ne m'intéresse pas. Ne compte pas sur moi pour payer ton billet de retour. » Et dans les deux cas ça ne lui apporterait que des emmerdes, et les emmerdes le juriste essayait de s'en tenir le plus éloigné possible actuellement. Le temps que tout se tasse, le temps que les conneries de Zahra et de Nino se résorbent, si tenté qu'elles le fassent un jour.
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| | | | (#)Sam 04 Fév 2017, 17:19 | |
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Nino avait vu cette scène des dizaines de fois. Surtout depuis qu'il était arrivé à Brisbane. Il commençait sérieusement à perdre patience, un sentiment de perdre du temps. A Scampia, s'il voulait savoir où se trouvait telle ou telle personne il n'avait qu'à passer quelques coups de fils et au bout de quelques heures, c'était tout cuit entre ses mains. Mais là, aucun contact, il fallait tout reprendre à zéro, construire un réseau mais en même temps il savait qu'il devait se faire discret. Pas question d'avoir un retour direct vers l'Italie de si tôt. Maintenant qu'il était en Australie, encore plus depuis qu'il savait où trouver son frère, il comptait bien se faire son trou ici. Il savait que ça n'allait pas être éternel. L'Australie était un terre d'accueil mais temporaire, c'était histoire de quelques mois, voire quelques années, mais un jour, son retour lui sera imposé. Il était déjà en péril pour les semaines à venir s'il ne se trouvait pas un job rapidement mais il était sur coup. Il avait trouvé une annonce d'une nana qui voulait un homme à tout faire pour l'aider à quelques bricole chez elle. Pour Nino, c'était un taf qui pourrait lui convenir. Il l'avait contacté une première fois, il attendait qu'elle lui donne une réponse. Une fois qu'il aura son contrat, il sait qu'il sera tranquille et qu'on viendrait pas l'emmerder. C'était pour lui, une bonne planque.
Face à son frère, Nino n'avait qu'une envie, lui en mettre une belle. Mais entouré de ces grosse brutes dans cette salle, il n'allait pas lever le petit doigt. Il risquerait bien plus gros. Alors que Vitto prend la fuite, Nino le colle aux bask, comme toujours, comme avant, comme son ombre, sauf que cette fois le motif est autre. Cette fois, c'est pour lui rentrer dedans, aller au conflit. « J'ai même pas envie de savoir ce que tu fous là. Barre-toi Nino, avant que je te foute dehors par la peau du cul. » Nino barre la route à son frère et s'arrête devant lui. "Vas-y! " Et oui, en effet, il sait très bien qu'il en est capable. Totti était un peu plus grand que lui, un peu plus baraqué aussi, à coté de lui, Nino paraissait pour un gringalet et pourtant, il avait pas la taille d'un fil de fer non plus. « Si t'es là c'est que tu es soit un évadé soit une balance … dans les deux cas ça ne m'intéresse pas. Ne compte pas sur moi pour payer ton billet de retour. » Cette fois ci, c'est à Nino d'avoir un sourire affiché sur son visage, loin d'être un sourire sincère, joyeux. Vitto visait juste, il était une balance et il venait de se prendre un revers en pleine figure. Loin d'être fier de ce qu'il a fait mais au moins, il n'est pas entre quatre murs à attendre que le temps passe, à attendre de devenir fou et de peter un cable. Bien trop attaché à sa liberté, Nino a préféré balancé. "Tu vas pas me balancer? Tu m'accompagnes pas chez les flics? Tu serai plus qu'heureux de les voir me passer les bracelets aux poignets! Vas-y, dis leur que ton frère est un connard qui s'est barré de prison!" Vitto surestimait peut être son frère en proposant cette solution d'ailleurs. "C'est ta faute tout ça Vittorio, tu m'as foutu dans cette merde. Tu t'es barré, tu m'as laissé pourrir la bas! " Nino s'approche de lui et pointe son index sur la poitrine de son frère. "T'as voulu me voir crever mais c'est raté! J'vais te pourrir!" Ces mots sortis sans filtre de la bouche de Nino lui arrachaient pourtant le cœur. |
| | | | (#)Mer 01 Mar 2017, 18:24 | |
| L'éventualité que son frère prenne l'initiative de venir le chercher jusqu'ici, en Australie, n'avait en vérité pas vraiment traversé l'esprit de Vitto. Preuve en était qu'il n'avait pas spécialement cherché à effacer ses traces ou à se faire discret, au fond cette décision de fuir jusqu'à Brisbane n'était rien de plus que la manifestation d'un ego blessé par cette journaliste qui avait plombé sa carrière … Et peut-être également le témoignage d'une envie qu'il n'avait jamais réellement assumé, parce qu'elle aurait nécessité d'admettre que Kaecy avait toujours une petite place dans un coin de sa tête, et même que l'existence de cette demi-sœur le rendait plus curieux que totalement indifférent. Ici, à des milliers de kilomètres de ses racines, il goûtait à un mélange indescriptible entre liberté totale et profond mal du pays, et s'il n'était pas encore certain de pouvoir assumer une vie ici sur un terme un peu plus long, pour le moment il avait appris à en profiter. Alors l'apparition de Nino, au milieu de ce chaos organisé, ressemblait à la bourrasque de vent qui venait détruire un château de carte que l'on avait pris un peu de plaisir à construire : inopinée et indésirable. Le visage fermé et le ton glacial de Vittorio en étaient l'illustration parfaite, il ne voyait pas tant la venue de son demi-frère comme un petit bout de famille qui voyageait jusque sur sa terre d'adoption momentanée, mais comme une armée de problèmes à laquelle Nino était à la tête, comme toujours. « Vas-y ! » l'avait-il d'ailleurs provoqué d'un air mauvais tandis que son aîné posait l'éventualité de le mettre dehors de gré ou de force. Mais Vittorio n'était pas dupe, il connaissait le côté un peu chien fou de son cadet, et sa tendance à rentrer dans le lard de ceux dont il espérait le faux-pas, ou le coup de poing ; Il le savait parce que c'était l'un de leurs points communs, qu'il l'admette ou non. « Tu vas pas me balancer ? Tu m'accompagnes pas chez les flics ? Tu serais plus qu'heureux de les voir me passer les bracelets aux poignets ! Vas-y, dis leur que ton frère est un connard qui s'est barré de prison ! » Une chose était certaine, les seize mille kilomètres parcourus n'avaient fait perdre à son frère ni sa mauvaise foi, ni son côté Caliméro. « Basta ! Tu te donnes en spectacle, t'es ridicule. » En témoignaient les regards des trois occupants des appareils de cardio à l'autre bout de la pièce, tournés vers eux depuis quelques secondes, mais regardant à nouveau ailleurs dès que Vittorio avait jeté un œil dans leur direction. Loin d'être calmé, ou même de vouloir entendre raison, Nino avait cette expression sur le visage indiquant que l'agacement dont il faisait preuve était peu de choses face à celui qu'il semblait tenter – pour le moment – de contenir. La veine à peine apparente sur un côté de son cou semblait frémir, ses narines se pinçaient, et finalement le napolitain avait envahi l'espace vital de son aîné pour venir pointer un doigt accusateur contre son torse « C'est de ta faute tout ça Vittorio, tu m'as foutu dans cette merde. Tu t'es barré, tu m'as laissé pourrir là-bas ! » Loin de se laisser impressionner, Vitto avait bombé légèrement le torse et laisser sa mâchoire se crisper, un signe d'énervement chez lui « T'as voulu me voir crever mais c'est raté ! J'vais te pourrir ! » C'était probablement la phrase de trop, liens du sang ou pas Vittorio ne laissait personne le menacer de cette façon, et avec cette impulsivité dont il avait pourtant maintes et maintes fois essayé de se débarrasser il avait sauté à la gorge de Nino et profité du bref effet de surprise pour le plaquer au sol « Tu penses que tu peux débarquer comme ça et venir me balancer tes menaces à la gueule ? Mais tu ne sais faire que ça Nino, des menaces, des menaces et des conneries plus grosses que toi. » Les mots sifflaient entre ses dents à mesure que ses doigts se resserraient autour de la trachée du jeune homme, et que son genou s'enfonçait dans son abdomen pour l'immobiliser « Cette merde dans laquelle tu es tu t'y es mis tout seul, intègre ça une bonne fois pour toute ! Si j'avais un avenir t'aurais pu en avoir un aussi, t'as juste été trop con pour résister au pognon facile, comme la majorité des connards avec lesquels on vivait ! Je t'ai pas sali les mains, tu l'as fait tout seul, et celui qui a choisi d'être une mauviette braqueuse d'épicerie c'est aussi toi … Même dans l'illégalité t'as pas été foutu d'être autre chose que le bas de la chaîne alimentaire. » Relâchant enfin son étreinte et laissant par la même occasion Nino retrouver son souffle, Vitto s'était remis debout et avait fait un ou deux pas en arrière pour s'éviter un retour de bâton trop brusque. Le souffle rendu un peu court par l'énervement, le barbu était resté là, immobile, comme si un côté masochiste insoupçonné chez lui attendait avec fascination que Nino dise ou fasse quelque chose. Parfois Vitto oubliait que son frère n'était plus un môme, juste une cause perdue … Parfois il se sentait encore le besoin de le tester, de jouer avec ses limites pour le persuader de les repousser un peu. Là-dessus aussi, il y avait probablement un peu de masochisme.
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| | | | (#)Dim 26 Mar 2017, 14:33 | |
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Nino ne connaissait personne dans cette salle, il se foutait pas mal de se donner en spectacle. Il ne croiserait surement plus ces mecs qui faisaient de la gonflette, ou si ca devait être le cas, il aurait oublié leur visage à la seconde même où il aura quitté ce lieux. Nino se moque de l'avis qu'on peut avoir de lui, il se moque bien de savoir s'il est ridicule ou non. La situation semblait gêner son frère mais c'était bien le cadet de ses soucis. Il était là pour régler un différent, pour remettre les choses à leurs places. Comme il n'avait nul par ailleurs pour le faire, cette salle de sport serait le théâtre de leur retrouvailles corsées. Rien à foutre! répondit il avec un revers de la main. Ça lui passait bien au dessus. Il ne daignait même pas jeter un coup d'oeil vers ces autres mecs qui les observaient. C'était inédit pour Nino d'avoir une telle rage envers son frère. Lui qui a toujours été inspiré par son grand frère. Totti était son modèle, son idole. Il le suivait partout, lui et Vince, il était une ombre derrière eux qui ne les lâchait jamais. Vittorio était ce dieux de l'olympe, intouchable, au dessous de tout, celui pour qui il aurait pu faire mont et merveille, celui pour qui il aurait pu donner coprs et âme. Et le voilà aujourd'hui à le haïr, cette incompréhension totale suite à l'abandon. Car oui, Nino avait misé gros sur son frère, il avait misé sur la liberté, sur le soutien, l'entre-aide. Mais il avait tout faux. La chute libre quand Vito l'a laissé entre ces quatre murs. Le jeune italien était surtout en colère, empli d'incompréhension et de déception.
Ni une ni deux, Nino se retrouvait au sol, plaqué par son frère qui savait comment le maîtriser. Ils avaient bien souvent joué à ça étant plus jeune, Vitto connaissait les faiblesses de Nino et Nino savait que face à son frère, il n'avait pas une grande marge de manœuvre. Peut être devait il lui aussi venir frapper dans des sacs un peu plus régulièrement ou levers des poids, ca ne pourrait pas lui faire de mal. Le genou de Vitto s'enfonçait doucement dans l'abdomen de Nino et celui ci ne pouvait rien faire à part encaisser la douleur. Poings et dents serrés il écoutait ce que son mentor avait à lui dire. Bien sur qu'à part lancé des fausses menaces, il ne ferait rien de plus. Il n'avait pas de plan B, il n'avait pas de suite à ce face à face. Finalement, il semblait perdre toute assurance à ce moment précis. Qui se donne en spectacle là? lance t il, la voix légèrement brouillée.
Le bas de l'échelle alimentaire, une merde. Nino venait d'encaisser la véritable image qu'avait son frère de lui. Voilà ce qu'il reflétait. Vitto semblait relâcher sa prise sur Nino, celui ci en profita pour poser ses mains sur le torse du grand brun et le pousser pour se défaire de son emprise. Nino se redressa pour se relever et recula d'un pas en arrière. Entre temps, deux mecs s'étaient approché d'eux pour s'en mêler. Dégagez les chiens de garde! Il adressa également un regard à son frère, ils l'écouteraient sans doute plus que lui. Ca y est, t'as fini? Nino avait du mal à tenir en place, il faisait un pas sur le coté, puis de l'autre. Il regardait son frère et les paroles revenaient en boucle dans sa tête. Ca a toujours été trop simple pour toi! Tu claques des doigts, tout ce que tu veux viens à toi! On a pas tous cette chance! Il fait un pas en avant vers son frère puis recule à nouveaux. Il est nerveux, touché et blessé aussi, encore. Tu nous as abandonné! Tu nous a laissé maman et moi dans notre merde! Tu t'es cassé, t'as fais ta vie, mais nous, on était toujours là! Nino regarde autour de lui et s'agace. Alors ouais, c'était plus facile d'être une mauviette braqueuse d'épicerie! Au moins, j'étais là pour maman, j'étais la jusqu'à la fin! J'l'ai vu partir pendant que toi, tu jouais a faire bonne figure à Rome! Et après, y avait plus personne!
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| | | | (#)Ven 14 Avr 2017, 20:52 | |
| Cela n’avait absolument aucun sens, la présence de Nino à Brisbane. Aux yeux de Vittorio tout du moins, parce qu’au fond même les souvenirs de l’affection qu’il avait pour son cadet ne l’empêchaient pas de le considérer comme incapable de prendre de grandes décisions et de sortir de sa zone de confort ; Et l’Australie était très loin de sa zone de confort. Égoïstement il ne pensait pas tant aux intentions de Nino en venant ici mais simplement à l’épine dans son pied que représentait actuellement la présence de son frère dans les parages. C’était une tuile, le genre de tuile dont il se serait bien passé parce que personne, absolument personne ici n’avait la moindre idée du merdier familial qu’il avait laissé derrière lui. Personne ne posait de questions, même Bob se contentait de ses réponses vagues et de ses changements à peine voilés de conversation dès que la conversation commençait à le déranger … et Vitto s’en satisfaisait totalement. « Rien à foutre ! » que lui avait pourtant vociféré Nino, à l’évidence très peu soucieux des conséquences que pouvaient avoir sa présence ici. Putain de fouteur de merde égoïste, voilà l’effet que lui faisait à cet instant son « petit frère » et pris d’un éclair de rage aussi bref qu’incontrôlable l’aîné s’était vu plaquer le jeune homme au sol et lui cracher à la figure tout le bien qu’il ne pensait plus de lui. Son erreur était là, sans doute, parce qu’en obtenant sa colère Nino avait obtenu précisément ce qu’il était venu chercher et Vitto s’était laissé prendre à son propre jeu « Qui se donne en spectacle là ? » Lui, c’est vrai. Et que Nino presse ainsi sur une vérité qui le dérangeait ne faisait qu’augmenter l’énervement de Vitto à son égard, ce dernier abattant avec rage son poing sur le tapis. Parfois il se disait qu’il était peut-être responsable, qu’il avait cherché des excuses à Nino pendant trop longtemps et que c’était de savoir qu’il aurait toujours son aîné pour passer derrière lui et réparer ses conneries qui l’avait rendu aussi irresponsable et incapable d’assumer ses actes. Finalement repoussé par son cadet Vitto avait eu un moment de flottement, durant lequel son frère s’était remis debout et avait finalement persuadé deux spectateurs de l’échange de s’en mêler « Dégagez les chiens de garde ! » Visiblement peu impressionnés par Nino, les deux hommes avaient néanmoins fait marche arrière lorsque Vittorio avait secoué vaguement la tête, leur intimant silencieusement de ne pas s’en mêler, évitant ainsi de mettre de l’huile sur le feu. « Ça y’est, t’as fini ? » Déjà le fait d’avoir été plaqué au sol comme un vulgaire débutant commençait à se dissiper et Nino semblait reprendre ses habitudes de chien fou, incapable de tenir en place. « Ça a toujours été trop simple pour toi ! Tu claques des doigts, tout ce que tu veux viens à toi ! On n’a pas tous cette chance ! Tu nous as abandonné ! Tu nous as laissés maman et moi dans notre merde ! Tu t’es cassé, t’as fait ta vie, mais nous, on était toujours là ! » Il ne se rendait pas compte, Nino, d’à quel point Vittorio prenait sur lui de ne pas lui envoyer son poing dans la figure. D’à quel point il se retenait de ne pas lui faire ravaler ses jérémiades et sa façon de parler de leur mère comme s’il était le seul à en avoir quelque chose à foutre. « Alors ouais, c’était plus facile d’être une mauviette braqueuse d’épicerie ! Au moins j’étais là pour maman, j’étais là jusqu’à la fin ! J’l’ai vue partir pendant que toi, tu jouais à faire bonne figure à Tome ! Et Après, y’avait plus personne ! » Sans savoir pourquoi, l’espace d’un instant Vittorio avait à nouveau pensé aux deux sportifs qui assistaient à l’échange et il s’était souvenu qu’il ne voulait pas de ça, faire de leurs tares familiales un spectacle. Dieu merci ces deux-là ne comprenaient pas l’italien. « Arrête Nino, tu vas me faire pleurer. » Ironie. Dédain profond. Ramassant son sac de sport abandonné non loin du sac de frappe – vieux réflexe de crapule qui avait grandi au milieu d’autres crapules, et qui avait appris à ne jamais laisser ses affaires sans surveillances dans un vestiaire – il avait bousculé Nino pour le forcer à avancer dans la même direction que lui « Et qui est-ce que tu penses que maman appelait à la rescousse pour te sortir de la merde à chaque fois que tu te faisais coffrer ? Tu sais combien d’allers retours entre Rome et Scampia j’ai fait pour sauver les fesses de ta petite gueule d’ange ? Tu sais combien de tes cautions j’ai payé ? » Non, il ne savait probablement pas, il n’en avait probablement rien à foutre, sans cela le chiffre n’aurait pas été si élevé. « Tu penses pas qu’elle se serait portée un peu mieux si elle avait pas dû s’inquiéter pour ton cul en permanence ? Et Vince ? C’est aussi moi qui l’ai envoyé là où il est maintenant ? Pour ça aussi tu vas geindre plutôt que de prendre tes responsabilités ? » Les questions sifflaient entre ses dents sous forme de reproches, tandis qu’ils atteignaient enfin le vestiaire où Vittorio avait rageusement envoyé son sac au pied de son casier. « C’est pour ça que t’es venu ? Pour m’entendre pleurnicher en disant que je regrette de t’avoir laissé te démerder ? Tu vas attendre longtemps. T’aurais dû rester là où t’étais, au moins tu nuisais plus à personne. » La phrase était volontairement violente et le ton volontairement tranchant, la rancœur n’était jamais le moteur le plus judicieux mais c’était le seul que Vittorio se sentait encore capable d’utiliser avec Nino … Et maintenant qu’il se tenait là, hargneux, c’était à se demander si sa volonté véritable n’était pas de déclencher le coup de poing que son cadet semblait retenir avec toutes les peines du monde.
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| | | | (#)Sam 22 Avr 2017, 19:58 | |
| Visiblement, la remarque de Nino sur la scène que venait de faire Votti avait fait son effet. Il semblait calmé, du moins concernant son envie de mettre son poing dans la figure de Nino. Il avait préféré le planter dans le sol. Nino s'arracha un doux sourire satisfait et provocateur. Une fois debout, ils s'étaient éloigné l'un de l'autre. Vitto d'un signe de la tête avait fait écarté les deux colosses qui s'étaient approché pour se mêler de leur querelle. Nino se contentait de les regarder avec un air méprisant et dégoutté. Qu'ils aillent se faire voir. Il passa ses mains sur ses vêtements, comme pour retirer la crasse qu'il avait sur lui après s'être roulé par terre et en moins de deux secondes. « Arrête Nino, tu vas me faire pleurer. » Cette réponses emplie d'ironie ne semblait pas surprendre Nino. Pour lui, son frère était devenu ce mec qui n'en avait plus rien à foutre. Qui se moquait bien ses histoires de sa famille. Lui qui maintenant était bien rangé, qui était sortie de sa vie de chien et qui avait laissé derrière lui tout ce qui pouvait lui rappeler son passé. Il avait tiré un trait sur son histoire et Nino en faisait partie. Donc pour lui, rien d'étonnant à ce qu'il ne soit même pas touché par ce qu'il venait de lui balancer.
Ni une ni deux, d'un coup d'épaule, Nino compris qu'il devait suivre son frère au vestiaire. Peut être pour s'en prendre une nouvelle, cette fois à l'abris des regards. Sauf que l'ironie de Vitto s'était alors transformé en grande tirade dont Nino ne s'attendait pas. « Et qui est-ce que tu penses que maman appelait à la rescousse pour te sortir de la merde à chaque fois que tu te faisais coffrer ? Tu sais combien d’allers retours entre Rome et Scampia j’ai fait pour sauver les fesses de ta petite gueule d’ange ? Tu sais combien de tes cautions j’ai payé ? Tu penses pas qu’elle se serait portée un peu mieux si elle avait pas dû s’inquiéter pour ton cul en permanence ? Et Vince ? C’est aussi moi qui l’ai envoyé là où il est maintenant ? Pour ça aussi tu vas geindre plutôt que de prendre tes responsabilités ? C’est pour ça que t’es venu ? Pour m’entendre pleurnicher en disant que je regrette de t’avoir laissé te démerder ? Tu vas attendre longtemps. T’aurais dû rester là où t’étais, au moins tu nuisais plus à personne. » Nino se contente de prendre chacune des paroles de Vitto comme des coups de couteaux, chacune de ses phrases, chaque mot semblaient être parfaitement bien choisi pour l'enfoncer et le mettre à terre. Bien mieux que des coups, bien plus efficace qu'un poing dans la figure. Nino était cassé. Ce qui l'avait le plus touché était l'accusation que faisait son frère. Je l'ai pas tué! Nino passe ses mains sur son visage, fait un pas en arrière et tourne en rond. Il regarde à nouveau son frère et répète, plus fort cette fois. Je ne l'ai pas tué! C'était bien ce qu'il avait retenu de la bouche de son grand frère. Assumer ses responsabilités, comme si c'était lui le fautive, lui le coupable. Il avait bien envie à son tour de lui sauter dessus, de le foutre à terre, mais il sait aussi qu'il en est pas capable, qu'il est pas aussi fort. Alors il se tourne vers un casier et frappe fort dans celui ci. Un coup puis, un deuxième et il enchaine avec sa deuxième main. Putain! Je l'ai pas tué, je l'ai pas tué! il était en boucle, il finit par s'arrêter lui même, regardant ensuite ses phalanges ensanglantés, le voilà malin. La douleur commençait seulement à se faire sentir. Il essuya ses mains contre son t-shirt noir. Il reste le front collé au vestiaire en face de lui. Sentant les larmes monter, il se refusait toutefois à craquer totalement devant son frère. Il était blessé, touché en plein coeur mais il ne voulait pas montrer une once de tristesse sur son visage. Il semblerait que ce soit déjà trop tard. Vas te faire foutre Vittorio! La rage au ventre, il baisse les yeux et sort de ce vestiaire. De retour dans la pièce d'entrainement, de nouveaux un amas d'armoire à glace, près à intervenir si besoin. Le bruit des poings de Nino contre l'acier des vestiaires les avait surement alerter. Dégagez, y a rien à voir! Nino se faufile entre deux gaillards pour se dirigers vers la sortie, donnant un coup d'épaule à l'un deux au passage.
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| | | | (#)Mar 13 Juin 2017, 20:39 | |
| Il y avait toujours une certaine rage émanant de Vittorio lorsqu’il était question de son frère cadet. Mais non pas une rage dirigée contre Nino, non, en réalité elle était majoritairement dirigée contre lui-même, et contre son incapacité à trouver comment mettre définitivement du plomb dans la tête de ce frère, qui dieu seul sait quand avait décidé de cesser de le prendre en modèle pour préférer l’utiliser comme excuse à toutes ses dérives. Lentement Vittorio avait la sensation de voir son cadet dériver vers le profil de cause perdue qu’il aurait tellement aimé lui éviter, qu’il aurait tellement voulu empêcher à la lueur de ce qu’était déjà devenu leur aîné. Jamais loin d’une cellule de prison, et jamais pour très longtemps. Irrécupérable. Nino valait mieux que ça, Vitto continuait à vouloir s’en persuader et pourtant il suffisait qu’il se rappelle le sort qui était désormais celui de Vince, du troisième mousquetaire de leur trio d’enfance, pour qu’à nouveau il n’ait plus envie de lui jeter autre chose que son mépris et des insultes bien choisies au visage. « Je l’ai pas tué ! » L’insinuation avait fait mouche, et avec elle Vittorio avait regardé impassible le masque de moquerie arboré par Nino se craqueler tandis qu’il répétait presque hébété « Je ne l’ai pas tué ! » et retournait finalement sa propre rage contre le casier le plus proche. Malgré lui Vittorio s’était senti tressaillir lorsque le point de son cadet s’était abattu avec violence contre le métal de la porte du casier, et les deux ou trois coups suivants il les avait laissé passer en se demandant qui des doigts ou du casier avait craqué de façon aussi douloureuse pour l’oreille. « Putain ! Je l’ai pas tué, je l’ai pas tué ! » La scène avait un côté presque surréaliste, et le silence qui avait succédé s’était abattu sur eux presque avec violence tandis que Nino restait là, haletant et la main ensanglantée, sous le regard volontairement froid de son frère aîné. « Tu la sens ? C’est l’odeur de ta culpabilité. » Parce que pour quelle autre raison aurait-il fait mouche sinon, si ce n’est parce qu’il avait visé juste ? Nino était responsable, la balle définitivement logée dans le lobe frontal de Vince n’était peut-être pas de son propre fait, mais sans lui jamais il ne se serait retrouvé dans une telle galère … Mais non, Nino était comme ces enfants qui continuaient de répéter la même bêtise malgré leur mère toujours là pour répéter « tu vas finir par te faire mal » et qui pleuraient ensuite de s’être effectivement blessés. « Vas te faire foutre Vittorio ! » L’injonction claquait avec ironie, celle d’être celui qui avait parcouru la moitié du globe pour le voir et qui finalement jetait l’éponge en se heurtant à un mur. Au creux de son estomac pourtant, et alors qu’il aurait n’importe quoi pour que cela n’arrive pas, Vitto ressentait à nouveau cette pointe de culpabilité, cette envie inexplicable de faire un geste totalement contradictoire pour tenter d’inverser la situation et pour rattraper Nino avant qu’il ne soit trop tard … Où allait-il, maintenant ? Ouvrant la bouche il s’était ravisé, avec difficulté, suivant des yeux tandis que son frère quittait la pièce et le laissait seul au vestiaire, spectateur du capharnaüm qu’il avait causé sur son passage. « C’est quoi ce bordel ? » Débarquant de dieu sait où, Donnie avait contemplé les dégâts avec sévérité et gratifié Vitto d’un regard accusateur « C’est rien … Je rembourserai les dégâts. Ou tu me les retiendras sur ma paye, d’accord ? » Toujours la même rengaine, et Vittorio qui payait les pots cassés pour réparer les conneries de son frère. « J’veux pas d’embrouilles ici Vitto ! J’veux pas revoir ce type ici, sinon je serai obligé de te mettre à la porte. J’en n’ai pas envie, mais j’le ferai, pigé ? » Serrant les poings, et résistant à l’envie de foncer hors de la salle pour rattraper son frère et lui foutre une bonne raclée en compensation des emmerdes qu’il venait encore d’amener avec lui, l’italien avait courbé l’échine et ravalé sa fierté « Forte e chiaro. » Pigé. Compris. Imprimé. Et pourtant Vittorio avait le sentiment que les emmerdes ne faisaient que commencer.
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