Brother, let me be your shelter

Sam & James

J’avais bien pensé à mettre Liviana dehors pour la matinée. Non pas que j’ai peur que Samuel et elle se crêpe le chignon mais parce que même si je tentais de ne pas le montrer cette situation me mettait un peu mal à l’aise. Samuel et moi nous étions toujours retrouvé chez moi pour faire la compta de l’association - du moins depuis que mon père m’avait donné la tache de gérer ça avec lui. Pourtant aujourd’hui je m’étais vu un peu mal à l’aise de lui donner rendez-vous à l’association comme je l’aurais fait pour n’importe quel autre comptable. Luca rendant les nuits de Liviana plus que compliquées je n’avais pu me résoudre à lui demander un peu d’espace - puis je ne cessais de lui dire qu’elle était chez elle sous mon toit alors je voulais qu’elle ce sente vraiment comme ça. Pour Sam j’avais prétendu que l’on serait plus au calme dans les locaux de l’association - ce qui n’était pas totalement un mensonge et il avait accepté sans commentaire. Sans doute parce que le terrain plus neutre devait aussi un peu l’arranger. J’avais beau tenté de me convaincre que la relation entre lui et moi n’était pas tendue - et puisque que nous n’en avions jamais parlé ça semblait plus simple de se voiler la face - je savais pourtant bien que depuis l’emménagement de Liviana chez moi quelque chose avait indéniablement changé dans notre relation - et je ne pouvais pas le blâmer pour ça. Certes Sam avait fauté - j’avais l’intime conviction qu’il était conscient de son erreur et s’en blâmait déjà assez, et il restait mon frère et je n'avais pas envie de voir notre relation s’enliser alors qu’elle semblait pourtant se faire de plus en plus agréable alors que les années avançaient.

C’est donc avec une pointe d’anxiété que j’avais pris place, ce matin là, dans mon bureau en attendant que Sam ne m’y retrouve. Pour ne pas changer il était en retard - je n’avais de toute façon pas prévu qu’il soit à l’heure et ses quelques minutes de battements avaient été destinées à un peu de tri pour mettre les choses plus au claire pour Sam - je commençais à savoir de quoi il avait besoin pour travailler le plus rapidement possible et je voulais faire en sorte de lui rendre la tache la plus facile. Quand finalement quelques coups avaient été toqués à ma porte. « Rentre » La porte n’était de toute façon pas vraiment fermée et je m’étais levé pour accueillir mon frère dans une accolade un peu maladroite qui laissait bien voir le malaise planant dans notre relation. Les effusions d’amour n’avaient de toute façon jamais vraiment été notre quotidien dans la famille - si ce n’est peut-être avec notre petite soeur. Etant la seule fille elle avait écopé de notre manque de câlins. « Je suis content de te voir - j’étais entrain de me noyer sous tous ses papiers. » J’avais repris place du côté de mon bureau Sam prenant place comme l’aurait fait un client de l’autre côté je trouvais la situation de plus en plus désagréable. « Tu veux… Boire quelque chose peut-être. ? » Sur pile, je m’étais à nouveau levé pour aller nous chercher de quoi boire. « Thé ? Café ? » J’avais déjà ma petite idée sur la réponse mais sait-on jamais. Finalement j’étais venu reprendre place cette fois à côté de lui sur la chaise libre - histoire de casser cette ambiance trop professionnelle qui n’avait pas lieu d’être. « Comment tu vas au fait ? » J’avais beau avoir sa femme et son fils sous mon toit je ne voyais que très peu Sam - et même quand c’était le cas nos échanges restaient bien trop brefs pour que je puisse me faire une idée sur son réel état d’âme. A bien y penser - ni lui ni moi n’avions vraiment parlé depuis la trahison de Sam et tout ce qu’elle avait entrainé comme changement.

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Il aurait fallu être aveugle pour ne pas remarquer la froideur de mon frère à mon égard. Non pas que Sam soit l’homme le plus chaleureux au monde mais j’avais bien compris qu’il  ne prenait pas bien mon implication auprès de Liviana, et si je n’avais jamais rien dit et surtout pas à mon frère la situation dans laquelle leur séparation me plaçait me mettait extrêmement mal à l’aise. J’étais le cul entre deux chaises - si je ne devais me fier qu’à ma relation avec chacun d’eux il était évident que Liviana passait en premier, elle était ma meilleure amie et ma première confidente mais Samuel était mon frère - j’avais grandi avec lui - appris à le connaitre à l’aimer sans poser de condition à cet amour. Et je savais que c’était un sentiment partagé - même si tous deux étions sans doute trop pudiques pour nous le dire. Alors la froideur dans sa voix était blessant et je ne pouvais pas la contrecarrer parce qu’elle me semblait sans doute en parti mérité. Je m’étais contenté de lui préparer son café dans le silence avant de finalement m’intéresser un peu à lui.« Bien. Très bien. » Sans que son sourire amer ne m’échappe j’avais pourtant hoché la tête avec un. « Tant mieux… » Comprenant bien que la conversation allait s’arrêter là pour le moment et pas prêt à briser la glace non plus.

« Alors, quoi de nouveau ce mois-ci ?  Il y a du boulot ? » Hochant un nouvelle fois la tête j’avais finalement repris place derrière mon bureau, Samuel voulait apparemment que cet entretien reste professionnel, quitte à faire comme si il me connaissait à peine et je ne savais comment recevoir cette information. Lui tendant les papiers que j’avais préparé à l’avance je l’avais laissé poser un oeil professionnel dessus. « Ici les factures pour le mois - je te les ai mise dans l’orde des dépenses. Si je ne me trompe pas on n’a pas dépassé le budget pour ce mois si - de plus il y a une semaine une donation importante a été faite par un particulier donc on se porte plutôt bien je crois. Puis avec les fonds récoltés lors de la soirée de charité on est encore large, mais je crois que papa prévois quelque chose avec cette argent… Il en fait encore un secret pour le moment. » Pour ce qui était du vrai état de nos comptes je le laissais gérer. C’était lui le professionnel. « Au niveau des salaires, papa a offert une promotion à Tatiana elle devrait normalement être effective seulement à partir du moins prochain mais comme ça tu es au courant. Je t’ai mis en copie de la lettre officielle qu’il lui a été envoyé. » Devant l’attitude fermé de mon frère j’avais tenté de le détendre un peu en ajoutant. « Il est de bonne humeur en ce moment si tu veux tenter de lui en demander une aussi. » Evidement nous savions tous les deux que ce n’était pas une question d’argent pour lui comme pour moi - d’ailleurs je n’avais jamais essayé de négocier un quelconque salaire avec mon père. C’était une histoire de coeur et d’appartenance. Cette fondation était celle de notre père, un peu celle de notre famille, de notre histoire, de cette mère partie trop tôt. Un peu stupidement je jalousais d’ailleurs mon grand frère d’en avoir encore des souvenirs à peine une année nous séparait et pourtant elle avait suffit à changer la donne pour moi.

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Samuel n’était pas d’humeur à rire - je l’avais bien compris - et si j’avais été un peu plus intelligent je n’aurais sans doute même pas tenté de faire de l’humour. Premièrement parce que je n’étais pas bien fort dans ce domaine, deuxièmement parce que le rictus presque forcé de mon frère n’avait fait que d’augmenter mon malaise et de me rendre légèrement triste aussi. Je n’aimais pas que notre relation en soit à ce point - je ne l’avais jamais voulu, même si au final par la force des choses j’avais sans doute sans le dire choisi mon camps. Je voulais pourtant rester un soutien pour Sam ne pas être cloitré dans cette image du meilleur ami de Liviana qui le déteste. Parce que je ne le détestais pas, parce que même si je pensais qu’il avait fauté et complètement merdé je connaissais aussi les problèmes que leur couple avait traversé - la culpabilité de mon frère et la peine que ses années à tenter d’avoir un enfant avait engendré. J’en savais trop pour prétendre que je ne comprenais pas - et je l’aimais bien trop pour qu’une erreur qui ne me concernait même pas ne vienne tout gâcher entre nous. Et pourtant c’est belle et bien ce qui se passait - et face à lui qui ne semblait ne s’intéresser qu’au papier de l’association, je restais maintenant sans voix.

Depuis des mois maintenant j’hésitais entre un mutisme délibéré et l’envie de lui parler de la situation. Ma peur étant de me mêler d’une histoire qui ne me regardait pas. J’étais déjà bien trop imbriqué dans leurs problèmes de couple. Et de toute évidence mon frère était dans ce même questionnement intérieur depuis sans doute aussi longtemps… Assez longtemps pour que finalement il brise le silence avait cette question qui devait lui brûler les lèvres « Comment va Liviana ? » Relevant le regard je m’étais pourtant heurté à un mur - mon frère le nez encore enfoncé dans ses papiers. Laissant un instant de silence sans trop savoir comment répondre à cette question. « Je l’ai déjà vu en meilleure forme… » Je n’allais pas mentir à mon frère ou prétendre que les choses allaient bien. Liviana avait vécu des choses compliquées ses derniers mois, la trahison de Sam, l’annonce de cette grossesse qu’elle avait pendant des années espéré vivre avec son mari et le coup fatale avec la naissance de Luca le soir de la tempête dans des conditions plus que dramatiques… Pas de Sam, pas de James que des inconnus pour l’aider à passer ce moment qui était supposé être un de plus heureux de sa vie - dans l’oeil de la tempête. « On ne… Elle.. » Je m’étais repris trop tard je le savais - baissant cette fois à mon tour le regard. « Elle ne dort pas beaucoup avec Luca, c’est une vraie terreur. Pour ça il a du prendre de toi. » Je tentais de le taquiner sans pour autant savoir si cette fois mon humour foireux allait mieux passer. « Sam… Ecoute… » Puisqu’il avait lancé le sujet il était temps pour moi aussi de vider mon sac. « Je sais que c’est un peu étrange cette situation et je suis vraiment désolé pour vous deux… Pour ce qui se passe entre vous. Je veux pas me mêler de ça mais… » Mais rien… Je m’étais promis de ne pas m’en mêler point barre. « Si je peux faire quelques chose pour toi… Je suis là. » Des mots que j’aurais sans doute du dire il y a des mois - que j’aurais du trouver la force de prononcer avant plutôt que le silence qui avait rythmé notre relation jusque là.

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Il était évident qu’aux yeux de Samuel, j’avais choisi mon camp et que je l'avais abandonné. Ce n’était pourtant pas aussi simple, aujourd’hui Liv faisait aussi partie de ma famille elle était ma meilleure amie depuis tellement longtemps qu’il me semblait que c’était depuis toujours et elle était venue vers moi, demandé mon aide. Jamais je n’aurais pu la repousser. Peut-être avais-je évidement fait mes propres erreurs, j’avais sans doute pris trop de place auprès d’elle durant sa grossesse, peut-être pour compenser la place que je n’avais pas pu avoir lors de la grossesse de mon propre fils. Et je n’avais sans doute pas assez tenté de défendre mon aîné, mais aurais-je du ? Samuel semblait en tout cas ressentir une certaine rancoeur à ce propos même si il n’en disait rien. Son attitude parlait pour lui et chaque mot que je prononçais semblait déclencher une nouvelle réaction de rejet chez chez mon frère « Ouais... Tu es là… » Le ton de Samuel me heurte de suite - comme si tout ce que je venais de dire n’avait résonné à ses oreilles que comme un aveu de culpabilité. « Tu es là pour Liv. Et... Et tu peux rien faire pour moi. » « Non… » J’avais tenté de le stopper pour qu’il se sorte cette idée de la tête mais il avait pourtant continué. « J'ai tout foutu en l'air, et je ne peux m'en prendre qu'à moi. Personne ne peut faire quoi que ce soit. » Cette fois le réponse de mon frère m’avait laissé sans voix. Je l’avais regardé pendant quelques seconde sans savoir quoi dire avant de moi même baisser le regard pour me replonger dans mes papiers sans plus oser rien dire. Le silence était plus que pesant, nous évitions le regard l’un de l’autre et pas un mot ne venait combler cette pièce ou l’on aurait pu entendre une mouche voler. « Pourquoi ? » Le mot m’avait presque échappé alors que je remontais les yeux pour croiser le regard interrogateur de mon frère. « Pourquoi tu as fait ça Sam… Qu’est ce que cette femme… Enfin pourquoi… » Moi aussi j’avais été trompé et savait mieux que personne que ça ne pouvait pas venir de nul part - si dans mon cas je n’avais pu que comprendre c’était tout autre chose pour Liviana. « Je savais même pas que… T’as jamais dit que ça allait si mal… » Je ne pouvais pas prétendre que je ne connaissais rien des problèmes de couple de Liviana et mon frère mais jamais je n’avais osé imaginer que c’était à ce point - qu’il pourrait finalement commettre une erreur aussi stupide… Nous ne parlions pas toujours de sujet sensible lui et moi mais je n’étais pas sûr qu’il ait quelqu’un d’autre au final. Plus du genre à tout garder pour lui quitte à ce que ses démons finissent par le ronger entièrement.

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Je suis conscient que le sujet est miné, que je ne devrais peut-être pas m’y introduire. Samuel est un grand garçon si il a besoin de parler c’est à lui de décider quand probablement. Pourtant c’est plus fort que moi - depuis des mois la question reste sans réponse dans ma tête et me perturbe. Je pensais lui ouvrir une porte pour parler mais me retrouve au final à la questionner sur cette tromperie qui a gâché sa vie et celle de Liviana.  « Rien ! Cette femme n'avait rien de plus que Liv. Comment pourrait-elle avoir quelque chose de plus qu'elle ?! » Je me pose la même question, encore plus parce que je connais mon frère et l’amour qu’il porte à sa femme. Je sais qu’elle est la bonne pour lui, celle qui l’a fait éclore, devenir un homme meilleur. Liviana à su l’ouvrir au monde comme personne et cette tromperie prend alors encore moins de sens.  « C'est pas le genre de trucs dont on parle pendant un repas de famille... « C'est pas le genre de trucs dont on parle pendant un repas de famille… » Ce n’est pas une réponse pour moi, et c’est presque un peu blessant d’ailleurs. « Ce n’est pas ce que je voulais dire, je sais qu’on ne se voit pas souvent seul toi et moi mais… Je suis quand même là. » Et un peu stupidement il me semblait que c’était l’évidence. Comme je me permettais de débarquer chez Liviana et lui sans prévenir il était toujours le bienvenu chez moi, ma porte lui était toujours ouverte… du moins… Métaphoriquement puisque qu’aujourd’hui Liviana vivant sous mon toit la donne changeait évidemment un peu. « Tu peux pas savoir ce que ça fait. On voulait tellement fonder une famille tous les deux, on en rêvait depuis si longtemps et... et ça n'arrivait pas. Comme si j'étais incapable de lui donner ce dont elle avait besoin pour être heureuse. » Il a tort pourtant, du moins en parti, si je n’ai jamais vécu la douleur de ne pouvoir donner un enfant à une femme, je sais ce que c’est que de ne pouvoir la rendre heureuse. D’en arriver à un point ou on préférait qu’elle nous quitter parce qu'à force de voir la douleur dans son regard on finit par se détester sois même. « Même sans le vouloir, on s'éloignait petit à petit. Et ce soir-là, j'avais un peu bu... et j'ai déconné. J'ai tout gâché sans y réfléchir. » C’était ça au final ? L’alcool, la perte de ses moyens, l’impression qu’il ne pourrait jamais la rendre heureuse ?  « J'ai blessé Liv alors que je n'ai jamais voulu lui faire de mal. Et je sais que je suis impardonnable, je suis allé trop loin. J'ai aucune explication à tout ça, j'ai juste été assez con pour me laisser entraîner ce soir-là, et maintenant j'en paye les conséquences. » Et de tout évidence il payait le prix fort. Dans un geste fraternel J’étais venu déposer ma main sur son épaule, bien conscient qu’il tentait de camoufler la vraie peine qui le tenait. « Je suis désolé Sam… Désolé que vous en soyez arrivés là… » Je ne pouvais au final pas faire beaucoup plus, ne souhaitant pas vraiment me mêler de ses affaires. « Et je sais bien que je n’suis pas exactement la personne que t’as le plus envie de voir en ce moment. » Parce qu’il n’y avait pas de doute à ce sujet, je lui faisais indéniablement penser à elle. « Mais si t’as besoin de te changer les idées je suis là… J’ai toujours ma batte de baseball au grenier - si t’as besoin de taper dans quelques chose. » Je n’avais plus joué depuis si longtemps que j’aurais bien été incapable de même donner une année. « Ou tu sais juste boire une bière, regarde un match ou aller au parc avec les enfants… Si t’as besoin de te changer les idées je suis là… Et je peux le faire. » Pas sûr que mes propos étaient claires j’avais rajouté. « Je veux dire le faire comme un frère et non pas comme le meilleur ami de l’ex. » Au final j’avais été le frère de Sam bien avant de connaître Liv, il était ma famille avait le même sang que moi et malgré nos différends je l’aimais… Sans oser vraiment le dire et en le montrant sans doute très maladroitement, mais tout de même.

Un peu malgré lui, Samuel se retrouva à se confier à son frère alors qu'il était simplement venu travailler et qu'il avait espéré pouvoir s'enfuir rapidement sans avoir à évoquer ses déboires avec Liv. Mais au final, c'était bel et bien lui qui avait craqué le premier en demandant des nouvelles de sa femme, et qui avait par conséquent lancé le sujet qu'il craignait le plus. A présent, il était forcé d'assumer et pour la première fois, il se livra donc à James sur les raisons de son stupide geste. Au fond, cette conversation aurait du lui paraître normale et même légitime au vu de leur lien de parenté mais une fois de plus Sam était extrêmement mal à l'aise. D'une part, il n'avait jamais été très proche de ses frères et n'avait jamais eu l'occasion de partager avec eux une véritable relation telle que celles que l'on voyait dans les films. Mais James était aussi et surtout le meilleur ami de la principale intéressée, ce qui ne facilitait rien dans cet exercice des confidences. Cependant, lâchant peu à peu prise, le comptable expliqua les choses comme il les voyait, sans pouvoir évoquer la moindre raison valable. Malheureusement, lui-même était incapable de se justifier, incapable de trouver une explication plausible au chaos qu'il avait provoqué. Bien sûr, James ne manqua pas de lui rappeler une nouvelle fois qu'il était là pour lui, mais Sam secoua la tête en lâchant un soupir de dépit. " James... t'es son meilleur ami. " lâcha-t-il comme une évidence, comme s'il était définitivement l'ami de Liviana avant même d'être son frère. " On n'a jamais fait ça tous les deux, on s'est jamais... confiés l'un à l'autre, comme des frères normaux... j'imagine. Pourquoi est-ce que je serai venu te voir ? Franchement... qu'est-ce que ça aurait changé... Ca t'aurait juste mis dans une situation affreuse. " Prit entre le marteau et l'enclume, entre son frère et sa meilleure amie. Et tout en parlant, Samuel réalisa que c'était aussi un peu le cas aujourd'hui pour James, qui jonglait continuellement entre son rôle d'ami, de soutien, et celui qu'il tenait au sein de fratrie Beauregard.

Sam sentit la main de son cadet glisser sur son épaule et contre toute attente, il ne se déroba pas. Pour une fois, il tenta de mettre sa fierté de côté et d'écouter le discours de James sans lui répondre par l'un de ces rires amers qui avaient rythmé leur conversation jusqu'ici. Par ses propositions, James réaffirma ce lien familial qui les unissait quoi qu'il arrive et sans un mot, le comptable acquiesça d'un signe de tête. Après tout, que perdrait-il à essayer de se changer les idées comme il le faisait lorsqu'il était adolescent ? En frappant de toutes ses forces dans une balle de baseball pour évacuer sa colère, ou en regardant un match de basket pour penser à autre chose le temps d'une soirée ? Même s'il n'était pas convaincu du résultat, Sam appréciait tout de même l'idée de son frère et esquissa même un petit sourire nostalgique avant de se redresser, et de questionner un peu plus posément : " Est-ce que tu crois qu'elle pourra me pardonner un jour ?  " Après tout, s'il y avait une personne qui la connaissait presque autant que lui, c'était bien James. Et quitte à avoir abordé le sujet qui fâchait, autant aller jusqu'au bout avec cette question qui le hantait depuis le soir de leur séparation. " Je voudrais juste qu'elle puisse me refaire confiance... Mais je sais que c'est beaucoup demander. "

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Peut-être s'était-il volontairement voilé la face, il n’avait pas voulu voir la façon dont sa relation avec Sam s’était à nouveau dégradée. Après quelques brèves années où il avait semblé trouvé en lui un vrai frère, après la mort de Ian, l’apparition de Liviana dans la famille qui avait semblé resserrer un peu le lien, il avait laissé Sam redevenir une sorte d’étranger. Une personne avec qui il partageait si peu. Et il n’aimait pas ça.  « James... t'es son meilleur ami. » Il l’avait dit comme l’évidence même qu’il se plaçait alors dans le clan des ennemis. « Et je suis ton frère. » Et depuis bien plus longtemps qui plus est, depuis toujours. «  On n'a jamais fait ça tous les deux, on s'est jamais... confiés l'un à l'autre, comme des frères normaux... j’imagine. » Il a tort bien plus qu’il ne le pense parce que si lui ne c’est jamais ouvert James l’a fait à sa manière en se raccrochant à eux pour supporter la mort de Ian. Il n’y a jamais eu de grosses conversations mais ce n’est sans doute pas ce qui est le plus important et donc le mots sont presque blessants. « Pourquoi est-ce que je serai venu te voir ? Franchement... qu'est-ce que ça aurait changé... Ca t'aurait juste mis dans une situation affreuse. » Il rit un peu jaune cette fois. « Parce que tu crois que je me satisfais plus de voir que tu penses que je prends parti ? » Peut-être qu’il l’avait fait sans le vouloir mais en tentant de se racheter la vérité douloureuse lui prenait les tripes. « On est des frères normaux… Contrairement à ce que tu sembles penser, je te fais confiance moi… » Oui, il était blessé par les mots, pas l’attitude et cette voix qui lui disait qu’il n’avait rien fait pour améliorer la situation avec son frère. « Je sais que tu parles pas beaucoup mais… Je sais pas je croyais que notre relation avait changé. » Qu’il n’était plus le frère qui se mettait à part - qui ne souhaitait pas se mêler à sa famille et les considérait presque comme des étrangers. Alors que pour James il n’avait jamais rien eu de plus important et que malgré tout Sam en avait toujours fait partie avec ou sans son accord.

Prenant un peu sur lui pour cacher la tristesse qui s’emparait de lui il avait fait un pas vers son frère, déposé sa main sur son épaule pour ramener la douleur de cette situation à son aîné qui en souffrait bien plus que lui sans aucun doute possible. « Est-ce que tu crois qu'elle pourra me pardonner un jour ? » A cette question James était resté silencieux quelques secondes. Son premier réflexe avait été de vouloir rassurer Sam mais la vérité avait finalement pris le dessus. « Je ne sais pas… » C’était une trahison qui resterait sans doute à jamais gravé en Liv et il n’était pas sûr qu’elle puisse vivre avec ce qu’il avait brisé ce soir là… « Je l'espère. » [/color]Et c’était sincère, il aimait ce couple et ce qu’ils s’étaient apportés l’un à l’autre et les voir se déchirer et se faire du mal lui en faisait à lui aussi. « Je voudrais juste qu'elle puisse me refaire confiance... Mais je sais que c'est beaucoup demander. » Pour le moment c’était trop, et il était certain qu’elle aurait besoin de temps. « Alors n’abandonne pas Sam… Rappelle lui pourquoi elle te faisait confiance à la base, quel genre d’homme tu es… Fait tout ce que tu peux pour ne pas avoir plus de regrets. » De toute façon il ne pouvait rien faire de plus - le temps serait sans doute son allié et son attitude envers elle, envers son fils. Il était trop tôt aujourd’hui pour savoir. « Au moins tu as été sincère avec elle ce soir là… Je crois que ça n’est pas rien. » Pas comme d’apprendre de la bouche d’un autre qu’on a été trompé et salit ou de surprendre la scène. Il avait fauté mais l’avait avoué et s’en repentait, c’était une erreur, un soir et pour avoir déjà été le trompé… Rien n’était pire que la fuite du partenaire… Si il revenait dans 3 ans comme l’avait fait Alissa avec lui, il serait trop tard…

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Peut-être qu’il ne devrait pas le prendre pour lui, mais il ne peut pas s’en empêcher. La famille pour James c’est ce qui compte le plus au monde, alors cette impression que Sam lui donne qu’il n’est qu’un étranger dans sa vie, et pas quelqu’un à qui il pourrait potentiellement parler, ça le blesse, plus encore qu’il ne veut bien le laisse paraître. « C'est pas une question de confiance... bien sûr que je te fais confiance moi aussi, c'est juste que... c'était trop compliqué cette fois. » Il a beau tenter d’arranger un peu les choses, il le sait lui aussi, n’est pas dupe et voix bien qu’au delà du fait que son frère ne soit pas le genre d’homme très ouvert auX confidences, il n’est pas la personne la mieux placée en ce moment. Pourtant il pensait pouvoir être là - parce que leur relation a changé, qu’ils ne sont plus des enfants et que lui n’est plus le Samuel qui s’éloigne et refuse tout contact avec eux. « C'était peut-être le cas... » Avait pourtant soufflé son frère, insinuant par là que cette époque était finie. « J'suis désolé James. C'est pas de te faute, c'est... c'est moi. J'ai l'impression de ne plus être le même sans elle. » il comprend, sans doute mieux que ce que son frère doit penser, il a vu l’effet de Liviana sur lui, la façon dont à ses côtés il s’est ouvert aux autres pour revenir au point de départ quand elle est partie, de toute évidence. « Tu ne l’es peut-être pas mais… Ne te renferme pas. Ne gâche pas toutes ses années, tu vaux mieux que ça. Tu as fais une erreur mais tu n’es pas une mauvaise personne. » Il le pense, il le sait, c’est son frère et c’est quelqu’un de bien, qui a fait un très mauvais choix, un choix qu’il regrettera sans doute toute sa vie.

Les gestes étaient un peu timides, mais pourtant il les avait faits, entraînant les confidences de son frère, les questions aussi auxquels il n’avait pas de réponses. Il n’était pas Liviana, n’était pas dans sa tête si même si il lui avait parlé, elle semblait tout aussi perdue que Sam. Et quelque part avait-elle peut-être besoin que son mari ne le soit pas… Que c’était ce qu’il leur manquait pour sauver leur mariage. « J'sais pas comment m'y prendre... Tout est de ma faute, et... je sens que j'ai pas le droit de tenter quoi que ce soit. A chaque fois, j'ai peur de lui faire du mal… » Il soupire un peu comprend et en même temps voudrais pouvoir les aider plus. « J'veux dire, j'ai déjà fait assez de dégâts comme ça, je ne veux pas qu'elle souffre encore plus... à cause de moi. » Il hoche la tête sa main quittant le contact de son frère pour reprendre place sur sa chaise. « Je crois que le mal est fait… Maintenant parle lui… C’est à elle que tu dois dire les choses… La seule capable de te dire si ça vaut la peine que tu te battes. » Il ne veut pas demander à son frère de tout tenter si pour Liviana les choses sont claires, si pour elle tout est fini et qu’il n’y aura pas de retour en arrière - que seul le divorce les attend.  « Et puis la procédure de divorce avance... Elle m'a parlé de garde alternée pour Luca, je... j'imagine que ça veut dire qu'on ne reviendra pas en arrière. » Il pose peu de questions à propos de cette procédure, sait que c’est un sujet difficile pour son amie, mais aussi que les choses avances lentement. « Vous n’êtes pas encore divorcé… Ca fait des mois que ça dur… C’est peut-être… » Il n’en dira pas plus mais ce qu’il veut dire c’est que c’est peut-être un signe, même si il n’en est lui même pas sûr. « Et puis c’est peut-être l’occasion de reprendre les choses à zéro… de réfléchir à qui vous êtes maintenant l’un pour l’autre. » Est-ce qu’ils s’aiment encore après toutes ses années, est-ce qu’ils peuvent encore être ensemble ? C’est des questions auxquels eux seuls peuvent répondre… James lui ne peut que les soutenir.